ETRE CITOYEN EN FRANCE, EN
EUROPE ET DANS LE MONDE…
La question de la citoyenneté, et donc de l'éducation à la citoyenneté,
resurgit chaque fois que la société s’interroge sur ses fondements et la
pérennité du contrat social. Dans l'histoire récente de la France, on peut
repérer trois moments forts de ce questionnement :
- la Révolution française, avec la volonté de substituer un nouvel
ordre politique et social à l'ancien Régime;
- la lente stabilisation de la IIIe République qui, face à la double
contestation monarchiste et socialiste, voit dans la fondation de l'Ecole
laïque et républicaine le moyen d'assurer sa pérennité ;
- aujourd'hui avec le renouvellement des formes d’exclusion et la
montée des incivilités, symptômes d’une fragilisation du lien social et d’une
interrogation sur la notion même de citoyenneté.
Avant le XVIIIe siècle, on parle d'éducation morale, mais non d'éducation
civique, puisque sans République il ne saurait y avoir de citoyenneté.
A partir de la Révolution française et jusqu'à la première moitié du XXe
siècle on parle d'éducation civique et morale : les deux éducations sont
constamment associées.
Aujourd'hui, l'éducation morale tend à s'estomper derrière le concept
d'éducation à la citoyenneté. En deux siècles, on est donc passé d'une
primauté de la dimension morale de l'éducation dont l'éducation politique ne
serait qu'un complément et une conséquence à une primauté de la
dimension politique, en laquelle la morale serait plus ou moins incluse.
Parler de citoyenneté suppose de faire référence à la « cité », donc de
territoire que l’on peut assimiler à un périmètre défini et limité à l’intérieur
duquel devraient s’exercer de manière homogène et quasiment
permanente les relations personnelles, sociales, économiques et
culturelles.
Or, notamment depuis la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, un
bouleversement majeur est apparu dans l’interdépendance des territoires,
voire parfois dans la disparition pure et simple des périmètres initiaux.
De surcroît plus récemment encore, nous constatons que les facteurs de
mutation que constituent la mondialisation, les médias, les TIC et les
réseaux font voler en éclats nos repères habituels, tant et si bien que l’on
peut légitimement avancer l’idée que le territoire, le périmètre, la frontière,
la norme ne sont plus de notions pertinentes permettant de rendre compte
du cadre dans lequel évolue le citoyen contemporain.