platonov ANTON TCHEKHOV BENJAMIN PORÉE OD ON Platonov ou la vie perdue les fausses confidences Marivaux Luc bondy Cacher l'objet d'un désir supposé les bibliothèques de l'odéon pourchassez le naturel ! o Lettre N 8 Odéon-Théâtre de l’Europe janvier 2014 2 Patrice Chéreau et Pascal Greggory lors des répétitions de Dans la solitude des champs de coton de Bernard-Marie Koltès Manufacture des Oeillets à Ivry Odéon-Théâtre de l'Europe, 1995 © Ros Ribas 3 Platonov ou la vie perdue 4 sommaire 5 «Brouillon absolu» où un auteur de moins de vingt ans esquisse les thèmes de toute son œuvre à venir, Platonov est un texte-laboratoire qui fascine les metteurs en scène. p. 4 à 8 Benjamin Porée nous parle de sa rencontre avec l'inépuisable jeunesse de Tchekhov. PLATONOV OU LA VIE PERDUE PLATONOV Anton Tchekhov Benjamin Porée Daniel Loayza – Quels ont été vos débuts de metteur en scène ? Benjamin Porée – Il y a eu une première étape en 2006. J'étais au cours Florent en deuxième année du cycle de formation professionnelle. C'est là que j'ai rencontré Matthieu Dessertine, qui était dans la classe libre. Il avait 17 ans, j'en avais 20. On se parlait, sans trop se connaître. Il présentait Une Saison en enfer, de Rimbaud, avec une amie à lui. Je suis allé le voir. Quelque temps après, je devais à mon tour montrer un travail au cours, j'ai choisi des brouillons d'Une Saison en enfer. Et deux semaines plus tard, Matthieu m'a demandé de le mettre seul en scène, toujours dans le même texte. On a joué trois, quatre dates dans le Marais. Puis en Avignon dans le festival «off». Puis au Théâtre de Nesle et peu à peu la salle a commencé à se remplir. Un jour on s'est rendu compte qu'on ne connaissait plus les gens dans le public : le bouche-à-oreille avait dû fonctionner... p. 12 à 16 cacher l'objet d'un désir supposé les fausses confidences Marivaux Luc Bondy p. 9 POURCHASSEZ LE NATUREL ! Les Bibliothèques de l'Odéon p. 10 surtitrage, l'esprit et la lettre Les Bibliothèques de l'Odéon p. 17 red star football club à l'odéon le cercle de l'odéon p. 18 Avantages abonnés D. L. – à vous entendre, vous semblez être venu à la mise en scène presque par hasard... Invitations et tarifs préférentiels p. 19 ACHETER ET RÉSERVER SES PLACES B. P. – En fait, non. J'ai toujours eu des professeurs qui me poussaient à écrire, et j'aimais ça. Je faisais des montages de textes, que les autres ne comprenaient pas toujours... D'un autre côté, j'ai toujours aimé aider mes camarades à travailler leurs scènes, à leur servir de «regard extérieur», comme on dit. J'étais dans une recherche, mais de là à désirer monter quelque chose... Tout s'est forgé pendant Une Saison en enfer, un monologue. Et pourtant la première pièce que j'ai vraiment voulu monter, c'était un Racine... p. 20 les 50 ans de france inter D. L. – Lequel ? B. P. – N'importe lequel ! Du coup, après le Rimbaud, qu'on a quand même joué soixante-dix fois, comme Matthieu était un peu fatigué, je me suis dit que j'allais passer enfin à «mon» Racine. ça a été la deuxième étape : Andromaque. Je voulais entendre cette langue... Le vers racinien me fascinait. Ce travail m'a occupé trois saisons de suite. Entretemps, j'ai connu le directeur du Théâtre de Vanves, José Alfarroba. J'ai insisté, je l'ai relancé, jusqu'à ce qu'il me propose de lui montrer une maquette, et on lui a présenté l'intégralité de la pièce ! Il nous a tout de suite programmés pour trois dates dans la saison suivante. D. L. – Comment s'est opéré le passage de Racine à Tchekhov ? B. P. – Quand je passe d'un travail à l'autre, je n'ai pas d'esthétique propre, pas de «patte». L'auteur me guide vers une théâtralité différente à chaque fois. Je me suis intéressé à Platonov pour la langue de Tchekhov, cette langue si dense, comme une épaisseur des âmes, qui passe organiquement par les corps pour questionner les mots au plus près de nous, de nos erreurs, de nos pensées... Après Racine, je voulais aborder Sophie Dumont, Baptiste Chabauty et Zoé Fauconnet dans Platonov © Benoit Jeannot une langue très parlée, très simple, fluide, cinématographique, et qui nous laisserait une immense liberté de mouvement. Il y a très peu d'indications ou de didascalies chez Tchekhov. Par contre, beaucoup de premiers et de deuxièmes plans. Et la durée tchékhovienne, dans Platonov en particulier, me faisait penser à un très long film, à un énorme plan-séquence... à partir de ce brouillon absolu qu'est la pièce, on a dressé un parcours unique par le choix des coupes, du montage issu de la dramaturgie du plateau. J'aime beaucoup le cinéma, et plus généralement la picturalité. Dans les premiers temps d'un travail, j'apporte souvent des images, des tableaux, des photos, qui constituent une base de références communes, qu'on digère. J'ai encore beaucoup de ces images dans mon ordinateur. Beaucoup de femmes, peintes à la fin du XIXe ou au début du XXe par Whistler ou Joaquín Sorolla... Des artistes qui ne sont pas cantonnés dans le réalisme, qui ont une palette lyrique aux couleurs très profondes. On a regardé certains films comme Damnation de Béla Tarr, on s'est imprégnés de la série photographique des «chambres d'amour» de Bernard Faucon... Un comédien, quand il com- «... la langue de Tchekhov, cette langue si dense, comme une épaisseur des âmes...» mence à accumuler des images, des couleurs, des matières, voit plus facilement où le metteur en scène veut amener le projet. J'ai aussi donné à voir beaucoup de paysages, d'extérieurs. D. L. – Vous pensiez déjà à des choix de décor ? B. P. – Comme point de départ, je le voulais infiniment grand : la nature tchékhovienne elle-même. Nous avons adapté les deux premiers actes en les transposant dans la nature, en extérieurs : le domaine d'Anna Petrovna, les environs de l’école où habite Platonov. Dans ces extérieurs, l'être est pour ainsi dire caché, avalé par l’immensité, nous le percevons comme plongé dans l’illusion d’une appartenance aux autres. Puis, par un effet de bascule, on n'est plus que dans des espaces intérieurs pour les deux derniers actes. Encore une fois chez Platonov à l'acte III, chez Anna Petrovna à l'acte IV. Un espace du mental, resserré, avec la chair au premier plan, vue par le biais d’une autre focale. D. L. – Comment voyez-vous le rôle-titre ? B. P. – Le vrai titre de la pièce est perdu, puisque la première page du manuscrit manque. Mais d'après une allusion dans une lettre, il s'agissait peut-être d'un mot russe intraduisible, «l'ère des enfants sans père». Ce ne sont pas seulement les pères physiques, mais les pères moraux, les pères spirituels, qui font défaut ou ne tiennent pas leur rang. Les pères et les repères... De ce point de vue, le personnage de Platonov occupe une position particulière. C’est sa pensée, c’est surtout son corps qui parle, qui porte les maux. C'est un héros/antihéros, une figure inhabituelle dans le théâtre et qui résonne énormément. à travers ses paroles filtre la question de la vérité : «étudier, travailler, chercher la vérité», une question ou une quête que la société moderne semble avoir délaissée, abandonnée, presque trahie. C'est Platonov qui demande : «Vivre ? Comment faut-il faire ?» Tous les personnages énoncent en eux cette question de la vérité. Ce qui est intéressant, c’est d’observer qui la trahit dans la pièce et qui la supporte jusqu’au bout. D. L. – Vous parlez de «supporter» cette question : elle est donc douloureuse ? B. P. – C'est vrai que je souhaitais rechercher dans ce travail comment parler de la fission de l'être, interroger la manière dont on panse les blessures personnelles, sociétales, humaines. L’endroit de la plaie et de la fissure est le centre de la pièce, là ou nos regards de spectateurs se posent avec un inavouable trouble. L'un des points centraux dans notre travail consiste à reconstruire la réalité qui nous fait souffrir. à revenir en tout à l’origine de la faille. Le premier verre d’alcool, le premier mot qui casse l’être... D’où l’envie de débuter le spectacle par un monologue de Platonov adressé au public, tel un secret livré. Un secret de la douleur, donné à nous, témoins actifs de nos propres douleurs. C’est un spectacle du vide, du rien, un théâtre du néant et de la vie. D. L. – Comme l'écrit Rimbaud dans Une Saison en enfer : «La vraie vie est absente. Nous ne sommes pas au monde»... B. P. – Rimbaud et Tchekhov étaient quasiment contemporains ! Et ces mots de la Vierge folle, quasiment tous les personnages de la pièce pourraient les reprendre à leur compte. Tous attendent la vie nouvelle qui ne viendra jamais, pour aucun d’entre eux, tout n’étant qu'illusions perdues, «vie perdue», comme le précise Platonov. La vie contient le réel, et le réel ne reviendra jamais, puisqu’il est déjà là. Tous vivent donc la vie sans la vie, ce «chaos de la non-vie, l'absence d’être», pour citer Hofmannsthal. Mais il y a tentative de vivre. Il faut entendre Anna Petrovna : «Vis ! tout vit, tout bouge... la vie est là. Vivons à notre tour ! Cette nuit, oui, vivre, vivre, vivre !» à quoi le héros répond : «J’ai mal à Platonov»... (suite p.7) Platonov 6 Platonov loge à l'hôtel de france C'est l’expression même de cette lucidité face à la vie qui ne reviendra pas, mais qui est là si puissante et qui tape dans les veines, dans la chair, le corps... Pour moi, elle ne prend son sens et son poids tragique qu’en effet miroir, à travers une autre réplique moins connue du même personnage : «Elle supporte tout, la peau ! elle veut toujours vivre». Voilà d’où vient le mal. Le mal de vivre, certes, mais surtout de vouloir vivre. Un an après avoir tourné Hôtel de France, librement inspiré de Platonov, Patrice Chéreau présente en 1987 la pièce à Avignon, avec les élèves de l'école de comédiens des Amandiers de Nanterre. Patrice Chéreau – La distribution du film privilégiait la nature de chaque comédien, au théâtre, il était important qu'on revienne à une sorte de travail sur la composition. Il était important de sortir les élèves d'une espèce de cliché, en allant même jusqu'aux contre-emplois, en proposant des choses dont je n'étais pas absolument sûr qu'ils soient capables de les attraper. Là où je n'avais pas envie de prendre des risques au cinéma, il était évident que le théâtre était le lieu naturel de ce type de risques. Je crois qu'on apprend beaucoup en jouant des rôles de composition, on apprend ce que c'est que le théâtre : oser davantage en jouant un personnage qui n'est pas soi, mais qu'il convient de chercher en soi. […] Pour ceux qui avaient conservé le même rôle, s'ils refaisaient ce