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Missionnaires Serviteurs des Pauvres du Tiers-Monde
Missionnaires Serviteurs des Pauvres du Tiers-Monde
Février 2016
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Chers Amis
Laudetur Jezus Christus!
Dans le présent article je veux
continuer à rééchir sur la néces-
sité de bien comprendre notre
charisme en vue de l’évangélisa-
tion pour ne pas courir le risque
de transformer l’Opus Christi Salvatoris Mundi en une organisa-
tion non gouvernementale (une ONG). Nous sommes faits pour
évangéliser, porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, particulière-
ment à ceux qui vivent dans les régions les plus lointaines et les
plus isolées, à ceux qui ne sont pas assistés, ou le sont seulement
en partie, de ce point de vue de l’évangélisation. Mon expérience
missionnaire m’a convaincu que le missionnaire évangélise vrai-
ment s’il travaille à trois niveaux complémentaires entre eux. En
premier lieu, le missionnaire se préoccupe de sa conversion per-
sonnelle, qui doit être un engagement de chaque jour, parce que
c’est seulement en se tenant près du Cœur de Jésus assoiffé des
âmes, que l’on peut expérimenter ce que Saint Paul nous a expri-
mé dans la lettre aux Corinthiens : “Malheur à moi si je n’annonce
pas l’Evangile !” (1 Co 9, 10).
En second lieu, le missionnaire a l’obligation d’exciter dans le
cœur des autres, spécialement les baptisés, la fantastique créativité
de l’Esprit, pour utiliser tous les moyens disponibles pour porter
aux pauvres la Parole de Dieu, le Pain de l’Eucharistie et le pain
matériel. Les rencontres et les retraites que nous organisons en
différents pays du monde ont uniquement cette nalité. En vivant
avec les pauvres, j’ai découvert que dans le champ de l’apostolat
on commet un grand péché que l’on a de la difculté à ““avouer : le
péché d’omission du bien que l’on pouvait faire et que l’on ne fait
pas. Si les Frères et les Sœurs, les Prêtres et les Familles mission-
naires, que nous avons engagés dans notre Mouvement, n’avaient
pas dit leur “Oui” au Seigneur, quel eût été l’avenir de nos enfants
et des pauvres que nous assistons et évangélisons ? “Nous avons
le devoir d’être vigilants et conscients en repoussant la tentation
de l’indifférence (…) Nous devons apprendre à nous tenir avec les
pauvres. N’ayons pas la bouche pleine de belles paroles sur les
pauvres ! Rencontrons-les, regardons-les les yeux dans les yeux,
écoutons-les. Les pauvres sont pour nous une occasion concrète
de rencontrer le Christ lui-même, de toucher sa chair souffrante”
(S.S. le Pape François, Message pour la 25° Journée Mondiale
de la Jeunesse, 2014). Par exemple, dans les prisons pour enfants
mineurs nous avons porté la lumière de l’Evangile : maintenant
ces jeunes s’ouvrent à la vie avec une sensibilité religieuse, se pré-
parent à la Confession et à la Première Communion. Ils se sentent
personnes dignes de respect et d’estime, en se considérant à par-
faite raison membres de la famille de Dieu, grâce au Baptême par
lequel Dieu est leur Père et le Christ leur frère aîné. En troisième
lieu, en prolongement des deux premiers points, le missionnaire
accomplit le travail d’évangélisation proprement dite. Avec le
souci de proclamer l’Evangile, il découvre que l’Evangile a réell-
menttoutes les solutions : non seulement aux situations de péché
et aux maladies spirituelles, mais aussi à celles du corps, à la faim,
à la mort et à tous les problèmes ! Ce n’est qu’en terre de Mission
que j’ai compris à fond cette parole du Christ : “Allez dans tout
le monde et prêchez l’Evangile à chaque créature” (Mc 16, 15).
