L’Encéphale (2015) 41, 420—428 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com ScienceDirect journal homepage: www.em-consulte.com/produit/ENCEP PSYCHIATRIE LÉGALE Les soins pénalement ordonnés : analyse d’une pratique complexe à travers une revue de la littérature Court-ordered treatment: Analysing a complex practise through a literature review M. Orsat a,∗, E. Auffret b, C. Brunetière c, D. Decamps-Mini d, J. Canet a, J.-P. Olié e, S. Richard-Devantoy f,g a Centre hospitalier spécialisé de la Sarthe, pôle 1-6 de psychiatrie adulte, secteur 6, 20, avenue du 19-Mars 1962, 72703 Allonnes cedex, France b Centre hospitalier Guillaume-Régnier, pôle hospitalo-universitaire, 108, avenue du Général-Leclerc, 35703 Rennes, France c Tribunal de grande instance du Mans, 1, avenue Pierre-Mendès-France, 72014 Le Mans cedex 2, France d Barreau de Montpellier, 34000 Montpellier, France e Service hospitalo-universitaire, centre hospitalier Sainte-Anne, 1, rue Cabanis, 75014 Paris, France f Department of Psychiatry, McGill University, Montréal, Québec, Canada g McGill Group for Suicide Studies, Douglas Mental Health University Institute, Montréal, Québec, Canada Reçu le 9 janvier 2014 ; accepté le 3 septembre 2014 Disponible sur Internet le 12 mai 2015 MOTS CLÉS Soins pénalement ordonnés ; Injonction de soins ; Obligation de soins ; Psychiatrie légale ; Revue de la littérature ∗ Résumé Introduction. — Les obligations et injonctions de soins sont des mesures de soins pénalement ordonnés (SPO) en augmentation sans pour autant être bien évaluées. Aussi, il convient de mieux définir la prévalence des SPO et les caractéristiques sociodémographiques, infractionnelles et psychiatriques des populations condamnées concernées. Dès lors, il sera possible d’analyser les différentes questions posées par ces pratiques en termes d’objectifs, de formation des équipes de psychiatrie et d’articulation entre justice et psychiatrie. Matériel et méthodes. — Une revue de la littérature médicale française portant sur les SPO a été réalisée par Science Direct jusqu’à 2013. Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (M. Orsat). http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2015.03.003 0013-7006/© L’Encéphale, Paris, 2015. Les soins pénalement ordonnés : analyse d’une pratique complexe 421 Résultats. — Les SPO concernaient surtout des hommes (83—99 %), sans trouble mental dans un cas sur deux, mais avec des troubles de personnalité et addictifs. Les injonctions de soins concernaient des auteurs de violences sexuelles (90 % des cas) ; la population des obligations de soins était plus hétérogène. Face à des personnes généralement sans demande de soins, les professionnels de santé sont démunis : formation médicolégale insuffisante, objectifs de soins non superposables aux objectifs de prévention de la récidive visés par le législateur et défaut de partenariats entre justice et santé. Conclusion. — Les soins pénalement ordonnés devraient bénéficier d’une évaluation rigoureuse et méthodique au plan national et donner lieu à une meilleure articulation entre justice et psychiatrie. Tous les acteurs et plus encore les « justiciables patients » peuvent tirer profit d’un dispositif cohérent et respectueux de l’éthique. © L’Encéphale, Paris, 2015. KEYWORDS Forensic psychiatry; Criminal law; Epidemiology; Review Summary Introduction. — In France, there are two main types of court-ordered treatment (COT) as far as mental health is concerned: obligations of treatment and injunctions of treatment. Obligations of treatment date back from 1958 whereas the law implementing injunctions of treatment is fairly recent as it was passed in 1998. Obligations and injunctions of treatment are two different types of COT that differ in terms of proceedings (obligations of treatment require no preliminary forensic psychiatric assessment; as for injunctions of treatment, they require the appointment of a coordinating medical doctor) and that are applied for different offences. However, both are psychiatric commitment procedures connecting the judicial, medical and social fields and their overall numbers have been on the rise. These common psychiatric practices have seldom been