qu'ils faisaient dans le film, je ne le supportais pas : qu'est-ce que c'est que cette connerie ? Cela n'a pas lieu d'être ici sur le plateau ! Il n'existe au théâtre quand on joue Platonov qu'une seule vérité : comment Tchekhov a écrit la pièce. Laurent Grevill – Dans le film, je jouais quelqu'un qui se laisse aller et c'est ce que je reproduisais au théâtre. Et puis Patrice m'a dit : «Cela ne va pas ; je pense que Platonov est quelqu'un qui, dans sa détresse, dans son malheur, est actif.» Cette remarque m'a un peu sauvé la vie, car j'avais de plus en plus de mal à jouer ce type qui s'affaissait. Quand Patrice a prononcé le mot «actif» cela m'a redonné cette espèce d'électricité que doit avoir Platonov : c'est quelqu'un qui réagit, pas quelqu'un de dépressif. Propos cités dans Platonov, dossier réalisé par Marion Forey et Yves Steinmetz, Scérén - CNDP, 2005. - Что ? - Ничего... Скучненько... D. L. – Comment avez-vous constitué la distribution ? - Alors ? - Rien... On s'ennuyote... B. P. – C'est en partie parce qu'elle s'imposait déjà à moi que j'ai été attiré par Platonov. Une bonne partie des comédiens étaient présents sur Andromaque. J'avais le désir de leur donner du travail, de continuer à avancer ensemble. Il fallait donc une pièce-monument, une masse de théâtre, et Platonov en est une, d'autant plus qu'elle est comme un gigantesque brouillon qui est gros de tout le théâtre tchékhovien à venir. Un projet comme celui-là m'a donc permis aussi d'élargir l'équipe. Un certain esprit de communauté dans la recherche au plateau est tout ce que je demande. Ce qui me touche, ce qui me nourrit, Platonov, premières répliques 1986 : Hôtel de France, réalisation Patrice Chéreau, d'après Platonov d'Anton Tchekhov. 1987 : Platonov, mise en scène de Patrice Chéreau, Festival d'Avignon. Texte français d'Elsa Triolet (adaptation de Patrice Chéreau). Avec Laurent Grevill dans le rôle de Platonov et Laura Benson dans le rôle d'Anna Petrovna. Platonov, d'Anton Tchekhov, mise en scène de Patrice Chéreau, Avec Marc Citti, Laurent Grevill et Valeria Bruni Tedeschi. Festival d'Avignon, juillet 1987 © Marc Enguérand CDDS 8 janvier – 1er février / Berthier 17e PLATONOV d'Anton Tchekhov mise en scène Benjamin Porée traduction Françoise Morvan et André Markowicz éditions Les Solitaires Intempestifs lumière Marie Christine Soma scénographie Benjamin Porée costumes Marion Moinet et Roxane Verna avec Lucas Bonnifait Valentin Boraud Anthony Boullonnois Baptiste Chabauty Arnaud Charin Guillaume Compiano Charles d’Oiron Emilien Diard-Detoeuf Sophie Dumont Macha Dussart Zoé Fauconnet Joseph Fourez Mathieu Gervaise Tristan Gonzalez Elsa Granat Benjamin Porée Aurélien Rondeau B. P. – C'est différent. à la fin de l'acte I, Platonov retrouve Sofia. Dans l'acte II, le mari de Sofia lui reproche d'avoir changé depuis quelques jours, de l'éviter ou de lui faire la tête. Elle lui demande de partir, et Voïnitsev accepte de quitter sa belle-mère, ce qui n'est pas une mince affaire pour ce personnage-enfant. Puis Sofia reproche à Platonov de la suivre, de la harceler... Il est clair que le rapport a évolué depuis leurs retrouvailles. Il y a donc un laps de temps assez important qui s'est écoulé entre les deux actes. Nous avons supposé qu'une dizaine de jours sont passés. Il est très important de le faire sentir. Dans les transitions, nous avons donc essayé de marquer l'écoulement du temps plus nettement. Pour un comédien, savoir s'il y a ou non continuité de sens, de pensée, de parcours, c'est essentiel. Si deux scènes qu'une minute sépare au plateau sont en fait distantes d'une semaine, ça change tout. La charge, la tension intérieure sont complètement différentes. D. L. – Comment s'enchaînent les moments suivants ? B. P. – Entre l'acte II, deuxième tableau et l'acte III, c'est très explicite, trois semaines sont passées. Et entre l'acte durée 4h30 avec entracte Rencontre avec l'équipe artistique dimanche 19 janvier à l'issue de la représentation production Compagnie La Musicienne du Silence coproduction Odéon–Théâtre de l'Europe, Théâtre de Vanves créé le 11 mai 2012 au Théâtre de Vanves c'est ce que chaque interprète apporte humainement. D. L. – Comment maîtrise-t-on le rythme d'une pièce pareille ? B. P. – Tel qu'il est composé, le deuxième acte est construit en deux parties. C'est cela qui donne un côté déséquilibré à l'ensemble. Il ne faut pas oublier que c'est la toute première pièce de Tchekhov, écrite entre 17 et 20 ans... L'acte I tire un peu en longueur, avec son défilé des différents personnages. C'est une des rares pièces de Tchekhov où l'acte I dure autant, et il y a presque vingt rôles. On a essayé de trouver des rythmes qui aillent audelà des exigences de l'exposition, qui nous libèrent de ses figures imposées. Des rythmes qui soient réglés sur des enjeux et des sous-enjeux, et qui dessinent déjà des failles. III et IV, une seule nuit. Platonov, qui devait partir avec Sofia, finit par ne pas le faire, et le lendemain matin, il est chez Anna Petrovna. Par rapport à notre première version, nous avons travaillé à mieux marquer les plis du temps. Cette fois-ci, la dramaturgie est plus aboutie, on a trouvé les ponts, les rythmes. D. L. – Quel rôle assignez-vous au public dans la construction du fait théâtral ? B. P. – Pour sa première partie, j'ai eu envie de la recentrer autour d'un grand repas. Dans le texte, il est bien question d'un repas qui va être servi à l'intérieur, mais en fait, la scène est à l'extérieur de la maison, et on n'a qu'une succession de scènes à deux. J'ai voulu remettre tout le monde ensemble à l'intérieur. On a donc fait un montage. Certaines scènes ne sont pas forcément jouées à la place où elles figurent dans le manuscrit. Nous avons organisé cette masse-là autour d'un avantrepas de sept ou huit scènes, suivi immédiatement d'un repas. B. P. – Le philosophe Clément Rosset parle de «l'urgence d'une coïncidence avec soi-même»... Pour Platonov, elle ne peut avoir lieu que dans la mort. à cet égard, il est tout à fait conforme à l'un de ses modèles avoués : Hamlet, prince du Danemark. Mais contrairement à Hamlet, Platonov n'a pas d'Horatio à ses côtés, pas de confident ou de témoin privilégié qui l'assiste au moment de mourir et à qui il confie le soin de raconter son histoire. Nous y sommes confrontés, en face-à-face, sans intermédiaire. Comme devant un miroir. La représentation de la pièce Platonov nous offre la vision de notre propre vide, un spectacle de sa propre image. Le théâtre nous rend, nous restitue, visibles aux yeux de tous, il contient le pouvoir de s’arrêter un instant à soi-même, à nous-mêmes. Françoise Morvan conclut sa préface par une phrase qui exprime au plus juste la place que je souhaite donner aux spectateurs : Platonov est une «œuvre qui n'appelle pas l’achèvement, mais l’impulsion d'autrui.» D. L. – Entre les deux premiers actes, quelle est la continuité temporelle ? Propos recueillis par Daniel Loayza, Paris, 6 septembre 2013 D. L. – Et pour le deuxième acte ? Macha Dussart et Joseph Fourez dans Platonov © Benoit Jeannot 7 8 Platonov Pourchassez le naturel ! 9 Les bibliothèques de l'odéon Nihilisme et terrorisme La Nature est un temple où de vivants piliers Laissent parfois sortir de confuses paroles ; L'homme y passe à travers des forêts de symboles Qui l'observent avec des regards familiers. Correspondances Charles Baudelaire in Les Fleurs du mal Platonov en son temps 1878 ? 1880 ? on ignore la date exacte de l'écriture de Platonov, manuscrit inachevé et sans titre retrouvé en 1920 dans les archives de Tchekhov. Baptisée par convention d'après son personnage principal, la pièce est parfois intitulée Être sans père : c'est en effet ainsi qu'elle est désignée dans une lettre par un frère d'Anton Tchekhov. Le manuscrit ne porte aucune date. Le foisonnement dramaturgique ainsi que la graphie font cependant songer à une œuvre de jeunesse, datation confirmée par le témoignage de Michael Tchekhov, qui se souvenait l'avoir recopiée alors qu'il était collégien. L'auteur avait sans doute moins de vingt ans. La rédaction de Platonov se situerait donc aux alentours des morts de Dostoïevski et du tsar Alexandre II. En mars 1881, un mois après les funérailles nationales du grand écrivain, le tsar succombe à un attentat à la bombe perpétré par un groupe populiste terroriste, Narodnaïa Volia («La Volonté du Peuple»), proche du nihiliste Sergueï Netchaïev. Il avait déjà échappé à plusieurs tentatives d'attentat, en 1866, en 1879, et encore en février 1880. C'est ce climat terroriste qui entoure la genèse de Platonov. Tchekhov avait à peine un an lorsqu'Alexandre II, sentant la nécessité de restructurer l'économie de la Russie après la défaite de la Guerre de Crimée, décréta l'abolition du servage en 1861. La réforme s'était poursuivie par la création d'assemblées territoriales élues au suffrage indirect, l'instauration d'une justice égale pour tous, une transformation de l'enseignement et le service militaire obligatoire. Ces réformes de libertés individuelles et d'égalité civile permirent le lent démarrage du capitalisme en Russie. Mais elles suscitèrent aussi l'agitation des paysans, déçus de ne pas accéder à la propriété de la terre, ainsi que l'indignation de la noblesse (qui s'estimait lésée et déclassée) et de l'intelligentsia (déjà en partie acquise au nihilisme). Dans ce pays jeune, sans tradition philosophique, de très jeunes gens, frères des lycéens tragiques de Lautréamont, se sont emparés de la pensée allemande et en ont incarné, dans le sang, les conséquences. Un «prolétariat de bacheliers» a pris alors le relais du grand mouvement d'émancipation de l'homme, pour lui donner son visage le plus convulsé. […] La religion de l'homme, mise déjà en formules par les docteurs allemands, manquait d'apôtres et de martyrs. Les chrétiens russes, détournés de leur vocation originelle, ont joué ce rôle. Pour cela, ils ont dû accepter de vivre sans transcendance et sans vertu. […] Ils ne croyaient à rien qu'à Albert Camus : L'Homme révolté (Gallimard,1951, pp.187 ss.) la raison et à l'intérêt. Le terme même de «nihilisme» a été popularisé par Ivan Tourgueniev dans son roman Pères et Fils (1862), qui décrit au travers de son héros, Bazarov (nihiliste «parce qu'il ne s'incline devant aucune autorité, n'accepte aucun principe sans examen») les vues positivistes de l'intelligentsia radicale russe émergente. «Nous n'avons, dit Bazarov, à nous glorifier que de la stérile conscience de comprendre, jusqu'à un certain point, la stérilité de ce qui