ECONOMIE AMPHI
Chapitre 1 : Echange international et développement économique
§1 : Les fondements communs des théories classiques
Ces fondements sont d’une part l’idée de Smith, d’autre part d’un certain nombre de précisions et
d’hypothèses apportées par ses successeurs qui permettront de préciser cette théorie de Smith.
A. Adam Smith : la division internationale du travail et le coût absolu ou
avantage absolu
Il s’agit chez A. Smith à peine d’une théorie mais plutôt d’une idée forte qu’il applique au commerce
international.
L’idée de division du travail est une idée clé chez Smith.
La division du travail est un facteur de production de masse qui provoque donc une élévation
considérable de la production et de la productivité donc un abaissement des coûts et un enrichissement
général.
Smith applique cette idée et écrit dans la richesse des nations « la maxime de tout chef de famille prudent
et de ne jamais faire chez soi la chose qui coûtera moins cher à acheter qu’à faire. Si un pays étranger
peut fournir un article moins cher que nous ne pouvons le faire il vaut mieux l’acheter avec une partie de
notre industrie propre. »
L’échange est avantageux dès qu’il permet des importations dont le coût est inférieur au coût domestique.
Pour A. Smith il doit donc s’établir une division du travail non seulement nationale mais internationale et
cette division amènera chaque pays à se spécialiser dans la production pour laquelle il est le plus apte
c’est-à-dire pour laquelle il produit à des coûts inférieurs.
Pour A.Smith l’échange international repose sur des différences absolues de coûts et le pays qui achète a
un coût inférieur au coût qu’il aurait subi lui-même si il avait fabriqué ce produit, ce pays bénéficie d’un
avantage absolu.
B. Les hypothèses de base des théories ultérieures
Les auteurs ultérieurs (Ricardo, Mill) apportent des précisions. Leur réflexion s’attache à préciser les
obstacles qui empêchent le commerce international de ressembler totalement à l’échange interne.
Ces obstacles sont de deux ordres :
- obstacles artificiels donc superficiels
- obstacles naturels donc plus profonds
1. Les obstacles artificiels
Leur disparition doit amener des ressemblances entre l’échange interne et l’échange international.
Ce sont des obstacles d’ordre institutionnel c’est-à-dire créés par les hommes. Il s’agit des droits de
douane, des manipulations monétaires, des normes techniques…
Ces obstacles doivent disparaître quand les états auront compris les avantages du libre échange.
On peut raisonner sur l’hypothèse de la parfaite mobilité des produits et sur l’hypothèse de la concurrence
parfaite sur le plan international.
Du point de vue des produits l’échange international peut être assimilé à l’échange interne.
2. Les obstacles naturels
Leur durée, leur permanence entraînera des différences essentielles entre l’échange international et
l’échange interne.
Ces obstacles tiennent aux différences de langue, de mœurs, de religion, de race, de climat…
Il en résultera un fait important : la mobilité imparfaite des facteurs de production sur le plan
international.
Alors que les classiques raisonnent sur une parfaite mobilité des produits au niveau international, ils
raisonnent sur une immobilité des facteurs.
La nation est un périmètre économique caractérisée par l’immobilité de ses facteurs.
Un homme ne transporte pas sa personne et ses capitaux dans un pays lointain sans avoir pour cela des
motifs puissants.
Cette immobilité des facteurs de production fera qu’aux yeux des classiques certaines de leurs lois
valables à l’intérieur ne seront plus valable sur le plan international.
Ce défaut de mobilité de facteurs va avoir 3 conséquences :
A. La disparition du coût de production comme régulateur de la valeur
courante des marchandises sur le plan international
Sur le plan interne les classiques pensaient que la valeur courante des marchandises tendait à se fixer en
régime de concurrence sur la base du coût de production.
Si le prix actuel dépasse le coût de production, les profits s’élèvent, attirent de nouveaux entrepreneurs,
l’offre augmente et alors les prix se rabaissent au niveau du coût de production.
Le fonctionnement de ces mécanismes suppose que les facteurs de production puissent se déplacer sans
obstacle d’un secteur à un autre.
