Climat : vers le point de rupture ? Nouvelles données scientifiques sur la crise climatique 3
Le consensus scientifique international sur les chan-
gements climatiques est sans appel. D’après le 4ème
Rapport d’évaluation (RE4) du GIEC, « le réchauffement
du système climatique est sans équivoque » et, selon une
probabilité supérieure à 90 %, l’essentiel du réchauffement
qui s’est produit depuis 1950 est dû à l’augmentation ra-
pide des concentrations de gaz à effet de serre causée par
l’activité humaine.
Le RE4 souligne l’ampleur planétaire des effets que l’on
doit attendre des émissions de gaz à effet de serre pas-
sées, présentes et à venir. En l’absence de politiques de
réduction des émissions, le rapport anticipe une aug-
mentation des températures de 1,7°C à 7°C en moyenne
par rapport aux niveaux préindustriels, en fonction des
quantités de gaz à effet de serre que nous continuerons
d’émettre. Les niveaux d’émissions actuels se trouvant au
sommet de la fourchette anticipée, un réchauffement ten-
dant lui aussi vers la fourchette supérieure est probable si
aucune action n’est engagée. Même avec le niveau actuel
d’augmentation des températures, qui se chiffre environ à
seulement +0,8°C au-dessus des niveaux préindustriels,
on assiste déjà à de retombées négatives sur les écosys-
tèmes et les populations. La fonte estivale des glaces de
l’Océan Arctique en est un exemple frappant. Ces effets,
par le biais de rétroactions positives, sont susceptibles
d’entraîner le climat vers des situations encore plus extrê-
mes.
Les prévisions du RE4 :
• Au cours des décennies à venir, les réserves d’eau
contenues dans les glaciers et la couverture neigeuse
devraient diminuer, entraînant ainsi des pénuries d’eau
pour plus d’un milliard de personnes dont l’approvi-
sionnement dépend des grands massifs montagneux.
• Environ 20 à 30 % des espèces végétales et anima-
les connues à ce jour devraient faire face à un risque
d’extinction accru si l’augmentation des températures
au niveau mondial dépasse 1,5 à 2,5°C.
• À des latitudes plus basses, notamment dans les
régions à saison sèche et dans les zones tropicales,
on estime que même une augmentation mineure des
températures locales (1 à 2°C) amplifiera le risque de
famines, du fait de la baisse de la production agricole
et de la fréquence accrue des épisodes de sécheresse
et d’inondation.
• Chaque année d’ici à 2080, des millions de person-
nes devraient être privées de leur habitation ou de
leurs moyens de subsistance en raison de la hausse
du niveau des mers. Les régions densément peuplées
situées à très basse altitude sont particulièrement
exposées, d’autant que leur capacité d’adaptation est
relativement faible et qu’elles sont déjà confrontées à
d’autres difficultés, telles que les tempêtes tropicales
ou l’affaissement des côtes.
• La santé de millions de personnes sera affectée par
l’augmentation de la malnutrition, des décès et des
blessures en raison des canicules, des inondations,
des tempêtes, des incendies, des sécheresses, ainsi
que de nombreuses maladies (notamment les infec-
tions véhiculées par les insectes).
Voir Figure 1.
De manière alarmante, des études scientifiques plus
récentes révèlent que les changements climatiques se
produisent bien plus rapidement que ne l’avait anticipé le
RE4. Certaines font état de puissantes rétroactions positi-
ves qui devraient affecter le climat à un niveau fondamen-
tal. De plus, les conséquences sont bien plus précoces,
voire parfois observées avec des décennies d’avance, la
réaction du système climatique et les niveaux d’émissions
de gaz à effet de serre dépassant les prévisions.
Dans l’objectif de rassembler et de synthétiser les
connaissances scientifiques nouvelles et existantes sur
le dérèglement climatique et ses impacts, l’Université de
Copenhague a organisé, en collaboration avec neuf autres
établissements d’enseignement supérieur, un Congrès
scientifique international sur les changements climatiques,
du 10 au 12 mars à Copenhague. Les contributions ap-
portés par les scientifiques à l’occasion de cet événement
seront synthétisées et publiées dans un rapport destiné
à orienter le processus décisionnel politique en vue de la
15ème Conférence des Parties à la CNUCC, qui se tiendra
à Copenhague en décembre 2009.
1) Un consensus
scientifique massif