La Crise Economique, l’Europe et le Rôle de la Turquie Document de Référence Institut du Bosphore Premier Séminaire “Turquie/Europe: La reprise et la reconstruction des relations Turquie-UE » Dr. Ümit İzmen1 22 Octobre 2009, Istanbul La Crise Mondiale et l’Europe Le pire est déjà dépassé L’économie mondiale est en train de rebondir après la récession avec plus de dynamisme qu’on ne l’aurait imaginé jusqu’à très récemment2. Les révisions des projections du FMI indiquent une reprise de l’économie mondiale ce qui pose les bases d’un troisième trimestre fort dans toutes les régions du monde. De la même façon que l’activité économique a brutalement chuté partout dans le monde suite à la crise Lehmann en Septembre 2008, la première phase de la reprise semble être parfaitement coordonner à la reprise des économies nationales. Et le monde d’éviter une nouvelle Grande Dépression… En analysant les données de l’année écoulée, on peut raisonnablement affirmer que le monde a évité le risque d’une nouvelle Grande Dépression. Ainsi qu’Eichengreen et O’Rourke l’ont relevé le déclin de la production industrielle et du commerce mondial au cours des neuf derniers mois ont été aussi important que durant les 3 trimestres faisant suite à la grande crise de 1929. Grâce à des politiques nationales visant à baisser les taux d’intérêt et accroître les dépenses publiques, la récession actuelle n’a pas pris le même chemin que de la Dépression de 1929. Production Industrielle Mondiale 1929 et 2008 Source: Eichengreen, O’Rourke. B. et K.H. Une réaction institutionnelle collective et énergique. Les politiques de grande ampleur qui ont rapidement été mises en places ont évité l’effondrement de l’activité économique mondiale. A la demande des institutions financières, les autorités monétaires ont réagi rapidement afin d’éviter de plus amples dommages et ont facilité l’accès aux liquidités puis ont initié une baisse des taux d’intérêt. Ces politiques monétaires, sur le fond très conventionnelles, des banques centrales ont été bien coordonnées. Les mesures prises afin d’accroitre la stabilité des marchés financiers telles que l’augmentation de la 1 couverture des assurances sur les comptes de dépôt, les injections de capital, le retrait des actifs toxiques aux bilans des sociétés, la reprise des institutions financières ainsi que l’obligation de fusionner ou déclarer faillite ont évité la panique bancaire. Par la suite une politique fiscale expansionniste visant à accroître la demande a été adoptée dans les pays où le déséquilibre fiscal n’était pas en hausse. La coordination des politiques fiscales a donc été encore plus difficile à réaliser mais elle a contribué à la réduction des risques. Le G20 a démontré sa capacité à développer la coopération internationale La crise actuelle, qui n’est peut être pas tout à fait comparable à la Grande Dépression, est quand même la plus grave crise que le monde ait connue depuis les années 30. Réussir à coordonner les politiques économiques augmente les chances d’une reprise précoce. La souplesse de la politique monétaire et fiscale globale a été indispensable pour lutter contre le déclin de la demande. Si chaque pays avait souhaité mettre en place sa politique monétaire et fiscale son efficacité en aurait été sapée. Les politiques concertées de réduction des taux d’intérêt et les mesures fiscales coordonnées ont permis d’obtenir de bien meilleurs résultats. Cette coordination a été possible grâce à l’intervention des institutions internationales telles que le F.M.I L’U.E le G7 et le G20. En comparant la crise actuelle avec la Grande Dépression on constate d’ailleurs que ces institutions représentent l’atout essentiel de lutte contre la crise. L’hypothèse du découplage représente des avantages qui soulignent l’importance de la plate-forme du G20 Les marchés émergents sont devenus des acteurs de poids depuis 1980. La production de ces pays représente un quart de la production mondiale et leur contribution à la croissance globale est encore plus importante. L’impressionnante croissance de la Chine et des autres tigres d’Asie nous pousse à penser qu’il existe des divergences de fluctuations du cycle économique mondial, une divergence