L’Iran d’hier à aujourd’hui : Mythes et réalités Cours nouveau Revue africaine trimestrielle de stratégie et de prospective Nom en arabe : Al-manzuru jadiid Revisiting Issues Repensar Africa Hoje L’Iran d’hier à aujourd’hui : Mythes et réalités Regard(s) critique(s) sur l’Iran post-révolutionnaire depuis Dakar (Sénégal) I° Colloque « Iranian Studies » de Dakar Auditorium Khaly Amar Fall Université Cheikh Anta Diop de Dakar Organisé par le Centre International d’Études et des Recherches Stratégiques et Prospectives de Dakar (CIERSP de Dakar) et la Revue Cours Nouveau L’HARMATTAN Numéros 3-4 - Janvier – Juin 2011 – ISSN N° 0850-1793 © L'HARMATTAN, 2011 5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com [email protected] [email protected] ISBN : 978-2-296-55018-6 EAN : 9782296550186 Sommaire Editorial, par Malick Ndiaye, Directeur de la Revue Cours nouveau ............... 7 Ali Mohammed BASIRI : «Les conséquences positives de la Révolution Islamique d’Iran » ...... 9 Mamadou Moustapha NDIATHIE : « L’Iran des Révolutions : Du Cheikh Fazlullah NURI (1843-1909) à l’Ayatollah KHOMEINI (1900 -1989) »............................................ 27 Moustapha GUEYE : « L’évolution de l’économie iranienne de 1979 à 2008 : mutations, ruptures et continuités ».................................................... 49 Aboubacar Abdoulaye BARRO : « Iran : Révolution islamique, espace public et débat intellectuel » .. 71 Reyhaneh FATHIPOUR : « Les points communs et les différents aspects sociaux culturels de la famille en Iran et au Sénégal ..................................................... 87 Malick NDIAYE : «Le Gouvernement islamique et la question de la laïcité au Sénégal»............................................. 113 Oumar SANKHARE : « Rapports entre Perses et Grecs dans l’Antiquité » ........................ 137 Abou HAYDARA : « Averroès, Iranien maudit ; son apport à l’essor de la pensée européenne »................................ 143 Cheikh SOUGOUFARA : «Soufi ou Impie ? L’énigme Khayyamien» .................................... 151 Mamoussé DIAGNE : « Cogito Africain»............................................................................ 173 5 Editorial : Regard(s) critique(s) sur révolutionnaire depuis Dakar (Sénégal) l’Iran post- La plus vieille question du changement social de tous les temps est, en définitive, rien moins que la part de liberté légitime des masses et des citoyens dans les Révolutions ! Vieille question en vérité, à laquelle l’Iran post-révolutionnaire est loin d’avoir échappé, singulièrement lorsqu’on interroge la République Islamique depuis l’Université de Dakar, avec l’ambition d’honorer la devise proprement senghorienne : Lux Mea Lex1, depuis l’Afrique. Si, en effet, le Cogito Africain2 compte prendre son vol, il ne faut pas s’attendre à ce que l’Afrique tout entière ou une partie d’elle passe la pommade aux amis idéologiques et/ou aux grands du monde, mais bien qu’elle réexamine les matériaux de manière critique et révolutionnaire. Au nom d’une certaine idée de la Vérité et d’un idéal tout aussi certain de liberté. Au-delà des régimes politiques et sociaux, qui au fond ne sont que des arbitrages mouvants et changeants de rapports sociaux politiques ou autres. Regard(s) critique(s) s’entend donc loin de la propagande et de la séduction, de la manipulation d’images et de symboles et de l’agitation, mais « Eyes open » et libre examen des questions posées aux hommes de sciences et aux peuples et nations de tous les continents par l’Histoire contemporaine. L’Islam est-il antinomique aux libertés formelles accordées par suite de luttes âpres, par les régimes libéro-capitalistes ou faut-il considérer plus prosaïquement que les libertés, ou encore le régime des libertés, sont également en jeu, constituent donc un enjeu, et quel (s) enjeu(x) ! Au sein des régimes islamiques, et que par suite, le caractère islamique (le label) n’est pas une protection légitime contre le désir d’affranchissement à l’égard des demandes sociales de libertés qui, au demeurant, sont à l’origine de la révolution iranienne même. Autre chose est évidemment de savoir quelle est la dose et les termes de l’offre et de la demande de libertés dans l’un et l’autre régime. En tous les cas, l’émancipation par rapport aux pouvoirs