Ce sont là les paroles les plus belles et les plus précieuses sorties
des lèvres de Jésus ! C’est pourquoi je ne me lasse pas de tra-
vailler pour donner aux pauvres de nombreux et de saints prêtres
missionnaires, de nombreux et saints missionnaires. Alors, notre
évangélisation, réalisée à ces trois niveaux, doit avoir les carac-
tères d’une évangélisation humble, silencieuse et, nécessairement,
marquée par la Croix. Sans l’humilité nous nous annonçons nous-
mêmes, même si nous faisons des catéchèses bien préparées, des
homélies riches de citations de la Bible et des Pères de l’Eglise
ou si nous faisons des raisonnements théologiques rafnés. S’il
n’y a pas l’humilité qui nous rend perméables à sa Parole, ce que
nous transmettrons ce sera nous-mêmes, c’est-à-dire une humanité
limitée et caduque qui, par elle-même a le pouvoir de satisfaire
pour un moment, du point de vue intellectuel et sentimental, mais
pas de sauver. Ainsi, sans l’humilité, nous trahissons l’Eglise, les
pauvres et nous-mêmes. D’une manière particulière dans le qua-
trième Chant du Serviteur de Dieu (Is 52, 13 – 53, 12), où sont pro-
phétisés l’humilité et le silence par lesquels il réalise sa mission
rédemptrice en s’offrant en holocauste comme un doux agneau,
nous apprenons que notre façon de réaliser la mission de service
doit consister en une évangélisation humble et silencieuse. De la
même manière que le Christ, le Serviteur du Seigneur annoncé
par la prophétie, et qui a accompli sa mission en s’offrant à Dieu
le Père pour son Epouse, l’Eglise, nous aussi nous devons être
avant tout des Serviteurs de Dieu et des Serviteurs de l’Eglise,
pour accomplir dèlement notre mission comme serviteurs des
plus pauvres.
Nous savons que Dieu a fait et fait encore ses meilleures
œuvres dans le silence : la création du monde, l’Incarnation de son
Fils dans le sein d’une femme ; ainsi, le cheminement silencieux,
humble et respectueux qu’Il accomplit dans le cœur de tout homme
lors du processus de conversion - même si souvent, à l’extérieur
il prend le caractère d’un cri imprévu - est en réalité l’ultime cha-
pitre d’un travail “silencieux” et “séducteur”progressivement et
patiemment accompli par le Seigneur. Nous devons donc évangé-
liser avec humilité, en silence et avec la Croix : dans la chambre
de chaque membre de l’Opus Christi il y a une croix, qui a pour
but de lui rappeler qu’on ne peut évangéliser sans se sacrier,
et qu’il n’y a pas d’autre chemin en dehors de celui tracé par le
Christ. Vouloir être missionnaire sans affronter des sacrices n’est
qu’illusion. Les MSPTM, s’ils veulent apporter l’ Evangile à ceux
qui sont le plus loin et s’ils veulent être dèles à leur charisme,
doivent aimer en vérité la vie missionnaire avec tous les sacrices
qu’elle comporte.
Demandons à Sainte Marie, Mère des Pauvres et Reine de
l’Evangélisation qu’elle nous apprenne à être d’authentiques por-
teurs du Christ, capables de l’apporter au pprochain, par le témoi-
gnage d’une vie de simplicité et de recueillement selon l’esprit de
lImitation du Christ, notre règle de vie, et dévoués à l’Eglise en
un don sans conditions, pour appartenir aux pauvres, et envoyés
aux pauvres pour les évangéliser et les servir.
