Dossier pédagogique L’Odyssée Distribution d’après l’œuvre d’Homère et la musique de Monteverdi • N’oubliez pas de distribuer les tickets avant d’arriver à l’Aula Magna • Soyez présents au moins 15 minutes avant le début de la représentation. Ecriture et mise en scène : Jean Hervé Appéré Direction musicale : Augusto de Alencar Avec Frédéric Barthoumeyrou Guillaume Collignon Augusto de Alencar Stéphan Debruyne Pierre-Michel Dudan André Fauquenoy Valérie Français Ana Isoux Jonathan Jolin Audrey Saad Assistante à la mise en scène : Valérie Bochenek Direction des chants : Mathieu Septier Chorégraphies : Augusto de Alencar Pantomimes : Valérie Bochenek Marionnettes : Lionel Ménard, Sébastien Puech, Carole Allemand Masques : Stefano Perocco di Meduna Costumes : Delphine Desnus Lumières : Edwin Garnier - les places sont numérotées, nous insistons pour que chacun occupe la place dont le numéro figure sur le billet. - la salle est organisée avec un côté pair et impair (B5 n’est pas à côté de B6 mais de B7), tenez-en éventuellement compte lors de la distribution des billets. • En salle, nous demandons aux professeurs d’avoir l’amabilité de se disperser dans leur groupe de manière à encadrer leurs élèves et à assurer le bon déroulement de la représentation. Merci ! Un spectacle de Comédiens & Compagnie en coproduction avec Burlesques Associés. Avec le soutien du Mois Molière, Théâtre municipal du Château d’Eu - scène conventionnée, France Active Île de France. Dates : 12 au 15 janvier 2016 Lieu : Aula Magna Durée du spectacle : 1h45 Réservations : 0800/25 325 Contact écoles : Adrienne Gérard [email protected] - 010/47.07.11 Sommaire 1. La pièce Le résumé La troupe Comédiens & Compagnie Note d’intention Une commedia dell’arte 2. L’Odyssée d’Homère Homère L’Odyssée L’œuvre homérique à travers les époques 3. Il Ritorno Monteverdi d’Ulisse in Patria de Monterverdi Il Ritorno d’Ulisse in Patria 4. Opéra et mythologie 5. Focus sur L’Odyssée certains personnages de 2 1. La pièce 1. Le résumé L’Odyssée relate le retour chez lui du héros Ulysse qui, après la Guerre de Troie, met dix ans à revenir dans son île d’Ithaque pour y retrouver son épouse Pénélope, qu’il délivre des prétendants, et son fils Télémaque. Au cours de son voyage en mer, rendu périlleux par le courroux du dieu Poséidon qui sème les tempêtes, Ulysse rencontre de nombreux personnages mythologiques comme la Nymphe Calypso, la princesse Nausicaa, le Cyclope, la magicienne Circé ou les Sirènes. Il affrontera autant la violence des éléments et des dieux que celle des hommes. Le spectacle commence au chant V de l’Odyssée d’Homère et fait l’impasse sur le passage dans lequel Télémaque recherche son père. Pour des raisons de compréhension, le spectacle suit les événements chronologiquement, à l’inverse du récit homérique qui est fait de retours en arrière et de digressions poétiques ou historiques. 2. La troupe Comédiens & Compagnie Au fil de ses spectacles, la troupe française Comédiens & Compagnie s’attache à toucher un public diversifié et à rendre accessibles des chefs-d’œuvre de notre culture occidentale, comme Le Mariage de Figaro (accueilli au Théâtre Jean Vilar la saison passée), La Nuit des rois (en 2010), et bientôt Le Malade imaginaire. Aujourd’hui, elle nous présente une Odyssée accessible, musicale, spectaculaire. 