constitués et la renégociation – de mille manières y compris la lutte et l’action de rue, l’écriture de feuilles ou de papiers, l’édition de journaux ou l’ouverture de sites internet, - ne sont pas comme telles des tares occidentales capitalistes, judéo-chrétiennes ou autres, à l’instar du nucléaire ou encore les outils de la médecine moderne, le laser ou les (?) : Ces dernières sont-elles des dons gracieux de l’autorité ou au contraire résultent-elles, oui ou non, de négociations entre les individus, 1 « Ma loi, c’est d’être lumière ». Sur cette notion de Cogito Africain, cf. dans ce même numéro l’article de Diagne M., Cogito Africain, pp. 221-234. 2 7 les groupes et les classes ? Ou encore de rapports de forces ? Du degré de mobilisation des ressources par les protagonistes de l’action sociale globale à quelque niveau de la hiérarchie qu’ils se situent ? etc. Là est la question. Un peu comme hier le soviétisme autorisé des classes dirigeantes des blocs de l’Est avait fait de celles-ci les interprètes uniques du licite et de l’illicite, l’islamisme iranien, peu importe qu’il soit chiite ou non, est sommé de prouver qu’il fait différemment, à défaut de faire mieux. La part de liberté, qui la définit ?, qui la gère ?, et qui la concède dans les conditions de l’Iran du Shah et des Ayatollah ? Idem dans le cas de l’exempire soviétique. Mais dans les démocraties occidentales, l’état des libertés fait-elle moins question au regard des inégalités de toutes sortes ainsi que du rapport déséquilibré aux ressources et aux richesses ? A moins donc de soutenir que les Musulmans point n’ont besoin de liberté, et qu’ils peuvent même s’en passer, ou encore mieux, que leur religion contrevient à celle-ci, d’hier à aujourd’hui, il y a lieu de mettre cartes sur table et de mettre un terme aux hold-up théoriques et conceptuels. De fait, il n’est pas interdit de penser qu’au-delà des prismes idéologiques et des débats orientés, i.e. piégés, c’est d’un nouvel âge de la quête des libertés dont il est question dans le monde, selon il est vrai, des déclinaisons qui varient selon les latitudes et les régimes sociaux- politiques. Mais n’est-on pas fondé de croire que les règles de grammaire de la liberté obéissent aux mêmes lois partout, ou du moins le devraient ? A force de juger des Musulmans et des questions islamiques avec les œillères des Tubaab et les diverses idéologies de la mondialisation, ou à l’inverse, attitude toute symétrique de la précédente, à force de délibérer sur les affaires du monde selon les prismes d’un islamisme réducteur, ce que l’on perd de vue c’est non seulement la notion d’Humanité, mais, à tous égards, celle de rationalité et d’objectivité, c’est-à-dire de Vérité, et subséquemment, la nécessité du libre examen, si tant est que cette dernière, expression de la liberté du sujet pensant, a encore droit de cité dans les empires mondiaux de la pensée unique. Malick Ndiaye, Paris, ce 7 mars 2011 Dr. Mohammad Ali BASIRI*: « Les conséquences internes de la Révolution Islamique en Iran ». Résumé La connaissance d’un grand phénomène social comme la Révolution Islamique d’Iran et ses conséquences intérieures et extérieures au XXe siècle, a besoin d’une étude approfondie dans le temps. Cependant, pour une brève étude de cette révolution, nous allons élaborer ses conséquences minimales internes. Alors la question principale qui se pose est de savoir quelles sont les conséquences internes de la Révolution Islamique en Iran dans les différents aspects économiques et sociaux, scientificoculturels, politico-juridiques et défensifs. Pour répondre à cette question nous allons analyser et comparer selon les statistiques et présenter les conséquences internes avant et après la Révolution Islamique. Les conséquences seront étudiées de manière générale comme suit : 1-Les conséquences économiques et sociales ; 2-Les conséquences scientifico-culturelles ; 3-Les conséquences politico- juridiques et défensives. Notre méthode de recherche pour réaliser cet article sera analytique et descriptive en utilisant des moyens bibliographiques. Mots clés : La Révolution Islamique d’Iran, les conséquences, les évolutions Introduction Connaître un évènement comme la Révolution Islamique d’Iran ainsi que ses conséquences positives intérieures et extérieures