La poésie du XIXième au XXème siècle : du romantisme au surréalisme »
Victor Hugo (1802-1885), Les Contemplations, Livre IV, « Pauca meae »(1856)
« Elle avait pris ce pli... »
Elle avait pris ce pli dans son âge enfantin
De venir dans ma chambre un peu chaque matin ;
Je lattendais ainsi quun rayon qu’on espère ;
Elle entrait et disait : Bonjour, mon petit père ;
Prenait ma plume, ouvrait mes livres, sasseyait
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Sur mon lit, dérangeait mes papiers, et riait,
Puis soudain sen allait comme un oiseau qui passe.
Alors, je reprenais, la tête un peu moins lasse,
Mon œuvre interrompue, et, tout en écrivant,
Parmi mes manuscrits je rencontrais souvent
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Quelque arabesque folle et quelle avait tracée,
Et mainte page blanche entre ses mains froissées
, je ne sais comment, venaient mes plus doux vers.
Elle aimait Dieu, les fleurs, les astres, les prés verts,
Et c’était un esprit avant dêtre une femme.
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Son regard reflétait la clarté de son âme.
Elle me consultait sur tout à tous moments.
Oh ! que de soirs d’hiver radieux et charmants
Pass à raisonner langue, histoire et grammaire,
Mes quatre enfants groupés sur mes genoux, leur mère
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Tout près, quelques amis causant au coin du feu !
J’appelais cette vie être content de peu !
Et dire quelle est morte ! Hélas ! que Dieu m’assiste !
Je n’étais jamais gai quand je la sentais triste ;
J’étais morne au milieu du bal le plus joyeux
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Si javais, en partant, vu quelque ombre en ses yeux.
1- Ce pli : cette habitude
Victor Hugo (1802-1885), Feuilles d’automne (1831)
« Parfois lorsque tout dort.. »
Parfois, lorsque tout dort, je m'assieds plein de joie
Sous le me étoilé qui sur nos fronts flamboie ;
J'écoute si d'en haut il tombe quelque bruit ;
Et l'heure vainement me frappe de son aile
Quand je contemple, ému, cette fête éternelle
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Que le ciel rayonnant donne au monde la nuit.
Souvent alors j'ai cru que ces soleils de flamme
Dans ce monde endormi n'échauffaient que mon âme ;
Qu'à les comprendre seul j'étais prédesti;
Que j'étais, moi, vaine ombre obscure et taciturne,
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Le roi mystérieux de la pompe1 nocturne ;
Que le ciel pour moi seul s'était illuminé !
1- La pompe : la splendeur, la magnificence
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