Puisque dans le domaine international les facteurs de production sont atteints d’une quasi immobilité le
coût de production ne peut pas être le régulateur du prix courant sur le marché international.
B. La persistance de l’inégalité des salaires, des profits et d’intérêts entre les
nations
Pour les même raisons alors que sur le plan interne la mobilité des facteurs tendait à niveler les taux de
salaire des même catégories et les intérêts et profits, au contraire entre les nations les taux de
rémunération des services producteurs peuvent rester différents d’une manière permanente.
Les salires resteront durablement plus élevés dans les pays riches en dotation de facteurs.
C. La persistance de l’échange même sans avantage absolu vis à vis d’aucun
produit
Par suite de l’inégalité en dotation de facteur il y aura une inégalité durable de la richesse entre les pays.
Alors il est possible que certains pays possèdent un avantage absolu par rapport aux autres sur tous les
produits et qu’au contraire d’autres pays soient désavantagés sur tous les points.
Ces derniers pays seront-ils alors exclus du commerce international ?
En vertu de la théorie d’Adam Smith il faudrait répondre « oui » mais à cela les successeurs de Smith
feront 2 réponses :
Si un pays est pauvre en facteurs, sa productivité sera donc faible et les travailleurs seront peu
rémunérés. C’est cette faiblesse des rémunérations qui pourra leur permettre de rester concurrentiel vis
à vis de certains produits par rapport à des pays à productivité plus forte dont les salariés seront plus
fortement rémunérés.
Le coût absolu et l’avantage absolu dans le domaine international n’ont pas grand sens étant donné
l’immobilité des facteurs. Chaque pays, même si ce pays n’a pas d’avantage absolu peut avoir accès au
commerce international en se spécialisant dans la production il seulement un avantage relatif. C’est
la théorie de Ricardo des coûts relatifs ou comparatifs.
§ 2 : La théorie de Ricardo des coûts comparatifs
A. L’exposé du principe de Ricardo
La théorie des coûts comparatifs a été formulée d’abord par James Mill puis Ricardo. C’est enfin Cairnes
qui en a donné l’énoncé plus traditionnel.
A la condition nécessaire et suffisante qu’il existe une différence entre les coûts comparatifs constatés en
divers pays, chacun de ces pays trouve avantage à se spécialiser dans la production pour laquelle il est le
plus avantagé ou le moins désavantagé.
Qu’est-ce que le coût comparatif et en quoi se diffère t-il du coût absolu de production ?
Dans la théorie d’Adam Smith le vendeur vendra au coût de production et l’échange aura lieu si le coût de
production de la marchandise est moins élevée pour le vendeur qu’il ne le serait pour l’acheteur si
l’acheteur achetait le produit.
La comparaison porte donc sur le coût absolu de la même marchandise pour les 2 échangistes.
En matière de commerce international ce que l’on doit comparer c’est le rapport entre le coût de 2
produits respectivement dans chacun des 2 pays considérés.
Prenons l’exemple de J.Mill, l’exemple du commerce ente l’île de Jersey et l’Angleterre :
Le territoire de Jersey paraît plus propice que celui de l’Angleterre à la culture du blé et cependant Jersey
importe son blé d’Angleterre et se consacre uniquement à la production de fruits et légumes parce que
l’avantage que possède Jersey à cet égard est plus grand encore que celui qu’i détient en matière de blé.
Sans doute l’île de Jersey paiera t-elle le blé plus cher que si elle le produisait elle-même mais la perte
qu’elle éprouvera de ce fait sera plus que compensée par l’avantage résultant de sa spécialisation dans la
production où sa supériorité est la plus marquée.
L’Angleterre qui est désavantagée à la fois sur le blé et les fruits et légumes participera toutefois à
l’échange international à cause de l’avantage qu’a Jersey de se spécialiser dans les fruits et légumes et de
lui abandonner le blé.
Même un pays qui n’a aucun avantage absolu vis à vis d’un autre pays peut néanmoins participer à
l’échange international et en tirer des bénéfices.