3. Note d’intention Dans une mise en scène inventive, la troupe de Comédiens & Compagnie mêle le poème homérique à la musique de Monteverdi, qui crée Le Retour d’Ulysse dans sa patrie en 1640. C’est à cette époque que Jean Hervé Appéré, metteur en scène et adaptateur, situe le spectacle : Nous sommes dans la première partie du XVIIe siècle, une troupe de comédiens dell’arte donne une représentation de L’Odyssée. Ils utilisent les techniques de leur époque : le poème est structuré dans un canevas traditionnel ; les costumes oscillent entre une Grèce antique imaginaire et leur propre époque ; toutes les techniques de narration sont utilisées comme le conte, la rhétorique théâtrale, les improvisations, la pantomime, les chants ; des éléments spectaculaires sont intégrés dans le spectacle comme cela se faisait jadis : musique et chants (2 musiciens-comédiens accompagnent 8 comédiens-chanteurs-musiciens pour notamment interpréter Le Retour d’Ulysse dans sa patrie de Monteverdi, avec dulciane, flûtes à bec, cromornes, chalumeau, chalémie, guitares et autres), danse, acrobaties, cascades, marionnettes géantes, jeux de masques, machineries élémentaires, fumées et tambours... le tout au service de cette sensation de cauchemar que l’on peut avoir en suivant les 3 aventures d’Ulysse : il a un but unique, retourner chez lui, et tout et tous se liguent pour l’en détourner. Le chaos qui construit son destin nous fait penser à ces rêves difficiles où nous tournons en rond à la recherche de quelque chose alors que nous sommes expressément attendus ; ce rêve qui attend le comédien une nuit ou l’autre, dans lequel il devrait jouer mais est toujours à chercher un costume ou un masque au dernier moment pour au final rater son entrée sur scène, voire même arriver sur le plateau soit en oubliant son texte soit devant un public... qui a quitté la salle. Ce cauchemar, qui active autant le drame que le burlesque, est la toile de fond de tout le spectacle. D’où des comédiens au service de l’action par la qualité de leur jeu gestuel ; ils doivent également affronter la richesse dramatique du texte et mettre en valeur les moments comiques qui jalonnent le récit, ces mêmes aspects burlesques que les anciens de la Renaissance, comme Rabelais, se plaisaient à débusquer ou à tout simplement inventer. Si la narration est exclusivement empruntée à Homère, les dialogues, eux, hormis bien sûr ceux que l’on retrouve tels quels dans le poème, seront construits selon la rhétorique théâtrale chère aux comédiens italiens puis emprunteront certaines répliques à Shakespeare, Sophocle, Eschyle, Aristophane. Cette politique d’emprunt garantira des dialogues rapides et le bon rythme du spectacle. Notre Odyssée veut offrir un moment de spectacle complet : violent, cruel, tragique, tendre, comique, musical, spectaculaire, un projet enthousiasmant pour Comédiens & Compagnie qui expérimente depuis plus de 10 ans une certaine idée de la commedia dell’arte, faite de bouts de ficelles, de morceaux de bois, de draps et d’imagination. Jean Hervé Appéré, metteur en scène et adaptateur 4. Une commedia dell’arte Dans sa note d’intention, le metteur en scène parle de la commedia dell’arte et des procédés typiques de ce genre que l’on peut retrouver dans L’Odyssée : les masques, la pantomime (le jeu gestuel), le mélange des disciplines... Incontournable de la culture européenne, la commedia est un genre théâtral au sein duquel l’improvisation et le burlesque détiennent une place prépondérante. Apparu siècle en Italie, ce genre a très vite connu un franc succès frontières de son pays d’origine. dell’arte comique au XVIe hors des La commedia dell’arte n’est pas un art écrit, c’est un art d’improvisation. Les acteurs concevaient la pièce spontanément autour d’un canevas usuel et souvent simpliste. Ce scénario conventionnel est toujours de l’ordre de la comédie à destination du grand public. Les personnages eux-mêmes ne sont que des stéréotypes exacerbés du peuple et des malices quotidiennes. La commedia dell’arte est une création collective dépendant entièrement des acteurs et de la solidarité établie entre eux. La troupe est véritablement une équipe soudée et unie. Tous portent 4 des masques monstrueux mais toutefois comiques, excepté les amoureux. Acrobates, ménestrels, comédiens mêlent le chant, la danse et l’art théâtral à des acrobaties, des jeux corporels et gestuels cocasses, des obscénités et des bagarres sans retenue. Typique de ce style, les lazzi, intermèdes hilarants sans lien avec l’histoire, ponctuent incessamment les représentations. La commedia dell’arte a inspiré bon nombre d’illustres auteurs classiques, notamment Molière avec ses célèbres fourberies. 