assessed and no review of the literature on the subject has ever been published. Better knowledge of such forensic practices is essential to their improvement and even to adjust the legal framework of these measures that are enjoying a boom. The purpose of this literature review is to define the prevalence of COT as well as the sociodemographic, criminal and psychiatric characteristics of those concerned by such measures. Material and methods. — A review of the French medical literature on COT was carried out using Science Direct up to December 2013. The results of seven studies were included and analysed. This was completed with a review of the articles listed in social sciences and law databases (Cairn and Dalloz). Results. — It has become increasingly frequent to rely on psychiatric teams to implement COT while at the same time public mental health services have to face a surge in activity with restricted financial means. Obligations of treatment are far more common (about 20,000 court orders a year) than injunctions of treatment (about 4000 measures are currently being enforced). However the latter have showed an increase of 506% over the 2000 decade. Both measures mainly concern men (83—99%) who are rather low on the social scale. In about half of these men, no mental disorder was found, however the prevalence of personality disorders ranged from 22 to 65% while that of psychotic disorders was low. Injunctions of treatment concerned sex offenders (90% of cases) whereas obligations of treatment concern non-sexual abusers (40—70%) rather than sex offenders (20—30%). Discussion. — Psychiatric research on COT is still thin on the ground and its methodology does not allow rigorous evaluation though the use of such measures is growing. When confronted with people who have not sought any care or treatment, healthcare professionals are at a loss. In France, training in forensic psychiatry is inadequate and specialised healthcare (particularly for sex offenders) need improving to reach the level of those found in many other European countries. The purpose of psychiatric treatment differs from that of lawmakers whose aim is to prevent recidivism. However, better treatment consistency requires setting up partnerships between justice, health and social services. To improve connections, there are various avenues of work such as, for instance, the creation of coordinating medical doctors for injunctions of treatment in France or European experiments using a multidisciplinary approach to prevent recidivism in sex offenders. The framework of such a partnership remains to be created as it is part and parcel of COT but has not been provided for in the law. Healthcare jurisdictions as defined in the 2009 French National Health Law might provide an appropriate framework for mental health and law professionals to collaborate. © L’Encéphale, Paris, 2015. 422 Introduction Les soins pénalement ordonnés (SPO) sont des mesures prononcées par la justice contre des auteurs d’infractions responsables de leurs actes. Elles sont en augmentation depuis leur création [1]. Les obligations de soins (OS) et les injonctions de soins (IS) sont les plus courantes. Les injonctions thérapeutiques, obligations prononcées contre les usagers de stupéfiants ou ayant des consommations problématiques d’alcool (loi du 31 décembre 1970), ne seront pas traitées ici. L’obligation de soins est prévue par l’article 132-45 du Code pénal et mise en œuvre sans procédure particulière. Elle impose à une personne de « se soumettre à des mesures d’examen médical, de traitement ou de soins, même sous le régime de l’hospitalisation ». Aucune expertise psychiatrique préalable ni coordination spécifique entre systèmes judiciaire et médical n’est requise. Elle est prononcée à n’importe quelle phase de la procédure, en pré-sentenciel (contrôle judiciaire), lors de l’audience de jugement ou en post-sentenciel (juge de l’application des peines [JAP]). L’injonction de soins est apparue dans la loi du 17 juin 19981 instaurant le suivi sociojudiciaire (SSJ). Elle est applicable lorsque le SSJ est encouru et qu’une expertise psychiatrique conclut à sa nécessité. Elle fait intervenir le médecin