Le 10 février 1763, est signé le traité de Paris qui met fin à la guerre de Sept Ans. La
cérémonie a lieu à la résidence de l’ambassadeur de Grande-Bretagne, le duc de Bedford,
Hôtel de Grimbergh, 1 rue Saint-Dominique
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. Certes, l’adresse se situe à Paris mais la puis-
sance invitante est la Grande-Bretagne, tout est dit...
Cette guerre avait opposé les principaux pays européens sur terre comme sur mer ; elle reste
un des événements majeurs de l’histoire européenne. Ratifiant la domination des mers par
l’Angleterre, elle entraîna la dislocation du premier empire colonial français.
La guerre de Sept Ans entre la France et l’Angleterre concerna cinq grands secteurs d’af-
frontement maritime : par ordre d’importance les côtes du Bengale, les côtes canadiennes, les
côtes atlantiques françaises, la mer des Caraïbes et la Méditerranée occidentale et ses abords.
Dans chacun de ces secteurs, les nombreuses batailles se sont toutes terminées par de lourdes
pertes françaises. Une seule a été clairement gagnée par la Royale, celle de Port Mahon à
Minorque, le 20 mai 1756, remportée par le Rochefortais Michel Barrin de La Galissonnière,
le petit-fils du célèbre intendant Bégon.
Pendant que César Gabriel de Choiseul, duc de Praslin, secrétaire d’État aux Affaires étran-
gères, engage les négociations devant aboutir au traité de Paris, son cousin Étienne-François,
duc de Choiseul, ministre de la Guerre et de la Marine, n’a qu’une idée en tête, celle de
restaurer la puissance militaire française, principalement sur mer. Il est clair que les deux cou-
sins travaillent en harmonie, le duc de Praslin cherchant à minimiser les pertes de la guerre, le
duc de Choiseul à rebâtir une marine apte à disputer son rang à la Royal Navy. C’est particu-
lièrement évident en 1762, l’année où s’engagent les discussions avec les Anglais et où se prend
la décision d’armer la flotte française en renouvelant la fabrication de ses canons grâce à une
série de mesures techniques et à un financement largement amplifié dont les forges d’Angou-
mois et du Périgord seront les bénéficiaires. En effet, les défaites répétées de la guerre de
Sept Ans ont plongé Versailles dans un profond désarroi et la volonté de revanche sur l’Anglais
va s’appuyer sur le renouveau de la Royale grâce à de nouvelles frégates et à leurs canons
beaucoup plus performants. La guerre d’Indépendance américaine en fournit l’occasion rêvée.
3. L’indication du lieu est tirée de l’Almanach royal de 1763. Merci à Pascal Even, responsable des Archives
diplomatiques au ministère des Affaires étrangères de l’avoir retrouvée.
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