Société Botanique du Vaucluse

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Société Botanique
du Vaucluse
Bulletin de liaison de la Société Botanique du Vaucluse
-
n°17 - mai 2007
B.P. 1227 - Site Agroparc - 84911 AVIGNON CEDEX 9
Inula bifrons (L.)
Vue dans une friche de Mazan (Vaucluse)
Plante protégée nationale
Bassia laniflora (S.G. Gmel.) A. J. Scott.
( = Kochia arenaria )
Station de Mormoiron (Vaucluse)
Plante protégée en région PACA
Deux plantes rares du Vaucluse
Sommaire
p. 3
-Editorial
-Ont participé à ce numéro
Société Botanique
du Vaucluse
Siège Social
Lycée Agricole
François PETRARQUE
Cantarel - route de Marseille
Adresse postale
BP 1227
Site Agroparc
84911 AVIGNON cedex 9
Adresse Internet
Site SBV
http://www.sbvaucluse.org
Courriel
[email protected]
Réunion mensuelle
Tous les deuxièmes mardis du mois,
au Lycée François PETRARQUE
Cotisation annuelle
18 euros membres adhérents
9 euros membres associés
9 euros étudiants
demandeurs d’emploi
Droit d’entrée
7 euros nouvel adhérent
Bulletin de la SBV
Distribution
Le bulletin de la SBV est distribué gratuitement aux adhérents. Les non adhérents peuvent se le procurer en adressant leur demande
à l’association.
Directrice de Publication
La Présidente : Huguette ANDRE
Redaction
Les membres du bureau de l’association
Maquette: Denis Coquidé
Impression: Espace Dupont - 84130 Le Pontet
Bulletin de la SBV
-Botanique vauclusienne
-Nouveautés 2006 pour la flore vauclusienne- B. Girerd.- JP Roux.
-Quelques recherches à faire en 2007, parmi d’autres !- B.Girerd.
-Bassia laniflora…- JP Roux et R.Guizard.
-Les Orchidées recensées- Un site dédiée.-Information.
-Inula bifrons.. à Mazan et ..ailleurs dans le Vaucluse- JP Roux
et R. Guizard.
-Le Safran… de l’or végétal !!- Crocus sativus L.- R. Guizard.
p. 4
-Séjour botanique de la SBV dans le Gard et l’Hérault
(3-4 et 5 juin 2006)
– J.C. Bouzat.
p. 11
-La SBV en Velay et Gévaudan (30 juin et 1-2 juillet 2006)
– J.C. Bouzat.
P. 16
-Botanique générale :
-Essai de structuration du contenu disciplinaire de la botanique
R.Delpech.
-Au sujet des tourbières- J.C. Bouzat.
-Plantes à odeurs- J.M. Pascal.
-Une plante du désert pour remplacer les puits de pétrole…!
P. 21
-Chroniques :
-Plantes rares et jardin naturel-Sérignan-2006.
-Mazan 2006-Exposition.
-Géraniums des villes et des champs -.Lyon 2006.
-Wollemia nobilis- Lyon 2006.
P. 28
-Notes de lecture :
p 30
-Alphonse Karr… »Voyage autour de mon jardin » par J.M. Pascal.
-La plaine de L’Abbaye- Villeneuve les Avignon… par M.Graille.
-Bibliographie
p. 31
-La ronde des éléments - Odette Mandron.
P. 32
-Encart couleur au centre du bulletin
pages I à VIII
Les photographies (noir /blanc et couleur) sont de :
Huguette André, Jean-Claude Bouzat, Mathieu Chambouleyron, Michel Graille, Roselyne Guizard, Marie-Thérèse Ziano . Internet a été sollicité pour 2 documents.
Les dessins botaniques sont extraits de :
Flore de COSTE, Flore des champs cultivés de Philippe JAUZEIN et Grande flore
illustrée des Pyrénées de Marcel SAULE.
Bureau 2007 – Elections du 14 mars 2006- 12 membres.
( sans changement )
Huguette André
Présidente
Roselyne Guizard Vice-Présidente
Mireille Tronc
Vice-Présidente
Claire Ventrillard Trésorière
Nicole Chiron
Trésorière – adjointe
Michel Graille
Secrétaire
Flavien Fériolo
Bibliothécaire
Jean-Claude Bouzat Coordonnateur des relevés botaniques
Marie-Jeanne Pascal Communication et relations avec la presse
Autres membres : Alain Chanu, Janine Vizier, Marie-Thérèse Ziano
Conseillers scientifiques :
Bernard Girerd - Jean-Pierre Roux.
Commission de vérification des comptes :
Jean-Marie Bernard-Henri Courtois- Robert Fournier.
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n°17 - mai 2007
Editorial
Huguette André, présidente.
Historique et actualité
C’est au cours de l’année 1980 qu’un groupe de personnes autour de Maurice Heullant
(artisan menuisier) a désiré créer une section de botanique .Nous étions tous des adhérents
de la Société Mycologique. Nous faisions des sorties au printemps et en automne- période
propice au développement des champignons - et nous participions à l’exposition mycologique de l’association vauclusienne. Durant plusieurs années consécutives la poussée automnale des champignons a été peu productive et nos sorties se transformaient en herborisations, nous entraînant directement vers la botanique. Les objectifs étant différents, il n’était
pas possible de constituer une section au sein de la Société Mycologique. Aussi, après plusieurs concertations, nous avons décidé de créer une association (loi de 1901) - Société
Ont participé à ce numéro
Botanique du Vaucluse- dont les statuts ont été déposés en avril 1980. Ils stipulaient :
« Société ayant pour but de promouvoir et encourager l’étude, la connaissance et la
Huguette André
sauvegarde des végétaux, tant sur le point de vue scientifique qu’utilitaire ,cela par les
moyens de sorties et excursions dans la nature, visites de parcs et musées, causeries,
30250-Junas
conférences, projections et expositions ».Six personnes en ont constitué le premier [email protected]
reau : Mmes. Nicole Chiron, Laurence Peduzzi, Huguette André et Mrs. Maurice Heullant
- Président-, Fernand Perrin, André Laurencich. Le semestre qui a suivi a été consacré aux
Jean-Claude Bouzat
sorties sur divers milieux -garrigue, montagne .etc .
26110-Condorcet
En 1981 réalisation d’une première exposition de plantes fraiches dans une salle de la
Chambre de Commerce située rue de la République à Avignon. Elle a attiré beaucoup de [email protected]
visiteurs et beaucoup d’adhérents (40) qui sont encore, pour la plupart, présents! La SBV
Mathieu Chambouleyron
démarrait bien ! Elle avait en plus la chance de disposer d’un Inventaire floristique du
13104- Mas Thibert
département (Première parution en 1978) et surtout du soutien de son auteur, Bernard
[email protected]
Girerd. Les conditions étaient réunies pour explorer le Vaucluse en toute saison. En moins
de 10 ans une centaine d’espèces supplémentaires sont retrouvées ou découvertes. Bernard
Girerd complète son inventaire et en 1990 une nouvelle version paraît- éditée en liaison
René Delpech
avec la SBV -qui s’est engagée à publier chaque année les nouveautés s’il y a lieu .Une
84290-Sainte Cécile les Vignes
série de mises à jour ont suivi, de 1991 à 1999, d’abord sous forme de petits livrets et [email protected]
actuellement intégrées dans le bulletin de liaison .Tout ces résultats ont été obtenus par des
recherches sur le terrain et avec les outils de détermination traditionnels- loupes et floBernard Girerd
res .Actuellement nous participons à l’élaboration d’un 3ième inventaire en testant les clés
84250-Le Thor
de détermination de quelques genres vauclusiens proposées par Bernard Girerd et
[email protected]
Jean-Pierre Roux .
L’étude botanique ne se limite pas au seul département du Vaucluse ; elle s’effectue égaleMichel Graille
ment dans d’autres régions de France afin d’apprécier les autres milieux et aussi d’échanger nos expériences avec des associations similaires .La conception des activités annuelles
84310-Morières les Avignon
proposées par Maurice Heullant a porté ses fruits ; j’ai dans ses grandes lignes gardé la
[email protected]
même structure des programmes, qui s’avère, d’après les résultats de l’enquête proposée
dernièrement, convenir aux adhérents.
Roselyne Guizard
Deux activités supplémentaires ont vu le jour avec le début de mes fonctions :
84380-Mazan
• La création d’un bulletin de liaison- projet entériné au dernier conseil d’[email protected]
tion que présidait Maurice (je n’y étais d’ailleurs pas favorable). Ce bulletin répondait à la demande des sociétaires éloignés. Sachant que Daniel Mathieu maîtrisait
Odette Mandron
l’outil informatique et qu’il se chargeait de la maintenance, l’objectif de départ avait
38700La Tonche
été fixé à 2 bulletins par an. Ce fut ensuite péniblement un seul !-la création est [email protected]
le, assurer la pérennité est plus difficile ; il faut temps et technicité dans la durée.
Michel Graille s’est à la suite investi et collecte vos textes et photographies….
• De même pour le site internet crée par Daniel, recrée à nouveau, mais il ne nous
Jeanne-Marie Pascal
donne pas entière satisfaction. Il est donc nécessaire de réfléchir sur son maintien,
84210-Venasque
de le dynamiser afin qu’il devienne un outil d’information et d’échanges, reflet de
[email protected]
l’activité de notre Société. En fin de séance de la dernière assemblée générale, j’ai
proposé, suite à une réunion de bureau, de constituer une commission chargée d’étaJean-Pierre Roux
blir des objectifs précis liés à notre département, pour pouvoir modifier et moderni84200 Carpentras
ser notre site.
[email protected]
La commission, formée de membres du bureau et de deux volontaires présents à l’assemblée générale, se réunira au LEGTA fin avril 2007.
Marie-Thérèse Ziano
L’informatique un outil fantastique auquel la SBV ne peut se soustraire. Les paysages évo84490-St. Saturnin d’Apt
luent, les botanistes aussi …nous ne sommes plus au temps de Linné!
Cette rétrospective m’a permis de faire un constat : la création de la SBV et son maintien
[email protected]
ont reposé sur le dynamisme et la disponibilité .A cela il faut ajouter la passion et l’amitié.
Bulletin de la SBV
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n°17 - mai 2007
Botanique Vauclusienne
Nouveautés 2006 pour la flore vauclusienne
Nous présentons cette année une liste de 9 espèces à ajouter à l’inventaire de la flore du Vaucluse (dont une,
Potentilla collina Wibel dans les Alpes-de-Haute-Provence, mais très près du Vaucluse). Trifolium nigrescens
Viv., espèce assez fréquente dans toute la région méditerranéenne avait jusqu’alors échappé à la sagacité des
botanistes vauclusiens ! Une autre, Carex lepidocarpa Tausch, appartient au groupe très mal connu Carex flava s.l. Deux d’entre elles sont des plantes citées autrefois dans le département mais dont on avait perdu la trace depuis 200 ans pour Bromus lanceolatus Roth et 150 ans pour Allium ursinum L. ; cela permet de rappeler
une nouvelle fois combien il faut être prudent avant de déclarer des espèces « disparues ». Le cas de Potentilla
pedata Willd. est intéressant car il fait surgir une espèce nouvelle à la suite d’une révision d’un groupe complexe. Il en est un peu de même avec Alchemilla colorata Buser qui a toujours été confondue par manque
d’observations attentives. Enfin, l’apparition de deux espèces naturalisées (Euphorbia davidii Subils et Setaria parviflora (Poiret) Kerguélen) rend compte d’un mouvement migratoire toujours d’actualité et qui risque
de s’amplifier dans les années à venir.
Alchemilla colorata Buser - Dans les Alchemilla, genre connu
pour sa complexité, cette espèce appartient à la section des Pubescentes Fröhner correspondant à Alchemilla hybrida L. de
P.Fournier et caractérisée par des feuilles peu profondément
divisées, velues grisâtres et non soyeuses argentées comme les
plantes de la section Alpinae E.G. Camus.
Dans le mont Ventoux, on connaissait seulement, pour représenter la section Pubescentes, Alchemilla flabellata Buser,
plante relativement fréquente dans toutes les parties élevées,
notamment sur le versant nord (Mont Serein et Contrat). Des
récoltes effectuées (herbier B.G.) sur les crêtes supérieures proches et à l’ouest du sommet (près du vieux pluviomètre) nous
ont permis de détecter un taxon différent correspondant bien
aux critères de A. colorata (sous-espèce de A. hybrida chez
P.Fournier). La détermination a été effectuée par J.-M. Tison
que nous remercions vivement.
C’est une plante plus petite (moins de 10 cm, sans doute à
cause du milieu) à feuilles dont les lobes sont nettement arrondis et les pédicelles floraux (non les pédoncules ni les tiges !)
glabres ou presque, alors que chez A. flabellata, les lobes foliaires sont tronqués et les pédicelles très velus.
Il s’agit d’un taxon morphologiquement très proche d’A.
flabellata mais plus montagnard, passé inaperçu jusqu’à maintenant. Il conviendrait donc de multiplier les observations pour
mieux localiser les 2 espèces.
pulation a toujours existé mais qu’elle a simplement échappé
aux observateurs finalement peu nombreux.
Bibliographie :
COLIGNON E., 1864 - Flore d’Apt. Tableau synonymique de quelques plantes qui croissent aux environs de cette ville. Ann. Soc. Litt. Apt 2 : 86-160.
Bromus lanceolatus Roth (= B. macrostachys Desf.) - Ce brome se différencie de tous les autres par ses épillets de grande
taille (3 cm de long et plus), à arêtes fortement divergentes et
torsadées, courtement pédicellés et réunis en inflorescences
compactes. Par ces caractères, il ne peut donc pas se confondre
avec Bromus squarrosus L. qui lui ressemble un peu.
Une population a été observée (J.-P.R. et M. Barcelli) sur les
graviers de la Durance à Lauris (l’Amérique). Cette plante avait
été signalée très anciennement à Avignon (LoiseleurDeslongchamps J.L.A., 1810) et jamais revue depuis.
C’est une espèce méditerranéenne, connue dans les Bouches-du
-Rhône et dans le Gard, mais très exceptionnelle plus au nord.
Bibliographie :
LOISELEUR-DESLONGCHAMPS J.L.A., 1810 - Notice sur
les plantes à ajouter à la Flore de France (Flora gallica) : [i-ii],
1-172, pl. i-vi. Icones…21 tab. Paris.
Allium ursinum L. - « L’ail des ours » est remarquable par ses
feuilles larges de 4 à 5 cm, lancéolées et pétiolées et par ses
fleurs d’un blanc pur étalées en étoile et réunies en ombelles
terminales assez lâches. Il recherche les sous-bois humides où il
peut pousser en grandes masses, et quoique très fréquent dans
une grande partie de la France, il est réputé rare dans le Midi, et
de fait, il semble à peu près absent au sud du Vercors.
En ce qui concerne le Vaucluse, il a été cité jadis à Lagarde
-d’Apt (Colignon E., 1864) et à ce titre, il figurait dans l’inventaire de 1978. N’ayant apparemment jamais été revue depuis
plus de 100 ans, cette plante a été radiée de l’inventaire de 1990
et seulement citée à titre historique.
Or, en juin 2006, nous avons eu la chance d’en retrouver une
assez belle population dans les bois situés au nord et presque au
sommet du Saint-Pierre à Lagarde-d’Apt. Il s’agit donc bien
d’une retrouvaille spectaculaire et on peut penser que cette po-
Bulletin de la SBV
( Bromus lanceolatus )
Flore de Coste - Tome III
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n°17 - mai 2007
Carex lepidocarpa Tausch. - Des plantes observées à Rasteau,
à la Font de Taon, près de la maison de garde (J.-P.R.) peuvent
être rapportées à ce taxon, du moins d’après les données un peu
anciennes. Elles sont nettement différentes des populations jusqu’à maintenant observées sur les graviers de la Durance.
Il s’agit d’un groupe très complexe globalement nommé Carex
flava s.l. et diversement subdivisé par les flores successives,
sans qu’aucun traitement définitif ne s’impose. Les plantes vauclusiennes n’appartiennent certainement pas à Carex flava L.
(s.s.), et provisoirement il semble possible de les rapporter à
Carex viridula Michaux, les populations de la Durance appartiendraient à la sous-espèce viridula et les sujets de Rasteau à la
sous-espèce brachyrrhyncha (Čelak) B. Schmid (= C. lepidocarpa).D’autres auteurs préconisent d’inféoder ces 2 sousespèces non pas à C. viridula mais directement à C. flava. En
attendant des progrès dans ces recherches, il est vivement recommandé de collecter des échantillons pour affiner les études
comparatives.
Euphorbia davidii Subils - Cette euphorbe, d’abord considérée
comme une variété d’Euphorbia dentata Michx. (E. dentata
Michx. var. lancifolia Farwell in Robert L. Dressler, 1961), a
été assez récemment mise en évidence et décrite dans une revue
publiée en Argentine (Kurtziana 17 : 125- (128), 1984).
Elle se caractérise surtout par une involucre à une seule glande
(c’est la seule de toutes les euphorbes françaises actuellement
connues) et appartient au sous-genre Poinsettia. C’est une plante de 10 à 40 cm de hauteur, poilue sur la partie supérieure de la
tige et la face inférieure des feuilles qui sont généralement lancéolées et dentées, souvent maculées de pourpre près de la nervation médiane. Les poils longs sont rigides et retrorses alors
qu’ils sont très fins chez E. dentata. L’inflorescence très
condensée se présente en un corymbe terminal. Les graines sont
ovoïdes anguleuses et ornées de rides peu marquées (graines
ovoïdes et sans rainures chez E. dentata). E. davidii est tétraploïde alors qu’E. dentata est diploïde.
Originaire de l’Amérique du Nord, elle a été observée par N.
Chanu à Avignon à la zone industrielle de Courtine, sur le ballast d’une voie ferrée, au niveau de l’hypermarché Carrefour.
Découverte en France par J. Maillet dans les années 2000 à Rodilhan (Gard) dans une vigne dans laquelle elle est devenue
envahissante, elle a d’abord été rapportée à E. dentata. C’est
C.Girod qui, par la suite, l’a identifiée comme étant E. davidii à
la faveur de ses contacts avec le spécialiste américain de ce
groupe (M. Mayfield qui prépare une thèse sur le sous-genre
Poinsettia). Elle existe également dans trois stations du SudOuest et de la Bourgogne.
Bibliographie :
ROBERT L. DRESSLER, 1961 - A Synopsis of Poinsettia
(Euphorbiaceae). Annals of the Missouri Botanical Garden 48
(4) : 329-341.
Potentilla collina Wibel - C’est à Simiane-la-Rotonde (Alpesde-Haute-Provence, mais à moins de 100 m de la limite du Vaucluse) que G. Guende a découvert une population de cette espèce. Les plantes sont assez basses (15 cm environ) avec un port
un peu comparable à celui de P. neumaniana Reich.(ex P. verna
auct., non L. !) mais avec des feuilles nettement grisâtres en
dessous et se rapprochant de celles de P. argentea L.. Ces critères intermédiaires indiquent qu’on est sans doute en présence
d’une espèce hybridogène fixée, mais avec des variations morphologiques allant tantôt vers l’un, tantôt vers l’autre des parents présumés.
Bulletin de la SBV
C’est peut-être un taxon méconnu qui mérite de nouvelles recherches et particulièrement dans les contrées vauclusiennes
voisines.
