L’EST AGRICOLE ET VITICOLE V1 - N° 50 . VENDREDI 14 DÉCEMBRE 2012 . PAGE 10
ENJEUX
Réunion régionale lait
Cap sur 2013
Une réunion régionale des producteurs de lait s’est tenue mardi 3 décembre
à Colmar. L’occasion pour les responsables alsaciens d’échanger
sur la situation économique de la fi lière et les échéances à venir.
L
es membres du bureau restreint du
groupe lait de la FDSEA 67 ont
répondu à l’invitation de Michel
Rohrbach et Sébastien Stoessel, res-
pectivement président et secrétaire
général de la section lait haut-rhinoise.
Une réunion de travail a été l’occasion
de faire le point sur la conjoncture : la
situation est peu satisfaisante en cette
n d’année. Le prix du lait subit le
contrecoup de l’effondrement du mar-
ché de cet été et passe sous la barre des
300 pour les trois derniers mois de
l’année.
L’embellie sur le marché mondial se
fera ressentir à partir du mois de janvier
avec un prix semblable à celui touché à
la même période en 2012. Cette hausse
est plus que nécessaire pour faire face à
l’augmentation du prix des intrants.
Denis Ramspacher a rappelé que peu
d’exploitants dans le Bas-Rhin pos-
sèdent les surfaces nécessaires pour
devenir des céréaliers. “La taille modeste
des exploitations nous impose de conser-
ver des ateliers à forte valeur ajoutée.
Mais l’écart de prix entre la tonne de
maïs et la tonne de lait pose de réelles
questions. Le président de la FDSEA du
Bas-Rhin voit dans les perspectives du
marché mondial une vraie chance pour
les entreprises qui s’organiseront pour
capter la valeur ajoutée.
L’accumulation de contraintes
La mobilisation de la profession
contre l’accumulation de contraintes
réglementaires a fait l’objet d’une
longue discussion. Les manifestations
de Colmar et Strasbourg ont montré la
détermination de la profession face au
nouveau projet de directive Nitrates,
complètement incohérent. Depuis,
d’autres départements ont manifesté,
une pétition contre le projet circule, les
élus appellent l’ensemble des agricul-
teurs à la signer.
L’application excessive dont fait
preuve la France sur de nombreux dos-
siers (directive Nitrates, seuil ICPE,
Ecophyto) constitue autant de freins
directs à la compétitivité des entreprises
qui pourraient être levés à moindre coût
pour l’Etat.
Les propositions sur le calendrier
d’épandage sont tout simplement inap-
plicables en Alsace et même contraires
aux principes agronomiques. Les besoins
en capacité de stockage qui en découlent
obligeraient à des travaux gigantesques
alors que certains viennent tout juste de
se mettre aux normes.
“On ne peut pas changer les règles sans
arrêt”, a insisté Michel Rohrbach.
D’autant plus que les efforts sur la
qualité de l’eau sont en train de porter
leurs fruits.
Accompagner les éleveurs
L’après-midi a été consacrée à l’as-
semblée générale de la section lait.
Depuis deux ans, Michel Rohrbach et
son équipe représentent la région au
niveau du bassin Grand Est, avec Denis
Ramspacher. L’accompagnement des
producteurs reste une priorité quel
que soit l’échelon, que ce soit sur le
terrain pour pouvoir répondre aux pro-
blématiques des éleveurs, à Paris ou à
Bruxelles pour défendre la production
alsacienne.
Thierry Bajolet est ensuite inter-
venu pour évoquer le nouveau dispo-
sitif concernant la gestion du lait hors
norme. En effet, suite à un recours
devant le Conseil d’Etat de la Confé-
dération paysanne qui a cassé l’ancien
accord, un nouveau dispositif a été mis
en place. Le directeur de la FDSEA des
Vosges a fait remarquer que le nouveau
texte est plus contraignant que l’ancien,
mais permet une adaptation au paquet
hygiène européen qui, lui, est tout bon-
nement inapplicable.
“Désormais, les professionnels sont incités
à mettre en place des actions correctives dès
la réception d’un courrier d’alerte concer-
nant des problèmes de germes et/ou de cel-
lules dans le troupeau”, a constaté Thierry
Bajolet.
Denis Ramspacher a proposé que le
Criel se saisisse de la problématique
pour accompagner les éleveurs dans les
démarches de correction, car l’impact
nancier que représente le problème de
qualité peut être extrêmement important.
