N°39 La Gazette de la SOciété Française d’Orthopédie Pédiatrique juillet - août 2013 - Commission paritaire en cours - N° ISSN en cours Bureau de la SOFOP Président : J. Lechevallier - 1er Vice-Président : C. Karger - 2e Vice Président : P. Lascombes - Futur 2e Vice Président : C. Glorion Ancienne Présidente : C. Romana - Secrétaire Général : P. Wicart - Trésorier : F. Accadbled - Représentant SOFCOT : J. Cottalorda Membres du Bureau : F. Accadbled, T. Haumont, F. chotel, R. Gouron, F. Launay, PL. Docquier Editorial SO.F.O.P. Lettre ouverte à Jacques BEURIER en guise d’éditorial Mon cher Jacques, Merci de m’avoir rejoint dans la retraite ; je m’y sens moins seul. Merci aussi pour bien des choses, même et surtout si je ne les détaille pas dans ce pseudo-éditorial dont tu m’as demandé de ne pas faire une hagiographie (que je réserve, d’ailleurs, à mes ennemis) ; tu vas être obéi. Je me contenterai de détails réels et peut-être vrais. Ma connaissance de toi vient de notre (trop brève) collaboration à Saint-Vincent de Paul, à Saint-Louis, à Trousseau, mais d’autres occasions aussi. Ce ne fut pas en pédalant car tu préfères pour cela être seul. Une fois, une seule fois mais quelle fois ! Ce fut en montagne. Tu m’as très amicalement guidé dans la traversée de la Meije qui reste peut-être mon plus beau souvenir alpin. Outre l’expérience transmise tu m’as appris deux choses : d’abord qu’il ne faut pas prendre pour une prise rocheuse et fiable la chaussure du grimpeur précédent ; elle t’a valu une chute et une plaie du front sans avenir (tu craignais qu’elle ne soit un obstacle inesthétique à un mariage encore non programmé ! L’avenir a prouvé que non) ; ensuite, qu’une course éprouvante, longue et fatigante, n’empêche pas de prendre une garde dans la foulée. Il suffit pour cela de s’endormir au volant dans un fossé accueillant, assez longtemps pour être reposé et éveillé quelques heures plus tard à Saint-Vincent de Paul. J’ai glané des informations dans l’interview que tu as donnée à Sébastien Raux ; elle est si claire et tu y décris si bien ta vie de chirurgien que je n’y reviens pas. Sauf pour dire que tu peux être heureux de ce que tu as fait. Peu d’entre nous ont ce droit (moi, sûrement pas). Dans une bien agréable rencontre avec ta Caroline d’élection à la Closerie des Lilas - pour elle un jus de fruit, pour moi un irish coffee - J’ai découvert de toi bien d’autres aspects ainsi qu’en d’autres occasions, banquets de congrès ou déjeuners amicaux. En bref, tu as eu et tu as une activité tous azimuths, intense, sans relâche, efficace et satisfaisante. Elle est professionnelle, la lecture de cette gazette le montre bien. Elle est culturelle et je me rappelle une conversation sur Marcel Proust que tu as conclue en me disant : « Oh ! je le connais tellement par coeur que maintenant je le lis en allemand ». Qui ne voudrait lire aussi aisément Proust et l’allemand ? Elle est sportive, j’en témoigne pour l’alpinisme, très cycliste aussi comme tu en parles si bien dans « 53/12, le rêve impossible, ou Roue libre ». A ce sujet, je dois dire mon effarement pour l’inculture de certains de nos collègues, membres de l’élite française puisque orthopédistes pédiatres ; Sommaire Entretien réalisé avec Jacques Beurier par S. Raux................................................................................................2 53/12 ou le bonheur à pleines roues Une vélobiographie de J. Beurier.............................................................................................7 Heath Care Delivery in France with special attention on Pediatric Orthopedics par JF Dubousset . ................................................................................8 Réflexion sur la notion oxymoresque de dysplasie acquise de hanche par JN Ligier.......................................................................................... 12 Fondateur J.C. POULIQUEN † Editorialiste H. Carlioz (Paris) Rédacteur en chef C. MORIN (Berck) Membres J CATON (Lyon) P CHRESTIAN (Marseille G FINIDORI (Paris) J L JOUVE (Marseille il semble qu’ils n’aient pas lu ton livre, j’en ai honte pour eux. Elle est spirituelle ; la théologie occupe ta retraite comme l’occupe ta responsabilité de la communauté protestante du Havre. Elle est familiale et Caroline m’en a parlé avec ferveur mais je me suis demandé comment et où tu as trouvé le temps, au milieu de tant d’occupations (j’en méconnais sûrement), de réussir trois enfants. Voilà, mon cher Jacques, ce que je voulais te dire, avec une amicale admiration, à toi qui as parfois douté de la qualité de ta vie par modestie et souci de perfection. Henri Carlioz PS : Je souhaite très fort que « 53/12 » soit accepté par un bon éditeur et je répondrais volontiers à tout appel de fonds que lancerait notre Gazette en ce but. A bon entendeur . NDLR : La Rédaction de la Gazette approuve pleinement cette idée d’H. Carlioz. Que les intéressés, « membres de l’élite française » et souhaitant faire reculer « l’inculture » au sein de notre Société, se fassent connaitre en proposant de parrainer l’œuvre « vélo biographique » de notre collègue Jacques Beurier. Christian Morin Commentaires de R. Seringe pour la Gazette.......................... 13 Technique de fixation pelvienne par vis ilio-sacrées par L. Miladi.......................................................................................... 15 Comment j’instrumente la région lombo sacrée dans les scolioses paralytiques par H. Parent, R. Prébet..................................................................... 18 Fixation pelvi-rachidienne par montage segmentai-re bio-ilio-sacrée. Un montage en T. par R. Kabbaj, B. Bouyer, P. Mary, R. Vialle.................................. 19 La fixation lombo-sacro-pelvienne par C. Morin ..........................................................................................21 R KOHLER (Lyon) P LASCOMBES (Nancy) G F PENNEÇOT (Paris) M RONGIERES (Toulouse) J SALES DE GAUZY (Toulouse) R VIALLE (Paris) et le GROUPE OMBREDANNE” Correspondants étrangers M BEN GHACHEM (Tunis) R JAWISH (Beyrouth) I. GHANEM (Beyrouth) Editeur SAURAMPS MEDICAL S.a.r.l. D. TORREILLES 11, boulevard Henri IV CS 79525 34960 MONTPELLIER Cedex 2 Tél. : 04 67 63 68 80 Fax : 04 67 52 59 05 la Gazette est dorénavant publié en format A4, afin d’être directement imprimée à partir de votre ordinateur via notre adresse www.livres-medicaux.com Entretien réalisé avec Jacques Beurier par S. Raux S R : Cher Monsieur Beurier, commencez si vous le voulez bien, par nous dire où vous travaillez… J B : Je suis actuellement salarié en Orthopédie Pédiatrique à la clinique des Ormeaux, et chirurgien vacataire à l’hôpital du Havre, après un parcours qui fût assez… compliqué. S R : Pouvez-vous nous détailler ce parcours, en démarrant du début ? J B : Je suis né à Nancy le 16 janvier 1947, d’un père médecin et d’une mère avocat, tous deux protestants, ce qui a beaucoup marqué ma vie. J’ai vécu mon enfance à Aix en Provence puis mon adolescence à Paris. J’ai fait mes études médicales à la faculté de médecine de Paris et j’ai eu la chance, dès mon externat de fréquenter le service de Monsieur Merle d’Aubigné à Cochin, ce qui m’a d’emblée inoculé le virus de l’orthopédie. C’est aussi au moment de mon externat que j’ai eu l’honneur d’avoir Raphaël Seringe comme interne, j’y reviendrai… S R : Et ensuite pour l’internat ? J B : J’ai passé l’internat en 1969, à une période où la révolution était en marche… Après un semestre dans un hôpital périphérique je suis parti faire mon service militaire pendant un an en République Centre-Africaine, en pleine «brousse» mais où j’avais la chance d’avoir des possibilités techniques plutôt bonnes pour l’Afrique : labo, radio, anesthésiste, et surtout présence de « bonnes sœurs » extrêmement compétentes et dévouées qui m’ont énormément appris dans tous les domaines. J’étais seul médecin dans un rayon de 200 km et il me fallait tout faire ! C’est ainsi que j’ai du réaliser cette année-là une quarantaine de césariennes ! Des responsabilités incroyables pour moi qui n’avais que 23 ans… De retour en France ma première année d’internat en orthopédie a eu lieu chez Monsieur Debeyre, à l’hôpital Henri Mondor ; un premier stage extrêmement profitable puisque je pus réaliser ma première prothèse totale de hanche au terme de cette année ! Ensuite j’ai eu le plaisir de passer, trop brièvement, chez le Pr. Jean Cauchoix, puis, pendant un an, chez Raymond Roy-Camille à Poissy. Ce dernier a réellement marqué ma carrière : il venait d’inventer et tentait de faire connaitre la vis pédiculaire. A ce sujet, je l’ai accompagné à de nombreux congrès et réunions pour présenter cette nouveauté, qui à l’époque était très mal acceptée et faisait l’objet d’un rejet brutal de certains de ses collègues ! Gérard Saillant, futur grand chirurgien du rachis, était son chef de clinique, c’est dire si j’étais bien entouré… En outre c’est là que j’ai rencontré ma femme ! Roy Camille (« R.R.C. ») était une personne particulièrement attachante, très accueillante et d’une grande tolérance. Après Poissy, je devais faire mon dernier semestre chez le Pr. Michel Postel, grand-maître de la chirurgie de la hanche, à Cochin, mais, ce qui n’arrivait jamais, j’ai finalement renoncé à ce poste : j’avais découvert entre temps, notamment lors de remplacements, le bonheur de l’exercice de l’Orthopédie Pédiatrique. Monsieur Petit, à Saint Vincent de Paul, m’a accueilli dans son service. Chacun sait que ce grand Monsieur a donné son nom à une méthode de réduction orthopédique de la luxation congénitale de hanche. Il a également été le premier à réaliser la chirurgie de l’atrésie de l’œsophage, et il était très connu pour sa prise en charge des fentes labio-palatines… 2 Son équipe était tout aussi extraordinaire puisque composée de Pierre Queneau, Henri Carlioz, Jean Dubousset, Jean-Pierre Lebard, Raphaël Seringe ! La convergence de ces différentes personnalités m’a réellement permis de découvrir une autre approche de la médecine et de la chirurgie. S R : J’imagine que vous êtes devenu chef de clinique dans ce service à la fin de l’internat… J B : Non, malheureusement ! A la fin de mon internat j’ai soutenu ma thèse, avec Monsieur Debeyre sur les prothèses de genou « à charnière », mises en place pour traiter la gonarthrose de la personne âgée, avec des succès variables, soit dit en passant… Au même moment je me marie, puis avec ma femme, nous décidons de partir pour la Martinique ! Roy Camille qui était martiniquais, m’avait dégoté une place de chef de clinique dans le « service d’orthopédie » de Fort-de-France…qu’il fallait créer! Et ceci me valait également d’être chef de service par la même occasion… Je suis très fier de pouvoir dire que j’ai réalisé la première prothèse totale de hanche de la Martinique, en 1976. A cette époque il y avait différent type d‘internes à la Martinique… Des bons et des moins bons… Parmi les bons, il y avait Yves Gibon, devenu depuis, mon associé à la clinique du Havre et qui l’est toujours après 30 ans ! J’ai également découvert le lendemain de mon arrivée un type formidable, qui s’est présenté à moi en me disant avec un fort accent toulousain : « Bonjour Monsieur (Il devait avoir deux ans de moins que moi!), je suis Paul Bonnevialle, votre interne, et je vous prête ma voiture car vous allez en avoir besoin pour vous installer ! ». Je l’ai eu, pour mon plus grand bonheur, comme interne pendant toute cette année et depuis nous ne nous sommes pratiquement jamais quittés ! Cette année martiniquaise fut pour moi particulièrement enrichissante. J’ai adoré ce petit coin de France et noué là-bas des amitiés durables. J’y suis retourné à de nombreuses reprises plus tard, notamment dans le cadre de missions « scolioses » dans le service d’Yves Catonne, qui avait repris et