résilientes - Catalogue en ligne La Bibliothèque Universitaire Centrale

République Algérienne démocratique et populaire
Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique
Université Mentouri Constantine
Faculté des sciences humaines et sociales
Département de psychologie
N° d’ordre : …..
N° de série : …..
Mémoire en vue de l’obtention du diplôme de magister en psychologie clinique
Option : Psychothérapie
Année universitaire : 2009 – 2010
Membres du jury :
Pr HAROUNI Moussa
Président
Mentouri – Université de Constantine
Dr SELLAHI Fatima-Zohra
Rapporteur
Mentouri – Université de Constantine
Dr BOULKOUR Chafika
Examinateur
Mentouri – Université de Constantine
Dr BADIS Abdelkader
Examinateur
Centre Universitaire de Khenchela
EMERGENCE DU FONCTIONNEMENT DE RESILIENCE
CHEZ L’ENFANT ABANDONNE
Présenté par :
BOUKERROU Amel
Dirigé par :
Dr. SELLAHI Fatima-Zohra
1
INTRODUCTION PROBLEMATIQUE :
L’intérêt porté au lien entre l’enfant et ses parents, et plus particulièrement au lien entre
l’enfant et sa mère a été partagé par plusieurs chercheurs en psychologie infantile dont René
SPITZ, Serge LEBOVICI ou D. W. WINNICOTT, et cela malgré des théorisations
différentes.
En effet, les différentes théories du développement infantile conviennent que la relation
mère-enfant est la pierre angulaire dans l’édification de la personnalité du nourrisson et du
très jeune enfant, parce que cette relation module et imprègne toutes les relations futures.
Ainsi, le nourrisson n’a pas seulement besoin d’être nourri, changé et lavé, mais il a
surtout besoin de la tendresse et de la chaleur humaine qui entoure tous ces rites, et qui sont
fournis par la mère de l’enfant ou par la personne qui lui tient lieu.
C’est l’implication affective de la mère dans l’échange relationnel, en tant que premier
objet d’amour, qui va amener le nourrisson à se lier d’affection et à s’attacher à elle. L’origine
de l’amour que porte l’enfant à sa mère a été une source de divergences en psychologie
clinique parce que son explication diffère selon les différentes théories du développement
infantile.
La théorie de l’attachement - également appelée théorie de l’inné - et qui sera
développée dans ce travail, se réfère à la conceptualisation théorique du psychanalyste
britannique John BOWLBY. Ce modèle théorique considère que le lien d’attachement est un
système affectif et comportemental qui relie le nourrisson à une personne spécifique de son
entourage, une personne qui s’occupe de lui de façon stable, sécurisante et qui subvient à tous
ses besoins.
Effectivement, le développement de l’enfant dans un environnement relationnel riche et
varié en stimuli affectifs et sensoriels, et cela pendant les premières années de la vie, est
cruciale, parce que ce milieu sert à équiper l’enfant, à long terme, de la sécurité de
l’attachement, ce qui influencera ultérieurement ses capacités adaptatives face aux exigences
du monde extérieur.
2
Par conséquent, la confiance que développe le jeune enfant, au fur et à mesure des
divers échanges, envers la personne qui le pourvoie en soins, fait émerger ses propres
capacités à s’attacher aux autres, à gérer des situations difficiles, à gérer ses sentiments de
peur, d’angoisse par la mobilisation de ses ressources personnelles.
Par ailleurs, le développement affectif du nourrisson est à la fois spécifique de l’être
humain et intimement lié aux relations avec ses différents partenaires avec lesquels il
interagit.
La compréhension du développement affectif de l’enfant dont l’attachement représente
l’un de ses systèmes comportementaux, joue un grand rôle dans le développement général de
l’enfant, que se soit au niveau de l’acquisition de l’autonomie, de l’estime de soi, de la
confiance en soi ou dans le sentiment de pouvoir envisager le futur de façon positive et
rassurante.
Cependant, il se peut que le développement affectif se trouve entravé parce que les soins
maternels donnés à l’enfant ne sont pas satisfaisants sur le plan quantitatif et qualitatif, ce qui
le met dans un état de vulnérabilité extrême. Cet enfant éprouve alors des difficultés à
dépasser les sentiments de dépendance, d’insécurité et de peur d’être abandonné par la
personne qui ne répond pas de façon régulière, constante et empathique à ses besoins.
Il arrive également que le nourrisson ou le jeune enfant soient exposés à des situations
adverses ou vulnérabilisantes qui induisent une réponse émotionnelle et comportementale
immédiate pouvant potentiellement induire un traumatisme psychique. Cette situation
traumatogène est caractérisée par la perte de la mère, soit par cès, soit par abandon.