est l’une des nécessités du XXe et du XXIe siècle, pour les chercheurs et ceux qui s’intéressent aux problèmes politiques, sociaux et culturels * Université d’Ispahan / UCAD. 9 internationaux. Une Révolution qui a causé l’échec d’un régime dont toutes les conditions internes et externes furent à son profit. Selon certains intellectuels, ce régime était le plus stable dans une région la moins stable du Moyen-Orient. Après trente ans de Révolution Islamique et la chute du Shah , les opposants intérieurs et extérieurs à cette révolution, avec toute leur puissance économique, politique, militaire, culturelle, des propagandes massives, des relations et des informations ont essayé de la maîtriser ; ceci dans le but de l’empêcher de devenir un modèle pour les peuples musulmans et les pauvres. L’Union des Etats de l’Est et de l’Ouest dans les deux premières décennies de victoire de la Révolution, leur coopération continue ainsi que leurs efforts dans la troisième décennie n’ont su maîtriser la révolution. En dépit de vastes propagandes négatives par tous les outils modernes de communication et des propagandes médiatiques pour montrer les aspects négatifs de cette révolution, présentant l’Iran comme un pays terroriste, antidémocratique et contre les droits de l’Homme, ce pays dans les trois décennies s’est beaucoup développé sur les plans économiques et spirituels. L’approbation des peuples, des élites et des intellectuels du monde surtout des musulmans par rapport à ce modèle politique et par rapport aux valeurs de République Islamique a rendu ce régime très populaire dans les masses et dans les cœurs des nations. Dans ce travail, nous essayons de mettre en évidence les conséquences positives intérieures de la République Islamique d’Iran malgré les vastes propagandes négatives contre ces conséquences. La présentation des conséquences positives extérieures liées à cette révolution demande une autre recherche plus approfondie. Les conséquences intérieures de la Révolution Islamique dans les trois dernières décennies sont nombreuses. Pour les présenter, on les classe en trois groupes : 1- Les conséquences socio-économiques ; 2- Les conséquences culturelles et scientifiques ; 3- Les conséquences politico-juridiques et militaires. 10 I. Les conséquences socio-économiques Nous pouvons les présenter sur les plans secondaires comme : A) Economie nationale ; B) Industrie ; C) Agriculture ; D) Services publics ; (les routes, le gaz, l’eau potable, le logement, l’hygiène, la lutte contre la drogue) E) Communication (télécommunication) : NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et de la communication). A. Économie nationale Avant de présenter les conséquences économiques de la Révolution Islamique, il serait mieux de jeter un coup d’œil sur l’économie de l’Iran d’avant la Révolution. Cette économie présentait différents aspects : Un bas niveau de vie , une mauvaise exploitation, une mauvaise distribution de la richesse, l’incapacité économique de l’Etat pour diriger la société, un taux élevé de fécondité (3-4%), une mauvaise hygiène publique, un taux élevé des illettrés (60%), la rivalité entre les secteurs industriels et traditionnelles, la dominance autoritaire des anglais et des américains sur l’économie iranienne, la mauvaise exploitation des industries de base, une technologie précaire, un budget exorbitant dans le domaine militaire, le développement de la féodalité par les aristocrates, le transfert des revenus du pétrole aux comptes personnels des aristocrates à l’extérieur du pays (au début de la décennie 1350 (1972) la famille Pahlavide est la plus riche en Iran), le détournement financier et les pots de vin (corruption)[Soleiman Darabi, 1387(2006) : 3-5]. Après la Révolution Islamique d’Iran, la population a augmenté jusqu’à 72 millions, soit le treizième pays surpeuplé avec un revenu de 110 milliards de dollars, soit la deuxième économie de la région et le deuxième producteur de pétrole de l’OPEC. L’Iran est le deuxième possesseur de sources de pétrole et de gaz du monde. Le taux de fécondité s’est élevé dans la dernière décennie de 1980 et dans la décennie de 1990 avec une croissance maximale. Jusqu’en 2002 les démographies du taux de fécondité étaient à leur apogée et les taux 11 d’alphabétisation, de chômage, d’emploi