considérablement développé le service d’orthopédie de l’hôpital. A mon retour en métropole, il n’y avait nulle part une place de chef de clinique qui me convienne et c’est alors que Henri Carlioz qui quittait Saint Vincent de Paul pour Trousseau vint à mon secours : il me proposa de prendre des vacations partagées entre Saint Vincent de Paul et Necker Enfants Malades, dans le service de Pierre Rigault et de l’accompagner dans ce transfert assez problématique… qui passait par l’hôpital Saint-Louis ! J’ai donc participé à l’ouverture de son service à Trousseau. Ce fut une époque absolument passionnante : au sein de trois équipes j’ai pu côtoyer des gens avec lesquels j’ai continué d’entretenir des liens non seulement professionnels ou scientifiques, mais aussi amicaux : J.P. Padovani, Pol Le Cœur, Georges Finidori, et surtout A. Gilbert qui lançait, avec un dynamisme incroyable la microchirurgie en France, et bien d’autres. A cette époque, il m’est arrivé de voir trois fois dans la même semaine le même enfant en consultation : à S.V.P., aux Enfants-Malades et à Trousseau ! Il y avait en outre énormément de gardes car il n’y avait que deux hôpitaux pour Paris intra-muros qui étaient de garde pour toute la Entretien réalisé avec Jacques Beurier par S. Raux chirurgie pédiatrique, viscérale et orthopédique ! Je me souviens encore d’une tumeur hépatique rompue et saignant dans l’abdomen pour laquelle j’ai dû, à Saint-Louis, tasser des champs avant de transférer l’enfant, « ventre ouvert » à un chirurgien digestif, contacté chez lui par mes soins, aux fins d’hépatectomie en urgence… Tout s’est bien terminé… Heureuse époque ! Après cette année extraordinaire je suis pris comme chef à La Pitié dans le service de Raymond Roy-Camille. Là encore une année passionnante au sein d’une équipe hyper dynamique (peut-être un peu trop parfois !). Il y avait une énorme activité en chirurgie rachidienne et en traumatologie. Les gens venaient du monde entier découvrir la vis pédiculaire, qui commençait sa « carrière ». J’y suis resté un an. S R : Vous n’arrivez donc jamais comme chef de clinique à Saint Vincent de Paul ? J B : Si, j’ai finalement réussi à y faire une année ! J’ai alors eu le plaisir de travailler avec Pierre Queneau, Seringe et Dubousset, et je considère ceci comme mon entrée officielle dans la vie active ! Evoluer avec des gens de cette qualité professionnelle était réellement un honneur. Jean Dubousset se consacrait essentiellement au rachis et aux problèmes posés par les infirmes moteurs cérébraux, Raphaël Seringe au pied bot et à la luxation congénitale de hanche. Toute ma vie, il m’a aidé de ses conseils et j’ai essayé d’être fidèle à son enseignement... Queneau, lui, savait tout sur tout ! Par contre, au sein d’une telle équipe, il n’était pas raisonnable de penser à une carrière hospitalo-universitaire… Ni Queneau, ni Seringe, ni Dubousset n’étaient à cette époque P.U. ou même P.H…La question de mon avenir professionnel se posait avec acuité… Alors que Jean Dubousset me proposait de venir l’aider à la clinique Labrouste, R.R.C. me transmit une proposition d’association dans une clinique du Havre, pour y prendre en charge l’orthopédie pédiatrique et le rachis adulte. J’avais d’autres propositions mais le Havre avait l’avantage (qui s’est parfaitement vérifié par la suite) d’être à la distance idéale de Paris, ni trop près ni trop loin ! Je me suis donc installé en privé, moi qui aurais tant désiré travailler dans le public… C’était en 1979. Mes débuts furent assez difficiles et même conflictuels, certains de mes associés « adultes » trouvant que je n’étais pas très rentable... Après quelques péripéties juridiques et quelques départs, l’ambiance s’est arrangée et les choses ont évolué dans le bon sens. Il y avait au Havre, à mon arrivée, une énorme demande de la part des centres d’enfants handicapés. Me rappelant une phrase de Dubousset qui disait : « il faut y aller », je me suis rendu dans ces établissements. A cette époque les enfants IMC étaient parqués dans de grandes salles froides, posés par terre. Presque tous avaient une scoliose à opérer, la moitié au moins une hanche luxée ! J’arrivais au bon moment : enfin, ils avaient un spécialiste pour s’occuper de leurs problèmes orthopédiques ! Je dois avouer par ailleurs que la municipalité communiste du Havre m’a beaucoup aidé bien que je travaille « dans le privé » (il n’y avait, parait-il, pas de place à l’hôpital pour moi à cette époque…). S R : Quelle était votre « semaine type » dans cet exercice privé ? J B : Je n’exerçais pas uniquement à la clinique. J’avais obtenu une (!) vacation à S.V.P. que j’ai gardée tout au long de ces années… Voilà comment cela se passait : le lundi j’opérais au Havre une scoliose, plus ou moins quelques autres trucs « faciles ». Le lundi soir je prenais la voiture, direction Paris. Le mardi matin, j’opérais, quelquefois avec son aide, un malade de Jean Dubousset, en général un rachis neurologique. Le mardi après-midi c’était le « staff » à S.V.P. où je pouvais montrer les dossiers de mes malades havrais les plus lourds. Souvent le « conseil » était : « pas simple ! Fais pour le mieux et tiens nous au courant…». Le mercredi matin j’opérais à Paris à la clinique Labrouste soit un « gros malade » (scoliose idiopathique par exemple) soit plusieurs moins importants. Il s’agissait souvent de patients de centres de la région parisienne que je visitais environ une fois par mois ou de malades de Jean Dubousset, qu’il me confiait pour une raison ou pour une autre. J’étais très fier de la confiance absolue qu’il me témoignait… Je faisais un saut à Saint Vincent pour voir la scoliose de la veille, et filais en voiture, dormant plus ou moins au volant, au Havre pour ma consultation à la clinique qui commençait, en principe, à 14 h. Le jeudi, consultations dans les centres d’enfants handicapés : ce rite hebdomadaire était et reste pour moi un moment essentiel de ma semaine. Voir les enfants dans leur environnement, avec les gens qui s’occupent d’eux au quotidien, permet de comprendre leurs besoins, d’agir rapidement en cas de besoin, de mettre en confiance les équipes soignantes et les parents. Je dois dire que les années 80 ont été marquées par des progrès extraordinaires dans la prise en charge des enfants handicapés, à tous points de vue : surveillance médicale, accès aux soins, scolarisation, etc.… cela a été particulièrement évident dans certaines pathologies (ainsi par exemple les myopathies). Je suis assez fier d’avoir un peu contribué, dans mon petit coin, à cette évolution. Je n’y ai aucun mérite : l’époque était « porteuse »… Il semble qu’elle le soit beaucoup moins maintenant et tout le monde s’accorde pour déplorer une détérioration de la prise en charge de ces enfants. Effets de la crise ou évolution de la société ?... Il nous faut rester vigilant. La fin de la semaine se passait au bloc de la clinique et se concluait le samedi par une bonne consultation de cas « spéciaux »…C’était une autre époque où il était possible d’être « à trois endroits à la fois » pour opérer ses propres malades… ou ceux d’un autre praticien ! Je suis conscient que ceci n’est plus du tout envisageable aujourd’hui, notamment pour des raisons médico-légales. Mais il m’était possible de fonctionner de cette manière car je savais pouvoir, à Paris, compter sur l’appui de toute l’équipe de S.V.P. en cas de « pépin » ; je pense en particulier à l’équipe anesthésique menée par Odile Godiche et Anne Marie Dubousset, deux anesthésistes géniales du bloc de Saint Vincent ! C’est en travaillant avec elles que nous avons compris comment organiser la chirurgie du rachis des jeunes myopathes : nous avons, après de nombreux déboires, compris ensemble qu’il fallait opérer ces enfants avant que leur fonction 3 Entretien réalisé avec Jacques Beurier par S. Raux cardiaque ne se dégrade, et donc opérer des dos pas encore scoliotiques ! A Labrouste il y avait également un trio d’anesthésistes formidables : ils se connaissaient depuis la 6ème, avaient fait ensemble leur cursus médical, et travaillaient ensemble dans le même service ! Ils ne connaissaient pas grand-chose à la chirurgie pédiatrique au début, mais ils s’y sont mis avec un enthousiasme et une énergie formidables et très rapidement l’installation du malade, le réveil per opératoire (eh oui…), l’examen neurologique et la surveillance post opératoire ne leur ont plus fait peur. J’avais en eux une confiance totale et je ne l’ai pas regretté. Cette activité « multisite » et « multiville » a duré pendant près de 20 ans puis j’ai abandonné la pratique privée à Paris : d’autres chirurgiens « permanents » étaient là et je craignais qu’un jour un accident ne se produise. Parallèlement, je pouvais enfin, il y a 10 ans, entrer à l’hôpital du Havre dans le service de chirurgie pédiatrique, avec un statut assez bâtard mais qui m’a permis d’y travailler avec le plus grand bonheur et, semble-t-il, à la satisfaction générale. J’y ai introduit, entre autres la chirurgie de la scoliose, l’ostéotomie du bassin etc. Ce qui n’a pas empêché que je doive quitter tout récemment ce service où j’avais été si heureux, pour des raisons sur lesquelles il est inutile de s’appesantir. J’ai toutefois pu conserver une consultation de scolioses dans le service d’orthopédie…adulte ! Et c’est dans ce service que je suis obligé d’hospitaliser les enfants que je prends en charge… S R : Point de convergence entre votre formation de rachis adulte et votre amour de l’orthopédie pédiatrique, la scoliose vous a donc beaucoup intéressé… ? J B : Oui, bien entendu. D’abord parce que j’ai baigné dès mes débuts dans le rachis (Cauchoix, R.R.C., Dubousset ….) et que j’ai pu opérer très rapidement beaucoup de malades à la clinique comme à l’hôpital. Au début j’instrumentais les scolioses neurologiques par un Luque-Galveston qui est une technique très efficace chez des malades à haut risque. Puis j’ai vécu « de l’intérieur » l’épopée du C.D. qui fut la période la plus passionnante de ma carrière car j’ai été associé intimement dès le premier jour à cette aventure. Je peux vous raconter comment tout a démarré. Monsieur Cotrel doit quitter son service à Berck, alors qu’il est en train de jeter dans son atelier les bases du CD : des prises multiples sur les vertèbres, par des crochets, deux tiges et non pas une comme dans le Harrington. Ces tiges, « diamantées », sont reliées par deux DTT… Il décide de montrer cela à Dubousset. Ce dernier, comme à son habitude, est passionné par ce nouveau concept. Tous deux en parlent en déjeunant au bistrot faisant face à l’hôpital, puis décident de se lancer ! La première mondiale a lieu à Saint Vincent de Paul, en janvier 1981 ! Très rapidement par la suite sont apparus les bénéfices « tridimensionnels » de cette technique avec la dérotation puis le cintrage in-situ. Comme pour la vis pédiculaire de Roy Camille, quelques années auparavant, j’ai pu observer les réactions négatives, en France, de la plupart des acteurs dans ce domaine ! Néanmoins, parallèlement à ces réactions, de nombreux patrons nous envoyaient leurs internes pour se former… et pour les informer ! En fait, Jean Dubousset a fait connaître cette technique, en partant un an à Miami chez Monsieur Schuffelbarger, une année qui lui a 4 permis de convaincre de grands chirurgiens comme Winter et Moe, pendant que Monsieur Cotrel profitait de son immense réputation pour répandre la « bonne parole ». Avec de tels défenseurs, la supériorité de cette méthode a été acceptée rapidement par les américains et le CD a inondé la France par la suite… puisqu’il venait des Etats Unis ! Pour ma part j’ai beaucoup communiqué sur ce sujet dans certains pays comme l’Allemagne et j’ai dû aller opérer des patients un peu partout en France et en Europe. J’ai aussi beaucoup fréquenté Michel