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platonov
ANTON TCHEKHOV
BENJAMIN PORÉE
OD ON
Platonov ou la vie perdue
les fausses confidences
Marivaux
Luc bondy
Cacher l'objet d'un désir supposé
les bibliothèques de l'odéon
pourchassez
le naturel !
o
Lettre N 8
Odéon-Théâtre de l’Europe
janvier 2014
2
Patrice Chéreau et Pascal Greggory lors des répétitions
de Dans la solitude des champs de coton de Bernard-Marie Koltès
Manufacture des Oeillets à Ivry
Odéon-Théâtre de l'Europe, 1995 © Ros Ribas
3
Platonov
ou la vie
perdue
4
sommaire
5
«Brouillon absolu» où un auteur de moins de vingt ans esquisse les thèmes de toute son
œuvre à venir, Platonov est un texte-laboratoire qui fascine les metteurs en scène.
p. 4 à 8
Benjamin Porée nous parle de sa rencontre avec l'inépuisable jeunesse de Tchekhov.
PLATONOV OU LA VIE PERDUE
PLATONOV
Anton Tchekhov
Benjamin Porée
Daniel Loayza – Quels ont été vos débuts
de metteur en scène ?
Benjamin Porée – Il y a eu une première
étape en 2006. J'étais au cours Florent en
deuxième année du cycle de formation
professionnelle. C'est là que j'ai rencontré Matthieu Dessertine, qui était dans
la classe libre. Il avait 17 ans, j'en avais
20. On se parlait, sans trop se connaître.
Il présentait Une Saison en enfer, de
Rimbaud, avec une amie à lui. Je suis allé
le voir. Quelque temps après, je devais
à mon tour montrer un travail au cours,
j'ai choisi des brouillons d'Une Saison
en enfer. Et deux semaines plus tard,
Matthieu m'a demandé de le mettre seul
en scène, toujours dans le même texte.
On a joué trois, quatre dates dans le
Marais. Puis en Avignon dans le festival
«off». Puis au Théâtre de Nesle et peu à
peu la salle a commencé à se remplir.
Un jour on s'est rendu compte qu'on ne
connaissait plus les gens dans le public :
le bouche-à-oreille avait dû fonctionner...
p. 12 à 16
cacher l'objet
d'un désir supposé
les fausses confidences
Marivaux
Luc Bondy
p. 9
POURCHASSEZ LE NATUREL !
Les Bibliothèques de l'Odéon
p. 10
surtitrage, l'esprit
et la lettre
Les Bibliothèques de l'Odéon
p. 17
red star
football club à l'odéon
le cercle de l'odéon
p. 18
Avantages abonnés
D. L. – à vous entendre, vous semblez
être venu à la mise en scène presque par
hasard...
Invitations et tarifs préférentiels
p. 19
ACHETER ET RÉSERVER
SES PLACES
B. P. – En fait, non. J'ai toujours eu des
professeurs qui me poussaient à écrire,
et j'aimais ça. Je faisais des montages
de textes, que les autres ne comprenaient pas toujours... D'un autre côté,
j'ai toujours aimé aider mes camarades
à travailler leurs scènes, à leur servir de
«regard extérieur», comme on dit. J'étais
dans une recherche, mais de là à désirer
monter quelque chose... Tout s'est forgé
pendant Une Saison en enfer, un monologue. Et pourtant la première pièce que
j'ai vraiment voulu monter, c'était un
Racine...
p. 20
les 50 ans de france inter
D. L. – Lequel ?
B. P. – N'importe lequel ! Du coup, après
le Rimbaud, qu'on a quand même joué
soixante-dix fois, comme Matthieu était
un peu fatigué, je me suis dit que j'allais
passer enfin à «mon» Racine. ça a été la
deuxième étape : Andromaque. Je voulais entendre cette langue... Le vers racinien me fascinait. Ce travail m'a occupé
trois saisons de suite. Entretemps, j'ai
connu le directeur du Théâtre de Vanves,
José Alfarroba. J'ai insisté, je l'ai relancé,
jusqu'à ce qu'il me propose de lui montrer une maquette, et on lui a présenté
l'intégralité de la pièce ! Il nous a tout de
suite programmés pour trois dates dans
la saison suivante.
D. L. – Comment s'est opéré le passage
de Racine à Tchekhov ?
B. P. – Quand je passe d'un travail à
l'autre, je n'ai pas d'esthétique propre,
pas de «patte». L'auteur me guide vers
une théâtralité différente à chaque fois.
Je me suis intéressé à Platonov pour
la langue de Tchekhov, cette langue si
dense, comme une épaisseur des âmes,
qui passe organiquement par les corps
pour questionner les mots au plus près
de nous, de nos erreurs, de nos pensées... Après Racine, je voulais aborder
Sophie Dumont, Baptiste Chabauty et Zoé Fauconnet dans Platonov © Benoit Jeannot
une langue très parlée, très simple, fluide,
cinématographique, et qui nous laisserait une immense liberté de mouvement.
Il y a très peu d'indications ou de didascalies chez Tchekhov. Par contre, beaucoup de premiers et de deuxièmes plans.
Et la durée tchékhovienne, dans Platonov
en particulier, me faisait penser à un très
long film, à un énorme plan-séquence...
à partir de ce brouillon absolu qu'est la
pièce, on a dressé un parcours unique par
le choix des coupes, du montage issu de
la dramaturgie du plateau. J'aime beaucoup le cinéma, et plus généralement la
picturalité. Dans les premiers temps d'un
travail, j'apporte souvent des images,
des tableaux, des photos, qui constituent une base de références communes,
qu'on digère. J'ai encore beaucoup de
ces images dans mon ordinateur. Beaucoup de femmes, peintes à la fin du
XIXe ou au début du XXe par Whistler ou
Joaquín Sorolla... Des artistes qui ne sont
pas cantonnés dans le réalisme, qui ont
une palette lyrique aux couleurs très
profondes. On a regardé certains films
comme Damnation de Béla Tarr, on s'est
imprégnés de la série photographique
des «chambres d'amour» de Bernard
Faucon... Un comédien, quand il com-
«... la langue
de Tchekhov,
cette langue
si dense,
comme une
épaisseur
des âmes...»
mence à accumuler des images, des couleurs, des matières, voit plus facilement
où le metteur en scène veut amener le
projet. J'ai aussi donné à voir beaucoup
de paysages, d'extérieurs.
D. L. – Vous pensiez déjà à des choix de
décor ?
B. P. – Comme point de départ, je le
voulais infiniment grand : la nature
tchékhovienne elle-même. Nous
avons adapté les deux premiers actes
en les transposant dans la nature,
en extérieurs : le domaine d'Anna
Petrovna, les environs de l’école où
habite Platonov. Dans ces extérieurs,
l'être est pour ainsi dire caché, avalé
par l’immensité, nous le percevons
comme plongé dans l’illusion d’une
appartenance aux autres. Puis, par
un effet de bascule, on n'est plus que
dans des espaces intérieurs pour les
deux derniers actes. Encore une fois
chez Platonov à l'acte III, chez Anna
Petrovna à l'acte IV. Un espace du
mental, resserré, avec la chair au premier plan, vue par le biais d’une autre
focale.
D. L. – Comment voyez-vous le rôle-titre ?
B. P. – Le vrai titre de la pièce est perdu,
puisque la première page du manuscrit manque. Mais d'après une allusion
dans une lettre, il s'agissait peut-être
d'un mot russe intraduisible, «l'ère des
enfants sans père». Ce ne sont pas seulement les pères physiques, mais les
pères moraux, les pères spirituels, qui
font défaut ou ne tiennent pas leur rang.
Les pères et les repères... De ce point de
vue, le personnage de Platonov occupe
une position particulière. C’est sa pensée, c’est surtout son corps qui parle,
qui porte les maux. C'est un héros/antihéros, une figure inhabituelle dans le
théâtre et qui résonne énormément. à
travers ses paroles filtre la question de
la vérité : «étudier, travailler, chercher la
vérité», une question ou une quête que
la société moderne semble avoir délaissée, abandonnée, presque trahie. C'est
Platonov qui demande : «Vivre ? Comment faut-il faire ?» Tous les personnages énoncent en eux cette question
de la vérité. Ce qui est intéressant, c’est
d’observer qui la trahit dans la pièce et
qui la supporte jusqu’au bout.
D. L. – Vous parlez de «supporter» cette
question : elle est donc douloureuse ?
B. P. – C'est vrai que je souhaitais rechercher dans ce travail comment parler de
la fission de l'être, interroger la manière
dont on panse les blessures personnelles,
sociétales, humaines. L’endroit de la plaie
et de la fissure est le centre de la pièce,
là ou nos regards de spectateurs se
posent avec un inavouable trouble. L'un
des points centraux dans notre travail
consiste à reconstruire la réalité qui nous
fait souffrir. à revenir en tout à l’origine de
la faille. Le premier verre d’alcool, le premier mot qui casse l’être... D’où l’envie de
débuter le spectacle par un monologue de
Platonov adressé au public, tel un secret
livré. Un secret de la douleur, donné à
nous, témoins actifs de nos propres douleurs. C’est un spectacle du vide, du rien,
un théâtre du néant et de la vie.
D. L. – Comme l'écrit Rimbaud dans Une
Saison en enfer : «La vraie vie est absente.
Nous ne sommes pas au monde»...
B. P. – Rimbaud et Tchekhov étaient
quasiment contemporains ! Et ces
mots de la Vierge folle, quasiment
tous les personnages de la pièce pourraient les reprendre à leur compte.
Tous attendent la vie nouvelle qui ne
viendra jamais, pour aucun d’entre
eux, tout n’étant qu'illusions perdues,
«vie perdue», comme le précise Platonov. La vie contient le réel, et le réel
ne reviendra jamais, puisqu’il est déjà
là. Tous vivent donc la vie sans la vie,
ce «chaos de la non-vie, l'absence
d’être», pour citer Hofmannsthal.
Mais il y a tentative de vivre. Il faut
entendre Anna Petrovna : «Vis ! tout
vit, tout bouge... la vie est là. Vivons à
notre tour ! Cette nuit, oui, vivre, vivre,
vivre !» à quoi le héros répond : «J’ai
mal à Platonov»...
(suite p.7)
Platonov
6
Platonov loge à l'hôtel de france
C'est l’expression même de cette
lucidité face à la vie qui ne reviendra
pas, mais qui est là si puissante et qui
tape dans les veines, dans la chair, le
corps... Pour moi, elle ne prend son
sens et son poids tragique qu’en effet
miroir, à travers une autre réplique
moins connue du même personnage :
«Elle supporte tout, la peau ! elle veut
toujours vivre». Voilà d’où vient le mal.
Le mal de vivre, certes, mais surtout
de vouloir vivre.
Un an après avoir tourné Hôtel de France, librement inspiré de Platonov,
Patrice Chéreau présente en 1987 la pièce à Avignon, avec les élèves de
l'école de comédiens des Amandiers de Nanterre.
Patrice Chéreau – La distribution du film privilégiait la nature de chaque comédien, au théâtre, il était important qu'on
revienne à une sorte de travail sur la composition. Il était important de sortir les élèves d'une espèce de cliché, en allant
même jusqu'aux contre-emplois, en proposant des choses dont je n'étais pas absolument sûr qu'ils soient capables de les
attraper. Là où je n'avais pas envie de prendre des risques au cinéma, il était évident que le théâtre était le lieu naturel de
ce type de risques. Je crois qu'on apprend beaucoup en jouant des rôles de composition, on apprend ce que c'est que le
théâtre : oser davantage en jouant un personnage qui n'est pas soi, mais qu'il convient de chercher en soi. […] Pour ceux
qui avaient conservé le même rôle, s'ils refaisaient ce qu'ils faisaient dans le film, je ne le supportais pas : qu'est-ce que
c'est que cette connerie ? Cela n'a pas lieu d'être ici sur le plateau ! Il n'existe au théâtre quand on joue Platonov qu'une
seule vérité : comment Tchekhov a écrit la pièce.