B. L’exemple de Ricardo lui-même
Ricardo prend l’exemple de l’échange entre la Grande Bretagne et le Portugal. Celui-ci étant supposé
avoir une supériorité pour les 2 marchandises échangées : drap et vin.
Le coût absolu de ces produits dans chaque pays est lié au travail dont il a été l’occasion.
Dans l’exemple de Ricardo ces coûts absolus sont les suivants : au Portugal tant de bouteilles de vin ont
un coût de 80H de travail, tant de mètre de drap ont un coût de 90H de travail.
En Grande Bretagne le même nombre de bouteilles a un coût de 120H de travail, le me métrage de
drap un coût de 100H de travail.
A partir de ces chiffres il y a 2 formules possibles des coûts comparatifs :
1ère formule
On placera au numérateur les coûts en Grande Bretagne et au dénominateur les coûts au Portugal pour
chacun des 2 produits. On obtient les rapports suivants :
Vin = 120 = 150 la supériorité du ¨Portugal est de 50%
80 100
drap = 100 = 111 la supériorité du Portugal est de 11%
90 100
Le Portugal a un avantage comparatif plus important pour la production du vin que pour la production
du drap. De ce fait le Portugal tendra à se spécialiser dans la production de vin tandis que l’Angleterre se
spécialisera dans la production de drap pour laquelle son infériorité est la plus faible.
2ème formule
C’est la comparaison des coûts des deux marchandises dans chacun des pays.
On comparera le rapport vin/drap au Portugal et le rapport vin/drap en Grande Bretagne
Le rapport vin/drap au Portugal = 80 = 0.88 contre 120 = 1,2 en Grande Bretagne
90 100
Pour commenter cette 2ème formule supposons qu’il n’y ait aucun commerce entre les deux pays.
Etant donné les coûts internes une unité de vin s’échangera en Grande Bretagne contre 1,2 unité de drap.
Au Portugal, une unité de vin s’échangera contre 0.88 unité de drap.
Supposons qu’il y ait échange international, le Portugal a un intérêt suffisant à s’engager dans la voir du
commerce international si une unité de vin lui permet d’obtenir par le commerce un peu plus de 0.88 unité
de drap c’est-à-dire un peu plus que le rapport domestique.
Il lui sera donc avantageux de vendre son vin en Angleterre où une unité de vin vaut 1,2 unité de drap.
De la même façon la Grande Bretagne a intérêt à s’engager dans le commerce international si pour moins
d’1,2 unité de drap elle peut obtenir une unité de vin ce qui provient du rapport d’échange domestique.
N’importe quel taux d’échange compris entre 0.88 et 1,2 unité de drap contre une unité de vin
représente un gain pour les 2 pays.
Supposons encore que ce soit le taux d’une unité de drap contre ne unide vin qui s’établisse. Cela
signifie que pour 100 unités de travail que la Grande Bretagne envoie au Portugal sous forme de drap elle
reçoit une unité de vin qui lui aurait coûté 120 unités de travail si elle l’avait produite.
De son côté le Portugal obtient contre 80 unités de travail sous forme de vin qu’il exporte une unité de
drap qui aurait exigé 90unités de travail si le Portugal avait été lui-même producteur.
C. L’extension des hypothèses ricardiennes
Dans l’exemple de Ricardo il y a un certain nombre d’hypothèses qui conditionnent la valeur de cet
exemple.
L’ensemble des hypothèse classiques d’abord mais aussi le fait 2 pays et 2 marchandises. Les frais de
transport et d’assurance sont supposés nuls. Le rendement des industries dont les produits sont échangés
sont supposés proportionnels c’est-à-dire qu’il n’y a pas de modification de coût de production en
fonction des modifications des quantités produites.
Après Ricardo de nombreux économistes se sont efforcés de montrer que ce principe des coûts
comparatifs restait valable si on se rapprochait de la réalité.
E n compliquant ces hypothèses très simples et en les remplaçant par des hypothèses un peu plus
compliquées ces auteurs ont montré que l’existence de plusieurs pays prenant part au commerce
international ne change rien à l’affaire, de même que le nombre de produits échangés.