5 2. L’Odyssée d’Homère 1. Homère Bien des mystères planent autour de l’existence d’Homère. L’auteur – que la tradition représentait comme un aède (« chanteur », poète) aveugle qui parcourait le monde méditerranéen en déclamant ses vers – est le plus ancien des écrivains grecs dont l’œuvre nous soit parvenue. On le considère comme l’auteur de l’Iliade et de l’Odyssée, poèmes fondateurs de la littérature grecque antique. Son existence fut entourée de légendes dès le VIe siècle avant J.-C. Une vie méconnue La vie d’Homère nous échappe presque totalement. Bien que sept villes se soient disputé l’honneur de lui avoir donné le jour, il était sans doute né à Smyrne (aujourd’hui Izmir, en Turquie), avait vécu à Chio et était mort à Ios, l’une des îles des Cyclades. On le disait aveugle, mais ce détail est probablement légendaire. À quelle époque a-t-il vécu ? « Homère n’a vécu que quatre cents ans avant moi », écrit Hérodote (Histoires, II, 53), c’est-à-dire vers 850 avant J.-C., date dont rien n’infirme l’exactitude. Au cours de l’Antiquité déjà, certains questionnent la paternité de l’œuvre homérique, mais c’est à la fin du XVIIe siècle que se pose véritablement la « question homérique ». Des érudits mettent en doute l’unité et l’authenticité des poèmes homériques, et même l’existence du poète. Cette question divise aujourd’hui encore, sans occulter la portée essentielle de l’œuvre. Des épopées illustres Dès le VIIe siècle avant J.-C. se forment des groupes d’« homérides », qui se déclarent descendants du poète et récitent ses vers. L’œuvre est très vite connue de tout le monde grec, sans que l’on sache rien des détails de sa transmission et de sa transcription. Divisés chacun en vingt-quatre chants, appelés rhapsodies (œuvres d’un rhapsode, sorte de barde itinérant) par les Anciens, l’Iliade et l’Odyssée constituent le plus vaste ensemble de la littérature grecque : un peu moins de 16 000 vers pour l’Iliade, un peu plus de 12 000 pour l’Odyssée. Deux œuvres dissemblables L’un et l’autre poèmes sont radicalement dissemblables dans leur conception. Alors que l’Iliade est née tout entière d’une situation morale (la colère d’Achille lors de la guerre de Troie) – c’est-à-dire de la passion de son héros –, les événements dans l’Odyssée ne procèdent pas d’une nécessité intime. Au cours de ses aventures, Ulysse subit sa destinée. Il ne la commande pas. Tout lui est imposé 6 et en dépit de son adresse, il ne semble pas pouvoir gouverner à sa guise l’ordre des choses. L’Iliade est plus dramatique que l’Odyssée, où la narration tient souvent plus de place que l’action. D’autre part, si, dans l’Iliade, la trame du récit paraît remarquablement nette, serrée dans l’espace de quelques jours, les événements dans l’Odyssée s’étalent sur une durée bien supérieure, sans compter la période de quelque dix ans au cours de laquelle s’écoulent les aventures d’Ulysse. À l’unité de temps de l’Iliade correspond l’unité de lieu : tout se passe dans un camp, sous les remparts de Troie. Au contraire, l’Odyssée offre plusieurs théâtres à l’action (la mer, les îles, la campagne, le palais d’Ulysse). 