Les soins pénalement ordonnés : analyse d`une pratique complexe

L’Encéphale
(2015)
41,
420—428
Disponible
en
ligne
sur
www.sciencedirect.com
ScienceDirect
journal
homepage:
www.em-consulte.com/produit/ENCEP
PSYCHIATRIE
LÉGALE
Les
soins
pénalement
ordonnés
:
analyse
d’une
pratique
complexe
à
travers
une
revue
de
la
littérature
Court-ordered
treatment:
Analysing
a
complex
practise
through
a
literature
review
M.
Orsata,,
E.
Auffretb,
C.
Brunetièrec,
D.
Decamps-Minid,
J.
Caneta,
J.-P.
Oliée,
S.
Richard-Devantoyf,g
aCentre
hospitalier
spécialisé
de
la
Sarthe,
pôle
1-6
de
psychiatrie
adulte,
secteur
6,
20,
avenue
du
19-Mars
1962,
72703
Allonnes
cedex,
France
bCentre
hospitalier
Guillaume-Régnier,
pôle
hospitalo-universitaire,
108,
avenue
du
Général-Leclerc,
35703
Rennes,
France
cTribunal
de
grande
instance
du
Mans,
1,
avenue
Pierre-Mendès-France,
72014
Le
Mans
cedex
2,
France
dBarreau
de
Montpellier,
34000
Montpellier,
France
eService
hospitalo-universitaire,
centre
hospitalier
Sainte-Anne,
1,
rue
Cabanis,
75014
Paris,
France
fDepartment
of
Psychiatry,
McGill
University,
Montréal,
Québec,
Canada
gMcGill
Group
for
Suicide
Studies,
Douglas
Mental
Health
University
Institute,
Montréal,
Québec,
Canada
Rec¸u
le
9
janvier
2014
;
accepté
le
3
septembre
2014
Disponible
sur
Internet
le
12
mai
2015
MOTS
CLÉS
Soins
pénalement
ordonnés
;
Injonction
de
soins
;
Obligation
de
soins
;
Psychiatrie
légale
;
Revue
de
la
littérature
Résumé
Introduction.
Les
obligations
et
injonctions
de
soins
sont
des
mesures
de
soins
pénalement
ordonnés
(SPO)
en
augmentation
sans
pour
autant
être
bien
évaluées.
Aussi,
il
convient
de
mieux
définir
la
prévalence
des
SPO
et
les
caractéristiques
sociodémographiques,
infractionnelles
et
psychiatriques
des
populations
condamnées
concernées.
Dès
lors,
il
sera
possible
d’analyser
les
différentes
questions
posées
par
ces
pratiques
en
termes
d’objectifs,
de
formation
des
équipes
de
psychiatrie
et
d’articulation
entre
justice
et
psychiatrie.
Matériel
et
méthodes.
Une
revue
de
la
littérature
médicale
franc¸aise
portant
sur
les
SPO
a
été
réalisée
par
Science
Direct
jusqu’à
2013.
Auteur
correspondant.
Adresse
e-mail
:
(M.
Orsat).
http://dx.doi.org/10.1016/j.encep.2015.03.003
0013-7006/©
L’Encéphale,
Paris,
2015.
© 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 29/03/2016 par Centre Hospitalier St Anne - (227984)
Les
soins
pénalement
ordonnés
:
analyse
d’une
pratique
complexe
421
Résultats.
Les
SPO
concernaient
surtout
des
hommes
(83—99
%),
sans
trouble
mental
dans
un
cas
sur
deux,
mais
avec
des
troubles
de
personnalité
et
addictifs.
Les
injonctions
de
soins
concernaient
des
auteurs
de
violences
sexuelles
(90
%
des
cas)
;
la
population
des
obligations
de
soins
était
plus
hétérogène.
Face
à
des
personnes
généralement
sans
demande
de
soins,
les
professionnels
de
santé
sont
démunis
:
formation
médicolégale
insuffisante,
objectifs
de
soins
non
superposables
aux
objectifs
de
prévention
de
la
récidive
visés
par
le
législateur
et
défaut
de
partenariats
entre
justice
et
santé.
Conclusion.
Les
soins
pénalement
ordonnés
devraient
bénéficier
d’une
évaluation
rigoureuse
et
méthodique
au
plan
national
et
donner
lieu
à
une
meilleure
articulation
entre
justice
et
psychiatrie.
