La République populaire de Chine est

DURAND Timothé
1er ES
Dossier SES
La République populaire de Chine est-elle
réellement la première puissance
économique mondiale ?
ISNS/MLF Shenzhen
2014-2015

Introduction
La Chine a connu grâce à Mao la révolution industrielle et un important changement
politique. Ce dirigeant va industrialiser le pays et créer un nouveau régime politique
n’autorisant la présence que d’un seul parti, le Parti Communiste (PC). La
République populaire de Chine était née.
Cependant, du fait de la dictature mise en place sous Mao confortée par un refus des
dirigeants chinois à s’ouvrir sur l’extérieur et à participer à la mondialisation, la Chine
ne connaissait aucune avancée économique et ne jouait qu’un rôle mineur sur la
scène internationale. Il aura fallu attendre Deng XiaoPing et ses politiques
d’ouverture pour accélérer son développement. En effet, l’économie du pays va
connaître une croissance fulgurante couplée à une augmentation impressionnante
de ses exportations qui s’explique par une main d’œuvre peu coûteuse et un flux
massif d’investissements directs étrangers sur le sol chinois. La ville de Shenzhen
est un excellent exemple de la réussite de ces politiques. C’est donc une revanche
sur l’histoire que la Chine, longtemps humiliée, reprend aujourd’hui (doc1).
Ainsi, devenue en 2013 la première puissance commerciale du monde, elle détrône
les Etats-Unis avec 4160 milliards de dollars d’échanges et cela grâce à un bond de
7,6% de ses échanges. Cependant, les importations ont également augmenté de
8,3% suggérant une bonne tenue de la demande intérieure s’expliquant par le
souhait de Pékin qui table sur un rééquilibrage de son marché intérieur pour devenir
moins dépendants des exportations. Il faut également prendre en compte
l’augmentation de la valeur du Yuan (doc1).
Enfin, les performances financières chinoises ne cessent de s’améliorer. Cela nous
est démontré par les places qu’occupent les Bourses de Shanghaï et de Shenzhen,
respectivement en troisième et cinquième place avec une valeur atteignant 35 000
milliards de yuans (5 700 milliards de dollars). Il faut noter qu’elles connaissent une
augmentation de 6,9% grâce au soutien d’une baisse du taux directeur.
Face à cette réussite arrogante, on peut s’interroger : la République populaire de
Chine est-elle devenue réellement la première puissance économique mondiale ?
Nous expliquerons tout d’abord ses atouts économiques et sociaux en commentant
sa place dans la mondialisation. Puis, nous présenterons ses difficultés, ses
disparités socio-spatiales et ses problèmes écologiques.