Evangélisation (II)
“Il me semblait avoir un grand trésor ; je désirais le partager avec tous”
(Sainte Thérèse de Jésus [d’Avila] )
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Cher lecteur,
Après avoir institué et envoyé les Douze (Mc 3, 13-19 et
6, 7-13), Jésus donna à ce groupe des premiers missionnaires
quelques instructions (Mc 9, 35-50 et 10, 32-45). Dans celles-
ci, Jésus met l’accent sur l’attitude de service. Continuons à
apprendre de ce premier enseignement…
ECOUTE : « Jean lui dit : « Maître, nous avons vu quelqu’un
expulser des démons en ton nom, quelqu’un qui ne nous suit pas,
et nous voulions l’empêcher, parce qu’il ne nous suivait pas. »
Mais Jésus dit : « Ne l’en empêchez pas, car il n’est personne
qui puisse faire un miracle en invoquant mon nom et sitôt après
mal parler de moi. Qui n’est pas contre nous est pour nous.
Quiconque vous donnera à boire un verre d’eau pour ce motif
que vous êtes au Christ, en vérité, je vous le dis, il ne perdra pas
sa récompense. » »(Mc 9, 38-41).
MÉDITE : Jean, avec son frère Jacques, était appelé « ls du
tonnerre » ! (Mc 3, 17) Une fois, il avait voulu faire descendre le
feu du ciel pour consumer un village de samaritains, qui n’avait
pas voulu accueillir Jésus, et à cette occasion, Jésus l’avait
réprimandé (Lc 9, 52-56). Quel caractère !
Que se passait-il ? « Un homme expulsait des démons
au nom de Jésus. » Cet homme, pour pouvoir réaliser cet
authentique miracle, devait avoir la foi en le nom puissant de
Jésus. Saint Pierre, après avoir guéri un boiteux, explique ainsi
le miracle : « Par la foi en son nom, à cet homme que vous voyez
et connaissez, ce nom même a rendu la force, et c’est la foi en
lui qui, devant vous tous, l’a rétabli en pleine santé. » (Ac 3, 16).
Le nom de Jésus réalisait donc des merveilles…
Quel était le problème alors ? Cet homme « ne les suivait
pas »… il n’avait pas cette communion pleine, effective et
affective, avec le groupe des Douze. Malheureusement, nous
savons, et cela nous attriste, que tous ceux qui croient en Jésus
ne sont pas en pleine communion avec l’Eglise catholique, tous
n’acceptent pas l’enseignement des apôtres.
Pourtant, ceci ne nous autorise pas à les empêcher de
réaliser de grandes choses avec Jésus. La réaction de Jésus doit
nous interpeller nous aussi : « Ne l’en empêchez pas ». Dans
l’histoire de l’Eglise, « il est hélas arrivé – et il arrive encore
que des frères n’acceptent pas leurs différences, et nissent
par se faire la guerre » disait le Pape François lors de sa visite
au temple vaudois de Turin ce jeudi 22 juin (l’église vaudoise
fait aujourd’hui partie de l’église protestante). Le Pape nous y
invitait à « regarder avant tout la grandeur de notre foi commune
et de notre vie dans le Christ et dans l’Esprit Saint, et seulement
après, les divergences qui subsistent encore ».
Jésus n’est pas venu pour condamner le monde, mais pour le
sauver (Jn3, 17), et il ne veut pas « éteindre la mèche fumante »
(Mt 12, 20). Pour cela, même si beaucoup ne sont pas encore
en pleine communion avec l’Eglise, fondée sur les apôtres, ne
les condamnons pas, ne leur fermons pas la porte… A ce sujet,
l’histoire d’Apollos est édiante : celui-ci avait été instruit de
la Voie du Seigneur, et, dans la ferveur de son âme, il prêchait
et enseignait avec exactitude ce qui concerne Jésus, bien qu’il
connaissait seulement le baptême de Jean (sa formation était
incomplète)… Priscille et Aquila, qui l’avaient entendu, le
prirent avec eux et lui exposèrent plus exactement la Voie (Ac
18, 25-26).