Laurent Grevill – Dans le film, je jouais quelqu'un qui se laisse aller et c'est ce que je reproduisais au théâtre. Et puis
Patrice m'a dit : «Cela ne va pas ; je pense que Platonov est quelqu'un qui, dans sa détresse, dans son malheur, est
actif.» Cette remarque m'a un peu sauvé la vie, car j'avais de plus en plus de mal à jouer ce type qui s'affaissait.
Quand Patrice a prononcé le mot «actif» cela m'a redonné cette espèce d'électricité que doit avoir Platonov : c'est
quelqu'un qui réagit, pas quelqu'un de dépressif.
Propos cités dans Platonov, dossier réalisé par Marion Forey et Yves Steinmetz, Scérén - CNDP, 2005.
- Что ?
- Ничего... Скучненько...
D. L. – Comment avez-vous constitué
la distribution ?
- Alors ?
- Rien... On s'ennuyote...
B. P. – C'est en partie parce qu'elle
s'imposait déjà à moi que j'ai été
attiré par Platonov. Une bonne partie des comédiens étaient présents
sur Andromaque. J'avais le désir de
leur donner du travail, de continuer
à avancer ensemble. Il fallait donc
une pièce-monument, une masse de
théâtre, et Platonov en est une, d'autant plus qu'elle est comme un gigantesque brouillon qui est gros de tout le
théâtre tchékhovien à venir. Un projet
comme celui-là m'a donc permis aussi
d'élargir l'équipe. Un certain esprit de
communauté dans la recherche au
plateau est tout ce que je demande.
Ce qui me touche, ce qui me nourrit,
Platonov, premières répliques
1986 : Hôtel de France, réalisation Patrice Chéreau, d'après Platonov d'Anton Tchekhov.
1987 : Platonov, mise en scène de Patrice Chéreau, Festival d'Avignon.
Texte français d'Elsa Triolet (adaptation de Patrice Chéreau).
Avec Laurent Grevill dans le rôle de Platonov et Laura Benson dans le rôle d'Anna Petrovna.
Platonov, d'Anton Tchekhov, mise en scène de Patrice Chéreau,
Avec Marc Citti, Laurent Grevill et Valeria Bruni Tedeschi.
Festival d'Avignon, juillet 1987 © Marc Enguérand CDDS
8 janvier – 1er février / Berthier 17e
PLATONOV
d'Anton Tchekhov
mise en scène
Benjamin Porée
traduction
Françoise Morvan et
André Markowicz
éditions Les Solitaires Intempestifs
lumière Marie Christine Soma
scénographie Benjamin Porée
costumes
Marion Moinet et
Roxane Verna
avec
Lucas Bonnifait
Valentin Boraud
Anthony Boullonnois
Baptiste Chabauty
Arnaud Charin
Guillaume Compiano
Charles d’Oiron
Emilien Diard-Detoeuf
Sophie Dumont
Macha Dussart
Zoé Fauconnet
Joseph Fourez
Mathieu Gervaise
Tristan Gonzalez
Elsa Granat
Benjamin Porée
Aurélien Rondeau
B. P. – C'est différent. à la fin de
l'acte I, Platonov retrouve Sofia. Dans
l'acte II, le mari de Sofia lui reproche
d'avoir changé depuis quelques jours,
de l'éviter ou de lui faire la tête. Elle
lui demande de partir, et Voïnitsev
accepte de quitter sa belle-mère, ce
qui n'est pas une mince affaire pour
ce personnage-enfant. Puis Sofia
reproche à Platonov de la suivre, de la
harceler... Il est clair que le rapport a
évolué depuis leurs retrouvailles. Il y a
donc un laps de temps assez important
qui s'est écoulé entre les deux actes.
Nous avons supposé qu'une dizaine de
jours sont passés. Il est très important
de le faire sentir. Dans les transitions,
nous avons donc essayé de marquer
l'écoulement du temps plus nettement.
Pour un comédien, savoir s'il y a ou non
continuité de sens, de pensée, de parcours, c'est essentiel. Si deux scènes
qu'une minute sépare au plateau sont
en fait distantes d'une semaine, ça
change tout. La charge, la tension intérieure sont complètement différentes.
D. L. – Comment s'enchaînent les
moments suivants ?
B. P. – Entre l'acte II, deuxième tableau
et l'acte III, c'est très explicite, trois
semaines sont passées. Et entre l'acte
durée 4h30 avec entracte
Rencontre avec
l'équipe artistique
dimanche 19 janvier
à l'issue de la représentation
production
Compagnie La Musicienne du Silence
coproduction
Odéon–Théâtre de l'Europe,
Théâtre de Vanves
créé le 11 mai 2012
au Théâtre de Vanves
c'est ce que chaque interprète apporte
humainement.
D. L. – Comment maîtrise-t-on le
rythme d'une pièce pareille ?
B. P. – Tel qu'il est composé, le deuxième
acte est construit en deux parties.
C'est cela qui donne un côté déséquilibré à l'ensemble. Il ne faut pas oublier
que c'est la toute première pièce de
Tchekhov, écrite entre 17 et 20 ans...
L'acte I tire un peu en longueur, avec
son défilé des différents personnages. C'est une des rares pièces de
Tchekhov où l'acte I dure autant, et il
y a presque vingt rôles. On a essayé
de trouver des rythmes qui aillent audelà des exigences de l'exposition, qui
nous libèrent de ses figures imposées.
Des rythmes qui soient réglés sur des
enjeux et des sous-enjeux, et qui dessinent déjà des failles.
III et IV, une seule nuit. Platonov, qui
devait partir avec Sofia, finit par ne
pas le faire, et le lendemain matin, il
est chez Anna Petrovna. Par rapport
à notre première version, nous avons
travaillé à mieux marquer les plis du
temps. Cette fois-ci, la dramaturgie est
plus aboutie, on a trouvé les ponts, les
rythmes.
D. L. – Quel rôle assignez-vous au
public dans la construction du fait
théâtral ?
B. P. – Pour sa première partie, j'ai eu
envie de la recentrer autour d'un grand
repas. Dans le texte, il est bien question
d'un repas qui va être servi à l'intérieur,
mais en fait, la scène est à l'extérieur
de la maison, et on n'a qu'une succession de scènes à deux. J'ai voulu
remettre tout le monde ensemble à
l'intérieur. On a donc fait un montage.
Certaines scènes ne sont pas forcément jouées à la place où elles figurent
dans le manuscrit. Nous avons organisé cette masse-là autour d'un avantrepas de sept ou huit scènes, suivi
immédiatement d'un repas.
B. P. – Le philosophe Clément Rosset parle de «l'urgence d'une coïncidence
avec soi-même»... Pour Platonov, elle
ne peut avoir lieu que dans la mort. à cet
égard, il est tout à fait conforme à l'un
de ses modèles avoués : Hamlet, prince
du Danemark. Mais contrairement à
Hamlet, Platonov n'a pas d'Horatio à ses
côtés, pas de confident ou de témoin
privilégié qui l'assiste au moment
de mourir et à qui il confie le soin de
raconter son histoire. Nous y sommes
confrontés, en face-à-face, sans
intermédiaire. Comme devant un
miroir. La représentation de la pièce
Platonov nous offre la vision de notre
propre vide, un spectacle de sa propre
image. Le théâtre nous rend, nous
restitue, visibles aux yeux de tous,
il contient le pouvoir de s’arrêter un
instant à soi-même, à nous-mêmes.
Françoise Morvan conclut sa préface
par une phrase qui exprime au plus
juste la place que je souhaite donner
aux spectateurs : Platonov est une
«œuvre qui n'appelle pas l’achèvement,
mais l’impulsion d'autrui.»
D. L. – Entre les deux premiers actes,
quelle est la continuité temporelle ?
Propos recueillis par Daniel Loayza,
Paris, 6 septembre 2013
D. L. – Et pour le deuxième acte ?
Macha Dussart et Joseph Fourez dans Platonov © Benoit Jeannot
7
8
Platonov
Pourchassez
le naturel !
9
Les bibliothèques
de l'odéon
Nihilisme et terrorisme
La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.
Correspondances
Charles Baudelaire
in Les Fleurs du mal
Platonov en son temps
1878 ? 1880 ? on ignore la date exacte de l'écriture de Platonov, manuscrit inachevé
et sans titre retrouvé en 1920 dans les archives de Tchekhov. Baptisée par convention d'après son personnage principal, la pièce est parfois intitulée Être sans père :
c'est en effet ainsi qu'elle est désignée dans une lettre par un frère d'Anton Tchekhov.
Le manuscrit ne porte aucune date. Le foisonnement dramaturgique ainsi que la
graphie font cependant songer à une œuvre de jeunesse, datation confirmée par le
témoignage de Michael Tchekhov, qui se souvenait l'avoir recopiée alors qu'il était
collégien. L'auteur avait sans doute moins de vingt ans.
La rédaction de Platonov se situerait donc aux alentours des morts de Dostoïevski et
du tsar Alexandre II. En mars 1881, un mois après les funérailles nationales du grand
écrivain, le tsar succombe à un attentat à la bombe perpétré par un groupe populiste terroriste, Narodnaïa Volia («La Volonté du Peuple»), proche du nihiliste Sergueï
Netchaïev. Il avait déjà échappé à plusieurs tentatives d'attentat, en 1866, en 1879, et
encore en février 1880. C'est ce climat terroriste qui entoure la genèse de Platonov.
Tchekhov avait à peine un an lorsqu'Alexandre II, sentant la nécessité de restructurer l'économie de la Russie après la défaite de la Guerre de Crimée, décréta l'abolition du servage en 1861. La réforme s'était poursuivie par la création d'assemblées
territoriales élues au suffrage indirect, l'instauration d'une justice égale pour tous,
une transformation de l'enseignement et le service militaire obligatoire. Ces réformes
de libertés individuelles et d'égalité civile permirent le lent démarrage du capitalisme en Russie. Mais elles suscitèrent aussi l'agitation des paysans, déçus de ne
pas accéder à la propriété de la terre, ainsi que l'indignation de la noblesse (qui s'estimait lésée et déclassée) et de l'intelligentsia (déjà en partie acquise au nihilisme).
Dans ce pays jeune, sans tradition philosophique, de très jeunes gens, frères
des lycéens tragiques de Lautréamont, se sont emparés de la pensée allemande et en ont incarné, dans le sang, les conséquences. Un «prolétariat de
bacheliers» a pris alors le relais du grand mouvement d'émancipation de l'homme,
pour lui donner son visage le plus convulsé. […] La religion de l'homme, mise déjà en
formules par les docteurs allemands, manquait d'apôtres et de martyrs. Les chrétiens russes, détournés de leur vocation originelle, ont joué ce rôle. Pour cela, ils ont
dû accepter de vivre sans transcendance et sans vertu. […] Ils ne croyaient à rien qu'à
Albert Camus : L'Homme révolté (Gallimard,1951, pp.187 ss.)
la raison et à l'intérêt.
Le terme même de «nihilisme» a été popularisé par Ivan Tourgueniev dans son roman
Pères et Fils (1862), qui décrit au travers de son héros, Bazarov (nihiliste «parce qu'il ne
s'incline devant aucune autorité, n'accepte aucun principe sans examen») les vues positivistes de l'intelligentsia radicale russe émergente. «Nous n'avons, dit Bazarov, à nous
glorifier que de la stérile conscience de comprendre, jusqu'à un certain point, la stérilité de ce qui est.» Le livre remporta un grand succès, et son héros plus encore. Dans
le conflit qui oppose les jeunes gens du roman aux parents se révèle l'esprit d'une nouvelle génération assumant d'«être sans père», rompant avec les traditions et le romantisme de ses aînés. Devant le durcissement du régime tsariste dans les années 1870,
un mouvement populiste tente de s’appuyer sur les masses paysannes pour se révolter, sans vrai succès.