et de mortalité étaient satisfaisants (Unicef, 2005 : 2-3). L’économie de l’Iran d’avant révolution qui fut une économie traditionnelle, presque indépendante à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle est devenue, à cause des politiques de développement imposée par l’occident (Amérique), dépendante avec une seule source de production au profit de leurs intérêts de domination, de telle sorte que le principal revenu du pays provenait de la vente de pétrole et environ 95% des produits consommés en Iran, dans tous les domaines, étaient importés (Sepehr S., 2006 : 2-6). Aujourd’hui (2009) l’Iran est libéré de l’économie pétrolière et produit presque 80% de ses besoins qu’il consomme, avec une production de 4,2 millions de barils de pétrole par jour et une population qui a doublée par rapport à l’avant révolution. De 4,2 millions de barils de pétrole, il exporte 2,35 millions et le reste est utilisé pour la consommation intérieure du pays. Autrement dit au début de la révolution, avec une population de 35 millions, environ 5 millions de barils de pétrole étaient exportés par jour et presque tous les produits consommés dans le pays étaient importés. Actuellement, avec une population de 75 millions, et 2 millions de barils de pétroles exportés, seulement 20% des besoins sont importés, c’est-à-dire 80% des produits intérieurs. Ceci symbolise le développement politique, économique et social de la République Islamique de l’Iran [Moridi 1381 (2001) : 4-7]. B. Industrie Le guide suprême d’Iran Ayatollah KHOMEINI croit que la garantie de l’autorité nationale d’un pays est son autorité scientifique ; autrement dit la croissance, le développement multilatéral et la stabilité d’un pays sont les résultats des progrès scientifiques. (Zahedi, 1387 (2008) :1). C’est ainsi que les évolutions industrielles, agricoles, les évolutions des services, des communications… trouvent leurs origines dans les évolutions culturelles et scientifiques de l’Iran. Et c’est sur la base de ce conseil que le mouvement du développement en Iran, durant ces trois dernières décennies, s’est fondé. Comme nous l’avons dit ci-haut, l’économie singulière (pétrole) de l’Iran était, avant la révolution, la cause de l’importation de tous les produits industriels. Aujourd’hui, dans de nombreux domaines industriels, l’Iran est non seulement indépendant, mais aussi un 12 exportateur et exporte des produits standards [Moridi, 1381 (2001) : 83-139]. Dans le secteur industriel on constate, après la révolution, un grand développement des investigations : la promotion du métier d’ingénieur dans le dessin et la production dans les deux secteurs, privé et public. Dans le secteur privé la croissance des variétés de productions industrielles a élevé la capacité des exportations. Le dessin et la fabrication des pièces des machines industrielles, la raffinerie, les industries chimiques, les cimenteries, les générateurs et leur installation sont l’œuvre des spécialistes iraniens. La moyenne de la croissance industrielle a augmentée de 4% dans les années après révolution, malgré les pressions extérieures, le boycott, les tensions et les conflits régionaux et internationaux. Dans la perspective du développement en 20 ans la moyenne de croissance a augmenté de 6% (Andicheh Ghom, 1386 (2002) :2-3). Prenons le cas de l’industrie pétrolière : son indépendance dans les domaines de la découverte, de l’excavation (jusqu’à 50 milliards de barils), de l’exploitation, de l’exportation, du raffinage et du transfert aux pays consommateurs est rendu possible par des spécialistes iraniens ; alors qu’avant la révolution, l’Iran était dépendant sur tous ces domaines. Pour ce qui est de la découverte des sources du gaz, on a estimé au début de l’année 1381 (1993) environ 26,6 trillions mètres avec 17% des sources mondiales et 47,7% des sources du Moyen Orient. [Andicheh Ghom, 1386 (2002) :2]. La production de la pétrochimie en 1357 (1979) fut environ 4,7 tonnes, en dépit de la guerre et ses conséquences, de l’embargo économique ; en 1380 (1992), ce taux est arrivé à 12,5 millions de tonnes et le revenu du pays est passé à 7 milliards de dollars. Dans le domaine de la technologie nucléaire, en dépit des destructions et des pressions, l’Iran est devenu détenteur de combustibles nucléaires