Potentilla pedata Willd. - Il ne s’agit pas d’une espèce nouvelle
pour le Vaucluse, mais d’une plante abondante et méconnue
pour ne pas dire ignorée et mal nommée. En effet, nous connaissons depuis longtemps Potentilla hirta L. et Potentilla recta L.,
taxons traités en espèces ou en sous-espèces suivant les flores,
justement parce que leur différenciation est parfois problématique. La raison de ces hésitations réside dans le fait que certaines
populations présentent des critères intermédiaires et donc difficilement classables.
Cette situation n’a pas échappé à J.-M. Tison qui, dans le cadre
de la rédaction de la « Flore de la France méditerranéenne » et
au vu des plantes vauclusiennes que nous lui avons transmises
est arrivé à la conclusion que nous n’avons pas 2 espèces, mais
trois. Entre P. hirta typique et P. recta également typique, on
peut observer une plante qui figurait déjà dans les flores anciennes sous le nom de Potentilla pedata Willd., inféodée à P. hirta
chez P.Fournier et à P. recta chez H.Coste, ce qui prouve bien
la position incertaine de cette plante.
En général, elle ressemble assez à P. hirta par sa forte villosité,
mais elle est plus robuste et surtout les plus grandes folioles
sont généralement bordées de 7 à 15 dents, soit 3 à 7 de chaque
côté, alors que chez P. hirta il n’y en a que 3 à 7 (1 à 3 de chaque côté) et que chez P. recta, on en observe jusqu’à 30. Une
mise au point générale est prévue par un article dans un prochain Monde des plantes.
A la suite de cette réhabilitation (on peut d’ailleurs s’étonner
qu’elle n’ait pas eu lieu plus tôt) et après examen de nombreuses récoltes vauclusiennes, on constate que, de tout ce groupe,
c’est P. pedata qui est la plus fréquente. Elle existe un peu partout dans le département, alors que, pour le moment, nous ne
connaissons que deux ou trois stations de P. hirta (Malaucène
par exemple) et une seule pour P. recta (Gignac). Il faudra cependant faire de nouvelles observations, maintenant que nous
disposons de ces nouveaux éléments.
Pour conclure, on doit constater que chez les potentilles, on est
très souvent en présence d’espèces intermédiaires à morphologie variable. C’est donc le cas des deux espèces citées ici (P.
collina et P. pedata) auxquelles on peut ajouter Potentilla pusilla Host (peut-être maintenant appelée P. filiformis ?) intermédiaire entre P. neumanniana Reichenb. et P. acaulis L. (ex. P.
cinerea Chaix ex Vill.) et Potentilla inclinata Vill. intermédiaire entre P. argentea L. et P. recta L.
Setaria parviflora (Poir.) Kerg.(= S. geniculata (Lam.) Beauv.,
S. gracilis H.B.K. ) - Contrairement aux autres sétaires de notre
région, cette espèce est vivace, ce qui la distingue déjà formellement. Elle ressemble à S. pumila (Poir.) R. et S., mais ses inflorescences sont plus étroites et ses épillets moins longs, quoique
les différences soient faibles ; par contre les feuilles de S. parviflora ont moins de 5 mm de large, alors que celles de S. pumila
dépassent nettement 5 mm.
Une population de cette espèce jusqu’alors inconnue dans le
Vaucluse a été détectée à Mérindol, sur les graviers de la Durance (près de la Barthelasse), par G. Guende. C’est une plante
originaire d’Amérique tropicale et subtropicale (Mexique ?) et
qui a été introduite dans de nombreux pays chauds sous des
formes variables. Elle est actuellement naturalisée dans la partie
occidentale de l’Europe (Belgique, Espagne, France, Italie et
probablement ailleurs). En France, elle a été observée dès la fin
du XIX ème siècle et le début du XX ème comme adventice
- 5 -
n°17 - mai 2007
fugace. Puis elle a été découverte en Corse en 1946 dans la région d’Ajaccio (de Litardière, R. Candollea 11 : 180, 1948) à
partir de laquelle elle s’est très vite répandue, principalement
sur la côte orientale de l’île où son extension est spectaculaire
dans les vergers d’agrumes et les vignobles. Sur le continent,
elle existe actuellement dans le Sud-Ouest et en région méditerranéenne sur le littoral varois (Hyères à Porquerolles et à PortCros ; le Lavandou ; le Rayol-Canadel).
Trifolium nigrescens Viv. - Trèfle annuel peu élevé (10 à 20
cm), grêle, étalé sur le sol, entièrement glabre, à folioles triangulaires d’un cm environ, à fleurs blanches ou rosées, en têtes
lâches portées sur des pédoncules beaucoup plus longs que les
feuilles adjacentes.
Une station de cette espèce nouvelle pour le Vaucluse a été observée à Orange, sur le terrain militaire à Bel Enfant par A. et
N. Chanu. C’est une plante bien connue dans les Bouches-duRhône, notamment en Crau et en Camargue. Jamais citée jusqu’à maintenant au nord de la Durance, cette station d’Orange
pourrait bien être la plus éloignée de la mer, du moins à l’est du
Rhône.
Bernard GIRERD - Jean-Pierre ROUX
———————
Quelques recherches à faire en 2007,
parmi d’autres !
Alchemilla colorata : Ventoux - C’est une plante plus petite que
Alchemilla flabellata (moins de 10 cm, sans doute à cause du
milieu) à feuilles dont les lobes sont nettement arrondis et les
pédicelles floraux (non les pédoncules ni les tiges !) glabres ou
presque, alors que chez A. flabellata, les lobes foliaires sont
tronqués et les pédicelles très velus. Pour le moment, n’a été
vue que sur les crêtes sommitales ouest, près du vieux pluviomètre. A rechercher ailleurs.
Artemisia campestris – Les 2 sous-espèces campestris et glutinosa existent sans doute en Vaucluse, mais leur distinction n’est
pas évidente.
Corrigiola litoralis – Les plantes vauclusiennes (bords du Rhône) devraient être observées pour détecter la présence éventuelle
de C. telephiifolia, espèce très proche (voir Jauzein, fl. des ch.
cult.).
Cynoglossum pustulatum – Plante mal connue et longtemps
confondue avec C. dioscoridis. La présence des 2 n’est pas
impossible et demande des observations.
Fumana viridis (= F. thymifolia subsp. laevis) – Cette espèce
bien différente de F. thymifolia (feuilles glabres, bien vertes,
non glanduleuses) a été observée au sud du Luberon mais sa
répartition est mal connue. À rechercher ailleurs.
Genista sagittalis – Il faudrait retrouver la station de Lagarde
(grand Bastide et croix des lavandes) découverte vers 1990,
pour la confirmer et surtout contrôler la détermination car il
existe un autre taxon : G. delphinensis, très proche (feuilles à
poils courts et appliqués) qui n’est pas impossible.
Herniaria incana et H. hirsuta mériteraient des observations
nouvelles car ont peut-être été confondues et pour différencier
les sous-espèces cinerea de hirsuta (voir , Jauzein, fl. des ch.
cult.).
Hieracium cydonifolium – Ce taxon a été récolté par J. Molina
en 1993 dans les parties hautes du versant nord du Ventoux.
C’est un intermédiaire entre H. villosum et H. prenanthoides
ressemblant un peu à H. juranum mais à capitules fortement
hérissé et peu glanduleux. Il serait bien utile de le retrouver.
Bulletin de la SBV
Potentilla rupestris – Cette plante calcifuge n’a fait l’objet que
d’une observation en 1975 (L. Riousset) à Lagarde, friches situées à 500 m du village en direction de St Christol, à l’ouest de
la route. Il faudrait la retrouver !!
Potentilla du groupe hirta/recta – A la suite de la mise en évidence d’une 3° espèce (P. pedata) toutes les plantes de ce groupe sont à contrôler en Vaucluse (nombreuses récoltes souhaitées).
Ranunculus penicillatus – Plante à réceptacles velus. Mais R.
fluitans à réceptacles glabres pourrait exister. Il faudrait collecter au moins des capitules pour contrôler.
Rumex pulcher – Il faut rechercher la sous-espèce woodsii, à
feuille non en violon, (mais ce caractère ne suffit pas, il faut
examiner les valves plus courtes ainsi que les dents) – (voir
Jauzein, flore des ch. cult.).
Saxifraga exarata – Pour en découdre avec les problèmes posés
par les 2 types cohabitants au sommet du Ventoux, des observations précises sont à faire pour savoir s’il existent 2 espèces
distinctes ou 2 formes avec des intermédiaires. Voici la note
que je propose pour le 3°inventaire
Note : les populations du mont Ventoux comportent, en mélange, des sujets à grandes fleurs blanchâtres (pétales larges et arrondis et feuilles nettement sillonnées) et des sujets à petites
fleurs verdâtres (pétales étroits et allongés et feuilles partiellement sillonnées). Les premiers correspondent assez bien à S.
exarata typique alors que les seconds sont énigmatiques ; ce
sont des plantes plus petites (coussinets, feuilles et tiges) et leur
morphologie évoque partiellement S. moschata Wulf. Des observations plus précises sont nécessaires pour résoudre ce problème.
Ce dimorphisme est sans doute à l'origine de citations diverses :
S. pubescens Pourret, S. intricata Lapeyr. et également un certain S. moschatiformis Bouchard, taxon qui semble bien avoir
été attribué à nos plantes litigieuses mais qui n’a pas été conservé, peut-être à tort !
Sempervivum calcareum – Les joubarbes du Ventoux, attribuées à cette espèce, posent un problème car les faces supérieures des feuilles paraissent glabres alors qu’elles sont décrites
munies de poils glanduleux !
Scabiosa lucida Vill. – Ce taxon, appartenant au groupe de S.
columbaria-triandra pourrait peut-être exister à l’étage montagnard du mont Ventoux : Il se distingue des deux autres par les
arêtes calicinales très longues (5 à 6 mm), par ses feuilles glabres (ainsi que toute la plante), ovales lancéolées aiguës et par
le faible nombre de capitules ; à rechercher
Symphytum tuberosum – Il existe 2 sous-espèces (tuberosum et
nodosum). Le première semble la plus probable en Vaucluse,
(plante robuste à tige épaisse et inflorescences à plus de 10
fleurs) mais il faudrait contrôler les stations (Ventoux, Rustrel,
Buoux et Grambois) pour le confirmer.
Typha angustifolia et domingensis – La différence formelle et
concrète sur le terrain reste à faire, en particulier couleur des
épis : brun foncé chez le premier, brun pâle (café au lait) chez le
2°.
En plus, chez angustifolia, les feuilles supérieures ont des oreillettes arrondies très marquées et l’épi mâle est séparé du femelles par plus de 2, 5 cm – alors que chez domingensis, il n’y a
pratiquement pas d’oreillettes aux feuilles supérieures et les 2
épis sont séparés par moins de 2,5 cm. T. angustifolia semble
être une plante généralement plus robuste, mais ce n’est pas un
caractère donné par les flores et il est à confirmer.
Bernard GIRERD
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n°17 - mai 2007
Bassia laniflora (S.G. Gmel.) A. J. Scott.
(= Kochia arenaria (Gaertn. & al.) Roth)
La bassie à fleurs laineuses est une Chénopodiacée centroasiatique/sud-européenne (de la France à l’ex-URSS et à l’Iran)
observée jadis en France dans la vallée du Rhône, le Gard, l’Aude et les Alpes-de-Haute-Provence. Aujourd’hui, elle n’existe
plus que dans le Vaucluse et dans deux ensembles : marges
orientales du bassin de Carpentras (secteur de Bédoin/
Mormoiron) et bassin d’Apt (Roussillon et vallée du Calavon où
de nouvelles stations ont été identifiées à la fin de l’année
2006). Il est à noter que dans ce département, elle était aussi
anciennement signalée à Avignon et à Carpentras. Elle s’observe souvent avec deux Caryophyllacées intéressantes, Silene
portensis L. (protégée en région Provence-Alpes-Côte d’Azur)
et Bufonia tenuifolia L. (dans la vallée du Calavon, elle cohabite
avec Matthiola fruticulosa (L.) Maire et Linum austriacum L.
subsp. collinum (Boiss.) Nyman). C’est une steppique qui occupe un habitat très rare et hautement spécialisé qui pourrait
faire l’objet de la mise en évidence d’un nouveau syntaxon. A
Mormoiron, elle existe aussi avec d’autres Chénopodiacées,
Salsola kali L. et surtout Cycloloma atriplicifolium (Sprengel)
Coulter (c’est une des très rares populations françaises), curieuse plante originaire de l’Amérique du Nord, ramifiée en forme
de boule et qui s’ornemente, l’automne venu, de magnifiques
fruits ailés pourpres. B. laniflora pousse sur les pelouses à annuelles des endroits sablonneux (d’ou l’ex-nom de l’espèce),
secs, arides et à très faible concurrence végétale.
En raison de son très grand intérêt patrimonial, toutes les stations vauclusiennes de cette espèce qui est protégée en région
Provence-Alpes-Côte d’Azur font l’objet d’un suivi. A Bédoin, elle existe en deux stations aux effectifs très réduits (l’une
est fortement menacée car elle est située en bordure d’une parcelle exploitée). A Roussillon, la station observée pendant de
nombreuses années n’a plus été confirmée. A Mormoiron, la
station de Vacquière est très importante (plusieurs centaines
d’individus) et elle fait l’objet d’une gestion conservatoire. En
effet, acquise par l’entreprise SIFRACO à la faveur de mesures
compensatoires mises en place à la suite de l’extension de l’exploitation d’une carrière de sable, elle a été rétrocédée au CEEP
(Conservatoire Études des Écosystèmes de Provence) qui en
assure la gestion avec le Conservatoire botanique national méditerranéen de Porquerolles. De plus, ce site est concerné par un
projet d’Arrêté de protection de biotope qui retiendra également d’autres espèces patrimoniales de la commune de Mormoiron. Les stations du Calavon devraient être intégrées dans
un site Natura 2000 ce qui permettrait d’assurer leur pérennité.
C’est une plante annuelle de 10 à 50 cm, entièrement velue, à
tige herbacée, dressée, rameuse dès la base, à rameaux très
étalés. Les feuilles très étroites et aiguës, sessiles, très petites
sont couvertes de poils nombreux et appliqués. Les fleurs sont
groupées en longs épis linéaires, feuillés, densément laineux
(d’où le nom de l’espèce). Elles sont verdâtres et visibles
d’août à octobre. Le calice s’aplatit à maturité. Les sépales
laineux sont appliqués sur le fruit et chacun d’entre eux porte
sur le dos une aile membraneuse ovale- allongée, ainsi le fruit
est entouré de 5 ailes membraneuses. ( voir schémas et photos
- encart couleur I )
Jean-Pierre ROUX - Roselyne GUIZARD
( Kochia arenaria ) Flore de Coste - Tome III
Bassia laniflora
Flore des champs cultivés - Ph. Jauzein
Botanique vauclusienne :
les Orchidées recensées – Un site dédié.
La Société provençale d’orchidophilie ( Roland Martin, président ) a réalisé l’inventaire des orchidées sauvages du Vaucluse
– pas moins de 80 espèces ont été dénombrées suite à environ
20000 données rassemblées.
Avec le soutien financier du Conseil général du Vaucluse un
site Internet a été ouvert.
Il propose un atlas cartographique permettant de visualiser toutes les espèces dans leur espace naturel. Toutes les espèces sont
photographiées.
Il se veut également un outil pour sensibiliser le grand public et
les responsables de travaux de terrain sur la fragilité de ces plantes.
http://perso.orange.fr/Orchideesvaucluse/
Bulletin de la SBV
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n°17 - mai 2007
Inula bifrons (L.) L.
Comme I. conyza :
à Mazan et ailleurs…dans le Vaucluse
L’aunée variable ou aunée ambiguë (Linné lui réunissait
primitivement une autre espèce à ligules rayonnantes) est
une Astéracée sud-européenne (de la France à la Roumanie). Dans le Vaucluse, elle possède deux foyers principaux,
le bassin de Carpentras (de Mazan à la vallée de la Nesque)
où sa présence ancienne était bien plus importante (elle existait alors à Villes-sur-Auzon, Mormoiron, Carpentras, SaintDidier et Pernes-les-Fontaines) et surtout le bassin d’Apt où
d’assez nombreuses stations sont observées, particulièrement près de la ville d’Apt et à Rustrel/Gignac. Ailleurs, elle
est beaucoup plus sporadique (vallée de la Durance à Beaumont-de-Pertuis, et piémont sud du grand Luberon à Vaugines et Grambois).
Elle est protégée sur l’ensemble du territoire national car
elle reste globalement rare en France (elle n’a pas été confirmée dans certains départements et dans d’autres elle est en
régression). Il est donc important de la connaître, de la reconnaître et de la distinguer d’ Inula conyza DC. Dans le
Vaucluse, elle se maintient dans de bonnes conditions et elle
n’est pas activement menacée (sa présence est par exemple
prise en compte par la ville d’Apt dans les documents d’urbanisme).
−
ses capitules petits, jaunes, assez nombreux, cylindracés,
ne possèdent que des fleurs tubuleuses.
−
les bractées de l’involucre des capitules sont sur plusieurs
rangs, celles des rangs inférieurs sont recourbées en dehors.
−
elle fleurit de Juillet à Septembre (souvent Octobre)
Mais trois caractères sont spécifiques à I. bifrons :
−
des feuilles vert clair, sans poils, glanduleuses et visqueuses sur les deux faces. (l’involucre est lui aussi
glanduleux). (la plante « pègue »)
des feuilles caulinaires, sessiles, embrassantes et ailées
décurrentes.
des capitules jaunâtres (jamais rougeâtres).
−
−
Tous ces caractères visibles sur les photos (encart couleur II )
sont récapitulés dans le tableau comparatif ci-dessous.
Jean-Pierre ROUX - Roselyne GUIZARD
INULA BIFRONS (L.) L.
Aunée variable
MILIEU
Bords des chemins, lieux incultes secs à frais, fruticées, lisières
De 30 à 90 cm
TAILLE
De Juillet au Septembre
PERIODE DE FLORAISON
CYCLE
REPARTITION
FEUILLES
INVOLUCRE
INULA CONYZA DC.
Herbe aux mouches
Bisannuelles
(I. conyza peut être vivace si une tige a été coupée)
Dans toute la France et l’Europe
France : Sud- Est et Limagne
(sauf régions siliceuses)
- Glanduleuses, visqueuses
- Velues, non glanduleuses
- embrassantes, ailées, décurrentes
Bractées inférieures recourbées
-
pétiolées
Bractées inférieures recourbées, souvent rougeâtres (ainsi que la tige)
Légèrement fétide (d’où herbe aux mouches)
ODEUR
Flore de Coste
Tome II
Page 314
n° 1862
n° 1863
Bulletin de la SBV
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n°17 - mai 2007
LE SAFRAN…. DE L’OR VEGETAL !!
CROCUS SATIVUS .L.
UNE LONGUE HISTOIRE
Originaire d’Orient ou de la Méditerranée orientale, le safran est
connu depuis la plus haute antiquité, cité dans les Papyrus de
l’Egypte ancienne, dans le Cantique des Cantiques ( le Karkoum que la Bible mentionne serait le safran), dans l’Iliade,
cultivé depuis très longtemps en Europe . (voir encart sur le
Vaucluse).