coordonnateur (MC), qui reçoit le condamné et fait interface entre JAP et médecin traitant (MT) [1,2]. L’IS est applicable dans le cadre d’un sursis avec mise à l’épreuve, d’une libération conditionnelle, d’une surveillance judiciaire et d’une surveillance de sûreté. Elle est encourue pour les infractions à caractère sexuel (viol, agression, exhibition. . .), la plupart des crimes, les tortures et actes de barbarie, les violences familiales et conjugales, les dégradations par moyens dangereux pour les personnes. La loi du 17 juin 1998 réaffirme les principes, déjà anciens, de mesures préférant la rééducation et le soin à l’incarcération. Ce « glissement du juge vers le médecin » a été initié par la loi du 15 avril 1954 sur les alcooliques dangereux (abrogée en 2000) puis confirmé par l’ordonnance du 23 décembre 1958 instaurant un sursis avec mise à l’épreuve et les OS, et la loi du 31 décembre 1970 créant les injonctions thérapeutiques. Le législateur impose donc un lien entre santé et justice initialement fondé sur la prévention sanitaire (loi de 1954) puis pensé comme un contrepoids humaniste (les soins) aux politiques répressives dans les années 1970. Avec la loi de 1998 puis les lois du 12 décembre 20052 , du 10 août 20073 et du 25 février 20084 le champ de l’IS s’est étendu avec un objectif : la prévention de la récidive [2—6]. Sur un demi-siècle, enjeux de santé publique et sécuritaire ou pénaux alternent [7]. OS et IS sont distinctes dans leur procédure, les infractions qui les font encourir et leur nature. Mais elles 1 Loi du 17 juin 1998 relative à la prévention et à la répression des infractions sexuelles ainsi qu’à la protection des mineurs. 2 Loi du 12 décembre 2005 relative au traitement de la récidive des infractions pénales. 3 Loi du 10 août 2007 renforçant la lutte contre la récidive des majeurs et des mineurs. 4 Loi du 25 février 2008 relative à la rétention de sûreté et à la déclaration d’irresponsabilité pénale pour cause de trouble mental. M. Orsat et al. procèdent toutes deux de la contrainte et reposent sur une articulation entre justice et santé ; ces mesures de soins articulés autour du sujet ont pour objectif la protection de la société et la prévention de la récidive [4]. Il s’agit de pratiques psychiatriques courantes qui font l’objet de peu d’évaluations [8] et pour lesquelles aucune revue de la littérature n’a jamais été publiée. De meilleures connaissances sur ces pratiques médicolégales en plein essor sont indispensables à leur amélioration voire à l’émergence de propositions d’ajustement de leur cadre. L’objectif de cette revue de la littérature était de définir la prévalence des SPO et les caractéristiques sociodémographiques, infractionnelles et psychiatriques des populations concernées. Matériel et méthodes La recherche bibliographique des articles médicaux en langue française a été réalisée par Science Direct jusqu’à décembre 2013 inclusivement en utilisant les mots clés suivants : « obligation de soins », « injonction de soins », « soins pénalement ordonnés », « soins pénalement obligés », « loi du 17 juin 1998 ». Elle a été complétée d’une recherche manuelle des articles portant sur ce sujet répertoriés dans les bases de sciences humaines et de droit (Cairn et Dalloz) ainsi que des publications des principales institutions françaises (Sénat, Assemblée nationale, ministères de la Justice, des Affaires sociales et de la Santé). Les critères d’inclusion des études sélectionnées comprenaient : • la population de sujets condamnés à une mesure d’IS et/ou d’OS ; • les données issues de MC suivant des personnes en IS ; • les publications correspondant à une analyse des pratiques des SPO ; • les études observationnelles analysant des populations de sujets en SPO ; • les études menées en France. Les résumés identifiés lors de la recherche documentaire ont été évalués pour s’assurer qu’ils répondaient aux critères d’inclusion. Quand ils remplissaient les critères d’inclusion initiaux (IS ou OS), les articles complets ont été obtenus pour l’analyse finale. Les critères de sélection finale ont donc été appliqués. La sélection des études apparaît dans le diagramme de flux (Fig. 1). Résultats Les études et les