locaux et a causé un étonnement mondial. Ce pays dispose de spécialistes nucléaires locaux, avec des sources d’uranium à Ardakan de Yazd, Ispahan, Natanz, Arak et dans l’avenir à Bouchehr. Ces spécialistes ont créé des installations et centrales nucléaires. L’Iran est le deuxième pays nucléaire de la région [Andicheh Ghom, 1386 (2007) :2]. Actuellement, dans les installations pour l’énergie atomique, il y 5000 centrifuges actives qui auront des évolutions [Zahedi, 1387 (2008) :2]. En ce qui concerne le centre nucléaire de Bouchehr, il faut 13 dire qu’il a été fondé avant la révolution, puis il a été stoppé. Aujourd’hui, il est prêt pour être exploité et l’année prochaine (2010) il pourra produire de l’électricité avec mille mégawatts. Ses spécialistes sont tous des iraniens [Zahedi, 1387 (2008) : 3]. Dans l’industrie aérienne, la fabrication et l’acquisition des spécialistes locaux pour les principales réparations (over hall) des grands avions, la fabrication de l’avion Iran 140, d’hélicoptères, d’avions sans pilote, les avions à quatre sièges de Fajr 3, et Ababil et la construction des aéroports dans les provinces furent des progrès d’après la Révolution Islamique. Avant la révolution, nous n’avions pas la production de cuivre ; depuis 2008 nous produisons 260 milles tonnes de cuivre. Avant la révolution, l’Iran tirait 172 millions de dollars de l’exportation industrielle et des mines. En 2009 ce taux est passé à 12 milliards. En 1357 (1979), on produisait 100 000 voitures (paykan), aujourd’hui nous en produisons 970 000 et projetons de fabriquer 1,7 millions de voitures à l’avenir. Les représentants de la voiture iranienne dans les pays étrangers comme la Syrie, l’Ukraine, le Sénégal et le Venezuela, sont actifs [Moridi, 1381(2001) : 152-167]. Avant la révolution, l’Iran produisait 6,2 millions de tonnes de ciment, aujourd’hui 67 millions, c'est-à-dire 10 fois plus. Dans ce domaine l’Iran est non seulement indépendant mais aussi exportateur. Dans le domaine de l’acier avec les changements totaux du régime du Shah (d’Iran), l’aciérie d’Ispahan avait enregistré un progrès de 370000t de production d’acier ; et aujourd’hui avec un accroissement de 15 000 000 de tonnes de production, l’industrie d’acier a connu un essor dans tous les domaines. C. Agriculture En l’an 1356 (1978), conformément aux statistiques officielles de l’Iran avec une population de 35 000 000 d’habitants, le développement de la consommation locale à cette époque avait atteint un stock de 32 jours et le restant avait été importé de l’étranger. Aujourd’hui l’Iran a atteint son autosuffisance alimentaire avec sa politique de consommation locale (exportation locale). En l’an 1383 (2005), en l’espace de moins de 40 ans, les bases du développement du blé ont atteint une autosuffisance. D’après les statistiques en 2004 de la (FAO) (Organisation Mondiale pour l’Alimentation et l’Agriculture), l’Iran avait occupé le 14 1er rang des pays exportateurs en matière d’exportation de riz , d’ orge, de légumes verts, d’animaux domestiques, de volailles , de poissons, du lait et de miel [Sepehr, 1386 (2007) : 9]. Sur le plan agricole, nous pouvons dire que le ¼ de la production intérieure brute (PIB), le 1/3 d’emplois, les 4/5 des denrées de première nécessité et le 1/3 de la valeur des exportations non pétrolifères de l’Iran y sont inclus. Ainsi les réserves (récoltes) restantes avaient été estimées à 5000 tonnes et aujourd’hui elles dépassent les 160 000 tonnes à savoir une production multipliée par 30. Dans le domaine de la pèche , on est passé de 50 000t à 630 000 tonnes aujourd’hui (1387/2009) ; la croissance globale du blé de 5,100,000 tonnes est arrivée à 15,000,000 tonnes, celle de l’orge passe de 900 000 tonnes à 3,3 millions de tonnes, celle du riz non décortiqué passe de 1,1 millions de tonnes à 2,7 millions de tonnes, celle de la pomme de terre passe de 750 000 tonnes à 2,400,000 de tonnes, celle de la production d’oignon passe de 500 000 tonnes à 1, 200, 000 tonnes [Andiche Qom, (1386) 2007 : 1]. D. Services publics Dans le domaine des services régionaux : Sur le plan de l’évolution régionale et rurale (provinciale), des transformations fondamentales dans les zones et provinces à faibles revenus, à savoir des constructions essentielles telles que routes