CHAPITRE 3 : PROGRES TECHNIQUE ET CROISSANCE AMORCE : Steve Jobs est ce que l’on appelle un innovateur Schumpetérien ou un innovateur au sens de Schumpeter. (Schumpeter est un économiste hongrois de la 1ere moitié du XXème siècle qui a beaucoup travaillé sur le rôle du progrès technique sur la croissance. Il met l’accent sur l’importance de la personnalité de l’innovateur. Il faut qu’il ait des qualités psychologiques, de visionnaires). Steve Jobs a révolutionné le monde informatique à deux reprises en 1980 avec le premier ordinateur personnel puis depuis son retour chez Apple. Le texte nuance le rôle de l’innovateur. Sans enlever le rôle et les qualités de celui-ci, il apporte un certains nombres de nuances. L’innovateur est d’abord un imitateur paradoxalement il y a une part d’imitation. Il ne crée pas à partir de rien mais à partir de choses qui existent déjà, il s’inspire. Pour qu’une innovation produise ses effets, il faut que cette innovation soit réappropriée par les utilisateurs. Ce qu’en font les utilisateurs n’est pas toujours ce qu’avait prévu l’innovateur. Le progrès technique est un phénomène complexe dont l’analyse est à cheval sur l’économie et la sociologie. Quelles sont les relations entre le progrès technique et croissance, développement et changement social ? I) Nature et origine du progrès technique 1) Qu’est ce que le progrès technique ? Le progrès technique (PT) est l’ensemble des innovations qui entraine des transformations dans : - L’organisation du travail ex : Le taylorisme - Les produits ex : I phone ou les consommations et matières premières comme le pétrole. - Les nouveaux marchés ex : Les grandes découvertes comme les moyens de communications qui entrainent l’ouverture de nouveaux marchés. - Les structures de l’économie ex : Le développement des grandes entreprises est une innovation. Innovation : ce n’est pas une invention mais une application industrielle et commerciale d’une invention. Le PT est le résultat d’un processus c'est-à-dire une succession d’étapes. La première étape est l’activité de recherche qui va mener à une invention. Mais il faut qu’à travers d’autres étapes l’invention devienne une innovation, qu’elle se diffuse. Il y a plusieurs types d’innovation : - Innovation de procédé - Innovation de produit - Innovation organisationnelles 2) Quelle est la nature du progrès technique en science éco ? 1/7 Comment la science éco analyse t elle le progrès technique ? Pour la science éco, le PT est un bien particulier. En fait, il est considéré comme un bien non rival. Un bien est rival lorsque sa consommation, son utilisation par un agent économique interdit ou rend impossible son utilisation, sa consommation par un autre agent économique. Ex : Les produits alimentaires. Un bien non rival peut être utilisé simultanément par plusieurs agents économiques. Ex : L’éclairage public. Lorsqu’un bien est rival, il n’y a pas de problème de prix celui qui le consomme en paye le prix. Pour un bien non rival, le paiement du prix pose un problème. Donc le PT est considéré comme non rival car il y a aucun obstacle naturel à son utilisation simultanée par d’autres agents. Rien n’empêche une entreprise d’utiliser la même innovation qu’une autre. Mais on peut créer un obstacle à cette utilisation, par exemple juridique : les brevets. Dans une économie de marché idéale, toute utilisation d’un bien ou d’un service doit donner lieu au paiement d’un prix, d’une rémunération. La deuxième caractéristique du PT est les externalités. La contribution d’une innovation à la création de richesse au niveau national est supérieure à la création de richesse pour l’entreprise. Le rendement social est supérieur au rendement privé. La phrase de Newton signifie que toutes connaissances nouvelles s’appuient sur les connaissances passées. Une innovation va produire un premier effet immédiat car l’entreprise va s’enrichir mais ce produit va aussi servir de point de départ pour d’autres innovations. C’est le deuxième effet. Dans une économie de marché idéale, les innovateurs précédents devraient recevoir un prix de la part du nouvel innovateur. Une externalité positive est un effet positif crée par un agent économique sur un autre agent économique sans que cela donne lieu à une rémunération. Celui qui en bénéfice devrait rémunérer l’agent économique. Pour une externalité négative (ex : la pollution) : Celui qui est à l’origine de l’effet devrait rémunérer celui qui en pâti. C’est donc l’effet inverse. Le PT produit des externalités négatives lorsque les innovations se substituent à des innovations précédentes. Cela fait partie du processus de destruction créatrice. Sur le long terme, les effets positifs l’emportent mais cela reste discutable. Si on considère que le PT dégage des externalités positives, la logique voudrait que l’on subventionne le PT pour encourager et compenser l’absence de rémunération de l’innovateur. 3) Quelles sont les origines du progrès technique ? Origine exogène ou endogène du progrès technique. Schéma de la sphère qui représente l’activité économique. A coté de cette sphère de l’activité économique, il y a d’autres sphères de l’activité sociale par exemple la sphère domestique, artistique ou encore scientifique etc. Le PT produit des effets dans la sphère économique puisqu’il transforme la production, la consommation, la répartition des revenues. 