est.» Le livre remporta un grand succès, et son héros plus encore. Dans le conflit qui oppose les jeunes gens du roman aux parents se révèle l'esprit d'une nouvelle génération assumant d'«être sans père», rompant avec les traditions et le romantisme de ses aînés. Devant le durcissement du régime tsariste dans les années 1870, un mouvement populiste tente de s’appuyer sur les masses paysannes pour se révolter, sans vrai succès. Dans la mesure où l'intelligentsia n'a pas ramené le peuple à elle, elle s'est sentie seule à nouveau devant l'autocratie ; à nouveau le monde lui est apparu sous les espèces du maître et de l'esclave. Le groupe de La Volonté du Peuple va donc ériger le terrorisme individuel en principe et inaugurer une série de meurtres […]. Les terroristes naissent à cet endroit, détournés de l'amour, dressés contre la culpabilité des maîtres, mais solidaires avec leur désespoir, face à leurs contradictions qu'ils ne pourront résoudre que dans le double sacrifice de leur innocence et de leur vie. [...] Le nihilisme, étroitement mêlé au mouvement d'une religion déçue, s'achève ainsi en terrorisme. Albert Camus : L'Homme révolté (Gallimard,1951, p. 205) Platonov, le brillant étudiant frotté aux idées nouvelles, devenu modeste et caustique instituteur de village, se retrouve englué dans la banalité quotidienne, très loin de toute illusion d'héroïsme. Il ne lui reste qu'à se «régler [son] compte à [soi]-même sans diable ni dieu pour soutien.» Sans dieu ni maître, serait-on tenté d'ajouter, mais en rêvant malgré tout d'un monde meilleur. Juliette Caron Un cycle de lectures, présenté au Musée de la Chasse et de la Nature du 24 janvier au 13 juin 2014 et au Salon Roger Blin dans le cadre des Bibliothèques de l'Odéon, vous offre l'occasion de découvrir l'un des musées les plus attachants et singuliers de la capitale. à ne pas manquer ! Au débouché d'une première volée de marches, à main droite sur le palier, un bas-relief de bronze couvre toute une paroi. La masse patinée est d'une teinte sombre, presque noire. Si quelques aspérités vous accrochent au passage, pareilles aux plis de sable et aux paquets d'algues informes que laisse la marée en se retirant, peutêtre vous arrêterez-vous un instant pour les examiner de plus près ; dès lors, le charme propre au Musée de la Chasse et de la Nature commence à opérer. Cette lourde plaque qui tient à la fois de l'œuvre d'art contemporaine et de l'échantillon d'histoire naturelle pourra vous faire songer au moulage d'un sol fossile où se seraient imprimées pêle-mêle, toutes époques confondues, les traces qu'a déposées la vie dans un hallier, sous toutes ses formes – humus, fumées, jonchées, nervures squelettiques de feuilles de plusieurs essences, mâchoire de renard aux canines aiguës, débris d'armes diverses de chasseurs depuis longtemps retournés à la poussière... «... toutes époques confondues, les traces qu’a déposées la vie...» Certains se laisseront ainsi captiver avant même d'avoir franchi le seuil de la première salle. Pour d'autres, la magie du Musée ne prendra effet que plus loin dans le labyrinthe : ici, deux Dianes dues à Rubens et à Jan Bruegel de Velours, que veillent du haut d'un plafond insomniaque des masques de chouettes incrustées d'yeux humains par Jan Fabre ; plus loin, un cerf surpris en pleine métamorphose – semblable au sac d'une cornemuse, son corps vidé de souffle se convulse sous un lustre fait de formes évoquant à la fois ses bois, les troncs en clair-obscur d'une futaie d'hiver ou les racines d'arbres sacrés qui perceraient la voûte du ciel... Ce lieu qu'aurait aimé Leibniz propose autant de points d'accès à ses merveilles qu'il compte de points de vue qui le parcourent. La plupart des autres musées fondent leur identité sur les collections qu'ils présentent. Les uns sont consacrés à un domaine général clairement défini : «... des masques de chouettes incrustées d'yeux humains...» sciences et techniques, beaux-arts, archéologie... (L'on pourrait croire, à lire l'intitulé de son nom, que le Musée de la Chasse et de la Nature est de ceux-là, et l'on se tromperait). D'autres s'attachent à explorer une singularité mémorable, celle d'une ville, par exemple, ou d'un grand homme. De telles institutions proposent le plus souvent à leurs visiteurs de s'orienter dans un savoir déjà élaboré et défriché, regroupant les objets selon un plan thématique ou historique d'où les visées éducatives ne sont jamais absentes. La fréquentation des musées, en hausse régulière, semble démontrer qu'une telle conception de l'exposition répond à une attente réelle d'un très large public. Mais pourquoi s'interdire de rêver à des lieux conçus selon d'autres règles, en vue de privilégier d'autres terrains ? Plutôt que d'y progresser de balise en balise en cherchant à y vérifier ou à y étendre sa culture, on y flâne au gré de son émotion à l'écart des parcours obligés. On y prend moins rendez-vous avec un corps de savoir constitué qu'on n'y exerce son imagination en s'exposant à des rencontres hasardeuses et changeantes selon les saisons. Au lieu d'y déchiffrer des descriptions d'objets assez remarquables pour mériter d'être conservés, on s'y tient à l'affût de signes, d'éclats énigmatiques ou de clins d'œil, de détails s'offrant au caprice comme autant d'invitations à un voyage onirique et baroque. De tels musées sont rares, mais il s'en trouve ; et parmi eux, le Musée de la Chasse et de la Nature occupe une place tout à fait particulière. Son conservateur en chef paraît avoir eu à cœur de l'organiser à l'image de la Nature baudelairienne, «forêt de symboles» aux correspon- Cerf naturalisé © Paris, Musée de la Chasse et de la Nature. Sophie Lloyd dances subtilement concertées de salle en salle, brouillant les frontières et les codes entre collections permanentes et installations temporaires, créatures imaginaires et spécimens authentiques – tant il est vrai que le sens du naturel (non moins que le sens de l'humour) réclame d'être cultivé, et comme si la Nature ne pouvait dignement s'exposer sans réveiller en nous un autre usage de nos facultés qui soit à sa mystérieuse mesure, à la fois très archaïque et très profondément savant. En plein cœur du Marais, au 62 de la rue des Archives, c'est bien une forêt-musée qui s'étend ; elle se visite moins qu'on ne s'y promène, et de splendides escaliers dessinés par Mansart y tiennent lieu de clairière. Chacun est libre d'y cueillir à sa guise les impressions que suscitent dans chaque pièce ses constellations d'objets : Jeff Koons y côtoie Chardin, les poèmes de Jean Ristat s'y mêlent aux bronzes animaliers et aux fusils qu'auraient pu breveter Carelman, aux feuilles de laurier solutréennes, aux reliques de licornes, aux bésoars... Largement ouvert à de grands plasticiens contemporains, le musée que dirige «De splendides escaliers dessinés par Mansart tiennent lieu de clairière...» Claude d'Anthenaise offre l'hospitalité à Thibault de Montalembert et aux comédiens qu'il dirige dans un cycle de lectures spécialement choisies pour exalter l'esprit du lieu. Cette initiative, en partenariat avec l'Odéon-Théâtre de l'Europe, fournit une belle occasion de découvrir l'un des hôtels particuliers les plus séduisants et secrets du vieux Paris. Daniel Loayza, 21 octobre 2013 Un cycle orchestré par Thibault de Montalembert et l'Odéon. (dates p.10) Programme détaillé de «Pourchassez le naturel» : theatre-odeon.eu Les bibliothèques de l’Odéon 10 Salon Roger Blin lire le théâtre Animé par Jean-Yves Tadié En partenariat avec Gallimard et Folio Théâtre Ce fou de Platonov / Anton Tchekhov Mardi 14 janvier / 18h avec Roger Grenier, textes lus par Martin Juvanon du Vachat Des journées entières dans les arbres Marguerite Duras avec Arnaud Rykner, textes lus par Marie Micla Mardi 4 février / 18h Quoat-Quoat / Jacques Audiberti Mardi 25 mars / 18h avec Nelly Labère, textes lus par Martin Juvanon du Vachat contes de toujours Lus par Valérie Delbore En partenariat avec Les Mots Parleurs Alice au pays des merveilles Lewis Caroll Samedi 18 janvier / 15h Les Contes de Shakespeare Mary Lamb et Charles Lamb Samedi 15 mars / 15h POURQUOI AIMEZ-VOUS ? Animé par Daniel Loayza En partenariat avec Flammarion, dans le cadre des 50 ans de la GF / avec le soutien de BibliObs Jean-Marc Parisis La Peau de chagrin de Honoré de Balzac Mardi 21 janvier / 18h Belinda Cannone Adolphe de Benjamin Constant Mardi 11 février / 18h Delphine de Vigan Notre cœur de Guy de Maupassant Mardi 11 mars / 18h amour et désamour du théâtre Animé par Georges Banu En partenariat avec Actes Sud Humain, trop humain Jeudi 23 janvier / 18h avec Jean-François Peyret, René de Ceccatty Fuir le théâtre avec Krzysztof Warlikowski Jeudi 6 février / 18h pourchassez le naturel ! Imaginé et orchestré par Thibault de Montalembert En partenariat avec le Musée de la Chasse et de la Nature Je suis la bête Vendredi 24 janvier / 18h Le mur invisible Vendredi 14 février / 18h d’Anne Sibran, lu par Sophie Rodriguez surtitrage, l'esprit et la lettre Lundi 3 février / Colloque Comment s'élabore un surtitrage ? Quels en sont les «acteurs» ? Quelles compétences, quelles étapes, quelle économie sa réalisation implique-t-elle ? Que faut-il mettre en œuvre artistiquement, techniquement et logistiquement pour que chaque spectateur, en Europe, jouisse des conditions maximales d'accès à l'esprit d'un texte et à sa lettre quand il assiste à un spectacle dans une langue étrangère ? C'est à toutes ces questions que cette journée tentera d'apporter des réponses. Colloque coordonné et présenté par Michel Bataillon et Laurent Muhleisen «Sous le haut patronage du commissariat aux Affaires allemandes, la compagnie Jean-Marie Serreau a présenté, à la Comédie des Champs-Élysées, un spectacle monté pour les universités et les organisations culturelles de la zone d'occupation française en Allemagne, en mai-juin 1949. Spectacle mixte : pièce allemande, avec sous-titres français, pièce française avec sous-titres allemands. Bonne idée peut-être que ces sous-titres, mais en fait, présentés sur deux tableaux noirs des deux côtés de la scène, ne donnant qu'un aperçu extrêmement bref du sens général du dialogue, ils n'aident pas beaucoup le spectateur. Pour bien faire, il faudrait un film qui tournerait la traduction intégrale à la vitesse du débit des acteurs. Ce qui demanderait une installation compliquée, je suppose. Tel qu'il est, le soustitrage est nettement insuffisant, même pour une pièce aussi laconique que L'Exception et la Règle de Bertolt Brecht, où le dialogue