Les 7èmes journées scientifiques et techniques du CETMEF – Paris – 8, 9 et 10 décembre 2008
Il est attendu également que les événements extrêmes soient plus fréquents et intenses, que les
courants océaniques soient affectés par le changement global, ... Les améliorations apportées aux
modèles climatiques régionalisés préciseront ces projections toujours sujettes à réajustements ou à
remises en cause au fur et à mesure des avancées scientifiques ainsi qu'aux choix sociétaux et
comportementaux, notamment politiques d'atténuation et rétroactions économiques. On peux noter
cependant que les améliorations apportées aux modèles climatiques n'ont pas modifié
fondamentalement les résultats depuis les premiers rapports (1990, 1995, 2001), à savoir que le
réchauffement planétaire va se poursuivre et que son ampleur sera plus ou moins importante en
fonction des émissions de GES futures, et ce en raison de l'inertie des systèmes climatiques.
En effet, même si les émissions de GES étaient stoppées aujourd'hui (surtout CO2), ces
changements se poursuivraient pendant plusieurs décennies, voire plusieurs siècles dans le cas du
niveau marin. Selon les estimations, la part anthropique représente 4 % des émissions mondiales de
GES, tandis que les sources principales sont les océans (40%), la végétation (27%) et le sol (27%).
Le transport de marchandises et le trafic y contribuent à hauteur de 23% et la navigation représente
10% de cette fraction (GIEC, Kahn Ribeiro et al., 2007). Malgré cette contribution marginale qui
lui confère souvent le qualificatif de mode de transport respectueux de l'environnement (la
navigation n'est pas soumise aux quotas édictés par le protocole de Kyoto), le secteur de la
navigation doit contribuer aux effort d'atténuation et, considérant sa vulnérabilité, développer des
stratégies d'adaptation au changement climatique en train de se produire. Le réchauffement
climatique a un impact significatif sur les écosystèmes, la biodiversité et sur de nombreuses
activités économiques, dont la navigation. La discussion scientifique et politique actuelle ne porte
pas sur la survenue effective ou non du réchauffement climatique mais sur la vitesse d'apparition
des processus et la vulnérabilité des systèmes naturels et humains à leur encontre. Le but est
d'adapter la société aux changements inévitables, de diminuer leur impact, et/ou de profiter des
opportunités qu'offre le changement climatique; la navigation maritime et fluviale doit s'y préparer.
Il est primordial également pour le monde de la navigation de comprendre l'importance des scenarii
de changement climatique global du GIEC, la variabilité spatiale des impacts projetés et les
incertitudes inhérentes aux analyses de tendances, qu'elles soient structurelles ou quantitatives :
guide sur les incertitudes (WMO et UNEP, 2005). Les scenarii (GIEC, 2000) les plus couramment
employés sont les scenarii A2 (hausse rapide des émissions de gaz à effet de serre), B2 (scénario
modéré) et A1B (intermédiaire entre ces deux, proche de B2). Les projections sont établies à partir
de ces scenarii, tout comme les impacts et réponses potentiels.
Nous présenterons donc successivement les processus touchés par le changement climatique, leur
impacts et incidences sur les domaines maritimes puis fluviaux, les stratégies d'atténuation possibles
et les opportunités pour les deux secteurs d'activité.
2 Impacts sur la navigation maritime
Bien que les processus climatiques à grande échelle soient la conséquence des échanges
océan/atmosphère, très peu d'études sont consacrées aux impacts sur le domaine maritime par
rapport à la richesse des résultats disponibles en domaine continental. Ce paradoxe est dû
notamment aux séries de données plus courtes et plus rares et aux conséquences moins prégnantes
sur les océans pour les terriens que nous sommes. Les problèmes littoraux, la vulnérabilité des cotes
basses sableuses sont davantage étudiés et présentent une bibliographie plus conséquente, tout
comme l'évolution hydrosédimentaire des deltas. Les impacts sur la navigation maritime, qui
totalise pourtant 90% des échanges commerciaux mondiaux, doivent donc être déduits à partir de
recherches entreprises dans d'autres domaines (i.e. risques côtiers, approvisionnement en eau,
protection des centrales nucléaires, ...) et de façon synthétique du rapport n°2 du GIEC (Parry, M.L.
et al, 2007).