EXTRADITION
Cesare Battisti va-t-il être remis à la justice italienne ? Va-t-il être extradé du Brésil, où il vient d’être
retrouvé ? En fait ce n’est pas sûr, alors même qu’il est à la disposition de la justice brésilienne.
Mais de quoi s’agit-il exactement, pour cet ancien militant radical et violent de l’extrême gauche
italienne ? Il s’agit de savoir si les autorités brésiliennes vont le remettre entre les mains de la justice
italienne qui le recherche depuis des années.
Et c’est bien ça l’« extradition » : c’est une procédure judiciaire qui consiste pour un Etat à renvoyer
quelqu’un dans son pays d’origine, lorsqu’il y est poursuivi ou condamné. L’extradition n’est donc pas
à proprement parler une sanction pénale, ni une condamnation. Mais c’est le refus de se constituer en
terre d’asile et de permettre à un individu d’échapper à la justice de son pays d’origine.
Il y a donc entre de nombreux Etats ce qu’on appelle des accords d’extradition qui, d’ailleurs, ne
couvrent pas toutes les situations : un gouvernement peut refuser d’extrader quelqu’un qui par
exemple est poursuivi dans son pays pour des délits politiques, pour des délits ou des crimes qui ne
sont pas considérés comme tels dans le pays d’accueil, etc.
L’origine du mot est facile à comprendre, et éclairante sur sa signification. « Ex » signifie en dehors de.
Et « tradition » provient du verbe latin trahere qui veut dire (entre autres sens) remettre, livrer…
« Extrader », c’est donc, mot à mot, livrer en faisant sortir, en renvoyant ; et on peut se souvenir que
ce radical trahere est à la base du verbe « trahir ». On se rend donc bien compte que le mot, même s’il
correspond à une procédure officielle, n’est pas sans ambiguïté.
« Extrader », « extradition » sont des mots qui ont pour ainsi dire un symétrique : expulser, expulsion.
Pourquoi un symétrique ?
Parce que l’extradition consiste à chasser quelqu’un d’un pays, à cause d’un délit commis dans un
autre pays le sien. Alors que l’expulsion consiste à chasser quelqu’un d’un pays à cause de ce qu’il y
a fait : on n’en veut plus ; qu’il aille ailleurs ! On le chasse donc non pour le punir (car dans ce cas-là,
on le garderait, pour le juger, éventuellement l’incarcérer), mais pour éviter qu’il récidive : on le
considère comme menaçant, potentiellement dangereux, et on l’expulse car il est indésirable.
Persona non grata, pourrait-on dire ? Cette dernière expression, latine, on l’a devinée, est au sens
strict réservée à un usage diplomatique. On appelle en effet persona grata (au sens propre, personne
bienvenue) le représentant d’un Etat dans un autre, lorsqu’il est agréé par l’Etat hôte. Et l’expression
s’emploie notamment pour le personnel des ambassades.
Persona non grata désigne de façon officielle, comme un euphémisme, ceux qu’on renvoie chez eux,
lorsque les relations se sont tendues entre les deux nations. Ou simplement lorsqu’un représentant
diplomatique s’est livré à des activités jugées trop indélicates, en particulier, quand elles ont affaire à
l’espionnage.
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