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© Université de Liège - http://reflexions.ulg.ac.be/ - 19 April 2017
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Et si, un jour, un médicament permettait de soigner la microcéphalie ? De la contrer dès que les premiers
signes sont détectés dans l'embryon ? « Pour le moment, c'est encore de la science-fiction, sourit Laurent
Nguyen, chercheur FNRS et superviseur de l'unité de recherche neurosciences du GIGA. En tout cas,
on est en train de tester cette hypothèse. Cela vaut la peine ! » Rendez-vous dans quelques années. En
attendant, la recherche fondamentale a déjà permis de lever un coin du voile sur les raisons moléculaires de
cette malformation corticale. Les résultats de ce travail de longue haleine (l'équipe liégeoise planche sur ce
sujet depuis cinq ans) viennent d'être publiés dans la revue américaine Developmental Cell(1) et s'inscrivent
dans le prolongement de recherches menées sur Elongator et d'un article publié dans la prestigieuse revue
Cell en 2009.
Elongator ? Rien à voir avec le titre d'un blockbuster américain interprété par un acteur tout en muscles. Ce
terme désigne un complexe - un « groupement » de protéines - qui est composé de 6 sous-unités. Dont
deux sont particulièrement importantes : « Elp 1 » dont le rôle est l'assemblage du complexe, et « Elp 3 »,
la sous-unité enzymatique qui possède la capacité d'acétyler les substrats, d'ajouter un groupement acétyle
sur une molécule.
Il suffit d'un défaut…
Un petit défaut de « développement » pendant la gestation chez l'un ou chez l'autre peut être lourd de
conséquences. « C'est comme pour le plan d'un architecte, compare Laurent Nguyen. Si une erreur se glisse
dans le dessin du plan, on risque des problèmes de stabilité voire d'effondrement du bâtiment. En génétique,
c'est un peu la même chose ». Ainsi, on sait qu'une mutation dans le gène qui code pour Elp 1 conduit à la
dysautonomie familiale, une pathologie génétique très rare caractérisée par des problèmes de développement
et de survie de certains neurones du système nerveux périphérique, qui touche principalement la population
juive ashkénaze. La mutation du gène de Elp2 a récemment été associée à la déficience intellectuelle,
qui caractérise également les patients microcéphales. Pour sa part, l'altération d'Elp 3 conduit notamment
à la sclérose latérale amyotrophique, mieux connue sous le nom de maladie de Charcot, cette maladie
neurodégénérative des motoneurones.
Bref, Elongator et ses différentes sous-unités sont liés au développement et à la survie des neurones. Dans
le premier papier publié dans Cell en 2009, l'équipe de l'ULg avait démontré qu'il avait un rôle important
dans le cortex en développement. « Lorsqu'on induisait une réduction de l'expression aigue du complexe au
milieu de la corticogenèse (processus de construction du cortex cérébral, NDLR), on observait des défauts
de migration, de maturation, de différenciation des neurones de projection du cortex, relate Laurent Nguyen.
Par contre, on ne comprenait pas pourquoi les cellules souches et les progéniteurs » étaient épargnés et ce
malgré l'expression du complexe dans ces dernières.
Une cellule souche donne naissance à des neurones. Soit directement (on parle de neurogenèse directe, qui
se déroule surtout au début de la corticogenèse) ou indirectement (neurogenèse indirecte, surtout présente
à la fin de la corticogenèse). Dans le second cas de figure, la cellule souche produit alors des « progéniteurs
intermédiaires » qui fonctionnent comme des amplificateurs qui servent à produire plus de neurones.
Cibler Elongator
En 2009, les chercheurs liégeois étaient surpris que la manipulation génétique utilisée dans le but d'altérer
l'expression d'Elongator entraînait des conséquences dans les neurones mais pas leurs progéniteurs. « On
s'est dit que l'approche technologique n'était probablement pas appropriée pour l'analyse des progéniteurs».