Info infectiologie
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le clinicien mars 2011
Les morsures d’animaux représentent-elles
un problème de santé publique?
Les morsures d’animaux représentent un problème majeur de santé publique et
comptent pour environ 0,5 à 1 % des visites à l’urgence; les chiens sont respon-
sables de 75 à 90 % des morsures rapportées. Près de 5 millions de personnes,
par année, aux États-Unis, subiront une morsure et 15 % d’entre elles néces-
siteront des soins médicaux. La plupart du temps, le chien en cause appartient à
la victime, un voisin ou un ami.
Le risque d’infection après une morsure de chien est considérablement plus
faible que la morsure de chat – le taux se situe entre 3 à 18 %, avec une moyenne
d’environ 5 %.
De quoi est composée la flore buccale du
chien?
Cette flore est complexe, diversifiée et inclut plusieurs espèces aérobiques et
anaérobiques. Ainsi, il est préférable de ne pas cultiver une plaie semblant non
infectée, car celle-ci sera composée de nombreuses espèces. De plus, la culture
initiale d’une plaie non infectée ne prédit pas le résultat des cultures sub-
séquentes, si elle le devient.
La majorité des infections post-morsure de chiens sont donc polymicro-
biennes, incluant les Pasteurella spp (surtout le Pasteurella canis et multo-
cida), plusieurs anaérobies, des Streptococcus spp et des Staphylococcus
spp. Par ailleurs, le Pasteurella multocida est moins commun qu’après une
morsure ou une griffure de chat. Une caractéristique importante concernant
le Pasteurella est que l’infection se manifeste souvent rapidement, typique-
ment dans les premières 24 heures suivant la morsure, tandis que les autres
germes causent une infection prenant habituellement plus de 24 heures à se
manifester.
Comment traitez-vous le patient?
Traitement initial
Tout d’abord, le traitement initial de la plaie consiste en l’irrigation abondante de
celle-ci avec du salin stérile. Les études suggèrent qu’après ce type d’irrigation,
Notre patient fait malheureusement partie du 5 % de
patients souffrant d’une infection…
Notre patient a développé son infection en moins de
24 heures, rendant probable l’implication du
Pasteurella. Ainsi, il faudra bien couvrir ce germe.
Encadré 1
À quoi devez-vous
absolument penser si un
patient se présente avec
un tableau de sepsis
grave après une morsure
de chien?
Le Capnocytophaga canimorsus, un
bâtonnet Gram négatif fastidieux, peut
causer ce type de tableau grave de
sepsis. Le choc et la coagulation
intravasculaire disséminée (CIVD)
sont communs. Le taux de mortalité
est de près de 30 %.
La majorité des patients développant
ce type d’infection ont des conditions
prédisposantes (splénectomie à 35 %;
abus d’alcool à 35 %; dysfonction
immunitaire par prise de
corticostéroïdes prolongée, cancer
hématologique ou maladie auto-
immune à 17 %, etc.). Le germe est
détecté dans le sang et les liquides
stériles. Cette bactérie est sensible à
la pénicilline, la pipéracilline,
l’imipénem, la vancomycine, la
clindamycine, la TMP-SMX et
laciprofloxacine. Elle est toutefois
résistante aux aminosides.