appelée « découplage entre les marchés émergents et les économies avancées ». Cependant, l’augmentation, au cours des dernières décennies, de la dépendance des économies vis-à-vis de leurs économies voisines aussi bien dans le domaine des biens et des services que dans celui des mouvements des capitaux a réduit la possibilité de protection des économies émergentes Les politiques réactives Balance fiscale et Dette Publique (% du PNB) 2 Même si tous les pays sont touchés par la récession mondiale, le ralentissement des économies asiatiques a été plutôt limité. Ainsi, on prévoit, un taux de croissance de 5.1% en 2010 après un taux de 1.7% en 2009, pour les pays émergents et en voie de développement. D’autre part, les économies avancées devraient connaître une récession de 3.4% avec une prévision de croissance molle limitée à 1.3% en 2010. Le fait que la reprise de l’économie mondiale soit basée sur la bonne performance des économies émergentes rend la politique de coordination des pays du G20 encore plus importante. L’importance de ces pays (2/3 de la population mondiale et 85% du PIB mondiale) rend la coordination de leurs politiques nationales² encore plus nécessaire. Source, WEO Ceux qui croyaient que les chocs externes émanant des pays développés ne se refléteraient pas sur les économies émergentes se sont trompés. Perspective globale Fluctuations du PNB % comparé à l’année dernière Source, WEO Le défi permanent des menaces protectionnistes exige une coopération globale. La crise qui gangrène le monde marque la fin de l’ère du libéralisme financier. La récession a débuté et le rattrapage sera lent et fragile. Ce rétablissement de la croissance sera vulnérable aux opportunités financières restreintes, au prix du pétrole et autres matières premières, à l’abandon précoce de politiques d’accommodation fiscale et monétaire et aux courants de politique protectionniste. La montée du protectionnisme commercial et financier limitera les perspectives de croissance dans les économies en voie de développement. La menace du protectionnisme est en train de diminuer mais le nombre croissant de chômeurs sera une source de problèmes sociaux et contribuera à la montée du protectionnisme dans le monde entier. L’effet le plus dévastateur de la crise sera l’augmentation du taux de chômage dans tous les pays du 3 monde. L’histoire nous fournit de nombreux exemples sur la manière dont les populations effrayées s’accrochent à leurs racines et sur la façon dont les périodes de chômage conduisent au développement de la xénophobie et des régimes autoritaires. Les efforts concertés des pays du G20 doivent continuer pour éviter que la récession globale actuelle ne se transforme en Grande Dépression similaire à celle de 1929 qui a influencé le capitalisme pendant un demi-siècle. La coordination des pays du G20 doit continuer pour modérer les effets de la récession et surmonter les hostilités. La Turquie, membre du G20 s’est prononcée en faveur des mesures anti protectionnistes et soutient une action collective de lutte contre la récession globale. Comparaison du volume commercial mondial pré et post-crise marchés des pays émergents comme la Chine et l’Inde. La reprise dans les autres pays membres du BRIC sera plus faible. Bien que les exportateurs Asiatiques aient été frappés par la crise à ses débuts, leurs perspectives économiques se sont remarquablement améliorées durant le premier semestre de 2009. Cette région retrouvera sa ligne de croissance de production au début de 2010. La grave récession qui frappe la Russie a eu des retombées sur la région et a rendu la reprise plus difficile dans la majorité des pays du CES. Néanmoins, les perspectives du croissance des pays voisins de la Turquie se renforcent et le Moyen Orient améliore sa situation économique avec la stabilisation de l’économie mondiale et la hausse des prix de l’énergie. L’Afrique a aussi été moins touchée que les autres pays par la crise. Le taux de décélération de la croissance au Moyen Orient et en Afrique est plus bas que dans d’autres régions à l’exception des pays émergents Asiatiques. La reprise sera plus lente dans les pays émergents d’Europe Source: Eichengreen, O’Rourke. B. et K.H. La voie