Sixièmes Journées de la Recherche Avicole, St Malo, 30 et 31 mars 2005
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INTRODUCTION
Les volailles sont caractérisées par un dimorphisme
sexuel sur le poids vif au bénéfice des mâles qui se
traduit par des différences de poids des muscles. Il
semblerait que les différences de caractéristiques
musculaires observées entre mâles et femelles après
éclosion soient déterminées au cours de la myogénèse
embryonnaire (Henry et Burke, 1999). De
nombreuses hormones interviennent dans le contrôle
de la croissance des muscles (Robelin, 1990 ; Cassar-
Malek et al., 1998). En particulier, il a été démontré
chez les mammifères que l’administration post-natale
d’androgènes favorise la croissance musculaire en
stimulant la synthèse protéique et qu’elle diminue la
proportion des fibres musculaires glycolytiques à
contraction rapide de type IIb (Cassar-Malek et al.,
1998). Chez le poulet, au contraire, l’administration
post-éclosion d’androgènes inhibe la croissance
(Harvey et Scanes, 1978). L’injection in ovo, avant la
mise en incubation, n’a pas d’effet sur le poids des
embryons mâles à 12, 16 ou 20 jours d’incubation, ni
sur les caractéristiques musculaires de leur filet
(Henry et Burke, 1999). Mais, ces auteurs n’ont pas
pu étudier les conséquences de ce traitement au cours
de la croissance post-natale car le développement de
la bourse de Fabricius est inhibé et les poussins sont
alors immunodéficitaires. En revanche, l’administra-
tion in ovo d’un agent bloquant le récepteur aux
androgènes déprime la croissance post-natale des
poulets mâles et n’a pas d’effet chez les femelles
(Burke et Henry, 1999). Il est possible de réverser le
sexe d’embryons de femelles génétiques en injectant
in ovo, avant le 5ème jour d’incubation, du Fadrozole,
un inhibiteur d’aromatase (enzyme permettant la
conversion d’androgènes en oestrogènes ;
Abinawanto et al., 1997a et 1997b ; Burke et Henry,
1999). Chez le poulet et la dinde, ce traitement n’a
pas modifié le poids vif des femelles reversées, ni le
poids de leur filet (Burke et Henry, 1999). L’objectif
de notre étude est d’évaluer l’effet d’une réversion du
sexe sur le développement et la typologie des fibres
musculaires du Pectoralis major et du Sartorius
(respectivement muscles du filet et de la cuisse).
1. MATERIELS ET METHODES
Des poules pondeuses Isabrown adultes ont été
inséminées avec du sperme en mélange de 8 coqs. Un
total de 380 œufs a été collecté et mis en incubation
en conditions standards. Le 4ème jour d’incubation, la
moitié des œufs a subi une injection de Fadrozole (1
mg dilué dans 0.1 ml de tampon phosphate) et l’autre
moitié a subi une injection de tampon phosphate
uniquement comme décrit par Vaillant et al. (2003). A
l’éclosion, les poussins ont été sexés phénotypi-
quement et génétiquement comme décrit par Vaillant
et al. (2003). Ils ont été élevés au sol, en claustration
totale, jusqu’à l’âge de 16 semaines puis, placés en
cages individuelles jusqu’à l’âge de 28 semaines. A
l’âge de 24 jours, les poussins ont été répartis en 10
lots, décrits dans le Tableau 1. De 4 à 28 semaines,
les animaux traités après éclosion ont subi une
injection intramusculaire dans le filet deux fois par
semaine (Vaillant et al., 2003). A 28 semaines, les
animaux ont été pesés et sacrifiés avec une dose létale
de pentobarbital (1 ml/kg). L’appareil reproducteur a
été prélevé et analysé par histologie (Vaillant et al.,
2003). Le Pectoralis major (muscle du filet à
contraction rapide et métabolisme glycolytique) et le
Sartorius (muscle de la cuisse à contraction rapide et
métabolisme oxydo-glycolytique) ont été prélevés et
pesés. Un échantillon de chaque muscle a été congelé
dans de l’isopentane refroidi avec l’azote liquide et
conservé à -80°C avant l’analyse histochimique. La
typologie des fibres musculaires de chaque
échantillon a été ensuite réalisée comme décrit
précédemment par Baéza et al. (1999). L’utilisation
d’huile lors des injections pour les lots 2, 3, 7 et 8 a
entraîné la formation d’abcès et de kystes dans les
filets qui n’ont donc pas été prélevés pour ces lots.
Les résultats ont été traités par analyse de variance
avec une procédure GLM de SAS (1989).
2. RESULTATS, DISCUSSION
2.1. Développement corporel et musculaire
L’observation des gonades des animaux sacrifiés à 28
semaines a montré que seul le traitement in ovo des
femelles génétiques avec le Fadrozole avait entraîné
une réversion plus ou moins complète de leur sexe
(Tableau 1, Vaillant et al., 2003). Pour la présentation
des résultats (Tableau 2), les lots 1 à 4 constitués
uniquement par des femelles, les lots 5 et 10
constitués uniquement par des mâles et les lots 6 à 9
constitués de femelles génétiques reversées au niveau
du phénotype ont donc été regroupés. La réversion du
sexe n’a eu aucun effet sur le poids vif à 28 semaines,
ni sur le développement du P. major (Tableau 2),
confirmant les observations de Burke et Henry
(1999). Par contre, le poids du Sartorius et son
pourcentage par rapport au poids vif ont été
significativement accrus et les femelles reversées
présentent des valeurs moyennes intermédiaires à
celles des femelles et des mâles témoins.
2.2. Typologie des fibres musculaires du P. major
et du Sartorius
Malgré un effet du sexe important sur le poids vif (+
1041 g, Tableau 2) et sur le poids du filet (+ 65.6 g),
au bénéfice des mâles, l’aire de section transversale
des fibres musculaires du P. major, chez les mâles et
les femelles, est équivalente (Tableau 2), confirmant
les observations de Zanusso (1999). La différence sur
le poids du muscle pourrait donc être due à un