Dans la mesure où l'intelligentsia n'a pas ramené le peuple à elle, elle s'est
sentie seule à nouveau devant l'autocratie ; à nouveau le monde lui est apparu
sous les espèces du maître et de l'esclave. Le groupe de La Volonté du Peuple
va donc ériger le terrorisme individuel en principe et inaugurer une série de meurtres
[…]. Les terroristes naissent à cet endroit, détournés de l'amour, dressés contre la
culpabilité des maîtres, mais solidaires avec leur désespoir, face à leurs contradictions
qu'ils ne pourront résoudre que dans le double sacrifice de leur innocence et de leur
vie. [...] Le nihilisme, étroitement mêlé au mouvement d'une religion déçue, s'achève
ainsi en terrorisme.
Albert Camus : L'Homme révolté (Gallimard,1951, p. 205)
Platonov, le brillant étudiant frotté aux idées nouvelles, devenu modeste et caustique
instituteur de village, se retrouve englué dans la banalité quotidienne, très loin de toute
illusion d'héroïsme. Il ne lui reste qu'à se «régler [son] compte à [soi]-même sans diable
ni dieu pour soutien.» Sans dieu ni maître, serait-on tenté d'ajouter, mais en rêvant
malgré tout d'un monde meilleur. Juliette Caron
Un cycle de lectures, présenté au Musée de la Chasse et de la Nature du 24 janvier au 13
juin 2014 et au Salon Roger Blin dans le cadre des Bibliothèques de l'Odéon, vous offre
l'occasion de découvrir l'un des musées les plus attachants et singuliers de la capitale.
à ne pas manquer !
Au débouché d'une première volée de
marches, à main droite sur le palier,
un bas-relief de bronze couvre toute
une paroi. La masse patinée est d'une
teinte sombre, presque noire. Si
quelques aspérités vous accrochent
au passage, pareilles aux plis de sable
et aux paquets d'algues informes que
laisse la marée en se retirant, peutêtre vous arrêterez-vous un instant
pour les examiner de plus près ; dès
lors, le charme propre au Musée de la
Chasse et de la Nature commence à
opérer. Cette lourde plaque qui tient
à la fois de l'œuvre d'art contemporaine et de l'échantillon d'histoire
naturelle pourra vous faire songer au
moulage d'un sol fossile où se seraient
imprimées pêle-mêle, toutes époques
confondues, les traces qu'a déposées
la vie dans un hallier, sous toutes ses
formes – humus, fumées, jonchées,
nervures squelettiques de feuilles
de plusieurs essences, mâchoire de
renard aux canines aiguës, débris
d'armes diverses de chasseurs depuis
longtemps retournés à la poussière...
«... toutes
époques
confondues,
les traces
qu’a déposées la vie...»
Certains se laisseront ainsi captiver
avant même d'avoir franchi le seuil
de la première salle. Pour d'autres, la
magie du Musée ne prendra effet que
plus loin dans le labyrinthe : ici, deux
Dianes dues à Rubens et à Jan Bruegel
de Velours, que veillent du haut d'un
plafond insomniaque des masques de
chouettes incrustées d'yeux humains
par Jan Fabre ; plus loin, un cerf surpris en pleine métamorphose – semblable au sac d'une cornemuse, son
corps vidé de souffle se convulse sous
un lustre fait de formes évoquant à la
fois ses bois, les troncs en clair-obscur d'une futaie d'hiver ou les racines
d'arbres sacrés qui perceraient la
voûte du ciel... Ce lieu qu'aurait aimé
Leibniz propose autant de points d'accès à ses merveilles qu'il compte de
points de vue qui le parcourent.
La plupart des autres musées fondent
leur identité sur les collections qu'ils
présentent. Les uns sont consacrés à
un domaine général clairement défini :
«... des
masques de
chouettes
incrustées
d'yeux
humains...»
sciences et techniques, beaux-arts,
archéologie... (L'on pourrait croire,
à lire l'intitulé de son nom, que le
Musée de la Chasse et de la Nature
est de ceux-là, et l'on se tromperait).
D'autres s'attachent à explorer une singularité mémorable, celle d'une ville,
par exemple, ou d'un grand homme.
De telles institutions proposent le plus
souvent à leurs visiteurs de s'orienter
dans un savoir déjà élaboré et défriché,
regroupant les objets selon un plan thématique ou historique d'où les visées
éducatives ne sont jamais absentes. La
fréquentation des musées, en hausse
régulière, semble démontrer qu'une
telle conception de l'exposition répond à
une attente réelle d'un très large public.
Mais pourquoi s'interdire de rêver à des
lieux conçus selon d'autres règles, en
vue de privilégier d'autres terrains ?
Plutôt que d'y progresser de balise en
balise en cherchant à y vérifier ou à y
étendre sa culture, on y flâne au gré
de son émotion à l'écart des parcours
obligés. On y prend moins rendez-vous
avec un corps de savoir constitué qu'on
n'y exerce son imagination en s'exposant à des rencontres hasardeuses et
changeantes selon les saisons. Au lieu
d'y déchiffrer des descriptions d'objets assez remarquables pour mériter
d'être conservés, on s'y tient à l'affût
de signes, d'éclats énigmatiques ou
de clins d'œil, de détails s'offrant au
caprice comme autant d'invitations à
un voyage onirique et baroque. De tels
musées sont rares, mais il s'en trouve ;
et parmi eux, le Musée de la Chasse et
de la Nature occupe une place tout à fait
particulière. Son conservateur en chef
paraît avoir eu à cœur de l'organiser à
l'image de la Nature baudelairienne,
«forêt de symboles» aux correspon-
Cerf naturalisé © Paris, Musée de la Chasse et de la Nature. Sophie Lloyd
dances subtilement concertées de salle
en salle, brouillant les frontières et les
codes entre collections permanentes
et installations temporaires, créatures
imaginaires et spécimens authentiques
– tant il est vrai que le sens du naturel
(non moins que le sens de l'humour)
réclame d'être cultivé, et comme si la
Nature ne pouvait dignement s'exposer
sans réveiller en nous un autre usage de
nos facultés qui soit à sa mystérieuse
mesure, à la fois très archaïque et très
profondément savant.
En plein cœur du Marais, au 62 de la rue
des Archives, c'est bien une forêt-musée
qui s'étend ; elle se visite moins qu'on
ne s'y promène, et de splendides escaliers dessinés par Mansart y tiennent
lieu de clairière. Chacun est libre d'y
cueillir à sa guise les impressions que
suscitent dans chaque pièce ses
constellations d'objets : Jeff Koons y
côtoie Chardin, les poèmes de Jean
Ristat s'y mêlent aux bronzes animaliers et aux fusils qu'auraient pu
breveter Carelman, aux feuilles de
laurier solutréennes, aux reliques
de licornes, aux bésoars... Largement ouvert à de grands plasticiens
contemporains, le musée que dirige
«De
splendides
escaliers
dessinés
par Mansart
tiennent lieu
de clairière...»
Claude d'Anthenaise offre l'hospitalité à Thibault de Montalembert et aux
comédiens qu'il dirige dans un cycle de
lectures spécialement choisies pour
exalter l'esprit du lieu. Cette initiative,
en partenariat avec l'Odéon-Théâtre de
l'Europe, fournit une belle occasion de
découvrir l'un des hôtels particuliers
les plus séduisants et secrets du vieux
Paris.
Daniel Loayza, 21 octobre 2013
Un cycle orchestré par Thibault de
Montalembert et l'Odéon. (dates p.10)
Programme détaillé de
«Pourchassez le naturel» : theatre-odeon.eu
Les bibliothèques
de l’Odéon
10
Salon Roger Blin
lire le théâtre
Animé par Jean-Yves Tadié
En partenariat avec Gallimard et Folio Théâtre
Ce fou de Platonov / Anton Tchekhov
Mardi 14 janvier / 18h
avec Roger Grenier, textes lus par Martin Juvanon du Vachat
Des journées entières dans les arbres
Marguerite Duras
avec Arnaud Rykner, textes lus par Marie Micla
Mardi 4 février / 18h
Quoat-Quoat / Jacques Audiberti
Mardi 25 mars / 18h
avec Nelly Labère, textes lus par Martin Juvanon du Vachat
contes de toujours
Lus par Valérie Delbore
En partenariat avec Les Mots Parleurs
Alice au pays des merveilles
Lewis Caroll
Samedi 18 janvier / 15h
Les Contes de Shakespeare
Mary Lamb et Charles Lamb
Samedi 15 mars / 15h
POURQUOI AIMEZ-VOUS ?
Animé par Daniel Loayza
En partenariat avec Flammarion, dans le cadre des 50 ans de la GF / avec le soutien de BibliObs
Jean-Marc Parisis
La Peau de chagrin de Honoré de Balzac
Mardi 21 janvier / 18h
Belinda Cannone
Adolphe de Benjamin Constant
Mardi 11 février / 18h
Delphine de Vigan
Notre cœur de Guy de Maupassant
Mardi 11 mars / 18h
amour et désamour du théâtre
Animé par Georges Banu
En partenariat avec Actes Sud
Humain, trop humain
Jeudi 23 janvier / 18h
avec Jean-François Peyret, René de Ceccatty
Fuir le théâtre avec Krzysztof Warlikowski
Jeudi 6 février / 18h
pourchassez le naturel !
Imaginé et orchestré par Thibault de Montalembert
En partenariat avec le Musée de la Chasse et de la Nature
Je suis la bête
Vendredi 24 janvier / 18h
Le mur invisible
Vendredi 14 février / 18h
d’Anne Sibran, lu par Sophie Rodriguez
surtitrage, l'esprit et la lettre
Lundi 3 février / Colloque
Comment s'élabore un surtitrage ? Quels en sont les «acteurs» ? Quelles compétences, quelles étapes,
quelle économie sa réalisation implique-t-elle ? Que faut-il mettre en œuvre artistiquement, techniquement et logistiquement pour que chaque spectateur, en Europe, jouisse des conditions maximales
d'accès à l'esprit d'un texte et à sa lettre quand il assiste à un spectacle dans une langue étrangère ?
C'est à toutes ces questions que cette journée tentera d'apporter des réponses.
Colloque coordonné et présenté par Michel Bataillon et Laurent Muhleisen
«Sous le haut patronage du commissariat aux Affaires allemandes, la compagnie Jean-Marie Serreau a présenté,
à la Comédie des Champs-Élysées, un
spectacle monté pour les universités et
les organisations culturelles de la zone
d'occupation française en Allemagne,
en mai-juin 1949. Spectacle mixte :
pièce allemande, avec sous-titres français, pièce française avec sous-titres
allemands. Bonne idée peut-être que
ces sous-titres, mais en fait, présentés
sur deux tableaux noirs des deux côtés
de la scène, ne donnant qu'un aperçu
extrêmement bref du sens général du
dialogue, ils n'aident pas beaucoup le
spectateur. Pour bien faire, il faudrait
un film qui tournerait la traduction intégrale à la vitesse du débit des acteurs.
Ce qui demanderait une installation compliquée, je suppose. Tel qu'il est, le soustitrage est nettement insuffisant, même
pour une pièce aussi laconique que
L'Exception et la Règle de Bertolt Brecht,
où le dialogue est réduit au minimum,
bien plus près des légendes sous une
bande d'images que d'un dialogue
théâtral.»
Dans l’une de ses Chroniques théâtrales des Lettres Françaises, Elsa
Triolet attribue ainsi à Jean-Marie
Serreau l’invention du sur-titrage qu’elle
nomme sous-titrage. C’est une affirmation plaisante, conforme à l’idée que je
me fais de Jean-Marie Serreau, ce jeune
homme de vingt-cinq ans dont son cadet
Benno Besson, lors d’un stage à Lyon en
1942, vient tout juste de faire un pionnier
du théâtre de Brecht. Et dans la foulée,
Elsa suggère aux chercheurs une projection cinématographique des titres
à vitesse variable et automatiquement
synchronisée avec le jeu et le débit des
acteurs. Le rêve !