de la reprise diffère selon les économies Bien que l’activité économique reprenne à échelle globale, le rythme de la reprise est différent selon la maturité des économies. Le rebondissement sera mené par les La croissance des pays émergents d’Europe touchés par la crise financière et la réduction des mouvements des capitaux ne retrouvera pas son niveau d’avant la crise à moyen terme. Les économies des pays Baltes continueront à se contracter en 2010. Les mouvements d’offre et de demande indiquent un taux de reprise plutôt bas. La reprise molle des pays de la zone euro fera pression sur le potentiel d’exportation des pays Européens émergents. La baisse des prix des actifs et la montée du chômage limiteront la consommation privée. D’autre part, la consommation publique devra aussi ralentir dans les pays qui ont un espace fiscal faible. La fuite des capitaux étrangers limitera les crédits et les 4 investissements futurs. Tout ralentissement de la récupération économique constituera un risque important pouvant transformer le chômage conjoncturel en chômage structurel. La structure d’âge de la force de travail dans ces pays menace la reprise. En effet, la croissance de la production risque d’être limitée par le manque de vitalité du marché du travail. La croissance des pays émergents d’Europe dépendra donc de l’amélioration de l’efficacité mais une grande incertitude demeure sur les réformes du marché du travail visant à améliorer la productivité. Ainsi les perspectives de croissance à moyen terme des pays Européens émergents ne sont pas très positives. Ces pays ne pourront atteindre une croissance que si la reprise du commerce international et la confiance globale dépassent les prévisions actuelles. Perspectives Globales PNB réel ,comparaison % avec l’année précédente. Source, WEO La Turquie L’économie Turque a été sérieusement affectée par la récession globale. La Turquie fait partie des pays les plus affectés par la crise économique. L’économie turque s’est contractée respectivement de 14.3% et de 7% au cours du premier et du deuxième trimestre de cette année. Ces chiffres représentent une des plus fortes contractions vécues par les marchés émergents. La majorité des secteurs a ressenti l’impact négatif de la crise. L’industrie, le commerce et les transports ont respectivement marqué une baisse de 20%, 26% et 18% au cours du premier trimestre. Cette chute a été de 9%, 15% et 12% au second trimestre. L’industrie manufacturière et la production automobile, qui exportaient leurs produits vers Europe ont été sérieusement touchées par cette crise. La récession globale a contribué à la détérioration et au ralentissement d’une économie déjà épuisée par les réformes. Le déclin des activités économiques de la Turquie en 2006 a été accéléré par la récession globale.. L’économie qui connaissait un taux annuel de croissance de 7% entre 2002 et 2005 a marqué une baisse durant le deuxième semestre de 2006. Le taux moyen de croissance a commencé à chuter de 0.7% entre le troisième trimestre de 2006 et le début de la crise, fin 2008. Le taux de croissance de 2.1% des années 2002- 2006 a commencé à baisser à 0.5% et 0.8% pendant le second et le troisième trimestres de 2006. La stagnation économique peut être expliquée par le ralentissement des réformes. Nous pouvons utiliser le facteur de productivité totale FPT pour comprendre l’impact des réformes 5 structurelles sur l’efficacité totale de l’économie. La contribution du FPT au taux de croissance n’était que de 3.3% dans la période 1990-2000. Les réformes structurelles de 2002-2004 ont sérieusement contribué à l’amélioration de l’efficacité économique et l’impact du FPT qui était de 29 % en 2001-2004 est monté à 75% en 2005. La réduction de l’efficacité a suivi le ralentissement des réformes avec une chute du taux de croissance. Le FPT a aussi baissé à 20% en 2007. La récession globale a contribué à la chute de la production soulignant l’importance de la hausse du FPT et des motivations de réforme Episodes de croissance de l’économie Turque L’économie commence à reprendre ses forces. Les taux du PIB nous prouvent que la récupération a démarré au second trimestre. La comparaison des deux premiers