
2
Bernard Blancan (enfin disponible !)
Du théâtre, des images et de la chanson, ce mélange des genres sur une même scène n’est pas
à proprement parler une expérience des plus novatrices. Un acteur qui se raconte, ça ne l’est
pas davantage. Mais quand on monte une pièce de théâtre, est-ce qu’on se dit que c’est inutile
sous prétexte que les Grecs l’ont fait dès l’Antiquité ?
J’ai voulu mettre sur scène la démarche que j’avais abordée sur le Web, avec un blog. Me
proposer, moi, m’exposer, tel un anthropologue, à la fois comme objet d’observation
représentatif d’autres êtres, et comme metteur en scène de cette observation. Je suis acteur, je
rêve peut-être d’être aussi chanteur mais en quoi suis-je différent d’un agent d’assurance, d’un
charpentier ?
Regardez-moi faire, chercher, douter, voyez la construction se faire, je vous ferai croire que je
démystifie l’Acteur sacré, palmé… Mais, au bout du compte, j’utiliserai tous les artifices de
mon métier pour me cacher encore davantage et tenter (vainement ?) de me rendre admirable !
Tout ça reste du spectacle et n’a pas d’autre prétention.
J’ai souhaité joindre Renaud Cojo à cette démarche. Je suis certain qu’il apportera sa propre
lecture et surtout son regard distancié, proposant quelques clefs cachées. Nous venons l’un et
l’autre du Théâtre en Planches de Villenave d’Ornon et avons partagé ensemble bien des
expériences plus ou moins théâtrales : un Groupe Bien, une péniche qui s’amuse, du Lolicom
Manga Manga, un stage Régie, une marche de l’architecte…
Dans l’étape de recherche, j’avais écrit une séquence que Philippe Lespinasse a filmée. Mais
comme c’est lui qui a fait le montage de la dite séquence, c’est un autre regard, une autre
écriture, qui se sont posés sur mon projet initial. Pour le meilleur.
De même Chazam a glissé ses boîtes à rythme dans un univers où je ne connaissais que la
guitare sèche.
Mais quelle est la nécessité d’une telle entreprise ?
Depuis six ans que je vis à Paris, ma carrière s’est orientée vers le cinéma et la télévision. J’en
suis d’ailleurs très heureux. Pourtant, le rapport direct avec le public me manque. La mise en
danger n’est pas la même. Beaucoup plus immédiate et en retour instantané. Je pourrais me
contenter d’attendre que les autres aient envie de me faire jouer sur des scènes mais il y a
aussi cet artisanat, cette façon de vouloir toucher à tout, tout mêler qui m’animent et sont un
outil d’expression que je n’abandonnerai jamais. Si, si, je veux chanter aussi !
Casser les images, arracher les étiquettes au passage me convient tout à fait. Plutôt que laisser
les autres parler de moi sans mot dire, je préfère prendre part au débat et proposer une version
tronquée, un regard amusé, des pistes qui dépassent largement ma simple personne. En parlant
de mon métier, je parle de la galère, de l’humiliation, du bonheur, de l’amour, de la télévision,
du cinéma, des gens… Contrairement à ce que peut laisser paraître ma démarche, je suis
pudique et réservé. Et tiens à le rester.
David Chazam à la musique, Philippe Lespinasse aux vidéos, Renaud Cojo en « appui-tête »,
et moi là sur la scène, ce « chez-moi » enfin disponible à votre lecture.