2. L’Odyssée L’Odyssée satisfait spontanément notre besoin de romanesque et d’aventures, un certain goût pour le mystère et le dépaysement. Le lecteur s’évade dans le temps comme dans l’espace, en suivant Ulysse pas à pas dans ces terres lointaines, quand ce n’est pas au pays des morts et sur ses plages d’ombre. L’imagination du poète se déployant avec une suprême aisance – et beaucoup d’habileté – entraîne sans peine vers des horizons étranges ou au contraire rassurants. Ulysse attaché au mât de son avir pour ne pas succomber aux sirènes, mosaïque romaine L’Odyssée se présente comme un roman d’aventures emmenant son héros dans des pays fabuleux. Les épisodes terrifiants succèdent aux péripéties merveilleuses, et Ulysse n’a que son intelligence et sa ruse pour échapper à la cruauté du Cyclope Polyphème ou aux séductions dangereuses de Circé. Ces contrées mystérieuses, dans lesquelles les historiens modernes ont reconnu différents pays de la Méditerranée, représentent en fait les étapes d’un voyage initiatique. L’Odyssée est une épopée, non plus guerrière et héroïque comme l’Iliade, mais humaine. Il n’y a qu’un seul personnage, Ulysse, à la fois fidèle et inconstant, dont le caractère se trempe dans sa lutte contre l’adversité et les forces naturelles. Voici une carte retraçant le parcours d’Ulysse dans L’Odyssée : 7 1. Un poème en trois parties • La Télémachie (chants I-IV)1 Télémaque – fils d’Ulysse –, sur les conseils d’Athéna, quitte Ithaque occupée par les prétendants de sa mère Pénélope et, pour avoir des nouvelles de son père, se rend successivement à Pylos chez le roi Nestor, puis à Sparte chez Ménélas. • Les récits d’Ulysse (chants V-XIII) Cette partie évoque la dernière navigation d’Ulysse, qui se décide à quitter la nymphe Calypso pour regagner Ithaque. Après dix-huit jours en mer, il affronte une terrible tempête, envoyée par Poséidon, qui le jette sur la côte des Phéaciens. Nausicaa, la fille du roi du pays, trouve le naufragé et le ramène dans le palais de son père, qui accueille généreusement Ulysse. Au cours d’un banquet donné en son honneur, le héros entend un aède chanter les épisodes de la guerre de Troie. Incapable dans son émotion de dissimuler plus longtemps son identité, il avoue qu’il est Ulysse et se prépare à raconter ses aventures. Les chants IX à XIII reprennent alors les voyages d’Ulysse depuis la fin de la guerre de Troie. Les pérégrinations du héros l’amènent successivement chez les Lotophages, les Cyclopes, les Lestrygons anthropophages, la magicienne Circé, qui transforme les compagnons d’Ulysse en cochons, aux Enfers, en mer où il affronte les Sirènes, enfin chez la nymphe Calypso, qui le retient dans son île pendant plusieurs années. • La vengeance d’Ulysse (chants XIV-XXIV) Après ce retour en arrière, l’action de l’Odyssée reprend : les chants XIV à XVI racontent le retour d’Ulysse à Ithaque. Déguisé en mendiant, il se rend chez son porcher, le vieil Eumée, et retrouve Télémaque, de retour de Sparte. Le père et le fils se préparent alors à chasser d’Ithaque les prétendants. Commence ainsi l’épisode final de l’Odyssée (chants XVII à XXIV) : toujours déguisé en mendiant, Ulysse arrive dans son palais où personne ne le reconnaît, hormis son chien et sa vieille nourrice Euryclée. Il subit les insultes des prétendants, mais, lorsque Pénélope feint de vouloir épouser celui qui sera capable de se servir de l’arc d’Ulysse, il révèle son identité et massacre les prétendants. L’épopée se conclut sur les retrouvailles d’Ulysse et de Pénélope. 3. L’œuvre homérique à travers les époques Nulles œuvres ne furent plus écoutées et lues que L’Iliade et L’Odyssée. Les quelque 27 000 vers attribués au poète Homère ont perduré des siècles durant grâce à la transmission orale et aux manuscrits. En 1488, une édition de L’Iliade et L’Odyssée est imprimée en pleine Renaissance florentine. Au XVIe siècle, s’établit un « âge d’or homérique », comme en témoigne la multiplication des thèmes homériques dans les Beaux-Arts. L’influence d’Homère va irriguer en 1 Cette première partie n’est pas reprise dans le spectacle. 