Tous
les
acteurs
et
plus
encore
les
«
justiciables
patients
»
peuvent
tirer
profit
d’un
dispositif
cohérent
et
respectueux
de
l’éthique.
©
L’Encéphale,
Paris,
2015.
KEYWORDS
Forensic
psychiatry;
Criminal
law;
Epidemiology;
Review
Summary
Introduction.
In
France,
there
are
two
main
types
of
court-ordered
treatment
(COT)
as
far
as
mental
health
is
concerned:
obligations
of
treatment
and
injunctions
of
treatment.
Obligations
of
treatment
date
back
from
1958
whereas
the
law
implementing
injunctions
of
treatment
is
fairly
recent
as
it
was
passed
in
1998.
Obligations
and
injunctions
of
treatment
are
two
dif-
ferent
types
of
COT
that
differ
in
terms
of
proceedings
(obligations
of
treatment
require
no
preliminary
forensic
psychiatric
assessment;
as
for
injunctions
of
treatment,
they
require
the
appointment
of
a
coordinating
medical
doctor)
and
that
are
applied
for
different
offences.
However,
both
are
psychiatric
commitment
procedures
connecting
the
judicial,
medical
and
social
fields
and
their
overall
numbers
have
been
on
the
rise.
These
common
psychiatric
prac-
tices
have
seldom
been
assessed
and
no
review
of
the
literature
on
the
subject
has
ever
been
published.
Better
knowledge
of
such
forensic
practices
is
essential
to
their
improvement
and
even
to
adjust
the
legal
framework
of
these
measures
that
are
enjoying
a
boom.
The
purpose
of
this
literature
review
is
to
define
the
prevalence
of
COT
as
well
as
the
sociodemographic,
criminal
and
psychiatric
characteristics
of
those
concerned
by
such
measures.
Material
and
methods.
A
review
of
the
French
medical
literature
on
COT
was
carried
out
using
Science
Direct
up
to
December
2013.
The
results
of
seven
studies
were
included
and
analysed.
This
was
completed
with
a
review
of
the
articles
listed
in
social
sciences
and
law
databases
(Cairn
and
Dalloz).
Results.
It
has
become
increasingly
frequent
to
rely
on
psychiatric
teams
to
implement
COT
while
at
the
same
time
public
mental
health
services
have
to
face
a
surge
in
activity
with
restricted
financial
means.
Obligations
of
treatment
are
far
more
common
(about
20,000
court
orders
a
year)
than
injunctions
of
treatment
(about
4000
measures
are
currently
being
enfor-
ced).
However
the
latter
have
showed
an
increase
of
506%
over
the
2000
decade.
Both
measures
mainly
concern
men
(83—99%)
who
are
rather
low
on
the
social
scale.
In
about
half
of
these
men,
no
mental
disorder
was
found,
however
the
prevalence
of
personality
disorders
ranged
from
22
to
65%
while
that
of
psychotic
disorders
was
low.
Injunctions
of
treatment
concerned
sex
offenders
(90%
of
cases)
whereas
obligations
of
treatment
concern
non-sexual
abusers
(40—70%)
rather
than
sex
offenders
(20—30%).
Discussion.
Psychiatric
research
on
COT
is
still
thin
on
the
ground
and
its
methodology
does
not
allow
rigorous
evaluation
though
the
use
of
such
measures
is
growing.
When
confronted
with
people
who
have
not
sought
any
care
or
treatment,
healthcare
professionals
are
at
a
loss.
In
France,
training
in
forensic
psychiatry
is
inadequate
and
specialised
healthcare
(particularly
for
sex
offenders)
need
improving
to
reach
the
level
of
those
found
in
many
other
European
countries.
The
purpose
of
psychiatric
treatment
differs
from
that
of
lawmakers
whose
aim
is
to
prevent
recidivism.
However,
better
treatment
consistency
requires
setting
up
partnerships
between
justice,
health
and
social
services.
To
improve
connections,
there
are
various
avenues
of
work
such
as,
for
instance,
the
creation
of
coordinating
medical
doctors
for
injunctions
of
treatment
in
France
or
European
experiments
using
a
multidisciplinary
approach
to
prevent
recidivism
in
sex
offenders.