I] La Chine première puissance économique mondiale…
La République populaire de Chine (RPC) est désormais la première puissance
économique mondiale. Effectivement, selon les prévisions du très officiel Fonds
Monétaire International (FMI), le PIB chinois s’élève à 17 632 milliards de dollars
(doc5) tandis que le PIB étatsunien se chiffre à 17 416 milliards de dollars. Ces
chiffres sont exprimés en parité de pouvoir d’achat (PPA) c’est-à dire qu’ils prennent
en compte le coût de la vie. Nous constatons qu’après être devenue en 2013 la
première puissance commerciale du monde, la Chine ne s’arrête pas là et devient en
2014 la première puissance économique avec une croissance de 7,5% (doc3) par
an. Sa formidable percée dans l’économie mondiale met ainsi fin au règne de 142
ans des Etats-Unis. Même si la montée en puissance de l’économie chinoise était
prévisible, nul ne s’attendait à ce qu’elle supplante celle des Etats-Unis en 2014 (au
lieu de 2019).
De nombreuses raisons expliquent cette passation de pouvoir.
En effet, la République Populaire de Chine (RPC) connait depuis 1990 une
croissance économique d’environ 10% par an. Celle-ci lui a ouvert les portes de la
mondialisation notamment avec la ville de Shenzhen, acteur majeur de l’économie
chinoise. Il faut également prendre en compte dans le cas des matières premières
les échanges commerciaux décidés par Pékin en direction de pays sanctionnés par
l’Occident comme de nombreux États africains ou du Moyen-Orient. La RPC a
également établit des relations bilatérales avec ses voisins notamment la Russie
mais aussi récemment avec l’Australie et son premier ministre Tony Abbot en
supprimant les droits de douanes entre ces deux pays, permettant ainsi la libre
circulation des marchandises.
L’ouverture du pays à la mondialisation, avec Deng XiaoPing, a attiré un grand
nombre d’Investissements Directs Etrangers (IDE) dû au faible coût de la main
d’œuvre, aux normes moins strictes et facilement contournables et enfin au plus
grand marché du monde composé d’1 milliard 300 millions de personnes.
Le capital étranger arrivant en Chine a permis une accélération du développement
des activités économiques liées à la haute-technologie. Les exportations chinoises
sont contrairement à ce que l’on pourrait croire essentiellement des appareils
électroniques ; le textile et les vêtements n’arrivant qu’en troisième position.
La part des dépenses concernant la Recherche et Développement ont plus que
doublé depuis l’an 2000, passant de 0,90% à 1,98% du PIB dépassant ainsi l’Europe
des 28 (1,97%). Ces 178 milliards d’euros de dépenses permettent à la Chine de
créer de nombreux produits et techniques innovantes, que ce soit dans le domaine
de la haute-technologie, la médecine ou encore la conquête spatiale. La Chine s’est
fixée comme objectif de consacrer 2,5% de son PIB dans l’innovation en 2020 ce qui
lui permettrait d’accéder au premier rang mondial.
Concernant l’environnement et sa protection, la Chine en a fait une de ses
préoccupations depuis longtemps. En effet, la première politique environnementale
fut mise en œuvre en 1973 et approuvée par la 1er Conférence nationale de la
protection de l’environnement. Depuis, la politique de réforme et d’ouverture, cette
question devient de plus en plus saillante avec l’accélération du rythme de
l’édification économique. La Chine est un des pays les plus pollués du monde et son
développement économique pénalise grandement sa sphère environnementale, et
divers problèmes doivent être traités telles l’utilisation massive de charbon dans la
production de l’énergie (70%), la forte démographie du pays et les substances
toxiques relâchées par les entreprises entraînant une pollution de l’air et de l’eau.