Yohann Lecoustey - FDSEA 67
De gauche à droite : Sébastien Stoessel, Michel Rohrbach et Thierry Bajolet.
Rencontre-débat Passion Céréales
L’agriculture productiviste, un gros mot ?
L’économie française est en crise, et pourtant elle ne mise pas sur ses points forts, comme l’agroalimentaire. Lobbies
environnementaux, besoin de communication vers le grand public, décisions des politiques : ce sont autant de points
à travailler par la fi lière céréales en Alsace, afi n de prospérer et continuer son rôle structurant de l’économie du territoire.
L
es participants étaient nombreux
mercredi 5 décembre à répondre à
l’invitation de Christian Schneider,
président régional de Passion céréales,
à participer à une rencontre-débat sur
les enjeux de l’économie céréalière pour
l’Alsace.
L’agroalimentaire constitue encore un
des seuls secteurs contribuant positive-
ment à la balance commerciale française,
pourtant largement défi citaire. Dans un
contexte morose, avec une augmentation
massive du nombre de chômeurs et des
secteurs industriels, autrefois fl euron et
erté du pays à l’image de l’automobile,
en situation préoccupante, le secteur
agricole et alimentaire semble constituer
une des voies d’avenir majeures.
Et pourtant, comme le souligne
Christian Saint-Etienne, président de
l’institut France Stratégie, “en France,
c’est dramatique, on évite d’évoquer les
secteurs où nous sommes bons. L’expres-
sion “agriculture productiviste” est deve-
nue un gros mot !” A la veille d’une
rupture économique massive, l’heure
est à la réfl exion : il faut penser dès
maintenant aux solutions, car les
directives adoptées en pleine crise le
sont à la hâte, et donc pas forcément
pour le meilleur intérêt de tous. Or
mener une stratégie cohérente pour
l’agroalimentaire sur le long terme est
aujourd’hui un chemin semé d’em-
bûches. Michel Habig, vice-président
délégué du Conseil général du Haut-
Rhin et ancien exploitant agricole,
regrette “devoir lutter quotidiennement
contre les discours de décroissance : on
aborde l’agriculture sous l’aspect de l’en-
vironnement, tout en écartant le potentiel
emploi et compétitivité”.
Christian Saint-Etienne parle, lui,
de “survie collective” et insiste sur la
nécessité de “se ressaisir de façon déci-
sive : pour maintenir le niveau de vie
national, il ne faut pas louper la troisième
révolution industrielle. Peut-on laisser de
côté et ignorer ce qui est bon ?” Organiser
les forces au sein des fi lières semble
donc la seule porte de sortie envisa-
geable : il faut valoriser les points forts
de l’économie hexagonale et exploiter
leur potentiel.
Dynamiser l’économie locale
En Alsace, les céréales sont au cœur
d’une fi lière forte et structurée, qui
compte de nombreux industriels et
offre une palette de produits étonnante
et diversifi ée. Elles occupent une place
déterminante dans les équilibres régio-
naux, tant en termes de création de
valeur et d’emploi que d’aménagement
du territoire.
En effet, les meilleures conditions
sont réunies pour utiliser au mieux
ces cultures : les conditions pédo-
climatiques permettent de travailler
sur le rendement, le Rhin d’ache-
miner la production sans encom-
brer le réseau routier, les industries
de valoriser les produits régionaux
et le bassin de consommation est là.
Christian Schneider, producteur de
céréales, vice-président de l’AGPM et
de la FDSEA du Bas-Rhin, mais aussi
délégué Passion Céréales en Alsace,
l’illustre bien : “Le maïs de notre région
fait mieux que Sébastien Loeb. Sur les
dix dernières années, l’Alsace est la pre-
mière région de l’Union européenne en
termes de rendement du maïs ! Notre
territoire est parfaitement adapté à cette
culture. Fier de son métier, il précise
que “force est de reconnaître que l’Alsace
est un bassin de production majeur pour
les céréales, avec 11 % de la production
nationale, assorti d’un environnement
industriel permettant la transformation
des matières premières avec des emplois
de haute qualité dans la durabilité amont
et aval.