La perte de la mère, que celle-ci soit la mère biologique, ou la personne pourvoyeuse de
soins, représente un réel traumatisme pour l’enfant, parce que la séparation arrive au moment
où il se trouve dans une extrême vulnérabilité, tant organique que psychique. Cet état de
fragilité met les ressources du nourrisson et du jeune enfant à rude épreuve parce qu’ils sont
encore incapables de traiter et de liquider, par eux-mêmes, la somme d’excitations qui les
assaille.
Ainsi, les conséquences de la rupture du lien affectif et de la perte de la mère sont
dommageables pour l’enfant qui en est victime en quelque sorte. Les conséquences de la
3
carence en soins maternels sont délétères et peuvent être durables. Le chercheur René SPITZ
(1968) relève, par exemple, que les nourrissons et les très jeunes enfants placés en milieu
institutionnel, et qui ne peuvent compenser la perte de leur mère par la présence d’un adulte
bienveillant, présentent un tableau clinique inquiétant, tableau clinique qu’il dénomme
« syndrome de carence affective » (R. Spitz, 1968).
Ce syndrome assez spécifique se traduit par une perte de l’appétit, une perte de poids,
de l’insomnie, des risques d’infections, une morbidité élevée ainsi qu’un taux de mortalité
spectaculaire. D’autres effets sont encore relevés à long terme, tels qu’une sensibilité
particulière au retrait et à la solitude qui peuvent mener à la dépression, une fragilisation de
l’estime et de la confiance en soi, une difficulté à envisager l’avenir de façon sereine et
optimiste ainsi que des difficultés à établir des relations affectives épanouissantes.
Par conséquent, du point de vue psychopathologique, l’impact de la rupture du lien
affectif avec la mère sur le nourrisson et le jeune enfant est indéniable, parce qu’il comporte
de conséquences traumatiques avérées.
Cependant, la question qui interpelle est celle-ci : pourquoi existe-t-il une catégorie
d’enfants, ayant vécu une rupture du lien avec leurs mères, et qui ne présentent pas le tableau
clinique psychopathologique couramment observé chez les enfants abandonnés ? Pourquoi
certains enfants résistent, du moins en apparence, au traumatisme de la perte de la mère, sans
être pour autant fracassés ? Pourquoi amorcent-ils une trajectoire de développement qui
semble normale ? Existe-t-il des mécanismes spécifiques qui sous-tendent cette capacité à
tenir le coup face à l’adversité ? Par ailleurs, est-t-il possible de distinguer des facteurs qui
favorisent la reprise d’un processus de développement chez l’enfant abandonné ?
Pour répondre à ces questions, les hypothèses suivantes sont avancées :
4
L’HYPOTHESE GENERALE :
L’enfant abandonné se situe dans une dimension de résilience.
LES HYPOTHSES OPERATIONNELLES:
1- L’abandon est une conjoncture traumatique pour l’enfant ;
2- La résilience chez l’enfant abandonné est traduite par des modalités défensives et
adaptatives face à la perte de la figure maternelle.
Les précédent courants théoriques qui se référent à la psychologie infantile, se basent
sur l’étude des circonstances vulnérabilisantes et potentiellement traumatiques face à la perte
de la mère, avec tout ce que celles-ci comportent de conséquences psychopathologiques et
comportementales graves, tandis que les nouvelles études se basent sur l’étude du modèle de
la résilience.
Le nouveau modèle de la résilience oblige à sortir des évidences et des faits
psychopathologiques établis, pour jeter un autre regard sur les ressources qui permettent à
l’individu de résister face à l’adversité. Le modèle de la résilience se base donc sur l’étude des
capacités individuelles et sociales qui favorisent la reprise d’un processus de développement,
plutôt que sur l’étude des déficits et symptômes qui résultent de la rupture du lien.
Les contours théoriques qui fondent cette nouvelle approche répondent, selon Marie
ANAUT (2003), à des préoccupations en relation avec les transformations de la psychologie
clinique contemporaine, « celle de l’approche de l’individu dans sa globalité en tant qu’il
possède ou peut développer face à l’adversité, des réponses adaptatives variées lui permettant,
dans certains cas, de se construire malgré ou à partir de situations délétères, ou
traumatogènes ».
Ainsi, l’étude de la résilience induit une nouvelle manière d’aborder les difficultés
potentiellement destructurantes, en se centrant davantage sur les ressources qui permettent à
l’individu d’amorcer un développement normal face aux événements de vie délétères, au lieu
de se focaliser sur les symptômes et les conséquences négatives.
1 / 263 100%

résilientes - Catalogue en ligne La Bibliothèque Universitaire Centrale

La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !