SITUATION ECONOMIQUE ET FINANCIERE DE LA CHINE
1. L’activité a poursuivi son ralentissement au premier trimestre 2015, en dépit de politiques
économiques plus accommodantes
Après une croissance annuelle de 7,4 % en 2014 (le plus faible taux de croissance depuis 1990), la
croissance du PIB chinois s'est établie à 7,0 % en g.a. au 1er trimestre 2015 (après +7,3 % au quatrième
trimestre 2014).
Le gouvernement chinois a fixé un objectif de croissance d’environ 7 % pour 2015. Cette cible, inférieure
à celle des trois dernières années (environ 7,5 %), demeure relativement élevée compte tenu de la diminution
de la croissance potentielle mais aussi de la correction toujours en cours du marché immobilier. Elle est ainsi
supérieure à la dernière prévision du FMI (6,8 %). L’objectif de création de nouveaux emplois urbains,
présenté par les autorités comme primordial, reste inchangé à plus de 10 millions et doit permettre de
maintenir le taux de chômage (officiel) des travailleurs urbains sous le seuil de 4,5 %.
L’objectif d’inflation pour 2015 a été abaissé à 3 % contre 3,5 % en 2014. L’inflation a été nettement
inférieure en 2014, à 2,0 %, et s’est établie en mars 2015 à 1,5 % (en lien notamment avec la faiblesse du prix
des matières premières). En maintenant un objectif relativement élevé, le gouvernement chinois se donne des
marges de manœuvre pour poursuivre le processus de libéralisation des prix de l’énergie, qui devrait se
traduire par leur augmentation.
Dans ce contexte, le policy-mix marque un assouplissement. La Banque centrale chinoise (PBoC) a entamé
un cycle d’assouplissement monétaire fin 2014, avec trois baisses des taux d’intérêt de référence et deux
baisses des ratios de réserves obligatoires. De même, le gouvernement a annoncé au mois de mars que la
politique budgétaire serait « plus dynamique », avec un déficit budgétaire (Etat et collectivités locales) de
2,3% du PIB en 2015 contre une prévision de 2,1% et une exécution de 1,8% en 2014. Selon le ministre des
finances chinois, LOU Jiwei, le déficit prévu pour 2015 représenterait même 2,7% du PIB après prise en
compte du report de dépenses 2014 ainsi que de transferts en provenance du fonds de stabilisation et de
régulation du budget. Cette augmentation très nette du déficit budgétaire vise notamment à compenser la
réduction des dépenses des collectivités locales, dont les modalités d’endettement ont été redéfinies de façon à
en accroître la transparence.
2. Les autorités chinoises excluent toute mesure massive de soutien qui exacerberait les effets du plan
de relance de 2008/2009
Si la dette totale des agents non financiers, aujourd’hui estimée à environ 230 % du PIB, reste
inférieure à celle constatée dans la majeure partie des pays développés, sa dynamique récente inquiète
(+75 points de PIB depuis fin 2008). Les autorités cherchent donc à ralentir la progression de la dette tout en
assainissant les bilans des agents, tout particulièrement des gouvernements locaux qui se sont massivement
endettés lors du plan de relance de 2009 à travers des véhicules spéciaux de financement, qui leur permettaient
de contourner l’interdiction d’endettement direct.
Plusieurs secteur souffrent de surcapacités importantes : acier, ciment, aluminium, verres plats ou encore
construction navale. L’activité dans le secteur immobilier ralentit depuis début 2014 du fait de la constitution
de stocks trop importants (18 mois de vente alors que la norme est de 12 mois), ce qui se traduit par une baisse
des prix immobiliers.
3. La priorité est en effet donnée aux réformes économiques visant à adapter le pays à la « nouvelle
normalité »
La « nouvelle normalité », évoquée pour la première fois en mai 2014 par le président XI Jinping,
correspond au ralentissement structurel de l’économie chinoise. En effet, la transition démographique
conduit à une diminution de la population en âge de travailler, tandis que les gains de productivité liés à la
réallocation de la main d’œuvre agricole vers le secteur manufacturier sont désormais moindres. L’évolution
vers un modèle de croissance davantage orienté vers les services devrait également se traduire par des gains de
productivité moindres. Ces facteurs devraient conduire à un ralentissement progressif de la croissance dans le
mesure où la Chine dispose encore d’atouts importants (stock de capital par tête relativement faible ; main
d’œuvre rurale qui reste abondante ; flux important d’investissements directs étrangers entrants). La