Sans tomber dans le relativisme ou la confusion (en pensant
que toute doctrine ou mode de vie a la même valeur…),
n’étouffons pas quelque chose que Jésus a commencé à
construire, et qui doit amener nos frères au salut. Encourageons
ceux qui croient en Jésus à continuer à croire en Lui, et peu à
peu, avec charité, amenons-les à approfondir la vérité. Ne pas
empêcher, mais plutôt corriger, perfectionner, compléter ce qui
est déjà initié… C’est ce que Jésus attend du missionnaire. Par
la voie de l’amour, jamais de la violence, nous cheminerons vers
la Vérité. Une goutte de miel attire plus de mouches qu’un litre
de vinaigre…
C’est réellement cela « servir » l’œuvre de Dieu, ne pas
l’empêcher, regarder tous les hommes comme Lui les regarde,
sans nous enfermer dans notre groupe. « Beaucoup de biens
peuvent exister en dehors des limites visibles de l’Église
catholique… tout ceci provient du Christ et conduit à Lui… »
(Décret sur l’œcuménisme, 3, du Concile Vatican II). Soyons
attentifs à découvrir cette œuvre du Christ, pour la chérir
correctement. Ainsi, se sentant respectés, nos frères chrétiens
chemineront avec plus de joie vers la perfection, arrivant un jour,
si Dieu le veut, à proter de tous les moyens de salut existant
dans l’Eglise catholique.
Ne déprécions pas non plus, mais au contraire chérissons,
tout petit acte de charité posé avec foi. Qu’il paraisse aussi
insigniant que « donner un verre d’eau », c’est un chemin de
salut, c’est accueillir le disciple pour qu’entre le Maître (Mc 9,
37), c’est ouvrir une porte pour que Jésus entre.
PRIE : Fais de nous, Seigneur, des bâtisseurs d’unité et de
paix dans ton Eglise.
VIS : Je chérirai tout le bien que Jésus fait, et prierai pour
l’unité des croyants.
Ton frère missionnaire.
P. Sébastien Dumont, msp (belge)
« Ne l’en empêchez pas ! »
Réflexion Biblique
Chers amis,
Laudetur Jesus Christus !
Avec cet article nous continuons et concluons une rapide
réexion sur les gures féminines des temps l’Eglise faisait
ses premiers pas.
En plus de ce que nous avons dit dans l’article précédent,il
y a pourtant quelques observations qu’il ne faut pas négliger de
faire. Par exemple, il faut tenir compte de ce fait que Saint Paul
adresse aussi à une femme nommée “Apphia” la courte Lettre à
Philémon (cf. Phm. v. 2). Quelques traductions latines et syriaques
du texte grec ajoutent au nom “Apphia” la qualication se soror
carissima” (sœur bien-aimée) ; il convient aussi de noter que dans
la communauté de Colosses elle devait avoir un rôle important ;
en tous cas c’est la seule femme que Saint Paul nomme parmi les
destinataires d’une de ses lettres.
En d’autres passages, l’Apôtre fait allusion à une certaine
Phébée, diakonôn dans l’Eglise de Cenchrées, petite localité
portuaire située à l’est de Corinthe (cf. Rm 16, 1-2). Même si,à
cette époque, ce titre n’avait pas encore la valeur ministérielle
spécique de caractère hiérarchique,
qu’il a pris par la suite, mais plutôt
une valeur fonctionnelle (puisque,
par exemple, dans beaucoup de
baptêmes on faisait une onction ou
immersion totale du corps, dans le
cas de baptêmes de femmes il fallait
donc, évidemment, que ce fussent
des femmes, dites “diaconesses”,
qui accomplissent cette tâche
particulière), cela démontre que
“Phébée” avait réellement une charge
de responsabilité au service de cette
communauté chrétienne.
Dans le contexte de cette épître,
l’Apôtre, avec grande délicatesse, rappelle les autres nome de
femmes : par exemple Marie, puis Tryphène, Tryphose, Persis,
“ma chère”, et Julie (Rm 16, 6, 12a, 12b, 15), soulignant ainsi leur
authentique engagement au service de l’Eglise.