données épidémiologiques sur les SPO de même que les données de la chancellerie sont rares [9,10], mais ces mesures paraissent en augmentation [1,11] et leur champ d’application s’étend [4,12,13]. Prévalence des SPO En 2009, 362 mesures d’IS auraient été prononcées et en 2010, 4276 SSJ étaient en cours, dont 3791 comportaient une IS (soit 88,6 % des SSJ) [10]. Les condamnations à un SSJ sont en progression : de 265 en 2000 à 1342 en 2009 (+ 506 %) [10]. Les soins pénalement ordonnés : analyse d’une pratique complexe 423 « obligation de soins » « injonction de soins » « soins pénalement ordonnés » « soins pénalement obligés » « loi du 17 juin 1998 » En limitant aux revues de psychiatrie, de médecine légale, droit de la santé et d’exercice de la médecine Abstracts considérés (n=2150) Examen des titres et abstracts : Exclusions (n=2133) Evaluation de l’article entier pour son inclusion (n=17) Exclusions (n=10) Etudes incluses (n=7) Figure 1 Diagramme de flux. Lameyre estimait que 20 000 OS étaient prononcées par an [12] : elles étaient la mesure de SPO la plus fréquente [9] et en augmentation [11]. Caractéristiques sociodémographiques des patients en SPO Plus de 83 % des sujet en IS [2,9,14—16] ou en OS [9,11,17] étaient des hommes. L’âge moyen se situait entre 20 et 50 ans [11,17], souvent autour de 40 ans [2,9,14,15]. Le niveau d’études paraît bas pour Gaillard-Janin [11] et l’insertion professionnelle variable : de 30,6 % [17] à 61 % [11] de personnes sans emploi (Tableau 1). Caractéristiques infractionnelles Les IS concernaient surtout les infractions de nature sexuelle [2,4,14] (Tableau 1). Seules 372 IS sur les 3791 répertoriées en 2010 (9,8 %) concernaient des infractions autres que de nature sexuelle [10]. Les échantillons étudiés par la littérature comptaient de 79 % à 100 % d’auteurs de violences sexuelles (AVS) [2,14—16] et 8 % d’auteurs de meurtres et tentatives de meurtre pour Halleguen et Baratta [14]. Les OS concernaient plutôt des sujets auteurs de violences sur les personnes [9,11,17]. Caractéristiques psychiatriques des sujets en IS et OS Pour les IS, on retrouvait 19 à 43,8 % de troubles de l’axe I, 22 à 65 % de troubles de l’axe II et 4 à 69 % de troubles liés à l’usage de substances psychoactives, en particulier à l’alcool [2,14—16] (Tableau 1). Enfin, les experts indiquaient régulièrement des IS sans pour autant conclure à la présence de trouble mental [15] : 15,3 à 27 % de ces sujets n’avaient pas de trouble psychiatrique [9,15]. Pour les OS, on retrouvait autour de 15 % de troubles psychotiques, 28 à 57,4 % de troubles de la personnalité et entre 11 et 69 % de troubles liés à l’usage de substances psychoactives. Aucun trouble psychiatrique n’était retrouvé dans 9,3 à 47 % des cas [9,11,17]. Selon Couhet et al. [9], pour plus de 35 % des personnes en SPO, aucune indication de soins psychiatriques n’était posée par le psychiatre assurant le premier entretien. Discussion Cette revue systématique de la littérature a permis de mettre en évidence : • une augmentation des mesures de SPO depuis une dizaine d’années [1,4,11,12] ; • une rareté des publications scientifiques sur les mesures de SPO [8] ; • une nécessité d’améliorer leurs modalités d’applications au plan national ; • une typologie des personnes concernées. Les SPO concernent des hommes, d’âge moyen (25—50 ans), auteurs de violences sexuelles (IS) ou d’actes violents (OS), et dont 25 à 50 % n’ont pas de trouble psychiatrique de l’axe I selon les classifications internationales. Bien que l’indication de soins ne soit pas formelle initialement, les sujets semblent pouvoir se saisir de ce contact avec la psychiatrie [2,9]. Les SPO sont des mesures pertinentes, pour autant qu’elles s’appliquent avec discernement ; elles gagneraient en qualité à la faveur d’une meilleure articulation entre justice et santé [12,18]. 