
L3S6 – SEG – HPE2 – r.foudi – Chapitre 11 : dissertation –La théorie critique de P. Sraffa – Complément aux notes de
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Dissertation : Quelle(s) évolution(s) majeure(s) de l’économie politique entraîne la théorie
critique de Piero Sraffa ?
Plan (Rappel)
Introduction : La théorie critique de Sraffa : une définition
1-Le rejet de la théorie marshallienne de la valeur (coûts et rendements)
11- Des rendements décroissants classiques à la loi de proportionnalité marshallienne
12- La remise en cause de la courbe d’offre à coûts décroissants (donc des rendements croissants)
2- La refondation de la théorie ricardienne de la valeur travail et l’abandon de la loi de l’offre et de la demande
(« production de marchandises.. ») : le modèle de Sraffa
21- Définition du « modèle de Sraffa »
22- « Production de marchandises par des marchandises » : la structure du modèle
23- La résolution des systèmes 1 à 3
24- Le système 4 ou système étalon (ou « étalon invariant des prix » : « standard system ») : objet, définition,
et démonstration simplifiée de la relation inverse « profit-salaire ».
25- Conséquence principale : il n’y a plus de théorie de l’équilibre du marché
Conclusion à la dissertation
Introduction : La théorie critique de Sraffa : une définition
Piero Sraffa (Turin-1898 – Cambridge-1983) rédige son œuvre critique dans la période de transition
entre la première publication des « Principes » de Marshall (1891) et les premiers travaux de
Keynes (les années 1920). La théorie marginaliste est encore dans une période de dynamisme
fécond. Les écoles entretiennent d’importantes controverses théoriques : Wicksell et Fisher revoient
Böhm-Bawerk, Hayek reconsidère l’équilibre général walrassien, Pigou rectifie Marshall, par
exemple. L’édifice théorique et mathématique bâti par Marshall est alors imposant, et confère à
l’économie politique un statut scientifique et mathématique. La connaissance économique paraît
dotée des moyens d’intellection de la réalité économique, celle des consommateurs et des
producteurs. Tout se passe comme si l’équilibre partiel en situation de concurrence pure et parfaite
était une analyse fidèle de la réalité. Issu de l’observation de cette réalité, il est censé permettre
l’analyse de ses dysfonctionnements éventuels. La loi de l’offre et de la demande, élaborée sous la
forme d’une théorie symétrique de la valeur (offre croissante, demande décroissante), est donc
considérée comme une loi scientifique. Les relations mathématiques fondamentales entre coûts et
quantités, qui soutiennent son énoncé, sont considérées comme le résultat naturel d’un progrès de la
connaissance économique depuis Ricardo et JS Mill. On reconnaît toutefois que l’économie
classique (ou ricardienne), par ses égarements sur l’explication du prix par la valeur travail est
dépassée. Dès 1923, l’américain John Maurice Clark (dans The Economics of Overhead Costs, ou
« l’économique des coûts fixes » réalise une critique magistrale de ces supposées relations. Mais,
c’est la critique cambridgienne impulsée par P. Sraffa (et le groupe cambridgien : Besicovitch,
Ramsey, Watson, Robinson, Chamberlin) qui marque une rupture dans cette évolution de la pensée.
C’est par deux publications concises et rigoureuses, que Sraffa réalise un tournant théorique
fondamental pour l’histoire de la pensée. Il publie en 1925 : « Sulle Relazioni fra Costo e Quantita
Perdotta » (Annali di Economia. ), article en italien qui sera simplifié et traduit à Cambridge, à la
demande d’Edgeworth et Keynes, en 1926 sous le titre : « The Laws of Returns under Competitive
Conditions », (Economic Journal). L’équilibre marshallien, ou équilibre partiel de concurrence pure
et parfaite, est remis en cause dans son fondement même : la loi des rendements décroissants. La
portée de la critique de Sraffa est d’envergure, car elle relègue à la mythologie le postulat de la
concurrence pure et parfaite pour initier les travaux sur la concurrence monopoliste (ou imparfaite)
d’une part, et d’autre part elle réduit la prétention de la microéconomie à analyser l’équilibre de
l’industrie pour valoriser l’analyse macroéconomique du marché.
C’est donc l’édifice même de la loi de l’offre et de la demande qui est atteint, et avec lui la
détermination du prix par une théorie symétrique de la valeur. La conception alternative est
élaborée par P. Sraffa sous la forme d’un retour à Ricardo, dans sa troisième publication :