
existants  n’offrent la possibilité d’extraire les données  selon  les finales  affixales,  les marques 
flexionnelles, etc.  
Notre analyse de la suffixation verbale dénominale en –é du créole guadeloupéen s’appuie en premier lieu 
sur la base de données établie par Maxime Deglas, locuteur natif, qui rassemble environ 7 045 lexèmes du 
créole guadeloupéen (issus de toutes les îles de Guadeloupe –Marie Galante, Les Saintes, La Désirade, 
Grande-Terre, Basse-Terre). Ces données sont accessibles sous format électronique, permettant aisément 
la constitution de paires de construits morphologiques. Initialement constituée des mots issus de la Basse-
Terre, la  base de données a, au fil des ans, intégré le  lexique et les variations de toutes les  îles de 
l’archipel. Elle constitue la synthèse d’une dizaine d’années d’enquêtes menées par l’auteur auprès d’une 
trentaine de locuteurs du créole, âgés de 45 à  80 ans, et exerçant principalement dans l’agriculture, la 
pêche, l’artisanat, l’enseignement ou encore des fonctions de cadre et  d’informaticien. Ces enquêtes, 
organisées autour de thématiques diverses et conduites comme des conversations à brûle-pourpoint, ont 
eu une double fonction : d’une part inventorier le lexique de domaines spécifiques tels que la faune, la 
flore, la cuisine, les travaux des champs, la pêche, la vie au début du 20ème siècle etc., et d’autre part de 
préciser les  emplois et les  valeurs sémantiques des unités lexicales recensées. La base sur laquelle 
s’appuie notre travail est restreinte aux verbes et en compte 1 731. Elle renseigne un certain nombre de 
propriétés linguistiques, outre la catégorie : forme phonologique, sens et relation morphologique avec des 
noms ou adjectifs, qu’il s’agisse des dérivés ou de la base du verbe s’il est construit,. Ces informations 
sont enregistrées dans un fichier ACCES, disponible auprès de l’auteur. Bien qu’elle permette une 
recherche morphologique d’envergure, cette base de données souffre néanmoins de sa relative petite 
taille, du choix relativement partial des lexèmes en entrée, et de l’absence de traitement lexicographique 
professionnel. Nous avons tenté de pallier ces difficultés en nous référent systématiquement aux 
dictionnaires existants afin, le cas échéant, de compléter la taille du lexique et de confronter le sens et 
l’emploi des lexèmes. Néanmoins, certains problèmes subsistent, les dictionnaires existant ne pouvant 
constituer de solution idéale. Les résultats de notre analyse doivent tenir compte de ces restrictions. 
3  La morphologie lexicale des créoles à base française 
Notre recherche s’appuie sur le postulat que le créole guadeloupéen, bien qu’il ait  en grande majorité 
hérité son lexique du français, dispose d’une morphologie constructionnelle riche : certaines règles 
morphologiques sont héritées du français (cf. ci-dessus, (4), (5)), mais d’autres sont propres au créole 
comme par exemple, la composition Verbe-Verbe en (8) ou différents types de réduplications en (9). 
Certaines de ces règles morphologiques proprement créoles sont formées par réanalyse de règles 
morphologiques du français : ainsi, la suffixation en -asyon (10) est  issue d’une réanalyse de la 
suffixation en –ion du français, le suffixe -yé/-yès (11) provient d’une réanalyse des suffixes –ier/–ière du 
français. Par ailleurs, le créole exploite plusieurs règles de conversion dont (12) ne présente que celles 
mettant en relation un verbe et  un nom (12a pour les  paires N/V  à  finale en –é, et 12b pour celles 
présentant d’autres finales vocaliques), sans préciser l’orientation catégorielle. 
(8) Composition VV
gadé-vwè ‘lit. regarder-voir’ ‘observer’
lévé-gadé ‘lit. se lever regarder’ ‘observer, se renseigner’
monté-désann ‘lit. monter-descendre’ ‘va-et-vient, de bas en haut et inversement’
kolé-séré ‘lit. coller-serrer’ ‘enlacer’
alé-vini ‘lit.aller-venir’ ‘va-et-vient
touné viré ‘lit. tourner se retourner’‘tourner en rond’
viré gadé ‘lit. se retourner regarder’ ‘se retourner pour regarder’
maché bwété ‘lit. marcher boiter’ ‘marcher en boitant’
(9) Réduplication
AAA : anba-anba ‘lit. qui cache son jeu X 2’ ‘sournois’ anba ‘qui cache son jeu’
,
 Web of Conferences 08004      
(2016) DOI: 10.1051/
  
SHS 2shsconf/2016270
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Congrès Mondial de Linguistique Française - CMLF 2016 
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