trimestres marque une croissance économique de 7%. Les indicateurs de production et de confiance des consommateurs prouvent qu’on avait déjà touché le fond et que la reprise était en cours. La production industrielle est en hausse depuis mars 2009 et les sondages indiquent une perspective positive pour les mois à venir. Amélioration des variables clés. L’économie se réduira de 5% en 2009 mais la situation est différente des crises antérieures. Les taux d’inflation et d’intérêt sont en baisse contrairement aux crises précédentes. La politique monétaire a permis à la Turquie de baisser les taux d’intérêt de 10% lors de la crise et leur permettre d’atteindre le niveau le plus bas enregistré depuis plusieurs années. La consommation publique a augmenté et la chute des taux d’intérêt a permis au gouvernement de contrôler ses dépenses et diriger les fonds vers d’autres investissements. Source, TUİK 6 Développement des variables clés de l’économie Turque. Le déficit des comptes courants diminue et la balance des comptes courants dans les secteurs hors secteur énergétique est en surplus. Ainsi malgré la chute drastique de la production en 2009, la période de reprise est marquée par un taux d’inflation de 5%, des taux d’intérêt ne dépassant l’inflation que de quelques points et un taux d’échange qui est moins surévalué que dans la période précédant la crise. La Turquie a diversifié ses marchés d’exportation pendant la crise. Source, TUİK, TCMB La Turquie exporte en général vers les pays développés et 48% des exportations totales de la Turquie se font vers l’Union Européenne. Suite à la baisse de la demande globale en septembre 2008, les exportations Turques ont diminué de 32 milliards de $ avec un total de 104 milliards de $ en juillet. La Turquie a donc provisoirement perdu une partie de sa part de marché dans l’U.E. La situation s’est néanmoins améliorée et la part de marché de la Turquie a atteint son plus haut niveau depuis 4 ans avec un taux de 2.3%. Ceci prouve l’importance de l’amélioration des variables clés contribuant à la compétitivité de la Turquie. La Turquie a aussi réussi à s’ouvrir vers de nouveaux marchés grâce à la politique proactive des affaires étrangères. Les exportations vers les nouveaux marchés du Moyen Orient, d’Afrique du Nord et de certains pays du CES, sont en forte hausse. Les exportations de la Turquie vers ses pays voisins ont augmentées de 14% à 22% au cours de la dernière année. 7 Perspectives pour l’économie turque La Turquie aura une contribution positive sur la croissance économique de l’U.E. L’histoire nous prouve que les récessions graves sont presque toujours suivies par une période de récupération. Réactions économiques en Turquie Source, TUİK, TCMB La récupération faisant suite au déclin économique, qui a atteint son point culminant durant le premier trimestre de 2009, sera plutôt solide selon les normes européennes. Entre 1991-2000, le taux de croissance de l’U.E. était de 2.2% tandis que la Turquie marquait une croissance de 3.7%. La croissance annuelle moyenne de la Turquie en 2002-2007 a atteint le taux de 7% qui est le triple de celui de l’U.E. Après s’être contractées de près de 5%, les économies émergentes d’Europe devraient croître de 1.8% en 2010. Les perspectives de croissance à moyen terme sont moroses pour les pays de la zone Euro alors que la Turquie devrait connaître un taux de croissance de 3,7% en 2010. Les perspectives de croissance à moyen terme sont moins nettes Performance des exportations Les économies retrouvent généralement leur taux moyen de croissance au bout de 3 ans. Bien que la croissance moyenne de la Turquie de 4.5% soit suffisamment élevée pour réduire l’écart de revenus avec l’UE, elle devra atteindre un seuil plancher de 5% afin de pouvoir stabiliser son taux de chômage, déjà plutôt élevé. La Turquie pourrait connaitre des difficultés à soutenir un fort taux de croissance, sur du moyen terme, en raison de problèmes structurels encore non résolus à ce jour. En effet, ces 8 problèmes structurels ont été responsables de la vulnérabilité de la Turquie dans la récession globale. Le déclin des activités économiques de la Turquie, à partir du second trimestre de 2006, a été aggravé