Dans l’Eglise de Philippes se distinguaient des femmes :
Evodie et Syntychè Ph 4, 2) ; le rappel que Saint Paul leur
adresse d’être d’accord dans le Seigneur laisse comprendre que
ces deux femmes avaient une fonction importante au sein de cette
communauté.
En résumé on peut dire que l’histoire du christianisme aurait
été très différente si elle n’avait pu compter sur la contribution
généreuse de plusieurs femmes.
En donnant un coup d’œil sur les premiers siècles de l’Eglise,
pensons au nombre de femmes converties au christianisme, donc
appartenant évidemment à un milieu familial païen et qui, avec
nombre de difcultés et jusqu’au prix de leur vie, ont été le canal
d’évangélisation de toutes leurs familles.
Pensons aussi à toutes ces femmes martyres qui, pendant les
premiers siècles de l’Eglise, ont versé leur sang comme prix de
leur foi. Quelques unes d’entre elles ont été de tels exemples dans
l’histoire de l’Eglise primitive que leurs noms ont été introduits
dans la première prière eucharistique du Missel : le Canon
Romain : Félicité et Perpétue, Agathe et Lucie, Agnès, Cécile,
Anastasie.
Je suis persuadé que nombreux sont ceux qui penseront
immédiatement que cela n’a été seulement que le fruit de la piété
populaire qui désire avoir des gures exemplaires ; mais, par
contre, pour qui est au courant, même si ce n’est que de façon très
réduite, du peu d’estime dont jouissait en général la femme dans
ces siècles-là, celui-là peut tout de suite apprécier le fait que cette
“promotion” d’être rappelées par leurs noms au cours du Canon
de la Messe, ne peut avoir pour fondement qu’une solide certitude
de leur témoignage d’une foi poussée jusqu’au martyre.
Quelques autres exemples sufsent pour conrmer cela :
personne ne doute de l’importance de la gure de Saint Augustin
sur le plan théologique mais pourtant lui-même n’a pas hésité à
remercier sa mère, Sainte Monique, pour son rôle d’intercession
et de modèle de disciple. Nous ne devons jamais oublier que Saint
Augustin lui-même afrme que le
philosophe véritable est celui qui a
su se laisser toucher par le mystère
de la Sagesse, en la goûtant en son
propre cœur et son propre esprit, et il
réserve à sa mère, Sainte Monique, le
titre de “philosophe” par excellence.
Il y a même quelques “patrolo-
giens” ou, pour mieux dire “patro-
logiennes”, qui ont proposé de créer
une section de l’étude de la Patris-
tique pour les gures féminines, ce
qui supposerait de réserver un cha-
pitre particulier destiné à les étudier
et que l’on nommerait “Matristique”
ou “Matrologie”.
Pour cette raison, comme l’a écrit Saint Jean-Paul II dans la
Lettre apostolique Mulieris dignitatem :
L’Eglise, donc, rend grâces pour toutes les femmes et pour
chacune d’entre elles (…) L’Eglise rend grâces pour toutes les
manifestations du “génie” féminin apparues dans le cours de
l’histoire, parmi tous les peuples et toutes les Nations : elle rend
grâces pour tous les charismes que l’Esprit Saint accorde aux
femmes dans l’histoire du Peuple de Dieu, pour toutes les victoires
qu’elle doit à leur foi, à leur espérance et à leur charité : elle rend
grâces pour tous les fruits de sainteté féminine” (n. 31).
Nous aussi, nous nous unissons à ce jugement, en remerciant
le Seigneur qui conduit son Eglise de génération en génération, en
se servant sans faire de distinctions, d’hommes et de femmes qui
savent faire fructier leur foi et leur baptême pour le bien de tout
le Corps ecclésial, pour la plus grande gloire de Dieu.