2/7 Si le PT provient de l’extérieur de cette sphère, il a une origine exogène. Si il provient de l’intérieur de cette sphère, il est le résultat d’une activité économique, il a donc une origine endogène. EX : Le PT peut provenir de la sphère d’activité scientifique, il est donc exogène. Il peu provenir de l’activité domestique, dans le garage par exemple, il est donc exogène. Autres exemple : Une firme de l’industrie pharmaceutique dépense une somme importante dans l’investissement en recherche et développement (R&D). L’investissement est une activité économique qui répond à des facteurs économiques comme la recherche de profit. C’est un PT endogène. Dans les premiers temps de la révolution industrielle, le PT était plutôt exogène. Progressivement l’essentiel des innovations vont être réalisé dans le cadre des grandes entreprises, grâce à des investissements en R&D. Mais ce n’est pas toujours vrai, donc le PT est de plus en plus endogène. Au XIXeme siècle, les économistes ne se préoccupaient pas de l’origine du PT mais seulement aux effets. Par contre, au XXème siècle, l’analyse économique va progressivement s’y intéresser. Les différentes origines du progrès technique : -Le PT provient tout d’abord de l’activité productive elle-même. Les travailleurs inventent des méthodes de productions ou des biens à l’occasion de leur activité économique quotidienne de production. C’est ce que l’on appelle « learning by doing » -L’innovateur a pour activité principale la recherche de l’innovation. L’investissement est la volonté de trouver une innovation. Recherche et développement(R&D) : C’est l’ensemble des processus d’innovation pour lesquels on distingue trois étapes : - La recherche fondamentale qui vise à faire des découvertes scientifiques. Elle n’a pas d’application économique directe. - La recherche appliquée dont l’objectif est de réaliser une invention. C’est une application pratique de l’étape précédente. - Le développement. C’est le passage de l’invention à l’innovation. On conçoit un prototype qui peut être utilisé dans l’activité de production. - Enfin, il y a la production en série. L’investissement en R&D est donc les dépense liées à ces trois étapes. On peut mesurer cet investissement grâce au montant mais aussi grâce au pourcentage du PIB consacré à la R&D qui équivaut à faire : (R&D/PIB) x 100 On observe une augmentation de l’effort en R&D dans le temps ainsi qu’une hiérarchie entre pays. On peut conclure du document que l’on va vers une économie du savoir c'est-à-dire une économie de plus en plus fondé sur le PT et dans laquelle la croissance et la compétitivité des pays s’appuie de plus en plus sur l’innovation. Les pays qui se comportent le mieux aujourd’hui sont ceux qui mettent l’accent sur la R&D, l’innovation. 3/7 Le rôle de l’Etat : Le rôle de l’Etat découle des caractéristiques économiques du PT. - La non rivalité. La majeur partie du PT provient de l’investissement en R&D réalisé par les entreprises comme tout investissement, il n’est réalisé que si il est rentable. Une innovation est rentable pour une entreprise car elle lui permet d’être en situation de monopole. Monopole : Marché sur lequel on trouve un producteur face à un grand nombre de demandeurs. Cette situation permet de pratiquer des prix plus élevés donc d’avoir un profit plus élevé. C’est ce qu’attendent les entreprises qui innovent. Ce type de monopole s’appelle un monopole d’innovation. La concurrence va venir menacer ce profit du fait de l’imitation des autres entreprises pour faire perdre la situation de monopole. Cette menace peut décourager les investissements en R&D parce que par nature, le PT est un bien non rival. Il faut donc trouver des solutions pour le rendre rival, c'est-à-dire qu’il faut qu’il y ait des obstacles à cette possibilité d’imiter. Pour cela, les entreprises peuvent prendre des mesures de secret industriel. Et l’Etat peut créer des obstacles juridiques, le système de brevet et de propriété industrielle. Le brevet permet à l’innovateur de contrôler l’utilisation de son innovation (Droit de propriété). Cela fait partie des institutions favorables à la croissance. -Les externalités positives. C’est le fait que les innovations s’appuient sur les innovations précédentes et que ce qu’elle rapporte à la société est supérieur à ce que sa rapporte à l’entreprise. Cela a plusieurs conséquences sur le rôle que doit jouer l’Etat. Revenons au système des brevets. Il peut y avoir un effet pervers. Une protection trop stricte des innovations peut entrainer un blocage du processus d’innovation. Les brevets sont limités dans le temps, environ 20ans. D’autre part certaines recherches n’ont pas d’application directe mais constituent la base d’autre innovation. Le problème est qu’il y a une faible rentabilité, voir nulle donc les entreprises ne sont pas incitées à investir. Donc l’Etat est fondé à financer cette recherche fondamentale. L’Etat a aussi un rôle de soutien de l’effort de recherche des entreprises c'est-à-dire qu’il doit soutenir l’investissement en R&D parce que le PT joue un rôle central dans une économie mondialisée. L’Etat peut subventionner (donner de l’argent) directement la recherche des entreprises. Il peut aussi pratiquer des incitations fiscales (impôts). Il peut aussi essayer de faciliter le financement des entreprises innovantes en développant le capital risque. C’est un investissement très risqué car il peut rapporter beaucoup mais aussi au contraire être un échec. L’Etat va développer des marchés financiers spécialisés dans le financement des entreprises innovantes et inciter les investisseurs à investir dans ces entreprises. Ex : le NASDAQ spécialisé dans les valeurs liées aux nouvelles technologies. En ce qui concerne le rôle de l’Etat dans l’innovation, la France a longtemps été caractérisé par le fait que l’Etat joue un rôle central en investissant directement dans des grands projets. Ex : le TGV ou le Concorde. 