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Résumé
Le présent mémoire se penche sur la dramaturgie que mettent en scène le Banquet et le
Phédon de Platon. Dans le cas du premier dialogue, une étude de l'épilogue et du discours
d'Alcibiade, assortie de parallèles ponctuels dans la République et la Lettre VII, permet de
déceler un exemple de la rétention d'information platonicienne, telle que comprise sous l'égide
des écoles platoniciennes de Tübingen et de Milan, de même qu'une attestation de l'existence
de doctrines non-écrites qualitativement supérieures à celles que renferment les dialogues.
L'épilogue du Banquet fait ensuite, à la lumière des conclusions susmentionnées, l'objet d'une
interprétation qui distingue trois niveaux de lecture des dialogues platoniciens : l'extériorité,
l'intériorité et l'oralité philosophique, symbolisées respectivement par le poète comique
Aristophane, le poète tragique Agathon et le poète philosophique Socrate. Il va de soi que ce
dernier renvoie sémantiquement au philosophe par excellence, titre que Platon endosse
volontiers. L'essai exégétique touchant le Phédon se concentre pour sa part sur la dernière
volonté de Socrate. Celle-ci survient au dénouement de la partie la plus « dramaturgique » du
dialogue, c'est-à-dire après les discours proprement philosophiques sur l'immortalité de l'âme.
En ciblant ces moments, de même que l'introduction, nous distinguons l'adjonction des tons
tragique et comique, illustrant par là un procédé inhabituel dont le but, ultimement, est de
soustraire le dialogue au registre tragique afin d'éviter la propagation d'émotions contraires à la
philosophie. En exploitant l'oxymore comique-tragique sur un plan mimétique, nous
montrerons que la dernière volonté de Socrate véhicule un dessein parénétique.
Mots-clefs : Platon, Banquet, Phédon, dramaturgie, philosophie, ésotérisme, oralité, poésie,
tragédie, comédie.