Dans la mythologie grecque, « Krokos et son ami Hermès,
jouaient ensemble à lancer le disque. Krokos fut mortellement
atteint au front, son sang s’écoula par terre. Là où le sang avait
coulé, sortit de terre une belle fleur rouge et jaune : le safran qui
devint symbole de vie et de résurrection. »
Cette fleur était symbole de pureté chez les Assyriens qui faisaient cueillir les fleurs par de jeunes vierges.
Elle était l’objet de culte chez les Phéniciens. C’est une fleur
sacrée chez les bouddhistes.
Son nom dériverait de l’arabe az-za’farân qui signifie
« jaune » (allusion aux propriétés tinctoriales.)
UN PHYSIQUE ÉCLATANT
C’est une plante vivace de 10 à 30 cm qui pousse à partir d’un
bulbe (ou corme) arrondi, charnu. (très prisé des animaux souterrains : courtilières, petits rongeurs). Elle vit dans les mêmes
conditions climatiques et géologiques que la vigne.
C’est une IRIDACÉE : elle possède donc 6 tépales, 3 étamines
et un ovaire infère.
Ses feuilles linéaires, étroites, en gouttière sont ciliées au bord.
Ses fleurs très odorantes apparaissent par 2 ou 3 de Septembre à
Octobre ; elles sont très grandes, d’une belle couleur violette
intense. Les 3 anthères sont jaunes, le style jaune est terminé par
3 stigmates rouge sang écarlate longs dépassant souvent les
tépales. Ces stigmates à extrémités renflées, denticulées ressemblant à des cornets pendent en de longs filaments.
(Crocus vient du grec crobé qui signifie filaments)
voir photos (encart couleur III )
Comme l’indique son nom d’espèce (sativus), ce Crocus n’est
connu nulle part à l’état spontané.
C’est une plante stérile qui ne produit jamais de graines et se
reproduit exclusivement par mode végétatif.
Cette stérilité est sans doute à relier à son état triploïde, il s’agirait d’un hybride entre deux crocus sauvages. (dont peut-être
l’espèce grecque Crocus cartwrightanus).
DE GRANDES QUALITÉS
Les stigmates de cette fleur ont de multiples vertus :
- tinctoriales ; ce pouvoir tinctorial a toujours été utilisé pour les
tissus et les aliments, il est dû à la présence de pigments, les
crocétines, qui sont des caroténoïdes. (En Egypte, le safran teint
les bandelettes des momies notamment celles de Toutankhamon). Le safran remplaçait souvent l’or dans les manuscrits
arabes pour écrire le nom de Dieu. Cette plante permet d’obtenir
de très beaux jaunes dorés inégalés.
- médicinales : Le safran a toujours été recherché pour ces vertus médicinales très variées. « Le rôle du safran est de libérer
l’énergie, l’allégresse, le désir, le sang des femmes, l’enfant qui
va naître. » Dans toutes les civilisations, il a été l’aphrodisiaque
par excellence.
De nos jours, il est peu utilisé dans le domaine thérapeutique ;
Bulletin de la SBV
on le retrouve encore dans le bon vieux sirop Delabarre pour
calmer les gencives enflammées du nourrisson lors d’une percée dentaire. Ses effets dans les cas de dépression ont été prouvés lors d’essais cliniques, des préparations à base de safran
sont vendues comme antidépresseur. ( par la société Salvia)
- alimentaires : c’est l’épice des gourmets. Seul cet usage persiste vraiment de nos jours.
Son odeur spécifique, âcre, chaude, légèrement poivrée se marie
avec toutes les saveurs, améliore tous les mets ; le safran fait
partie de la culture culinaire de nombreux pays au monde.
A PRIX D’OR !!!
Ces fleurs sont cueillies une à une, à l’aube, tous les jours pendant un mois environ (septembre- Octobre).
Après la cueillette, vient l’émondage consistant à séparer les
stigmates de la fleur.
Par la suite, les stigmates sont mis à sécher ou à déshydrater au
four à 45°.
Ils sont conservés sous forme de filaments ou réduits en poudre ; le safran est commercialisé sous ces deux formes. Pour un
kilo de safran, il faut environ 220000 fleurs …et beaucoup de
temps passé à la cueillette, l’émondage et le séchage. Aussi, le
safran est l’épice la plus chère du monde : de 15 à 20 euros le
gramme !!
Il ne faut donc pas s’étonner que ce produit soit sujet à contrefaçon.
TOUJOURS IMITÉ
Le safran est l’épice la plus falsifiée soit sous forme de filaments ou de poudre.
Le safran est souvent adultéré par les fleurs :
de carthame (Carthamus tinctorius appelé aussi saflor ou
« bastard de safran »)
de souci (Calendula arvensis)
d’arnica (Arnica montana)
de maïs (Zea)
On peut aussi mélanger aux stigmates du Crocus sativus ses
étamines, un excès de styles (appelé feminelles), de la paille ou
des fibres de cheval colorées chimiquement. On peut aussi diminuer le temps de séchage pour augmenter le poids malgré le
risque de moisissure .
Quant à la poudre, elle contient souvent de la poudre de Curcuma…ou de la poudre de brique, du plâtre, de la craie… !
Il vaut mieux choisir le safran en filaments et se laisser guider
par le prix….élevé !
Ou bien cultiver les crocus dans notre jardin pour illuminer nos
automnes et nos repas.
Roselyne GUIZARD
BIBLIOGRAPHIE :
Les plantes des mille et une nuits. Clotilde Boisvert. Aubanel.
Les plantes tinctoriales dans l’économie du Vaucluse au XIXe
siècle. Etudes rurales 1975,60.
Couleurs, pigments et teintures dans les mains des peuples.
Anne Varichon. Seuil.
Provence : terre de senteurs. Plantes médicinales de Provence.
Alain Tessier. Editons Medicis.
Le livre des plantes médicinales et vénéneuses de France.
Fournier. Lechevalier
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n°17 - mai 2007
CROCUS VERSICOLOR Ker.- G ….un Crocus sauvage.
Il est présent dans tous les massifs montagneux du Vaucluse
dans les étages collinéen et montagnard (chênaies blanches et
hêtraies).
C’est un joli crocus mauve dont les tépales externes sont striés
de violet.
Cette espèce se distingue de C. sativus par :
la période de floraison : Crocus versicolor fleurit au printemps
dès le mois de Février.
Les caractères de stigmates :
les stigmates sont orangés et sont beaucoup plus courts que
le périanthe, dépassant à peine les étamines.
(détails sur les photographies de l’encart couleur III )
LE SAFRAN EN VAUCLUSE …
aujourd’hui.
Depuis 6 ans, près du Barroux, dans les Dentelles de Montmirail, Mme et Mr Pillet cultivent avec passion les bulbes de crocus sur 1000 m² et produisent un peu plus d’un kilo de safran
avec 220000 fleurs.
CONTACT :
Marie et François Pillet
L’aube safran
Chemin du patifiage
84320 Le Barroux
[email protected]
www.aube-safran.com
Stigmates de crocus
LA CULTURE DU SAFRAN EN VAUCLUSE EST TRES
ANCIENNE
Le safran semble avoir pénétré en France au XIVe siècle, l’essentiel de la production provenait du Vaucluse, plus particulièrement des environs de Carpentras et d’Orange. (On en trouvait
a u s s i
d a n s
l e
G â t i n a i s ) .
Au début du XXVIIe siècle, la ville de Carpentras comptait plus
de 160 safraniers. La culture régressa au XVIIIe siècle car la
garance vint concurrencer le safran.
Cette culture se retrouve à nouveau au début du XIXe siècle
dans plusieurs villages du département tels que Malemort, Mormoiron, Pernes et surtout Mazan ; en effet, suite au blocus
continental mis en place à la fin de 1806 par Napoléon 1er (pour
ébranler l’Angleterre), le préfet du Vaucluse dans les années
1810 -1812 reçut l’ordre d’examiner les possibilités de remettre
en culture d’anciennes plantes notamment un certain nombre
de plantes tinctoriales dont le safran. A cette époque, Mazan
produisait à peu près « vingt quintaux de safran sur cent salmées de terre » (la salmée = environ 62 ares).
Il existait deux variétés commerciales de safran : la plus estimée
était celle dite « d’Orange » ; l’autre « safran commun » contenait, outre les stigmates, d’autres parties de la fleur. Le débouché commercial du safran à cette période était le marché de
Carpentras d’où des marchands protestants le réexpédiaient vers
le nord ; une partie était aussi vendue aux fabricants de vermicelles des villes avoisinantes.
La culture de safran semble avoir cessé en 1840 à Bédoin, en
1850 à Mormoiron et à Villes, en 1860 à Malemort et en 1873 à
Camaret.
« Les plantes tinctoriales dans l’économie du Vaucluse au
XIXe siècle » dans Etudes rurales 1975, 60 par Alice Peeters.
Page préparée par Roselyne Guizard
La SBV transpire à « Aube - Safran »
Bulletin de la SBV
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n°17 - mai 2007
Ces trois journées de botanique se sont déroulées sous le soleil.
La vingtaine de personnes présentes a pu apprécier la richesse
floristique de ce secteur des Cévennes qui, entre les zones schisteuses au-dessus de Saint-Laurent le Minier, les dolomies du
Causse de Blandas et les vastes étendues calcaires du Larzac
méridional, ont permis de parcourir des milieux très divers.
C’est sous la direction de Jean-Claude Bouzat que le groupe a
successivement herborisé dans les schistes aux environs de
Montdardier et ensuite sur la dolomie vers Blandas (3 juin), puis
sur le calcaire, au nord de Navas (4 juin) et sur Vissec et Sorbs
(5 juin). Ces journées se sont terminées dans la fraîcheur des
gorges de la Vis, près de Gorniès en fin d’après-midi du 5 juin.
Le groupe était logé à Montdardier, soit en gîte soit au camping
pour certain, d’où partaient les excursions. Dans ce joli village
de l’arrière pays gardois nous avons pu profiter de repas en terrasse et, malgré des nuits plus ou moins agitées en fonction des
festivités autour du camping, d’un repos bien mérité après les
longues journées d’herborisation sous un soleil ardent.
Enfin, chacun(e) a pu tester sa voiture sur les pistes caillouteuses du causse… Certaines ont frotté, mais tout le monde est
passé.
La liste presque complète des espèces observées durant ces
trois journées devrait être disponible sur le site Internet de
la S.B.V.
Dans les schistes aux environs de
Montdardier Gard (Alt. 330 à 540 mètres)
Le matin, après un regroupement à Ganges nous partons en direction de Saint-Laurent-le-Minier (anciennes mines de plomb
argentifère, de zinc et aussi d’or) pour, après ce village, nous
engager sur une petite route départementale bordée de rochers
siliceux qui conduit à Montdardier, village essentiellement
Bulletin de la SBV
caussenard, dont une partie du territoire se situe toutefois dans
les schistes où nous allons débuter notre herborisation. Ce sera
notre seul arrêt en milieu non calcaire, et pour nous l’occasion
d’y rencontrer une flore bien différente.
Entre les relevés préparatoires et ceux fait ce jour là ce sont 114
espèces qui ont pu être notées. Il est constaté, et cela sera aussi
le cas pour d’ autres secteurs, qu’en vingt ans la fermeture des
milieux est très rapide, rendant les parcours parfois pénibles, et
entraînant un relatif appauvrissement de la flore, au moins sur le
plan quantitatif. Ici, seul Anogramma leptophylla noté en 1986
par JCB n’a pas été revue malgré une recherche active.
Les parois rocheuses de schistes hébergent nombre de fougères
et de sédum : Asplenium septentrionale, A. adiantum-nigrum,
Ceterach officinarum, Polypodium cambricum, Sedum forsterianum, S. hirsutum, S. telephium subsp. maximum, Umbilicus
rupestris, Plantago holosteum.
Dans les terrains rocheux et rocailleux, entre ou au-dessus des
parois sont présents : Cistus salviifolius, C. laurifolius, Erica
arborea, E. scoparia, E. cinerea, Calluna vulgaris, Cytisus oromediterraneus, C. scoparius, C. triflorus, Genista pilosa, Thymus nitens, Anarrhinum bellidifolium, Centaurea pectinata,
Arenaria montana, Silene armeria, S. inaperta (rare et localisé).
Très localisés, quatre pieds de Cistus pouzolzii ont été observés
par quelques membres seulement, sur un petit promontoire rocheux, car malgré le GPS il n’a pas été facile de les retrouver
dans un environnement difficile du fait de la densité des végétaux ligneux et épineux (d’autres pieds notés par JCB en 1986
n’ont pas été revus, sans doute étouffés par la végétation arbustive qui s’est largement développée. Cistus pouzolzii est un rare
taxon endémique des Cévennes siliceuses qui aime bien les
landes rocailleuses et arbustives, ses stations les plus importantes sont dans la zone limitrophe du Gard et de l’Ardèche.
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n°17 - mai 2007
Quand la pente est moins forte ou dans les fissures où s’accumulent un peu de sable on note tout un cortège d’espèces annuelles ou plus spécifiques des pelouses, en particulier : Aira
caryophyllea, A. cupaniana, Anthoxanthum odoratum, Briza
maxima, Bromus madritensis, Cynosurus echinatus, Holcus
lanatus, Melica ciliata, Melica nutans, Micropyrum tenellum,
Anthericum liliago, Crepis capillaris, Logfia minima, Senecio
lividus, Tolpis barbata, Jasione montana, Tuberaria guttata,
Lathyrus sphaericus, Vicia hirsuta, Trifolium glomeratum, Misopates orontium.
Dans la partie boisée où domine Castanea sativa accompagné
de Quercus ilex et de Q. pubescens, se rencontrent aussi : Arbutus unedo, Pteridum aquilinum, Cephalanthera rubra, Hypericum montanum, Teucrium scorodonia, Digitalis lutea, D. purpurea.
En début d’après-midi, après une rapide prise de possession de
nos hébergements respectifs à Montdardier, nous prenons la
direction de Blandas qui a donné son nom au causse sur lequel
nous nous trouvons.
Le causse
Le causse de Blandas, de même que les causses du Larzac et de
Campestre-et-Luc, fait partie des Causses méridionaux. Cet
ensemble régional original unique en Europe est le plus grand
ensemble de formations herbeuses sèches semi-naturelles en
France et abrite un grand nombre d’espèces.
La fiche de présentation de ces causses proposés au titre de Natura 2000 nous indique qu’ils ont pour origine géologique des
entrées maritimes vieilles pour la plupart d’environ 150 millions
d’années. Ils sont composés de calcaires, marnes et dolomies
dans lesquels l’eau, aidée par des bouleversements géologiques,
a créé au fil du temps des réseaux complexes typiques du kasrt.
L’eau s’y infiltre donc rapidement, ce qui explique l’absence
actuelle de cours d’eau permanents en surface, l’ensemble du
réseau hydrogéologique souterrain réapparaissant sur ses pourtours. Mais, localement, des couches d’argile permettent l’existence de petites nappes aquifères superficielle à l’échelle d’une
colline. Elles sont utilisées en particulier pour alimenter certaines lavognes.
sur calcaires (Festuco Brometalia)
- Pelouses rupicoles calcaires ou basiphiles du Alysso-Sedion
albi
- Parcours substeppiques de graminées et annuelles du TheroBrachypodietea
- Landes oro-méditerranéennes endémiques à genêts épineux
- Formations stables xérothermiques à Buxus sempervirens des
pentes rocheuses (berberidion p.p.)
- Pentes rocheuses calcaires avec végétation chasmophytique
(groupement de plantes aptes à s’installer dans les fissures rocheuses).
Le causse de Blandas
Le vaste causse de Blandas situé à l'ouest du département du
Gard, comprend les territoires des communes de Blandas, de
Rogues et de Montdardier. Les versants abrupts du causse dominent la Vis qui le borne au sud et à l’ouest, cette rivière coule
au fond d’une profonde fissure qui sépare ce causse de celui de
Vacquières et de Saint-Maurice (Larzac méridional) situé dans
le département de l’Hérault où se trouve la commune de Navacelles qui a donné son nom au célèbre cirque ; la vallée du Vigan, où coule l’Arre, le limite au nord et le sépare des terrains
anciens qui forment la masse des hautes Cévennes (massif de
l’Aigoual).
Ce causse a 16 kilomètres environ de longueur, de l’est à
l’ouest, sa plus grande largeur, du nord au sud est de 12 kilomètres, il représente une superficie de 7913 ha, pour une altitude
allant de 540 à 955 mètres. Entre le sommet de la Tessonne et le
village de Madières, son altitude moyenne est de 650 mètres.
Mais comme les couches du calcaire oxfordien, qui constituent
ce plateau, vont toutes en se relevant vers le nord, il en résulte
des sommets élevés pour cette extrémité du causse : 830 mètres
au-dessus de la Tessonne au nord ouest de Navas et 955 mètres
à la Serre Goutèze (le Tour d’Arre sur certaine carte) encore
plus à l’ouest.
En surface, ce sont les glaciations successives et l’eau qui ont
modelé le paysage par érosion et décomposition chimique (pour
l’eau), en jouant sur les différences de nature ou de dureté des
substrats. Ces facteurs sont à l’origine des poljés (dépression
étendue au fond argileux, comme l’ancien lit de la rivière orienté Nord/Sud parcourant les causses de Blandas et du Larzac), les
gorges ou canyons encore actifs, les avens (gouffres), les dolines (cuvettes à fond argileux) et les chaos dolomitiques ruiniformes.
Comme sur l’ensemble des causses, la végétation était à l'origine constituée par la forêt dense. Suite à la déforestation et au
développement de l'élevage ovin, le plateau est aujourd’hui
recouvert de :
- pelouses xériques dont les espèces dominantes sont : Brachypodium retusum, Bromus erectus, Festuca sp.(souvent dénommée duriuscula par les anciens botanistes), la plus fréquente
étant sans doute F. auquieri, en particulier dans la moitié sud du
causse ;
- landes à buis et genévriers sur les croupes et les coteaux calcaires ;
- landes boisées et des taillis de Chêne pubescent :
- parcelles de céréales, de plantes fourragères ou de prairies
artificielles subsistent encore dans les dépressions argileuses.
Ces phénomènes, certains accélérés par les défrichements,
aboutissent superficiellement à des affleurements de roches sur
les endroits les plus exposés (pentes, comme certaines dolines
ou puechs, chaos dolomitiques) et à l’accumulation de bonnes
terres souvent empierrées dans les dépressions (poljés, dolines).
Notre parcours d’herborisation de la fin d’après
midi se fera en terrain dolomitique sur la commune de Blandas (Gard) entre les hameaux de
Belfort et de la Rigalderie (730 à 792 mètres)
A cette uniformité du paysage, s’ajoute une végétation peu variée, largement dominée par les pelouses qui donnent cet aspect
de pseudo-steppe à ce causse. Sous cette relative uniformité, le
paysage recèle cependant une mosaïque de couverts végétaux,
résultat de la dynamique de la végétation et des différentes utilisations du terroir par l’homme.
Proposé pour un classement Natura 2000 les causses sont riches
de plusieurs habitats prioritaires, notamment :
- Pelouses sèches semi-naturelles et faciès d'embuissonnement
Sans avoir l’ampleur des pelouses des sables dolomitiques que
l’on peut rencontrer sur le Larzac voisin nous avons pu voir, en
particulier au pied des zones rocheuses, des accumulations de
sables recouvert d’une végétation clairsemée appartenant à l’Armerium junceae, les espèces ci-après ont été notées : Armeria
girardii, Arenaria aggreagata, Silene otites, S. conica, Carex
liparocarpos, Hornungia petraea Clypeola jonthlaspi, Linaria
supina, Helianthemum incanum (s’agissait-il de la subsp. pourretii ?).
