Fiche 6 : Progrès technique et croissance

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Fiche Corrigés
Nº : 25006
ECONOMIE
Série ES
LE TALENT C’EST D’AVOIR ENVIE
Fiche 6 : Progrès technique et croissance
I - Comprendre un document
Document 4
D. Guellec et P. Ralle, Les Nouvelles Théories de la croissance, La Découverte, 1997
Les auteurs exposent dans ce document la théorie de Schumpeter sur le lien entre croissance et innovation. Mais le candidat doit
être attentif, comme l’y invite le document, à bien exposer cette relation :
• sur le court terme et le marché microéconomique ;
• sur le long terme et les fluctuations macroéconomiques.
L’innovation, selon Schumpeter, va être facteur de croissance en agissant d’abord sur le marché et sur le court terme. En effet,
l’entreprise innovante va modifier les conditions de la concurrence sur le marché à son profit. Grâce aux « gains supplémentaires »
qu’elle réalise, elle pourra financer de nouvelles innovations à l’avenir. D’autres entreprises vont suivre, apportant des innovations
mineures, de « dimension microéconomique » ou incrémentales. Ce bouillonnement du marché conduit donc les entreprises à se
moderniser, à produire des biens à moindre coût et donc impulser une demande plus forte génératrice de croissance. Mais le
marché est aussi agité par des entreprises qui disparaissent car elles n’ont pas voulu prendre de risque ou bien se sont trompées
dans le choix de l’innovation. L’élimination des entreprises obsolescentes est aussi un facteur de croissance dynamique.
Toutefois l’innovation ne se borne pas seulement à entretenir la croissance sur le marché. Des innovations majeures comme la
machine à vapeur au XVIIIe siècle ou l’électronique au XXe siècle vont, à plus long terme, transformer profondément l’économie
et la société. Comme des vagues puissantes, ces innovations révolutionnaires impulsent des fluctuations macroéconomiques de
croissance sur 20 ou 30 ans qui bouleversent l’économie par leurs destructions créatrices. Puis ces vagues d’expansion ralentissent
progressivement, l’économie se replie avant qu’une nouvelle innovation majeure apparaisse.
A court terme ou à long terme, au plan micro ou macroéconomique, l’innovation est toujours ce facteur saccadé et « irrégulier »
de la croissance.
Le candidat utilisera donc ce document dans la première partie de sa dissertation pour justifier que l’innovation influence
fondamentalement la croissance économique.
II - Corrigé
Introduction
Il est d’usage d’établir une relation étroite entre l’innovation et la croissance. L’économiste autrichien J. A. Schumpeter voit dans
l’innovation le facteur fondamental de la croissance et de ses fluctuations.
Mais l’innovation crée-t-elle toujours de la croissance ? N’en est-elle pas parfois la conséquence et ne peut-elle aussi par moments
freiner le développement ?
Après avoir analysé de quelles manières l’innovation déclenche un processus de croissance, nous évoquerons les difficultés qu’elle
peut provoquer dans le développement économique de nos sociétés.
Partie I
On définit généralement l’innovation comme l’application d’une invention à des fins économiques.
Lorsque l’entreprise réalise une innovation majeure ou radicale comme la mise sur le marché d’un produit nouveau, elle développe
un long processus de croissance.
D’une part, elle se trouve dans une situation de « rente du monopoleur » qui, par l’importance des profits réalisés, lui permettra
d’augmenter ses investissements générateurs d’une croissance future. D’autre part, cette diffusion d’un nouveau produit stimule la
demande et entraîne l’augmentation de la production, comme le souligne le document 1.
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Ce phénomène déclencheur de croissance s’observe également pour l’entreprise (document 2), lorsque celle-ci réalise une
innovation incrémentale ou mineure. Une amélioration dans la combinaison des facteurs de production grâce à une innovation de
procédé ou d’organisation permet en effet de produire un bien à moindre coût, ce qui entraîne une augmentation de la demande.
Mais l’innovation déclenche également un cycle de croissance au niveau macroéconomique. La période 1950-1973, selon le
document 6, est marquée par un accroissement très fort de la productivité, que ce soit aux Etats-Unis (2,74 %), en France (5,11 %)
ou au Japon (7,69 %). On peut y voir en particulier les conséquences du taylorisme ou les débuts du toyotisme qui sont tous deux
des innovations qualifiées d’organisationnelles.
Enfin il convient de rappeler que les entreprises, par l’augmentation des bénéfices qu’elles retirent des produits innovants,
augmentent leur formation brute de capital fixe. Par l’effet multiplicateur de l’investissement, cela conduit à une augmentation
générale du développement économique dans le pays.
Partie II
L’innovation peut aussi être la conséquence de la croissance.
Lorsque la demande est soutenue, les entreprises sont généralement incitées à accroître leurs investissements, en particulier dans
l’investissement immatériel de la recherche-développement. Elles peuvent ainsi préparer la recherche d’innovations futures.
On constate également que la croissance dans un pays, par l’augmentation des recettes fiscales qu’elle apporte, permet d’accroître
le financement de la recherche fondamentale. Cela crée des conditions favorables à la découverte d’inventions qui pourront générer
des innovations dans l’avenir. Dans les deux cas, il apparaît que la croissance est le moteur de l’innovation et non l’inverse. Mais
l’innovation peut aussi ne pas toujours être un facteur de croissance. Selon le paradoxe de Solow (document 5), malgré l’innovation
apportée par la technologie de l’informatique, il n’y aurait pas eu de véritable augmentation de la productivité. Si ce constat devait se
vérifier dans l’avenir, cela affaiblirait sérieusement l’hypothèse de la relation entre innovation et croissance. Le document 3 souligne
en effet un certain gaspillage du coût de l’investissement des entreprises américaines sans rapport avec la croissance obtenue.
Il convient également de relever, comme rappelé dans le document 1, que les entreprises qui n’ont pas innové ou dont l’innovation
n’a pas rencontré la demande attendue chez le consommateur sont condamnées à disparaître. Par ailleurs, le document 2 souligne
que les objectifs de l’innovation pour l’entreprise conduisent à apporter plus de flexibilité à la production et à réduire les coûts
salariaux. Il apparaît donc que l’innovation peut entraîner un accroissement du chômage et une baisse de la demande pouvant
conduire à un ralentissement de la croissance.
Conclusion
En améliorant la productivité et la créativité des entreprises, l’innovation déclenche des vagues de croissance au niveau
macroéconomique. Mais il apparaît aussi que c’est parfois la croissance qui est source d’innovation et que cette dernière peut avoir
conjoncturellement des effets négatifs.
Mais par-delà la croissance, il convient de s’interroger : les excès technologiques de l’innovation ne risquent-ils pas de dégrader
progressivement notre environnement d’affaiblir l’objectif du bien-être dans nos sociétés ?
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