goudronnées, canalisation hydraulique, électrification, clinique, école, canaux d’irrigation, éducation à la santé publique, éradication de la pauvreté, recrutement d’emploi, la mutation des provinces et la situation d’un bon niveau de vie ont été opérées. Aujourd’hui 95% des grandes provinces rurales de l’Iran sont équipées d’écoles, de cliniques et d’électrification avec des barrages hydroélectriques. De nombreuses provinces rurales, avant la révolution, n’avaient pas beaucoup de moyens de développement mais grâce à la croissance et au développement des centres de santé, on est passé de 15 000 centres en 1357 (1979) à 73 000 centres sanitaires et le réseau de construction routier dans les provinces rurales a été multiplié par 10[Sepehr, 1386 (2007) : 4]. Avant la Révolution, cinq villes disposaient des réseaux de gaz, en 1380 (2002), 80% des familles dans 392 villes et villages possèdent ces réseaux. En ce qui concerne l’électricité, avant la Révolution 3,1 millions établissements furent abonnés (maison, général, industrie et agriculture) ; en 1380(2002), ce chiffre a été augmenté de 16,345 15 millions [Moridi, 1381, (2001) : 145-147]. En 1357 (1979), avant cet événement, la production de l’eau potable était de 1,5 milliards de mètres cube, avec les bifurcations 2,7 millions d’eau potable. Cette croissance qui inclut 650 villes assure une couverture sociale à 43 millions de citadins et ruraux [Andiche Qom, (1386) 2007 :2]. Avant la révolution il n’y avait pas de politique de croissance et de développement pour l’acquisition d’habitats en milieu rural mais aujourd’hui plus de 500 000 personnes ont accédé à un logement. Dans la politique de construction des logements citadins, environ 581000 logements ont été développés ces dernières années et ont permis entre autre à 1 500 000 personnes d’accéder à un logement décent [Zahedi, (1387)2007 : 3]. E. Communication Les lignes téléphoniques fixes instaurées avant la révolution ont été multipliées par 18 ; à savoir de 850 000 abonnés avant la révolution à environ 16 000 000 d’abonnés. A ceci s’ajoutent les 10 000 000 d’abonnés sur le réseau de téléphone portable, ce qui propulse ainsi l’Iran à la 3eme place des pays asiatiques les plus développés dans ce domaine [Sepehr, 1386 (2007) : 8]. Les équipements de télécommunication de l’Iran, dans le domaine du développement du Switch électrique (EMD) et de la fabrication des appareils de télécommunication ont été doublés et ont connu de grand succès. Aujourd’hui d’excellents progrès sont opérés sur le réseau des masses médias en connexion avec les grands réseaux par le canal d’Internet et autres [Sepehr, 1386 (2007) : 19]. Dans le domaine des constructions routières, l’Iran passe environ de 36 000 km de routes principales avant la révolution à 90 000 km d’autoroutes et de chaussées ; dans les provinces rurales et dans les différentes villes 76 000 km de routes principales et secondaires bitumées ont été établies. Le réseau ferroviaire de nos jours a atteint t 6100 km de lignes principales et plus de 2000 km de lignes ferroviaires secondaires. Avec la construction annuelle de 600 km de lignes ferroviaires, l‘Iran pourra atteindre les 10 000 km bientôt. Dans le domaine du transport routier et aérien, la croissance annuelle dans ce domaine a permis à 25 000 000 d’usagers d’emprunter les routes aéroportuaires du pays [Andiche Qom, 1386 (2007) : 3]. 16 F. Hygiène et santé Dans le domaine de la santé publique, de grandes démarches ont été effectuées. Et avec l’installation des centres de santé partout, le taux de mortalité des femmes et des enfants a diminué considérablement. Ainsi de 1364(1986) à 1380(2002), le taux de mortalité des femmes accouchant a baissé de 6,5% soit de 140 morts à 37 morts sur 100 000 vivants enregistrés. Le taux de mortalité enfantine aussi s’est abaissé de plus en plus ; c’est-à-dire de 4 fois de moins soit de 111 morts en 1356(1978) à 28,6 morts en 1381(2003) [Sepehr, 1386 (2007) : 7]. Dans le programme de vaccination et de santé préventive, 90% de la population ont été vaccinés et les maladies de contagions mortelles ont été éradiquées. En l’an 2000 la quasi-totalité des iraniens a accédé à l’eau potable. Dans toutes les localités du pays, des toilettes publiques ont été construites et l’alimentation et la nutrition