Bulletin de la SBV
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n°17 - mai 2007
Dans les pelouses formant le fonds de la végétation on relèvera :
Orchis mascula, Gymnadenia odoratissima, Anacamptis pyramidalis, A. coriophora subsp. fragrans, Carex humilis, Melica
ciliata, Sesleria caerulea, Euphorbia flavicomma, E. duvalii,
Aster alpinus, Crepis albida, Leontodon crispus, Leucanthemum
graminifolium, Inula montana, Scorzonera purpurea, S. hirsuta,
Minuartia capillacea, Fumana procumbens, F. ericoides, Ononis striata, Linum leonii, L. suffruticosum, Coris monspeliensis,
Ranunculus gramineus, Neatostema apulum, etc.
Très localisés quelques pieds de Lithodora fruticosa accompagnés de Aristolochia pistolochia, et Ononis pusilla.
Sur un ensemble de rochers dolomitiques, au SW de Belfort,
nous pouvons noter diverses espèces appartenant au Kernero
saxatilis- Arenarietum hispidae : Arenaria hispida (endémique
caussenarde), Kernera saxatilis, Asplenium ruta-muraria, A.
trichomanes subsp. quadrivalens, Ceterach officinarum, Sedum
dassyphyllum, Hormathophylla spinosa, Minuartia rostrata,
Hieracium lawsoni, Viola rupestris, Teucrium aureum.
Dans la végétation arbustive, outre les buis, les amélanchier, les
prunellier et genévrier, on notera Pirus sylvestris, Lonicera periclymenum, Ribes alpinum, Rhamnus saxatilis, Prunus mahaleb. Pierrette nous a montré Rosa canina, R. agrestis et R. rubiginosa.
La journée du dimanche est consacrée à l’exploration du nord du causse de Blandas, depuis le village de Navas jusqu’à sa bordure septentrionale qui
domine les pentes du bois de la Tessonne et la vallée de l’Arre
Cette partie du causse est façonnée dans divers calcaires, plus
Après le hameau de Navas nous prenons une piste qui nous
permet d’aller en voiture jusqu’à un kilomètre au nord, à proximité d’une lavogne (715 m) où nous notons Alisma plantaaquatica et Groenlandia densa.
Entre ce point d’eau et le Roc de la Femme, sur le flanc ouest
de la Serre de la Labagne nous traversons une mosaïque de milieux constitués de pacages, de landes, de bosquets de chêne
pubescent, de haies, de pierriers.
On relèvera particulièrement la présence de : Carex muricata,
Bromus erctus, Koeleria vallesiana, Narcissus assoanus, Gladiolus italicus, Himantoglossum hircinium, H. robertianum,
Orchis mascula, Ophrys scolopax, Bupleurum baldense, Cirsium ferox, Achillea odorata, Scorzonera hirsuta, S. hispanica
subsp. glastifolia, Iberis pinnata, Euphorbia nicaense, Ranunculus monspeliacus, Vicia onobrychoides, Onobrychis supina,
Prunella laciniata, Ajuga genevensis, Salvia pratensis, Stachys
germanica, Potentilla hirta, Primula veris, Valeriana tuberosa,
etc.
Ce secteur abrite une vaste pelouse à Thapsia villosa (plusieurs
milliers de pieds de cette Ombellifères, par ailleurs peu commune) avec Iris lutescens, Crupina vulgaris, Inula montana, Iberis
pinnata, Euphorbia duvalii, E flavicoma, Ranunculus gramineus, Cytisus sessilifolius, Valeriana tuberosa, Leontodon crispus, Onosma fastigiata, Orchis simia, etc.
Au-dessus de la Tessonne, en bordure du causse, dans des landes à Buis situées sur la commune de Bez et Esparon, nous notons : Anthericum liliago, Asphodelus cerasiferus, Platanthera
chlorantha, Centaurea maculosa subsp. albida (taxon inscrit au
livre rouge), rare endémique des Cévennes, connu du Gard et de
l’Ardèche, (il convient toutefois de rappeler l’extrême variabilité et le polymorphisme saisonnier que l’on rencontre chez les
Centaurée, ce qui relativise la valeur de certains microtaxons),
Crepis albida, Inula montana, Senecio provincialis, Onosma
fastigiata, Campanula persicifolia, Phyteuma orbiculare, Anthyllis vulneraria subsp. praepropera, Teucrium polium, Plantago argentea, Geum sylvaticum, etc.
Dans ces mêmes landes, à proximité du Roc de la Femme, vers
705 mètres, petite station de Serratula nudicaulis avec Narcissus assoanus, Polygonatum odoratum, Carex humilis, Bupleurum falcatum, Bunium bulbocastanum, Laserpitium siler, Centaurea montana subsp. axillarioides, Arabis hirsuta, Noccaea
caerulescens subsp. occitanicum, Anthyllis montana, Antirrhinum majus, etc.
ou moins argileux, tendres, du Séquanien-Rauracien, qui peuvent être parfois dolomitisés en masse irrégulières, dégagées par
l’érosion, formant alors des ensembles ruiniformes dominant les
falaises du Bathonien.
Comme le souligne J. Mathez dans sa présentation du secteur
pour la 113éme session extraordinaire de la S.B.F., cette région
est d’une grande richesse floristique ; elle fut explorée dès le
19éme siècle mais c’est J. Braun-Blanquet qui, entre 1912 et
1932, en fit l’inventaire le plus complet. Il y cite une espèce
découverte en 1914, le Nectaroscordum siculum (= Allium siculum), qu’en vain de nombreux botanistes ont depuis recherché.
Entre Montdardier et Navas, vers 630 mètres d’altitude, nous
pouvons admirer le Phlomis herba-venti, très belle espèce qui
est donnée commune sur ce causse, et que l’on va retrouver
jusqu’au littoral languedocien.
Bulletin de la SBV
Le rocher du Roc de la Femme (710 mètres), chicot dolomitique
au milieu des pentes environnantes qui, en vingt ans, se sont
abondamment couvertes de ligneux, rendant très difficile leur
exploration, au détriment d’espèces intéressantes. Sur ce secteur
n’ont pas été vus par exemple Leucanthemum subglaucum, Hypericum hyssopifolium et Molopospermum peloponnesiacum
qui étaient AC en 1986. De même Potentilla caulescens, Daphne alpina, Hieracium amplexicaule, vus également en 1986 sur
la base du rocher n’ont pu être repérés, celle-ci étant maintenant
envahie par la végétation. Ont pu toutefois être notés sur le rocher : Asplenium trichomanes subsp. quadrivalens, Ceterach
officinarum, Narcissus pseudonarcissus, Arabis verna, Hormatophylla spinosa, Dianthus sylvestris subsp. longicaulis, Rhamnus alpina et Saxifraga cebennensis, endémique des Cévennes
calcaires, déjà noté lors d’une sortie de la SBV le 11 avril 2004
dans sa station la plus méridionale, sous le château de Montferrand, au Pic Saint Loup au nord de Montpellier.
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n°17 - mai 2007
Dans une canaule en forme d’éboulis à très forte pente, au pied
du rocher, non fleuris, plusieurs pieds de Lilium martagon avec
Laserpitium gallicum, Arabis turrita, Viburnum lantana, Amelanchier ovalis, Sorbus aria, Buxus sempervirens, etc.
A quelques centaines de mètres à l’ouest du Roc de la Femme
un important éboulis encore actif, de plus de 200 mètres de long
descend depuis la partie supérieure du plateau pour atteindre les
falaises dolomitiques du Bathonien. Quelques personnes n’ont
pas hésité à en faire la descente, parfois périlleuse ( ?), pour
aller à la rencontre de : Laserpition gallicum, Campanula speciosa, Leucanthemum subglaucum, Hypericum hyssopifolium,
Rumex scutatus et de la rare Aquilegia viscosa.
Aquilegia viscosa était connue de Magnol qui dès 1676 citait
une ancolie hirsute sur les bords de la Jonte vers Meyrueis, mais
c’est Gouan qui se référant à Magnol et Tournefort, publiera
l’espèce en 1765 qui sera retenue par Linné (1767). La délimitation de cette espèce est devenue ensuite très confuse, cette question évoquée par Loret dans la flore de Montpellier s’est ensuite
compliquée avec la prise en considération d’un taxon décrit du
Conflent et des Corbières, l’A. hirsutissima, distinct de la plante
caussenarde. Dans une publication de Breistroffer parue en
1981 (bulletin de la SBF tome 128) dont le titre est "Sur la définition taxonomique et la nomenclature de l'Aquilegia viscosa »
l’évolution de cette question est étudiée, mais cet article a semé
du trouble, dans la mesure où à sa lecture on est tenté de penser
que les taxons seraient séparés géographiquement, ce qui n'est
pas le cas.
Je remercie James Molina du CNBP (communication personnelle) des informations qu’il m’a fournies et desquelles il ressort que la plante de la Tessone est la même que
celle des Pyrénées à savoir A. viscosa Gouan subsp. hirsutissima (Timb.-Lagr.) Breistr. (taxon nommé à partir d'une
plante cueillie sur le Montoulié de Périllos par TimbalLagrave, où Timbal dit que c'est la même que l'hirsutissima de Lapeyrouse des Pyrénées et dont il donne une diagnose qui justifie le nom). Le vrai viscosa de Gouan (A.
viscosa Gouan subsp. viscosa) est une endémique caussenarde, c’est la plantes des gorges du Tarn, des parois rocheuses en balmes et non pas des éboulis.
La subsp. hirsutissima est connue au Roc Blanc, à la Tessone où nous l’avons vue, sur la Serre du Pin sur la- Serrane (commune de St Maurice) et au-dessus de SaintPrivat vers le plateau de Courcol (trouvée par Jérémie
Barret du CEN LR). Ensuite il faut la retrouver dans les
Pyrénées-Orientales au Montoulié de Périllos, en limite de
l’Aude, et sur le massif du Coronat à Nohèdes et à Conat.
J. Molina souligne que la position d'espèce se justifie car
toutes les Ancolies endémiques (de reuteri à pyrenaica)
sont à placer au même rang. On aurait pu choisir d'en faire
des variétés ou des sous-espèces de vulgaris, mais cela
troublait trop les habitudes, donc il a été opté pour l'espèce.
Il eut été intéressant d’explorer les falaises dolomitiques, mais
en l’absence de débroussailleuse, nous n’avons pas pu poursuivre l’aventure où elle était prévue…les pierriers densément couverts d’arbustes auront eu raison du groupe.
Bulletin de la SBV
Le lundi sur le Larzac méridional, entre Saint Michel (Hérault) et Vissec (Gard)
Après un agréable petit déjeuner en terrasse, malgré l’air vif du
matin, et une fois l’ordre remis dans nos affaires nous prenons
la route du départ pour rejoindre Blandas, à la sortie duquel, en
direction de Vissec, nous faisons l’arrêt touristique incontournable pour « jeter un oeil » sur le fameux cirque de Navacelles, au
fond des éboulis abritant l’association du Centranthus lecoquii.
Après la traversée de la Vis dans le village de Vissec nous remontons vers le sud pour atteindre les pentes du causse de Vissec « qui n'est, à proprement parler, qu'une fraction du grand
causse de Vacquières et de Saint-Maurice, situé dans le département de l’Hérault et attenant à la chaîne de la Séranne. Le roc
Mérigou (779 m), rocher de dolomie oxfordienne, d'un aspect
très remarquable, forme le point culminant du causse de Vissec », on peut géographiquement rattacher cet ensemble au Larzac méridional.
Avant d’atteindre le plateau, lors de la sortie de reconnaissance
en avril, nous nous étions arrêtés dans un bois de Chêne pubescent et d’Alouchier où nous avions noté : Tulipa australis,
Paeonia officinalis subsp. microcarpa, Thalictrum minus,
Daphne laureola, etc. Nous n’aurons pas le temps d’y conduire
le groupe, d’autant que les espèces intéressantes seraient défleuries.
Après la ferme des Baumes nous empruntons la piste qui nous
mène au terrain d’aviation, au sud du Roc de Mérigou, à partir
duquel nous herboriserons entre la Serre Pelée et le Puech Tuges, passant, sans nous en rendre compte, du Gard à l’Hérault et
des communes de Vissec à celles de Sorbs ou de Saint-Michel.
Il s’agit ici d’un secteur du Larzac visuellement très différent de
celui que l’on a l’habitude de voir plus à l’ouest, autour de l’A
75 par exemple mais, ici aussi, la préservation de ce vaste espace naturel remarquable passe par le maintien des activités pastorales extensives. Il semblerait toutefois que ponctuellement cette pression soit assez forte, et au début du mois de juin la Serre
Pelée méritait bien son nom.
Dans le prolongement du terrain d'aviation, au pied de la Serre
Pelée, vers 710 mètres, Nicole et quelques autres se sont attardés aux abords d’une culture où ont été notés : Bupleurum rotundifolium, Caucalis platycarpos, Scandix pecten-veneris, Iberis pinnata, Neslia apiculata, Legousia hybrida, Acinos arvensis, Papaver rhoeas, Asperula arvensis.
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Au SE de la Serre Pelée, sur la commune de Vissec, entre le
terrain d'aviation et la limite communale (altitude 700 à 710
mètres environ) nous parcourons une lande à buis, des pelouses,
des secteur surpâturés et une bordure de culture, beaucoup d’espèces parmi lesquelles nous retiendrons : Asphodelus cerasiferus, Carex humilis, Ornithogalum umbellatum, Anacamptis
pyramidalis, Bromus erectus, Koeleria vallesiana, Bupleurum
baldense, Scandix australis, Achillea odorata, Bombycilaena
erecta, Carduncellus mitissimus, Carduus nigrescens, Carlina
acanthifolia, Carthamus lanatus, Centaurea aspera, C. pectinata subsp. supina, Cirsium vulgare, Crupina vulgaris, Echinops
ritro, Inula montana, Jurinea humilis, Leontodon crispus, Scorzonera hirsuta, Tragopogon dubius, Campanula rapunculus,
Helianthemum apenninum, H salicifolium , Convolvulus cantabrica, Euphorbia cyparissias, E flavicoma, E. nicaeensis, Anthyllis montana, A vulneraria subsp. praepropera, Genista sagittalis, Trigonella gladiata, Globularia bisnagarica, Lavandula angustifolia, Phlomis herba-venti, Salvia pratensis, Onobrychis supina, Teucrium aureum, T. polium, T. chamaedrys, Thymus vulgaris, Linum leonii, L. narbonense, Althaea hirsuta,
Filipendula vulgaris, Geum sylvaticum, Scrophularia canina
subsp. juratensis, etc.
Sur les pelouses à l'extrémité est de Puech Tuges (commune de
Sorbs Hlt.) nous notons de beaux peuplements de Genêt de Villars et de Jurinée, deux taxons présents çà et là sur l’ensemble
du secteur. Un relevé ponctuel fait autour des ces deux espèces,
vers 722 mètres, donne : Carex humilis, Koeleria vallesiana,
Bombycilaena erecta, Carduncellus mitissimus, Filago vulgaris,
Jurinea humilis, Genista pulchella subsp. villarsii, Teucrium
aureum, Thymus vulgaris, Linum narbonense.
Sur cette même pelouse, mais beaucoup plus localisés deux
petits peuplements de serratule, un relevé fait à 731 mètres donne : Juniperus communis, Pinus sylvestris, Muscari comosum,
Serratula nudicaulis, Genista pulchella subsp. villarsii, Teucrium aureum.
Sur les pelouse de crête à Genêt de Villars et Jurinée, en limite
des communes de Sorbs et de Vissec, vers 725 à 735 mètres
environ, Gagea pratensis avait été noté en avril 1996, nous y
avons rencontré : Lithospermum arvense, Iberis saxatilis, Ononis striata, Lamium amplexicaule, Saxifraga tridactylites. Très
ponctuellement quelques rares pieds de Scorzonera austriaca
subsp. bupleurifolia.
Plus localisé sur les pentes de la Serre Pelée on peut relever :
Muscari botryoides (déjà défleuri en avril), Muscari neglectum,
Scilla autumnalis, Iris lutescens, Achillea odorata, Lithodora
fruticosa, Potentilla hirta ainsi que nombre d’espèces déjà notées.
Après ces magnifiques moments qui nous ont permis de parcourir un milieu d’une grande richesse fût venu l’heure du repas ;
l’absence d’ombre nous conduisit à rechercher ailleurs et à quelques kilomètres de là un reboisement de Pins d’Autriche qui pu
accueillir notre groupe ; à proximité une culture était quasiment
envahie par les bleuets, Chantal ne manquât pas d’en faire un
magnifique bouquet.
Une fois que Roselyne eut terminé sa sieste, le groupe prit la
direction de Saint-Maurice de Navacelles afin de redescendre
vers la Vis, que la route longe sur plusieurs kilomètres au milieu
de la magnifique forêt domaniale de la Séranne, nous ferons un
ultime arrêt vers la maison forestière du Grenouillet.
Jean-Claude Bouzat avec la collaboration de
Mathieu Chambouleyron
Bulletin de la SBV
Et pour terminer : ripisylve de la Vis en amont de
la maison forestière du Grenouillet sur la commune de Gorniés (Hérault)
En aval de Madières les gorges de la Vis entaillent et séparent
le causse de Blandas de la Montagne de la Séranne et constituent le seul milieu frais dans un environnement souvent aride.
Jusqu’à la confluence avec le fleuve Hérault, se développe une
végétation arborescente linéaire caractéristique des bords des
eaux, constituant un corridor d’arbres à feuillage caduque, facilement identifiable au milieu des chênes verts peuplant les versants de la vallée.
La fiche de présentation de ce secteur, classé en ZNIEF, souligne que « la rivière et les formations arborescentes qui l’entourent, constituent en région méditerranéenne, les reliques d’une
végétation des régions tempérées. Jadis très étendue, cette formation ne subsiste plus que le long des berges des cours d’eau
et est souvent réduite à une simple haie. La ripisylve de la Vis
offre une zone d’intérêts écologique et paysager remarquables,
elle est en effet une zone de passage et de reproduction pour de
nombreuses espèces d’oiseaux, d’origine plus nordique, qui
trouvent là les seuls milieux favorables à leur maintien sous un
climat méditerranéen, et une zone de refuge pour une flore spécifique, diversifiée et très riche. »
Après le village de Madières, dans cette ripisylve, (Altitude 215
mètres environ) à structure et essences très variées, qui peut
prendre quelquefois la forme d’une véritable forêt "galerie" où
s’enchevêtrent arbres, arbustes et lianes nous avons noté, en
cheminant sur le sentier qui borde la Vis : Fraxinus angustifolia, F. ornus, Alnus glutinosa, Acer campestre, A. monspessulanum, A. opalus, A. pseudoplatanus, Corylus avellana, Ostrya
carpinifolia, Ligustrum vulgare, Phillyrea media, Platanus x
hispanica, Populus nigra, Salix eleagnos, S. purpurea, Tilia
platyphyllos, Eriobotrya japonica, Prunus avium, Euonymus
europaeus, Cornus mas, Robinia pseudoacacia, Cercis siliquastrum, Laurus nobilis, Hippocrepis emerus.