Guillaumat qui, à Saint-Joseph, lançait l’utilisation du CD dans les déformations rachidiennes de l’adulte. Je crois pouvoir dire que j’ai, à cette époque, contribué à former à cette technique un grand nombre de chirurgiens français et étranger, notamment ceux qui venaient l’apprendre à S.V.P. L’année « américaine » de J.F.D. n’a pas été facile pour moi : plusieurs fois, cette année-là, il m’a fallu en plus du mardi, revenir à Paris le vendredi et j’ai même fait « un saut » à Miami pour le congrès du groupe CD… mais c’était vraiment passionnant. On avait l’impression que tout était possible. S R : Et c’est Sofamor qui se fait connaître grâce à ce matériel… J B : Oui, mais au début c’était franchement artisanal ! Si vous aviez prévu de faire une scoliose, vous calculiez à peu près le nombre de crochets nécessaires, en fonction du niveau du montage, puis vous appeliez monsieur Cotrel, pour qu’il les fasse fabriquer dans son atelier. Il arrivait à la gare du Havre avec le matériel sous le bras : crochets, tiges, DTT, dans une boîte en carton. Le tout était passé au four pendant que nous étudions le dossier de l’enfant ! Je me souviens du jour fameux où LA boîte de matériel CD était égarée à Saint Vincent, alors que j’en avais besoin le lendemain au Havre. J’appelle l’IBODE et lui dit : « tu vas à la gare et tu la donnes à n’importe qui dans le train ». Elle s’est exécutée en la donnant à une gentille mamie, qui s’est empressée de prévenir la police, croyant avoir affaire à un engin explosif. Il a fallu aller la récupérer au Fort de Vincennes ! Ma femme a fait l’aller-retour à Paris en voiture pour la rapporter à temps ! S R : Est-ce que toute cette émulation vous a donné envie d’inventer, vous aussi, votre matériel rachis ? J B : J’ai tenté d’apporter ma petite pierre à l’édifice en créant un connecteur ilio-sacré assez délicat d’utilisation, mais permettant d’obtenir une bonne fixation du rachis au bassin. Il consiste en deux cylindres apposés l’un contre l’autre perpendiculairement, et a été commercialisé par Sofamor… Il est toujours utilisé. J’ai aussi inventé et déposé le brevet de ce que certains ont appelé le « S.C.S. » (Spine Clip System), mais ma modestie m’empêche de m’étendre sur le sujet… J’ai réalisé et développé avec un de mes associés « viscéral » la discectomie de L5-S1 par laparoscopie pour le traitement des hernies discales, (publiée dans Rachis 1994, volume 6). Cette technique m’a valu de nombreuses critiques …et a été développée par la suite notamment pour les arthrodèses par d’autres auteurs. Enfin j’avais mis au point lors de mon clinicat à la Pitié, une plaque occipito-cervicale utilisée pour la stabilisation du rachis cervical traumatique ou tumoral : elle est tordue à 90° et s’adapte parfaitement à la charnière occipito-cervicale. L’écart entre les trous de la plaque corres- Entretien réalisé avec Jacques Beurier par S. Raux pond à l’écart entre deux massifs articulaires de différents niveaux. Elle rend encore bien des services dans les cas « limite ». S R : Vous parlez beaucoup de chirurgie rachidienne adulte. En faites-vous encore beaucoup ? J B : Non, j’ai arrêté cette activité que j’aimais et qui, à la différence de la chirurgie pédiatrique, m’a fait vivre pendant de nombreuses années (en trente ans j’ai opéré des centaines de hernies discales et arthrodésé un nombre considérable de rachis). J’ai eu la chance de rencontrer un jeune chirurgien passionné de rachis adulte (et du Havre !), élève du Professeur Guigui. Il s’appelle Eric Olivier, et a repris cette activité qui devenait de plus en plus chronophage. Ceci m’a permis de me consacrer exclusivement à la chirurgie pédiatrique. Ceci étant, même si je suis content d’avoir renoué avec ma passion, je serai heureux de passer le flambeau à un jeune motivé… S R : Justement, motivons les jeunes à l’exercice orthopédique pédiatrique privé ! Quelle est, selon vous, la place de l’orthopédie pédiatrique dans cet exercice ? J B : Je pense que celui-ci est tout à fait envisageable dans une grande ville comme Paris. Pour d’autres cités de province, cela me paraît plus délicat. En ce qui me concerne, il faut bien convenir que j’aurais sans doute eu plus de facilités et moins de soucis financiers à pratiquer cette chirurgie en étant temps plein dans un centre hospitalier important. Cela n’a pas pu se réaliser ni à Paris ni au Havre, deux villes où j’ai pourtant énormément travaillé… à l’hôpital, pratiquement pour rien ! Mes autres essais, pour obtenir un poste hospitalier ont tous échoué, notamment dans un grand hôpital du Sud de la France où j’avais été nommé, puis « dé-nommé » à quelques jours de prendre mon poste, de façon assez incompréhensible (pour moi en tous cas…). Si l’on choisit le privé il ne faut pas le faire pour l’argent ! Par exemple, je me vois mal en consultation demander un dépassement à une maman qui m’amène son enfant atteint d’un pied bot… C’est un problème, parce que, en privé le prix de l’assurance annuelle de ce mode d’exercice est réellement ruineux ! Et il double si vous décidez de faire du rachis ! Le problème de la chirurgie orthopédique pédiatrique privée aurait gagné à être abordé dans nos instances professionnelles et en tout premier lieu au G.E.O.P. devenu SOFOP, mais, pour des raisons assez simples à comprendre cela n’a jamais été le cas : cette société (fort utile par ailleurs, et que j’aime beaucoup, depuis sa fondation) ne se passionne guère pour ce qui n’est pas hospitalier ou universitaire. La solitude est également parfois très lourde à supporter et il est indispensable de pouvoir s’adosser à une solide équipe, comme cela a été mon cas avec Jean Dubousset et l’équipe de S.V.P. En outre les contraintes administratives (Orthorisq…) sont de plus en plus lourdes, l’administration des cliniques et la plupart des anesthésistes peu enclins à prendre des risques ou à créer, des structures spécialisées pour une chirurgie généralement assez lourde, peu abondante et peu rentable ; bref je ne pense pas que l’évolution de la médecine, de notre société et de notre spécialité favorisent vraiment l’essor de l’orthopédie pédiatrique privée. * extrait du livre de Jacques Beurier, intitulé « Roues libres », une œuvre qui mériterait une édition tant elle plairait aux vélocipédistes convaincus, et autres amateurs d’aventures rocambolesques ! Il faut absolument avoir la vocation et l’on parvient à surmonter toutes les difficultés. Pour ma part j’ai résolu (imparfaitement) le problème en devenant depuis un an salarié de ma clinique, je ne suis donc plus officiellement dans le secteur privé même si je travaille exactement « comme avant ». Ce qui est réjouissant dans le cadre de cet exercice privé et solitaire, c’est le lien qui s’établit entre le chirurgien, les patients et les familles... Il s’agit d’un rapport très proche, presque intime, ressemblant à celui qu’entretient le médecin de famille avec ses malades. Par exemple, je donne mon numéro de téléphone portable à tous mes opérés : ceci encourage une relation privilégiée, et permet d’être averti en cas de problème. Je me rends compte de ce lien particulier en me promenant dans ma petite ville de province : je croise souvent mes ex-opérés devenus adultes, et cela donne lieu à des retrouvailles sympathiques et conviviales. J’ai rarement à changer de trottoir ! Enfin il y a certains domaines de la chirurgie qu’il faut accepter de laisser de côté : ainsi pour les tumeurs, je ne réalise que la biopsie puis je passe la main. Les grandes malformations des membres, les allongements par Ilizarov, sont également des domaines que j’ai abandonnés. Pour clore ce chapitre je dirai qu’il faut d’abord et avant tout aimer les enfants (pardon pour cette évidence mais je pense qu’il convient de la répéter), avoir les reins solides, être disponible et ne pas s’attendre à faire fortune. Moyennant quoi c’est indiscutablement une aventure fantastique et les satisfactions qu’on en tire compensent largement les contraintes que je viens d’évoquer. S R : Je crois savoir que vous avez pris le temps au cours de votre carrière de partir en mission humanitaire… J B : Effectivement, outre mon année de coopération en Centre-Afrique, je suis parti au Congo il y a 3 ans, et à Haïti avec la Croix Rouge Internationale juste après le séisme. D’ailleurs j’y retourne au mois de janvier avec Médecins Sans Frontières. J’encourage bien évidemment les plus jeunes à penser, dans l’avenir à ce type d’engagement, qui permet de découvrir une toute autre pratique, ainsi que des cultures différentes. Par exemple les Haïtiens sont pour moi un peuple volontaire et travailleur, loin de l’image qu’en ont donnée les médias ces derniers temps… Il faut dire que j’ai travaillé cette passion des cultures étrangères au cours de mes voyages à vélo… S R : A vélo ?? Comment ça ? J B : Oui, à vélo. J’ai été pendant longtemps passionné d’alpinisme, mais depuis mon mariage et surtout depuis que je suis père, je consacre une bonne part de mes loisirs au vélo. Ma pratique de ce sport s’étend du circuit dominical classique jusqu’à l’aventure d’un Le Havre-Istanbul ! S R : Istanbul ? C’est un peu loin pour y aller en vélo… Et de façon pratique, comment faîtes-vous ? J B : Une des premières règles que je me suis imposée est de partir seul : j’ai pris goût à la solitude et je ne veux pas entrainer un innocent dans un « Titanic vélocipédique » * ! Comprenez par-là que tout le monde n’aime pas chercher une auberge ou un hôtel, en vélo, de nuit et sous la pluie, quelque part en Bulgarie et donc je préfère partir seul… 5 Entretien réalisé avec Jacques Beurier par S. Raux Habillé d’un cuissard et d’un maillot, casque sur la tête, je m’équipe du strict nécessaire : deux brosses à dents (une pour la chaine, une pour moi !), un rasoir jetable, un appareil photo jetable, une paire de chaussettes, une boite de rustines, quelques cartes routières IGN, une carte bleue et un portable. Avec cela, vous allez jusqu’à Istanbul, ou Saint Jacques de Compostelle. S R : J’imagine que ces « escapades » ne rassurent pas votre famille lorsque vous leur dîtes : « Prenez un avion pour Istanbul dans 3 semaines, moi je vous y rejoins à vélo ! »… A ce sujet avez-vous des enfants ? J B : Oui j’ai eu trois enfants. Le premier est un expert en livres anciens, la deuxième travaille dans le cinéma, et le dernier à la mairie de Paris. Je dirai que nous avons fait des enfants au profil plutôt littéraire. Ceci vient peut-être de mon amour de la littérature, acquis à Aix en Provence, la ville de mon enfance… Jacques Beurier laissant derrière lui l’Aqueduc de Rouqefavour Réunions à venir 18-21 septembre 2013 Lyon 48ème meeting de la Scoliosis Research Society htttp://www.srs.org/meetings/futuremeetings. html 16-19 octobre 2013 Milwaukee 67ème meeting de l’AACPDM www.aacpdm.org 11-15 mars 2014 New Orleans Congrès AAOS 26-28 mars 2014 Lyon Les journées de la SOFOP Organisateurs : F. Chotel et P. Wicart 2-5 avril 2014 Bruges 33ème réunion de l’EPOS [email protected] 11-14 novembre 2013 Paris 88ème congrès de la SOFCOT www.sofcot-congres.fr 6 53/12 ou Le bonheur à pleines roues une vélobiographie de J. Beurier Si vous aimez les hommes, les chiens, Dieu et les Anges Si vous aimez la SAINTE-VICTOIRE, les mornes martiniquais, les valleuses normandes, les Ballons des Vosges, le mont MEZENC. Si vous adorez Cézanne, Wagner, Reggiani, Mozart et Bach, si vous appréciez d’entendre parler et chanter en tchèque, en bulgare, en hongrois, de vous baigner dans le Bosphore, la Moselle ou le Danube. Si vous êtes également intéressé par les maisons Phénix, les églises byzantines, les mosquées turques et les cloîtres romans, les gares SNCF, si vous pleurez aux déclarations d’amour passionnées, si vous frissonnez en sentant la mort rôder. Si Gide, Proust et Stevenson vous accompagnent partout. Si