locale ont connu un progrès considérable. (Unicef 2006 : 6). L’espérance de vie a progressé respectivement de 10 ans chez les femmes et de 12 ans chez les hommes, soit respectivement de 60 ans à 70 ans et de 68 ans à 80 ans. En 2004 l’O.M.S (Organisation Mondiale de la Santé) a déclaré que l’Iran a été, parmi les pays asiatiques, celui qui a le plus réussi dans le contrôle et la lutte contre le sida [Sepehr, 1386 (2007) : 7]. Sur la base des études récentes de l’évolution du développement des sociétés, l’Organisation des Nations Unies (O.N.U) a indiqué que l’espérance de vie s’est améliorée, la pauvreté a diminué, le niveau de vie s’est élevé, l’indice de développement humanitaire de la République Islamique d’Iran s’est accru de 10 pour cent, ce qui a classé l’Iran à la 84ème place sur 179 pays du monde. Les indices de développement de croissance de la population iranienne après la révolution, ont aussi connu une ascension la classant au 26éme rang sur 110 pays en 1979 et en 2008 il occupe la 86éme place (Fars, 1387, (2008) : 1). II. Les conséquences scientifiques et culturelles De manière générale, les conséquences scientifico-culturelles peuvent découler de la forme de l’identité nationale et religieuse (confiance en soi, confiance en Dieu), de la propagation de la culture 17 religieuse , en passant par la promotion de l’intellectualité et de la spiritualité et du développement scientifico-culturel, de la diminution du taux d’analphabétisme, de la promotion des activités culturelles et de l’apprentissage des langues, de la promotion de l’intellectualité, du renforcement et du soutien culturel de défense aux principes islamiques établis, du développement de la culture religieuse suivant les prescriptions et rites fondamentaux de l’Islam à travers les Centres d’Etudes Religieuses : Hawze et les Universités religieuses, de la sensibilisation collective du public à la religion, de la promotion du culte de la bienfaisance divine, du développement des libertés légitimes permises par la loi religieuse (Islamique) (à titre d’exemples nous pouvons citer l’identité nationale, les cinémas, l’éducation pour tous, les masses médias et les presses qui s’activent dans leur domaine respectif) [Hayat, 1386 (2007) : 1]. A. Identité nationale et religieuse La Révolution Islamique a suscité beaucoup d’intérêt à telle enseigne que les visions théoriques entre l’est et l’ouest ont causé des mutations importantes dans le domaine de la science, de la société, de la politique sur l’identité nationale iranienne. Cette Révolution rejette les théories du Marxisme et du Socialisme qui croient qu’il faut chercher le salut des individus dans le matérialisme historique et insistent sur l’application des théories de Marx et Engels. Elle refuse aussi la vision provenant du gauchisme « la religion est l’opium du peuple ». La Révolution déclare que la religion (Islam) permet la connaissance, le mouvement et la libération des peuples, elle a mis en cause la théorie de Teda Eskatch Paul qui disait que « la révolution politique se produit avec le changement des structures sociaux. » Elle ajoute que la révolution politique peut aussi se produire avec des évolutions de mentalités et de culture. En rejetant les visions libérales et démocratiques qui ont causé le tribalisme, la discrimination et l’apparition de (2) deux pôles : Le nord pour les opulents et riches et le sud pour les pauvres et déshérités, et en proposant la théorie de l’Islam « Velayat Faghih », cette Révolution a mis en cause les notions de liberté, d’égalité, des droits de l’Homme et de démocratie avec les définitions matérielles de l’est et de l’ouest. [Feirahi, 1382 (2002) : 241 -298]. Les iraniens avant la Révolution étaient confrontés à une crise d’identité : les uns voulaient continuer avec une identité antique tandis 18 que d’autres préféraient une identité étrangère et une troisième entité qui désirait son indépendance à l’est ou à l’ouest. Leur motif était une société de la famille iranienne basée sur une idéologie sociopolitique ; et ceci a été bafoué. Aujourd’hui, avec la réactualisation de l’identité islamique de l’Iran, par des principes communs occultes, on tente de redéfinir l’Iran antique, l’Islam et les partisans du modernisme avec les valeurs intrinsèques et les coutumes