Clément Robert, directeur de l’usine
Roquette de Beinheim, implantée dans
le secteur de la chimie verte, mise sur
“la proximité des matières premières, et
notamment le maïs, la fi abilité du monde
agricole pour assurer les besoins, une
qualité irréprochable et un emplacement
logistique stratégique”. En effet, l’export
vers deux marchés importants, l’Al-
lemagne et les pays émergents de
l’Europe de l’Est, est facilité par la
proximité du Rhin. Christian Schnei-
der rappelle que la bonne navigabilité
sur ce fl euve permet de transporter
80 % de la production régionale par
péniche. Chaque bateau comptant en
moyenne 1 500 tonnes, ce sont 100 à
150 camions sur la route en moins par
chargement, et autant d’émissions de
gaz à effet de serre évitées.
Accepter le progrès
Selon Thomas Thuet, agricul-
teur dans le Haut-Rhin et pré-
sident de la Coopérative agricole de
céréales (CAC), l’agriculture souffre
aujourd’hui de “vents contraires au
niveau politique”. Il y a un demi-
siècle, le monde politique affi chait
une volonté claire de produire et
de s’en donner les moyens, notam-
ment avec la promotion de la
recherche agronomique (création
de l’Inra). Pourtant, ce sont main-
tenant les grands groupes acteurs
de la recherche dans le domaine des
céréales qui quittent le pays faute de
conditions favorables pour le dérou-
lement de leur activité, et même le
monde politique tourne le dos aux
céréales. Dernier exemple en date,
l’opposition affi chée du ministre
de l’Agriculture, Stéphane Le Foll,
aux OGM. Christian Saint-Etienne
évoque le martyre du “maïs, mal-
aimé des politiques”, et dénonce “la
démarche productiviste et compétitive
condamnée”. D’ailleurs, force est de
constater que ce débat sur la place
des céréales aurait mérité la présence
d’un nombre plus important d’élus.
Eugène Schaeffer, président du
Comptoir Agricole, revient sur la
notion “d’acceptabilité de la société. Il
faut montrer que l’on peut concilier pro-
grès scientifi que, techniques innovantes
et environnement, sans superposer les
règlements ! Larguons les boulets que
l’on a aux pieds !” Thomas Thuet
rejoint ces propos et met en lumière
le besoin de communiquer sur le
métier d’agriculteur : “C’est à nous
d’être exigeants pour l’avenir et pour
que cette production évolue. Le regard
sur notre métier n’a pas évolué, alors que
nos pratiques l’ont radicalement. A nous
de faire changer les mœurs, de montrer
notre professionnalisme et de convaincre
les politiques !” Eugène Schaeffer voit
toutefois dans la réintégration de la
dimension économique dans les pro-
grammes de recherche offi ciels un
signe positif.
Tiffanie Astruc - FDSEA67
Christian Saint-Etienne, président
de l’institut France Stratégie : “En
France, c’est dramatique, on évite
d’évoquer les secteurs où nous
sommes bons”.
Christian Schneider, vice-président
de l’AGPM et de la FDSEA du Bas-
Rhin, délégué Passion Céréales en
Alsace : “Les céréales alsaciennes
génèrent des emplois de haute qua-
lité dans la durabilité amont et aval”
(Photos Germain Schmitt).
La fi lière céréalière en Alsace, c’est :
• 30 % de l’emploi agricole local
15 000 emplois directs, soit l’équivalent
de l’industrie automobile régionale
• 2 coopératives
• 18 négociants
• 2 amidonneries
• 23 moulins
• 2 malteries
• 1 éthanolerie
• 4 fabricants d’aliments pour animaux
• 1 semoulerie
• 9 brasseries
• 3 fabricants de pâtes
de nombreuses boulangeries et bis-
cuiteries
des labels attestant de la qualité des
produits régionaux (Alsépi…).
Passion Céréales est une associa-
tion loi 1901, créée à l’initiative de
l’interprofession céréalière Intercé-
réales, qui rassemble les producteurs
et l’ensemble des acteurs de la fi lière
(coopératives, négociants, première
et seconde transformation : meu-
niers, malteurs, amidonniers, semou-
liers, nutrition animale). L’association
constitue une interface d’information
entre les acteurs du monde céréalier,
le monde scientifi que et la société. Sa
mission est de faire connaître au grand
public les bienfaits des céréales et les
produits qui en sont issus (alimentaires
et non alimentaires).
Source : www.passioncereales.fr
Les céréales, un vecteur de vitalité
du territoire alsacien
Passion Céréales : l’organisme
de communication des céréales
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