424 Tableau 1 Caractéristiques sociodémographiques, infractionnelles, et psychiatriques des populations prises en charge en soins pénalement ordonnés. Population Infractions Caractéristiques psychiatriques Modalités de PEC, impact de la mesure et difficultés dans la PEC Gaillard-Janin, 2007 [11] Étude rétrospective File active CMP (centre Philippe-Paumelle, Paris) 54 patients en OS 94 % d’hommes Âges : de 20 à 50 ans Expertise psychiatrique pour 26 % Niveau d’étude primaire ou secondaire : 74 % Sans emploi : 61 % Violences : 70 % Délinquance sexuelle : 19 % Trafic/consommation de toxiques : 7 % Vols : 2 % Abus de confiance : 2 % ATCD judiciaire : 31 % Absence de trouble : 9,3 % Schizophrénie : 14,8 % Trouble dépressif : 7,4 % Trouble schizotypique : 3,7 % Trouble des conduites : 3,7 % Trouble bipolaire : 1,8 % Trouble de la personnalité : 57,4 % Dyssociale : 16,7 % Borderline : 7,4 % Schizoïde : 1,8 % Histrionique : 1,8 % Exhibitionnisme : 5,6 % Trouble des habitudes et impulsions : 1,8 % Sans précision : 22,2 % Addiction : 20,4 % ATCD de suivi psychiatrique : 50 % Pas de contact entre psychiatre et autorité judiciaire : 74 % Mesure sans intérêt selon le psychiatre : 31 % Arena et Marette, 2007 [17] Étude rétrospective File active CMP (EPS Ville-Evrard, Seine-Saint-Denis) 36 patients en OS 83 % d’hommes Âges : de 20 à 50 ans 63,9 % vivent seuls Emploi en milieu ordinaire : 67 % Infraction de nature sexuelle : 33 % Violences autres que sexuelles : 39 % Absence de trouble : 47 % Trouble psychotique : 11 % Trouble de la personnalité : 28 % Addiction : 11 % Prescription médicamenteuse : 22 % Patients venus qu’à une seule séance : 14 % Auger et al., 2010 [16] Étude rétrospective SPIP d’Indre-et-Loire 16 sujets AIS en IS suivis au 1/01/2007 par le SPIP Expertise transmise au MC : 37,5 % Infraction de nature sexuelle : 100 % Trouble de la préférence sexuelle : 43,8 % Immaturité affective et relationnelle : 37,5 % Traits pervers : 25 % Manque d’empathie : 31,2 % Carence de verbalisation : 31,2 % Déni des troubles : 31,2 % Impulsivité : 6,2 % Demande inauthentique : 25 % Difficultés d’élaboration mentale (12,5 %) et d’abord de la sexualité (12,5 %) vier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 29/03/2016 par Centre Hospitalier St Anne - (227984) M. Orsat et al. Sources Sources Population Infractions Caractéristiques psychiatriques Modalités de PEC, impact de la mesure et difficultés dans la PEC Halleguen Baratta, 2012 [14] Étude descriptive rétrospective 6/16 MC d’Alsace-et-Lorraine 50 patients en IS 98 % d’hommes Âge moyen : 40 ans Infraction de nature sexuelle : 92 % Viol sur mineur de 15 ans : 37 % AS sur mineur de 15 ans : 35 % Détention d’images pédopornographiques : 11 % Viol sur majeure : 2 % Agression sexuelle sur majeure : 6 % Exhibition : 9 % Meurtre, tentative de meurtre : 8 % Retard mental : 14 % Schizophrénie paranoïde : 6 % Trouble de la personnalité : Dyssociale : 14 % Borderline : 6 % Impulsive : 2 % Anankastique : 4 % Dépendante : 2 % Éthylisme chronique : 4 % Psychothérapie seule : 66 % Psychothérapie en association avec Neuroleptiques : 26 % Antidépresseurs : 4 % Traitement freinateur de la libido : 4 % Couhet et al., 2012 [9] Étude rétrospective 66/124 psychiatres d’exercice public de la Gironde 51 majeurs en SPO à l’exclusion des AIS OS : 60,8 % IS : 39,2 % 84,3 % d’hommes Âge moyen : 39 ans Expertise psychiatrique pour 64,7 % Violences sur personne : 50 % Absence de trouble : 15,7 % Trouble psychotique : 3,9 % Trouble de l’humeur : 13,7 % Trouble anxieux : 7,6 % TED : 2 % Trouble de personnalité : 31,4 % Addiction : 69 % Absence d’indication de soins au 1er entretien : 35,3 % « Inscription dans les soins » : 62,8 % Prise de conscience des troubles : 27,5 % Tesson et al., 2013 [2] Étude rétrospective 5 MC de Haute-Normandie 100 premiers dossiers d’IS entre 2004 et 2009 99 % d’hommes Âge moyen : 40 ans Agression sexuelle sur mineur : 60 % Viol et attouchements sur femmes adultes : 16 % Exhibitionnisme : 14 % Paraphilie : 19 % Schizophrénie : 7 % Retard mental : 6 % Pathologie cérébrale organique : 2 % Troubles de la personnalité : 65 % Addiction : 50 % 53 % « d’évolution favorable » au cours ou à la fin de l’IS Spriet et al., 2013 [15] Étude descriptive rétrospective 3 MC des tribunaux du ressort de St-Malo et Rennes 123 expertises de 68 sujets en IS (dont 71 % dans le cadre d’un SSJ) 112 expertises favorables à une IS 84 % d’hommes Âge moyen : 40 ans Infractions de nature sexuelle : 79 % (dont 74 % sur mineurs) Absence de trouble : 27 % Trouble de l’axe I : 19 % Trouble de l’axe II : 24 % Trouble non catégorisable : 26 % Trouble de l’axe I + II : 4 % Mésusage d’alcool : 42 % ATCD d’hospitalisation en psychiatrie : 19 % « Découplage » entre trouble mental et nécessité de soins : les expertises concluent à l’opportunité de soins, même en l’absence de diagnostic psychiatrique vier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 29/03/2016 par Centre Hospitalier St Anne - (227984) 425 AIS : auteur d’infractions sexuelles ; AS : agression sexuelle ; ATCD : antécédent ; CMP : centre médico-psychologique ; EPS : établissement public de santé ; IS : injonction de soins ; OS : obligation de soins ; MC : médecin coordonnateur ; PEC : prise en charge ; SPIP : service pénitentiaire d’insertion et de probation ; SPO : soins pénalement ordonnés ; SSJ : suivi sociojudiciaire ; TED : trouble envahissant du développement. Les soins pénalement ordonnés : analyse d’une pratique complexe Tableau 1 (Suite) 426 Avant de discuter ces principaux résultats, les limites méthodologiques de ce travail sont à soulever. Les publications sur les SPO dans la littérature médicale française sont rares. Les travaux épidémiologiques ne sont pas de bonne qualité méthodologique et concernent des échantillons restreints, ce qui rend les comparaisons spécieuses. Les recueils d’activité et les codages ne permettent pas d’isoler les actes liés aux SPO. L’analyse des caractéristiques psychiatriques est inhomogène puisque différents référentiels nosographiques sont employés [15]. Injonctions et obligations de soins ont été traitées conjointement dans un but didactique mais ne doivent pas être confondues. Il serait plus rigoureux de conduire des travaux portant sur les OS et sur les IS séparément pour mieux évaluer ces pratiques dans leur singularité. De même, il importerait de distinguer les mesures prononcées en préet en post-sentenciel. Enfin, il n’existe aucun travail qui compare le dispositif français aux pratiques étrangères. Comprendre et faire face à l’augmentation des SPO Les difficultés des politiques pénales à endiguer les problèmes de la surpopulation carcérale et de la récidive conduiront sans doute, à l’avenir, à un recours accru aux SPO [12]. Parallèlement, la psychiatrie publique peine à assumer une mission supplémentaire et atypique dans un contexte d’activité clinique croissante et de moyens limités [3,8]. Comment, dès lors, répondre avec rigueur à ces demandes singulières de soins et ne pas réduire la psychiatrie à un outil d’identification du potentiel criminel ou récidiviste [19] ? En effet, maladie mentale, soins psychiatriques et risque de récidive s’intriquent pour justifier l’application du « principe de précaution » en ce domaine [8] où l’objectif devient la neutralisation préventive des sujets dangereux. Insuffisance de la formation en psychiatrie médicolégale et de l’évaluation de la pratique professionnelle En SPO, les sujets à soigner ne présentent souvent pas de maladie mentale [3] ou des troubles polymorphes, aspécifiques [16] et n’ont pas de demande de soins [1,9]. Il n’existe aucune recommandation ni aucun consensus professionnel sur les troubles psychiatriques indiquant de telles mesures (la possibilité de bénéficier d’une IS demeure de la libre appréciation de l’expert, par exemple). Par ailleurs, les troubles de l’axe II sont fréquents ; s’ils sont en partie du ressort de la psychiatrie, leurs prises en charge demeurent délicates et non consensuelles [3]. Les équipes de psychiatrie se trouvent en difficulté, ce d’autant que leur formation médicolégale est insuffisante, en particulier pour les SPO et la prise en charge des AVS [8,14—16,20,21]. Ainsi, dans l’étude de Morali et al., seuls 56,7 % des 67 psychiatres interrogés connaissaient la loi du 17 juin 1998 (alors que 67 % d’entre eux s’occupaient d’AVS) et 76 % ne connaissaient pas les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) sur la prise en charge des AVS [22]. Par ailleurs, la contrainte peut biaiser la spontanéité de la demande de soins et le SPO peut devenir une menace favorisant des solutions d’évitement comme les « thérapies vides » [12]. Aussi, M. Orsat et al. des connaissances plus approfondies en psychiatrie médicolégale