The
framework
of
such
a
partnership
remains
to
be
created
as
it
is
part
and
parcel
of
COT
but
has
not
been
provided
for
in
the
law.
Healthcare
jurisdictions
as
defined
in
the
2009
French
National
Health
Law
might
provide
an
appropriate
framework
for
mental
health
and
law
professionals
to
collaborate.
©
L’Encéphale,
Paris,
2015.
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422
M.
Orsat
et
al.
Introduction
Les
soins
pénalement
ordonnés
(SPO)
sont
des
mesures
prononcées
par
la
justice
contre
des
auteurs
d’infractions
responsables
de
leurs
actes.
Elles
sont
en
augmentation
depuis
leur
création
[1].
Les
obligations
de
soins
(OS)
et
les
injonctions
de
soins
(IS)
sont
les
plus
courantes.
Les
injonctions
thérapeutiques,
obligations
prononcées
contre
les
usagers
de
stupéfiants
ou
ayant
des
consommations
pro-
blématiques
d’alcool
(loi
du
31
décembre
1970),
ne
seront
pas
traitées
ici.
L’obligation
de
soins
est
prévue
par
l’article
132-45
du
Code
pénal
et
mise
en
œuvre
sans
procédure
particulière.
Elle
impose
à
une
personne
de
«
se
soumettre
à
des
mesures
d’examen
médical,
de
traitement
ou
de
soins,
même
sous
le
régime
de
l’hospitalisation
».
Aucune
expertise
psychia-
trique
préalable
ni
coordination
spécifique
entre
systèmes
judiciaire
et
médical
n’est
requise.
Elle
est
prononcée
à
n’importe
quelle
phase
de
la
procédure,
en
pré-sentenciel
(contrôle
judiciaire),
lors
de
l’audience
de
jugement
ou
en
post-sentenciel
(juge
de
l’application
des
peines
[JAP]).
L’injonction
de
soins
est
apparue
dans
la
loi
du
17
juin
19981instaurant
le
suivi
sociojudiciaire
(SSJ).
Elle
est
applicable
lorsque
le
SSJ
est
encouru
et
qu’une
expertise
psychiatrique
conclut
à
sa
nécessité.
Elle
fait
intervenir
le
médecin
coordonnateur
(MC),
qui
rec¸oit
le
condamné
et
fait
interface
entre
JAP
et
médecin
traitant
(MT)
[1,2].
L’IS
est
applicable
dans
le
cadre
d’un
sursis
avec
mise
à
l’épreuve,
d’une
libération
conditionnelle,
d’une
surveillance
judi-
ciaire
et
d’une
surveillance
de
sûreté.
Elle
est
encourue
pour
les
infractions
à
caractère
sexuel
(viol,
agression,
exhibition.
.
.),
la
plupart
des
crimes,
les
tortures
et
actes
de
barbarie,
les
violences
familiales
et
conjugales,
les
dégra-
dations
par
moyens
dangereux
pour
les
personnes.
La
loi
du
17
juin
1998
réaffirme
les
principes,
déjà
anciens,
de
mesures
préférant
la
rééducation
et
le
soin
à
l’incarcération.
Ce
«
glissement
du
juge
vers
le
médecin
»
a
été
initié
par
la
loi
du
15
avril
1954
sur
les
alcooliques
dan-
gereux
(abrogée
en
2000)
puis
confirmé
par
l’ordonnance
du
23
décembre
1958
instaurant
un
sursis
avec
mise
à
l’épreuve
et
les
OS,
et
la
loi
du
31
décembre
1970
créant
les
injonc-
tions
thérapeutiques.
Le
législateur
impose
donc
un
lien
entre
santé
et
justice
initialement
fondé
sur
la
prévention
sanitaire
(loi
de
1954)
puis
pensé
comme
un
contrepoids
humaniste
(les
soins)
aux
politiques
répressives
dans
les
années
1970.
Avec
la
loi
de
1998
puis
les
lois
du
12
décembre
20052,
du
10
août
20073et
du
25
février
20084le
champ
de
l’IS
s’est
étendu
avec
un
objectif
:
la
prévention
de
la
réci-
dive
[2—6].
Sur
un
demi-siècle,
enjeux
de
santé
publique
et
sécuritaire
ou
pénaux
alternent
[7].