Réflexion Patristique
Les femmes au service de l’Evangile (II)
P. Walter Corsini, msp (italien)
Réflexion Ecclésiologique
L’Eglise, sacrement universel de salut (IV)
P. Giuseppe Cardamone, msp (italien)
« Unis à Dieu, nous devenons instruments de Son
amour miséricordieux, le seul qui soit capable de sauver. »
Ainsi avons-nous conclu l’article précédent. Nous voulons
maintenant approfondir la manière par laquelle se réalise cette
union à Dieu qui nous rend, en analogie avec Notre Seigneur
Jésus-Christ et avec son Eglise, instruments universels de
salut.
Nous avons déjà vu comment cette union avec Dieu
le Père dans le Christ est réalisée par l’Esprit Saint par le
moyen des sacrements. Nous nous référons surtout à ceux
qui impriment un caractère. Dans le langage courant,
“caractère” indique simplement un aspect de la personnalité
d’un individu, sa prédisposition psychique et ses manières
typiques de réagir et de se comporter. Mais dans l’Antiquité,
le mot latin “character” désignait la marque de propriété
imprimée de manière indélébile, sur un objet ou un animal
ou même encore sur une personne réduite en esclavage. Saint
Paul nomme “caractère” l’onction de l’Esprit Saint: “Et celui
qui nous affermit avec vous dans le Christ et qui nous a
donné l’onction, c’est Dieu, Lui qui nous a aussi marqués
de son sceau et a mis dans nos cœurs les arrhes de l’Esprit”
(2 Co 1, 21-22). Ceci veut dire qu’en vertu du Baptême,
de la Conrmation et de l’Ordre, sacrements qui impriment
un caractère, l’Esprit Saint nous consacre avec une marque
indélébile qui nous congure comme propriété de Dieu.
L’onction de l’Esprit Saint que nous recevons dans le
caractère sacramentel est l’image du Christ qui est reproduite
de nouveau dans nos cœurs après qu’elle ait été déformée par
le péché originel. C’est un don permanent en vertu duquel
nous portons en nous l’image du Fils de Dieu et avec Lui
sommes congurés comme un “alter Christus”. L’onction de
l’Esprit que nous recevons comme caractère sacramentel n’est
pas quelque chose de statique, c’est plutôt quelque chose de
dynamique: elle est appel à croître vers une ressemblance
toujours plus grande avec le Fils de Dieu.
La présence de l’Esprit Saint dans nos cœurs se manifeste
par l’infusion des vertus théologales de foi, d’espérance et
de charité et de Ses sept dons, comme une semence appelée
à s’étendre et à spiritualiser entièrement la personne, en la
rendant docile à Son action. De là dérive la grandeur du
Baptême qui nous rend réellement enfants de Dieu dans le
Christ par le don de l’Esprit Saint, qui nous restitue l’image,
les pensées et les sentiments du Fils. C’est pour cela qu’en
vertu du Baptême, chacun de nous représente le Christ,
en ce sens fort qu’il Le rend présent dans le monde. C’est
pour cette raison que nous portons Son nom même, celui de
“Chrétiens”, qui vient du mot “Christoi” qui, en grec, signie
“oints”, “consacrés”. L’union du chrétien au Christ est par
conséquent un don, mais en même temps un devoir: elle est
un don sous forme de semence, appelée à se renforcer, à
croître, à s’étendre. Elle est non seulement un don qui nous
congure au Christ mais qui exige aussi de nous une réponse
consciente, une adhésion constante au projet de Dieu.