et sur les SPO, sur les pratiques de la justice et les attentes du législateur sont donc requises [3,9,13,16,22] pour appliquer les recommandations de la HAS : « connaître et prendre appui sur le cadre légal d’intervention retentit sur la réalisation et l’impact de la prise en charge (en SPO) » [20]. L’émergence de structures spécialisées dans de telles prises en charge, comme il en existe en Belgique, Allemagne, Autriche, Danemark, Espagne, Grande-Bretagne ou encore au Pays-Bas [23], pourrait optimiser ces pratiques. La HAS recommande d’évaluer les pratiques courantes, ce qui n’est pas le cas des SPO. L’annuaire statistique de la justice devrait permettre d’extraire des chiffres précis sur les condamnations à des SPO ; le codage des diagnostics et prises en charge en psychiatrie pourrait identifier les SPO. Ainsi, l’analyse de données épidémiologiques permettrait une évaluation des pratiques et la formulation de propositions d’amélioration de celles-ci. Une réflexion réunissant les acteurs d’un territoire de santé paraît être une stratégie à expérimenter pour travailler sur des problématiques concrètes et mener des travaux de recherche sur ce thème [8]. La comparaison aux dispositifs européens et l’analyse de leur pratique est une autre piste à explorer. Objectifs de la psychiatrie versus attentes du législateur Les SPO ne paraissent pas tant prononcés eu égard aux troubles du sujet ou à ses potentialités d’évolution qu’à la nature de l’infraction et aux circonstances dans lesquelles elle est commise. Cette systématicité du prononcé peut interpeler le psychiatre, amené à rencontrer un sujet non pas pour ce qu’il est, mais pour ce qu’il a commis. Or, s’il faut situer l’acte dans l’histoire du sujet sans l’occulter, on ne peut limiter le sujet à cet acte. Si tous les sujets en SPO ne justifient pas de soins psychiatriques, un suivi social paraît toutefois pertinent. Mais on doit alors distinguer l’indication de soins psychiatriques et la nécessité d’un « soin social » (en référence au cure et au care anglais). À cet égard, plusieurs pays comme le Canada, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Belgique ou les États-Unis expérimentent les « cercles de soutien », pan social de la prise en charge des AVS, distinct de la psychiatrie [24]. Solliciter la psychiatrie à défaut d’un maillage social suffisant est insatisfaisant et comporte le risque d’apporter des réponses inadaptées. La loi prévoit que le « justiciable-condamné » doit consentir aux soins [6] ; mais ce consentement ne doit pas faire confondre maladie mentale et infraction [3—5]. Et adresser au psychiatre des sujets au motif qu’ils sont susceptibles de réitérer une infraction n’a pas de sens, ni au plan clinique, ni au plan éthique. En faisant de la protection de la société une priorité, les pouvoirs publics relèguent au second plan la réinsertion et le traitement, ce qui entraîne une confusion des rôles entre soignants, acteurs sociaux et magistrats [1,25]. C’est pourtant en établissant les positions symboliques de chacun des intervenants que la dimension thérapeutique peut émerger [26]. La place de l’expertise psychiatrique doit être redéfinie pour clarifier l’indication puis la pratique des SPO. Par exemple, elle ne concerne qu’un tiers des OS [9] — pour lesquelles elle n’est pas obligatoire [27]. Pour en améliorer Les soins pénalement ordonnés : analyse d’une pratique complexe les indications, certains proposent de la systématiser [9]. Cependant, l’expérience des IS montre que les soins sont régulièrement indiqués par l’expert en l’absence de trouble de l’axe I détecté par l’expertise [15]. Une articulation entre justice, social et santé pour améliorer les pratiques [8,12,26] Avec les SPO, le législateur impose un « binôme punir et soigner ». L’amélioration des « possibilités d’adaptation sociale du sujet condamné afin de prévenir au mieux la récidive » passe par une combinaison de la peine et du soin [18]. Dans le sillage de Gautron, l’IS est décrite comme une « injonction partenariale » [4,12,25,28]. Ceci peut s’étendre à l’OS : il convient de penser et d’inventer l’articulation des acteurs des SPO [1,9,12,16]. Ainsi, peine et soin peuvent être complémentaires