Le sous-bois luxuriant est parfois impénétrable avec Clematis
vitalba, Hedera helix, Rubus sp., Ruscus aculeatus, Smilax aspera, Asparagus acutifolius, Buxus sempervirens, Viburnum
tinus.
La strate herbacée est riche en Poaceae avec : Arrhenatherum
elatius, Brachypodium sylvaticum, Dactylis glomerata, Festuca
arundinace, Piptatherum paradoxum, Poa nemoralis, Roegneria canina (= Agropyrum caninum), auxquelles vont se joindre
Epipactis helleborine, Pimpinella major, Eupatorium cannabinum, Lithospermum purpurocaeruleum, Arabis turrita, Silene
vulgaris, Euphorbia amygdaloides, Geranium nodosum, Aquilegia vulgaris, Helleborus foetidus, Hepatica nobilis, Lathraea
clandestina, Linaria repens.
Un rocher est recouvert par Adiantum capillus-veneris et Asplenium trichomanes subsp. quadrivalens.
A défaut de parcourir l’arboretum appartenant à l'Office National des Forêts, composé de nombreuses essences plantées, rares
et exotiques en association avec des essences de reboisement
classiques, c’est en longeant la route que nous retournerons à
nos véhicules et pour retarder le temps de la séparation certains
s’attarderont devant les tapis de verdure du talus et des fossés
pour deviser sur : Lapsana communis, Mycelis muralis, Rhagadiolus stellatus, Lithospermum purpurocaeruleum, Saponaria
officinalis et Geum urbanum.
Un merci à tous les participants pour la bonne ambiance et les échanges de connaissance qui nous ont permis de mieux connaître nombre
d’espèces rares ou endémiques des Cévennes schisteuses ou calcaires.
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mes souvent bien conservées, certains ont vu s’installer un lac (lac
du Bouchet) qui a souvent évolué en tourbière (marais de Limagne,
la Sauvetat, narces de Landos…).
Le versant Loire permet d’observer l’empilement des coulées sur
plus de 100 mètres d’épaisseur. Le versant Allier, plus pentu, a
permis aux coulées de descendre jusqu’à la rivière en d’impressionnant ensembles prismés (Chanteuges, Prades, Monistrol d’Allier, le
Nouveau-Monde…), sur cette bordure occidentale (haute-vallée de
l’Allier) apparaît localement le socle hercynien de granite et de
gneiss.
La S.B.V. en Velay et Gévaudan
( 30 juin, 1et 2 juillet 2006 )
C’est en Haute-Loire, présentée aujourd’hui par les circuits
touristiques comme le Sud de l’Auvergne, que les botanistes
de la S.B.V. se sont retrouvés, en bonne compagnie puisqu’ils étaient accompagnés des meilleurs représentants locaux de cette science « aimable ». Le vendredi 30 juin 2006,
en fin d’après-midi, le village de Siaugues-Sainte-Marie
accueillait pour deux jours une vingtaine de personnes dont
la plupart arrivait du Sud-Est, dans le but de découvrir quelques milieux où le calcaire laisserait la place à d’autres roches.
Le séjour devait leur permettre en effet de passer de la rive
droite de l’Allier, cette rivière que remonte encore le saumon, où sur un substrat basaltique une hêtraie et une tourbière étaient au programme du samedi, tandis que le dimanche après le RV à Langeac, sur la rive gauche, l’objectif
était les plateaux granitiques de la Margeride.
Dans le Devès…
Situé en Velay, dans le département de la Haute Loire, le
Devès est le plus vaste plateau basaltique de France avec 80
km de long du NNW au SSE et 15 km de large ; le plateau
s'étend entre les vallées de l'Allier (qui la sépare de la Margeride) et de la Loire qui occupe le bassin sédimentaire du
Puy en Velay et l’entaille profondément en amont, les gorges de la Loire coupant le plateau qui occupe une surface
restreinte sur la rive droite du fleuve. D’une altitude moyenne élevée, supérieure à 1000 mètres, il culmine au Mont
Devès à 1421m où se situe un gigantesque relais, point de
repère dans le paysage, dépassant les conifères
Le plateau basaltique est constitué d'un empilement de coulées prismées (orgues volcaniques) d'origine fissurale et très
riches en éléments de socle et en nodules de péridotite du
manteau supérieur. Elles reposent soit sur le socle granitogneissique soit sur les sédiments du bassin du Puy et dessinent l'ancien réseau hydrographique.
C’est le plus bel exemple de fissure éruptive de France où
les cônes sont quasi agglomérés, plus de 200 cônes de scories (les gardes) constellent le massif, volcans de type
stromboliens, déportés sur la frange Ouest du plateau, certains conservant leur cratère (Mont Bar) et recoupé par plusieurs dizaines d'appareils d'origines phréatomagmatiques
(éruption qui résulte de l’interaction d’un magma ascendant
avec une nappe d’eau souterraine) édifiant une cinquantaine
de maars (cratère d’explosion en forme de cuvette, entouré
d’un rempart mince et bas de débris volcaniques) aux forBulletin de la SBV
Même si la description qu’en faisait en 1883 l’auteur (Adolphe
Joanne) d’un petit livre de géographie sur la Haute-Loire, évoquant
«…les neiges qui s’amoncellent pendant six mois de l’année dans
cette Sibérie méridionale, où il gèle souvent au mois de juin… »,
n’est plus la réalité, le Devès, malgré des influences méditerranéennes qui peuvent remonter jusqu’à son niveau, reste un pays rude, au
climat rigoureux (les chutes de neige en avril ou mai ne sont pas
exceptionnelles) et assez humide, qui ne permet qu'une faible agriculture principalement concentrée sur les plaines. L'élevage bovin
est fait sur de petites exploitations familiales.
Le réseau hydrographique des plateaux se résume à quelques ruisselets, localisés sur les pourtours du plateau et qui vont se terminer
en cascades dans la Loire ou l’Allier.
Les paysages sont variés, alternant les plateaux couverts de bois et
de landes et les vallées plus fertiles. C’est sur la longue arête dorsale que s’étale une importante forêt longue de 10 km et large de
trois, constituée de plantations de sapins et d’épicéas mélangées
avec les quelques espèces qui à l’étage montagnard accompagne les
fayards. Le taux de boisement reste assez faible. Ponctuellement
des zones humides, bas-fonds plus ou moins marécageux, localement appelés sagnes ou narces se trouvent au milieu des cultures,
parfois il peut s’agir de véritables marais ou tourbières qui ont
commencés en Haute-Loire à se former dès le retrait des derniers
glaciers il y a 15000 ans (glaciation du Würm).
Comme cela est développé par ailleurs (Cf. l’article sur les tourbières dans le présent numéro), une tourbière commence son histoire
dans des eaux stagnantes (lac, étang,…) à la périphérie desquelles
des plantes aquatiques vont croître et se décomposer, cette décomposition se fera très imparfaitement dans une eau immobile et peu
oxygénée donc sans activité microbienne, conduisant, après des
siècles, au colmatage du plan d’eau et à la régression des plantes
aquatiques. Sur le nouveau support qui s’est formé (la tourbe noire)
ainsi que sur le radeau qui subsiste encore en surface et dans les
régions ayant un climat approprié (pluviométrie et température) s’y
développe une végétation où la présence des Sphaignes joue un rôle
essentiel ; si les facteurs climatiques n’étaient pas présents, on assisterait à une simple banalisation du marais.
C’est sur une tourbière qui « figure parmi les plus beaux fleurons
des tourbières française » que Maryse Tort nous a conduit, le marais de Limagne, situé sur les communes de Siaugues-Sainte Marie
et Saint-Jean de Nay, dont les abords constituaient, avant la création des départements, la limite entre l’Auvergne et le Velay qui
était rattaché à la province du Languedoc et à la sénéchaussée de
Beaucaire.
…autour du marais du maar Limagne
Localisé au Nord-ouest du plateau basaltique, le marais de Limagne, qui occupe environ une trentaine d’hectares, a pris place dans
un maar de 70 hectares, à 1080 m d’altitude, dominé par plusieurs
cônes de scories et par des accumulations de tufs et brèches volcaniques.
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n°17 - mai 2007
leurs en forte régression. A noter que les autres stations française
ne semble pas dépasser l’altitude de 700 mètres.
Le marais de transition, qui occupe une surface d’environ 4,5
ha abrite une Cariçaie à laîche filiforme avec des sphaignes et
le Carex des bourbiers
Dans le marais de Limagne, le marais de transition occupe deux
positions. Tout d’abord une position de ceinture qui domine la plus
grande partie de l'anneau périphérique. position transitionnelle,
entre le pseudo-lagg évoqué ci-dessus qui le cerne à l’extérieur et la
tourbière centrale active. Une seconde position, morcelée et réduite
en surface, est notée en limite des gouilles du haut marais.
L’alimentation en eau provient de sources et de ruissellement le long de la bordure du maar tandis qu’un déversoir,
un ruisseau affluent de la Fioule, se situe au Nord-Est. Il
s’agit donc d’un marais topogène (avec quelques apports
soligènes)
Outre son intérêt intrinsèque le marais de Limagne permet
une approche pédagogique de ce type de milieu humide car,
particulièrement bien structuré en deux grands ensembles, il
présente tous les gradients écologiques, depuis les bords de
type minérotrophe, colonisé par des végétations flottantes ou
hygrophyles, au centre de type ombrotrophe, mosaïque de
groupements de tourbières à Sphaignes, en cours de colonisation par les Pins sylvestres et les bouleaux.
Bien que le niveau des eaux de la Cariçaie soit un peu inférieur à
celui de la ceinture externe et qu’il fluctue davantage en cours d'année (maxi en hiver), ici aussi le substrat est toujours humide
(mésotrophe à oligomésotrophe) car nous sommes sur le prolongement du radeau commencé avec les Comaret, les Menyanthe et la
Prêle des eaux, d’ailleurs toujours présents dans le tapis de bryophytes et de sphaignes. Sous ce radeau l’épaisseur d’eau, de tourbe
fluide ou de vase peut dépasser 2 mètres. Outre Carex lasiocarpa
qui le caractérise on note : Carex rostrata, C. elata, C. vesicaria, C.
curta, C. diandra, et le Carex de bourbiers, Carex limosa, espèce
rare et protégée. Autre espèce protégée Eriophorum gracile. On
note également : Agrostis canina, Drosera rotundifolia, Epilobium
palustre, Galium palustre, Viola palustris, Cirsium palustre, Scutellaria galericulata.
Marais dangereux du fait de nombreux trous d’eau cachés,
notamment dans sa partie Est, il convient d’être particulièrement vigilant lorsqu’on y pénètre ; on peut toutefois faire un
transect en partant du Nord à environ 350 mètres de la maison du Lac pour rejoindre la rive Sud, soit environ
500 mètres. On constate que la végétation est organisée en
ceintures concentriques, certaines externes, dans une dépression aquatique dépourvues de ligneux, tandis que dans les
secteurs les plus internes se développe le Pin sylvestre et le
Bouleau verruqueux.
Une ceinture externe d’environ 7 ha, véritable radeau
amarré à la rive par les rhizomes entrelacés sur plusieurs dizaines de centimètres des Comaret, Menyanthe
et Prêle des eaux, constitue le bas-marais périphérique
Il s'agit là du secteur le plus humide de la tourbière, pseudolagg ou anneau aquatique qui recueille les eaux de ruissellement des pentes environnantes chargées en sels minéraux.
Sur ce substrat vaseux, noirâtre, toujours humide et par ailleurs nettement minérotrophe, plusieurs faciès ont été identifiés. Sans entrer dans ces détails, affaires de spécialistes,
nous avons notés, outre Potentilla palustris, Menyanthes
trifoliata et Equisetum fluviatile : Carex rostrata, C. vesicaria, Lemna minor, Sparganium erectum subsp. neglectum,
Angelica sylvestris, Cirsium palustre, Mentha arvensis, Scutellaria galericulata, Epilobium palustre, Galium palustre.
Comme la Lentille d’eau la présence de Marchantia polymorpha (Hépatique à thalle) atteste de la minéralisation de
cette partie du marais.
Sur le secteur Est, dont l’accès est particulièrement dangereux, se trouve un faciès qui abrite une belle population de
Grande douve, Ranunculus lingua, l’une des deux stations
auvergnates de ce taxon (l’autre étant sur un autre marais du
Devès) qui figure sur la liste des espèces protégées, par ailBulletin de la SBV
Le haut-marais ombrotrophe occupe le centre du marais sur
environ 21 ha, il se caractérise par la présence de buttes peu
humides, parfois asséchées, de type oligotrophe,…
Dans cette tourbière flottante du maar de Limagne, le centre du
marais est occupé par un tapis de sphaignes, d’épaisseur irrégulière,
avec des buttes visibles çà et là. Véritable mosaïque de groupements végétaux, qui évoluent en fonction du degré d’humidité, qui
varie de la base de la butte à son sommet, on est ici sur la partie où
la tourbière n’est alimentée que par l’eau de pluie ou météorique,
c’est la partie active de la tourbière.
Le fond de la végétation des buttes est constitué de plusieurs espèces de Sphagnum (Spagnum centrale est omniprésent) ainsi que
d’autres Bryophytes, les Spermaphytes qui y trouvent place sont
très spécialisés et adaptés à ce milieu, ce sont des espèces acidiphiles et oligotrophes, capables pour certaines de compenser les déficits du substrat. C’est ainsi que Drosera rotundifolia, plante de 10 à
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n°17 - mai 2007
20 cm de hauteur, avec des feuilles rondes de couleur rouge,
étalées en rosettes, dotées de poils glanduleux avec lesquels
elle capture en les engluant des petits insectes de passage,
digérés à l'aide d'enzymes, pallie au manque de composés
azotés du sol. Outre la Rossolis à feuilles rondes ont été notés sur les buttes : Carex limosa, C. nigra, Eriophorum vaginatum, Molinia caerulea, Potentilla erecta, Calluna vulgaris
et Vaccinium myrtillus ainsi que certains ligneux comme
Pinus sylvestris et Betula pendula, apparus depuis le milieu
du XX siècle, sans pour autant correspondre au stade de fin
de vie de la tourbière, dont des études récentes indiquent au
contraire qu’il s’agit d’un haut-marais encore jeune.
…il est parcouru par un réseau de dépressions, gouilles
remplies d’une eau stagnante et très acide
Maryse Tort souligne que « Les textes de la Directive Habitats (2004) ont contribué à une clarification du statut des
cuvettes et chenaux aquatiques ou humides qui parsèment le
haut-marais et ont beaucoup aidé à leur interprétation. Certaines dépressions, les plus profondes, sont occupées par des
îlots de bas-marais frangés ou non de la végétation des marais de transition : on les observe dans presque toutes les
tourbières hautes. Par contre, (pour la Haute-Loire s’entend)
c’est dans le seul marais de Limagne qu’à été observée jusqu’ici la végétation du Rynchosporion albae typique des
gouilles (Tort & al., 1986,1988) ».
Ont été observé à ce niveau : Lycopodiella inundata espèce
pionnière des zones tourbeuses et dénudées, longuement
inondées, c’est la seule station de Haute-Loire, la famille des
lycopodes est très ancienne puisque ce type de plantes est
apparu à l'ère primaire (Dévonien, soit environ 400 millions
d'années). Les quelques espèces qui subsistent actuellement
sont donc des témoins très intéressants de l'évolution biologique des végétaux, Carex limosa, C. rostrata, Scheuchzeria
palustris, Juncaginacée des tourbières, espèce protégée,
Utricularia minor, plante carnivore dont l’appareil végétatif
immergé est doté de petites outres qui s’ouvrent vers l’intérieur, constituant des pièges qui vont lui permettre de capturer des petits crustacés et des insectes, Menyanthes trifoliata.
Maryse Tort précise que Drosera longifolia, notée en 1988
(seule station d’Auvergne connue), n'a pas été revue depuis
1996; cette espèce n’a pas été retrouvée.
Souhaitons que cette tourbière, qui abrite neuf espèces protégées et presque tous les représentants des espèces rares et
typiques des tourbières acides, longtemps utilisée par l’homme qui allait y pêcher la sangsue ou y tirer le canard, puisse
être préservée et se maintenir dans ce site remarquable.
… sur le mont Briançon,
dans une hêtraie thermophile
Sur la commune de Saint-Arcons d’Allier, d’une altitude
allant de 770 à 1040 mètres à son sommet, le mont Briançon
est un ancien volcan à la forme massive, situé à l’extrémité
Nord-Ouest du massif du Devès, avant que celui-ci ne s’abaisse vers la Petite Limagne de Brioude. Aujourd’hui ce
massif abrite une hêtraie, d’installation récente, puisque les
archives de l’ONF que cite Maryse Tort nous apprennent
qu’il y a à peine plus d’un siècle ces sectionnaux étaient
occupés par une pinède utilisée pour la production de bois
de chauffage.
Le contraste est marqué entre les flancs Sud et Nord-Est : au
Sud on note des pelouses xérothermophiles, encore pâturées
Bulletin de la SBV
d’une manière extensive sur lesquelles sont présentes la Carline à
feuilles d’acanthe et le Liseron de Biscaye, en cours de fermeture
du fait de l’installation d’une friche avec des fourrés d’épineux et
des bosquets de Chêne pubescent vers le sommet, c’est au Nord et
à l’Est que la hêtraie occupe une place importante.
Avant d’être couvert par la forêt le mont Briançon, terre sans grande valeur agricole, constituait un pâturage ovin, c’est l’abandon
progressif du pastoralisme qui a permis à la fruticée et ensuite à la
pinède de s’installer. L’emploi de cette forêt pour le bois de chauffage a favorisé l’installation du hêtre au détriment du pin, systématiquement éliminé, accélérant ainsi une évolution naturelle qui se
poursuit actuellement au bénéfice des sapins qui occupent les espaces disponibles. Comme le précise Maryse Tort, les graines du sapin ne germent qu’à l’ombre protectrice d’arbres déjà installés,
tandis que les akènes du hêtre souffrent des substances inhibitrices
des sapins adultes.
Du Cephalanthero Pinion, caractérisé par Cephalenthera rubra,
venue avec le Pin sylvestre, on est passé à une hêtraie du Cephalanthero fagion avec l’arrivée de la Cephalenthère à longues feuilles et de la Cephalenthère de Damas, espèces en train de se raréfier,
indiquant que la forêt évolue vers une hêtraie à aspérule de type Eu
-Fagion sylvaticae.
A l’intérieur de la hêtraie (Altitude 900 à 1040 mètres)
Outre le Hêtre et le Sapin pectiné sont présents quelques fougères,
Dryopteris filix-mas et Gymnocarpium dryopteris, les trois céphalentères, Cephalanthera rubra, C. damasonium et C. longifolia
ainsi que deux autres orchidées fréquentes en hêtraies Neottia nidus
-avis et Epipactis helleborine. Parmi les espèces indicatrices de
milieu il convient de mentionner Luzula nivea, l’Aspérule odorante,
Galium odoratum, Oxalis acetosella, Scilla bifolia, Cardamine
heptaphylla, C. impatiens, Lathyrus vernus, Lamium galeobdolon.
On peut noter également Polygonatum multiflorum, Poa nemoralis,
Sanicula europaea, Phyteuma spicatum, Stellaria nemorum, Mercurialis perennis, Anemone nemorosa et Daphne mezereum.
Sur les lisières de la partie inférieure de la hêtraie se retrouvent
des espèces qui réclament plus de lumière.
