
Chapitre 6. Mesures hygiénodiététiques etétats diabétiques 95
l'ordre de 2 kg [5]. Cet effet doit inciter le médecin qui ini-
tie le traitement insulinique chez un diabétique de type 2 à
renforcer les mesures diététiques pour que la prise de poids
reste modeste. Pour avoir ignoré ce principe, certains théra-
peutes se trouvent confrontés à une spirale « infernale » avec
prise de poids excessive suivie d'une augmentation des doses
d'insuline laquelle conduit à son tour à une aggravation de la
surcharge pondérale. Le résultat est à terme la prise de plu-
sieurs dizaines de kilogrammes et l'administration de doses
d'insuline dépassant largement 1 unité/kg de poids/jour [5].
Réduire les uctuations aiguës de la glycémie
Toutes les fluctuations aiguës et excessives de la glycémie
devraient être réduites car il a été démontré qu'elles activent
le stress oxydatif, qui est l'un des mécanismes conduisant
aux complications diabétiques [16]. Deux types de fluc-
tuations doivent être envisagés : les pics hyperglycémiques
aigus qui surviennent en général après les repas et les des-
centes glycémiques excessives qui peuvent conduire à des
épisodes hypoglycémiques plus ou moins sévères à distance
des repas.
Réduire les excursions glycémiques postprandiales
Chez les diabétiques de type 1, les montées glycémiques post-
prandiales sont souvent imprévisibles. En effet, des repas
comparables par la quantité et la nature des glucides apportés
peuvent conduire à des excursions glycémiquespostpran-
diales très différentes sur la même journée et d'un jour à
l'autre. Ainsi, dans le diabète de type 1, il est difficile de
déduire des règles générales pour contrôler les montées
glycémiques postprandiales. Pourtant deux anomalies sont
plus fréquemment observées que les autres : en premier lieu
les glycémies après le petit déjeuner sont souvent plus fortes
qu'après les deux autres repas. Cette anomalie correspond au
phénomène de l'aube et à son prolongement sur la période
matinale [25]. Commune aux diabètes de type 1 et 2, elle
est sous la dépendance d'une exagération de la production
hépatique de glucose en fin de nuit, relayée par l'absorption
des glucides alimentaires du petit déjeuner. En second lieu,
la montée glycémique qui suit le dîner, même si elle n'est pas
excessive, se poursuit pendant une grande partie de la nuit.
L'absence d'activité physique après le dîner est la principale
cause qui conduit à cette anomalie. Ces deux observations
ont pour conséquence pratique d'inciter les patients diabé-
tiques de type 1 à être particulièrement vigilants sur la quan-
tité et la nature des hydrates de carbone qu'ils consomment
au petit déjeuner et au dîner.
Chez les diabétiques de type 2, les excursions glycémiques
postprandiales sont beaucoup plus reproductibles dans le
cadre d'une alimentation normale avec trois repas par jour
avec la répartition suivante : 10 à 20 % des glucides au petit
déjeuner et 40 à 45 % aux repas de midi et du soir. Le petit
déjeuner est en général le repas le plus hyperglycémiant de
la journée. Comme dans le diabète de type 1, les phéno-
mènes de l'aube et de l'aube prolongée sont responsables de
cette dérive excessive de la glycémie dans la période qui suit
le petit déjeuner [26]. Par ailleurs, dans l'histoire naturelle
du diabète de type 2, ce sont les glycémies postprandiales
quise détériorent en premier alors que la glycémie basale
ne se dégrade que dans un deuxième temps [26]. Chez les
patients dont l'HbA1c est inférieure à 7,3 %, les glycémies
postprandiales contribuent à plus de 70 % à l'hyperglycémie
globale [27]. Cette contribution diminue lorsque l'HbA1c
augmente. Chez les diabétiques dont l'HbA1c dépasse
10,2 %, l'hyperglycémie postprandiale ne représente que
30% de l'hyperglycémie globale. La conclusion de ces
observations est que toutes les montées glycémiques post-
prandiales doivent être contrôlées chez tous les diabétiques
de type 2 avec une mention plus particulière pour les diabé-
tiques dont l'HbA1c est comprise entre 6,5 et 8 % et pour les
dérives glycémiques qui suivent le petit déjeuner puisqu'elles
sont prédominantes [26]. Les moyens nutritionnels pour
atteindre ces objectifs sont au nombre de quatre [28].
Agir sur la quantité de glucides ingérés
àchaquerepas
La charge prandiale conditionne en partie la montée glycé-
mique postprandiale [29]. À titre d'exemple, une portion de
pain blanc apportant 50 g de glucides entraîne une réponse
glycémique deux fois plus forte que celle obtenue avec une
demi-portion de pain blanc apportant 25 g de glucides. Ces
faits plaident d'une part pour une limitation et une quan-
tification de l'apport en hydrates de carbone au cours de
la journée (40 à 50 % de l'apport calorique total, avec une
moyenne souhaitable de l'ordre de 45 %) et d'autre part pour
un étalement de l'apport glucidique en respectant les trois
repas quotidiens. En général, et comme nous l'avons indiqué
plus haut, la répartition des glucides est de 10 à 20 % pour
le petit déjeuner et de 40 à 45 % pour les repas de midi et
du soir.
Agir sur la nature des hydrates de carbone
Depuis les travaux de Jenkins [9], il est maintenant bien
démontré que des quantités identiques d'hydrates de carbone
contenues dans des aliments différents peuvent conduire à
des réponses hyperglycémiques très variables. L'index glycé-
mique reste à ce jour la méthode de référence [30] pour esti-
mer le pouvoir hyperglycémiant d'un aliment ou d'un repas
glucidique par rapport à un « standard » qui dans la majorité
des cas est constitué par une charge orale de 50 g de glucides
sous forme de pain blanc. Dans ces conditions, les aliments
peuvent être classés en fonction de la valeur de leur index
glycémique. Bien que l'index glycémique soit critiquable, on
peut considérer avec Jenkins [9] que sa reproductibilité est
suffisante pour permettre de donner des conseils en clinique
courante. Les recommandations classiques pour limiter les
montées glycémiques postprandiales consistent à privilégier
la consommation d'aliments ayant des index glycémiques
faibles. Ainsi la majorité des apports glucidiques devrait être
assurée par des féculents (riz, pâtes, légumes secs), du lait, des
fruits ou des légumes. En revanche, la consommation de pain
devrait être contrôlée, car son pouvoir hyperglycémiant est
voisin de celui du saccharose. La consommation d'aliments
contenant des glucides très hyperglycémiants ne doit pas être
interdite chez le diabétique mais il est préférable de rester
dans des limites raisonnables. Les pâtisseries ou confiseries ne
doivent être consommées que de manière occasionnelle. De
manière plus générale, il est préférable d'éviter la consomma-
tion d'aliments à fort pouvoir hyperglycémiant aux moments
de la journée où les dérives hyperglycémiques sont les plus
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