CHAMBRE DE COMMERCE ET D'INDUSTRIE DE PARIS
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TITRE PRÉLIMINAIRE :
PRINCIPES DIRECTEURS DE LA RÉFORME
Malgré l’adoption de lois fondamentales – telles que celles créant et
libéralisant la société par actions simplifiée (SAS) – aucun texte général n’a
réformé l’ensemble de notre droit des sociétés. En particulier, une
modernisation du dispositif applicable à la société anonyme fermée serait
opportune, de manière à assouplir son organisation interne et ainsi
répondre au mieux aux besoins des entreprises.
En dépit de quelque quatre-vingt réformes, le droit français des sociétés - tel qu’il
résulte de la loi du 24 juillet 1966 codifiée – reste encore largement empreint de
l’idéologie dirigiste et institutionnelle qui régnait à l’époque de son élaboration.
Conçu par un législateur volontiers formaliste, souvent paternaliste et parfois
même suspicieux à l’égard du monde des entreprises, ce corps de règles
continue, aujourd’hui encore, à ménager une part très importante aux dispositions
pointilleuses et impératives1.
Ces caractéristiques expliquent que le droit des sociétés ait longtemps été
considéré comme un « carcan juridique » ne permettant pas aux entreprises
françaises de trouver une réponse adaptée à leurs besoins. Par ailleurs, du fait du
décalage entre le droit et la pratique et de l’absence de souplesse des formes
1 Le Professeur Paillusseau livre une analyse particulièrement intéressante de ces excès. Rappelant
que « le droit est, à un moment donné, influencé par les tendances culturelles dominantes de la
société politique économique et sociale », il souligne qu’au moment de l’élaboration de la loi de 1966,
« une tendance culturelle forte de la société politique conduisait au centralisme, au dirigisme et à
l’assistance ». Or, « une autre tendance culturelle a marqué ces dernières années : c’est la volonté
d’accroître la part de liberté laissée aux « utilisateurs » du droit dans l’organisation de leurs
« affaires », particulièrement pour les opérateurs économiques » ; cf. « La modernisation du droit des
sociétés commerciales : une reconception du droit des sociétés commerciales », D. 1996, Chron.,
p. 287.