Des arbres comme Quercus robur, Sorbus aria ou Salix caprea
ainsi que d’autres ligneux, Rhamnus cathartica, Viburnum lantana,
les sureaux, le Sureau noir et le Sureau à grappe (par ailleurs le
Hièble est également présent), Ribes alpinum, ainsi que le Genêt à
balais, Cytisus scoparius.
Egalement sont notées Dactylis glomerata, Festuca heterophylla,
Poa nemoralis, Chaerophyllum temulum, Heracleum sphondylium
subsp. sphondylium, Arctium lappa, Campanula patula, C. trachelium, Euphorbia amygdaloides, E dulcis, Astragalus glycyphyllos,
Lathyrus linifolius subsp. montanus, L. pratensis. subsp. pratensis,
L. sylvestris, Trifolium alpestre, Geranium nodosum, G. pyrenaicum, Hypericum hirsutum, Melittis melissophyllum, Malva moschata, Epilobium angustifolium, Ranunculus tuberosus, Digitalis grandiflora, D. lutea, Scrophularia nodosa, Valeriana officinalis.
subsp. repens.
La hêtraie du mont Briançon, de caractère plutôt continental, évolue sur un sol d’origine volcanique, plutôt neutrocline à calcicole,
elle est le résultat d’une dynamique progressive naturelle favorisée
par l’intervention humaine. Si la densification du couvert entraîne
un appauvrissement de la flore forestière il faut souligner la richesse floristiques des lisières.
(Nombre d’éléments rapportés ici sont tirés du CR de Maryse Tort
et Bernard Belin repris dans « La flore de quelques hêtraies du
Massif-Central » in Digitalis n°5 année 2006. Cet article présente
rapidement une typologie des hêtraies du Massif-Central).
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n°17 - mai 2007
Les hauts plateaux de la Margeride
et les tourbières relictuelles glaciaires
Région naturelle, la
Margeride appartenait à l’ancienne province du Gévaudan,
devenue Lozère lors
du découpage en département (le projet
initial prévoyait qu’il
devait
s’appeler
« département
des
sources »). Une partie
de la Margeride, en
gros l’actuel canton
de Saugues, a été
rattaché à la HauteLoire tandis que le
NE, au delà du Mont
Mouchet, l’était à
celui du Cantal.
Située au cœur du Massif Central, cette « Montagne » longue de près de 80 kilomètres, « un des plus vieux murs de la
France » s’étend de la vallée de l’Alagnon à celle du Lot,
entre les plis où coulent la Truyère à l’ouest et l’Allier à
l’est, séparant les eaux de la Garonne de celle de la Loire.
Montagne très ancienne, elle constitue l’un des plus vastes
massif granitique d’Europe (granite porphyroïde à biotite et
roches métamorphiques cristallophylliennes). Sans atteindre
l’altitude des sommets volcaniques auvergnats elle culmine
à 1552 mètres au Truc de Fortunio (où se trouve aujourd’hui
une tour relais) et à 1551 mètres au signal de Randon voisin.
En comparaison avec la hauteur relativement modeste de ces
sommets, l’altitude moyenne de la région et celle des cols
est élevée.
siècle, notamment de l’élevage des ovins et des grands troupeaux
transhumants ; certains secteurs où l’altitude est supérieures à 1450
mètres se situent dans le subalpin (landes à Callune et Myrtille). Le
document d’objectifs NATURA 2000 « Montagne le la Margeride » d’où sont tirés partie de ces éléments indique également que
certaines formations végétales peuvent être indépendantes des découpages bioclimatiques : landes sèches des lithosols, végétation
rabougries des crêtes ventées et surtout formations hygrophiles et
tourbières qui se sont largement développés profitant à la fois des
fonds plats et des pentes longitudinales faibles, de ruisseaux coulant en surface et peu drainant et d’une arène sableuse qui, gorgée
d’eau, se charge d’argiles. Dans la plupart d’entre elles, c’est depuis le dernier âge glaciaire que la tourbe s’y accumule (0,2 à 1 mm
par an) grâce à une température moyenne froide, aux précipitations
et au substrat acide qui favorise sa formation. Ce sont des eaux
froides et acides qui sont à l’origine de ces tourbières soligènes et
oligotrophes qu’en Margeride on rencontre fréquemment aux étages montagnard supérieur et subalpin, où les mousses occupent une
place importante.
Notre herborisation sur la Margeride se fera en Haute-Loire sur la
commune de Chanaleilles, au SE du Truc de la Garde qui de ses
1486 mètres domine d’une cinquantaine de mètres les sources de la
Seuge et celles du Pontajou, ces dernières sur la commune de Grézes. Sur ce territoire, ainsi que sur celui de la commune lozérienne
voisine de Lajo, se trouvent des tourbières remarquables à Bouleau
nain et Saule des lapons. Mais c’est plus bas, vers 1324 mètres, sur
les bords de la Seuge, que nous débuterons notre journée.
Située sur la Via Podiensis empruntée par les pèlerins de SaintJacques de Compostelle venant du Puy, Chanaleilles, vieux village
de granit à 1100 mètres d’altitude, était un prieuré bénédiction dépendant de l'abbaye de Saint-Chaffre. L'église romane (12ème siècle) construite en granit est intéressante par la présence d’un clocher peigne, ajouré de quatre arcades surmontées de deux autres,
d'adjonction plus tardive(15ème).
Tout en étant à un carrefour climatique cette altitude confère
à la Margeride un climat rude de type montagnard, la période hivernale est longue et rigoureuse, les précipitations dont
une part importante se manifeste sous forme d’orage ou de
neige sont importantes mais leur répartition dans l’année
n’empêche pas des risques importants de sécheresse estivale
(si les étés sont courts, ils sont chauds et secs). De plus les
vents sont fréquents.
Géomorphologiquement, relief ondulé d’une série de croupes, la Margeride se « présente comme une structure alvéolaire : succession de buttes convexes aux sommets très arrondis, de replats sur les versants de ces buttes et de dépressions très largement creusées. Ces alvéoles sont le produit
d’une altération différentielle du granite au cours du tertiaire
et du quaternaire par des phénomènes périglaciaires. »
Compte tenu du sol acide et des conditions climatiques et
altitudinales la végétation de la Margeride, pour la partie
supérieure à 1050 mètres, appartient essentiellement aux
étages montagnard moyen (Hêtraie sapinière acidiphile) et
supérieur (Hêtraie d’altitude acidiphile), toutefois le Pin
sylvestre qui jouit d’une grande amplitude écologique peut
être aussi très présent, s’installant notamment sur les terres
abandonnées par l’activité agricole, depuis le milieu du XIX
Bulletin de la SBV
Depuis la place de l’église nous empruntons, sur trois kilomètres
environ, une piste jusqu’à la cote 1324 où celle-ci recoupe la Seuge
qui, au centre d’une vaste cuvette fait là une boucle de plusieurs
centaines de mètres de rayon, avant de repartir vers le nord, constituant un magnifique marais qui remonte en amont dans le fonds de
la prairie. Ce secteur est connu sous le nom de tourbière du bois du
Chardonnet et couvre environ 5 ha entre des altitudes de 13201330 mètres.
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n°17 - mai 2007
Autour de la tourbière du Chardonnet
Nous ne pénétrerons pas le bas-marais qui occupe une partie
de la boucle de la Seuge, sur une surface d’environ 5 ha, où
des peuplements de Carex constituent des magnocariçaies et
des parvocariçaies. Dans la partie non pâturée s’élèvent de
hautes buttes à sphaignes hébergeant Drosera rotundifolia et
Vaccinium oxycoccos, elles sont surmontées par Eriophorum
vaginatum et des Ericacées dont Vaccinium vitis-idaea. Importante station de Betula nana.
A cet endroit la Seuge n’est qu’à deux kilomètres de ses
sources, la pente est très faible,. Les ruptures de pente entraînent la formation de marais tourbeux qui s’étalent sur les
replats. L’ensemble prend un aspect dendroïde (en forme
d’arbre). La végétation est en relation étroite avec le niveau
hydrique des ruisselets, très variable à quelques décimètres
près, aussi contrairement au marais de Limagne, on n’a pas
ici le schéma classique de ceintures végétales se succédant
en fonction des caractéristiques du substrat mais une organisation en mosaïque des associations rendant leur détermination difficile de prime abord sans l’utilisation des méthodes
phytosociologiques.
Nous nous attarderons sur le secteur en partie drainé, en
amont de la boucle de la Seuge, pour étudier la parvocariçaie (peuplement à petites laîches), présente en mosaïque
avec d’autres habitats. Les eaux froides de la Seuge coulent
entre, de part et d’autre, un ourlet plus ou moins large,
qu’infiltre l’eau de la rivière, bandes sur laquelle les Bryophytes occupent une place importante. Sur ce tapis de mousses prospèrent plusieurs espèces de Carex appartenant à l’alliance du Caricion fuscae dont Carex nigra, C. echinata, C.
pilulifera, accompagnés de Eriophorum angustifolium, Juncus acutiflorus (espèce absente du Deves), Festuca rubra,
Molinia caerulea, Epikeros pyrenaeus, Scorzonera humilis,
Epilobium palustre, Ranunculus flammula, Veronica scutellata, Viola palustris, etc.
Les berges des ruisselets aux abords de la Seuge abritent
des espèces appartenant à l’alliance du CardaminoMontion, association des eaux froides et acides où ont été
notées Cardamine pratensis, Montia fontana, Carex nigra,
Juncus bulbosus, Festuca rivularis, F. rubra, Glyceria fluitans, Myosotis scorpioides, Lotus pedunculatus, Myriophyllum spicatum, Epilobium palustre, Caltha palustris, Galium
palustre, etc.
Les prairies en continuité avec le bas-marais au nord de
la piste appartiennent aux groupements à Carvi verticillé
et Jonc acutiflore ou de Nardaies avec çà et là des touradons à Canche cespiteuse. Ont été relevées Carex ovalis,
C. pilulifera, Juncus acutiflorus, Juncus squarrosus, Luzula
multiflora subsp. congesta, Dactylorhiza maculata, Agrostis
canina, Anthoxanthum odoratum, Briza media, Festuca rubra, Holcus lanatus, Molinia caerulea, Nardus stricta, Carum verticillatum (espèce absente du Deves), Epikeros pyrenaeus, Scorzonera humilis, Succisa pratensis, Calluna vulgaris, Lotus pedunculatus, Ranunculus flammula, Potentilla
erecta, P. palustris, Galium uliginosum, etc.
Dans les secteurs où l'assèchement, naturel ou suite au
drainage, est le plus prononcé vont apparaître les landes
à Ericacées, stade qui précède celui de la forêt (Altitude
1330 à 1350 mètres) avec notamment Calluna vulgaris,
Vaccinium myrtillus, V. vitis-idaea, Genista anglica, LycoBulletin de la SBV
podium clavatum, Deschampsia flexuosa, Nardus stricta, Epikeros
pyrenaeus, Potentilla erecta, Galium saxatile, Veronica officinalis,
Viola lutea, etc..
Sous le Truc de la Garde
Après le déjeuner nous nous dirigeons vers la Tourbière à Sphaignes des sources de la Seuge, au SE du Truc de la Garde
(Altitude 1392 à 1400 mètres) où sont notées Betula nana, taxon
maintenant bien connu des sociétaires de la SBV car déjà rencontré
dans le Jura en France et en Suisse (en Margeride le Bouleau nain
est une relictuelle vraie, des études de pollens assurent sa présence
continue depuis le tardiglaciaire), Salix lapponum, S. repens, Calluna vulgaris, Vaccinium myrtillus, V. vitis-idaea, V. oxycoccos, Carex pauciflora, espèce discrète car les fruits tombent rapidement,
elle croît sur les parties les plus jeunes des tourbières en voie de
bombement, Eriophorum vaginatum et Drosera rotundifolia. Il
convient de préciser qu’il ne s’agit pas ici de tourbières bombées,
dans le secteur seule une petite tourbière de ce type, de quelques
dizaines de m2, est présente dans une clairière de pinède, le Bois du
Prieur (1300 mètres), au dessus de Chanaleilles.
Autour, plusieurs bois et fourrés de saules sur sol tourbeux
(Altitude 1340 à 1395 mètres) avec notamment Pinus sylvestris,
Betula pendula, B. pubescens, B. X fennica (B. nana X B pendula),
Sorbus aucuparia, Salix aurita, S. cinerea, S. pentandra. Les saules
à port buissonnants, ramifiés depuis la base, installés en peuplements denses signalent des marais localement perturbés.
A l'est de la piste à hauteur de la cote 1392 la Seuge franchit une
rupture de pente au travers de rochers. Il y a là une mosaïque de
milieux dans un secteur où le bétail est peu présent : bord de l'eau,
rochers, pelouses de diverses nature, ourlet en bordure de la forêt,
etc… où l'on a rencontré nombre d’ espèces, certaines non vues lors
de l'exploration de la tourbière et des milieux qui lui sont associé :
Dryopteris expansa, Poa chaixii, Meum athamanticum, Achillea
millefolium, Leontodon pyrenaicus, Campanula lanceolata (= recta), Jasione laevis (=J. perennis), Dianthus sylvaticus (endémique
du massif-Central), Genista sagittalis, Lathyrus linifolius subsp.
montanus, Epilobium tetragonum, Rumex acetosa, Anemone nemorosa, Ranunculus tuberosus, Sanguisorba officinalis, Salix caprea,
Thesium alpinum, Viola lutea subsp. lutea, etc.
C’est ici que se termine notre périple, sur les hauts plateaux du Gévaudan où, à quelques centaines de mètres de là à l’Est, toujours
sur les bords de la Seuge, à la Coustasseire du Villeret, que le 12
Janvier 1765, cinq garçons et deux filles de 9 à 12 ans, tous armés
d'un bâton avec une lame de couteau fixée au bout, gardaient les
troupeaux et durent faire face à la « Bête ». Dirigée par le plus vaillant, Jacques André Portefaix, 12 ans, la petite troupe, non sans mal
pour le benjamin et après un combat risqué, arrive à faire lâcher
prise au loup qui s’était emparé de l’enfant, et à le faire fuir. Pour
son acte André Portefaix reçut du roi 300 livres ; il fit des études
payées par l'Etat et devint officier d'artillerie. Les autres enfants se
partagèrent 300 livres.
Nous remercions Maryse Tort, Robert Portal, Bernard Belin et toutes les personnes de l’association altiligérienne botanique Digitalis
pour leur aide, leurs conseils et toutes les informations qui nous ont
été transmises lors de leur accompagnement sur le terrain. Des renseignements complémentaires sur les tourbières de la Haute-Loire
peuvent être trouvées dans « Tourbières et marais en HauteLoire » (Maryse Tort), in Cahiers de la Haute-Loire (année 2005)
Archives Départementales, le Puy-en-Velay, dont nombre d’éléments du présent article sont issus.
Jean-Claude BOUZAT
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n°17 - mai 2007
Botanique Générale
ESSAI DE STRUCTURATION DU CONTENU DISCIPLINAIRE DE LA BOTANIQUE
René DELPECH
Note liminaire : La botanique peut être envisagée dans un sens large qui inclut la biologie végétale (aujourd’hui compartiment des
« Sciences de la Vie ») ou dans un sens restrictif correspondant à celui en usage du 16è au 19è siècle (Césalpin, Tournefort, Linné)
qui s’applique uniquement à la description et à la classification des végétaux (cf. L. Plantefol, article « Botanique », Encyclopaedia
Universalis 1975).
A) Sens restrictif
Il comprend :
des disciplines à caractère général :
Morphologie végétale (incl. teratologie végétale)
Histologie et anatomie végétales (incl. ultrastructures, phytodermologie)
Systématique végétale (classique, cladistique, synthétique)
Nomenclature
2) des disciplines spécialisées
Palynologie et Sporologie
* Phénologie
Dendrologie (incl. Dendrochronologie)
* Floristique
Xylologie
* Chorologie
Carpologie
* Phytogéographie
Séminologie
* Phytosociologie
Phytopathologie descriptive
(incl. phytosociologie
Anthracologie (incl. pédo-anthracologie)
expérimentale
Paléobotanique
* Cartographie géobotanique
Ethnobotanique, Phytohistoire
Herbiers et collections végétales
On peut aussi envisager l’étude des grands groupes végétaux :
Phanérogamie
Cryptogamie (Pteridologie, Bryologie, Phycologie)
Enfin, on adopte parfois des limites géographiques à la botanique (Botanique tropicale par ex.)
B) Sens large (dont certains biologistes récusent aujourd’hui le rattachement à la botanique)
1) disciplines à caractère général
Morphogénèse, organogénèse, ontogénèse végétales
Cytologie végétale
Caryologie
Physiologie végétale
Energétique végétale
Phytochimie et histochimie végétale
Phytogénétique (incl. Cytogénétique, Phylogénie, Phytogénomique)
Biosystématique
Taxinomie expérimentale, taxigénétique, taxinomie numérique
Chimiotaxinomie végétale
Ecophysiologie végétale
Biologie des populations végétales
* Autoécologie végétale
2) disciplines spécialisées
Hydrobiologie végétale
Cryobiologie végétale
Physiopathologie végétale
Biologie florale
* Synécologie végétale
* Phytoclimatologie
* Phytoédaphologie
* Biologie de la dissémination
* disciplines parfois regroupées sous le nom de Géobotanique
Selon le niveau d’organisation auquel elles s’appliquent, ces disciplines peuvent concerner principalement ou exclusivement :
le niveau de l’individu organisme
un niveau inférieur (organe, tissu, cellule, organite, génome, gène, molécule)
un niveau supérieur (population, communauté, formation végétale)
Parallèlement aux niveaux d’organisation – et à ne pas confondre – interviennent (surtout pour les disciplines dites « de terrain ») les
échelles de perception et d’étude, dans l’espace et dans le temps, des faits et phénomènes se rapportant au « tapis végétal » et à ses
constituants :
- dans l’espace : échelles des peuplements, des formations, des paysages, des biomes ;
- dans le temps: échelles du nycthémère, saisonnière, annuelle, pluriannuelle, décennale, séculaire, millénaire, historique,
géologique.
Bulletin de la SBV
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n°17 - mai 2007
C) A côté de ces disciplines plus ou moins spécialisées, il convient aussi de faire une place à des préoccupations à caractère plus
général, voire philosophique, telles que la terminologie, l’épistémologie, l’histoire de la botanique ainsi que les bases de données.
Domaines d’application de la botanique
Ils sont nombreux et variés et font intervenir des disciplines diverses. La liste ci-après n’est pas limitative.
- Agriculture, arboriculture fruitière, viticulture (amélioration des plantes, contrôle des semences et plants, malherbologie,
pomologie, ampélographie, …)
- Horticulture (incl. arboriculture d’ornement, floriculture, gazons, jardins botaniques, …)
- Sylviculture et Foresterie
- Paysagisme
- Aquaculture
- Apiculture (incl. melissopalynologie)
- Pastoralisme (agrostologie, bromatologie, coprologie des herbivores)
- Pharmacie (pharmacognosie, toxicologie végétale, herboristerie)
- Industrie (industries agricoles et alimentaires, parfums et cosmétiques, teintures végétales)
- Répression des fraudes (produits végétaux)
- Bioindicateurs végétaux (des carences, déséquilibres ou pollutions de l’air, des eaux et des sols)
- Protection de la Nature, conservation et restauration de la biodiversité
Remarque finale : On peut donc dire que la botanique est devenue aujourd’hui une « science multidisciplinaire ». Bien entendu
cette constatation ne s’oppose pas à l’existence, pour des finalités déterminées, de relations interdisciplinaires entre deux ou plusieurs « compartiments » de la botanique (par exemple : Morphologie et Systématique, Biosystématique et Phytosociologie, …) ou
entre une (ou plusieurs) discipline(s) botanique(s) et une (ou plusieurs) discipline(s) non botanique(s) (ex. Chorologie et Paléogéographie, Phytosociologie et Pédologie, Physiologie végétale et Biophysique, etc.).