Comment peut-on vivre constamment unis à Dieu ? La
réponse nous vient de l’Ecriture Sainte : “Le juste vivra par
la foi” (Ga 3, 11). La foi est la racine de la vie surnaturelle:
elle suscite l’espérance et soutient la charité. C’est pour cela
que dans l’Evangile, le Seigneur proclame : “L’œuvre de
Dieu, c’est que vous croyiez en Celui qu’Il a envoyé” (Jn 6,
29). Le contenu de la foi qui nous unit à Dieu est de croire
en la puissance de Son Amour. Croire veut dire participer
au mode de connaître du Fils de Dieu et, par conséquent,
dans un certain sens, acquérir une mentalité divine, qui nous
permet de voir le monde du point de vue de Dieu. La foi est
donc mémoire vivante de l’amour de Dieu pour nous: une
mémoire qui doit être continuellement actualisée et assimilée
comme critère d’un agir chrétien (cf. Ga 5, 6 qui parle de la
foi opérant par la charité).
Unis à Dieu dans le Christ, nous devenons un prolongement
de son humanité et nous sommes rendus capables d’agir au-
delà de notre humanité, parce que c’est l’Esprit Saint qui
agit en nous et par nous. En ce sens l’épisode rapporté par
l’Evangile est signicatif, même s’il est à première vue
grinçant pour nos oreilles : “Apercevant de loin un guier
qui avait des feuilles, il alla voir s’il y trouverait quelque
fruit, mais s’en étant approché, il ne trouva rien que des
feuilles: car ce n’était pas la saison des gues. S’adressant
au guier, il lui dit : ‘Que jamais plus personne ne mange
de tes fruits !’ Et ses disciples l’entendirent (…) Repassant
au matin, ils virent le guier desséché jusqu’à la racine.
Et Pierre, se ressouvenant, dit à Jésus : ‘Rabbi, regarde, le
guier que tu as maudit est desséché’. En réponse Jésus lui
dit : ‘Ayez foi en Dieu. En vérité je vous le dis, si quelqu’un
dit à cette montagne : ‘Soulève-toi et jette-toi dans la mer !’
et s’il n’hésite pas dans son cœur, mais croit que ce qu’il dit
arrivera, cela lui sera accordé. C’est pourquoi je vous le dis:
tout ce que vous demandez en priant, croyez que vous l’avez
déjà reçu et cela vous sera accordé’. (Mc 11, 13-14, 20-24).
Le Seigneur veut nous faire comprendre qu’il nous
demande des fruits qui vont au-delà des seules possibilités
humaines, et qu’il peut nous les demander car c’est Lui qui
œuvre par nous: il demande de nous les fruits de la foi.
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Introduction: En péchant nous renonçons à la liberté
pour en arriver à un véritable état d’esclavage et de liberté
seulement apparente. (cf Jn 8, 34) Et le péché c’est comme
une petite ssure dans une digue : si nous ne réparons pas
rapidement cette ssure, elle s’élargira toujours davantage
jusqu’à permettre à l’eau de passer de façon incontrôlable.
La répétition des péchés engendre le vice. Chaque
péché approfondit la blessure qui s’est créée en nous par le
péché originel. “Il en résulte des inclinations perverses qui
obscurcissent la conscience et corrompent l’appréciation
concrète du bien et du mal.” (CEC 1865) C’est ce que nous
indiquons avec le mot “vice”. En péchant c’est avant tout
Dieu que nous offensons, Lui qui est le fondement même de
la vie humaine et de l’âme. De cette façon nous entravons ou
nous nous privons de la vie de la grâce et les forces de notre
âme s’affaiblissent et se désordonnent. Tout cela crée un en-
traînement et une facilité pour le péché étant donné que nous
avons offusqué volontairement la lumière de notre conscience
à plusieurs reprises. Si le vice comporte une certaine facilité
pour le péché c’est parce que il empêche l’homme de mettre
les passions à son service et que celui-ci en devient esclave.
“Ainsi le péché tend-il à se reproduire et à se renforcer.”
(CEC 1865) La chose la plus dangereuse dans tout cela c’est
le désordre que le péché cause dans la volonté en l’induisant à
l’orgueil et l’amour désordonné de soi-même. C’est de la que
proviennent tous les désordres. Et la différence entre le vice
et le simple péché nous la trouvons dans le fait qu’il ne s’agit
plus seulement d’un acte contre la loi mais d’une inclination
habituelle contre la loi de Dieu.