Pour mettre fin à ces externalités négatives, le gouvernement chinois a, en décembre
2005, publié « Règles temporaires destinées […] à concrétiser la conception
scientifique de développement et à renforcer la protection de l’environnement ». Cela
donne la priorité à l’environnement dans certaines régions et il est décrété que l’un
(économie) ne doit pas pénaliser l’autre (environnement) et qu’il faut les faire
progresser ensemble dans le cadre du développement durable. Pour ce faire, plus
de 90 règlements au niveau national et 1020 règles au niveau local ont été
instaurées. La Chine est l’un des pays à avoir impulsé des stratégies de
développement durable après la Conférence de Rio en 1992.
Dans le cadre de Shenzhen, 65 milliards de yuans ont été versés pour accueillir les
Universiades de 2011 dans un cadre propice et agréable.
La protection écologique fait donc partie du désir de Pékin de créer une société
harmonieuse respectueuse de l’environnement.
Enfin, la Chine est un pays composé de multiples ethnies comme les Tibétains,
les Ouïgours, les Mongols et bien entendu l’ethnie majoritaire représentant plus de
91% de la population : les Hans. L’unité sociale du pays est forte et les Chinois sont
solidaires, cela s’explique en partie par l’antipathie envers le Japon. En plus, les
Hans ont réussi à imposer leur culture sur la majorité du territoire. La langue officielle
est donc le mandarin toutefois les autres dialectes ne sont pas oubliés et sont parlés
par les ethnies minoritaires fières de leurs identités et de leurs origines. La Chine est
globalement unie et la croissance économique de celle-ci permet de mettre un frein
aux quelques tentatives de revendication de régions autonomes. Le soft-power Han
est également une des marques de l’influence chinoise croissante sur le monde. Il
s’impose autour de quatre domaines:
- La diplomatie publique étoffée de discours officiels englobant des thèmes
simples mais frappant comme le nouveau concept de sécurité dans le but
d’assurer un règlement pacifique des conflits internationaux.
- La participation active et l’insertion dans les instances internationales
permettant pour Pékin d’assurer sa présence dans les forums internationaux,
de tenter d’y imposer son agenda politique et de garantir sa collaboration aux
opérations de maintien de la paix.
- La mise en avant de la culture chinoise de telle sorte qu’aujourd’hui la langue,
la cuisine, la médecine traditionnelle, l’acupuncture et de plus en plus le
cinéma chinois... sont diffusés dans le monde entier grâce à un réseau de plus
de 300 Instituts Confucius dans environ 80 pays. Le développement des
échanges universitaires joue aussi un grand rôle.
- La communication et la public diplomacy qui visent à conquérir les citoyens du
monde entier à travers le développement de médias chinois à diffusion
internationale (CCTV, Xinhua, People's Daily) et permettent la réalisation
d’une infosphère au service de l’image chinoise. L’objectif est le renforcement
du poids médiatique et diplomatique de Pékin sur la scène internationale.
Cette stratégie a aussi recours à des « vitrines » comme les Jeux Olympiques
de 2008 ou l'Exposition Universelle de Shanghai pour montrer une image
positive de la Chine au monde entier. Nous pouvons également noter la
hausse du nombre d’adeptes bouddhistes en Occident, preuve de l’attirance
(croissante) de la culture chinoise aux yeux des différentes nations de ce
monde.
La Chine compte également affirmer sa puissance militaire sur la scène
internationale. En effet, si les effectifs de l'armée de terre ont été apparemment
réduits (1,5 million de soldats en 2014 contre 2,3 millions en 2005), l'effort de

modernisation passe avant tout par un renforcement des capacités navales et de
surveillance maritime. En 2012, la Chine a mis en service son premier porte-avion, le
« Liaoning », acheté en 1998 à l'Ukraine et remis à neuf et elle devrait en
supplément construire dans les dix à vingt prochaines années 2 autres porte-avions
nettement plus sophistiqués.
Le ralentissement économique ne semble pas devoir conduire à une réduction du
budget de la défense. Ainsi, Pékin a récemment annoncé, les dépenses militaires
devraient progresser de 10,7 % cette année pour atteindre l'équivalent de 119
milliards de dollars. On retrouve désormais les forces chinoises dans des missions
de lutte contre la piraterie comme au large de la Somalie, à côté des marines
étatsunienne ou française, dans des opérations de maintien de la paix sous mandat
de l'ONU ou encore dans des missions de secours d'urgence comme au Pakistan.
Comme les Etats-Unis, la Chine est bien décidée à protéger les voies maritimes,
notamment celles par lesquelles passent ses importations pétrolières.
Sur le plan politique, c’est une véritable remise en question du modèle occidental
démocratique et capitaliste. La Chine en est effectivement le contre-exemple le plus
flagrant, et nous montre qu’un système dictatorial et politiquement communiste peut
réussir son développement. Un régime de ce type présente, il faut le reconnaître, des
atouts. Les trois pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire) appartiennent à un seul
parti (Parti Communiste), le président est élu au suffrage indirect par 2000 grands
membres du PC, celui-ci et ses conseillers prennent les décisions, les appliquent, et
rendent la justice sans aucune opposition et la capacité de la Chine à réagir face à
un problème est pour de ce fait fort. A l’inverse de la France démocratique où un
projet de loi doit être soumis à l’Assemblé Nationale puis voté par le Sénat où la
moindre opposition retarde tout, ce qui freine grandement l’avancée de notre pays
conservateur.
« Dans un monde où tout avance, ceux qui restent sur place reculent »
Nous pouvons ainsi constater l’atout primordial économique de la Chine mais
également ses points forts dans des domaines sociaux, politiques et culturels. Nous
allons désormais aborder les difficultés qui ralentissent la Chine et qu’elle se doit de
corriger.