vous ne confondez pas Saint-Jean-Pied-de-Port et Sainte Menehould. S’il vous arrive d’être en chasse-patates. Si vous aimez les flics à condition qu’ils soient allemands ou tchèques, si vous vénérez Saint-François-d’Assise, si en Juillet votre vie s’arrête chaque soir à 19h30. Si vous dégustez sans modération l’Irancy, le Rioja, le Saint-Pourçain ou le Tokay « Sang de Taureau ». Si vous avez fait Austerlitz, Roncevaux et Verdun. Si vous pensez que la France est le plus beau pays du monde, à l’exception de tous les autres. Si pour vous un livre ce doit être, au minimum, « la Recherche du Temps Perdu », « Guerre et Paix », « l’Usage du Monde », « l’Odyssée », « les Mille et une Nuits », « l’Ile au Trésor », « les Onze-Mille Verges » et « Le Sceptre d’Ottokar ». En un mot…SI VOUS SAVEZ FAIRE DU VELO… Alors vous adorerez : 53/12 OU LE BONHEUR A PLEINES ROUES Si vous n’appartenez à aucune de ces catégories…DONNEZ UN SENS A VOTRE VIE : lisez, relisez, faites lire : 53/12 OU LE BONHEUR A PLEINES ROUES une vélobiographie de Jacques BEURIER 7 Heath Care Delivery in France with special attention on Pediatric orthopedics Conférence : « Presidential Guest Speaker » à la POSNA (Toronto, 3 mai 2013) par JF Dubousset* Depuis le 14ème siècle en France la prise en charge de la santé est le résultat d’une alliance particulière entre la Science (Technique et Recherche), comme réalisée par Guy de Chauliac à Montpellier ou Ambroise Paré à Paris, et la Solidarité Sociale défendue à cette période par Saint Vincent de Paul. L’orthopédie pédiatrique à cette époque n’était pas très loin avec le fameux arbre tors de Nicolas Andry apparu en 1741 ! L’Hôpital Saint Vincent de Paul à Paris, après la révolution française de 1789, était l’Hôpital pour enfants abandonnés. C’était avec le lait d’ânesse que l’on nourrissait les petits enfants et la première tentative de traitement de la scoliose par Jules Guérin (1842) le fut avec des ténotomies multiples sans véritable anesthésie mais avec table de traction. Jacques Delpech à Montpellier quelques années auparavant décrivait les lois de la croissance et effectuait d’excellentes corrections plâtrées en 3D dans les scolioses. Charles Pravaz à Lyon utilisait la traction pour les luxations congénitales de la hanche et prônait les exercices dans le traitement des scolioses. Léopold Ollier travaillait à Lyon sur la valeur du périoste et commençait avant la fin du siècle à créer les premières arthroplasties. Fait intéressant, au même moment, les premiers pas de la Sécurité Sociale ont été ébauchés en Alsace (1825) et en Auvergne (1853) puis se sont étendus à un niveau national en Allemagne en 1883 grâce à Bismarck. Avant la première guerre mondiale, apparaissaient à Paris et à Lyon, les premiers services de chirurgie pédiatrique. Devant l’extension de la tuberculose et du rachitisme tous deux liés à la malnutrition, de nombreux hôpitaux de soins de santé sont créés sur les littoraux ou dans les montagnes, loin des grandes villes comme par exemple à Berck-Plage avec les célèbres chirurgiens François Calot ou Jacques Calvé. Après la première guerre mondiale, les services de pédiatrie et de chirurgie vont se développer à Paris et en province mais les hôpitaux pour maladies chroniques (tuberculose, poliomyélite, rachitisme ...) vont continuer à croître (Berck, Palavas, Hyères, Garches…). Entre 1920 et 1945, l’orthopédie va lentement s’émanciper de la chirurgie générale. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, le 4 Octobre 1945, Charles De Gaulle créait avec Pierre Laroque (le penseur) et Ambroise Croizat (le diffuseur en province), la Sécurité Sociale sur la base philosophique que « tout le monde paie pour tout le monde » et ainsi serait assurée une protection sociale pour la famille, pour les personne âgées et contre la maladie. Tout ceci fondé sur le mot « magique » : de solidarité. Les principes de base étaient les suivants : 1 - Humanisme, ne pas être assisté mais assuré avec un financement réalisé par les employeurs et les employés, 2 - La liberté de choix du médecin, 3 - Responsabilité personnelle, 8 4 - Solidarité, afin que même les personnes défavorisées puissent être traitées gratuitement, 5 - Participation la plus large possible pour tenter de couvrir 100 % de la population. Tout ceci n’a pu être acquis que progressivement : tous les travailleurs et employés salariés dans un premier temps en 1945, les agriculteurs en 1961, les professions libérales en 1966 et 2004, et la couverture médicale universelle pour tout le monde, même les chômeurs, seulement en juillet 1999. Mais la base du fonctionnement était une législation unique et un financement centralisé. Aujourd’hui près de 100 % des français sont couverts par la « sécurité sociale » (SS). Mais un premier écueil apparaît : comme rien ou presque n’est payé par le patient, il en oublie sa propre responsabilité. Une très grande protection est allouée par la « Sécurité Sociale » : • Toute pathologie chez les enfants jusque 16 ans, étendue à 20 ans s’ils continuent leurs études. • Accidents du travail ou maladie professionnelle, sans limitation de durée. • Frais d’hospitalisation couverts à 100 % (ce qui représente 50 % du budget total de la SS) • Affections de longue durée (32 sur la liste, prises en charge à 100 %) • Pour les autres maladies la couverture n’est que de 70 %, mais les examens de laboratoire, les soins dentaires (exceptées les prothèses), les soins paramédicaux, les médicaments prescrits par le médecin traitant sont couverts à 100 %. • Même les transports vers l’hôpital, les cliniques, ou une consultation de ville sont remboursés au prorata du kilométrage. Nouvel écueil : de nombreux abus ont été observés, plusieurs patients dans le même véhicule avec un seul trajet par le même transporteur ont été déclarés comme voyages multiples, ou même des voyages itératifs le même jour pour plusieurs examens pour le même malade dans un seul hôpital ! • Pour les soins non remboursés à 100 %, les patients doivent payer, mais ils peuvent également être assurés par une mutuelle privée (prélèvement automatique sur le salaire), ou par des compagnies d’assurances privées. Les frais de santé en France atteignent 180 milliards d’euros correspondant à 2 800€ par personne et par an. Ce financement (sécurité sociale 76 %, mutuelles 14 %, patient 10 %) vient en partie des cotisations des employeurs et des employés contribuables (47 %), de la contribution nationale (40 %) et de taxes (13 %). *Avec l’aide de C.Rossignol pour les questions de Sécurité Sociale et de M.Huguier, Académie de Médecine. Traduction du texte assurée par A. Lesourd et A. Morin. Heath Care Delivery in France with special attention on Pediatric orthopedics Conférence : «Presidential Guest Speaker » à la POSNA (Toronto, 3 mai 2013) par JF Dubousset Les relations entre la sécurité sociale et les médecins et chirurgiens Il n’existe que deux possibilités d’exercice. Le secteur I (conventionnel) où le patient ne paye rien, le médecin étant payé directement par la Sécurité Sociale. Chaque acte médical a son propre tarif. Par exemple le C, pour un examen clinique de base ou la prescription d’un traitement par le généraliste, est à 29 € le même acte, CS, par un spécialiste (chirurgien, pédiatre, cardiologue…) est payé 43 €. Un acte chirurgical comme une prothèse totale de hanche est payée 790 €, une correction fusion T5/L2 pour scoliose avec instrumentation est rémunérée 1080 € mais la sécurité sociale paie chaque implant (quel que soit le nombre !) ainsi que les jours d’hospitalisation. Écueil : la tarification est trop basse, entrainant la multiplication des actes médicaux et ses conséquences comme moins de temps passé pour la consultation où l’examen clinique disparaît au profit de la multiplication des examens paracliniques pas toujours pertinents, aboutissant ainsi à un coût supérieur pour la société. Le secteur II : (honoraires libres) pour les médecins, chirurgiens, spécialistes reconnus compétents par le collège universitaire et le ministère de la santé. Ils sont autorisés à demander des honoraires libres pour le patient... mais comme le mentionne la loi .... « Avec tact et mesure » ! ... Ce qui pousse de trop nombreux médecins et chirurgiens à abuser du système. Globalement, pour le secteur II, la Sécurité Sociale paie environ 30 %, les mutuelles environ 30 % et le patient paie le reste, 40 %. Bien sûr, pour tout ce qui est hors convention (chiropracteurs, ostéopathes) il n’y aura aucun remboursement. Ecueils : les « dépassements d’honoraires » doivent être déclarés à la Sécurité Sociale, mais c’est rarement le cas, et certains médecins demandent des « dessous de table ». En fait, tout est basé sur des « actes médicaux ». De grands changements sont discutés dans un futur proche pour virer progressivement vers un remboursement plus ou moins global en fonction de la pathologie et bien sûr du parcours de soin… Les hôpitaux en France et leur fonctionnement Il existe 3 niveaux d’hôpitaux en France 1 - les Hôpitaux universitaires ou CHU Publics, créés en 1958, ils prennent en charge les chirurgies et thérapeutiques lourdes et onéreuses, promeuvent l’innovation, la recherche et assurent l’enseignement dans tous les domaines médicaux. Les équipes médicales sont composées de : 1 - praticiens à temps plein avec les professeurs qui ont une triple casquette de soins des patients, enseignement des étudiants et activité de recherche. D’autres praticiens travaillent également à temps plein mais ne portent qu’une simple casquette de praticien de soins.. Tous obtiennent leur salaire du gouvernement avec une part plus ou moins importante d’activité privée qu’ils sont autorisés à pratiquer dans le même service. 2 - d’autres praticiens sont à temps partiel avec une rémunération par le gouvernement mais la possibilité d’avoir une activité complémentaire dans d’autres institutions ou en cabinet privé, en tout cas à l’extérieur de l’hôpital. C’est une belle création mais existent quelques défauts : 1 - Sur le plan médical • Les soins peuvent être publics ou privés (soins à double vitesse pour les patients) • La carrière est à vie, sauf grosse erreur médicale (manque de véritable évaluation) • Difficile pour certains de porter les 3 casquettes (soins, enseignement, recherche) • Enfin un trop grand nombre de CHU (environ 30) ont été créés dans tout le pays (probablement moins de 15 auraient suffi !) 2 - Sur le plan administratif Progressivement, l’administration est devenue de plus en plus puissante avec un manque croissant de dialogue avec le personnel médical. Les soins de santé se sont tournés vers une optique commerciale, le gain de profit devenant le but ultime. L’économie a certes son rôle à jouer mais le pendule est allé trop loin, et il est nécessaire pour chacun de se rappeler que nous traitons des êtres humains ! 2 - Les Hôpitaux publics généraux Ils existent dans un grand nombre, sinon la totalité des grandes et moyennes villes du pays. Souvent, ces hôpitaux sont le plus gros employeur de la région, mais la qualité des soins médicaux est différente, de façon conséquente, d’une ville à l’autre. Le gouvernement commence à fermer certains établissements laissant pour seule activité les soins d’urgence, de rééducation ou de gériatrie. Cette situation occasionne un grand débat dans tout le pays, car la fermeture de ces structures engendre indéniablement une augmentation du chômage. 3 - Les Hôpitaux privés Ils sont légions dans certaines activités comme la radiologie, l’obstétrique. Ils effectuent 60 % des actes chirurgicaux simples. Mais dans ces structures aucun interne, aucun enseignement, aucune recherche. 