Cinq ans plus tard, les spectateurs de la
première semaine d’Art dramatique de
la Ville de Paris découvrent en 1954 les
phrases lapidaires projetées sur le demirideau blanc qui précèdent les tableaux
de Mère Courage et ses enfants dans la
mise en scène du Berliner Ensemble.
Elles situent dans le temps de la chronique et l’espace de l’Europe des actions
qu’elles résument en quelques mots : «La
cantinière Anna Fierling, connue sous
le nom de Mère Courage, perd un fils.»
Brecht veut que sa pièce soit comprise.
À chaque tableau, ses titres donnent
un cadre et un noyau. Avant tout, il fait
confiance à l’évidence de ses acteurs et
à la cohérence de sa mise en scène. Et
puis les spectateurs disposent d’un programme très intelligemment maquetté
où ils peuvent suivre la «fable» dans des
paragraphes concis. Le temps n’est pas
encore au sur-titrage.
Dès ses premières saisons, le Théâtre
des Nations s’est soucié de trouver un
moyen pour guider le spectateur uniquement francophone dans les méandres
des fables et des écritures dramatiques
étrangères : comment par exemple
rendre accessible un grand classique
croate, Dunde Maroje de Marin Driž de
Raguse (contemporain d’Angelo Beolco
de Padoue), ou bien encore l’extraordinaire adaptation de Guerre et Paix de
Tolstoï par Erwin Piscator ? Odette
Aslan, qui fut de l’aventure du Théâtre
des Nations, évoque dans Paris, capitale des théâtres du monde, la résistance qu’opposèrent A. M. Julien et ses
collaborateurs, Claude Planson, Jean
Mauroy… à l’introduction de la traduction «instantanée». Ils durent céder et
en 1960 vint le temps des casques primitifs qui fuyaient et crachotaient le
texte plusieurs fauteuils à la ronde. Ils
étaient épatants, les speakers bilingues qui couraient à la remorque des
comédiens et, gagnés par les tempi du
drame, peu à peu s’animaient et finissaient par «jouer» tous les rôles. Dans
la salle, succès comique assuré !
Cinquante ans plus tard, en une seule
saison, les principales scènes françaises, à Paris et en province, présentent peut-être bien autant d’œuvres
dramatiques en langue étrangère que
le seul Théâtre des Nations en quinze
années d’existence. Le surtitrage est
désormais une nécessité, une exigence, une discipline originale dans le
champ de la traduction théâtrale, une
technique créatrice d’emplois, un artisanat – c’est certain –, un art – peutêtre –… et un sujet de réflexion pour
les traducteurs littéraires qui se spécialisent dans la chose théâtrale.
Michel Bataillon,
président de la Maison Antoine Vitez
de Marlen Haushofer, lu par Hélène Babu
Milady
de 10h à 13h / Studios Serreau et Gémier
Vendredi 21 mars / 18h
de Paul Morand, lu par Philippe Laudenbach
Le surtitrage de la conception à la diffusion.
Réflexions, pratiques et savoirs.
Atelier réservé aux professionnels
renseignements à [email protected]
repenser l'humanisme
Animé par Catherine Portevin
En partenariat avec Le Seuil et Philosophie magazine
Ni père, ni maître, ni juge
Jeudi 30 janvier / 18h
Ce qu'habiter la Terre veut dire
Jeudi 13 février / 18h
Entretien avec Jean-Claude Monod
Entretien avec Michel Lussault
Cyborg trouble la philosophie
Entretien avec Thierry Hoquet
Jeudi 20 mars / 18h
FLEURY EN SCÈNE
en partenariat avec le SPIP de l’Essonne, la Maison d’arrêt de Fleury-Mérogis, l’association Léo Lagrange
île-de-France, la Fondation la Poste et la Fondation SFR / en collaboration avec Lilian Thuram et sa
Fondation éducation contre le racisme
Le Vestiaire
Dirigé par Sylvie Nordheim / Création collective
Samedi 29 mars / 15h et 18h
de 15h à 18h30 / Grande salle
Surtitrer, quels enjeux, quels besoins
et quelles perspectives ?
Table ronde en trois volets :
I – La dimension artistique.
II – Les aspects techniques.
III – l'organisation au sein d'une tournée.
En présence de créateurs de logiciels, de traducteurs, de concepteurs de titres, de
directeurs de théâtre, de metteurs en scène et de représentants d'organismes dédiés
à la diffusion de spectacles en France et à l'étranger.
20h / Grande salle
Qui a peur du surtitrage ?
Expériences, bonheurs et heurts
des spectacles surtitrés
Conférence ludique, illustrée par des spectacles de Joël Pommerat,
d'Angélica Liddell, de Claus Peymann et de Robert Wilson.
L'après-midi et la soirée sont ouverts à tous, public et professionnels
Entrée libre sur réservation à [email protected]
la Maison Antoine Vitez
Depuis plus de vingt ans, la Maison
Antoine Vitez, centre international de la
traduction théâtrale, œuvre à la découverte, à la traduction et à la diffusion du
répertoire dramatique du monde entier en
France et dans les pays francophones.
Forte de plus de 120 membres tous spécialisés dans la traduction du répertoire
dramatique contemporain, couvrant une
trentaine d'aires linguistiques différentes,
elle enrichit chaque année le paysage théâtral francophone de plus de trente pièces
étrangères traduites en français et participe
activement à leur visibilité, en organisant
leur circulation au sein des théâtres et des
compagnies théâtrales mais aussi par le
biais de lectures publiques, de rencontres,
de colloques, de séminaires de formation,
et de partenariats avec divers éditeurs de
théâtre. Soucieuse de la reconnaissance de
tous les aspects du métier de traducteur de
théâtre, c'est tout naturellement qu'elle se
penche depuis quelques années sur cette
question essentielle qu'est le surtitrage au
théâtre, en s'efforçant d'y apporter les compétences de ses membres.
en partenariat
avec la Maison Antoine Vitez
Centre international
de la traduction théâtrale
11
CARTE LES BIBLIOTHÈQUES DE L'ODÉON
Carte 10 entrées 50€ / À utiliser librement.
Programme complet
sur theatre-odeon.eu
GRANDE SALLE
Exils
Animé par Paula Jacques / Enregistrement public
En coproduction avec France Inter
Doris Lessing
Lundi 20 janvier / 20h
Paule Constant / Dominique Blanc
J’ai grandi, pratiquement, dans une cabane de torchis, avec un toit de chaume. Ce
type d’habitation existe depuis toujours, partout où il y a des roseaux ou de l’herbe,
une terre argileuse, des piquets pouvant servir de murs. En Angleterre saxonne, par
exemple. Celle où j’ai vécu comportait quatre pièces, les unes à côté des autres, et
elle était pleine de livres. Non seulement mes parents avaient emporté des livres avec
eux d’Angleterre en Afrique, mais ma mère en commandait en Angleterre pour ses
enfants. Les livres, qui arrivaient en gros colis enveloppés de papier marron, ont fait
la joie de ma jeunesse. Une cabane de torchis, oui, mais bourrée de livres.
Doris Lessing Comment ne pas gagner le prix Nobel, Conférence Nobel, 7 décembre 2007
James Baldwin
Diffusion sur France
Inter le dimanche
26 janvier à 14h
dans Cosmopolitaine
Lundi 10 février / 20h
Alain Mabankou / Marcel Bozonnet
Je me tiens debout à la fenêtre de cette grande maison, dans le sud de la France, tandis que tombe la nuit, la nuit qui mène à l’aube la plus terrible de ma vie. J’ai un verre à
la main, une bouteille devant moi. J’aperçois mon image dans la lueur de plus en plus
obscure de la vitre ; mon image est élancée, un peu comme une flèche, mes cheveux
blonds brillants. Mon visage ressemble à un visage que vous avez vu maintes fois.
Mes ancêtres ont conquis un continent, ils ont traversé des plaines jonchées de morts
jusqu’à un océan qui, tournant le dos à l’Europe, faisait face à un plus sombre passé.
James Baldwin, La chambre de Giovanni, trad. élisabeth Guinsbourg, éd. Rivages-Poche, 1998
Isaac Bashevis Singer
Florence Noiville / Michel Vuillermoz
Diffusion sur France
Inter le dimanche
23 février à 14h
dans Cosmopolitaine
Le Régime des passions
Lundi 10 mars / 20h
sociétaire de la Comédie-Française
J’étais jeune encore, à peine trente ans, mais j’étais envahi d’une fatigue qui vient
probablement avec la vieillesse. J’avais coupé toutes les racines que je pouvais avoir
eues en Pologne et je savais déjà qu’en Amérique je resterais un étranger jusqu’à
la fin de ma vie. J’essayais de m’imaginer à Dachau ou dans un camp de travail en
Sibérie. Dans l’avenir rien ne m’attendait. Je ne pouvais penser qu’au passé. Mon esprit retournait vagabonder à Varsovie, à Swider, dans l’appartement de Stefa, rue Niecala, dans la chambre meublée d’Esther, rue Swietojerska. Je dus me redire une fois
encore que j’étais un cadavre.
Isaac Bashevis Singer, Perdu en Amérique, éd. Stock, 1983
Animé par Raphaël Enthoven / Assisté de Julien Tricard
En coproduction avec France Culture / Enregistrement public
Diffusion sur France
Inter le dimanche
30 mars à 14h
dans Cosmopolitaine
Voix de femmes
épicure et le plaisir
Samedi 25 janvier / 15h
Avec Jean Salem / Textes lus par Julie-Marie Parmentier
«Jamais il n’est trop tôt ou trop tard pour travailler à la santé de l’âme.» Lettre à Ménécée
C’est de ne pas méditer sur les causes de ton malheur que toi, l’homme, tu peux
souffrir. Tes extravagances provoquent chez toi les plus grandes douleurs. La peur
de la mort place l’angoisse et le malheur à l’intérieur même de ta vie. Comment
guérir les maux de ton âme ? Le plaisir épicurien est tout le contraire d’un libre
débordement des passions. Il est le résultat d’un exercice de mesure par lequel
tu décideras quoi t’autoriser, et quoi t’interdire. Vivre bien est un art qu’il te faut
pratiquer pour comprendre ce que ta vie a d’impérissable. Alors seulement «tu
vivras comme un dieu parmi les hommes»
Présenté par Jean Birnbaum / Réalisé par Blandine Masson
Lectures préparées par Caroline Ouazana
En coproduction avec France Culture et en partenariat avec Le Monde des Livres
Avec le soutien de France 2
Maryline Desbiolles
Chiara Mastroianni *
Voltaire et l’ironie
* sous réserve
Lecture de Ceux qui reviennent (extraits)
Il est fascinant que nos oiseaux familiers prennent le large, le grand large parfois.
Peut-être est-il plus fascinant encore que reviennent nombre d’entre eux.
Il en est des oiseaux migrateurs comme de nos morts. Nul doute qu’ils aient pris
le grand large, nul doute que nombre d’entre eux reviennent. Mais leurs apparitions ne sont pas assujetties aux saisons, elles sont plus inattendues et elles
nécessitent cependant que nous soyons disposés, que nous soyons enclins à la
remémoration.
Il se rappelle à nous, lui aussi, Benevento, mon soi-disant cousin. Gabriel
Benevento dit Gaby est loin d’être un ange. Grande figure locale, grand amoureux
des femmes, sa tombe est toujours fleurie. Avec lui revivent la résistance, le travail
en usine, les grèves et les manifestations. Il est le meneur de nos chers disparus
sans la mémoire desquels nous ne saurions prendre la relève.