OS
et
IS
sont
distinctes
dans
leur
procédure,
les
infractions
qui
les
font
encourir
et
leur
nature.
Mais
elles
1Loi
du
17
juin
1998
relative
à
la
prévention
et
à
la
répression
des
infractions
sexuelles
ainsi
qu’à
la
protection
des
mineurs.
2Loi
du
12
décembre
2005
relative
au
traitement
de
la
récidive
des
infractions
pénales.
3Loi
du
10
août
2007
renforc¸ant
la
lutte
contre
la
récidive
des
majeurs
et
des
mineurs.
4Loi
du
25
février
2008
relative
à
la
rétention
de
sûreté
et
à
la
déclaration
d’irresponsabilité
pénale
pour
cause
de
trouble
mental.
procèdent
toutes
deux
de
la
contrainte
et
reposent
sur
une
articulation
entre
justice
et
santé
;
ces
mesures
de
soins
arti-
culés
autour
du
sujet
ont
pour
objectif
la
protection
de
la
société
et
la
prévention
de
la
récidive
[4].
Il
s’agit
de
pratiques
psychiatriques
courantes
qui
font
l’objet
de
peu
d’évaluations
[8]
et
pour
lesquelles
aucune
revue
de
la
littérature
n’a
jamais
été
publiée.
De
meilleures
connaissances
sur
ces
pratiques
médicolégales
en
plein
essor
sont
indispensables
à
leur
amélioration
voire
à
l’émergence
de
propositions
d’ajustement
de
leur
cadre.
L’objectif
de
cette
revue
de
la
littérature
était
de
définir
la
prévalence
des
SPO
et
les
caractéristiques
sociodémographiques,
infrac-
tionnelles
et
psychiatriques
des
populations
concernées.
Matériel
et
méthodes
La
recherche
bibliographique
des
articles
médicaux
en
langue
franc¸aise
a
été
réalisée
par
Science
Direct
jusqu’à
décembre
2013
inclusivement
en
utilisant
les
mots
clés
sui-
vants
:
«
obligation
de
soins
»,
«
injonction
de
soins
»,
«
soins
pénalement
ordonnés
»,
«
soins
pénalement
obligés
»,
«
loi
du
17
juin
1998
».
Elle
a
été
complétée
d’une
recherche
manuelle
des
articles
portant
sur
ce
sujet
répertoriés
dans
les
bases
de
sciences
humaines
et
de
droit
(Cairn
et
Dal-
loz)
ainsi
que
des
publications
des
principales
institutions
franc¸aises
(Sénat,
Assemblée
nationale,
ministères
de
la
Justice,
des
Affaires
sociales
et
de
la
Santé).
Les
critères
d’inclusion
des
études
sélectionnées
compre-
naient
:
la
population
de
sujets
condamnés
à
une
mesure
d’IS
et/ou
d’OS
;
les
données
issues
de
MC
suivant
des
personnes
en
IS
;
les
publications
correspondant
à
une
analyse
des
pra-
tiques
des
SPO
;
les
études
observationnelles
analysant
des
populations
de
sujets
en
SPO
;
les
études
menées
en
France.
Les
résumés
identifiés
lors
de
la
recherche
documen-
taire
ont
été
évalués
pour
s’assurer
qu’ils
répondaient
aux
critères
d’inclusion.
Quand
ils
remplissaient
les
critères
d’inclusion
initiaux
(IS
ou
OS),
les
articles
complets
ont
été
obtenus
pour
l’analyse
finale.
Les
critères
de
sélection
finale
ont
donc
été
appliqués.
La
sélection
des
études
apparaît
dans
le
diagramme
de
flux
(Fig.
1).
Résultats
Les
études
et
les
données
épidémiologiques
sur
les
SPO
de
même
que
les
données
de
la
chancellerie
sont
rares
[9,10],
mais
ces
mesures
paraissent
en
augmentation
[1,11]
et
leur
champ
d’application
s’étend
[4,12,13].
Prévalence
des
SPO
En
2009,
362
mesures
d’IS
auraient
été
prononcées
et
en
2010,
4276
SSJ
étaient
en
cours,
dont
3791
comportaient
une
IS
(soit
88,6
%
des
SSJ)
[10].
