
6. Tokujin YOSHIOKA, 
Phenomenon/ Mutina, Italy, 
2010, Ceramic
7. Inga SEMPE, abat-jour, 
Capellini (Italy), 2001,  textile 
plissé, structure métallique, 
source halogène
42 cm à 2 m
Plis et lumières: la présence divine
Il y a un rapport avec le corps, ou les sens en général. Le pli modie la perception de l’objet. 
C’est le plat qui devient volume, la troisième dimension qui surgit de la deuxième, comme 
sur la surface du tableau, lorsque le clair et l’obscur se font relief et profondeur. Tokujin 
YOSHIOKA exploite la lumière pour animer ces surfaces, créer l’ombre et la lumière. Il joue 
avec un minimalisme certain,  un aspect esthétique, pur, sans oublier le toucher et la texture 
des matériaux qui est mise en avant. 
Inga SEMPE assemble également pli et lumière pour concevoir une lampe extensible. Sa 
hauteur peut varier de 45 cm à deux mètres selon les désirs. La taille s’adapte selon le niveau 
d’éclairage désiré. L’artiste utilise un pli interactif qui modie l’aspect visuel de l’objet pour 
s’adapter aux besoins de son utilisateur. 
L’intensité lumineuse évolue proportionnellement avec le pli. Inga SEMPE obtient un objet 
intelligent, pour qu’il soit approprié à chaque moment d’une journée.
Le pli devient un mécanisme malléable pour construire un objet, repli d’ingéniosité qui 
s’adapte subtilement à son entourage.
8. Anonyme, 2012, oeuf, Papier 
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Leibniz et la courbure d’univers : les trois notions 
fondamentales
Ce style artistique s’accorde avec la philosophe de LEIBNIZ. Il est même considéré 
que la philosophie leibnizienne est la philosophie baroque par excellence, parce 
que tout se plie, se déplie, se replie. Il en veut ainsi car le propre du baroque est de 
porter le pli à l’inni. Sur ce fait, Gilles DELEUZE s’appuiera sur les textes de Leibniz 
intitulés : Nouveaux Essais sur l’entendement humain, pour écrire son essai Le pli.
Dans le premier chapitre, DELEUZE reprend pour sa démonstration les traits matériels 
identiés par WOLFFLIN dans son ouvrage Renaissance et Baroque : (page 7 ; ligne 2) : 
L’élargissement horizontal du bas, l’abaissement du fronton, les marches basses et courbes 
qui avancent, Le traitement de matière par masse et agrégats, l’arrondissement des angles 
et l’évitement du droit, la substitution de l’acanthe arrondie à l’acanthe dentelée, l ’ utilisation 
du travertin pour produire des formes spongieuses, caverneuses, La constitution d’une 
forme tourbillonnaire, La tendance de la matière à déborder l’espace, à se concilier avec le 
uide. Gilles DELEUZE démontre que les traits du baroque peuvent se décliner ailleurs que 
dans la discipline artistique, par exemple dans la discipline philosophique, et particulièrement 
dans la philosophie leibnizienne. Dans le troisième chapitre, DELEUZE propose six traits 
métaphysiques du Baroque dont l’un d’entre eux correspond au pli. Il convertit à l’inni les 
matières et la Forme en matière d’expression
L’auteur reprend le principe de la courbure d’univers de LEIBNIZ qui se prolonge en suivant 
trois notions fondamentales : la uidité de la matière, l’élasticité des corps, et le ressort 
comme mécanisme. Dans son essai, Gilles DELEUZE caractérise le pli formatif comme une 
matière organique dénie par des plis endogènes, au contraire de la matière inorganique