Julia Kristeva
Isabelle Huppert *
Samedi 8 février / 15h
Avec Alain Sager / Textes lus par Georges Claisse
«L’ironie ne convient point aux passions ; elle ne peut aller au cœur, elle sèche
les larmes.»
Commentaires sur Corneille
L’ironie serait, pour Voltaire, l’arme du philosophe contre les passions et leurs
outrances. Vous a-t-elle jamais fait pleurer de rire ? Pensez-vous vraiment que
l’ironie a pour elle l’essence du comique ? Elle est toujours plus sérieuse qu’elle
s’en donne l’air, et celui qui inverse ce qu’il veut dire ne craint qu’une chose : de
n’être pas compris. Contre les prophètes, les charlatans et les agitateurs de bêtise,
l’ironie ne serait-elle pas la passion de la prévention ? À bon entendeur… salut ?
Lundi 27 janvier / 20h
Diffusion sur France
Culture le dimanche
2 février à 21h
dans Théâtre & Cie
Lundi 17 mars / 20h
* sous réserve
Lecture de Tandis qu’elle agonise, Thérèse mon amour
Descartes
et la générosité
Samedi 8 mars / 15h
Avec Denis Moreau / Textes lus par Georges Claisse
«Je crois que la vraie générosité, qui fait qu’un homme s’estime au plus haut point
qu’il se peut légitimement estimer, consiste seulement partie en ce qu’il n’y a rien
qui véritablement lui appartienne que cette libre disposition de ses volontés, et partie en ce qu’il sent en soi-même une ferme et constante résolution d’en bien user,
c’est-à-dire de ne manquer jamais de volonté pour entreprendre et exécuter toutes
les choses qu’il jugera être les meilleures.»
Passions de l’âme, article 153
d’après Thérèse, mon amour, éd. Fayard, 2008, adaptation de Julia Kristeva avec la complicité
de Laure Adler et la collaboration de Katell Guillou
Le visage renversé d’une femme endormie, à moins qu’elle ne soit déjà morte de
plaisir, bouche ouverte, porte avide d’un corps vide que remplit sous nos yeux un
bouillonnement plissé de marbre… Vous vous souvenez certainement de cette
sculpture du Bernin, La Transverbération ? L’inspiratrice de l’artiste c’est Teresa
de Ahumada de Cepeda (1515-1582), en religion Thérèse de Jésus, plus célèbre
sous le nom de sainte Thérèse d’Avila. En pleine Renaissance, son amour pour
Dieu vibre de l’intensité du beatus venter que connaissait déjà Maître Eckhart. Ses
convulsions extatiques en feront une icône somptueuse de la Contre-Réforme.
Dans cette pièce de théâtre radiophonique, pensée pour Isabelle Huppert, Julia
Kristeva célèbre son amour de Thérèse à partir de l’agonie de la sainte...
Spinoza et l’amour
Diffusion sur France
Culture le dimanche
23 mars à 21h
dans Théâtre & Cie
Samedi 22 mars / 15h
Avec Pascal Séverac / Textes lus par Charlotte Costes-Debure
«L’amour est une joie accompagnée de l’idée d’une cause extérieure.»
éthique, III, 30
L’amour n’est-il qu’un désir satisfait, c’est-à-dire une joie ? L’amour n’est-il qu’un
plaisir institué, le sceau d’un pacte que deux corps ont signé, pour se procurer mutuellement tendresse et affection positive ? Non, il entre dans l’amour l’ingrédient qui
le distingue des autres affections : l’idée. Et si l’amour était ce passage entre les
passions et la connaissance, ce marchepied qui nous conduit à la vraie liberté ?
Diffusion sur
France Culture
dans la grille d'été
luc bondy met en
scène marivaux
12
13
Luc Bondy a déjà abordé à plusieurs reprises l'oeuvre de Marivaux, un auteur qu'il admire
particulièrement. Entre deux lectures des Fausses Confidences, il nous fait part de ses intuitions à quelques jours d'une première séance de travail à la table avec les comédiens.
Entretien.
cacher l'objet d'un désir supposé
Marivaux trouble la mémoire. Ses pièces sont très difficiles à raconter. De loin, après un
peu de temps, elles finissent par se ressembler. La Double inconstance, La Deuxième surprise de l'amour... oui, parce qu'en plus il y en a deux !... Tous ces chefs-d'œuvre finissent
par se brouiller dans le souvenir. Les situations n'ont pas la solidité de dessin, de charpente,
qu'il y a dans les pièces de Molière. Chez Molière, on est dans l'atavisme familial, avec des
rôles très fermes : le père-obstacle, qui agit en ennemi de sa propre famille et qu'il faut
éliminer ou plutôt rendre encore plus fou qu'il n'est déjà pour que les amants puissent se
rejoindre. Chez Marivaux, les positions ne sont jamais aussi extrêmes. Les conflits sont plus
diffus, plus ondoyants. Tout se tisse en scène à travers les situations. Et en même temps,
on se retrouve dans un univers tout à fait caractéristique. Sa cohérence repose sur des
lois qui commandent des mécanismes typiques : par exemple le malentendu et ses effets,
les interférences entre bonne et mauvaise foi, les tactiques diverses, comme cacher l'objet
d'un désir supposé pour obtenir en fait autre chose... On reconnaît tout de suite ce mondelà quand on y revient. Mais il faut à chaque fois être très attentif à la façon dont les règles
vont s'appliquer différemment dans chaque pièce. C'est un peu comme différentes parties
d'échecs qu'un grand maître joue dans sa tête : il a toujours sa façon à lui de tirer parti du
fonctionnement du jeu, mais cela ne vous dispense jamais d'analyser les points exacts où
ce style stratégique est mis en œuvre.
(suite p.14)
Photo de maquette du décor des Fausses Confidences © Johannes Schütz
14
Les Fausses Confidences 15
15
16 janvier – 23 mars / Odéon 6e
Les Fausses Confidences est un
concentré de Marivaux. Fondamentalement, la donnée a l'air très simple. Il
y a un but clairement affiché. Dorante
a vu Araminte, il la vise, il la veut, alors
qu'elle ne le connaît même pas. Trois
actes plus tard, il a gagné. Comment
est-ce que ça se fait, et surtout, comment construit-on ça ? à l'époque,
cette question-là n'était pas facile.
Aujourd'hui, on cherche ses partenaires sur internet, on se donne rendez-vous dans des cybercafés... Nos
intervalles, nos distances, nous les
plaçons ailleurs, quand il nous en
reste ! Nous, nous formulons nos
demandes et nos offres, nous nous
mettons sur le marché. Les personnages de Marivaux sont dans un autre
rapport. Leur mode de séduction, c'est
plutôt la chasse que la négociation.
Et si le chasseur fait trop de bruit, le
gibier prend la fuite...
Le point de départ, c'est l'amour fou de
Dorante, mais aussi l'envie manipulatrice de Dubois, qui va être interprété
par Yves Jacques, un comédien avec
qui je n'ai jamais travaillé mais qu'on a
souvent vu chez Robert Lepage. Dubois
est un personnage fascinant, c'est par
lui que la pièce existe. Il se lance un
défi à lui-même : son ancien patron,
ce Dorante, fils de bonne famille ruiné,
il en fait l'une des figures de son petit
théâtre à lui. Dubois aime observer, il
a un côté voyeur à la Marcel Proust,
qui aimait, à ce qu'on dit, regarder
torturer des rats... Dubois aussi a ses
désirs et ses fantasmes. Dès le début,
il déclare à Dorante qu'il croit déjà le
voir «en déshabillé dans l'appartement
de Madame». Il fait tout de suite sonner
la note érotique. La beauté de Dorante,
qui est joué par Louis Garrel, c'est une
mine d'or, un Pérou... Et dans l'acte III,
Dubois dit à Marton que pour ce qui
est de la discrétion, il mériterait d'être
une femme... C'est vraiment quelqu'un
de curieux ! Est-ce qu'il a un compte
à régler avec les femmes, justement,
est-ce qu'il a besoin de se venger ?
C'est comme s'il trouvait cela excitant,
ce Dubois, d'assister à la chute d'une
femme, à ce déshabillage sentimental
qu'il lui impose. Il en tire un mélange
de jouissance et de souffrance aussi,
peut-être. Il parvient à ses fins logiquement, à la façon d'un mathématicien retors et un peu cruel qui exécute
sa démonstration en acte.
Cela dit, chez Marivaux, la pièce ne peut
jamais être tout à fait prévisible. Il faut
que l'histoire progresse par des voies
qui peuvent tout perturber. Le fil de l'intrigue doit être à la fois très embrouillé
et très tendu. Les situations tournent,
virent dans tous les sens, à chaque instant il y a un risque que ça déraille et
qu'on verse dans l'échec complet. Comment fait Marivaux pour être à la fois
dans le calcul implacable et dans l'improvisation ? C'est là que Dubois intervient. Il a quasiment tout organisé. ça
me fait penser à ces gens qu'on appelait les «Roméos» dans le système de la
Stasi, la Staatssicherheit, du temps de
l'Allemagne de l'Est. On vous envoyait
quelqu'un qui avait pour mission de
provoquer votre amour. Il existait
même un centre où ces gens étaient
formés... Heiner Müller m'a raconté
une fois qu'une de ces espionnes, une
nuit, a éclaté en sanglots entre ses
bras en lui avouant ce qu'elle était : une
espionne... évidemment, Heiner s'est
aussitôt demandé si ce n'était pas juste
des larmes de crocodile pour lui soutirer encore autre chose !... La sincérité comme ruse suprême ou forme de
mensonge parmi d'autres, on retrouve
ça chez Marivaux : on part de mystifications totales, et plus on creuse, plus
on se demande si la personne s'identifie ou non au rôle qu'elle joue, et si la
distinction peut encore tenir...
Dubois est un formateur de «Roméos».
Il est l'âme dramatique de la pièce, à la
fois l'auteur, le créateur, le metteur en
scène des situations. Il est aussi pris
dedans, un interprète parmi les autres.
Quel est son bénéfice ? Peut-être le
simple fait de gagner. C'est un joueur
désintéressé, sans aucune intention
didactique. Il est «accro» au jeu. Il lui
faut cette stimulation, il aime mettre
le chaos et le désordre partout, «pour
voir», comme disent les joueurs. Il a
besoin de surprendre Dorante, mais
aussi de se surprendre lui-même.
Un personnage à la Richard III : il se
fixe un objectif qui paraît impossible,
il y arrive, et il jouit de s'être étonné
lui-même, de son triomphe de virtuose. Qu'est-ce qu'il va bien pouvoir faire après ? Je me le demande.
Il est bien trop intelligent pour nettoyer les chambres et décrocher les
tableaux pornographiques avant l'arrivée des invités ! C'est un artiste. Et
comme un artiste, une fois que l'œuvre
est faite, il reste devant elle et repart
les mains vides. Il n'a plus qu'à recommencer... Il connaît bien la différence
entre organiser et contrôler. Je crois
qu'il aime assez le jeu pour réserver sa
part à l'imprévu. Marivaux lui-même se
donne la possibilité, comme dramaturge, d'introduire des personnages
inattendus, d'agencer des entrées et
des sorties que Dubois ne peut pas
contrôler dans tous les détails. Dubois
est à l'image de son auteur : scénariste génial et excellent improvisateur.
Il a posé le canevas, comme dans la
commedia dell'arte, et là-dessus il
brode, il rebondit, il souffle des idées
à son partenaire, il ajuste ses effets
en fonction des circonstances et des
réactions de la protagoniste.
à un moment, dans l'acte II, il est
forcé de laisser Dorante et Araminte
seul à seule sans pouvoir prévenir le
jeune homme des intentions de sa
maîtresse. Elle éloigne le valet pour
tendre un piège à Dorante. En sortant
de scène, Dubois passe à côté de lui en
nous faisant une confidence en aparté,
et c'est vraiment un dramaturge qui
parle. C'est au début de la scène 13 :
Luc Bondy © Carole Bellaïche
«il m'est impossible de l'instruire ; mais
qu'il se découvre ou non, les choses ne
peuvent aller que bien». Autrement dit,
nous sommes invités à nous concentrer sur plusieurs choses à la fois. La
première : est-ce que Dorante va se
déclarer ou non ? C'est un premier suspense. La deuxième : comment se faitil que les choses vont forcément bien
finir, quelle que soit l'attitude adoptée
par Dorante ? Il peut faire une chose
ou son contraire, mais le résultat sera
le même, dit Dubois. Pourquoi ? Cela
nous oblige à être attentifs à deux
scènes en même temps, la réelle et la
possible : il y a d'un côté celle qu'on
voit et qui a lieu, il y a d'un autre côté
celle qu'on ne voit pas et qui aurait pu
avoir lieu, ou plutôt qui se produit aussi
et qui se confond avec l'autre pendant les premières répliques. C'est
extrêmement subtil... Et c'est un peu
le mouvement de toute la pièce. On
annonce une fin inévitable, quasiment
fatale quelle que soit le chemin suivi,
à condition qu'on s'y prenne bien.
Mais c'est quoi, «s'y prendre bien» ?
Quelles sont les bonnes procédures ?
Il ne suffit pas de parler, il faut faire
naître l'envie d'entendre. Ou plutôt il
faut la réveiller. à ce moment-là de la
pièce, Araminte veut entendre. Voilà
pourquoi elle prend le jeu en main, et
voilà pourquoi Dubois est si sûr de lui.
Soit ce désir est satisfait tout de suite,
soit il est reconduit, et on ne perd rien
pour attendre.
C'est comme si le langage amoureux
avait besoin d'être chargé, comme
une batterie. Dire «J'aime», sans plus,
c'est sans effet, c'est plat, cela ne
donne rien. On ne peut pas dire l'amour
si on est forcé de dire «J'aime». Faire
reposer tout le poids de ce qu'on veut
dire sur deux ou trois mots, ce serait
comme vouloir réduire tous les sentiments à une formule trop courte qui
ne peut pas les contenir sans que ça
déborde de partout. C'est ce débordement qu'il faut rendre sensible, c'est
pour cela que la déclaration doit être
longtemps retenue, pour que la force
de la parole s'accumule derrière le barrage. C'est une étape initiatique qu'il
faut s'imposer, une épreuve du silence
dictée et calculée par Dubois. Le nondit crée une tension, une attirance, une
obsession. C'est un champ de force
qui irradie à travers toute la pièce et
va aimanter Araminte. Elle, Araminte,
vit par l'hésitation, respire par l'hésitation. Le jour où elle n'hésitera plus,
peut-être qu'elle ne vivra plus. La pièce
n'existe que par un système d'hésitations. Elle est toujours très occupée,
chargée d'affaires à régler, de visites à
rendre, son agenda est très plein, trop
plein, c'est comme si dans ce plein elle
n'avait plus de liberté de mouvement,
comme si sa trajectoire était calculée
d'avance. En fait, c'est peut-être plein
les fausses
confidences
de Marivaux
mise en scène
Luc Bondy
création
décor
Johannes Schütz
lumières
Dominique Bruguière
costumes
Moidele Bickel
maquillages/coiffures
Cécile Kretschmar
Isabelle Huppert © Sylvie Lancrenon
avec
Isabelle Huppert
Jean-Damien Barbin
Manon Combes
Louis Garrel
Yves Jacques
Sylvain Levitte
Jean-Pierre Malo
Bulle Ogier
Bernard Verley
production
Odéon-Théâtre de l'Europe
coproduction
Les Théâtres de la Ville de Luxembourg,
Ruhrfestspiele Recklinghausen,
Célestins-Théâtre de Lyon
durée estimée environ 3h
projection Nouvel Odéon
mardi 4 mars / 20h
Gabrielle de Patrice Chéreau
à craquer, et donc elle finit par craquer,
parce que ça manque de vide, de jeu...
Arrive Dorante, coaché par Dubois, et
avec lui voilà le microbe contagieux
de la séduction qui va commencer à
se multiplier, à travers les situations
diverses. Le champ d'attirance commence à faire dévier Araminte de sa
trajectoire. Elle pourrait tomber d'un
côté ou de l'autre ; elle oscille ; elle
est perturbée ; elle hésite... Moi, je
trouve passionnant de déchiffrer
ces nuances-là. C'est d'une délicatesse de touche incroyable. Il faut
une très grande interprète pour les
réaliser. Surtout que notre époque y
est moins sensible, si elle l'est ! J'ai
dit que c'était comme des mathématiques, ou comme les échecs, mais
ce serait aussi juste de dire que c'est
de la physique. Comme chez Newton,
des histoires de corps qui s'attirent.
Et c'est très expérimental. Dubois fait
une expérience pour illustrer les lois
du désir. Il nous fait voir comment
elles marchent, à coups de microsuspenses quasiment policiers – et il
y en a beaucoup, presque autant que
de scènes.
L'âme d'Araminte est une surface lisse
et tranquille, ou qui se croit lisse et
tranquille ; Dubois y jette ses petits
cailloux, ses confidences, et nous
voyons les vagues qui commencent
à se former, qui se propagent, qui se
combinent... était-elle prête ou non à
aimer Dorante ? Théâtralement, si
elle n'est pas prête, c'est plus intéressant. Au théâtre, on a besoin aussi
d'une certaine naïveté, d'une spontanéité de réaction. C'est aussi à cela
que sert Marton : tout naturellement,
elle tombe exactement dans le même
piège que sa maîtresse et devient
amoureuse parce qu'elle se croit
aimée en silence. J'ai confié ce rôle à
Manon Combes après l'avoir vue jouer
Groosback, la fille d'auberge suisse,
dans Le Prix Martin monté la saison
dernière par Peter Stein. Marton nous
confirme qu'en effet, l'amour se développe sur un terrain qui est «neutre»
au départ. Mais ce que Dubois dit à
Dorante, c'est qu'Araminte (et donc
Marton aussi) va désirer parce qu'au
fond elle désire déjà. Parce qu'on ne
peut pas ne pas désirer. Même si elle
ne le sait pas. Et il précise : je vais
lui faire prendre conscience qu'il y
a du désir sous-jacent, le tien, mon
cher Dorante, et cela va déterminer
le sien, le faire résonner. Chemin faisant, Marton croit distinguer aussi ce
désir retenu et s'imagine qu'il lui est
adressé, ce qui fait d'elle une victime
collatérale...
On pourrait croire que si l'activité est
tout entière du côté de Dubois, cela
pourrait donner à Araminte un côté
passif. Je ne crois pas. Une partie du
travail va justement être d'explorer
comment elle «ré-agit» sans se laisser tout bonnement manipuler. Elle
découvre, tout en hésitant, qu'elle
aussi veut voir comment l'homme
tombe, devant elle et pour elle. Dubois
avait bien anticipé cet aspect-là, quand
il lui dit à la fin de l'acte I : «il a un respect, une adoration, une humilité pour
vous, qui n'est pas concevable»... L'humilité ajoute une touche très concrète
et assez troublante. Est-ce qu'il n'y
a pas une certaine cruauté chez
Araminte ? Elle trouve du plaisir à
dominer Dorante, à lui imposer sa
propre stratégie. Elle n'hésite pas à
le faire souffrir pour lui extorquer sa
déclaration. Ce qu'elle veut, c'est amener son amant à l'humiliation de la sincérité. En fin de compte, c'est elle qui
va tenir tous les fils... Elle est «transparente-opaque». Je sens chez elle
quelque chose d'absolument exposé
et totalement mystérieux, mais il faudra le voir pour vraiment le croire, et
il n'y a qu'Isabelle Huppert qui puisse
nous le montrer !
Lessing a écrit, dans sa Dramaturgie
de Hambourg, que Marivaux, c'est
beaucoup de petits pas pour franchir
un espace minuscule. C'est bien vu.
Le désir est comme une puissance,
un potentiel qui est déjà là, et nous
sommes pris dedans. Araminte n'est
pas une exception. Le tout est de
savoir comment faire pour que ce désir
monte en charge et s'oriente, une fois
mis en présence du désir de Dorante.
Le deuxième acte, sur ce point-là, est
passionnant. C'est celui où la résistance est peut-être la plus forte, où
Araminte ne veut pas entendre, et
en même temps où elle se détermine
de plus en plus dans le conflit avec
le Comte et sa propre mère. Elle est
dans la rébellion, mais contre quoi – contre Dorante ou contre sa mère ?
Sa mère, interprétée par ma chère
Bulle Ogier, c'est clairement l'ambition
sociale qui l'anime. Elle aussi, comme
Dubois, essaie de téléguider le désir
de sa fille. J'ai l'impression que comme
beaucoup de gens qui sont ambitieux
par haine des autres, elle agit par peur
de ne pas être à sa juste place, de ne
pas savoir se situer. Dans ce cas, l'hésitation d'Araminte remonte loin. Mais
là, devant la décision à prendre, «la
crise», comme dit Dubois, elle commence à éprouver peut-être une sorte
de vertige : celui de se laisser tomber,
de suivre sa pente, de se laisser attirer par quelqu'un de socialement inférieur, en échappant aux bienséances
et aux règles sociales qui semblaient
avoir verrouillé la situation... C'est une
belle aventure romanesque, une journée vraiment bien remplie, où elle s'est
sentie exister comme jamais. Quant à
la suite, happy end ou non, cela reste
à voir. Peut-être que les personnages
finissent par se retrouver encore plus
livrés qu'auparavant à leur solitude.
On dit souvent que Marivaux est un
artiste du langage, du sous-entendu,
du double registre. Il est aussi un maître
des silences. Les Fausses Confidences
parle de ce qu'on dit, de ce qu'on ne dit
pas, de ce qu'on dit à la place d'autre
chose. Il faut trouver une forme correspondante, une forme... en allemand, on
dit undurchdringlich. Impénétrable ?
C'est une pièce sur une censure qu'on
n'arrive pas à transpercer. Une censure paradoxale qui est à la fois obstacle et condition : de la déclaration,
de l'aventure amoureuse, du désir qui
grandit et se nourrit de tout ce qu'on
fait pour l'empêcher de naître.
Luc Bondy
Propos recueillis par Daniel Loayza,
Paris, 21 octobre 2013
représentation
avec audio-description
les dimanches 2 et 9 février / 15h
mercredi 5 février / 20h
rencontre avec
l'équipe artistique
dimanche 9 février
à l'issue de la représentation
avec le soutien
de Christian et Béatrice Schlumberger
CERCLE
D E L’OD ON
red star
football club
à l'odéon
17
«On parlait d'attaque
et d'adresse...»
Qui aurait songé à associer un théâtre
national à une équipe de football ?
Leurs histoires, leurs missions ont
pourtant convergé vers une action
commune, proposant à un large public
de vivre de fortes représentations collectives. La jonction s'est faite grâce
à Dailymotion. Cette structure française d'hébergement et de visionnage
de vidéo en ligne aime la scène aussi
bien que le stade. Elle a été séduite
par l'esprit de partage du Red Star
et de l'Odéon, par leur élan envers
la jeunesse et a décidé de parrainer
une semaine de théâtre pour jeunes
footballeurs.
avec le soutien de Dailymotion
Jules Rimet, qui fonda le Red Star en
1897, était convaincu que l'encadrement culturel et citoyen était aussi
indispensable aux jeunes sportifs que
l'engagement physique. Sa devise –
«Travailler le corps, mais aussi éveiller l'esprit» – a sous-tendu l'histoire
de son club. Ces dernières années,
elle a inspiré le programme Red Star
Lab, qui propose à ses participants
de découvrir un travail artistique pendant les vacances scolaires. Or il se
trouve que Saint-Ouen, ville historique
du Red Star, et le 17e arrondissement,
siège de Dailymotion, sont proches
des Ateliers Berthier. La rencontre
était inévitable !