Les
condamnations
à
un
SSJ
sont
en
progression
:
de
265
en
2000
à
1342
en
2009
(+
506
%)
[10].
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Les
soins
pénalement
ordonnés
:
analyse
d’une
pratique
complexe
423
« obliga
tion de
soin
s »
« injonc
tion de
soin
s »
« soins pénalement ordonnés »
« soins péna
lement
obligés »
« loi du 17
juin 1
998 »
En limit
ant
aux
revue
s de ps
ychiatrie,
de
médec
ine
légal
e, dr
oit
de la
sant
é et d’ex
ercice d
e la m
édeci
ne
Abst
racts consi
dérés
(n=2150)
Evaluatio
n d
e l’ar
ticle en
tier p
our
son incl
usion
(n=17)
Etudes incluses (n=7)
Examen des titres et abstracts :
Exclusions (n=2133)
Exc
lusions (n=10)
Figure
1
Diagramme
de
flux.
Lameyre
estimait
que
20
000
OS
étaient
prononcées
par
an
[12]
:
elles
étaient
la
mesure
de
SPO
la
plus
fréquente
[9]
et
en
augmentation
[11].
Caractéristiques
sociodémographiques
des
patients
en
SPO
Plus
de
83
%
des
sujet
en
IS
[2,9,14—16]
ou
en
OS
[9,11,17]
étaient
des
hommes.
L’âge
moyen
se
situait
entre
20
et
50
ans
[11,17],
souvent
autour
de
40
ans
[2,9,14,15].
Le
niveau
d’études
paraît
bas
pour
Gaillard-Janin
[11]
et
l’insertion
professionnelle
variable
:
de
30,6
%
[17]
à
61
%
[11]
de
personnes
sans
emploi
(Tableau
1).
Caractéristiques
infractionnelles
Les
IS
concernaient
surtout
les
infractions
de
nature
sexuelle
[2,4,14]
(Tableau
1).
Seules
372
IS
sur
les
3791
répertoriées
en
2010
(9,8
%)
concernaient
des
infractions
autres
que
de
nature
sexuelle
[10].
Les
échantillons
étudiés
par
la
litté-
rature
comptaient
de
79
%
à
100
%
d’auteurs
de
violences
sexuelles
(AVS)
[2,14—16]
et
8
%
d’auteurs
de
meurtres
et
tentatives
de
meurtre
pour
Halleguen
et
Baratta
[14].
Les
OS
concernaient
plutôt
des
sujets
auteurs
de
vio-
lences
sur
les
personnes
[9,11,17].
Caractéristiques
psychiatriques
des
sujets
en
IS
et
OS
Pour
les
IS,
on
retrouvait
19
à
43,8
%
de
troubles
de
l’axe
I,
22
à
65
%
de
troubles
de
l’axe
II
et
4
à
69
%
de
troubles
liés
à
l’usage
de
substances
psychoactives,
en
particulier
à
l’alcool
[2,14—16]
(Tableau
1).
Enfin,
les
experts
indiquaient
régulièrement
des
IS
sans
pour
autant
conclure
à
la
présence
de
trouble
mental
[15]
:
15,3
à
27
%
de
ces
sujets
n’avaient
pas
de
trouble
psychiatrique
[9,15].
Pour
les
OS,
on
retrouvait
autour
de
15
%
de
troubles
psychotiques,
28
à
57,4
%
de
troubles
de
la
personnalité
et
entre
11
et
69
%
de
troubles
liés
à
l’usage
de
substances
psychoactives.
Aucun
trouble
psychiatrique
n’était
retrouvé
dans
9,3
à
47
%
des
cas
[9,11,17].
Selon
Couhet
et
al.
[9],
pour
plus
de
35
%
des
personnes
en
SPO,
aucune
indication
de
soins
psychiatriques
n’était
posée
par
le
psychiatre
assurant
le
premier
entretien.
Discussion
Cette
revue
systématique
de
la
littérature
a
permis
de
mettre
en
évidence
:
une
augmentation
des
mesures
de
SPO
depuis
une
dizaine
d’années
[1,4,11,12]
;
une
rareté
des
publications
scientifiques
sur
les
mesures
de
SPO
[8]
;
une
nécessité
d’améliorer
leurs
modalités
d’applications
au
plan
national
;
une
typologie
des
personnes
concernées.