par la récession globale. Ces problèmes structurels risquent de continuer à mettre la Turquie sous pression et à ralentir la reprise de l’économie à moyen terme. Le secteur privé devra s’adapter à ces conditions changeantes et utiliser les capacités de financement limitées, qui mettront du temps à retrouver leur niveau normal. La Turquie pourra rattraper le développement de l’U.E à long terme La Turquie possède le potentiel d’accélérer son taux de croissance, à condition toutefois d’effectuer les réformes requises dans le domaine de l’emploi et de la production. Ces réformes viseront à soutenir la croissance du Facteur de Productivité Totale, ainsi qu’à ouvrir de nouvelles possibilités d’emploi à une main d’œuvre en perpétuelle expansion. Perspectives de croissance, Croissance annuelle du PNB (2010-2014) Source: IMF Selon les prévisions des Nations Unies, la Turquie occupera la troisième place en termes de taux de croissance de la population active, pour la période 20062050. Le développement positif des indicateurs clés, tels l’inflation ou les taux d’intérêt, assurerait la croissance du potentiel économique de la Turquie. La baisse du taux d’inflation réduira les risques et renforcera la confiance en encourageant les nouveaux investissements. Le dynamisme du secteur financier, combiné à la chute des taux d’intérêt, facilitera le financement de nouveaux projets d’investissement. Si la Turquie réussit à adapter sa structure de production aux besoins d’un nouvel ordre économique global, elle pourra rattraper les pays de l’Asie de l’Est et ainsi atteindre des taux de croissance similaires. Les projections de Goldman Sachs pour 2050 placent la Turquie au 9ème rang parmi les économies mondiales et au 3ème rang en Europe. Selon les prévisions de 9 PriceWaterHouse Coopers, la Turquie et l’Italie occuperont le 12ème rang parmi les économies mondiales. L’énergie est un paramètre important pour les perspectives à long terme. L’interdépendance des régions économiques dans les domaines de l’énergie, de la sécurité, de la stabilité économique et de la lutte contre les changements climatiques, transforment l’énergie en facteur clé de la coopération au 21ème siècle. L’acquisition d’une source d’énergie durable, compétitive et fiable est indispensable dans un monde où la consommation énergétique augmentera de 60% en 25 ans. La Turquie, grâce à sa forte croissance et son partenariat avec l’U.E., représente un nouveau marché fiable dans le domaine de la fourniture d’énergie. Elle promet surtout d’être demain le principal garant de l’approvisionnement énergétique en Europe. En effet, la diversification des fournisseurs est l’une des composantes essentielles de la sureté en matière d’approvisionnement. La Turquie, située au croisement du Moyen Orient, la mer Caspienne et de la Russie, dans une région possédant 73% des réserves pétrolières et 72% des réserves de gaz naturel, est un candidat idéal pour la diversification des ressources d’énergie et des voies d’approvisionnement. Grâce à sa position géographique et la libéralisation des marchés du gaz, la Turquie devient un pays clé pour les nouveaux fournisseurs d’énergie souhaitant accéder aux marchés européens. La Turquie est aussi un consommateur d’importance de gaz naturel avec une consommation de 38 bcm en 2008, et une demande croissante qui représentera atteindra 10% du marché total européen en 2020. Les oléoducs et gazoducs existants et en construction permettent à la Turquie de constituer un réel centre de transit et d’approvisionnement énergétique pour l’Europe. La Turquie a déjà pris des initiatives dans ce domaine : le couloir d’énergie Est-Ouest, le réseau de gaz en Europe Méridionale et le projet Nabucco sont représentent des exemples de coopération entre différents partenaires. L’Union Européenne et la Turquie pourront bénéficier de cette coopération qui renforcera la sécurité de l’approvisionnement d’énergie. “Le créneau démographique” constitue un potentiel à long terme pour la Turquie Les tendances démographiques, la chute des taux de fertilité et les populations vieillissantes représentent des problématiques essentielles pour la majorité des pays. Certains pays, comme la Turquie, bénéficient