4/7 L’Etat a plutôt cherché aujourd’hui à accompagner les entreprises innovantes plutôt que lui-même investir. C’est une transformation du rôle de l’Etat et pas un retrait. Les transferts de technologies : C’est l’ensemble des phénomènes de mobilité international du PT ou de migration des innovations. Cette migration peut prendre des formes différentes : - Achat de brevets - Investissement des firmes multinationales - Phénomènes d’imitations (formes illégales) Problème : l’accès des pays en développement aux technologies pour se développer. Ex : Les négociations internationales sur le climat. Il est demandé au pays en développement de limiter leurs émissions de gaz à effets de serre. Il faut que cela s’accompagne de transfert de technologie permettant d’économiser en particulier de l’énergie. Dans ce transfert de technologies, d’autres questions se posent. Ex : Est-ce que ces technologies sont adaptées aux besoins des pays en développement ? Il y a donc des limites à ces transferts. II) Le rôle du progrès technique dans la croissance 1) Le progrès technique à l’origine des gains de productivité Comment mesure-t-on l’effet du PT dans la croissance ? Une partie des gains de productivité est expliquée par l’augmentation des facteurs de production qui permettent d’augmenter en particulier l’intensité capitalistique. Le reste est expliqué par le PT que l’on appelle la productivité totale des facteurs. 2) Le processus de destruction créatrice La notion est introduite par Schumpeter. (Rappel : pour lui l’entrepreneur à un rôle essentiel dans l’innovation et possède des qualités spécifiques) Les innovations sont à l’origine de nouvelles activités. Il distingue 5 types d’innovations (voir 1.1). Les nouvelles activités viennent en permanence renouveler le système économique parce que dans le même temps d’autre activités disparaissent à cause de l’arrivé des nouvelles innovations. Pour lui, le capitalisme est un système qui est par nature dynamique et en perpétuel transformation. Ce processus est pour Schumpeter au cœur du capitalisme. Dans le document on constate que ce renouvellement est beaucoup plus rapide aux Etats-Unis qu’en Europe. Mais pour lui, ce processus n’est pas régulier et est donc à l’origine de cycles. Un cycle est un mouvement récurent de l’activité économique et qui présente une amplitude et une périodicité régulière. Ce cycle peut concerner plusieurs indicateurs : la croissance, l’investissement, les prix, la valeur des actions etc. Depuis le XIX siècle de nombreux économistes ont essayé de mettre en évidence des cycles en trouvant des régularités dans l’évolution de l’activité économique. 5/7 Un économiste russe, au début du XX siècle, Kondratieff va essayer de montrer qu’il existe un cycle de long terme (50 ans) et il va donner son nom à ce cycle. Schumpeter va reprendre à son compte ce cycle et va lui donner son interprétation en disant que c’est le PT qui explique ce cycle. Si les innovations apparaissaient de manière régulière, le processus de destruction créatrice aurait lieu de manière régulière. Mais Schumpeter montre que les innovations arrivent par grappes. C’est ce qui explique la forme cyclique de l’activité économique. Point de retournement Phase d’expansion Phase de récession ou de dépression Phase d’expansion d’un nouveau cycle Point de retournement III) Les interactions entre progrès techniques et changements sociales Changement social : ce sont les transformations plus ou moins rapides d’une partie ou de l’ensemble du système social. Ces relations sont complexes. Le PT est à l’origine de changements sociaux mais également certaines innovations sont le résultat de changements sociaux. Exemple de la banlieue : Ce document montre les interactions entre la diffusion d’innovation et certains changements sociaux. Exemples de changements sociaux : l’activité des femmes, l’urbanisation, la spécialisation des espaces (le fait que chaque activité sociale se déroule dans un espace spécifique). Exemples d’innovations : automobiles, réfrigérateurs, super marché. Le développement des super marchés entraine un changement social : la spécialisation des espaces. Le développement des réfrigérateurs permet aux femmes de travailler. De même le développement de l’activité des femmes est permis grâce aux réfrigérateurs. L’électricité répond à une demande de souplesse, de meilleure transportabilité, de meilleure divisibilité. Autre source d’énergie : le pétrole 6/7 La diffusion de l’électricité répond à un besoin de sécurité, de confort, de qualité par rapport au gaz donc à des changements sociaux. Pour qu’elle se diffuse une innovation doit rencontrer les attentes correspondant à celles de la société sinon elle peut rester à l’état d’invention. 7/7