Les
SPO
concernent
des
hommes,
d’âge
moyen
(25—50
ans),
auteurs
de
violences
sexuelles
(IS)
ou
d’actes
violents
(OS),
et
dont
25
à
50
%
n’ont
pas
de
trouble
psychiatrique
de
l’axe
I
selon
les
classifications
internationales.
Bien
que
l’indication
de
soins
ne
soit
pas
formelle
initialement,
les
sujets
semblent
pouvoir
se
saisir
de
ce
contact
avec
la
psychiatrie
[2,9].
Les
SPO
sont
des
mesures
pertinentes,
pour
autant
qu’elles
s’appliquent
avec
discernement
;
elles
gagneraient
en
qualité
à
la
faveur
d’une
meilleure
articulation
entre
justice
et
santé
[12,18].
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424
M.
Orsat
et
al.
Tableau
1
Caractéristiques
sociodémographiques,
infractionnelles,
et
psychiatriques
des
populations
prises
en
charge
en
soins
pénalement
ordonnés.
Sources
Population
Infractions
Caractéristiques
psychiatriques
Modalités
de
PEC,
impact
de
la
mesure
et
difficultés
dans
la
PEC
Gaillard-Janin,
2007
[11]
Étude
rétrospective
File
active
CMP
(centre
Philippe-Paumelle,
Paris)
54
patients
en
OS
94
%
d’hommes
Âges
:
de
20
à
50
ans
Expertise
psychiatrique
pour
26
%
Niveau
d’étude
primaire
ou
secondaire
:
74
%
Sans
emploi
:
61
%
Violences
:
70
%
Délinquance
sexuelle
:
19
%
Trafic/consommation
de
toxiques
:
7
%
Vols
:
2
%
Abus
de
confiance
:
2
%
ATCD
judiciaire
:
31
%
Absence
de
trouble
:
9,3
%
Schizophrénie
:
14,8
%
Trouble
dépressif
:
7,4
%
Trouble
schizotypique
:
3,7
%
Trouble
des
conduites
:
3,7
%
Trouble
bipolaire
:
1,8
%
Trouble
de
la
personnalité
:
57,4
%
Dyssociale
:
16,7
%
Borderline
:
7,4
%
Schizoïde
:
1,8
%
Histrionique
:
1,8
%
Exhibitionnisme
:
5,6
%
Trouble
des
habitudes
et
impulsions
:
1,8
%
Sans
précision
:
22,2
%
Addiction
:
20,4
%
ATCD
de
suivi
psychiatrique
:
50
%
Pas
de
contact
entre
psychiatre
et
autorité
judiciaire
:
74
%
Mesure
sans
intérêt
selon
le
psychiatre
:
31
%
Arena
et
Marette,
2007
[17]
Étude
rétrospective
File
active
CMP
(EPS
Ville-Evrard,
Seine-Saint-Denis)
36
patients
en
OS
83
%
d’hommes
Âges
:
de
20
à
50
ans
63,9
%
vivent
seuls
Emploi
en
milieu
ordinaire
:
67
%
Infraction
de
nature
sexuelle
:
33
%
Violences
autres
que
sexuelles
:
39
%
Absence
de
trouble
:
47
%
Trouble
psychotique
:
11
%
Trouble
de
la
personnalité
:
28
%
Addiction
:
11
%
Prescription
médicamenteuse
:
22
%
Patients
venus
qu’à
une
seule
séance
:
14
%
Auger
et
al.,
2010
[16]
Étude
rétrospective
SPIP
d’Indre-et-Loire
16
sujets
AIS
en
IS
suivis
au
1/01/2007
par
le
SPIP
Expertise
transmise
au
MC
:
37,5
%
Infraction
de
nature
sexuelle
:
100
%
Trouble
de
la
préférence
sexuelle
:
43,8
%
Immaturité
affective
et
relationnelle
:
37,5
%
Traits
pervers
:
25
%
Manque
d’empathie
:
31,2
%
Carence
de
verbalisation
:
31,2
%
Déni
des
troubles
:
31,2
%
Impulsivité
:
6,2
%
Demande
inauthentique
:
25
%
Difficultés
d’élaboration
mentale
(12,5
%)
et
d’abord
de
la
sexualité
(12,5
%)
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