ou trois premiers jours de la maladie. Plus le prélèvement sera
réalisé précocement, plus la chance d’obtenir un résultat positif
sera élevée. La technique la plus simple pour effectuer ce prélè-
vement consiste à réaliser un écouvillonnage nasal à l’aide d’un
écouvillon réservé aux analyses virologiques, c’est-à-dire associé
à un milieu de transport ou de survie. En pratique, l’écouvillon
est introduit dans la narine sur une longueur de 1,5 à 2 cm, hori-
zontalement, sur un plan parallèle au plan du palais. Une rota-
tion lente est alors appliquée sur l’écouvillon, puis il est retiré et
placé dans son milieu de survie ou de transport. Plutôt qu’un
écouvillonnage nasal, les Anglo-Saxons utilisent un système dit
d’aspiration nasale (14). Pour cela, un dispositif est placé dans
la narine du patient, permettant l’injection intranasale de 2 à 3 ml
de sérum physiologique. Ce liquide est ensuite aspiré et collecté
dans un tube du dispositif.
Pour certains virus respiratoires, il sera utile d’effectuer un écou-
villonnage de gorge. C’est le cas pour les virus dont la réplication
se situe essentiellement au niveau des amygdales et du pharynx
(Adénovirus, Entérovirus). Ainsi, devant un tableau respiratoire
sans écoulement nasal clair franc (trachéite ou bronchite isolée),
certains préconisent de combiner systématiquement le prélève-
ment nasal à un prélèvement pharyngé au niveau des piliers de
l’amygdale et du fond de la gorge. Les deux écouvillons seront
envoyés au laboratoire.
Les virus sont responsables de 90 % des épisodes de bronchite
aiguë. Chez les patients atteints de bronchite chronique, les infec-
tions aiguës se partagent entre infections d’origine virale et bac-
térienne (50 %) (5). Au cours d’une bronchite, le prélèvement le
plus souvent réalisé est un crachat, dont l’analyse n’a aucun inté-
rêt pour le diagnostic virologique (15). En effet, ces prélèvements
sont souvent purement salivaires, pauvres en cellules épithéliales,
et ne peuvent donc pas être informatifs (16). Au cours des épi-
sodes de bronchite aiguë d’origine virale, le patient présente une
toux sèche, irritative et non productive. Lorsque la bronchite est
accompagnée d’une toux grasse, cela peut être le signe d’une sur-
infection bactérienne. Chez les patients atteints de bronchite aiguë
non productive, le diagnostic virologique sera possible sur un
prélèvement de nez et de gorge.
L’objectif de l’ensemble de ces techniques est de prélever des
cellules épithéliales infectées en nombre suffisant pour permettre
la réalisation du diagnostic ; les prélèvements paucicellulaires
sont à l’origine de faux négatifs.
Le délai d’acheminement des échantillons au laboratoire condi-
tionne aussi le résultat. Afin d’avoir les meilleures chances de
diagnostic, les prélèvements doivent arriver le plus rapidement
possible. Qu’il s’agisse d’un prélèvement de nez ou de gorge, la
détection des virus est excellente lorsque les écouvillons sont placés
dans des milieux de transport adaptés. Ces prélèvements peuvent
attendre 48 à 72 heures à température ambiante avant d’être trai-
tés par le laboratoire de virologie, cela sans réduction des possibi-
lités de détection de la plupart des virus respiratoires. Ainsi, les
prélèvements effectués en ville par les médecins des GROG sont
adressés aux laboratoires de virologie par la poste, dans des conte-
neurs spécifiques. Pour les liquides de lavage nasal, il n’y a pas
de milieu de transport possible. Toutefois, il est possible de
mélanger le liquide collecté avec un milieu de survie simple, ce
qui permet de conserver l’échantillon à 4 °C pendant quelques
heures avant de l’envoyer au laboratoire dans un délai maximum
de 8 heures.
Techniques de détection des virus respiratoires
(tableau I)
Le diagnostic virologique au laboratoire est généralement réalisé
en combinant des techniques de détection antigénique rapide et
de mise en culture sur lignée cellulaire.
Les premières mettent en évidence des protéines virales directement
dans le prélèvement, généralement par ELISA ou par immuno-
fluorescence (IF). Ces techniques rapides (2 heures en moyenne)
ont souvent une sensibilité correcte, parfois bonne (17-19), et per-
mettent au laboratoire de donner une première réponse le jour même
du prélèvement. C’est sur la base de ces techniques que se déve-
loppent les doctor-tests, tests simplifiés et rapides (en général
moins de 15 minutes), réalisables par un médecin dans son cabinet
(voir plus loin).
Il existe aussi des tests unitaires rapides utilisables au laboratoire
(environ 10 à 20 minutes). Le principe de ces tests est habituelle-
ment un ELISA sur membrane. Ils n’existent que pour la détec-
tion des virus de la grippe [par exemple Flu A-B Directigen, Beck-
ton Dickinson (20), ou le VRS (Directigen)]. Ils permettent la
différenciation entre influenza A et influenza B, mais pas le sous-
typage des virus de type A (20). Leur évaluation par rapport aux
techniques classiques les place à équivalence avec certains tests
ELISA conventionnels.
Pour obtenir une bonne sensibilité, ces tests de diagnostic direct
sont en général couplés à la culture (7). La culture des virus demande
un environnement technique important dont ne disposent pas la
grande majorité des laboratoires privés. En effet, la culture virale
nécessite l’utilisation de hottes à flux laminaire de classe II (ou
postes de sécurité microbiologique), de microscopes inversés, de
centrifugeuses à plaques et d’étuves à CO2. Outre l’aspect pure-
ment technique, le second facteur qui limite l’utilisation de la cul-
ture est la nécessité d’avoir un personnel ayant la connaissance
et la maîtrise de ces techniques délicates. La culture des virus res-
piratoires nécessite l’entretien de différentes lignées, car il n’existe
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La Lettre du Pneumologue - Volume VII - no2 - mars-avril 2004
Tableau I. Liste des techniques utilisables pour le diagnostic des infec-
tions à virus respiratoires.
Virus Diagnostic direct PCR Culture
IF ELISA TDR
Influenza A+++++
Influenza B+++++
VRS A + + + + +
VRS B + + + + +
Rhinovirus - - - + +
Adénovirus - - - + +
Para-influenza 1 + +* - + +
Para-influenza 2 + +* - + +
Para-influenza 3 + +* - + +
Para-influenza 4+ + + +
Coronavirus** - - - + -
Entérovirus + - - + +
Métapneumovirus - - - + ±
* Les différents types peuvent être détectés par une réaction unique couplant
les AC anti-1+2+3.
** Hors souches Urbani et TOR.