Cette fois-ci, les jeunes licenciés du
Club ont visité les Ateliers Berthier,
non loin du stade Bauer, pendant la
pause de la Toussaint. Puis ils se sont
immergés une semaine durant dans
les locaux de Dailymotion aux côtés
de la Compagnie Air de Lune dirigée
par Jean Bellorini, pour un travail rythmique et gestuel, collectif et choral,
au sein d'un espace théâtral partagé.
Teddy Melis et Hugo Sablic, comédien et musicien de la compagnie,
tous deux passionnés de football, se
sont pleinement pris au jeu avec la
jeunesse du Red Star. Le vocabulaire
commun était tout trouvé : «On parlait d'attaque et d'adresse, d'intention
et de collectif...» Très vite, les deux
mondes n'en faisaient plus qu'un.
Aux vacances de février et de Pâques,
Benjamin Porée (compagnie La Musicienne du silence) puis Joël Pommerat
(Compagnie Louis Brouillard) continueront à leur tour ce travail avec les
jeunes pousses du Red Star.
Adolescence et territoire(s)
Après une première création théâtrale du metteur en scène Didier Ruiz, 2013 comme
possible présentée la saison dernière aux Ateliers Berthier, Clichy-la-Garenne et SaintOuen dans le cadre du programme Adolescence et territoire(s), c'est au tour de Jean Bellorini, directeur artistique de la Compagnie Air de Lune, de proposer un projet. à partir de
L'Attrape-cœurs de J. D. Salinger, Jean Bellorini travaillera avec une vingtaine d'adolescents . La création sera présentée aux Ateliers Berthier en juin 2014. Si vous avez
entre 15 et 20 ans et habitez le 17e, Clichy-la-Garenne, Saint-Ouen ou Asnières, nous
vous proposons une réunion d'information avec le metteur en scène, le samedi 30
novembre à 14h30 aux Ateliers Berthier (métro Porte de Clichy).
Renseignements Alice Hervé : 01 44 85 40 47 / [email protected]
Teddy Melis © Thierry Depagne
Devenez mécène de l’Odéon
Le Cercle de l'Odéon rassemble tous les passionnés
de théâtre, spectateurs et entreprises*, qui désirent se
retrouver autour d'un des foyers majeurs de la création
européenne.
Chaque saison le Cercle participe au financement de
quatre spectacles phares de la programmation, autour
desquels sont proposées des rencontres et des soirées
en présence des équipes artistiques.
L'Odéon remercie l'ensemble des membres du Cercle pour
leur soutien à la création théâtrale.
Hervé Digne est président du Cercle de l'Odéon.
C E R C LE
D E L’
Information et contact
Pauline Rouer
01 44 85 40 19
[email protected]
Atelier théâtre dans les locaux de Dailymotion
© Thierry Depagne
*Les dons versés à l’Odéon donnent droit à une déduction fiscale.
© Jacob Khrist
18
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avantages
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élaborées avec les partenaires culturels
de l'Odéon-Théâtre de l'Europe
Invitations (nombre de places restreint)
Tarifs préférentiels
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Ouvertures de location tout public
Calendrier
janvier
Musée d’Art moderne de la Ville de Paris
La Comédie-Française
platonov
theatre-odeon.eu / guichet / téléphone mercredi 4 décembre exposition «Zeng Fanzhi»
18 octobre 2013 – 16 février 2014
spectacle Psyché de MOLIÈRE / VÉRONIQUE VELLA
21 décembre 2013 – 17 janvier 2014
les fausses confidences représentations du 16/01 au 02/03
theatre-odeon.eu / guichet / téléphone mercredi 11 décembre
Le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris présente la première rétrospective française du peintre chinois Zeng Fanzhi (né en 1964 à Pékin). L’évolution
de son travail, présentée à rebours de 2012 à 1990, est retracée à travers
la sélection d’une quarantaine de peintures et de sculptures. Votre inscription par courriel vous fera bénéficier d'autres offres grâce à la newsletter du
MAMVP.
Vénus ne souffre pas l’ombre qui lui est faite par la jeune Psyché, simple mortelle, enchanteresse des cœurs. La belle est aussi jalousée par ses propres
sœurs, délaissées par deux princes fascinés par la seule Psyché. De la terre
au palais céleste que lui construit l’Amour, des Enfers où l’on voit Vénus à
l’Olympe où Jupiter lui offre l’immortalité, Psyché nous entraîne dans un
voyage fantastique aux confins du théâtre et de la musique.
les fausses confidences représentations du 04/03 au 23/03
theatre-odeon.eu / guichet / téléphone mercredi 29 janvier
> Laissez-passer valables sur toute la durée de l'exposition
> Inscription : [email protected] avec le code MAMODEON1314 et en précisant
votre numéro d'abonné Odéon.
> Musée d'Art moderne de la Ville de Paris, 11 avenue du Président Wilson, Paris 16e
> Tarifs préférentiels 32€ au lieu de 41€ (cat. A) 23€ au lieu de 28€ (cat. B) 10€ au lieu de 13€
(cat. C)
> Réservation par téléphone au 0825 10 1680 (0,15€ TTC/min) ou aux guichets de la salle
Richelieu avec le code VENUS.
01 44 85 40 40 – theatre-odeon.eu
Musée d'art et d'histoire du Judaïsme
Théâtre des Champs-élysées
exposition «Maryan (1927-1977)
La ménagerie humaine»
6 novembre 2013 – 9 février 2014
spectacle «Robot ! »
Compagnie Blanca Li
23 – 30 décembre 2013
Maryan (Pinchas Burstein), né en Pologne en 1927, passe son adolescence
dans des ghettos, des camps de travail, de concentration. Son œuvre, peuplée de juges, de gardiens de camps, de clowns, d’inquisiteurs, de bourreaux, d’imbéciles – une humanité avilie ou terrorisée – est puissante, tragique, grinçante, inclassable. L’exposition fera découvrir un artiste majeur
de la deuxième moitié du xxe siècle à travers les temps forts de son œuvre
peinte et dessinée de 1960 à 1977. Robert Combas a souhaité s’associer à
l’hommage rendu à Maryan, dont l’œuvre préfigure la Nouvelle Figuration
des années 1980.
Création 2013, pour danseurs et robots.
La plus célèbre des chorégraphes espagnoles présente à Paris sa dernière
création : Robot ! Une fantaisie futuriste qui explore avec poésie le rapport
de l’homme à la machine.
> Tarif préférentiel 4.50€ (au lieu de 7€) pour l’exposition, 7€ (au lieu de 10€) pour les
collections + exposition.
> Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, Hôtel de Saint-Aignan, 71 rue du Temple, Paris 3e
Visite commentée suivie d'une lecture à l'auditorium
mercredi 15 janvier à 18h30
Palais de Tokyo
exposition «Philippe Parreno, Anywhere, Anywhere out of
the world»
lundi 2 décembre à 19h30
Philippe Parreno, figure éminente de la scène artistique internationale, transforme radicalement le Palais de Tokyo. Il répond à la carte blanche qui lui est
donnée par une exposition totale dans laquelle son dialogue avec l’architecture fait œuvre. Cette exposition d’un format inédit consacre un artiste dont
les œuvres, les idées, la démarche ont une influence considérable et ont
certainement modifié notre idée même de l’art.
> Réservation au 01 44 85 41 17 / [email protected]
> Palais de Tokyo, 13 avenue du Président Wilson, Paris 16e
Odéon-Théâtre de l'Europe
EXILS rencontres littéraires
Animé par Paula Jacques / En coproduction avec France Inter
James Joyce / Yannick Haenel
Textes lus par Denis Podalydès, sociétaire de la Comédie-Française
lundi 9 décembre à 20h
«Je suis depuis un an à Paris et pas un mot sur moi n'est paru dans un
périodique français pendant ce temps.»
> Tarif préférentiel 29€ (au lieu de 35€), 38€ (au lieu de 45€), 49€ (au lieu de 58€)
> Réservations 01 49 52 50 50 avec le code «Odéon»
Musée de la Chasse et de la Nature
Le Musée de la Chasse et de la Nature explore le rapport de l’homme à la
nature, de l’Antiquité à nos jours. Art ancien, moderne et contemporain sont
présentés dans une muséographie originale, au sein de deux hôtels particuliers des XVIIe et XVIIIe siècles, au cœur du quartier du Marais à Paris.
Dans le cadre du cycle «Pourchassez le naturel !», lecture de Je suis la bête
d'Anne Sibran par Sophie Rodriguez.
> Réservation au 01 44 85 41 17 / [email protected]
> Musée de la Chasse et de la Nature, 62 rue des Archives, Paris 3e
Le service billetterie (guichet/téléphone) sera fermé du 25 décembre au 1er janvier
Abonnés
février
Dans le cas où vous n’auriez pas choisi de date, merci de contacter
le service abonnement pour réserver votre place et vérifier la
disponibilité sur la date que vous souhaiteriez, au plus tard quinze
jours avant la première du spectacle. à l’issue de cette réservation
téléphonique, retournez votre contremarque.
Grande salle / Salon Roger Blin 6e
Odéon 6 e
Berthier 17e
sam 1
Les Fausses Confidences 20h
Platonov 19h
dim 2
Les Fausses Confidences 15h*
lun3
Surtitrage, l’esprit et la lettre
mar 4
Les Fausses Confidences 20h
Lire le théâtre / Des journées entières... – Duras 18h
mer 5
Les Fausses Confidences 20h* jeu 6
Les Fausses Confidences 20h
Amour et désamour du théâtre / Fuir le théâtre 18h
ven 7
Les Fausses Confidences 20h
sam 8
Les Fausses Confidences 20h
Raphaël Enthoven / Voltaire et l’ironie 15h
dim 9
Les Fausses Confidences 15h*
lun10
Exils / James Baldwin / Alain Mabankou 20h
mar 11
Les Fausses Confidences 20h
Pourquoi aimez-vous ? Adolphe de Constant 18h
mer 12
Les Fausses Confidences 20h
jeu 13
Les Fausses Confidences 20h
Ce qu’habiter la Terre veut dire 18h
ven 14
Les Fausses Confidences 20h
Pourchassez le naturel ! / Le mur invisible 18h
sam 15
Les Fausses Confidences 20h
dim 16
Les Fausses Confidences 15h
lun17
mar 18
Les Fausses Confidences 20h
mer 19
Les Fausses Confidences 20h
jeu 20
Les Fausses Confidences 20h
ven 21
Les Fausses Confidences 20h
sam 22
Les Fausses Confidences 20h
dim 23
Les Fausses Confidences 15h
lun24
mar 25
Les Fausses Confidences 20h
mer 26
Les Fausses Confidences 20h
jeu 27
Les Fausses Confidences 20h
ven 28
Les Fausses Confidences 20h
Vous avez la possibilité de réserver des places supplémentaires
aux dates d’ouvertures de location de chaque spectacle.