NB en italique : disciplines propres à la botanique
( Cet article a été mis en ligne par Tela Botanica et l’encyclopédie Wikipédia )
_________________________________________________________________
Ces dernières année les sorties de la SBV nous ont conduit, en
diverses régions de France ou de Suisse, sur des sites d’habitats
humides et notamment ceux que l’on qualifie de « tourbières ». Il
s’agit là de milieux que nous ne rencontrons pas dans notre région
méditerranéenne et qui nous sont un peu étrangers. La littérature
sur les tourbières est souvent complexe, affaire de spécialistes, les
systèmes de classification et les appellations sont multiples, variables selon les zones biogéographiques. Aussi j’ai souhaité faire une
note permettant d’aller un peu plus loin dans mes connaissances,
elle n’apportera rien aux spécialistes ni à ceux qui ont connaissance
des publications citées en bibliographie, dont elle s’inspire très
largement.
Une tourbière c’est d’abord la longue histoire (plusieurs
siècles et même millénaires) d’une rencontre spécialisée
entre de l’eau, un sol imperméable et des végétaux ; lorsque
les conditions climatiques le permettent et que le topographie l’y autorise, l’eau provenant des précipitations ou du
ruissellement va stagner, c’est une eau pauvre en oxygène,
Bulletin de la SBV
qui ne permet pas la dégradation rapide et complète de la matière
organique et des résidus de végétaux qui croissent dans cet environnement humide (Bryophytes et Spermaphytes), le résultat de cette
dégradation dans des conditions anaérobie (absence d’oxygène),
c’est la tourbe. Plus scientifiquement « les tourbières sont des écosystèmes formés de végétaux dont la croissance, dans certaines
conditions climatiques, parfois topographiques, engendre l’accumulation d’importante quantité de matière végétale. Celles-ci, après
une transformation modérée biochimique et mécanique
(décomposition très lente et très incomplète), forment une roche
combustible renfermant jusqu’à 50% de carbone : la tourbe. »
L’élément essentiel pour qu’une tourbière apparaisse et se développe, c’est l’eau, sans laquelle elle meurt. Outre la nécessité d’un sol
toujours imbibé d’eau pour garantir une humidité permanente, donc
climat à pluviosité forte et régulière, il faut que le bilan hydrique
(différence entre les apports et les pertes) soit équilibré ou positif.
Les arrivées de l’eau dans la tourbière sont multiples, et comme
nous le verrons ci-après, elles peuvent être retenues pour faire une
typologie des tourbières : apport direct part les précipitations atmosphériques, par les sources, par ruissellement, par la circulation
dans le sol, par transfert latéral phréatique, par les rivières et ruisseaux, par les crues ; les pertes en eau résultent de l’évapotranspiration (il est donc important que la t° soit relativement basse, même
en été), d’infiltration, d’un émissaire, par transfert latéral phréatique.
Ces conditions climatiques induisent que la répartition géographique des tourbières est limitée au nord par la faiblesse des précipitations et au sud par un taux élevé d'évaporation. La plupart des régions tempérées et boréales de l'hémisphère Nord offrent des
conditions favorables au développement des tourbières. Les hivers
y sont froids et humides, ce qui compense l'évaporation qui se produit l'été.
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n°17 - mai 2007
L’eau et la température, cette dernière dans ses incidences
quant au devenir de cette eau et du climat local, sont les facteurs nécessaires mais pas suffisants pour l’installation des
tourbières, les autres éléments importants tiennent à la topographie des terrains, et aux caractéristiques physiques et
chimiques des sols et des roches en place (une roche mère
acide (granite) est néanmoins un facteur d’accélération de
l’évolution en tourbières à sphaignes). Il faut souligner
qu’au fur et à mesure de sa constitution la tourbière va édifier son propre « sol » en accumulant la biomasse morte des
végétaux qui y vivent (c’est ainsi que dans des secteurs plutôt secs et dominés par le calcaire, comme dans le Jura, les
tourbières vont constituer des « oasis organiques, acides et
relativement humides »).
Les tourbières peuvent être classées
à partir de différents critères :
- le type d’alimentation hydrique (d’où provient l’eau qui
alimente la tourbière ?) : on parlera de tourbière ombrotrophique (bogs en anglais) si son alimentation est uniquement
assurée par des eaux météorites (pluies, neige, brouillard) et
de tourbière minérotropique (fens en anglais) lorsque la
tourbière est alimentées en eau à la fois par les précipitations
et par les eaux de ruissellement de surface ou souterraines
(ces eaux entrent en contact avec les éléments minéraux du
sol et s’enrichissent en éléments nutritifs) ;
- en fonction du gradient climatique (dont l’incidence aura
une influence sur le niveau hydrique) : on parlera de type
boréal, alpin, atlantique, etc. ;
- le chimisme de l’eau et de la tourbe mesuré par le niveau
trophique (eutrophe si le milieu est riche en éléments nutritifs, mésotrophe s’il est moyennement riche et oligotrophe
s’il est très pauvre), l’acidité mesurée par le pH (on parlera
de tourbière très acide si ce pH est >3, très basique si <8, ou
neutre vers 5,5, de nombreux types de végétation changent
autour de cette valeur ainsi que les formes d’humus) et la
richesse en calcaire actif ;
- le gradient hydrique et les stades de la dynamique progressive (quel est le stade atteint par la tourbière, voir ciaprès) en précisant toutefois qu’une zone humide donnée
forme un complexe écologique où, compte tenu de la topographie et des stades successifs d’évolution de certains secteurs dans le temps, on trouve toute une gradation de milieux tourbeux.
La classification actuellement retenue par la plupart des
scientifiques est basée sur l’origine et le fonctionnement
hydrologique
sécheresse épisodique. Ces tourbières peuvent associés aux trois
types de marais précédents.
La dynamique des tourbières
Les tourbières, milieux humides abritant des espèces spécialisées et
adaptées à un habitat saturé en eau et peu oxygéné sont rarement
homogènes et leur surface est une mosaïque fine et complexe de
fosses et de dépressions, de buttes et de touradons, de zones ouvertes ou boisées, en fonction des divers stades d’évolution ou de rajeunissement de leurs composants qui se trouve imbriqués les uns
avec les autres : de la tourbe à nu aux buttes à sphaignes, aux formations à base d’Ericacées, voire aux tourbières boisées.
Une tourbière est un écosystème ayant un dynamisme propre qui
évolue dans le temps et dont l’édification passe par différents stades d’évolution : bas-marais, tourbières de transition et tremblants,
puis premières buttes à sphaignes colonisées par les Ericacées, côtoyant des dépressions parfois remplies d’eau (gouilles). le stade
terminal peut aller jusqu’à un boisement peu dense de Pin ou de
Bouleaux. ce mécanisme est dû aux Sphaignes qui ont la particularité de continuer à croître sur leur partie morte faiblement décomposée. Peu à peu, la matière organique s’accumule et la tourbière
s’élève jusqu’à s’affranchir de la nappe d’eau. Cette évolution se
fait en plusieurs milliers d’années. Voyons d’un peu plus dans le
détail les étapes de cette évolution.
- eaux libres, une topographie en creux, d’origine glaciaire ou volcanique, associée à un sol plus ou moins imperméable, permet de
recueillir les eaux, un climat frais et humide va favoriser leur future
évolution en marais tourbeux. Il se forme des lacs si la dépression
est bien marquée, mais il peut s'agir aussi de fonds plats mal drainés où l'eau stagne. Dans les massifs montagneux, surtout dans le
contexte de la période post-glaciaire, dans ces eaux froides, oligotrophes, il n'y a presque rien qui pousse (des algues diatomées, des
renoncules aquatiques...). Les plus anciennes tourbières de nos régions ont ainsi commencée leur édification après la période glaciaire, il y a environ 12 à 15000 ans.
- bas-marais, c’est un marais inondé durant la plus grande partie
de l’année, premier stade d’installation de la végétation, dans lequel affleure la nappe d’eau. Le bas-marais est acide et plus ou
moins mésotrophe.Des ceintures végétales enserrent les eaux libres,
constituées de plantes non enracinées sur le fond mais fixées aux
rives par de longs rhizomes, comme des Carex, des Ményanthe et
certaines autres espèces, vont former un tapis végétal, groupement
pionnier qui progresse vers le centre, sous la forme de tremblants
ou marais flottants sur l’eau, des Sphaignes s'installent entre les
touradons.
- les marais topogènes lorsqu’ils se développent dans un
creux de la topographie alimenté par des eaux de ruissellements ou de drainage de leur bassin versant ;
- les marais soligènes lorsque l’alimentation en eau combine précipitations et ruissellement, sur des pentes moyennes à
faible, d’eaux froides courantes provenant des sources, suintements et ruisselets ainsi de percolation sous la surface du
sol ;
- les marais limnogènes se constituent sur les eaux d’un lac
ou d’un étang (par atterrissement à partir de radeaux flottants ou tremblants, ou de plantes aquatiques, la végétation
va gagner sur les eaux libres) ;
- les tourbières qui sont uniquement sous l’influence des
précipitations sont dites ombrogènes, ce sont les « vrais »
tourbières à sphaignes ou tourbières bombées, qui vont se
trouver au dessus du niveau de la nappe et connaître une
Bulletin de la SBV
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n°17 - mai 2007
La matière organique issue des plantes mortes (nombreux
Carex et autres plantes vasculaires) se décompose mal et
partiellement dans l'eau froide, elle s'accumule et y forme la
tourbe noire . Peu à peu, le radeau s'épaissit, et la végétation
évolue, les Trèfle d'eau, le Comaret et quelques sousabrisseaux de petite taille tels que la Canneberge et l'Andromède enrichissent ce tapis végétal avec les Droséra, Linaigrette à feuilles étroites et Violette des marais.
- tourbières de pentes, cas particulier d’un bas-marais,
prennent naissance sur une pente ou à sa base et sont alimentées en eau par une circulation de celle-ci dans ou sur le
sol . On y rattache les marais de fond de vallon, toujours en
contact étroit avec les pentes adjacentes. ce sont, sauf exception (comme au Mézenc ou au col de Prat de Bouc dans le
massif du Cantal) des tourbières qui ne couvrent pas de
grandes surfaces d’un seul tenant ;
- marais de transition, stade de passage qui conduit du basmarais, en train de s’affranchir de l’alimentation en eau par
la nappe, à la tourbière, alimentée par les seules eaux météoriques. Peu à peu le radeau s'épaissit, grâce notamment à
certaines sphaignes qui forment des coussinets piégeant l'eau
atmosphérique. On a alors les tremblants ou radeaux flottants de « Haut-marais ». Les sphaignes continuent à coloniser horizontalement et verticalement cet écosystème particulier jusqu'au comblement de la cuvette où se trouve la tourbière. Sous ce tapis végétal vivant, une matière brunâtre ou
jaunâtre, imbibée d'eau est en train de se constituer, c'est de
la tourbe blonde. L'eau remonte par capillarité et le processus de turbification s'accentue.
- haut-marais (encore appelé tourbière bombée ou tourbière à sphaignes), ce type correspond à l’idée qu’on se fait
habituellement des tourbières et qu’on pourrait appeler
« tourbières » au sens strict. Le terme bombé vient du fait
qu’il faut monter par un talus de plusieurs décimètres (voire
mètres) pour accéder au centre de la tourbière. Ces bombements résultent du développement de Sphaignes (et de la
tourbe accumulée lors de leur dégradation) au cours de périodes longues de plusieurs milliers d’années.
A un moment du processus d’évolution, lors de la phase
marais de transition, (qui est un marais de type topogène ou
soligène), l’élévation des buttes à sphaignes est arrivée à un
niveau rendant l’alimentation en eau à partir de la nappe
impossible (l'eau d'origine, celle du lac, est maintenant à
plusieurs mètres en dessous, inutilisée), seules les précipitations, sous forme de pluie ou de neige, assurent alors les
besoins hydriques. L’absence de relation avec la nappe primitive fait qu’à partir de ce moment, les plantes ne peuvent
plus avoir accès à l’eau enrichie en minéraux provenant des
terres avoisinantes et cela enclenche un processus menant à
la formation d’une tourbière ombrogène : la disponibilité des
minéraux diminue significativement, les conditions d’acidité
s’installent et les communautés végétales dominées par les
Sphaignes, seules capables de supporter de telles conditions
oligotrophe, remplacent peu à peu la végétation composée
de Carex. C’est dans le haut-marais que va s’accumuler la
tourbe blonde à partir des sphaignes qui ne subissent que
très peu de modifications lors de leur dégradation
Dans cette partie centrale de la tourbière la surface est souvent irrégulière, constituée de petits dômes de sphaignes,
bombements ou touradons, et de trous d’eau (gouilles). Ces
bombements d’une superficie de quelques mètres carrés
résultent de la croissance exacerbées des Sphaignes, leur
sommet est d’autant plus asséché que les Sphaignes, qui sont
les végétaux les plus typiques et les mieux adaptés, retien-
Bulletin de la SBV
nent dans leurs cellules les eaux de pluie. Sur ces buttes, au milieu
des Bryophytes et de Lichens du genre Cladonia on rencontre la
Molinie bleue, la Linaigrette vaginée et, tout au sommet la Callune
et parfois des Genévrier. Les gouilles, surcreusements humides sont
bordés de Carex, de Linaigrette à feuilles étroites, de Lycopodes,
de Droséra, espèces qualifiées de boréales, très spécialisées et inféodées à ces biotopes.
Ces tourbières sont entourées d’une dépression périphériques qui
rassemble les eaux acides et très pures qui en sont issues, c’est ce
que l’on appelle un lagg.
En l’absence d’intervention humaine ce complexe reste stable tant
que les conditions climatiques, pluviosité forte et régulière et température relativement basse même en été (t° moyen de 2 à 6°C)
permettent un bilan hydrique positif ou au moins équilibré. La présence continuelle de l’eau est à l’origine d’un phénomène de régulation thermique, créant un microclimat : l’évaporation de l’eau
abaisse la température et transforme le climat local en réduisant les
écarts thermique.
Le haut-marais ou tourbière bombée est le modèle vers lequel les
autres types de marais peuvent théoriquement évoluer, si les conditions climatiques le permettent. Le climat idéal pour leur formation
et leur maintien, est un climat à tendance boréal, assez frais, voire
très froid, en hiver et humide toute l’année.
- landes tourbeuses qui occupent la périphérie du haut-marais où
croissent des sous-arbrisseaux (Ericacées…) qui précèdent une
évolution vers la formation d’une lande plus ou moins humide et un
boisement progressif par des conifères…Elles présentent des
convergences avec la catégorie des tourbières bombées en fin d’évolution : pauvreté et acidité du milieu, sécheresse apparente en
été, forte influence des eaux de pluies, importance des sousarbrisseaux de la famille des Ericacées.
L’assèchement du haut-marais
Sauf dans les régions où l’humidité est présente toute l’année, l’assèchement guette la majorité des tourbières par diminution de l’hydromorphie de surface, conséquence d’une modification durable de
la répartition des températures et de précipitations. Nombre de tourbière bombées de nos régions sont fragiles car relictuelles, les
conditions originelles de leur apparition se sont en effet modifiées.
L’intervention humaine (drainage, exploitation de la tourbe mal
conduite) ne fait qu’accroître le phénomène et l’accélérer.
Pour comprendre la dynamique qui peut conduire à l’assèchement
du haut-marais il faut partir de la nature de la tourbe, celle-ci se
définit comme un histosol (sol organique hydromorphe) qui peut
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n°17 - mai 2007
contenir entre 75 et 100% (masse sèche) de matière organique, et entre 80 et 90% d’eau dont la formation est le résultat .d’un long processus, dans lequel on distingue deux niveaux hydrologique : l'acrotelme et le catotelme :
- le catotelme ("catos" : en dessous et "telma" : couche),
couche profonde saturée d’eau, en permanence sous le niveau de la nappe phréatique. Le catotelme est composé
d'une couche de tourbe compactée de plusieurs mètres d’épaisseur, plus ou moins décomposée, qui possède une très
faible conductivité hydraulique, qui n’a plus d’incidence sur
la biologie des végétaux de surface. Dans ces conditions
anaérobies, avec une perméabilité réduite, la faune et la flore
sont quasi absentes ;
- l’acrotelme ("acros" : partie supérieure), horizon supérieur, beaucoup plus récent, représente la partie vivante des
tourbières ombrotrophes. Son épaisseur varie habituellement
entre 30 et 50 cm et dépend en grande partie de l'habitat
(butte ou dépression) et correspond à la zone exploitée par
les racines et radicelles des végétaux ; presque toute l'activité biologique de la tourbière s'y produit et l’essentiel de la
biomasse végétale y est consommé par des organismes aérobies (bactéries et champignons), la production de matière
vivante et la décomposition y sont les plus élevées.
L'acrotelme. c’est surtout la couche où se produisent les
fluctuations de la nappe phréatique, sa limite inférieure correspond au plus bas niveau atteint par cette nappe. Ce sont
les fluctuations du sommet de la nappe, alimenté essentiellement par les précipitations, qui entraînent une alternance de
conditions aérobies et anaérobies. Sa structure très lâche
permet d'emmagasiner et de libérer de grandes quantités
d'eau, régulant les fluctuations de la nappe ; l’eau s’échappe
de l’acrotelme par évaporation directe ou transpiration des
plantes (80% de la perte pendant l’été), par infiltration ou
par ruissellement de surface à partir du bombement.
Si les Sphaignes dépendent de l'eau pour leur croissance et
sont responsables de la formation de l'acrotelme, celui-ci
contribue en retour à maintenir la nappe phréatique près de
la surface et fournit aux Sphaignes les conditions nécessaires
Bulletin de la SBV
à leur croissance. Ce fragile équilibre entre la végétation et l'hydrologie est à la base du fonctionnement des tourbières ombrotrophes. Si pour une raison ou une autre (par exemple sécheresse prolongée) l'acrotelme n’est plus en contact avec la nappe les conséquences seront néfastes pour le milieu et les tourbes peuvent perdre une partie de leurs propriétés, qu’elles ne pourront pas toujours
récupérer par la suite, lorsque les conditions seront redevenues
normales. En effet une fois la chaîne de capillarité coupée on assiste à la rétractation et au tassement de l’histosol (qui accélèrent
l’expulsion de l’eau), la tourbe va durcir en surface et former une
croûte imperméable qui va s’enrichir en sels minéraux. Le processus de minéralisation entraîne la disparition des espèces caractéristiques et attire des plantes nouvelles. On passera alors, en fonction
du niveau trophique, à des pelouses à Molinie, à des pelouses rases
à Trichophore cespiteux, à des landes à Ericacées ou à des fourrés
ou bois tourbeux. Comme toujours, sous nos latitudes, l’arbre ou
l’arbuste prendront le dessus…
On ne peut que se réjouir de l’intérêt qui depuis quelques années
est porté sur ces milieux qui constituent un patrimoine naturel et
culturel qui recèlent l’histoire écologique des quinze derniers millénaires, il s’agit là d’un héritage que nous devons nous efforcer à
mieux connaître afin de le protéger efficacement.