9 Heath Care Delivery in France with special attention on Pediatric orthopedics Conférence : « Presidential Guest Speaker » à la POSNA (Toronto, 3 mai 2013) par JF Dubousset (En fait, la recherche est soutenue par l’industrie !) Certains de ces hôpitaux privés se regroupent et se plient aux règlements européens de la santé afin d’obtenir le label d’accréditation appropriée pour réaliser telle ou telle activité chirurgicale. Le débat se porte essentiellement sur la nécessité de créer des liens entre ces cliniques et les hôpitaux universitaires. En outre, des institutions semi-privées prennent en charge la médecine, l’oncologie, la réadaptation avec pour certaines d’entre elles de bonnes relations avec l’Université. Les urgences et les soins d’urgence Ils sont organisés autour de 2 numéros de téléphone joignables en permanence et partout en France. Il s’agit du 15 (SAMU) et du 17 (pompier). Ils administrent les premiers soins et dirigent le patient vers l’hôpital le plus proche, en dépit d’être le plus adéquat. Un lien réel entre ces 2 structures a été établi pour tenter de joindre préférentiellement le service référent adéquat en fonction de la lésion du patient, mais c’est encore loin d’être opérationnel partout . Ecueils : Dans de nombreuses villes (conséquence de l’évolution de la société) beaucoup de médecins généralistes libéraux ne reçoivent plus de patients après 20 heures ! Le résultat est une terrible congestion des patients dans les services d’accueil des urgences des hôpitaux publics, le plus souvent dépassés, notamment dans les CHU. Les Agences nationales spécifiques Ce sont des institutions créées par le gouvernement pour organiser et contrôler les soins de santé dans tout le pays. Par exemple INCA pour le cancer a obtenu de bons résultats. L’AFFSAPS pour le contrôle des nouveaux médicaments et dispositifs innovants en obtient parfois de moins bons. La Haute Autorité de Santé donne des conseils et des recommandations pour le public et les médecins. C’est parfois trop long et difficile à utiliser, c’est plus ou moins suivi par les médecins. L’ANAES est présente pour l’évaluation et l’accréditation des structures de soins… Ecueils : Elles sont trop nombreuses, certaines sont bonnes et utiles ....d’autres donnent plus d’ennuis et de confusion... que d’efficacité ! Le réseau informatique Merci à la « carte Vitale » informatique qui a envahi la vie quotidienne des patients et des médecins. En France, vous payez tout en matière de santé avec cette carte, y compris les laboratoires, la pharmacie,... C’est très utile et efficace. Jusqu’à présent 99 % de la population française a cette carte. Mais un écueil majeur est lié à l’invasion de l’ordinateur dans le travail quotidien médical. Les ordinateurs sont irremplaçables pour le travail d’aujourd’hui, grâce à l’accès aux informations, à la capacité de classification, mais avec une réglementation et une infor10 matisation nécessaires mais de plus en plus invasive, diminuant le temps imparti au contact humain avec le patient. « Le médecin regarde plus l’écran de son ordinateur que le corps ou le visage du patient » (dixit un patient) Cela restreint le temps alloué à l’examen clinique et oriente plus rapidement le médecin vers de multiples examens complémentaires, souvent peu pertinents, et responsables une fois de plus d’une augmentation des dépenses de santé. Le principe de précaution Un autre écueil dans le travail médical en France est lié au « principe de précaution » inscrit depuis février 2005 dans notre Constitution. Il s’ensuit une phobie du procès, que l’on tente d’éviter par la sur utilisation des examens complémentaires. Les conséquences en sont pour les médecins le manque de responsabilité, pour les patients la perte de confiance mutuelle envers leur médecin et enfin pour la société l’augmentation des couts médicaux et par contre coup la diminution de la recherche innovatrice. Pour la famille et les enfants, la sécurité sociale apporte un grand crédit et un soutien Soutien financier proportionnel au nombre d’enfants, allocation spéciale pour jeune enfant, crèche, éducation, école, logement, déménagement, baby sitter à la maison quand les parents travaillent, mère célibataire, .... , Une aide spéciale pour les enfants handicapés, ... De fortes sommes d’argent sont ainsi allouées quels que soient les revenus. Mais actuellement, il est question que le gouvernement adapte ces aides aux revenus de la famille. Qu’en est-il de orthopédie pédiatrique dans notre pays? Il se dessine à partir de 1960 une individualisation progressive avec le développement de la chirurgie pédiatrique dont l’orthopédie, et quelques années plus tard (1965) l’anesthésie pédiatrique. De 1970 à 1985, de nombreuses sur spécialisations se développent en pédiatrie : Cardiologie, orthopédie, neurochirurgie ... Aujourd’hui, 20 CHU ont une activité de chirurgie pédiatrique, 6 départements uniquement sont dépourvus de professeurs d’orthopédie pédiatrique, 13 CHU ont des départements de chirurgie orthopédique et viscérale indépendants, certains CHU ont développé le concept d’ « Hôpital mèreenfant » incluant une maternité, un service de gynécologieobstétrique, de chirurgie néonatale, de pédiatrie… Le meilleur exemple d’organisation est donné par le Réseau Midi Pyrénées. Il a été initié et réalisé par JP Cahuzac, un chirurgien orthopédique pédiatrique de Toulouse avec l’aide totale et l’accord de l’administration (ARS) de cette région... Leurs objectifs étaient de perpétuer la prise en charge chirurgicale locale tout en rendant la chirurgie pédiatrique sûre, en fournissant des ressources humaines et matérielles, tout en acceptant les limites de compétence liés à l’âge de l’enfant et à sa pathologie. Heath Care Delivery in France with special attention on Pediatric orthopedics Conférence : « Presidential Guest Speaker » à la POSNA (Toronto, 3 mai 2013) par JF Dubousset 48 « hôpitaux » privés ou publics liés à la chirurgie pédiatrique (de la naissance à 18 ans) ont été identifiés dans cette région. 24 ont accepté de participer à ce réseau basé sur 3 niveaux de compétence. Premier niveau : 20 centres locaux (au moins un par département du territoire). Il n’y a pas de chirurgien pédiatre dans ces centres. Il n’y a pas de prise en charge des enfants en dessous d’un an, pas de prise en charge nécessitant des soins postopératoires intensifs. Ils ne font que de l’orthopédie et de la chirurgie pédiatrique limitée, simple. Le gros avantage est que l’équipe médicale en a conscience . Deuxième niveau : 3 centres privés (1 pour l’ORL, 1 pour l’orthopédie, 1 pour la chirurgie viscérale). Ils ont des chirurgiens pédiatres spécialisés et des anesthésistes pédiatres. Ils font de la chirurgie en dessous de l’âge de 1 an et tout type d’intervention sauf si elle requière une approche multidisciplinaire telle que les tumeurs ou les soins intensifs pédiatriques, ou un équipement spécial (par exemple neuromonitoring pour les scolioses). Troisième niveau : centres spécialisés représentés par le CHU avec des chirurgiens de toutes les spécialités, des anesthésistes pédiatriques, des pédiatres réanimateurs, un accès à la chirurgie pédiatrique 24heures sur 24, 7jours sur 7. Ce réseau est facilement contrôlé par l’enregistrement automatique à la Sécurité Sociale et les transferts intra-réseau. Il fonctionne parfaitement et il est à noter que les 24 centres qui n’acceptent pas de participer sont en train de disparaître progressivement de la chirurgie infantile! Le but est d’essayer d’organiser un tel réseau de soins à l’échelle du pays tout entier, c’est mon vœu le plus cher. Des centres pédiatriques spécialisés dans la prise en charge des maladies chroniques ou de rééducation existent encore partout dans le pays, plus ou moins liés à un ou plusieurs hôpitaux pédiatriques de grandes villes françaises. Certains sont consacrés à des pathologies spécifiques, d’autres sont plus généraux. Quoi qu’il en soit les soins sont couverts par la Sécurité Sociale. Échanges d’orthopédie pédiatrique avec les institutions professionnelles et académiques Un groupe informel s’est créé vers la fin de 1970 avec pour objectif d’échanger des expériences et de permettre une formation continue, il est devenu officiel en 1983, nommé GEOP et devint réellement société, la SOFOP, en 2005 avec une réunion annuelle conjointe à celle d’orthopédie adulte au sein de la grande société française d’orthopédie, la SOFCOT. En outre, il existe un séminaire annuel à thème, plus orienté vers les jeunes chirurgiens, les internes. Enfin, un séminaire paramédical annuel lui aussi pour les infirmières, kinésithérapeutes... De plus, quelques groupes se forment autour d’affinités personnelles afin de discuter de cas cliniques, avec une liberté d’échange accrue. Bien sûr de grandes relations sont désormais établies avec l’EPOS ou le POSNA. Les conséquences économiques et politiques financières: la protection sociale en Europe Elle est variable avec un investissement au prorata du PIB en France de 33,8 %, 33,3 % au Danemark, 30,7 % en Allemagne et 18, 9 % en Pologne. Si nous élargissons cette comparaison hors d’Europe nous la trouvons à 16 % aux Etats-Unis, 10 % à 12 % en Suisse, en France,Allemagne, Canada. Mais seulement 8 % au Royaume-Uni et au Japon. Il en résulte un déficit permanent pour la Sécurité Sociale Française de 4 à 12 milliards d’euros par an. La dette de l’assurance médicale pour le pays est de 100 milliards d’euros. En fait, c’est tout à fait en rapport avec l’économie et l’évolution politique du pays tels que le taux de chômage croissant, la durée légale du travail ramenée à 35 heures/semaine, ….entre autres … Le principe de la sécurité sociale est si bénéfique pour les patients et leur famille qu’en dépit de la crise mondiale, nous devons le garder et l’améliorer. La correction est possible, mais implique d’accroître les revenus, de diminuer les dépenses, de lutter contre la fraude et les abus (exclure les non malades !) Se battre contre la fraude à la carte Vitale, même combat pour la fraude à la CMU (le patient obtenant d’autres revenus non déclarés est un parfait exemple de ce type). De grands changements sont prévus dans un proche avenir Le gouvernement commence à faire évoluer les principes de base de 1945 (il y a 68 ans). Mais mon opinion aujourd’hui est : 1 - que la couverture des soins de santé par la Sécurité sociale doit être adaptée aux revenus des patients, même les plus pauvres doivent payer un minimum parfois symbolique et non rien du tout, pour leur donner une idée de leur propre responsabilité. 2 - il est obligatoire d’obtenir un bon équilibre entre public et privé pour les patients, une responsabilisation de chacun qui se dilue trop en CHU, et un enseignement utilisant les 2 systèmes public et privé… 3 - apprendre des systèmes français et américains pour les améliorer et comme d’habitude la vérité réside probablement au milieu. Conclusion : Nous avons tous la même vie et aurons tous la même fin, parce que nous sommes tous sur le même bateau ...la même planète ... et parce que finalement la solidarité est la qualité humaine la plus gratifiante. 