La notion de QALYS est une valeur numérique attribuée à chaque
stade de l’état clinique (1 = parfaite santé, 0 = décès). Pour calculer
les années de vie gagnées, pondérées par la qualité de vie, on estime
la durée de chaque stade clinique auquel on assigne une valeur de
qualité. On multiplie ensuite les deux variables numériques et on les
additionne. Les valeurs de QALYS proviennent soit d’une attribu-
tion par le patient lui-même, soit d’échelles de préférence :
– Health Utilities Index (Torrance GW et al. Operations
Research 1982 ; 30 : 1043-69) ;
–Disability/Distress Index (Rosser RM [Hopkins A, Costain B,
Eds]. Measuring the outcomes of medical care ; London : Royal
College of physicians 1990 ; 17) ;
– Q-tility Index (Weeks JC et al. Proceedings of the American
Society of Clinical Oncology 1994 ; 13 : 436) ;
✓De la gestion des variables aléatoires : que ce soit au niveau
de l’évolution clinique, des ressources utilisées ou des valeurs accor-
dées à la QALYS. Une analyse de sensibilité du modèle doit être
pratiquée avec un ou plusieurs paramètres, avec détermination du
seuil qui conduirait à une modification de la décision politique.
L’analyse probabiliste de sensibilité permet d’incorporer au
modèle la probabilité de distribution des variables aléatoires
avec une représentation graphique de la surface du ratio
coût/efficacité, de la courbe d’acceptabilité du ratio coût/effi-
cacité et, enfin, de l’analyse du bénéfice net.
✓De la fixation de la valeur seuil à partir de laquelle un ratio
coût/efficacité est acceptable.
Ce seuil varie selon le contexte. Aux États-Unis, il pourrait se
situer entre 20 000 et 100 000 $/QALYS par année de vie pon-
dérée par la qualité.
Étude de coût/efficacité de la prévention des complications
du sida (CEPAC), à destination des autorités de santé
(K.A. Freedberg, Massachusetts General Hospital, États-Unis)
Cette simulation informatique de l’infection à VIH permet une
comparaison des évolutions cliniques avec les rapports “coût/effi-
cacité” en intégrant dans le modèle mathématique les taux de
CD4, les différentes stratégies antirétrovirales et la charge virale.
Les valeurs proviennent de différentes bases de données. Cette
étude concerne la prophylaxie primaire et secondaire des infec-
tions opportunistes : pneumocystose, toxoplasmose, mycobac-
térie atypique, cytomégalovirus, infections fongiques.
La méthodologie est la suivante :
– On utilise un million de simulations. Chaque patient hypo-
thétique est tiré au sort à partir de la distribution initiale de l’âge,
du sexe, du taux de CD4 et de la charge virale avec le suivi de
chaque événement clinique (pneumocystose ou décès).
– L’espérance de vie, la détermination des QALYS et des coûts
médicaux directs sont calculées selon la perspective de la col-
lectivité en fonction de l’unité ($/QALY), avec un taux d’ac-
tualisation de 3 % par an.
Ce modèle a permis de calculer le rapport coût/efficacité de la
trithérapie en fonction de la charge virale du patient, de l’uti-
lisation des tests de résistance, de l’arrêt de la prophylaxie de
la pneumocystose en cas de restauration de l’immunité, des pro-
grammes d’aide à la compliance.
Y. Yazdanpanah et al. (XIIIth International Aids Conference
2000) ont utilisé ce modèle pour déterminer le coût/efficacité
des prophylaxies des infections opportunistes en France, à par-
tir des données des CISIH de Tourcoing et d’Aquitaine, sur le
plan de l’histoire naturelle de la maladie et du coût. Une ana-
lyse bibliographique a permis de déterminer l’efficacité des dif-
férentes stratégies de prophylaxie. Les résultats sont décrits
dans le tableau I.
Le modèle peut être utilisé pour évaluer le rapport coût/
efficacité d’autres stratégies, comme la généralisation du test
de dépistage des patients hospitalisés, la centralisation de la
mesure de la charge virale dans un centre de référence ou encore
du délai de mise en route d’un traitement antirétroviral.
Des critiques peuvent être émises sur ce type d’approche : il
s’agit d’un modèle de simulation mathématique dont les don-
nées utilisées évoluent très rapidement. La démarche peut ne
pas paraître éthique pour certains, mais est-il éthique de gâcher
des ressources que l’on sait limitées ?
Face aux nombreuses questions et possibilités thérapeutiques
de l’infection à VIH, les cliniciens et les pouvoirs publics
disposent désormais d’outils leur permettant une aide à la
décision par ces analyses pharmaco-économiques.
Intérêt d’une analyse coût/efficacité
dans la mise au point de guides spécifiques
de recommandations des pratiques cliniques
(D.K. Owens, université de Stamford, États-Unis)
L’objectif des recommandations de pratiques cliniques est
double : l’amélioration de la qualité des soins et la réduction
des coûts par la suppression des pratiques inutiles, coûteuses
et sans efficacité supplémentaire.
Les guides de recommandations de pratiques cliniques
doivent prendre en compte les variations existantes parmi les
populations de patients sous peine d’être trop coûteux sans
entraîner une meilleure efficacité. Par exemple, le taux de
séroprévalence vis-à-vis du VIH varie selon le lieu d’hospita-
lisation (tableau II).
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La Lettre de l’Infectiologue - Tome XVI - n° 10 - décembre 2001
RÉUNIONS
Tableau I. Efficacité des différentes stratégies de prophylaxie des
infections opportunistes.
Stratégie prophylactique Coûts QALYS Ratio
(euros) (mois) (euros/QALY)
coût/efficacité
Pas de prophylaxie 191 000 111,9 –
TMP/SMX 193 000 113,7 17 000
TMP/SMX azithromycine 195 000 114,5 18 000
TMP/SMX, azithromycine,
fluconazole 198 000 115,6 39 000
TMP/SMX, azithromycine,
fluconazole, ganciclovir 217 000 116,1 491 000
TMP/SMX : cotrimoxazole.