d’un créneau démographique soutenu par une population jeune et active ; mais il faut être conscient que ces avantages ne seront pas inaltérables. Projection de croissance de la population active2006-2050 Source: UN 10 Dans les circonstances actuelles, la qualité et la productivité de la force de travail représentent une valeur économique cruciale. La structure efficace de la formation technique et professionnelle joue un rôle déterminant dans l’amélioration de la qualité de la production et la résolution des problématiques du marché de l’emploi. Les programmes de formation et d’éducation doivent suivre de près les politiques d’emploi afin d’assurer la compétitivité de la force de travail dans une économie basée sur le savoir et la connaissance. Les efforts du gouvernement dans le domaine de l’éducation nationale ainsi que la formation et le recyclage des travailleurs et des chômeurs sont nécessaires pour empêcher le chômage temporaire de se transformer en chômage structurel. De nouvelles opportunités s’offriront à la Turquie dans le monde de l’après crise … La crise mondiale initiera probablement des changements substantiels dans l’économie mondiale. Les problèmes économiques ne pourront être résolus que grâce à la coopération entre les pays développés et les pays émergents. La Turquie, membre des G20 jouera un rôle important dans ce processus. Il y aura aussi des transformations dans le domaine de la production et des finances ; la Turquie pourra bénéficier de nouvelles opportunités provoquées par ces changements. Le cadre de réglementation des marchés financiers devrait évoluer vers plus de prudence. La distribution géographique de certains secteurs pourrait également se transformer, tandis que les chaînes d’approvisionnement seront influencées par la disponibilité des moyens de financement, les modifications en termes de compétitivité et les considérations écologiques. Le monde adoptera un processus visant à équilibrer les disparités globales de l’offre et de la demande. Ainsi, la demande basculera du secteur public vers le secteur privé et des marchés extérieurs vers les marchés intérieurs, devenant le moteur de la croissance. L’Europe, avec sa population vieillissante et son taux restreint de consommation privée, n’aura qu’une contribution limitée sur l’économie mondiale. L’économie turque principalement basée sur la demande intérieure est prête à affronter ces défis. Le rôle de la Turquie dans le processus de transformation sera d’assurer la croissance de l’économie européenne à moyen terme. La croissance rapide des pays de la région et le développement des relations bilatérales de la Turquie avec ses voisins devraient lui assurer une place prépondérante dans le nouvel ordre économique. … si le pays adopte une réforme fiscale ambitieuse. Si la Turquie n’adopte pas un programme de réforme fiscale, le rythme de son développement sera négativement affecté. La Turquie doit rendre son marché de l’emploi plus flexible et faciliter l’embauche de nouveaux travailleurs si elle veut répondre à la demande croissante. Le système fiscal doit devenir plus transparent, plus efficace et plus simple et être favorable aux investissements. Il faut renforcer les autorités de régulation indépendantes, qui jouent un rôle important dans la construction d’un terrain favorable au développement économique. L’économie non déclarée sabote la concurrence équitable et affaiblit l’efficacité économique. Une stratégie permettant d’encourager la transformation des activités commerciales non déclarées 11 en activités commerciales officielles assurera la création de nouveaux emplois, une économie performante et la hausse du revenu moyen par d’habitant. Ressources: CBI, “G20 business summit: A scoping paper”, London, 18 March 2009 Eichengreen, B. and K.H. O’Rourke. 2009. “A Tale of Two Depressions.” IMF, World Economic Outlook, October 2009 İzmen, U., “Küresel Krizden Çıkışta Ülkeler Arası İşbirliği: G20’nin Artan Önemi”, EAF Politika Notu, 09-02, May 2009 1 Economiste en chef, TUSIAD Les chiffres et évaluations économiques de l'économie mondiale exposés dans le document ont été pris dans le rapport "Perspectives de l'économie mondiale" du FMI (Octobre 2009) 2 12