en s’appuyant sur un modèle intégratif où justice et psychiatrie travaillent en réseau [12], où « l’antonymie judiciaire et thérapeutique » [12] devient une « conflictualité constructive » [26]. Toutefois, travailler ensemble et se rencontrer n’est pas synonyme d’alliance : Gravier rappelle que « l’indépendance professionnelle des équipes soignantes est loin d’être un obstacle à la construction de pratiques conjointes respectueuses des missions des uns et des autres » [26], dans une perspective d’amélioration de la qualité des pratiques. Par exemple, le MC des IS donne une cohérence au dispositif en connectant MT et autorité judiciaire, sans que peine et soin ne soient confondus [2]. Et ce dispositif permet une prise en charge plus adaptée des condamnés avec une « évolution favorable » (resocialisation ou maintien de l’activité socioprofessionnelle) [2] ou une « inscription dans les soins » (prise de conscience des troubles, reconnaissance de l’infraction) [9] pour une majorité d’entre eux. Il serait justifié de s’intéresser aux différents dispositifs existant en Europe, généralement « mieux organisés, spécialisés et plus efficaces » [24]. En Belgique par exemple, un AVS peut être condamné à des soins par la justice à titre principal ou complémentaire. L’interface entre santé, justice et pénitentiaire est formalisée par les « centres d’appui » qui réunissent l’activité des MC, des centres ressources et tout en assurant des prises en charge spécialisées. De plus, des équipes pluridisciplinaires spécialisées sont formées au traitement et à la « guidance » des AVS. Ces services spécialisés dans la guidance et le traitement sont sollicités pour donner un avis motivé, de type expertal, préalablement au choix d’une modalité de soins pénalement ordonnés [10]. La question du/des secret(s) se pose puisque c’est un marqueur fort pour les corporations médicale et judiciaire et qu’il doit être respecté dans le cadre des SPO [5]. Mais, il faut distinguer ce qui appartient légalement au secret, de ce qui est tenu secret. L’opposition systématique et rigide du secret professionnel stérilise le débat [12], par contre, la création d’un réseau entre les acteurs et le tissage de liens solides peut, tout en respectant le cadre légal du secret, fluidifier des rapports basés sur la confiance mutuelle. Ainsi, chacun participe à l’accompagnement du sujet vers le travail : le JAP peut signifier que les soins, bien que contraints, méritent d’être investis comme une opportunité d’accéder à une meilleure compréhension de soi, in fine à un mieux être, à l’instar de toute démarche psychothérapique ; 427 le médecin peut fixer le cadre des soins initiaux pour parfois dépasser celui-ci. En outre, les équipes de psychiatrie pénitentiaire doivent participer à la réflexion et aux dispositifs à inventer. Il en est de même pour les services pénitentiaires d’insertion et de probation (SPIP). Et, sans se substituer les uns aux autres, il est possible de garder son identité professionnelle en appréhendant des aspects frontières des autres disciplines [1]. Conclusion Les mesures de SPO concernent des populations mal définies et hétérogènes au plan psychiatrique, et ont pour objectif, via les soins, de prévenir la récidive. Les équipes de psychiatrie sont donc en difficulté pour appréhender cette mission pour laquelle elles sont de plus en plus sollicitées. Une meilleure évaluation de cette pratique est un prérequis indispensable à son amélioration et à la concrétisation d’une articulation entre acteurs des champs judiciaire, médical et social. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Références [1] Zouitina N, Rolland B, Wilquin M, et al. Les soins ordonnés par la justice en France : principes des procédures et place du médecin. Rev Epidemiol Sante Publique 2013;61(3):269—75. [2] Tesson J, Cordier B, Thibaut F. Loi du 17 juin 1998 : bilan de l’expérience des médecins coordonnateurs de Haute Normandie. Encéphale 2012;38(2):133—40. [3] Senon JL, Manzanera C. Psychiatrie et justice : de nécessaires clarifications à l’occasion de la loi relative à la rétention de sûreté. AJ Penal 2008;4:176—81. [4] Cornier K. 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