Lettre d’intention
Je me suis attelée à l’écriture de A Dream with Diggy dans l’optique de réunir les
comédiens dont le talent et la présence scénique m’avaient particulièrement touché
au cours de notre scolarité commune au sein du Conservatoire d’Art Dramatique de
Dijon.
Si je tiens à mettre moi-même mon texte en scène, c’est parce que, étant témoin
de leur évolution respective, je me sais apte à dénicher et mettre en lumière les
multiples atouts des trois comédiens choisis.
Sarah Camus, qui incarne le rôle-titre,
est une actrice plurielle, dotée d’une
large palette d’émotions, capable de
traverser et d’incarner les fragilités et
les forces de son personnage. J’ai
également choisi Méline Cazin et
Benjamin Alison, qui gravitent autour de
Diggy, pour leur poésie scénique, leur
grand sens de l’écoute et cette qualité
rare qui est celle d’ouvrir son jeu à
l’autre afin de le servir et lui faire écho
dans le même temps.
Ce qui m’intéresse, ce sont les jeux de forces et les passerelles qu’il faudra trouver
entre les deux femmes, dont les comportements s’inscrivent dans le schéma
suivant : la première, à la fois évanescente et exubérante, assurée dans la
démonstration et la célébration de sa féminité, qui s’impose, par son métier, comme
celle qu’il faut regarder et admirer ; l’autre, fragilisée par son mensonge identitaire
et par le manque d’aplomb que lui confère son jeune âge et son humilité naturelle,
à qui il est demandé de regarder et d’admirer.
Un point d’équilibre est à trouver dans cette disproportion des forces scéniques, et
c’est là un enjeu considérable de la mise en scène qui aura en charge d’accorder et
d’harmoniser le visible avec l’invisible, la parole bavarde avec l’écoute nourrie de
présence, et l’action qui attire l’œil avec le regard que l’on pose sur ce qui est
regardé.