est réduit au minimum, bien plus près des légendes sous une bande d'images que d'un dialogue théâtral.» Dans l’une de ses Chroniques théâtrales des Lettres Françaises, Elsa Triolet attribue ainsi à Jean-Marie Serreau l’invention du sur-titrage qu’elle nomme sous-titrage. C’est une affirmation plaisante, conforme à l’idée que je me fais de Jean-Marie Serreau, ce jeune homme de vingt-cinq ans dont son cadet Benno Besson, lors d’un stage à Lyon en 1942, vient tout juste de faire un pionnier du théâtre de Brecht. Et dans la foulée, Elsa suggère aux chercheurs une projection cinématographique des titres à vitesse variable et automatiquement synchronisée avec le jeu et le débit des acteurs. Le rêve ! Cinq ans plus tard, les spectateurs de la première semaine d’Art dramatique de la Ville de Paris découvrent en 1954 les phrases lapidaires projetées sur le demirideau blanc qui précèdent les tableaux de Mère Courage et ses enfants dans la mise en scène du Berliner Ensemble. Elles situent dans le temps de la chronique et l’espace de l’Europe des actions qu’elles résument en quelques mots : «La cantinière Anna Fierling, connue sous le nom de Mère Courage, perd un fils.» Brecht veut que sa pièce soit comprise. À chaque tableau, ses titres donnent un cadre et un noyau. Avant tout, il fait confiance à l’évidence de ses acteurs et à la cohérence de sa mise en scène. Et puis les spectateurs disposent d’un programme très intelligemment maquetté où ils peuvent suivre la «fable» dans des paragraphes concis. Le temps n’est pas encore au sur-titrage. Dès ses premières saisons, le Théâtre des Nations s’est soucié de trouver un moyen pour guider le spectateur uniquement francophone dans les méandres des fables et des écritures dramatiques étrangères : comment par exemple rendre accessible un grand classique croate, Dunde Maroje de Marin Driž de Raguse (contemporain d’Angelo Beolco de Padoue), ou bien encore l’extraordinaire adaptation de Guerre et Paix de Tolstoï par Erwin Piscator ? Odette Aslan, qui fut de l’aventure du Théâtre des Nations, évoque dans Paris, capitale des théâtres du monde, la résistance qu’opposèrent A. M. Julien et ses collaborateurs, Claude Planson, Jean Mauroy… à l’introduction de la traduction «instantanée». Ils durent céder et en 1960 vint le temps des casques primitifs qui fuyaient et crachotaient le texte plusieurs fauteuils à la ronde. Ils étaient épatants, les speakers bilingues qui couraient à la remorque des comédiens et, gagnés par les tempi du drame, peu à peu s’animaient et finissaient par «jouer» tous les rôles. Dans la salle, succès comique assuré ! Cinquante ans plus tard, en une seule saison, les principales scènes françaises, à Paris et en province, présentent peut-être bien autant d’œuvres dramatiques en langue étrangère que le seul Théâtre des Nations en quinze années d’existence. Le surtitrage est désormais une nécessité, une exigence, une discipline originale dans le champ de la traduction théâtrale, une technique créatrice d’emplois, un artisanat – c’est certain –, un art – peutêtre –… et un sujet de réflexion pour les traducteurs littéraires qui se spécialisent dans la chose théâtrale. Michel Bataillon, président de la Maison Antoine Vitez de Marlen Haushofer, lu par Hélène Babu Milady de 10h à 13h / Studios Serreau et Gémier Vendredi 21 mars / 18h de Paul Morand, lu par Philippe Laudenbach Le surtitrage de la conception à la diffusion. Réflexions, pratiques et savoirs. Atelier réservé aux professionnels renseignements à [email protected] repenser l'humanisme Animé par Catherine Portevin En partenariat avec Le Seuil et Philosophie magazine Ni père, ni maître, ni juge Jeudi 30 janvier / 18h Ce qu'habiter la Terre veut dire Jeudi 13 février / 18h Entretien avec Jean-Claude Monod Entretien avec Michel Lussault Cyborg trouble la philosophie Entretien avec Thierry Hoquet Jeudi 20 mars / 18h FLEURY EN SCÈNE en partenariat avec le SPIP de l’Essonne, la Maison d’arrêt de Fleury-Mérogis, l’association Léo Lagrange île-de-France, la Fondation la Poste et la Fondation SFR / en collaboration avec Lilian Thuram et sa Fondation éducation contre le racisme Le Vestiaire Dirigé par Sylvie Nordheim / Création collective Samedi 29 mars / 15h et 18h de 15h à 18h30 / Grande salle Surtitrer, quels enjeux, quels besoins et quelles perspectives ? Table ronde en trois volets : I – La dimension artistique. II – Les aspects techniques. III – l'organisation au sein d'une tournée. En présence de créateurs de logiciels, de traducteurs, de concepteurs de titres, de directeurs de théâtre, de metteurs en scène et de représentants d'organismes dédiés à la diffusion de spectacles en France et à l'étranger. 20h / Grande salle Qui a peur du surtitrage ? Expériences, bonheurs et heurts des spectacles surtitrés Conférence ludique, illustrée par des spectacles de Joël Pommerat, d'Angélica Liddell, de Claus Peymann et de Robert Wilson. L'après-midi et la soirée sont ouverts à tous, public et professionnels Entrée libre sur réservation à [email protected] la Maison Antoine Vitez Depuis plus de vingt ans, la Maison Antoine Vitez, centre international de la traduction théâtrale, œuvre à la découverte, à la traduction et à la diffusion du répertoire dramatique du monde entier en France et dans les pays francophones. Forte de plus de 120 membres tous spécialisés dans la traduction du répertoire dramatique contemporain, couvrant une trentaine d'aires linguistiques différentes, elle enrichit chaque année le paysage théâtral francophone de plus de trente pièces étrangères traduites en français et participe activement à leur visibilité, en organisant leur circulation au sein des théâtres et des compagnies théâtrales mais aussi par le biais de lectures publiques, de rencontres, de colloques, de séminaires de formation, et de partenariats avec divers éditeurs de théâtre. Soucieuse de la reconnaissance de tous les aspects du métier de traducteur de théâtre, c'est tout naturellement qu'elle se penche depuis quelques années sur cette question essentielle qu'est le surtitrage au théâtre, en s'efforçant d'y apporter les compétences de ses membres. en partenariat avec la Maison Antoine Vitez Centre international de la traduction théâtrale 11 CARTE LES BIBLIOTHÈQUES DE L'ODÉON Carte 10 entrées 50€ / À utiliser librement. Programme complet sur theatre-odeon.eu GRANDE SALLE Exils Animé par Paula Jacques / Enregistrement public En coproduction avec France Inter Doris Lessing Lundi 20 janvier / 20h Paule Constant / Dominique Blanc J’ai grandi, pratiquement, dans une cabane de torchis, avec un toit de chaume. Ce type d’habitation existe depuis toujours, partout où il y a des roseaux ou de l’herbe, une terre argileuse, des piquets pouvant servir de murs. En Angleterre saxonne, par exemple. Celle où j’ai vécu comportait quatre pièces, les unes à côté des autres, et elle était pleine de livres. Non seulement mes parents avaient emporté des livres avec eux d’Angleterre en Afrique, mais ma mère en commandait en Angleterre pour ses enfants. Les livres, qui arrivaient en gros colis enveloppés de papier marron, ont fait la joie de ma jeunesse. Une cabane de torchis, oui, mais bourrée de livres. Doris Lessing Comment ne pas gagner le prix Nobel, Conférence Nobel, 7 décembre 2007 James Baldwin Diffusion sur France Inter le dimanche 26 janvier à 14h dans Cosmopolitaine Lundi 10 février / 20h Alain Mabankou / Marcel Bozonnet Je me tiens debout à la fenêtre de cette grande maison, dans le sud de la France, tandis que tombe la nuit, la nuit qui mène à l’aube la plus terrible de ma vie. J’ai un verre à la main, une bouteille devant moi. J’aperçois mon image dans la lueur de plus en plus obscure de la vitre ; mon image est élancée, un peu comme une flèche, mes cheveux blonds brillants. Mon visage ressemble à un visage que vous avez vu maintes fois. Mes ancêtres ont conquis un continent, ils ont traversé des plaines jonchées de morts jusqu’à un océan qui, tournant le dos à l’Europe, faisait face à un plus sombre passé. James Baldwin, La chambre de Giovanni, trad. élisabeth Guinsbourg, éd. Rivages-Poche, 1998 Isaac Bashevis Singer Florence Noiville / Michel Vuillermoz Diffusion sur France Inter le dimanche 23 février à 14h dans Cosmopolitaine Le Régime des passions Lundi 10 mars / 20h sociétaire de la Comédie-Française J’étais jeune encore, à peine trente ans, mais j’étais envahi d’une fatigue qui vient probablement avec la vieillesse. J’avais coupé toutes les racines que je pouvais avoir eues en Pologne et je savais déjà qu’en Amérique je resterais un étranger jusqu’à la fin de ma vie. J’essayais de m’imaginer à Dachau ou dans un camp de travail en Sibérie. Dans l’avenir rien ne m’attendait. Je ne pouvais penser qu’au passé. Mon esprit retournait vagabonder à Varsovie, à Swider, dans l’appartement de Stefa, rue Niecala, dans la chambre meublée d’Esther, rue Swietojerska. Je dus me redire une fois encore que j’étais un cadavre. Isaac Bashevis Singer, Perdu en Amérique, éd. Stock, 1983 Animé par Raphaël Enthoven / Assisté de Julien Tricard En coproduction avec France Culture / Enregistrement public Diffusion sur France Inter le dimanche 30 mars à 14h dans Cosmopolitaine Voix de femmes épicure et le plaisir Samedi 25 janvier / 15h Avec Jean Salem / Textes lus par Julie-Marie Parmentier «Jamais il n’est trop tôt ou trop tard pour travailler à la santé de l’âme.» Lettre à Ménécée C’est de ne pas méditer sur les causes de ton malheur que toi, l’homme, tu peux souffrir. Tes extravagances provoquent chez toi les plus grandes douleurs. La peur de la mort place l’angoisse et le malheur à l’intérieur même de ta vie. Comment guérir les maux de ton âme ? Le plaisir épicurien est tout le contraire d’un libre débordement des passions. Il est le résultat d’un exercice de mesure par lequel tu décideras quoi t’autoriser, et quoi t’interdire. Vivre bien est un art qu’il te faut pratiquer pour comprendre ce que ta vie a d’impérissable. Alors seulement «tu vivras comme un dieu parmi les hommes» Présenté par Jean Birnbaum / Réalisé par Blandine Masson Lectures préparées par Caroline Ouazana En coproduction avec France Culture et en partenariat avec Le Monde des Livres Avec le soutien de France 2 Maryline Desbiolles Chiara Mastroianni * Voltaire et l’ironie * sous réserve Lecture de Ceux qui reviennent (extraits) Il est fascinant que nos oiseaux familiers prennent le large, le grand large parfois. Peut-être est-il plus fascinant encore que reviennent nombre d’entre eux. Il en est des oiseaux migrateurs comme de nos