SCENARIO: REDACTION ET MISE EN PAGE. D`après P. Perret et R

SCENARIO: REDACTION ET MISE EN PAGE.
D’après P. Perret et R. Barataud, Savoir rédiger et présenter son scénario,
coll. « tournage », éd. SCOPE (2007).
Cette fiche vous présente les règles de rédaction et de présentation du scénario en
France. Cependant, vous pourrez trouver maints scénarios professionnels contredisant
ces principes ; il est évident que le réalisateur chevronné, « à succès », peut se
permettre de déroger à certaines règles ! Par ailleurs, la présentation « à l’américaine »
répond à des principes spécifiques (que ceux qui comptent envoyer leur scénario à
Hollywood se renseignent !...cf. Manuel du scénario américain, Bloch John W. ;
Fadiman William)
Principes essentiels :
Le scénario = « continuité dialoguée ».
Le scénario consiste en une « mise en phrases » d’idées filmiques, il est écrit pour être VU et
ENTENDU (AUDIO-VISUEL) ; il doit donc être écrit « en images et en sons ».
Le scénario privilégie l’action à la description (il doit se « passer » quelque chose à l’écran !)
Le scénario n’est ni un texte littéraire ni un document technique (pour cela, il y a le découpage
technique).
Le scénario s’écrit au PRESENT, seul « temps » de l’image ! La continuité filmique est une chaîne
de segments spatio-temporels qui représentent chacun une action continue au présent. Ils sont
généralement rangés selon des liens de causalité et dans un ordre chronologique sauf en cas de
flash back, flash forward ou bien encore dans le cas d'images mentales.
Le scénario exclut toute notation « psychologique » : Le comportement des personnages doit tout
exprimer et il est interdit de définir leur caractère, leurs pensées et leurs émotions autrement que
par leurs actions et leurs paroles.
Une information ne doit apparaître dans le scénario qu’au moment précis elle sera perceptible à
l’écran – ni avant, ni après-.
Le scénario n’est pas un découpage technique : l’utilisation d’un terme technique doit rester
EXCEPTIONNELLE (et être nécessaire à la compréhension de l’action) ; ex : ne jamais indiquer la
valeur de plan (PG…), ni un mouvement de caméra, mais on peut parfois indiquer « ELLIPSE » ou
« FLASH-BACK » ou encore « INSERT » par souci de clarté.
L’équation du scénario : (Clarté + Concision) x Simplicité = Efficacité.
Tout cela n’empêche pas d’avoir « du style », « du nerf » dans la rédaction du scénario !
Présentation générale & mise en page :
Recto uniquement
Pagination en pied de page
Police MS Sans Serif et Arial pour PC / Geneva et Helvetica pour Mac
Passer une ligne entre chaque paragraphe
Principe : 1 page = 1 minute à l’écran / parfois même 1 paragraphe = 1 plan (montage implicite) ;
"Le rythme de lecture du scénario doit être le même que le déroulement du film à l'écran ".
Les trois composantes du scénario :
Les intitulés de scènes (= segmentation du scénario)
Le corps des descriptions (= description des actions, décors, personnages, accessoires…)
Le corps des dialogues (= répliques ET didascalies)
1° Les intitulés de scène (équivaut à « séquence » en termes scénaristiques) :
SEQ 1. MAISON. INT/JOUR
N° de scène (une scène = même lieu, mêmes personnages, continuité temporelle)
Indication LIEU (=INT/ EXT ou plus précis…) et EFFET (= JOUR / NUIT ou plus précis…)
Ecriture en majuscules et en gras, alignement gauche
Le titre est parfaitement détaché du corps du scénario (on saute une ligne avant et après le titre)
2° Les paragraphes= corps des descriptions :
Pas d'alinéa en début de paragraphe
Texte en minuscules, droit, justifié
Il est souhaitable d'aller à la ligne lorsqu'il y a changement d'action (ou de plan)
Penser à la longueur de la phrase, la ponctuation pour suggérer le rythme de l’action
Veiller au choix de verbes justes, suggestifs… (ex : « fermer/pousser/claquer la porte »)
Ajouter des adverbes pour mettre en relief, connoter les actions (ex : « brusquement »/
« lentement » etc.)
3° Corps des dialogues :
Personnages :
Il est préférable de leur donner très vite un nom ; l’écriture scénaristique répète le nom du
personnage systématiquement (usage des pronoms à éviter / pronom « ON » interdit)
Nom du personnage écrit en capitales, gras, centré sur la page
Dialogues :
Jacques Feyder disait :"Au théâtre la situation est créée par les mots, au cinéma, les mots doivent surgir de
la situation". Dans un scénario on bâtit d'abord une histoire ,puis on construit un récit, on segmente l'action
en scènes: à partir de vient le dialogue, qui résulte en quelque sorte de l'agencement des différents
éléments narratifs. Il faut toujours lier le dialogue , dès l'écriture du scénario, avec la gestuelle du
comédien, ses déplacements, ses actes. Un dialogue au cinéma doit toujours être physique, lié au corps, à
l'action.
Disposés en colonne dans la partie droite de la feuille (avec un retrait d’environ 3cm)
Les didascalies (courtes) peuvent suivre le nom ou s’insérer entre deux répliques (en italique
ou entre parenthèses)
On peut aussi indiquer (en italique ou entre parenthèses) s'il s'agit d'une voix off ou hors
champ
IL y a quatre sortes de dialogues:
Le dialogue d'exposition, destiné à présenter les données initiales de l'action, à expliquer une situation, à
exposer des causes ou à fixer un objectif.
Le dialogue de caractère, par lequel un personnage exprime directement ou indirectement son caractère,
expose ses mobiles, dévoile sa psychologie, nous renseigne sur ses pensées, ses sentiments, ses
intentions.
Le dialogue de comportement, dit encore dialogue en situation, lié à l'aspect d'un personnage, à ses
actes, à ses occupations. Ce peut être un dialogue banal, insignifiant, qui meuble le silence et joue le
même rôle que les bruits.
Le dialogue d'action, qui joue un rôle essentiellement dramatique. Il provoque l'action, la fait progresser,
crée une tension, un climat, détermine des effets violents. C'est le dialogue de la péripétie, de l'amour, du
conflit.
Dans tous les cas, le dialogue doit obéir à la règle du vraisemblable, c'est à dire donner une impression de
naturel, de vie vécue. Il doit être nécessaire, c'est à dire intégré à l'action et à la nécessité organique du
récit. Il doit se conformer à la loi de la concentration, qui veut qu'il apporte un maximum d'informations ou
suscite le maximum d'émotion avec le minimum de mots.
Un dernier conseil: éviter que les personnages se révèlent totalement par ce qu'ils disent, autrement dit,
disent toujours la vérité: dans la vie, les gens masquent leurs émotions derrière une attitude convenue et
un dialogue soigneusement codé.
Hitchcock disait "c'est un point fondamental de la mise en scène que de faire dire au dialogue quelque
chose et à l'image autre chose".
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