Les vices nous rendent plus vulnérables à l’action du
démon pour qui chaque péché est une victoire en faveur de
son dessin de perdition. En n de compte notre lutte contre
le péché est dirigée contre lui (Cf. Eph 6, 12). Il est le ten-
tateur par excellence qui ne désire rien d’autre que de nous
inciter au péché (1P 5, 8). Le démon tente avec astuce et en
se déguisant (2 Cor 11, 14), en choisissant les points faibles
de chacun. Ensuite, lorsqu’il a atteint son objectif, il ligote
spirituellement l’homme pour qu’il ne puisse plus se relever.
3º Tous les péchés ont également une répercussion so-
ciale : “En vertu d’une solidarité humaine aussi mystérieuse
et imperceptible que réelle et concrète, le péché de chacun
se répercute d’une certaine manière sur les autres.” (RP 16)
Nous pouvons donc souffrir les conséquences du péché des
autres et en même temps encourager le péché chez les autres
avec les nôtres. À un tel point que les péchés peuvent engen-
drer des structures de péché : des lois, tendances, systèmes,
“des situations sociales et des institutions contraires à la Bon-
té divine” (CEC 1869). Elles sont le fruit, l’accumulation et la
concentration de nombreux péchés personnels, elles induisent
de nombreuses personnes à pécher personnellement à leur
tour et elles donnent l’impression de créer, dans les personnes
et les institutions, des obstacles difcilement surmontables.
Ainsi le péché rend les hommes complices les uns des
autres, fait régner entre eux la concupiscence, la violence et
l’injustice.” (CEC 1869)
4º Malgré toutes les apparences le péché nit toujours par
engendrer la frustration car il n’existe que lorsque l’homme
met tout son cœur dans un bien ni qui ne peut pas le satis-
faire. Après le plaisir le péché laisse le vide dans l’âme et il
incite à commettre de nouveaux péchés pour combler ce vide.
Et comme l’homme se lasse des biens nis, le péché pousse à
rechercher des biens nis toujours plus nombreux et plus
grands. En l’absence de la conversion du cœur à Dieu, le
péché nous fait rentrer dans un cercle vicieux croissant : le
péché véniel dispose au péché mortel et le péché mortel
engendre une dépendance toujours plus grande du péché.
La grâce de Dieu est absolument nécessaire pour
être libérés du péché mortel. Celui qui se sépare volontaire-
ment de Dieu avec ses actes ne peut pas retourner à Lui sans
son aide. C’est comme quand quelqu’un se lance volontaire-
ment dans un puit profond ; il ne pourra pas en sortir tout seul,
même s’il le voulait.
La miséricorde de Dieu est innie. Jusqu’au dernier
instant de notre vie sur terre nous avons la possibilité réelle
d’être libérés de nos péchés et nos vices. C’est là un signe ma-
nifeste de la grandeur et le pouvoir de la miséricorde divine.
Il n’empêche que nous ne devons pas en abuser ni remettre la
conversion à demain : “C’est maintenant le moment favo-
rable, c’est maintenant le jour du salut” (2 Cor 6, 2). Ne
confondons pas la miséricorde avec la prétention contem-
poraine d’ôter toute gravité au péché, de faire du péché un
besoin voire une expérience intéressante et constructive. Au
moins nous péchons au mieux c’est! Nous donnerons plus de
gloire à Dieu, nous obtiendrons plus de mérites, nous grandi-
rons davantage en tant que personnes avec l’aide de Dieu et
nous ferons plus de bien aux autres. Au plus nous retardons
notre conversion, au plus elle sera ardue car le pouvoir du
péché sur nous sera plus grand.
La prolifération du péché
P. Augustin Delouvroy, msp (belge)
Réflexion Morale
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