morts. Nul doute qu’ils aient pris le grand large, nul doute que nombre d’entre eux reviennent. Mais leurs apparitions ne sont pas assujetties aux saisons, elles sont plus inattendues et elles nécessitent cependant que nous soyons disposés, que nous soyons enclins à la remémoration. Il se rappelle à nous, lui aussi, Benevento, mon soi-disant cousin. Gabriel Benevento dit Gaby est loin d’être un ange. Grande figure locale, grand amoureux des femmes, sa tombe est toujours fleurie. Avec lui revivent la résistance, le travail en usine, les grèves et les manifestations. Il est le meneur de nos chers disparus sans la mémoire desquels nous ne saurions prendre la relève. Julia Kristeva Isabelle Huppert * Samedi 8 février / 15h Avec Alain Sager / Textes lus par Georges Claisse «L’ironie ne convient point aux passions ; elle ne peut aller au cœur, elle sèche les larmes.» Commentaires sur Corneille L’ironie serait, pour Voltaire, l’arme du philosophe contre les passions et leurs outrances. Vous a-t-elle jamais fait pleurer de rire ? Pensez-vous vraiment que l’ironie a pour elle l’essence du comique ? Elle est toujours plus sérieuse qu’elle s’en donne l’air, et celui qui inverse ce qu’il veut dire ne craint qu’une chose : de n’être pas compris. Contre les prophètes, les charlatans et les agitateurs de bêtise, l’ironie ne serait-elle pas la passion de la prévention ? À bon entendeur… salut ? Lundi 27 janvier / 20h Diffusion sur France Culture le dimanche 2 février à 21h dans Théâtre & Cie Lundi 17 mars / 20h * sous réserve Lecture de Tandis qu’elle agonise, Thérèse mon amour Descartes et la générosité Samedi 8 mars / 15h Avec Denis Moreau / Textes lus par Georges Claisse «Je crois que la vraie générosité, qui fait qu’un homme s’estime au plus haut point qu’il se peut légitimement estimer, consiste seulement partie en ce qu’il n’y a rien qui véritablement lui appartienne que cette libre disposition de ses volontés, et partie en ce qu’il sent en soi-même une ferme et constante résolution d’en bien user, c’est-à-dire de ne manquer jamais de volonté pour entreprendre et exécuter toutes les choses qu’il jugera être les meilleures.» Passions de l’âme, article 153 d’après Thérèse, mon amour, éd. Fayard, 2008, adaptation de Julia Kristeva avec la complicité de Laure Adler et la collaboration de Katell Guillou Le visage renversé d’une femme endormie, à moins qu’elle ne soit déjà morte de plaisir, bouche ouverte, porte avide d’un corps vide que remplit sous nos yeux un bouillonnement plissé de marbre… Vous vous souvenez certainement de cette sculpture du Bernin, La Transverbération ? L’inspiratrice de l’artiste c’est Teresa de Ahumada de Cepeda (1515-1582), en religion Thérèse de Jésus, plus célèbre sous le nom de sainte Thérèse d’Avila. En pleine Renaissance, son amour pour Dieu vibre de l’intensité du beatus venter que connaissait déjà Maître Eckhart. Ses convulsions extatiques en feront une icône somptueuse de la Contre-Réforme. Dans cette pièce de théâtre radiophonique, pensée pour Isabelle Huppert, Julia Kristeva célèbre son amour de Thérèse à partir de l’agonie de la sainte... Spinoza et l’amour Diffusion sur France Culture le dimanche 23 mars à 21h dans Théâtre & Cie Samedi 22 mars / 15h Avec Pascal Séverac / Textes lus par Charlotte Costes-Debure «L’amour est une joie accompagnée de l’idée d’une cause extérieure.» éthique, III, 30 L’amour n’est-il qu’un désir satisfait, c’est-à-dire une joie ? L’amour n’est-il qu’un plaisir institué, le sceau d’un pacte que deux corps ont signé, pour se procurer mutuellement tendresse et affection positive ? Non, il entre dans l’amour l’ingrédient qui le distingue des autres affections : l’idée. Et si l’amour était ce passage entre les passions et la connaissance, ce marchepied qui nous conduit à la vraie liberté ? Diffusion sur France Culture dans la grille d'été luc bondy met en scène marivaux 12 13 Luc Bondy a déjà abordé à plusieurs reprises l'oeuvre de Marivaux, un auteur qu'il admire particulièrement. Entre deux lectures des Fausses Confidences, il nous fait part de ses intuitions à quelques jours d'une première séance de travail à la table avec les comédiens. Entretien. cacher l'objet d'un désir supposé Marivaux trouble la mémoire. Ses pièces sont très difficiles à raconter. De loin, après un peu de temps, elles finissent par se ressembler. La Double inconstance, La Deuxième surprise de l'amour... oui, parce qu'en plus il y en a deux !... Tous ces chefs-d'œuvre finissent par se brouiller dans le souvenir. Les situations n'ont pas la solidité de dessin, de charpente, qu'il y a dans les pièces de Molière. Chez Molière, on est dans l'atavisme familial, avec des rôles très fermes : le père-obstacle, qui agit en ennemi de sa propre famille et qu'il faut éliminer ou plutôt rendre encore plus fou qu'il n'est déjà pour que les amants puissent se rejoindre. Chez Marivaux, les positions ne sont jamais aussi extrêmes. Les conflits sont plus diffus, plus ondoyants. Tout se tisse en scène à travers les situations. Et en même temps, on se retrouve dans un univers tout à fait caractéristique. Sa cohérence repose sur des lois qui commandent des mécanismes typiques : par exemple le malentendu et ses effets, les interférences entre bonne et mauvaise foi, les tactiques diverses, comme cacher l'objet d'un désir supposé pour obtenir en fait autre chose... On reconnaît tout de suite ce mondelà quand on y revient. Mais il faut à chaque fois être très attentif à la façon dont les règles vont s'appliquer différemment dans chaque pièce. C'est un peu comme différentes parties d'échecs qu'un grand maître joue dans sa tête : il a toujours sa façon à lui de tirer parti du fonctionnement du jeu, mais cela ne vous dispense jamais d'analyser les points exacts où ce style stratégique est mis en œuvre. (suite p.14) Photo de maquette du décor des Fausses Confidences © Johannes Schütz 14 Les Fausses Confidences 15 15 16 janvier – 23 mars / Odéon 6e Les Fausses Confidences est un concentré de Marivaux. Fondamentalement, la donnée a l'air très simple. Il y a un but clairement affiché. Dorante a vu Araminte, il la vise, il la veut, alors qu'elle ne le connaît même pas. Trois actes plus tard, il a gagné. Comment est-ce que ça se fait, et surtout, comment construit-on ça ? à l'époque, cette question-là n'était pas facile. Aujourd'hui, on cherche ses partenaires sur internet, on se donne rendez-vous dans des cybercafés... Nos intervalles, nos distances, nous les plaçons ailleurs, quand il nous en reste ! Nous, nous formulons nos demandes et nos offres, nous nous mettons sur le marché. Les personnages de Marivaux sont dans un autre rapport. Leur mode de séduction, c'est plutôt la chasse que la négociation. Et si le chasseur fait trop de bruit, le gibier prend la fuite... Le point de départ, c'est l'amour fou de Dorante, mais aussi l'envie manipulatrice de Dubois, qui va être interprété par Yves Jacques, un comédien avec qui je n'ai jamais travaillé mais qu'on a souvent vu chez Robert Lepage. Dubois est un personnage fascinant, c'est par lui que la pièce existe. Il se lance un défi à lui-même : son ancien patron, ce Dorante, fils de bonne famille ruiné, il en fait l'une des figures de son petit théâtre à lui. Dubois aime observer, il a un côté voyeur à la Marcel Proust, qui aimait, à ce qu'on dit, regarder torturer des rats... Dubois aussi a ses désirs et ses fantasmes. Dès le début, il déclare à Dorante qu'il croit déjà le voir «en déshabillé dans l'appartement de Madame». Il fait tout de suite sonner la note érotique. La beauté de Dorante, qui est joué par Louis Garrel, c'est une mine d'or, un Pérou... Et dans l'acte III, Dubois dit à Marton que pour ce qui est de la discrétion, il mériterait d'être une femme... C'est vraiment quelqu'un de curieux ! Est-ce qu'il a un compte à régler avec les femmes, justement, est-ce qu'il a besoin de se venger ? C'est comme s'il trouvait cela excitant, ce Dubois, d'assister à la chute d'une femme, à ce déshabillage sentimental qu'il lui impose. Il en tire un mélange de jouissance et de souffrance aussi, peut-être. Il parvient à ses fins logiquement, à la façon d'un mathématicien retors et un peu cruel qui exécute sa démonstration en acte. Cela dit, chez Marivaux, la pièce ne peut jamais être tout à fait prévisible. Il faut que l'histoire progresse par des voies qui peuvent tout perturber. Le fil de l'intrigue doit être à la fois très embrouillé et très tendu. Les situations tournent, virent dans tous les sens, à chaque instant il y a un risque que ça déraille et qu'on verse dans l'échec complet. Comment fait Marivaux pour être à la fois dans le calcul implacable et dans l'improvisation ? C'est là que Dubois intervient. Il a quasiment tout organisé. ça me fait penser à ces gens qu'on appelait les «Roméos» dans le système de la Stasi, la Staatssicherheit, du temps de l'Allemagne de l'Est. On vous envoyait quelqu'un qui avait pour mission de provoquer votre amour. Il existait même un centre où ces gens étaient formés... Heiner Müller m'a raconté une fois qu'une de ces espionnes, une nuit, a éclaté en sanglots entre ses bras en lui avouant ce qu'elle était : une espionne... évidemment, Heiner s'est aussitôt demandé si ce n'était pas juste des larmes de crocodile pour lui soutirer encore autre chose !... La sincérité comme ruse suprême ou forme de mensonge parmi d'autres, on retrouve ça chez Marivaux : on part de mystifications totales, et plus on creuse, plus on se demande si la personne s'identifie ou non au rôle qu'elle joue, et si la distinction peut encore tenir... Dubois est un formateur de «Roméos». Il est l'âme dramatique de la pièce, à la fois l'auteur, le créateur, le metteur en scène des situations. Il est aussi pris dedans, un interprète parmi les autres. Quel est son bénéfice ? Peut-être le simple fait de gagner. C'est un joueur désintéressé, sans aucune intention didactique. Il est «accro» au jeu. Il lui faut cette stimulation, il aime mettre le chaos et le désordre partout, «pour voir», comme disent les joueurs. Il a besoin de surprendre Dorante, mais aussi de se surprendre lui-même. Un personnage à la Richard III : il se fixe un objectif qui paraît impossible, il y arrive, et il jouit de s'être étonné lui-même, de son triomphe de virtuose. Qu'est-ce qu'il va bien pouvoir faire après ? Je me le demande. Il est bien trop intelligent pour nettoyer les chambres et décrocher les tableaux pornographiques avant l'arrivée des invités ! C'est un artiste. Et comme un artiste, une fois que l'œuvre est faite, il reste devant