EPIPHANIE * 2005

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1re LECTURE Isaïe 60, 1-6
PSAUME 71
2e LECTURE : Ephésiens 3, 2-3a.5-6
ÉVANGILE : Mathieu 2, 1-12
EPIPHANIE – 2017.
‘Ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.’ Ainsi se termine le récit de la visite
des mages à l'enfant Jésus. Mais ce qui intéresse surtout saint Matthieu, ce n'est
pas de retracer avec minutie l'itinéraire suivi par ces mystérieux voyageurs, c'est
surtout de nous décrire le chemin que sont appelés à suivre tous ceux qui, un jour,
se sont mis en route en suivant une étoile.
L'étoile qui s'était levée, un jour, dans le ciel de leur existence les avait conduits à
travers de lointaines contrées, jusqu’aux portes de la Ville sainte. Là, elle avait
disparu, elle les avait abandonnés. Pour venir à Jésus, ils avaient dû passer par
Jérusalem. Il leur avait fallu chercher une autre clarté en interrogeant Hérode et les
sages d'Israël. Ils avaient dû se fier aux indications des prêtres et des scribes, qui
avaient scruté et interrogé les Ecritures. C'est seulement lorsqu'ils avaient repris la
route qu’on leur avait indiquée qu'ils avaient retrouvé l'étoile.
Le récit de ce voyage n'est donc pas seulement l'histoire de leurs aventures sur les
routes du monde, mais c'est avant tout le récit d'un autre voyage, tout intérieur
celui-là. Un voyage dont les étapes ressemblent étrangement à celles que nous
devons nous-mêmes parcourir. Une aventure dont les véritables horizons sont ceux
du cœur humain. Et sans doute est-il intéressant d'en parcourir avec eux chacune
des étapes.
Ce voyage commence par l'apparition d'une étoile dans la nuit. C'est quand
‘l'obscurité recouvre la terre’, c'est lorsque ‘les ténèbres couvrent les peuples’,
nous dit le prophète Isaïe, que les hommes se mettent à chercher la lumière d'une
étoile. Ainsi, le chemin qui mène à Jésus commence-t-il toujours par cette
expérience de la nuit qui vient peu à peu recouvrir ce qui nous paraissait,
jusque-là, simple et lumineux. C'est seulement dans la nuit que l'on peut voir
l'étoile, c’est dans la nuit qu’il est bon de croire à la lumière.
Mais voir l'étoile ne suffit pas, car, pour sortir de la nuit, il faut se mettre en route
derrière l'étoile, il faut laisser derrière soi tout un univers familier pour se laisser
conduire par des voies inconnues. Les mages nous sont présentés par saint
Matthieu comme des voyageurs, ‘étrangers et pèlerins sur la terre’, des hommes
qui ont fini par céder à l'invitation de l'étoile, presque malgré eux. Leur histoire est
donc aussi celle d'un exode, à la suite d'une étoile.
Leur démarche aboutit, pour eux, au seuil des Écritures. C'est dans les livres des
prophètes, dans l'attente du peuple d'Israël, qu'ils vont reconnaître leur propre
attente, leur propre recherche. Et paradoxalement, c'est grâce à des hommes qui
ont perdu cette soif, des hommes dont le désir s'est détourné des choses de
Dieu pour s'accrocher aux réalités de la terre, au pouvoir, qu'ils vont
retrouver leur chemin, qu'ils vont retrouver l'étoile.
S'ils n'avaient fait tout ce chemin et peiné au long des jours, s'ils ne s'étaient peu à
peu laissé dépouiller de leurs certitudes et de leur suffisance, s'ils n'avaient été
amenés à interroger, à demander humblement leur chemin, peut-être n'auraient-ils
jamais revu briller l'étoile de Bethléem. Car c'est seulement à l'humble de cœur,
à celui qui ose affronter sa propre nuit, c'est à celui qui se fie à cette petite étoile
que Dieu allume dans le cœur de chacun d'entre nous, c'est à celui qui se met en
route et sait demander son chemin, c'est seulement à celui qui sait qu'il ne sait
rien, que Dieu vient se révéler dans l'Enfant de Bethléem.
Et sur ce chemin-là, il ne servirait à rien de revenir sur ses pas !
MD
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