8 France les productions de la Pléiade et inspirer des auteurs comme Ronsard et Du Bellay. A la fin de la Renaissance, des musiciens s’emparent de l’œuvre d’Homère, comme Zamponi et son Ulisse all’Isola di Circe ; Monteverdi et Il ritorno d’Ulisse in patria. Plus tard, les romantiques vouent une grande admiration au « prince des poètes ». Et au XXe siècle, la littérature revient aux sources homériques pour évoquer l’époque contemporaine avec des œuvres comme La Guerre de Troie n’aura pas lieu de Jean Giraudoux ou Ulysse de James Joyce. 9 3. Il Ritorno d’Ulisse in patria de Monteverdi 1. Claudio Monteverdi (1567-1643) Compositeur italien, Monteverdi se situe à la charnière de la Renaissance et de la musique baroque naissante. Il apprend la musique à Crémone auprès de Marc-Antonio Ingegneri, illustre polyphoniste, et, à tout juste 15 ans, il publie un recueil de motets (compositions sacrées à plusieurs voix). Mais ce sont trois livres de madrigaux (pièces musicales profanes pour plusieurs voix) qui lui valent ses premiers succès. Ces œuvres renouent avec une veine populaire typiquement italienne : par leur ton, direct et spontané, elles sont l’expression privilégiée des mouvements du cœur. Outre le chant, Monteverdi maîtrise également la viole ce qui lui permet d’entrer dans la cour du duc de Mantoue en 1590 en tant que maître de musique. Monteverdi compose des œuvres dont l’harmonie et l’expressivité l’éloignent de plus en plus des canons de la Renaissance. En 1607, suite à une commande pour une représentation musicale d’Orphée, Monteverdi entre véritablement dans l’Histoire en instaurant les bases de l’opéra moderne. Il trouve avec L’Orfeo les inflexions justes et une taille d’orchestre adéquate. Gagnant la célébrité dans toute l’Europe, Monteverdi devient l’un des principaux représentants de la musique dramatique et baroque. En 1613, Monteverdi obtient la charge de maître de chapelle à la basilique St-Marc de Venise. Dirigeant une vingtaine d’instrumentistes et une trentaine de chanteurs, il jouit alors d’une incomparable liberté de création, qui voit naître une production diverse et variée. L’opéra connaît de plus en plus de succès à Venise et Monterverdi décide d’aller plus loin dans le processus de création en accompagnant ses créations d’une variété de personnages et de sentiments, d’une dramaturgie riche et d’un mélange équilibré de tragique et de bouffon. C’est dans ce contexte qu’il compose Le Retour d’Ulysse dans sa patrie (1640) et Le Couronnement de Poppée (1642). Les créations de Monteverdi passent rapidement de mode après sa mort en 1643. Oubliée pendant deux siècles et demi, méprisée par Verdi lui-même, l’œuvre du compositeur n’est redécouverte qu’au début du XXe, grâce principalement à la reconstitution d’Orfeo par Vincent Indy en 1905. Depuis lors, la musique baroque a pleinement retrouvé droit de cité et de nombreux chefs d’orchestre se sont efforcés de renouer avec un style et un son d’époque. 2. Il Ritorno d’Ulisse in patria Inspiré des douze derniers chants de l’Odyssée, Il ritorno d’Ulisse in patria voit le jour à Venise en février 1641 et rencontre un vif succès. La musique est signée Monteverdi et le livret est écrit par Giacomo 10 Badoroa. Cette œuvre est emblématique : elle est l’une des premières de l’histoire de l’opéra. Avant-dernier opéra de Claudio Monteverdi, Le Retour d’Ulysse dans sa patrie fait partie de ses trois œuvres régulièrement reprises aujourd’hui, aux côtés de L’Orfeo (1607) et du Couronnement de Poppée (1642). 11 4. Opéra et mythologie Après Monteverdi, l’opéra continue à entretenir des rapports étroits et réguliers avec la mythologie. Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, également à Venise, Francesco Cavalli propose La Calisto, d’après une métamorphose d’Ovide. Le mythe d’Orphée, traité par Monteverdi dans L’Orfeo, se décline à nouveau en 1774 avec Orphée et Eurydice de Gluck. Au XIXe siècle, Offenbach s’empare du thème dans son parodique Orphée aux enfers. Hector Berlioz, en 1863, puisera chez Virgile la matière des Troyens, œuvre monumentale qui ne sera intégralement jouée pour la première fois qu’en 1890. Au siècle dernier, Richard Strauss visite à son tour le mythe d’Ariane, abandonnée sur l’île de Naxos, dans Ariadne auf Naxos (1912) et fait résonner dans Daphné (1938) quelques échos de l’une des plus belles métamorphoses d’Ovide. Mais la mythologie greco-latine n’est pas la seule à s’illustrer sur les scènes d’opéras. Ainsi, Wagner composer une Tétralogie (composée de L’Or du Rhin, La Walkyrie, Siegfried et Le Crépuscule des Dieux) qui s’inspire des mythologies nordiques et germaniques. 12 5. Focus sur certains personnages de L’Odyssée Au fil du spectacle, les personnages mythologiques se relaieront sur scène. Nous vous présentons certains d’entre eux. • Ulysse est le personnage principal de L’Odyssée. Il est le roi d’Ithaque, mari de Pénélope et père de Télémaque. Après s’être distingué pendant la guerre de Troie, aussi bien par ses sages conseils que par les armes, il veut regagner Ithaque. C’est le début d’un long voyage en mer... Ulysse aveuglant le Cyclope Amphore (VIIe s. av. J.-C.) • Fille de Zeus, Athéna est la déesse des combats, des arts et de la sagesse. Elle protège Ulysse dans son periple. • Le Cyclope est un géant qui ne possède qu’un gros œil au milieu du front. Il est le fils de Poséidon, dieu des mers, qui en voudra à Ulysse d’avoir aveuglé le Cyclope et tentera dès lors par tous les moyens de le tenir éloigné de son pays. Dans la mythologie grecque, ces géants apparaissent dans de nombreuses légendes avec des caractéristiques diverses. Chez Homère, les cyclopes sont un peuple de pasteurs sauvages qui se distinguent non seulement par leur taille gigantesque et leur œil unique, mais aussi par la férocité de leur mœurs. • Hermès est le dieu des voyageurs, des commerçants, des voleurs. Il protège Ulysse de Circé. • Circé dont le nom en grec signifie « oiseau de proie » est douée de pouvoirs extraordinaires, capable de faire descendre les étoiles du ciel, mais elle excellait dans la préparation de philtres, de poisons et de breuvages de toutes sortes, propres à transformer les êtres humains en animaux. • Charon est le passeur qui permet aux âmes des morts de traverser le fleuve des Enfers2, moyennant une offrande. • Les sirènes sont des démons marins femelles représentés sous la forme d’oiseaux ou de poissons avec tête et poitrine de femme et dont les chants séducteurs provoquaient des naufrages. Circé Peinture de Wright Barker (1900) ulysse et les sirènes V. 480-470 av. J.-C. 2 Les Enfers, qu’il vaudrait mieux appeler le «monde souterrain», étaient le lieu où résidaient toutes les ombres des morts. Les Enfers dans la mythologie grecque n’ont rien à voir avec la conception chrétienne de l’Enfer tout au moins à l’origine. Ici venaient toutes les âmes des défunts mais les Enfers étaient divisés en plusieurs régions où allaient les ombres en fonction de leur vie terrestre 13 6. Sources www.larousse.fr www.universalis.fr mythologica.fr www.herodote.net DUMONTET Gérard, « Monteverdi, un grand révolutionnaire », dans Osez l’Opéra, Journal de L’Opéra de Nice Côte d’Azur, avril 2013. GERVOT Christophe, « Il Ritorno d’Ulisse in patria, aux sources de l’opéra... », dans Osez l’Opéra, Journal de L’Opéra de Nice Côte d’Azur, avril 2013. Dossier pédagogique : L’Odyssée, réalisé par la troupe Comédiens & Compagnie, 2014. Dossier pédagogique : Le Retour d’Ulysse dans sa patrie, mis en scène par Christophe Rauck en 2013, http://wents-users.cccommunication. biz/129093/docs/pedago_le_retour_ulysse.pdf 14