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Pôle Édition et Débats
Par ailleurs, en optant pour une stratégie
d’ouverture sur l’extérieur, le Maroc affiche un
taux d’ouverture de 80,5% en 2013, contre 52,5
en 1998. Autrement dit, le poids des échanges
extérieurs (importations et exportations confondues)
a quasiment doublé. Toutefois, cette intégration
à l’économie mondiale, s’est faite beaucoup plus
par les importations que par les exportations.
Illustration : en 1998, les importations
représentaient 28% du PIB. Quinze ans plus
tard, nous sommes à 47%. Les exportations sont,
elles, passées de 24 à 30% du PIB seulement,
sur la même période. Cette donnée est capitale
pour la suite de notre analyse et l’identification
des mesures correctrices pour redresser les
comptes.
Ouverture de l’économie 2/2
Par ailleurs, le taux de couverture a chuté de
70% en 1998 à 49,2% actuellement. En clair,
cela veut dire que notre déficit commercial
est supérieur à la valeur de nos exportations,
et nos importations représentent le double de
nos exportations. C’est là où réside le facteur
déterminant de notre économie pour cette année
et l’année prochaine.
Nos difficultés à l’importation sont liées à la
baisse de la demande étrangère adressée au
Maroc depuis 2008, en particulier la demande
émanant de l’UE, notre principal partenaire.
La détérioration du Compte courant influe sur
tout le reste. Jusqu’en 2007, le solde du Compte
courant était positif grâce à un excédent de
liquidités. Il s’est détérioré en 2010 et 2012
et aujourd’hui, le déficit du compte courant
représente 10% du PIB. Quant au déficit budgétaire,
il a accompagné le déficit du compte courant.
Entre 1998 et 2008, il était contenu à des niveaux
soutenables. Depuis 2008, le déficit budgétaire
a atteint des sommets, c’est pour cela que l’on
parle de déficits jumeaux.
Ces deux déficits doivent être financés et cela
n’est possible que par la dette publique. Aussi,
à partir de 2007, la dette renoue-t-elle avec sa
tendance haussière pour atteindre actuellement
75% du PIB. Or, la règle de soutenabilité impose
que le poids de la dette ne dépasse pas 60%
du PIB.
Ainsi, le déficit du compte courant a engendré
une détérioration des finances publiques et
des avoirs extérieurs, engendrant une ponction
sévère sur la création de monnaie. La meilleure
preuve en est que les entreprises ont de plus
en plus de mal à accéder au crédit.
Au-delà de ce constat connu de tous, quels
enseignements peut-on tirer par rapport à la
conjoncture de 2014 et les deux années à venir ?
Statistiquement, nous distinguons deux grandes
périodes : la période 1998- 2007 est marquée
par l’euphorie et une croissance forte, tirée par
la demande intérieure. Depuis 2008, la situation
des finances publiques s’est dégradée. En 2013,
le gouvernement a été amené à réduire le budget
d’investissement de 15 milliards de DH. Cette
année, la même tendance est maintenue.
75
70
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55
50
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40 19991998 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
69,269,6TC 64,4 65,0 66,3 61,7 56,2 53,9 53,2 47,8 48,3 43,4 50,5 49,3 48,2 49,0
15
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5
0
5-
-10
-15 19991998 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
12,210,3Dem UE 8,6 12,8 2,3 2,9 3,4 7,7 8,2 5,6 -1,5 -13,1 10,31 3,60 -2,41 0,37
De plus, cette mesure est accompagnée par une
généralisation de la TVA et par d’autres mesures
fiscales contenues dans la loi de finances...
Il apparaît donc que l’état des Comptes extérieurs
conditionne la dynamique générale de notre
économie. Alors, comment dépasser les difficultés
actuelles ? Fondamentalement, le Maroc est
confronté à un problème d’offre exportable.
Déficits jumeaux
Concernant les Accords de libre échange
(ALE), nous avons conclu trois grandes familles
d’accords : l’accord d’association avec l’UE qui
remonte à 1995 et qui est arrivé à maturité en
mars 2012 ; l’accord Quadra avec la Tunisie,
l’Égypte et la Jordanie, et l’ALE avec les États-
Unis. L’analyse de nos échanges montre que
le commerce préférentiel se porte très bien.
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4
2
0
-2
-6
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-8
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-12 19991998 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
-0,42-0,36(CC/PIB) (%) -1,28 4,27 3,65 3,19 1,69 1,79 -0,10 -0,09 -5,22 -5,44 -4,49 -8,05 -9,96 -7,58
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19991998 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
-2,20-1,55Budget/PIB) -2,15 -4,42 -3,88 -3,34 -2,58 -5,41 -1,06 0,73 0,16 -2,45 -3,78 -4,79 -7,83 -6,23
Le problème provient de nos contreperformances
dans le commerce multilatéral lié aux accords
de l’OMC. Pourquoi ? Parce que nos efforts ont
été concentrés sur l’offre exportable dédiée au
commerce préférentiel et nous avons négligé le
commerce multilatéral. L’autre difficulté à laquelle
est confronté notre commerce extérieur, a trait
au renchérissement des matières premières,
du fait de leur poids dans nos importations.
Compte tenu de cette situation, quelles sont
les mesures à adopter pour rectifier le tir et
réduire les déficits ? Il faut renforcer les plans
sectoriels dont le dernier est le plan d’accélération
industrielle, car le véritable remède réside dans
la ré-industrialisation du pays. Des efforts ont
été fournis dans les nouveaux métiers mondiaux
mais nous n’avons pas encore atteint la masse
critique pour pouvoir redresser nos comptes
extérieurs.
L’analyse de nos exportations montre que
nous avons un avantage concurrentiel dans
2 grandes familles de produits : l’agriculture
et la pêche ainsi que le textile et cuir dont le
taux de couverture s’améliore. Les industries
électriques et électroniques recèlent un potentiel
tout comme l’agroalimentaire. Le problème
réside dans le secteur mécanique qui marque
des contreperformances.
Taux de couverture (%)
Compte courant (%)
Déficit du Budget (%)
Demande UE adressée au Maroc (%)
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