Correspondant à l’étranger Découvrir-Rencontrer-Témoigne Sarajevo 2016
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La folie des hommes est comme l’eau salée de la mer,
immense et impossible à avaler d’un seul coup
(Velibor Colic, Sarajevo Omnibus)
Ici, à Sarajevo, l’expérience
inattendue de la vie quotidienne
(comme elle n’aurait pas pu l’être
davantage) m’échappe. La ville,
rangée au creux de montagnes
densément boisées, se déploie
aujourd’hui en un amas de symboles
commémoratifs : roses de Sarajevo
immortalisées sur le sol et bouquets de
fleurs déposés ci et là aux pieds des
statues, afin de ne jamais bien sûr
oublier.
Pourtant, sur Sniper Alley, m’avait-on
dit, les gens ne s’attardent plus aux
décors. Je m’y suis donc rendue à
pied, déambulant silencieusement
sous le regard triste des buildings. Peut-
on réellement se sentir bien à la vue de
ces immenses cratères? Sommes-nous
bien sur terre?
« La nuit, j’entends encore le bruit des
balles siffler. Ce n’est que dans ma tête,
mais ça ne me fait pas moins peur », me
confie Mirza, propriétaire d’un petit
café dans le vieux quartier.
Chaque ville, chaque village de
Bosnie aura payé, et paye encore, son
lot à la folie meurtrière de la guerre. À
l’heure actuelle, Sarajevo se relève,
mais seulement au prix d’un très grand
effort; les plaies sont encore ouvertes et
le retour à la ‘’normalité’’ laisse place à
un vide que chacun chacune défie à
sa manière. Une chose est sure, alors
qu’au pays la politique divise, les
initiatives artistiques et culturelles aident
à resserrer les liens entre les
communautés, redonnant un sens aux
choses de la vie.
VESTIGES Ce bâtiment de grande taille, situé au centre-ville de Sarajevo, laisse entrevoir l’apogée qu’atteignit la guerre
de 1992-1995 en Bosnie, ce pays de rivières et de ponts, de ruines et d’espoir.