11 Réflexion sur la notion oxymoresque de dysplasie acquise de hanche par JN Ligier L’association d’une plagiocéphalie due à une position de sommeil d’un côté et d’une « dysplasie » controlatérale de hanche du nourrisson est loin d’être rare (voir Gazette n°32 p14-15). La plagiocéphalie semble être la conséquence de la position de sommeil. Mais peut-on dire que la position de sommeil est responsable de la « dysplasie » controlatérale de hanche ? Non, car on peut suggérer que si l’enfant a choisi de dormir d’un coté, c’est qu’il avait une posture in utero qui le prédisposait à le faire. La dysplasie résultant de cette posture serait donc anténatale (pléonasme). Mais lorsque l’enfant n’a pas choisi sa position de sommeil, l’origine anténatale de la dysplasie peut poser problème. Ceci peut se rencontrer, entre autres, dans deux circonstances : • la fracture de clavicule néonatale (ou la paralysie obstétricale du plexus brachial) où l’habitude est vite prise de coucher l’enfant du coté opposé à la fracture (ou à la paralysie); • - les convenances parentales qui font que l’on oriente l’enfant vers une porte, une fenêtre, un jouet ou encore le lit parental. La posture de sommeil est alors dictée par des circonstances post-natales. Qu’en est-il de la plagiocéphalie, de la rétraction unilatérale des abducteurs et de la dysplasie (quand elle existe). Dans ces cas, sans grande surprise, la plagiocéphalie et la rétraction des abducteurs se situent très majoritairement du coté où la tête de l’enfant est positionnée. Quant à la dysplasie unilatérale (quand elle existe), elle prédomine du coté opposé. D’où l’oxymore de la dysplasie acquise de hanche. Ceci est particulièrement vérifié lorsqu’il existe des antécédents familiaux. Il y a association d’un terrain génétique déformable anténatal et d’une posture déformante postnatale. Tout ceci ne porte pas trop à conséquence surtout que certaines dysplasies sont en fait des pseudo-dysplasies (page 14 de la Gazette n°32). Mais, il y a aussi les vraies comme le cas que nous avions présenté page 15 de la Gazette n°32… Et puis, il y a les luxations… On entre ici dans le domaine tabou de la pathogénie de la Luxation Congénitale de la Hanche : en effet, les contraintes in utero sur certaines postures à risque sont tellement puissantes par rapport aux misérables postures de sommeil qu’il ne semble pas y avoir de comparaison possible! Et pourtant… Voici l’histoire de Célina : C’est un bon pédiatre qui examine Célina à la naissance ; aucune anomalie à l’examen clinique n’est constatée ; il demande une échographie de hanche car il existe des antécédents familiaux. L’échographie, faite selon la technique de Graf à J19 retrouve un type1 à gauche et un Type2 à droite (Fig. 1) Aucun traitement n’est institué. C’est le médecin généraliste, à l’âge de neuf mois, intrigué par la limitation de l’abduction de la hanche droite, qui demande la radiographie (Fig. 2). Lorsque je vois Célina, en urgence, la plagiocéphalie est majeure, elle dort tête à gauche, le bassin asymétrique clinique est complet avec en plus un ressaut mousse de rentrée de la hanche droite. 12 Fig. 1 : Echographie à J19 Fig. 2 : Radiographie à 9 mois Le traitement par harnais de Pavlik viendra à bout de cette luxation que l’on pourrait peut-être qualifier de postnatale. Mais l’histoire de Célina ne va pas manquer de susciter des objections : 1 - Ce n’est pas un orthopédiste infantile « sénior » qui a examiné Célina à la naissance… C’est vrai. N’est-il pas vrai également que l’on peut retrouver dans la littérature, même francophone, des articles montrant, qu’entre les meilleurs mains, des luxations seraient passées à travers les gouttes d’un dépistage sérieux? Et puis, c’est peut-être faire injure aux pédiatres de maternité et, plus particulièrement au pédiatre que je connais et qui a examiné Célina dans la clinique où je travaille par matinée, il examine, en moyenne, six enfants nés le jour même et six autres qui quittent la maternité. Combien d’entre nous peuvent en dire autant ? De plus, depuis plus de15 ans, une seule luxation, découverte après l’âge de la marche, est passée à travers les gouttes du dépistage dans la région mulhousienne. 2 - L’échographie est faite un peu tôt (J19), c’est vrai ; elle est uniquement statique, selon la seule technique de Graf, c’est vrai ; mais il y a tous les critères morphologiques requis. Même si la hanche droite est moins bien couverte avec un labrum moins vertical que la hanche gauche, il n’en reste pas moins vrai que la tête fémorale est dans le cotyle à trois semaines et qu’elle ne l’est plus à neuf mois. Réflexion sur la notion oxymoresque de dysplasie acquise de hanche par JN Ligier L’asymétrie échographique à J19 pourrait même être expliquée plus par la posture de sommeil initiale que par une hypothétique dysplasie anténatale. Il n’est pas dans ce propos de revenir sur l’origine anténatale de la très grande majorité des luxations congénitales de la hanche dont les causes posturales et génétiques sont bien connues. of the hip following normal neonatal clinical and ultrasound examination. J Bone Joint Surg (Br) 2010;92-B:1449-51. ou encore celui de nos amis genevois Canavese F, Vargas-Barreto B, Kaelin A, de Coulon G. Onset of developmental dysplasia of the hip during clubfoot treatment: report of two cases and review of patients with both deformities followed at a single institution. J Pediatr Orthop B2011,20:152-156. Mais l’origine anténatale ne doit pas avoir l’exclusivité absolue de la luxation de hanche du nourrisson. Célina n’est pas une exception ni dans mon expérience ni dans la littérature. Et si l’on inversait la charge de la preuve : on verrait probablement, dans quelques rares cas, qu’il est plus facile de montrer qu’une luxation est postnatale plutôt qu’anténatale. C’est, dans le même ordre d’idée, la possibilité rare de sauver la mise d’un obstétricien devant des parents agressifs en montrant que la paralysie obstétricale de leur enfant était électromyographiquement anténatale. D’autres travaux arrivent à des conclusions identiques ; citons les articles récents, bien documentés et particulièrement démonstratif de Jaiswal A, Starks I, Kiely NT. Late dislocation Commentaires de R. Seringe pour la Gazette Cette observation appelle plusieurs remarques : 1 - Je suis entièrement d’accord avec la conclusion de JeanNoël Ligier : « L’origine anténatale ne doit pas avoir l’exclusivité absolue de la LCH » En effet, la pathogénie (qui n’est pas un sujet tabou) demeure controversée : • En 1964, P. Petit écrivait [1] « La luxation de hanche est rarement congénitale ; c’est un accident qui se produit le plus souvent dans les premiers jours ou les premières semaines de vie… ». • Dans les années 70, c’était la théorie de la dysplasie luxante (ou des malformations luxantes) [2]. • A partir des années 80, en France, nous avons plaidé pour le concept de posture luxante in utero [3], ce qui a permis de développer et d’organiser avec le GEOP (devenu SOFOP), une campagne de dépistage nationale de la LCH dont les effets ont été très positifs. • En 2008, avec R. Kohler [4], nous écrivions à propos de la pathogénie anténatale : « Il faut reconnaître que dans quelques cas, très rares, une évolution en apparente contradiction avec cette théorie a été observée : la révélation tardive de la luxation dont on n’a pas l’explication, malgré la qualité de l’examen initial, qui concluait à une hanche normale ». sier lors de l’étude de l’amplitude d’abduction (seule manière d’objectiver une asymétrie et de chiffrer une amplitude). Est-ce pour cette raison que le signe clinique de limitation unilatérale d’abduction a des limites dans la sensibilité et la spécificité [5] ? - l’absence de mise en adduction de 10 à 15° et/ou en rotation externe pour la recherche de certaines hanches luxables (qui ne le sont qu’en adduction et/ou en rotation externe) ; dans ces cas, la manœuvre classique de Barlow peut être négative… 2 - Avant d’affirmer le caractère postnatal de la luxation, il faut rappeler quelques faits : culaire avec, si possible, un recul d’au moins 2 ans. • Faux négatifs de l’examen clinique, y compris par un clinicien expérimenté (pédiatre ou chirurgien orthopédiste) et dont les causes peuvent être : - l’absence de relâchement musculaire en particulier chez un bébé très tonique, - l’absence de recherche d’une hypertonie musculaire des adducteurs, - l’absence de vérification de la verticalité du sillon interfes- • Faux négatifs de l’échographie statique à 1 mois lorsque la hanche est positionnée (sans le savoir) en position de réduction. • Faux négatifs de l’écho dynamique par absence de re- lâchement musculaire lors de la manœuvre et/ou pour des raisons de position du fémur car les protocoles sont standardisés alors que les hanches instables ne le sont pas (voir supra). • Depuis la conférence de consensus de 1991, il est re- commandé de répéter l’examen clinique jusqu’à l’âge de la marche, en particulier à cause de la difficulté de cet examen chez le nourrisson et de l’existence de faux négatifs. • S’assurer de l’absence de toute pathologie neuro-mus3 - Concernant l’observation de Célina : • Il manque l’écho dynamique, • Il manque, semble-t-il, la répétition des examens cliniques, • Si antécédents familiaux sérieux, personnellement, j’aurai conseillé une radio à 3-4 mois (en plus de l’écho à J19). 13 Commentaires de R. Seringe pour la Gazette L’observation de Célina me semble donc incomplète pour affirmer le caractère postnatal de la luxation mais l’hypothèse de Ligier n’est pas à exclure d’autant plus que des auteurs anciens [6,7] avaient montré la possibilité de développement de subluxation tardive en fonction de la posture de sommeil et des asymétries musculaires associées. Toutefois, l’article cosigné par Morcuende [8] montrant des observations de nourrissons avec des radios soi-disant « normales » à 1 et 3 mois et des luxations d’« apparition tardive » n’est pas convaincant. Cependant, les publications récentes dans le JPOB et le JBJS signalées par Ligier sont assez extraordinaires. Enfin, pour ma part, j’ai observé plusieurs cas personnels avec examen clinique normal à la naissance et à 1 mois, écho statique et dynamique normale à 1 mois et apparition d’une subluxation sur la radio à 4 mois ! 4 - Pour y voir plus clair dans ces luxations détectées tardivement malgré des examens initiaux (clinique et écho) normaux, je suggère qu’un jeune collègue, passionné comme je le fus moi-même en 1978 [9], et disposant dans son hôpital d’une maternité, se lance dans la recherche clinique selon un protocole qui pourrait être le suivant : Sélection de 500 nouveau-nés de sexe féminin dont les hanches sont considérées comme normales par le pédiatre de la maternité et qui sont susceptibles d’être suivis par notre collègue au moins jusqu’à l’âge de 2 ans. Il pratiquera lui-même un nouvel examen clinique à la maternité, puis à 1 mois (avec une écho faite par un radiologue de son hôpital), à 3 mois (avec une radio) puis examens cliniques successifs à 6 mois, à 12 mois, à 18 mois (quel que soit l’âge, une radio est faite si anomalie clinique) enfin à 2 ans avec une radio. A tout âge, l’examen comportera la recherche des asymétries éventuelles du crâne, du cou, du rachis, du bassin et la posture de sommeil sera mentionnée… On verra ainsi combien de hanches deviennent dysplasiques, subluxées et à quel moment. Ce travail pourrait très bien faire l’objet d’une thèse et d’une importante publication scientifique. Références 1 - Petit P. A propos de la luxation congénitale de hanche. Journée de Rééducation. L’Expansion, Paris. 1964 ; p.47-58 2 - Salter R. Etiology, pathogenesis and possible prevention of congenital dislocation of the hip. Can Med Ass J 1968 ; 98:933-45 3 - Seringe R, Bonnet JC, Katti E. Pathogénie et histoire naturelle de la LCH. Rev Chir Orthop 1990 ; 76 :391-402 4 - Kohler R, Seringe R. La LCH. Les faits, les signes, les mots. Etat de l’art. Rev Chir Orthop 2008 ; 94 :217-27 5 - Jari S, Paton RW, Srinivasan MS. Unilateral limitation of abduction of the hip. A valuable clinical sign for DDH? J Bone Joint Surg Br 2002 ; 84:104-7 6 - Lloyd-Roberts G. Pelvic obliquity. In : Hip Disorders in children. Butterworths, London, 1978, 46-9 7 - Heikkila E, Ryoppy S, Louhimo I. Management of primary acetabular dysplasia. Its association with habitual-lying. J Bone Joint Surg (Br) 1985 ; 67: 25-8 8 - Raimann A, Baar A, Raimann R, Morcuende JA. Late developmental dislocation of the hip after initial normal evaluation. J Pediatr Orthop 2007 ; 27:32-4 9 - Seringe R, Cressaty J, Girard B, Francoual C. L’examen orthopédique de 1500 nouveau-nés en maternité. Chir Pediatr 1981 ; 22 : 365-87 L’essentiel de la librairie médicale et paramédicale en ligne www.livres-médicaux.com 14 Technique de fixation pelvienne par vis ilio-sacrées par L. Miladi Historique La fixation pelvienne par vis ilio sacrée est une technique très ancienne, utilisée dans les années 1960 par Paul Harrington pour réduire et stabiliser les spondylo-listhésis lombo sacrés avec de grosses broches de Steinmann. Elle a été importée en France au début des années 1970 par Jacques Vidal, qui l’a utilisée pour les mêmes indications, mais avec des vis de Venable. C’est en 1972 que Jean Dubousset s’en est servi pour la 1ère fois pour corriger les bassins obliques dans les scolioses neurologiques, en faisant appuyer sur des vis canulées de Vitwoet des tiges de Harrington. Cette technique a ensuite trouvé toute sa place dans l’instrumentation CD en 1985, et a de ce fait été le précurseur de toutes les techniques de fixation pelvienne dans les instrumentations segmentaires [1]. Ainsi dans un 1er temps, au même titre que l’utilisation qui en a été faite avec les tiges de Harrington, nous avons fait appuyer des crochets CD au-dessus ou en dessous de la vis de Vitwoet, pour appliquer de la distraction ou bien de la compression sur la vis selon l’obliquité pelvienne qu’on cherchait à corriger. Mais ce montage n’était pas très stable et laissait persister un jeu entre le crochet et la vis qui n’était pas fixés l’un à l’autre, raison pour laquelle Jacques Beurier a conçu en 1986 un connecteur fermé à double orifice, l’un pour la tige et l’autre pour la vis, donnant une stabilité et un pouvoir correcteur exceptionnels au montage. Au fil du temps, le connecteur a subi un certain nombre d’évolutions, d’abord en lui apportant une articulation entre ses 2 orifices (1992), puis en le transformant en un connecteur ouvert pour faciliter l’introduction de la tige, en même temps que la forme de la vis a été changée (2007), enfin une dernière modification a été récemment portée pour en faire à la fois un connecteur ouvert, poly axial et rétentif de la vis, ce qui a rendu encore plus facile son amarrage à la tige et permis d’éliminer les risques de dévissage secondaire de la vis, comme cela a été observé avec les premières générations du connecteur (Fig.1). A l’occasion des dernières modifications, un système de visée a été mis au point pour faciliter et sécuriser la mise en place de la vis. Technique opératoire La vis ilio-sacrée est actuellement introduite en percutané, à travers une contre-incision. Le point d’entrée se trouve à environ 1 cm du bord de la crête iliaque. Sa direction est oblique de haut en bas dans le plan frontal, d’arrière en avant dans le plan horizontal, et dirigée vers le centre du corps de S1. Cette vis ne traverse en aucun cas l’articulation sacro-iliaque comme certains ont pu le penser, mais elle passe en arrière et au-dessus de cette dernière, sans bloquer sa mobilité en nutation (Fig.2). Son trajet est déterminé facilement par un viseur, une fois le connecteur positionné dans son emplacement recommandé, étape déterminante de la procédure. Fig. 2 : Rapport des vis ilio-sacrées avec les articulations sacro-iliaques Voici ci-après les différentes étapes à suivre : 1. Exposition osseuse et positionnement du connecteur La face postérieure de la 5ème vertèbre lombaire et du sacrum sont dégagées en sous périosté. Une logette est creusée avec un ciseau gouge dédié, à travers la corticale postérieure du sacrum dans l’espace situé entre l’articulaire L5S1 et le premier trou sacré. Le connecteur est ensuite inséré dans la logette, monté sur le porte connecteur dont il faudra incliner le manche vers la ligne médiane d’environ 20°, pour donner à la vis l’obliquité postéro-antérieure nécessaire pour éviter le canal rachidien. Le porte connecteur doit aussi être tourné d’environ 10° vers la ligne médiane, pour donner à la vis une direction légèrement descendante dans le plan frontal. 2. Mise en place du viseur Un bras guide coulissant est inséré sur le porte connecteur, et fixé en place par une molette. Le viseur est ensuite monté sur ce bras, l’orientation de son canon détermine de façon automatique le trajet de la vis ainsi que son point d’entrée (Fig.3). Fig. 1 : Les 4 générations de connecteurs ilio-sacrés (1986, 1989, 2005 et 2012) 15 Technique de fixation pelvienne par vis ilio-sacrées par L. Miladi 3. Préparation du trajet de la vis La pointe du canon du viseur imprime une marque au contact de la peau, en regard de laquelle une contre-incision horizontale de 1 cm est réalisée. Le canon du viseur est ensuite avancé à travers les parties molles, jusqu’au contact de l’aile iliaque. Il est fixé dans cette position par serrage de la molette, après le retrait de son mandrin. Le trajet osseux de la vis est ensuite préparé par le passage de la pointe carrée de l’aile iliaque jusqu’au corps de S1, en traversant le connecteur. Au besoin, un contrôle scopique du trajet peut être réalisé à ce moment là, avec la pointe carrée en place [2]. Cette dernière est remplacée par un taraud canulé avec mandrin, vissé jusqu’à transpercer le connecteur, avant de retirer son mandrin et le remplacer par une broche. Fig. 3 Porte connecteur, bras guide coulissant et viseur 4. Détermination de la longueur de la vis Une broche mousse à ses deux extrémités est introduite dans le canal du taraud. On la fait avancer progressivement jusqu’à la corticale antérolatérale opposée du sacrum, en tapant dessus par petits coups réguliers avec un marteau diapason. Un changement net de sonorité, indique le contact de la broche avec la corticale opposée du sacrum. Technique de fixation pelvienne par vis ilio-sacrées par L. Miladi Le taraud est ensuite retiré, laissant la broche en place. Un mesureur dédié est appliqué à l’orifice d’entrée du canon du viseur, permettant une lecture directe de la longueur de la vis à poser. 5. Mise en place de la vis L’ensemble du viseur est retiré en gardant la broche en place. La vis canulée est introduite sur la broche guide à l’aide d’un tournevis lui même canulé, elle traverse le connecteur et termine sa course dans le corps du sacrum. Elle est suffisamment serrée de sorte que sa tête fraisée vienne s’appliquer contre la corticale iliaque externe. Le porte connecteur est ensuite retiré, on réalise à ce moment là un verrouillage du connecteur sur la vis ilio-sacrée par serrage d’une petite vis de blocage en son fond, sans lui faire perdre sa poly axialité. Le serrage terminé, la broche est retirée et les autres implants rachidiens ainsi que les tiges sont posés. Des manœuvres de compression ou de distraction et de cintrage in situ, nécessaires à la correction de la déformation rachidienne et de l’obliquité pelvienne, peuvent alors être appliquées en toute sécurité sur les connecteurs. La position un peu latéralisée des vis donne au bas du montage un aspect divergent en « pieds de tour Eiffel », et un bras de levier permettant de corriger d’importantes obliquités pelviennes (Fig. 4). Par ailleurs la connexion de la tige en plein milieu du trajet de la vis, donne à la construction une stabilité et une solidité uniques, rendant son utilisation la seule possible dans certains cas d’ostéoporose extrême. Conclusion Les vis et les connecteurs ilio-sacrés permettent d’étendre les ostéosynthèses rachidiennes jusqu’au bassin chez l’enfant et chez l’adulte, notamment dans les os les plus fragiles et chez les patients à faible masse corporelle, pesant moins de 15 Kg. Fig. 4 Le montage « tour Eiffel » Cet ensemble connecteur/vis ilio-sacrés permet un ancrage solide et peu encombrant de l’instrumentation rachidienne dans le bassin, avec une grande stabilité et un fort taux de consolidation des greffes, confirmé avec un recul de plus de 18 ans [3]. Le système de visée récemment mis au point, a rendu cette technique encore plus simple, plus facile et plus sûre pour les utilisateurs qui n’en ont pas encore l’habitude. Références 1- DUBOUSSET J, GUILLAUMAT M, MILADI L, BEURIER J, TASSIN JL, COTREL Y. Correction and fusion to the sacrum of the pelvic obliquity using CD instrumentation in children and adults. Revue de Chirurgie Orthopédique, Supplément II, Masson, 1987, 73, 164-7 2- Ould-Slimane M, Miladi L, Rousseau MA, Bonaccorsi R, Catonne Y, Lazennec JY, et al. Sacropelvic Fixation With Iliosacral Screws : Applications and Results in Adult Spinal Deformities., J Spinal Disord Tech. 2011 3- L. MILADI L, I. GHANEM M, DRAOUI R, ZELLER J, DUBOUSSET. Iliosacral screw fixation for pelvic obliquity in neuromuscular scoliosis. A long term follow-up. Spine, Lippincott-Raven, 1997, 22, 15, 1722-9 L’essentiel de la librairie médicale et paramédicale en ligne www.livres-médicaux.com 17 Comment j’instrumente la région lombo sacro iliaque dans les scolioses paralytiques par H. Parent, R. Prébet Pourquoi j’utilise la vis ilio-sacrée Parce que c’est la technique que j’ai apprise au début de ma formation à Saint Vincent de Paul et qu’elle me paraît efficace et très sûre dans le temps. Jacques Beurrier, attaché dans le service, avait largement participé avec Jean Dubousset à la mise au point de la technique. Elle est bien adaptée à la correction chirurgicale des scolioses paralytiques. A Saint Vincent de Paul, la stratégie était toujours la même. Ces scolioses étaient opérées en deux temps séparés d’une semaine avec une libération antérieure première non instrumentée suivie d’une arthrodèse postérieure sur un rachis en traction et aligné. Une pince pédiculo-sus-lamaire T2 T3, l’utilisation uniquement de crochets intermédiaires et les deux vis ilio-sacrées permettaient de descendre deux tiges dans les connecteurs fermés de Beurrier. Les baguettes de tibia prélevées dans un premier temps étaient plaquées dans la région lombosacrée à l’aide d’un DTT. Avec le temps, j’ai utilisé d’autres alternatives mais reste fidèle à cette fixation qui est rarement mise en défaut. Quelque soit la technique que l’on utilise, il paraît indispensable de connaître le vissage ilio-sacré et d’avoir la possibilité de le réaliser. Ses avantages • Pas d’encombrement postérieur au niveau d’un sacrum parfois sous la peau dans ce type de scoliose. • Excellente tenue même dans un os de mauvaise qualité notamment contre les forces d’arrachement. • Peu de risque d’être en conflit avec les structures neurologiques. • Laisse une bonne place pour la greffe postérieure. Fig. 2 : Désinsérer les muscles de la face externe de l’aile iliaque par un décollement sous cutané. Bien exposer la face postérieure du sacrum, les massifs articulaires lombo-sacrés L5 S1 et l’aileron sacré. Une pointe carrée pénètre la crête iliaque. Elle va ressortir très peu en arrière de l’aileron sacré pour atteindre la base de l’articulaire supérieure de S1 et elle va pénétrer le corps de S1 Fig. 3 : Faire une bonne place autour de la broche au niveau de l’aileron sacré pour l’emplacement du crochet et remplacer la pointe carrée par une broche qui va prendre le crochet bien positionné Ses défauts • Décollement sous cutané pour désinsèrer les muscles externes des crêtes iliaques. • Peut être difficile à mettre dans certaines ailes iliaques parfois particulières dans cette pathologie. • Parfois recul de la vis. La technique du vissage ilio-sacré Le vissage ilio-sacré peut être utilisé avec des vis ou des crochets dans la région lombaire. Fig. 4 : mettre une vis canulée de longueur adaptée sur la broche Fig. 5 : Pour faciliter cette technique, certains crochets ont évolué avec une poly axialité dans la connexion vis-tige et une ouverture postérieure du crochet Fig. 1 : Radiographies postopératoires face et profil avec les tiges qui ont été introduites dans les crochets 18 Fixation pelvi-rachidienne par montage segmentaire bi-ilio-sacré un montage en T par R. Kabbaj, B. Bouyer, P. Mary, R. Vialle Le montage bi-ilio-sacré (montage