elle et repart les mains vides. Il n'a plus qu'à recommencer... Il connaît bien la différence entre organiser et contrôler. Je crois qu'il aime assez le jeu pour réserver sa part à l'imprévu. Marivaux lui-même se donne la possibilité, comme dramaturge, d'introduire des personnages inattendus, d'agencer des entrées et des sorties que Dubois ne peut pas contrôler dans tous les détails. Dubois est à l'image de son auteur : scénariste génial et excellent improvisateur. Il a posé le canevas, comme dans la commedia dell'arte, et là-dessus il brode, il rebondit, il souffle des idées à son partenaire, il ajuste ses effets en fonction des circonstances et des réactions de la protagoniste. à un moment, dans l'acte II, il est forcé de laisser Dorante et Araminte seul à seule sans pouvoir prévenir le jeune homme des intentions de sa maîtresse. Elle éloigne le valet pour tendre un piège à Dorante. En sortant de scène, Dubois passe à côté de lui en nous faisant une confidence en aparté, et c'est vraiment un dramaturge qui parle. C'est au début de la scène 13 : Luc Bondy © Carole Bellaïche «il m'est impossible de l'instruire ; mais qu'il se découvre ou non, les choses ne peuvent aller que bien». Autrement dit, nous sommes invités à nous concentrer sur plusieurs choses à la fois. La première : est-ce que Dorante va se déclarer ou non ? C'est un premier suspense. La deuxième : comment se faitil que les choses vont forcément bien finir, quelle que soit l'attitude adoptée par Dorante ? Il peut faire une chose ou son contraire, mais le résultat sera le même, dit Dubois. Pourquoi ? Cela nous oblige à être attentifs à deux scènes en même temps, la réelle et la possible : il y a d'un côté celle qu'on voit et qui a lieu, il y a d'un autre côté celle qu'on ne voit pas et qui aurait pu avoir lieu, ou plutôt qui se produit aussi et qui se confond avec l'autre pendant les premières répliques. C'est extrêmement subtil... Et c'est un peu le mouvement de toute la pièce. On annonce une fin inévitable, quasiment fatale quelle que soit le chemin suivi, à condition qu'on s'y prenne bien. Mais c'est quoi, «s'y prendre bien» ? Quelles sont les bonnes procédures ? Il ne suffit pas de parler, il faut faire naître l'envie d'entendre. Ou plutôt il faut la réveiller. à ce moment-là de la pièce, Araminte veut entendre. Voilà pourquoi elle prend le jeu en main, et voilà pourquoi Dubois est si sûr de lui. Soit ce désir est satisfait tout de suite, soit il est reconduit, et on ne perd rien pour attendre. C'est comme si le langage amoureux avait besoin d'être chargé, comme une batterie. Dire «J'aime», sans plus, c'est sans effet, c'est plat, cela ne donne rien. On ne peut pas dire l'amour si on est forcé de dire «J'aime». Faire reposer tout le poids de ce qu'on veut dire sur deux ou trois mots, ce serait comme vouloir réduire tous les sentiments à une formule trop courte qui ne peut pas les contenir sans que ça déborde de partout. C'est ce débordement qu'il faut rendre sensible, c'est pour cela que la déclaration doit être longtemps retenue, pour que la force de la parole s'accumule derrière le barrage. C'est une étape initiatique qu'il faut s'imposer, une épreuve du silence dictée et calculée par Dubois. Le nondit crée une tension, une attirance, une obsession. C'est un champ de force qui irradie à travers toute la pièce et va aimanter Araminte. Elle, Araminte, vit par l'hésitation, respire par l'hésitation. Le jour où elle n'hésitera plus, peut-être qu'elle ne vivra plus. La pièce n'existe que par un système d'hésitations. Elle est toujours très occupée, chargée d'affaires à régler, de visites à rendre, son agenda est très plein, trop plein, c'est comme si dans ce plein elle n'avait plus de liberté de mouvement, comme si sa trajectoire était calculée d'avance. En fait, c'est peut-être plein les fausses confidences de Marivaux mise en scène Luc Bondy création décor Johannes Schütz lumières Dominique Bruguière costumes Moidele Bickel maquillages/coiffures Cécile Kretschmar Isabelle Huppert © Sylvie Lancrenon avec Isabelle Huppert Jean-Damien Barbin Manon Combes Louis Garrel Yves Jacques Sylvain Levitte Jean-Pierre Malo Bulle Ogier Bernard Verley production Odéon-Théâtre de l'Europe coproduction Les Théâtres de la Ville de Luxembourg, Ruhrfestspiele Recklinghausen, Célestins-Théâtre de Lyon durée estimée environ 3h projection Nouvel Odéon mardi 4 mars / 20h Gabrielle de Patrice Chéreau à craquer, et donc elle finit par craquer, parce que ça manque de vide, de jeu... Arrive Dorante, coaché par Dubois, et avec lui voilà le microbe contagieux de la séduction qui va commencer à se multiplier, à travers les situations diverses. Le champ d'attirance commence à faire dévier Araminte de sa trajectoire. Elle pourrait tomber d'un côté ou de l'autre ; elle oscille ; elle est perturbée ; elle hésite... Moi, je trouve passionnant de déchiffrer ces nuances-là. C'est d'une délicatesse de touche incroyable. Il faut une très grande interprète pour les réaliser. Surtout que notre époque y est moins sensible, si elle l'est ! J'ai dit que c'était comme des mathématiques, ou comme les échecs, mais ce serait aussi juste de dire que c'est de la physique. Comme chez Newton, des histoires de corps qui s'attirent. Et c'est très expérimental. Dubois fait une expérience pour illustrer les lois du désir. Il nous fait voir comment elles marchent, à coups de microsuspenses quasiment policiers – et il y en a beaucoup, presque autant que de scènes. L'âme d'Araminte est une surface lisse et tranquille, ou qui se croit lisse et tranquille ; Dubois y jette ses petits cailloux, ses confidences, et nous voyons les vagues qui commencent à se former, qui se propagent, qui se combinent... était-elle prête ou non à aimer Dorante ? Théâtralement, si elle n'est pas prête, c'est plus intéressant. Au théâtre, on a besoin aussi d'une certaine naïveté, d'une spontanéité de réaction. C'est aussi à cela que sert Marton : tout naturellement, elle tombe exactement dans le même piège que sa maîtresse et devient amoureuse parce qu'elle se croit aimée en silence. J'ai confié ce rôle à Manon Combes après l'avoir vue jouer Groosback, la fille d'auberge suisse, dans Le Prix Martin monté la saison dernière par Peter Stein. Marton nous confirme qu'en effet, l'amour se développe sur un terrain qui est «neutre» au départ. Mais ce que Dubois dit à Dorante, c'est qu'Araminte (et donc Marton aussi) va désirer parce qu'au fond elle désire déjà. Parce qu'on ne peut pas ne pas désirer. Même si elle ne le sait pas. Et il précise : je vais lui faire prendre conscience qu'il y a du désir sous-jacent, le tien, mon cher Dorante, et cela va déterminer le sien, le faire résonner. Chemin faisant, Marton croit distinguer aussi ce désir retenu et s'imagine qu'il lui est adressé, ce qui fait d'elle une victime collatérale... On pourrait croire que si l'activité est tout entière du côté de Dubois, cela pourrait donner à Araminte un côté passif. Je ne crois pas. Une partie du travail va justement être d'explorer comment elle «ré-agit» sans se laisser tout bonnement manipuler. Elle découvre, tout en hésitant, qu'elle aussi veut voir comment l'homme tombe, devant elle et pour elle. Dubois avait bien anticipé cet aspect-là, quand il lui dit à la fin de l'acte I : «il a un respect, une adoration, une humilité pour vous, qui n'est pas concevable»... L'humilité ajoute une touche très concrète et assez troublante. Est-ce qu'il n'y a pas une certaine cruauté chez Araminte ? Elle trouve du plaisir à dominer Dorante, à lui imposer sa propre stratégie. Elle n'hésite pas à le faire souffrir pour lui extorquer sa déclaration. Ce qu'elle veut, c'est amener son amant à l'humiliation de la sincérité. En fin de compte, c'est elle qui va tenir tous les fils... Elle est «transparente-opaque». Je sens chez elle quelque chose d'absolument exposé et totalement mystérieux, mais il faudra le voir pour vraiment le croire, et il n'y a qu'Isabelle Huppert qui puisse nous le montrer ! Lessing a écrit, dans sa Dramaturgie de Hambourg, que Marivaux, c'est beaucoup de petits pas pour franchir un espace minuscule. C'est bien vu. Le désir est comme une puissance, un potentiel qui est déjà là, et nous sommes pris dedans. Araminte n'est pas une exception. Le tout est de savoir comment faire pour que ce désir monte en charge et s'oriente, une fois mis en présence du désir de Dorante. Le deuxième acte, sur ce point-là, est passionnant. C'est celui où la résistance est peut-être la plus forte, où Araminte ne veut pas entendre, et en même temps où elle se détermine de plus en plus dans le conflit avec le Comte et sa propre mère. Elle est dans la rébellion, mais contre quoi – contre Dorante ou contre sa mère ? Sa mère, interprétée par ma chère Bulle Ogier, c'est clairement l'ambition sociale qui l'anime. Elle aussi, comme Dubois, essaie de téléguider le désir de sa fille. J'ai l'impression que comme beaucoup de gens qui sont ambitieux par haine des autres, elle agit par peur de ne pas être à sa juste place, de ne pas savoir se situer. Dans ce cas, l'hésitation d'Araminte remonte loin. Mais là, devant la décision à prendre, «la crise», comme dit Dubois, elle commence à éprouver peut-être une sorte de vertige : celui de se laisser tomber, de suivre sa pente, de se laisser attirer par quelqu'un de socialement inférieur, en échappant aux bienséances et aux règles sociales qui semblaient avoir verrouillé la situation... C'est une belle aventure romanesque, une journée vraiment bien remplie, où elle s'est sentie exister comme jamais. Quant à la suite, happy end ou non, cela reste à voir. Peut-être que les personnages finissent par se retrouver encore plus livrés qu'auparavant à leur solitude. On dit souvent que Marivaux est un artiste du langage, du sous-entendu, du double registre. Il est aussi un maître des silences. Les Fausses Confidences parle de ce qu'on dit, de ce qu'on ne dit pas, de ce qu'on dit à la place d'autre chose. Il faut trouver une forme correspondante, une forme... en allemand, on dit undurchdringlich. Impénétrable ? C'est une pièce sur une censure qu'on n'arrive pas à transpercer. Une censure paradoxale qui est à la fois obstacle et condition : de la déclaration, de l'aventure amoureuse, du désir qui grandit et se nourrit de tout ce qu'on fait pour l'empêcher de naître. Luc Bondy Propos recueillis par Daniel Loayza, Paris, 21 octobre 2013 représentation avec audio-description les dimanches 2 et 9 février / 15h mercredi 5 février / 20h rencontre avec l'équipe artistique dimanche 9 février