Ils ont montré que l’existence de frais de transport limitent un peu le principe et ne permet pas de pousser
aussi loin la spécialisation internationale.
Enfin ils ont montré que si les coûts dont il est question au lieu d’être proportionnels sont décroissants
comme il est naturel de penser qu’ils le sont jusqu’à un certain point, le principe s’applique encore mieux.
On a fait remarquer que si ce principe est valable dans le cadre des relations internationales n’est pas
spécifique dans sa portée de l’échange international, il peut être aussi appliqué à l’échange interne.
Samuelson prend l’exemple du meilleur avocat de la ville qui est champion de dactylo. Sa supériorité
relative est moindre en dactylo parce que les bons dactylographes sont moins rares, moins chers que les
bons avocats.
D. L’appréciation critique de la théorie de Ricardo
1. Les imprécisions de la théorie de Ricardo
La théorie n’indique rien sur le taux d’échange et sur le partage du gain du taux de l’échange.
Cette théorie des coûts comparatifs nous permet de savoir à quelle condition l’échange international aura
lieu c’est-à-dire lorsque les coûts comparatifs seront différents dans les pays. Mais cette théorie ne nous
dit pas selon quel taux l’échange se fera, seul sont précisés les limites entre lesquelles se fera l’échange.
Le taux d’échange se fixera entre les limites comprises entre 0.88 et 1,2 unité de drap pour 1 unité de vin
c’est-à-dire qu’il se fixera entre les limites du coût comparatif vin/drap au Portugal et du coût comparatif
vin/drap en Grande Bretagne. Rien n’indique quel sera le gain de l’échange.
2. La valeur de cette théorie en tant que loi fondamentale
On peut dire dans une première approximation que malgré les inégalités de toute sorte et sans que le
commerce international fasse disparaître ces inégalités, un système d’échange est possible et profitable
entre partenaires inégaux. Ce principe des coûts comparatifs qui avait été établi en vue de démonter les
avantages du libre échange reste une norme permettant des confrontation indispensables même dans le
cas de pays échappant au jeu libéral.
Dans ces pays une comparaison des avantages relatifs peut être la clé d’une conduite économique
rationnelle. C’est pourquoi la théorie des coûts comparatifs est un principe d’économie fondamental,
valable partout et auquel aucune économie ne peu échapper.
§ 3 : La théorie des valeurs internationales de Stuart Mill
S. Mille va s’efforcer de perfectionner la théorie de Ricardo dans une théorie appelée la théorie des
valeurs internationales.
A. Exposé de la théorie des valeurs internationales
1. Les idées essentielles de cette théorie
L’objet de cette théorie chez S.Mill est d’expliquer pourquoi l’échange s’opère entre les coûts comparatifs
à tel taux plutôt qu’à tel autre.
Le problème consiste à indiquer les causes qui déterminent la proportion suivant laquelle les draps de
Grande Bretagne s’échangeront contre les toiles d’Allemagne.
Pour résoudre ce problème S.Mill fait appel à la loi de l’offre et de la demande mais en raisonnant sur des
prix non plus exprimés en monnaie mais sur des prix exprimés en marchandises.
L’idée de S.Mill est de faire intervenir l’intensité des besoins, des désirs des consommateurs c’est-à-dire
l’intensité de la demande.
Plus vifs seront les coûts des consommateurs et des importateurs à l’égard des marchandises importées
plus ils consentiront à donner une grande quantité des marchandises qu’ils fabriquent eux même.
Jusqu’ici le schéma classique n’accueillait que les coûts, désormais S.Mill fait place au besoin dont
l’urgence comparée déterminera la valeur internationale des biens échangés et le rapport d’échange réel.
2. La détermination du taux d’échange
Le taux d’échange ou rapport d’échange dépendra de la demande réciproque des 2 pays.
Normalement le taux d’échange aura tendance à se fixer de façon à ce que l’équilibre soit atteint entre les
valeurs offertes et les valeurs demandées.
1 / 13 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !