et de toxoplasmose viscérale, justifiant la vérification du sta-
tut sérologique contre la toxoplasmose et, en cas d’immuno-
suppression prolongée, la prescription en prophylaxie pri-
maire de Bactrim Fort
®
(1 cp tous les deux jours). Cette
prophylaxie est indispensable dans les vascularites systémi-
ques (granulomatose de Wegener, périartérite noueuse) car
il semble exister un risque d’infection opportuniste plus im-
portante dans ces affections ;
●le cyclophosphamide expose aussi à un risque tératogène,
comme d’autres immunosuppresseurs. Il ne faut pas oublier
chez une femme jeune, de s’assurer de l’absence de gros-
sesse évolutive (non connue) avant la prescription du traite-
ment. L’autre risque est celui de l’induction d’une stérilité
qui survient après une dose cumulée de cyclophosphamide
variable selon l’âge de la patiente [13]. Ce point est impor-
tant car pour limiter ce risque, il est indispensable de blo-
quer l’ovulation par une hormonothérapie adaptée (estrogé-
noprogestatifs, analogues de la LH–RH) et éventuellement
de proposer une cryoconservation d’ovules ou d’ovaire.
Chez l’homme, une conservation du sperme doit aussi être
discutée ;
●le risque de lymphome et de cancer solide est aussi lié à la
dose cumulative. Ce risque est faible pour une dose cumulée
inférieure à 15 g. Néanmoins, il existe un risque particulier
pour l’uroépithélium justifiant des mesures de cytoprotec-
tion par la perfusion préalable de Mesna [9] ;
●
le risque de toxicité hématologique justifie aussi la surveil-
lance stricte de l’hémogramme avec une adaptation des doses
en fonction du nadir de polynucléaires après la perfusion. Il
existe peut-être, comme avec l’azathioprine, un métabolisme
individuel, mais pour l’instant il n’est pas connu.
1.3. Les autres immunosuppresseurs : azathioprine,
hydroxychloroquine, cyclosporine, tacrolimus, méthotrexate,
léflunomide, acide mycophénolique, disulone, dérivés thiolés,
sels d’or
Généralement, il n’y a pas de justification à débuter ces trai-
tements en réanimation. Il s’agit habituellement soit de traite-
ments d’induction de formes de gravité intermédiaire (exemple,
mycophénolate mofetil dans les néphropathies lupiques), soit
de traitements destinés à maintenir une rémission [14–22] :
●beaucoup de ces substances n’ont pas été évaluées par des
études contrôlées randomisées en raison de la rareté des in-
dications, en dehors de quelques exceptions comme le my-
cophénolate mofetil dans les néphropathies glomérulaires du
lupus [10,14,15]. Cela explique que ces molécules n’ont
souvent pas d’autorisation de mise sur le marché (AMM)
ou des AMM très restreintes ;
●
le risque de ces molécules immunomodulatrices « classiques »
est assez bien connu car certaines sont utilisées depuis long-
temps souvent en hématologie et chez les greffés. Certaines
d’entre elles ne sont pratiquement plus utilisées en raison de
leur risque carcinologique (Chloraminophène
®
) ou de leur
toxicité (sels d’or, dérivés thiolés). Néanmoins, il reste quel-
ques indications très particulières, comme par exemple les
amyloses AA des affections inflammatoires rebelles qui peu-
vent bénéficier d’un traitement par Chloraminophène
®
. Les
indications et les risques relatifs des principales molécules
sont décrites dans le Tableau 1. Elles doivent être connues
du réanimateur car différentes complications iatrogènes peu-
vent mener le patient en réanimation médicale.
1.4. Les immunoglobulines intraveineuses polyvalentes (Ig IV)
Les Ig IV sont des préparations thérapeutiques d’immunoglo-
bulines G humaines obtenues à partir de pools de plasma pro-
venant de plus de 1000 individus sains. Il s’agit quasi exclusi-
vement d’IgG intactes d’une demi-vie de trois à quatre semaines
avec une répartition des sous-types (IgG 1, 2, 3, 4) semblable à
celle observée dans les sérums humains normaux [23,24]. Elles
doivent répondre aux normes recommandées par la pharmaco-
pée européenne et contenir moins de 5 % d’IgG agrégées, de 0 à
7 % de fragments Fab’d’IgG et, selon les préparations commer-
ciales, de 0,06 à 40 mg d’IgA/g de protéine. Ces Ig IV ont un
large spectre de réactivité dirigé contre des antigènes exogènes
(viraux et bactériens), des autoantigènes (autoanticorps naturels)
et des anticorps (anticorps anti-idiotypes). Ils agissent dans de
nombreuses affections auto-immunes et inflammatoires par des
mécanismes immunomodulateurs variés [24].
1.4.1. Quelles sont les indications ?
Schématiquement, il existe 2 types d’indications :
●les substitutions en cas de déficits humoraux acquis (ex. :
myélome) ou congénitaux ;
●les affections inflammatoires dysimmunitaires particulière-
ment les maladies auto-immunes.
Les indications thérapeutiques des Ig IV sont classées par le
CEDIT (Commission d’évaluation et de diffusion des innova-
tions technologiques–Assistance publique des hôpitaux de Pa-
ris) (Tableau 2). Le CEDIT propose :
●des indications reconnues (groupe 1) définies par des études
thérapeutiques prospectives randomisées ou des études non
contrôlées dans des pathologies très rares ;
●des indications en cours d’évaluation (groupe 2) fondées sur
des études non contrôlées ;
●des indications non reconnues (groupe 3).
Dans les maladies auto-immunes, les Ig IV sont une option
thérapeutique très intéressante. En réanimation, ce traitement
peut se justifier dans différentes circonstances, en particulier
en cas de cytopénies auto-immunes, de syndromes d’anticoa-
gulation acquis par autoanticorps, d’affections neurologiques
(myasthénie, syndrome de Guillain-Barré), de myopathies in-
flammatoires auto-immunes non contrôlées, de certaines com-
plications du lupus (cytopénies, érythroblastopénies), d’un syn-
drome des antiphospholipides ou d’une vascularite systémique
rebelle [26–31].
J. Sibilia / Réanimation 14 (2005) 629–640632