Vous bénéficiez d’un tarif réduit pour Les Bibliothèques de l’Odéon,
en grande salle
Ligne réservée aux abonnés 01 44 85 40 38
Représentations
Cinéma Nouvel Odéon
Projection «Gabrielle» de Patrice Chéreau, 2005
mardi 4 mars à 20h
les fausses confidences durée estimée : environ 3h
du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 15h, relâche le lundi
> Réservation au 01 44 85 41 17 / [email protected]
> Nouvel Odéon, 6 rue de l'École de médecine, Paris 6e
Berthier 17e
Grande salle / Salon Roger Blin 6e
mer8
Platonov 19h
jeu9
Platonov 19h
ven10
Platonov 19h
sam11
Platonov 19h
dim12
Platonov 15h
lun 13
mar14
Platonov 19h
Lire le théâtre / Ce fou de Platonov – Tchekhov 18h
mer15
Platonov 19h
jeu 16
Les Fausses Confidences 20h
Platonov 19h
ven 17
Les Fausses Confidences 20h
Platonov 19h
sam 18
Les Fausses Confidences 20h
Platonov 19h
Contes de toujours / Alice au pays des merveilles 15h
dim 19
Les Fausses Confidences 15h
Platonov 15h
lun 20
Exils / Doris Lessing / Paule Constant 20h
mar 21
Les Fausses Confidences 20h
Platonov 19h
Pourquoi aimez-vous ? La Peau de chagrin 18h
mer 22
Les Fausses Confidences 20h
Platonov 19h
jeu 23
Les Fausses Confidences 20h
Platonov 19h
Amour et désamour... / Humain, trop humain 18h
ven 24
Les Fausses Confidences 20h
Platonov 19h
Pourchassez le naturel ! / Je suis la bête 18h
sam 25
Les Fausses Confidences 20h
Platonov 19h
Raphaël Enthoven / Épicure et le plaisir 15h
dim 26
Les Fausses Confidences 15h
Platonov 15h
lun 27
Voix de femmes / M. Desbiolles / C. Mastroianni 20h
mar 28
Les Fausses Confidences 20h
Platonov 19h
mer 29
Les Fausses Confidences 20h
Platonov 19h
jeu 30
Les Fausses Confidences 20h
Platonov 19h
Repenser l’humanisme / Ni père, ni maître, ni juge 18h
ven 31
Les Fausses Confidences 20h
Platonov 19h
les bibliothèques de l'odéon
Vous pouvez d'ores et déjà réserver pour l'ensemble de la saison
platonov 4h30 avec entracte
du mardi au samedi à 19h, le dimanche à 15h, relâche le lundi
Dans ce neuvième long-métrage, Patrice Chéreau filme la désagrégation
d'un couple de la bourgeoisie parisienne à la Belle Époque, couple incarné
par Pascal Greggory et Isabelle Huppert. Le metteur en scène n'avait plus
réalisé de film à costumes depuis La Reine Margot en 1994.
L'œuvre adapte avec liberté la nouvelle de Joseph Conrad Le Retour et se
conçoit comme un huis clos à l'atmosphère sépulcrale et aux dialogues énigmatiques. Cette nouvelle raconte l'histoire d'un couple bourgeois (Isabelle
Huppert et Pascal Greggory) du début du XXe siècle, qui prend conscience
qu'il n'y a jamais eu d'amour entre eux depuis dix ans de mariage.
Odéon 6 e
mars
Odéon 6 e
Berthier 17e
Grande salle / Salon Roger Blin 6e
sam 1
Les Fausses Confidences 20h
dim 2
Les Fausses Confidences 15h
lun3
mar 4
Les Fausses Confidences 20h
mer 5
Les Fausses Confidences 20h
jeu 6
Les Fausses Confidences 20h
ven 7
Les Fausses Confidences 20h
sam 8
Les Fausses Confidences 20h
Raphaël Enthoven / Descartes et la générosité 15h
dim 9
Les Fausses Confidences 15h
lun10
Exils / Isaac Bashevis Singer / Florence Noiville 20h
mar 11
Les Fausses Confidences 20h
Pourquoi aimez-vous ? Notre cœur de Maupassant 18h
mer 12
Les Fausses Confidences 20h
jeu 13
Les Fausses Confidences 20h
ven 14
Les Fausses Confidences 20h
sam 15
Les Fausses Confidences 20h
Contes de toujours / Les Contes de Shakespeare 15h
dim 16
Les Fausses Confidences 15h
lun17
Voix de femmes / Julia Kristeva / Isabelle Huppert 20h
mar 18
Les Fausses Confidences 20h
mer 19
Les Fausses Confidences 20h
jeu 20
Les Fausses Confidences 20h
Cyborg trouble la philosophie 18h
ven 21
Les Fausses Confidences 20h
Pourchassez le naturel ! / Milady 18h
sam 22
Les Fausses Confidences 20h
Raphaël Enthoven / Spinoza et l’amour 15h
dim 23
Les Fausses Confidences 15h
lun24
mar25
Lire le théâtre / Quoat-Quoat – Audiberti 18h
mer26
jeu27
ven28
sam29
Fleury en scène / Le Vestiaire 15h / 18h
Tournée
les fausses confidences
2 – 12 avril 2014 / Les Célestins, Lyon
7 – 8 mai 2014 / Grand Théâtre, Luxembourg
14 – 23 mai 2014 / Théâtre National de Bretagne, Rennes
30 mai – 1er juin 2014 / Ruhrfestpiele, Recklinghausen, Allemagne
James Joyce, Lettre à Harriet Weaver, 24 juin 1921
Doris Lessing / Paule Constant
Textes lus par Dominique Blanc
lundi 20 janvier à 20h
«Les livres, qui arrivaient en gros colis enveloppés de papier marron,
ont fait la joie de ma jeunesse.»
Doris Lessing, Comment ne pas gagner le prix Nobel, Conférence Nobel, 7 décembre 2007
> Réservation au 01 44 85 41 17 / [email protected]
> Théâtre de l'Odéon, Place de l'Odéon, Paris 6e
Tarifs
*Représentations en audio description / Réservation [email protected] / 01 44 85 40 47
Tarifs hors abonnement
Théâtre de l’Odéon
série 1
série 2
série 3
Bibliothèques de l’Odéon
série 4Grande salleRoger Blin
Ateliers Berthier
série unique
Plein tarif36 € 26 € 16 € 12 €
10 € 6€
8 €
6 €
6 € —
Moins de 26 ans, étudiant, bénéficiaire du RSA*18 € 13 €
8 €
6 €
6 € —
Public en situation de handicap*18 € 13 €
6 €
6 € —
Demandeur d’emploi*20 € 16 € 10 €
6 €
6 €
—
6 € —
Élève d’école de théâtre* (2h avant la représentation) 6 €
———6 € —
—
Lever de rideau (2h avant la représentation)
———— —
—
Pass 17* (dates spécifiques)**
30 €
15 €
15 €
20 €
6€
—
15 €
*Justificatif indispensable
** Platonov : vendredi 17 janvier à 19h / samedi 1er février à 19h
CARTE LES BIBLIOTHÈQUES DE L'ODÉON Carte 10 entrées 50€ / À utiliser librement ; 1 ou plusieurs places lors de la même manifestation.
20 septembre – 19 octobre / Odéon 6 e
14
Au monde
13/14
Joël Pommerat
LA VOIX
EST
LIBRE
18 septembre – 19 octobre / Odéon 6e
Les Marchands
Joël Pommerat
20 – 26 septembre / Berthier 17 e
Die gelbe Tapete
Le Papier peint jaune
Charlotte Perkins Gilman / Katie Mitchell
4 – 13 octobre / Berthier 17 e
Die Bitteren tränen
der Petra von Kant
Les Larmes amères de Petra von Kant
Rainer Werner Fassbinder / Martin Kušej
7 novembre – 15 décembre / Berthier 17 e
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France Inter vous invite
à fêter ses 50 ans au
Théâtre de l’Odéon 6e
en direct et en public
dimanche 8 décembre 2013
de 9h à 18h
La Bonne Âme du Se-Tchouan
Bertolt Brecht / Jean Bellorini
20 novembre – 1er décembre / Odéon 6e
todo el cielo sobre la tierra
(El síndrome de Wendy)
Tout le ciel au-dessus de la terre
(Le syndrome de Wendy)
Angélica Liddell
8 janvier – 1er février / Berthier 17 e
Pour fêter ses 50 ans, France Inter fait son show et s’empare
de 5 scènes différentes à Paris, Toulouse, Nantes, ClermontFerrand et Lille. à chaque fois, des journalistes et des producteurs de la station montent sur scène et partagent avec
les auditeurs leurs souvenirs et leur passion de la radio, toutes générations confondues.
D’anecdotes en retrouvailles : c’est l’histoire de France
Inter, «vécue par ceux qui l’ont vécue», pour reprendre le
titre d’une émission mythique.
Platonov
Anton Tchekhov / Benjamin Porée
Les Fausses Confidences
Marivaux / Luc Bondy
création
Comme il vous plaira
Patrice Chéreau devait présenter Comme il vous plaira de William Shakespeare à
partir de mars 2014 à l’Odéon-Théâtre de l’Europe. Ce projet ne sera pas créé.
à l'heure où nous imprimons cette publication, le spectacle envisagé en lieu et place de
cette création n’est pas encore arrêté. Nous vous ferons très prochainement une proposition d’échange ou de remboursement des places que vous aviez réservées pour Comme
il vous plaira. En tout état de cause, nous conservons pour l’heure vos billets. Nous vous
remercions de votre patience et de votre compréhension.
4 – 30 avril / Berthier 17 e
Une année sans été
Catherine Anne / Joël Pommerat
7 mai – 28 juin / Odéon 6e
Cyrano de Bergerac
Edmond Rostand / Dominique Pitoiset
septembre 2013 – juin 2014
LES BIBLIOTHÈQUES DE L’ODÉON
rencontres littéraires et philosophiques
Ils sont mécènes de la saison 2013-2014
9h-10h : Collège de France Inter
La leçon inaugurale de Jean-Claude Ameisen
10h-11h : Un demi-siècle dans la vie des femmes
Présenté par Stéphanie Duncan
Avec notamment Paula Jacques, Laure Adler,
Michelle Cotta, Dominique André, ève Ruggieri
11h-12h : On va déguster
Présenté par François-Régis Gaudry
12h-14h : 3D, la radio de demain
Présenté par Stéphane Paoli
14h-15h : Le prix du livre Inter
Présenté par Eva Bettan avec les lectures de
Guillaume Gallienne, Sociétaire de la Comédie-Française
15h-16h : 50 ans d’évolution de la France entière
Présenté par Guillaume Erner
16h-17h : Un demi-siècle de Jazz sur France Inter
Présenté par Elsa Boublil
Avec notamment André Francis, Julien Delli Fiori
17h-18h : Le masque et la plume
Présenté par Jérôme Garcin, avec la bande du masque
et François Morel en invité exceptionnel
Une journée présentée par Angélique Bouin
Renseignements et location
Par téléphone 01 44 85 40 40 du lundi au samedi de 11h à 18h30
Par internet theatre-odeon.eu ; fnac.com ; theatreonline.com
Au guichet du Théâtre de l’Odéon du lundi au samedi de 11h à 18h Contacts
Abonnement individuel, jeune, et Carte Odéon
01 44 85 40 38 [email protected]
Groupe d’adultes, amis, association, comité d’entreprise,
01 44 85 40 37 / 40 88 [email protected]
Public de l'enseignement
01 44 85 40 39 [email protected]
Public de proximité des Ateliers Berthier, public du champ social et
public en situation de handicap
01 44 85 40 47 [email protected]
Toute correspondance est à adresser à
Odéon-Théâtre de l’Europe – 2 rue Corneille – 75006 Paris
Entrée libre, à partir de 8h30,
dans la limite des places disponibles
theatre-odeon.eu
– 01 44 85 40 40
Théâtre de l’Odéon
Place de l’Odéon Paris 6 e
Théâtre de l’Odéon
Métro Odéon RER B Luxembourg
Place de l’Odéon Paris 6 e
Métro Odéon RER B Luxembourg
Ateliers Berthier
Ateliers
Berthier
1 rue
André Suarès (angle du Bd Berthier) Paris 17e
Métro Suarès
et RER (angle
C Porte
Clichy
1 rue André
dude
Bd
Berthier) Paris 17e
Métro et RER C Porte de Clichy
Salles accessibles aux personnes à mobilité réduite,
nous
préveniraux
impérativement
au 01 44réduite,
85 40 40
Salles
accessibles
personnes à mobilité
nous prévenir impérativement au 01 44 85 40 40
photo de maquette des Fausses Confidences © Johannes Schütz / design Werner Jeker / Licences d’entrepreneur de spectacles 1064581 et 1064582
16 janvier – 23 mars / Odéon 6e
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