iraniennes et d’une nouvelle identité islamique. L’Iran a rejeté la théorie du sécularisme et de la laïcité qui voulaient séparer la religion de la politique. Car la religion est intégrée dans des affaires publiques dans des centres d’enseignement religieux, familiaux, et publics et des centres sociaux politiques et économiques. Ce réveil de l’identité islamique religieuse issu d’une brillante réussite a été transposté par cet esprit de mouvance et de mouvement, de modèles empruntés des pays en mutation et de soulèvements populaires islamiques et nationaux. [Amrai, 1383 (2003) : 249]. Avec l’avènement d’une nouvelle identité nationale (Confiance en soi et assurance), nous avons formé un mouvement de mobilisation nationale qui a vaincu la guerre imposée de huit (8) années consécutives (1981 à 1989 – Iran – Irak) et aussi nous avons réussi, grâce à cette unité, la reconstruction du pays. B. Cinéma, de l’audio-visuel et de la presse. Le cinéma iranien avant la révolution islamique n’était pas connu dans le monde. Aujourd’hui il suscite beaucoup d’intérêt culturel et présente la révolution islamique comme un modèle de référence. Le cinéma iranien est parmi les dix (10) cinémas connus dans le monde. Dans le système de doublage et de sous titrage des films, l’Iran est compté parmi les pays les plus prestigieux du monde. Dans le domaine des chaînes de radiotélévisions aussi les licences se sont multipliées de façon exponentielle avec des programmes, des documentaires 24h/24 de haute qualité très riches et variés. Plusieurs chaînes nationales et départementales sont en fonction jour et nuit. Les chaînes internationales comme Sahar, Jamejam, Saba, Perse TV et… sont présentes et actives. En établissant des bureaux des représentants des agences de presses et de la culture, à l’intérieur et à l’extérieur du pays, l’Iran est devenu un symbole des pays du sud dans la diffusion des actualités des événements et en les analysant indépendamment, il n’a donc pas 19 besoin d’obtenir des informations auprès des agences de presse comme Reuters, France press, etc.…[Sepehr, 1386 (2007) : 7]. En ce qui concerne les presses, les livres, l’industrie de l’imprimerie et d’édition, ce pays a eu un très grand développement. En dépit de la population qui a doublé après la Révolution, le tirage des journaux, des revues et des livres a été multiplié [Sepehr, 1386 (2007) : 8]. C. Education et Sciences Après la Révolution, l’Iran a connu une très grande évolution dans ce domaine. Dans les régions les plus lointaines de ce pays (comme Systan et Baloutchistan), il existe des écoles et des centres d’enseignement pour les filles et les garçons (Unicef, 2006 : 2). Avec l’absence de la discrimination de sexe et de région, il y a eu un accroissement de 85% dans les villages et 97% dans les villes. Grâce à cette instruction générale et des études supérieures, nous constatons la présence permanente des élèves et des étudiants iraniens dans les olympiades scientifiques. Avant la Révolution, l’Iran ne participait à aucune compétition scientifique mondiale, alors que, après cet événement, il a même obtenu des médailles. En 1380 (2002) dans les branches de mathématique (90 personnes), physique (65 personnes), informatique (4 personnes), chimie (36 personnes), biologie (12 personnes), 75 médailles d’or, 92 médailles d’argent et 85 médailles de bronze ont été obtenues [Soleyman Darabi, 1385 (2006) : 6]. Dans les festivals nationaux de l’année 1387 (2008), l’Iran a présenté 2000 découvertes scientifiques en les commercialisant. Avant la Révolution, l’ensemble des innovations représentait 800 cas. Depuis 1358 (1980) jusqu’à maintenant 24 000 découvertes ont été enregistrées. Nous pouvons citer comme exemple : le satellite de Safir et Omid qui ont été lancés dans l’orbite de la terre avec réussite. Le nombre des étudiants, en 1357 (1979), était de 176 000 personnes dans les universités d’états et privées. Aujourd’hui, il existe 35 millions étudiants, c’est-à-dire, alors que la population du pays a doublé, que ce nombre a été élevé 20 fois plus [Andiche Qom, 1386 (2007) : 2]. Le nombre des professeurs avant la Révolution était de 5800 personnes, actuellement, ils sont 50 000 professeurs actifs. La qualité des études supérieures est estimée selon des productions scientifiques 20