à l'issue de la représentation avec le soutien de Christian et Béatrice Schlumberger CERCLE D E L’OD ON red star football club à l'odéon 17 «On parlait d'attaque et d'adresse...» Qui aurait songé à associer un théâtre national à une équipe de football ? Leurs histoires, leurs missions ont pourtant convergé vers une action commune, proposant à un large public de vivre de fortes représentations collectives. La jonction s'est faite grâce à Dailymotion. Cette structure française d'hébergement et de visionnage de vidéo en ligne aime la scène aussi bien que le stade. Elle a été séduite par l'esprit de partage du Red Star et de l'Odéon, par leur élan envers la jeunesse et a décidé de parrainer une semaine de théâtre pour jeunes footballeurs. avec le soutien de Dailymotion Jules Rimet, qui fonda le Red Star en 1897, était convaincu que l'encadrement culturel et citoyen était aussi indispensable aux jeunes sportifs que l'engagement physique. Sa devise – «Travailler le corps, mais aussi éveiller l'esprit» – a sous-tendu l'histoire de son club. Ces dernières années, elle a inspiré le programme Red Star Lab, qui propose à ses participants de découvrir un travail artistique pendant les vacances scolaires. Or il se trouve que Saint-Ouen, ville historique du Red Star, et le 17e arrondissement, siège de Dailymotion, sont proches des Ateliers Berthier. La rencontre était inévitable ! Cette fois-ci, les jeunes licenciés du Club ont visité les Ateliers Berthier, non loin du stade Bauer, pendant la pause de la Toussaint. Puis ils se sont immergés une semaine durant dans les locaux de Dailymotion aux côtés de la Compagnie Air de Lune dirigée par Jean Bellorini, pour un travail rythmique et gestuel, collectif et choral, au sein d'un espace théâtral partagé. Teddy Melis et Hugo Sablic, comédien et musicien de la compagnie, tous deux passionnés de football, se sont pleinement pris au jeu avec la jeunesse du Red Star. Le vocabulaire commun était tout trouvé : «On parlait d'attaque et d'adresse, d'intention et de collectif...» Très vite, les deux mondes n'en faisaient plus qu'un. Aux vacances de février et de Pâques, Benjamin Porée (compagnie La Musicienne du silence) puis Joël Pommerat (Compagnie Louis Brouillard) continueront à leur tour ce travail avec les jeunes pousses du Red Star. Adolescence et territoire(s) Après une première création théâtrale du metteur en scène Didier Ruiz, 2013 comme possible présentée la saison dernière aux Ateliers Berthier, Clichy-la-Garenne et SaintOuen dans le cadre du programme Adolescence et territoire(s), c'est au tour de Jean Bellorini, directeur artistique de la Compagnie Air de Lune, de proposer un projet. à partir de L'Attrape-cœurs de J. D. Salinger, Jean Bellorini travaillera avec une vingtaine d'adolescents . La création sera présentée aux Ateliers Berthier en juin 2014. Si vous avez entre 15 et 20 ans et habitez le 17e, Clichy-la-Garenne, Saint-Ouen ou Asnières, nous vous proposons une réunion d'information avec le metteur en scène, le samedi 30 novembre à 14h30 aux Ateliers Berthier (métro Porte de Clichy). Renseignements Alice Hervé : 01 44 85 40 47 / [email protected] Teddy Melis © Thierry Depagne Devenez mécène de l’Odéon Le Cercle de l'Odéon rassemble tous les passionnés de théâtre, spectateurs et entreprises*, qui désirent se retrouver autour d'un des foyers majeurs de la création européenne. Chaque saison le Cercle participe au financement de quatre spectacles phares de la programmation, autour desquels sont proposées des rencontres et des soirées en présence des équipes artistiques. L'Odéon remercie l'ensemble des membres du Cercle pour leur soutien à la création théâtrale. Hervé Digne est président du Cercle de l'Odéon. C E R C LE D E L’ Information et contact Pauline Rouer 01 44 85 40 19 [email protected] Atelier théâtre dans les locaux de Dailymotion © Thierry Depagne *Les dons versés à l’Odéon donnent droit à une déduction fiscale. © Jacob Khrist 18 19 avantages abonnés Des propositions ponctuelles élaborées avec les partenaires culturels de l'Odéon-Théâtre de l'Europe Invitations (nombre de places restreint) Tarifs préférentiels Acheter et réserver ses places Ouvertures de location tout public Calendrier janvier Musée d’Art moderne de la Ville de Paris La Comédie-Française platonov theatre-odeon.eu / guichet / téléphone mercredi 4 décembre exposition «Zeng Fanzhi» 18 octobre 2013 – 16 février 2014 spectacle Psyché de MOLIÈRE / VÉRONIQUE VELLA 21 décembre 2013 – 17 janvier 2014 les fausses confidences représentations du 16/01 au 02/03 theatre-odeon.eu / guichet / téléphone mercredi 11 décembre Le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris présente la première rétrospective française du peintre chinois Zeng Fanzhi (né en 1964 à Pékin). L’évolution de son travail, présentée à rebours de 2012 à 1990, est retracée à travers la sélection d’une quarantaine de peintures et de sculptures. Votre inscription par courriel vous fera bénéficier d'autres offres grâce à la newsletter du MAMVP. Vénus ne souffre pas l’ombre qui lui est faite par la jeune Psyché, simple mortelle, enchanteresse des cœurs. La belle est aussi jalousée par ses propres sœurs, délaissées par deux princes fascinés par la seule Psyché. De la terre au palais céleste que lui construit l’Amour, des Enfers où l’on voit Vénus à l’Olympe où Jupiter lui offre l’immortalité, Psyché nous entraîne dans un voyage fantastique aux confins du théâtre et de la musique. les fausses confidences représentations du 04/03 au 23/03 theatre-odeon.eu / guichet / téléphone mercredi 29 janvier > Laissez-passer valables sur toute la durée de l'exposition > Inscription : [email protected] avec le code MAMODEON1314 et en précisant votre numéro d'abonné Odéon. > Musée d'Art moderne de la Ville de Paris, 11 avenue du Président Wilson, Paris 16e > Tarifs préférentiels 32€ au lieu de 41€ (cat. A) 23€ au lieu de 28€ (cat. B) 10€ au lieu de 13€ (cat. C) > Réservation par téléphone au 0825 10 1680 (0,15€ TTC/min) ou aux guichets de la salle Richelieu avec le code VENUS. 01 44 85 40 40 – theatre-odeon.eu Musée d'art et d'histoire du Judaïsme Théâtre des Champs-élysées exposition «Maryan (1927-1977) La ménagerie humaine» 6 novembre 2013 – 9 février 2014 spectacle «Robot ! » Compagnie Blanca Li 23 – 30 décembre 2013 Maryan (Pinchas Burstein), né en Pologne en 1927, passe son adolescence dans des ghettos, des camps de travail, de concentration. Son œuvre, peuplée de juges, de gardiens de camps, de clowns, d’inquisiteurs, de bourreaux, d’imbéciles – une humanité avilie ou terrorisée – est puissante, tragique, grinçante, inclassable. L’exposition fera découvrir un artiste majeur de la deuxième moitié du xxe siècle à travers les temps forts de son œuvre peinte et dessinée de 1960 à 1977. Robert Combas a souhaité s’associer à l’hommage rendu à Maryan, dont l’œuvre préfigure la Nouvelle Figuration des années 1980. Création 2013, pour danseurs et robots. La plus célèbre des chorégraphes espagnoles présente à Paris sa dernière création : Robot ! Une fantaisie futuriste qui explore avec poésie le rapport de l’homme à la machine. > Tarif préférentiel 4.50€ (au lieu de 7€) pour l’exposition, 7€ (au lieu de 10€) pour les collections + exposition. > Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, Hôtel de Saint-Aignan, 71 rue du Temple, Paris 3e Visite commentée suivie d'une lecture à l'auditorium mercredi 15 janvier à 18h30 Palais de Tokyo exposition «Philippe Parreno, Anywhere, Anywhere out of the world» lundi 2 décembre à 19h30 Philippe Parreno, figure éminente de la scène artistique internationale, transforme radicalement le Palais de Tokyo. Il répond à la carte blanche qui lui est donnée par une exposition totale dans laquelle son dialogue avec l’architecture fait œuvre. Cette exposition d’un format inédit consacre un artiste dont les œuvres, les idées, la démarche ont une influence considérable et ont certainement modifié notre idée même de l’art. > Réservation au 01 44 85 41 17 / [email protected] > Palais de Tokyo, 13 avenue du Président Wilson, Paris 16e Odéon-Théâtre de l'Europe EXILS rencontres littéraires Animé par Paula Jacques / En coproduction avec France Inter James Joyce / Yannick Haenel Textes lus par Denis Podalydès, sociétaire de la Comédie-Française lundi 9 décembre à 20h «Je suis depuis un an à Paris et pas un mot sur moi n'est paru dans un périodique français pendant ce temps.» > Tarif préférentiel 29€ (au lieu de 35€), 38€ (au lieu de 45€), 49€ (au lieu de 58€) > Réservations 01 49 52 50 50 avec le code «Odéon» Musée de la Chasse et de la Nature Le Musée de la Chasse et de la Nature explore le rapport de l’homme à la nature, de l’Antiquité à nos jours. Art ancien, moderne et contemporain sont présentés dans une muséographie originale, au sein de deux hôtels particuliers des XVIIe et XVIIIe siècles, au cœur du quartier du Marais à Paris. Dans le cadre du cycle «Pourchassez le naturel !», lecture de Je suis la bête d'Anne Sibran par Sophie Rodriguez. > Réservation au 01 44 85 41 17 / [email protected] > Musée de la Chasse et de la Nature, 62 rue des Archives, Paris 3e Le service billetterie (guichet/téléphone) sera fermé du 25 décembre au 1er janvier Abonnés février Dans le cas où vous n’auriez pas choisi de date, merci de contacter le service abonnement pour réserver votre place et vérifier la disponibilité sur la date que vous souhaiteriez, au plus tard quinze jours avant la première du spectacle. à l’issue de cette réservation téléphonique, retournez votre contremarque. Grande salle / Salon Roger Blin 6e Odéon 6 e Berthier 17e sam 1 Les Fausses Confidences 20h Platonov 19h dim 2 Les Fausses Confidences 15h* lun3 Surtitrage, l’esprit et la lettre mar 4 Les Fausses Confidences 20h Lire le théâtre / Des journées entières... – Duras 18h mer 5 Les Fausses Confidences 20h* jeu 6 Les Fausses Confidences 20h Amour et désamour du théâtre / Fuir le théâtre 18h ven 7 Les Fausses Confidences 20h sam 8 Les Fausses Confidences 20h Raphaël Enthoven / Voltaire et l’ironie 15h dim 9 Les Fausses Confidences 15h* lun10 Exils / James Baldwin / Alain Mabankou 20h mar 11 Les Fausses Confidences 20h Pourquoi aimez-vous ? Adolphe de Constant 18h mer 12 Les Fausses Confidences 20h jeu 13 Les Fausses Confidences 20h Ce qu’habiter la Terre veut dire 18h ven 14 Les Fausses Confidences 20h Pourchassez le naturel ! / Le mur invisible 18h sam 15 Les Fausses Confidences 20h dim 16 Les Fausses Confidences 15h lun17 mar 18 Les Fausses Confidences 20h mer 19 Les Fausses Confidences 20h jeu 