en T inversé) est basé sur l’utilisation de vis pédiculaires classiques, à têtes orientables (polyaxiales) placées dans le sacrum et dans les ailes iliaques. Il combine les qualités de la fixation biilliaque et sacrée sans recourir à l’utilisation d’implants ou de connecteurs spécifiques. La réalisation de la fixation nécessite d’aborder le sacrum sur la ligne médiane et la partie postérieure des deux ailes iliaques en passant en arrière des masses musculaires sacrolombaires. Un passage entre les voies d’abord latérales et médiales est réalisé, à la manière d’une boutonnière, sans désinsérer l’insertion caudale des masses musculaires sacrolombaires. La mise en place des implants sacrés et iliaques est classique en veillant bien à enfouir partiellement les têtes des vis iliaques afin d’éviter une gêne à ce niveau (Fig. 1. A, B et C). Les vis sacrées peuvent être laissées un peu plus superficielles afin de faciliter la mise en place de la tige horizontale. L’alignement des deux vis iliaques doit être réalisé en tenant compte du positionnement des deux vis sacrées qui sont mises en place les premières. Le cintrage de la tige horizontale est réalisé « en chapeau de gendarme ». La mise en place est réalisée en commençant par les deux vis iliaques puis en réalisant une rotation de la tige de 180° permettant la descente de celle ci dans les deux vis sacrées (Fig. 1 D et E). Fig. 1A-F : Les différents temps de mise en place des implants et de la tige rachidienne horizontale munie de ses deux connecteurs 19 Fixation pelvi-rachidienne par montage segmentaire bi-ilio-sacré un montage en T par R. Kabbaj, B. Bouyer, P. Mary, R. Vialle Après verrouillage de la tige dans les 4 implants, la mise en place des connecteurs orthogonaux (Fig. 1F et 2) de liaison permet de relier le montage pelvien au montage rachidien et de pratiquer les manœuvres habituelles de correction au moyen des connecteurs parallèles. Fig. 2 : Les connecteurs orthogonaux qui permettent de relier le montage pelvien au montage rachidien Cette technique offre d’excellentes possibilités de correction, y compris des obliquités pelviennes les plus importantes (Fig. 3). Le montage est basé sur l’utilisation d’implants classiques et offre une bonne versatilité y compris dans les situations où l’anatomie pelvienne est perturbée. Il est applicable aux patients maigres et dénutris et en cas d’ostéopénie importante [1]. Fig. 3 : Exemple de correction d’une importante scoliose avec obliquité pelvienne chez une jeune patiente porteuse d’une dystrophie musculaire congénitale Références 1 - Zahi R, Thevenin-Lemoine C, Rogier A, Constantinou B, Mary P, Vialle R. The “T-construct” for spinopelvic fixation in neuromuscular spinal deformities. Preliminary results of a prospective series of 15 patients. Childs Nerv Syst, 27(11): 1931-5, 2011. L’essentiel de la librairie médicale et paramédicale en ligne www.livres-médicaux.com 20 La fixation lombo-sacro-pelvienne par C. Morin Installation Sous traction entre un halo crânien et une traction asymétrique sur les membres inférieurs pour correction du bassin oblique Incision : technique de la cravate Elle va permettre d’avoir un jour très satisfaisant sur l’articulation lombo-sacrée et la crête iliaque postérieure pour préparer le trajet de la vis dans le pédicule de S1 et dans la tubérosité iliaque. Après avoir réalisé un abord postérieur classique découvrant les épineuses, les lames et les articulaires et les transverses de la région lombaire et lombo-sacrée sera libérée la moitié externe de la masse sacro lombaire en désinsérant en extra périosté ses fibres de la crête iliaque postérieure jusqu’à retrouver l’abord postérieur. Un écarteur contrecoudé charge la masse sacro-lombaire et prenant appui sur la crête iliaque expose de façon idéale le dièdre sacro iliaque (Fig. 1). Instrumentation lombo-sacro-ilaque : le tripode C’est la vis dans le pédicule de S1 qui est mise en premier. Il s’agit d’une vis de 6,5 mm de diamètre, souvent de 35mm de longueur, polyaxiale (à tête mobile), ce qui facilitera grandement l’introduction de la tige dans sa gorge. Le point d’introduction se situe à la partie externe de la base d’implantation de l’articulaire sacrée, bien mise en évidence après l’ablation complète de l’articulaire inférieure de L5. Le trajet est préparé à la pointe carrée et effectuée soit à la curette soit au moteur à vitesse lente en se dirigeant perpendiculairement à la face postérieure du sacrum et plus ou moins en dedans selon la rotation résiduelle du bassin. En cas d’hyperlordose on se trouvera bien d’utiliser une mèche « courbe » et un tournevis à cardan. Fig. 1a et b : Abord simultané de la crête iliaque et de la région lombo-sacrée en “cravatant” la masse sacro lombaire (SL) avec le contrecoudé (CC). Sur la photographie le contre coudé s’insinue sous la masse sacro-lombaire alors que sur le dessin il est relevé exposant le massif iliaque postérieur dans lequel est mise en place la vis iliaque (VI) à travers le connecteur (C) préalablement fixé sur la tige qui n’est pas encore introduite dans la vis sacrée (VS) C’est ensuite la vis dans le pédicule de L4 qui va être positionnée. La technique de sa mise en place n’a rien de particulier, nous utilisons la curette de Cloward n°2 après préparation du point d’introduction à la pointe carrée. Comme il y a très souvent un décalage en dedans ou en dehors de son point d’introduction par rapport à celui de la vis sacrée du fait de la translation latérale de L4 par rapport au bassin, c’est une vis à double filetage reliée à la tige par un connecteur qui sera utilisée. Cette vis est habituellement de diamètre 5,5 et de 40 mm de long. La troisième étape consiste à insérer une tige lombo-sacroiliaque (un peu plus longue du côté concave que du côté convexe), galbée au profil que l’on désire obtenir, dans la vis polyaxiale S1. L’introducteur de tige « arc de triomphe » rend la manœuvre très aisée. Le boulon est serré et sera cassé en fin d’intervention. Cette tige aura préalablement été munie de deux connecteurs, un proximal qui est introduit sur la vis à double filetage avec son boulon de fixation, l’autre distal placé en regard de la crête iliaque postérieure et qui servira de guide pour la vis iliaque. Le trajet de cette vis est préparé au moteur, à vitesse lente, trouvant facilement son passage entre les deux corticales de l’aile iliaque. Sa direction est le plus souvent oblique en avant, en dehors et légèrement en bas. Sa longueur peut atteindre 8 cm. Elle est serrée à fond. Les mêmes manœuvres sont effectuées de l’autre côte. Fin de l’intervention Il ne reste plus qu’à instrumenter la région thoracique, à connecter les tiges avec des dominos. Le montage classique ce sont deux tiges avec deux dominos du côté où il faut distracter (pour corriger le déséquilibre) et une seule tige du côté opposé. Le bouchon de la vis polyaxiale est cassé (comme tous les autres bouchons), la vis fixant le connecteur sur le filetage de la vis à double filetage est serrée à fond et le filetage en excès éliminé. Le connecteur est enfin solidarisé à la tige. Un « cross link » au plus près des vis polyaxiales complète le cadre. 21 La fixation lombo-sacro-pelvienne par C. Morin Décortication, lavage pulsé, greffe mélangée avec de la céramique bioactive, fermeture du plan profond largement facilité par la libération externe des masses sacro-lombaires, drain superficiel, points séparés sous cutanés et surjet intradermique. Avantages Simplicité d’exécution, résistance au « pull out » du fait de la configuration spatiale des implants (Fig. 2). Inconvénients Possibilité de mobilisation à terme des vis iliaques. Fig. 2 : Les vis lombaires, sacrées et iliaques ont des directions différentes dans les 3 plans de l’espace et s’opposent ainsi aux forces d’arrachement Collection SOFOP LE GENOU DE L’ENFANT P. Gicquel, C. Karger, L. Schneider, J.-M. Clavert Isbn : 978 284023 876 8 238 pages mars 2013 42 € 39,90 € Depuis 1993, à l’occasion du séminaire de Caen, le genou de l’enfant n’avait pas été traité. Quelle évolution pourtant en particulier en traumatologie avec la meilleure connaissance des traumatismes méniscaux et ligamentaires du grand enfant et de l’adolescent acquise de l’expérience de nos collègues orthopédistes d’adultes, et enrichie de la meilleure connaissance des spécificités de l’anatomie et de la physiologie de l’enfant ! Conformément à la tradition nous reviendrons donc aux « fondamentaux » de l’anatomie, de l’imagerie et de l’examen clinique. Nous apprendrons beaucoup de leur meilleure connaissance et des évolutions techniques. Les pathologies constitutionnelles ou acquises du genou de l’enfant n’ont pas l’omniprésence dans notre pratique quotidienne du rachis, de la hanche ou du pied. Et pourtant, leur prise en charge est souvent complexe et les résultats ne sont pas toujours à la hauteur de nos espoirs. Cet ouvrage dont le contenu reprend dans le détail l’état de l’art de la prise en charge des pathologies du genou de l’enfant vient enrichir la belle collection de notre société et il deviendra comme ses prédécesseurs une référence précieuse et facilement accessible. Je voudrais particulièrement remercier Philippe GICQUEL, Claude KARGER, Ludovic SCHNEIDER et Jean-Michel CLAVERT de nous accueillir dans notre belle capitale européenne pour ce séminaire et pour tout le travail qu’ils ont accompli. Joël LECHEVALLIER Président de la SO.F.O.P. Communiqué En ce début 2013, je formulais des vœux et communiquais sur le thème de notre petite entreprise face au géant qui nous ronge petit à petit tel le crabe que vous connaissez bien dans votre pratique : « Nous ne portons pas un nom de fleuve ! Nous payons nos impôts en France ! Nous sommes physiquement présents à vos côtés sur les congrés, epu,... Nous sommes spécialisés en littérature médicale Nous ne faisons que cela et nous le faisons bien ! ...depuis 25 années avec le GEOP/SOFOP » Nous pratiquons des tarifs identiques, nous offrons les frais de port, Nous avons le stock nécessaire en magasin CONSULTEZ-NOUS… ! Bien amicalement, Dominique Torreilles www.livres-medicaux.com Lovell & Winter’s Pediatric Orthopaedics, 7e Stuart L. Weinstein & John M. Flynn • A must-have for physicians and residents treating infants, children, and adolescents with orthopaedic problems • New !! full-color interior design • Over 2 500 illustrations complement the text • Pearls and pitfalls in clinical chapters • Increased coverage on fracture care • NEW !! Companion Website Isbn : 978 160547 814 2 2544 pages fin septembre 2013 Lippincott Williams & Wilkins with fully searchable text and an image bank BON DE COMMANDE (Nous acceptons les bons de commande administratifs) Vous pouvez également commander sur notre site internet : www.livres-medicaux.com Titre Prix Lovell & Winter’s Pediatric Orthopaedics 7th edition Prix de souscription jusqu’à parution en septembre 2013 Quantité Total 398 € Frais de port gratuits Total Je joins le règlement à la commande : o Chèque bancaire ou Postal* o Carte Bleue — Visa — Eurocard — Mastercard N° -AMEX* Expiration * CVC Code (3 derniers chiffres au dos de la carte)* Nom* : . .............................................................................. Prénom* : ............................................................................... Spécialité : ....................................... Adresse* : . .............................................................................. ............................................................................................... Mail : .................................................. ............................................................................................... Date : Signature : A renvoyer à : Sauramps Médical, 11, boulevard Henri IV - CS 79525 — 34960 MONTPELLIER CEDEX 2 ....€