20 Les Fausses Confidences 20h ven 21 Les Fausses Confidences 20h sam 22 Les Fausses Confidences 20h dim 23 Les Fausses Confidences 15h lun24 mar 25 Les Fausses Confidences 20h mer 26 Les Fausses Confidences 20h jeu 27 Les Fausses Confidences 20h ven 28 Les Fausses Confidences 20h Vous avez la possibilité de réserver des places supplémentaires aux dates d’ouvertures de location de chaque spectacle. Vous bénéficiez d’un tarif réduit pour Les Bibliothèques de l’Odéon, en grande salle Ligne réservée aux abonnés 01 44 85 40 38 Représentations Cinéma Nouvel Odéon Projection «Gabrielle» de Patrice Chéreau, 2005 mardi 4 mars à 20h les fausses confidences durée estimée : environ 3h du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 15h, relâche le lundi > Réservation au 01 44 85 41 17 / [email protected] > Nouvel Odéon, 6 rue de l'École de médecine, Paris 6e Berthier 17e Grande salle / Salon Roger Blin 6e mer8 Platonov 19h jeu9 Platonov 19h ven10 Platonov 19h sam11 Platonov 19h dim12 Platonov 15h lun 13 mar14 Platonov 19h Lire le théâtre / Ce fou de Platonov – Tchekhov 18h mer15 Platonov 19h jeu 16 Les Fausses Confidences 20h Platonov 19h ven 17 Les Fausses Confidences 20h Platonov 19h sam 18 Les Fausses Confidences 20h Platonov 19h Contes de toujours / Alice au pays des merveilles 15h dim 19 Les Fausses Confidences 15h Platonov 15h lun 20 Exils / Doris Lessing / Paule Constant 20h mar 21 Les Fausses Confidences 20h Platonov 19h Pourquoi aimez-vous ? La Peau de chagrin 18h mer 22 Les Fausses Confidences 20h Platonov 19h jeu 23 Les Fausses Confidences 20h Platonov 19h Amour et désamour... / Humain, trop humain 18h ven 24 Les Fausses Confidences 20h Platonov 19h Pourchassez le naturel ! / Je suis la bête 18h sam 25 Les Fausses Confidences 20h Platonov 19h Raphaël Enthoven / Épicure et le plaisir 15h dim 26 Les Fausses Confidences 15h Platonov 15h lun 27 Voix de femmes / M. Desbiolles / C. Mastroianni 20h mar 28 Les Fausses Confidences 20h Platonov 19h mer 29 Les Fausses Confidences 20h Platonov 19h jeu 30 Les Fausses Confidences 20h Platonov 19h Repenser l’humanisme / Ni père, ni maître, ni juge 18h ven 31 Les Fausses Confidences 20h Platonov 19h les bibliothèques de l'odéon Vous pouvez d'ores et déjà réserver pour l'ensemble de la saison platonov 4h30 avec entracte du mardi au samedi à 19h, le dimanche à 15h, relâche le lundi Dans ce neuvième long-métrage, Patrice Chéreau filme la désagrégation d'un couple de la bourgeoisie parisienne à la Belle Époque, couple incarné par Pascal Greggory et Isabelle Huppert. Le metteur en scène n'avait plus réalisé de film à costumes depuis La Reine Margot en 1994. L'œuvre adapte avec liberté la nouvelle de Joseph Conrad Le Retour et se conçoit comme un huis clos à l'atmosphère sépulcrale et aux dialogues énigmatiques. Cette nouvelle raconte l'histoire d'un couple bourgeois (Isabelle Huppert et Pascal Greggory) du début du XXe siècle, qui prend conscience qu'il n'y a jamais eu d'amour entre eux depuis dix ans de mariage. Odéon 6 e mars Odéon 6 e Berthier 17e Grande salle / Salon Roger Blin 6e sam 1 Les Fausses Confidences 20h dim 2 Les Fausses Confidences 15h lun3 mar 4 Les Fausses Confidences 20h mer 5 Les Fausses Confidences 20h jeu 6 Les Fausses Confidences 20h ven 7 Les Fausses Confidences 20h sam 8 Les Fausses Confidences 20h Raphaël Enthoven / Descartes et la générosité 15h dim 9 Les Fausses Confidences 15h lun10 Exils / Isaac Bashevis Singer / Florence Noiville 20h mar 11 Les Fausses Confidences 20h Pourquoi aimez-vous ? Notre cœur de Maupassant 18h mer 12 Les Fausses Confidences 20h jeu 13 Les Fausses Confidences 20h ven 14 Les Fausses Confidences 20h sam 15 Les Fausses Confidences 20h Contes de toujours / Les Contes de Shakespeare 15h dim 16 Les Fausses Confidences 15h lun17 Voix de femmes / Julia Kristeva / Isabelle Huppert 20h mar 18 Les Fausses Confidences 20h mer 19 Les Fausses Confidences 20h jeu 20 Les Fausses Confidences 20h Cyborg trouble la philosophie 18h ven 21 Les Fausses Confidences 20h Pourchassez le naturel ! / Milady 18h sam 22 Les Fausses Confidences 20h Raphaël Enthoven / Spinoza et l’amour 15h dim 23 Les Fausses Confidences 15h lun24 mar25 Lire le théâtre / Quoat-Quoat – Audiberti 18h mer26 jeu27 ven28 sam29 Fleury en scène / Le Vestiaire 15h / 18h Tournée les fausses confidences 2 – 12 avril 2014 / Les Célestins, Lyon 7 – 8 mai 2014 / Grand Théâtre, Luxembourg 14 – 23 mai 2014 / Théâtre National de Bretagne, Rennes 30 mai – 1er juin 2014 / Ruhrfestpiele, Recklinghausen, Allemagne James Joyce, Lettre à Harriet Weaver, 24 juin 1921 Doris Lessing / Paule Constant Textes lus par Dominique Blanc lundi 20 janvier à 20h «Les livres, qui arrivaient en gros colis enveloppés de papier marron, ont fait la joie de ma jeunesse.» Doris Lessing, Comment ne pas gagner le prix Nobel, Conférence Nobel, 7 décembre 2007 > Réservation au 01 44 85 41 17 / [email protected] > Théâtre de l'Odéon, Place de l'Odéon, Paris 6e Tarifs *Représentations en audio description / Réservation [email protected] / 01 44 85 40 47 Tarifs hors abonnement Théâtre de l’Odéon série 1 série 2 série 3 Bibliothèques de l’Odéon série 4Grande salleRoger Blin Ateliers Berthier série unique Plein tarif36 € 26 € 16 € 12 € 10 € 6€ 8 € 6 € 6 € — Moins de 26 ans, étudiant, bénéficiaire du RSA*18 € 13 € 8 € 6 € 6 € — Public en situation de handicap*18 € 13 € 6 € 6 € — Demandeur d’emploi*20 € 16 € 10 € 6 € 6 € — 6 € — Élève d’école de théâtre* (2h avant la représentation) 6 € ———6 € — — Lever de rideau (2h avant la représentation) ———— — — Pass 17* (dates spécifiques)** 30 € 15 € 15 € 20 € 6€ — 15 € *Justificatif indispensable ** Platonov : vendredi 17 janvier à 19h / samedi 1er février à 19h CARTE LES BIBLIOTHÈQUES DE L'ODÉON Carte 10 entrées 50€ / À utiliser librement ; 1 ou plusieurs places lors de la même manifestation. 20 septembre – 19 octobre / Odéon 6 e 14 Au monde 13/14 Joël Pommerat LA VOIX EST LIBRE 18 septembre – 19 octobre / Odéon 6e Les Marchands Joël Pommerat 20 – 26 septembre / Berthier 17 e Die gelbe Tapete Le Papier peint jaune Charlotte Perkins Gilman / Katie Mitchell 4 – 13 octobre / Berthier 17 e Die Bitteren tränen der Petra von Kant Les Larmes amères de Petra von Kant Rainer Werner Fassbinder / Martin Kušej 7 novembre – 15 décembre / Berthier 17 e IUDQFHLQWHUIU France Inter vous invite à fêter ses 50 ans au Théâtre de l’Odéon 6e en direct et en public dimanche 8 décembre 2013 de 9h à 18h La Bonne Âme du Se-Tchouan Bertolt Brecht / Jean Bellorini 20 novembre – 1er décembre / Odéon 6e todo el cielo sobre la tierra (El síndrome de Wendy) Tout le ciel au-dessus de la terre (Le syndrome de Wendy) Angélica Liddell 8 janvier – 1er février / Berthier 17 e Pour fêter ses 50 ans, France Inter fait son show et s’empare de 5 scènes différentes à Paris, Toulouse, Nantes, ClermontFerrand et Lille. à chaque fois, des journalistes et des producteurs de la station montent sur scène et partagent avec les auditeurs leurs souvenirs et leur passion de la radio, toutes générations confondues. D’anecdotes en retrouvailles : c’est l’histoire de France Inter, «vécue par ceux qui l’ont vécue», pour reprendre le titre d’une émission mythique. Platonov Anton Tchekhov / Benjamin Porée Les Fausses Confidences Marivaux / Luc Bondy création Comme il vous plaira Patrice Chéreau devait présenter Comme il vous plaira de William Shakespeare à partir de mars 2014 à l’Odéon-Théâtre de l’Europe. Ce projet ne sera pas créé. à l'heure où nous imprimons cette publication, le spectacle envisagé en lieu et place de cette création n’est pas encore arrêté. Nous vous ferons très prochainement une proposition d’échange ou de remboursement des places que vous aviez réservées pour Comme il vous plaira. En tout état de cause, nous conservons pour l’heure vos billets. Nous vous remercions de votre patience et de votre compréhension. 4 – 30 avril / Berthier 17 e Une année sans été Catherine Anne / Joël Pommerat 7 mai – 28 juin / Odéon 6e Cyrano de Bergerac Edmond Rostand / Dominique Pitoiset septembre 2013 – juin 2014 LES BIBLIOTHÈQUES DE L’ODÉON rencontres littéraires et philosophiques Ils sont mécènes de la saison 2013-2014 9h-10h : Collège de France Inter La leçon inaugurale de Jean-Claude Ameisen 10h-11h : Un demi-siècle dans la vie des femmes Présenté par Stéphanie Duncan Avec notamment Paula Jacques, Laure Adler, Michelle Cotta, Dominique André, ève Ruggieri 11h-12h : On va déguster Présenté par François-Régis Gaudry 12h-14h : 3D, la radio de demain Présenté par Stéphane Paoli 14h-15h : Le prix du livre Inter Présenté par Eva Bettan avec les lectures de Guillaume Gallienne, Sociétaire de la Comédie-Française 15h-16h : 50 ans d’évolution de la France entière Présenté par Guillaume Erner 16h-17h : Un demi-siècle de Jazz sur France Inter Présenté par Elsa Boublil Avec notamment André Francis, Julien Delli Fiori 17h-18h : Le masque et la plume Présenté par Jérôme Garcin, avec la bande du masque et François Morel en invité exceptionnel Une journée présentée par Angélique Bouin Renseignements et location Par téléphone 01 44 85 40 40 du lundi au samedi de 11h à 18h30 Par internet theatre-odeon.eu ; fnac.com ; theatreonline.com Au guichet du Théâtre de l’Odéon du lundi au samedi de 11h à 18h Contacts Abonnement individuel, jeune, et Carte Odéon 01 44 85 40 38 [email protected] Groupe d’adultes, amis, association, comité d’entreprise, 01 44 85 40 37 / 40 88 [email protected] Public de l'enseignement 01 44 85 40 39 [email protected] Public de proximité des Ateliers Berthier, public du champ social et public en situation de handicap 01 44 85 40 47 [email protected] Toute correspondance est à adresser à Odéon-Théâtre de l’Europe – 2 rue Corneille – 75006 Paris Entrée libre, à partir de 8h30, dans la limite des places disponibles theatre-odeon.eu – 01 44 85 40 40 Théâtre de l’Odéon Place de l’Odéon Paris 6 e Théâtre de l’Odéon Métro Odéon RER B Luxembourg Place de l’Odéon Paris 6 e Métro Odéon RER B Luxembourg Ateliers Berthier Ateliers Berthier 1 rue André Suarès (angle du Bd Berthier) Paris 17e Métro Suarès et RER (angle C Porte Clichy 1 rue André dude Bd Berthier) Paris 17e Métro et RER C Porte de Clichy Salles accessibles aux personnes à mobilité réduite, nous préveniraux impérativement au 01 44réduite, 85 40 40 Salles accessibles personnes à mobilité nous prévenir impérativement au 01 44 85 40 40 photo de maquette des Fausses Confidences © Johannes Schütz / design Werner Jeker / Licences d’entrepreneur de spectacles 1064581 et 1064582 16 janvier – 23 mars / Odéon 6e