Bibliographie : la présente note essaie de synthétiser diverses études sur
les tourbières, elle reprend très largement des données trouvées dans les
ouvrages et sites Internet ci-dessous :
- Le monde des tourbières et des marais (O. Manneville, coordonateur),
chez Delachaux et Niestlé (réed.2006) ;
- Tourbières et marais en Haute-Loire (Maryse Tort), Cahiers de la HauteLoire (année 2005) ;
- Cahiers d’habitats Natura 2000 T 3 Habitats humides, téléchargeables
sur :
http://natura2000.environnement.gouv.fr/habitats/cahiers3.html
- Pôle relais tourbières : http://www.pole-tourbieres.org/
- Visite guidée d’une tourbière : http://www2.ecol.ucl.ac.be/tourbiere/doc/
questce.html
A lire également l’article de J.P.Jacob « Des tourbières topogènes aux
tourbières ombrogènes » paru dans le bulletin SBV n° 11 de janvier 2001.
Jean-Claude BOUZAT
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Plantes à odeurs
Jeanne-Marie vous met au parfum…
Lettre de ma colline à Fonssargoule près de Venasque
A l’heure des vols ultrasoniques, c’est donc à un voyage
autour de ma colline que je vous convie. Au fil de ces modestes lettres transmises à la S.B.V., je vous invite à vous
laisser mener par le bout du nez. Je vous incite à vous poser
un peu et prendre le temps de regarder, observer, sentir ce
qui vous entoure.
Pourquoi commencer par les plantes à odeurs plutôt que par
ce que l’on voit me direz-vous ? Tout simplement parce que
lorsqu’on mémorise une odeur, on n’oublie plus jamais ce
qui s’y rattache. Les odeurs passent par une partie de notre
cerveau qui fait appel à notre subconscient. Elles ont ainsi le
pouvoir de déclencher des comportements dont nous n’avons pas forcément conscience. Ce n’est pas par hasard si
des neurologues les utilisent dans des centres réservés aux
graves accidentés afin de déclencher des réactions, si infimes soient-elles. Les odeurs ont donné naissance à une nouvelle façon de soigner : l’olfactothérapie qui permet aussi de
soigner les phénomènes d’accoutumance au tabac ou autres.
Notre société mercantile a même créé une nouvelle discipline : le marketing olfactif. Nous sommes déjà manipulés par
les odeurs à notre insu. Le problème est qu’aucune législation ne régit encore cette pratique. Parfois peut se poser un
problème de publicité mensongère. Par exemple, imaginons
des odeurs de fraises diffusées en grande surface près de
fraises vertes hors saison, ayant beaucoup voyagé, à la
consistance de betteraves et vous laissant croire qu’elles
exhalent un parfum de fraises mûres à point. Mais non, ce
n’est que de la fiction, bien sûr ils n’oseront jamais faire
ça…
Une chance pour nous : toute l’année la garrigue nous offre
des parfums à humer.
A la fin de l’hiver, nous pouvons commencer à accoutumer
notre nez par une orchidée la barlia, Himantoglossum robertianum (Loisel.). Une odeur suave d’iris émane de cette précoce. Elle émet tout d’abord une rosette de feuilles dès que
les jours décroissent en octobre. Son inflorescence apparaît
ensuite lorsque les jours commencent à rallonger fin février.
Mieux vaut ne pas les cueillir même si elles ne bénéficient
pas du statut privilégié de la plante protégée. Elles furent
déjà suffisamment l’objet de cueillettes durant longtemps en
méditerranée en raison d’une réputation sulfureuse. Les bulbes des ophrys en particulier étaient séchés, réduits en poudre, vendus sous le nom de salep. Par analogie on leur avait
attribué des vertus aphrodisiaques. Mais le pillage des orchidées s’est étendu à d’autres genres par ignorance ou confusion. Enfin, amateurs d’arrachage de plantes des collines,
abstenez-vous. En effet, leurs milliers de graines, sans albumen, infiniment petites ne germent qu’en présence d’un
champignon-hôte dans le sol, d’où la générosité de cette
plante en matière de graines. Quoi que vous fassiez, la nature seule décidera d’où et quand poussera cette merveille. Il
faut parfois accepter de ne pas tout maîtriser ! N. Bernard a
découvert que « l’infestation de certaines régions limitées
des plantules a pour conséquence une modification générale
des propriétés physico-chimiques de la sève ». Il est parvenu
à faire germer des graines d’orchidée en rajoutant des quantités de sucre de plus en plus importantes sur un milieu de
Bulletin de la SBV
culture constitué de tubercules broyés. Il a pu ainsi prouver que les
graines palliaient au manque d’albumen en s’associant avec un
champignon.
Toujours à la même période,
même aux heures les plus froides
de l’hiver, le romarin Rosmarinus officinalis L. nous offre un
spectacle incomparable. Ses
fleurs d’un bleu lavé de violet
sont visitées par les quelques
insectes présents, un peu engourdis par le froid. Le miel si réputé
dit « de Narbonne » est en fait un
miel de fleurs de romarin. Les
romains qui avaient pressenti ses
vertus
antioxydantes
l’employaient au quotidien dans leur
cuisine car il participait non seuCoronilla glauca
lement à l’aromatisation des
mets, mais aussi à leur conservation.
L’odeur la plus forte de la garrigue est, à ma connaissance, celle
de la rue Ruta angustifolia
(Pers.). La rue est vivace, de couleur vert-bleu au feuillage très
découpé et à l’odeur inoubliable.
Si vous en frottez un échantillon
entre vos mains, mieux vaut les
laver ensuite rapidement car non
seulement l’odeur reste longtemps mais en plus cette plante
peut provoquer des réactions
Ruta angustifolia
allergiques. Comme son apparence ne l’indique pas du tout, elle
appartient à la famille du citronnier (on comprend mieux pourquoi lorsqu’on observe ses
fleurs). Roselyne m’a un jour fait
remarquer la particularité botanique suivante : ses fleurs ont toutes quatre carpelles sauf celle qui
fleurit en premier et qui se trouve
au centre. Ce dernier en contient
cinq. . Il faut préciser que c’est
un phénomène botanique rare, en
général le nombre de carpelle est
le même. Ruta, comme tout poison qui se respecte, est aussi un
excellent médicament
(homéopathique). Les Romains
en usaient et abusaient dans la
confection des plats servis au
cours des orgies des périodes
décadentes. Elle entre dans la
composition d’une boisson alHimantoglossum robertianum
coolisée italienne, mais tout est
question de dosage certainement.
Au printemps l’air de la colline nous offre de multiples effluves,
toutes aussi agréables les unes que les autres.
Ma préférée est la coronille glauque Coronilla valentina subsp.
glauca. (L.) Batt. Son inflorescence en couronne nous rappelle
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n°17 - mai 2007
qu’elle est bien la reine du printemps. Elle affectionne tout
particulièrement les sous-bois de chêne blanc. Son feuillage
de couleur glauque, est persistant durant l’hiver et se prête
tout à fait à l’art topiaire. Amateurs d’arbustes taillés, n’hésitez pas à la planter ! Les jardineries commencent à nous en
proposer et c’est très bien car étant adaptée à notre climat,
elle ne nécessite que peu d’eau après deux ans de plantation.
Au détour d’un chemin, vous avez peut-être déjà croisé cette
orchidée ébouriffée dont les labelles se vrillent en tirebouchon et lui donnent un air décoiffé. Son odeur n’est pas
forcément agréable comme l’indique son nom populaire
d’orchis bouc. Elle porte en ce moment le nom d’Himantoglossum hircinum (L.). Spreng.
Un jour, alors que j’arpentais la colline, une odeur soufrée
me conduisit directement au rocher du renard (ainsi surnommé par la famille car sous ce grand bloc rocheux de nombreux renards y ont établi leur logis, un véritable immeuble
avec logements les uns au-dessus des autres !!!). Dans la
pierre, un « arbre à balai » Amelanchier ovalis Medik. s’était
installé et parvenait à vivre, fleurir et embaumer toute la
garrigue. Ses fleurs émaillent les monts de Vaucluse de taches blanches. Autrefois, les anciens le rabattaient régulièrement de façon à avoir des repousses bien droites, vigoureuses avec lesquelles ils confectionnaient des balais, d’où son
surnom d’escoubadiero en provençal. Lorsque le printemps
est un peu humide, on peut déguster ses fruits qui ont un
goût délicieux. Mais ne comptez pas satisfaire une grosse
faim car très souvent, en cas de sécheresse, ils ne comprennent que la peau et les graines. Des amélanches furent retrouvées sur de nombreux sites préhistoriques, preuve que
l’Homme les consomme depuis toujours.
J’espère que mes petites histoires ne déclenchent pas chez
vous une irrépressible envie de bailler, auquel cas vous ne
feriez qu’imiter les fleurs de thym dont la plante est parfois
appelée badasse *, du verbe badar qui signifie bailler en
provençal. Toutes les plantes de cette famille comme le romarin, la lavande, la sarriette… ont pour point commun
d’arborer une fleur qui rappelle étrangement une bouche
grande ouverte comme en plein bâillement. Comme vous le
savez certainement l’ex nom de la famille (labiées) provient
d’ailleurs du mot lèvre. Toutes les plantes de la famille ont
aussi en commun la présence d’huile essentielle qui leur
confèrent des odeurs d’autant plus fortes qu’elles sont situées à des emplacements ensoleillés. Saviez-vous que le
thym n’aura pas la même odeur suivant sa situation, exposé
au vent ou en station plutôt abritée ? Si vous êtes originaires
d’une contrée plus au Nord, peut-être aurez-vous déjà remarqué qu’un plant de thym, romarin ou sarriette poussera
sans peine mais n’aura pas la même odeur. En fait, la plante
produit son huile essentielle, non pas pour nous, les humains, mais pour elle-même, afin de pouvoir réguler sa température et éviter de trop transpirer. Mais revenons-en au
thym, une partie de son huile essentielle, le thymol, aurait
été utilisée dans la composition de la pâte à papier des billets
de banque. On peut supposer que la raison en est son pouvoir antifongique et désinfectant. En effet le pire ennemi du
papier est le champignon. Dans les bibliothèques d’ouvrages
anciens, de grandes précautions sont prises afin d’éviter leur
apparition. J’ai trouvé cette information dans le «Guide du
naturaliste dans le midi de la France » par H. Harant et D.
Jarry aux éditions Delachaux et Niestle. Je serais curieuse de
Bulletin de la SBV
savoir si ce procédé fut renouvelé pour nos euros. Notre bailleuse
aux corneilles fut aussi fort appréciée des Romains qui la considéraient comme sacrée : ils purifiaient leurs mains et les autels en les
frottant de thym. Enfin à l’époque des téléphones portables, jeune
homme si votre forfait est terminé, sachez que vous pouvez remplacer un texto de déclaration d’amour par une branche de thym plantée dans la jardinière de votre belle (cette tradition oubliée s’appelait le mai). Solution qui a l’avantage d’être beaucoup plus romantique et moins nuisible à l’orthographe ! mais encore faut-il que la
récipiendaire en connaisse la signification…puissions-nous grâce
aux bulletins de la S.B.V. redonner goût à de telles pratiques !
*la badasso est un terme provençal qui désigne des plantes très
différentes suivant les localités et les personnes ! ça va du Dorychnium pentaphyllum Scop. au Plantago sempervirens Crantz en passant par le Thymus vulgaris L., voir même Lavandula parfois. En
effet, on désigne par le mot baillasièro les lieux arides et pauvres
où poussent toutes ces plantes.
Nota : les noms scientifiques ont été pris dans la flore numérique sur téla botanica.
Jeanne-Marie PASCAL
Jatropha pandurifolia
Une plante du désert pour remplacer
les puits de pétrole… !
(Le Monde- 11-12-02 -2007)
Les pays émergents ont peut-être trouvé la source providentielle de
biocarburant à moindre coût : le Jatropha pandurifolia ( hastata,integerrima ), Euphorbiacée – un arbuste à fleurs rouges qui
prolifère dans les zones semi-arides.
L’arbuste, très résistant, donne annuellement et pendant plus de
trente ans 2 à 3 kg. de fruits dont est tirée une huile facile à transformer en biodisel. Chaque graine contient environ 35% d’huile.
Huit kilos de récolte permettent de produire plus de 2 litres de biocarburant.
L’Inde a lancé un programme sur 10 ans afin de faire passer cette
culture encore artisanale au stade intensif (dans l’Andhra Pradesh ,
au sud-est du pays ). La plante est cultivée sur des terres habituellement délaissées sans risque de grignoter les terres de l’agriculture
nourricière. Mais les biologistes cherchent à améliorer la productivité du Jatropha par la mise au point d’une plante génétiquement
modifiée… d’ici 5 ans !!
Le Jatropha pousse aussi bien en Egypte qu’à Madagascar ou au
Guatemala. L’Indonésie et le Brésil ont également des projets sur
ce végétal.
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n°17 - mai 2007
Chroniques
Cette année, autour du
thème « histoires de plantes, histoire des hommes
« la S.B.V. participait
avec :
Quelques escapades dans les environs nous ont permis de voir une
station d’ Inula bifrons (Mazan) et le site de Mormoiron où se
retrouvent associées Bassia laniflora , Salsola kali et Cycloloma
atriplicifolia.
- une présentation pédagogique sur les plantes
toxiques pour l’homme à
l’aide de tableaux de type
posters et illustrations.
-une exposition de 198
plantes fraîches dont la
signalétique permettait
d’identifier les sujets
considérés comme toxiques ( étiquettes barrées
de rouge )- les commentaires oraux des membres
de la S.B.V. en réponse
aux questionnements
fréquents et intéressés
des visiteurs élargissant
le débat.
-une conférence sur « les plantes toxiques de la flore
vauclusienne « par Huguette André à travers un diaporama explicité (photos et scanners).
Dans le programme de ces journées figuraient des thèmes
récurrents tels que – plantes comestibles et salades sauvages
– le feu et l’homme (qui a fait l’objet d’une conférence pour
la S.B.V. en février 2006 par Benoît Garonne). Pierre
Lieutaghi a disposé d’un temps un peu limité pour évoquer
« de la cueillette à la culture – histoire des plantes fondatrices du jardin européen « .
A propos des plantes toxiques quelques lectures :
-dans le bulletin 13 ( janvier 2003 ) de la S.B.V. l’article de
Michel Hortigue- A propos des plantes toxiques rencontrées en randonnée.
-F. Couplan et E. Styner - Guide des plantes sauvages comestibles et toxiques (dont 80 toxiques ) – Delachaux et
Niestlé.
-Jean Bruneton – Plantes toxiques : végétaux dangereux
pour l’homme et les animaux – Lavoisier.
Mazan 2006
Non prévue au programme 2006 et organisée par Roselyne
Guizard avec l’Association pour la sauvegarde de la santé et
de l’environnement (A.S.S.E.M.) de Mazan, s’est tenue une
exposition de plantes fraîches sous la dénomination
« Fleurs et fruits d’automne », les 14 et 15 octobre 2006.
Belle réussite avec 392 plantes exposées et succès d’affluence dans un lieu adapté et attractif…la Cave coopérative
de Canteperdrix ! Ambiance studieuse et conviviale confortée par une météo .très favorable. Une grande quantité de
cucurbitacées et les « Fruits oubliés » complétaient la présentation.
Bulletin de la SBV
La ville de Lyon a organisé au cours du mois de septembre une
exposition horticole au jardin botanique de la Tête d’or, sur le
thème « Géranium des villes, Géranium des champs . »
Une journée était consacrée à la visite des pépinières de la ville où
je ne suis pas allée et une journée de conférences suivies de la visite d’une serre tropicale où a eu lieu la plantation du« Pin wollemi
» (voir texte et illustration dans ce bulletin ).
Dans le jardin 500 taxons de Géraniacées étaient disséminés et
associés à d’autres plantes sous forme de massifs représentant le
milieu d’origine, montagne, vallée, garrigue, France,Afrique, Asie,
etc
La famille des géraniacées originaire des régions tempérées et subtropicales, comprend 3 genres :
Geranium
Erodium
Pelargonium
Il faut savoir que les géraniums de nos balcons et jardins appartiennent tous au genre Pelargonium .
Ce genre présente une grande variété de feuillages et de parfums
(pomme, citron, rose, carotte, menthe)
Le Pelargonium botanique n’existe pas dans notre flore, il est originaire d’Afrique du Sud, introduit au XVIIème siècle par les Anglais. Il a fait l’objet de multiples croisements (le «géranium communément appelé lierre est un hybride de pélargonium). Le genre
comporte en Afrique de nombreuses espèces- la diversité botanique correspond à la diversité des milieux ;ainsi elles peuvent prendre l’aspect de Cactus ou de plante alpine. La fleur est zygomorphe (symétrie bilatérale)
Au cours de la journée plusieurs conférenciers se sont succédés :
horticulteurs, producteurs ainsi que le directeur du conservatoire
national d’horticulture situé à Bourges. Le conservatoire est géré
par la société d’horticulture du Cher qui regroupe des amateurs et
des professionnels. Elle est affiliée à la Société Nationale d’Horticulture de France (SNHF). La Société d’Horticulture du Cher gère
la collection, assure des cours de jardinage, d’art floral, organise
des visites guidées de jardins et participe aux expositions nationales. Le conservatoire national du Pelargonium a été fondé en 1982
par le directeur des espaces verts de la ville de Bourges avec la
collaboration du chef de cultures.
Actuellement 800 espèces et cultivars de Pelargonium sont réunis.
C’est une collection unique et reconnue comme Collection Nationale du Pelargonium. Le conservatoire se visite toute l’année sur
rendez-vous. La meilleure période est de mai à septembre.
Renseignements: Société Horticulture du Cher - Hôtel de Ville
18 020 Bourges Cedex
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n°17 - mai 2007
La famille des Géraniacées a été présentée par G-G. Guittonneau sous forme d’une vidéo-projection .
Elle se caractérise par des plantes herbacées à feuilles alternes ou opposées de formes variables/
• Les fleurs actinomorphes ou légèrement zygomorphes
• 5 sépales accrescents
• 10 étamines
• 1 ovaire supère surmonté d’un bec ou rostre(correspond
au prolongement de l’axe floral)
• 5 carpelles biovulés à placentation axiale
Fruit sec appelé capsule à déhiscence paraplacentaire
prolongé par une arête
Notre flore se limite aux 2 genres Geranium et Erodium .
La détermination des espèces vous sera possible en
consultant la clé donnée par Guy-Georges Guittonneau
dans le tome 2 de la Flore du CNRS -Pages 738-749.
Le genre Geranium en France comprend 22 espèces, dont
une est endémique des Pyrénées occidentales et très rareGeranium endressiï Gay.
Le genre Erodium comprend 17 espèces dont 6 sont endémiques :
• Erodium corsicum comme son nom l’indique se ren
contre sur les rochers et garigues du littoral corse
(cyrno-sarde)
• Erodium crispum endémique des rochers et éboulis cal
caires des Corbières et Pyrénées orientales
• .Erodium foetidum(=E.petraeum ) endémique des ébou
lis calcaires de la bordure cévenole jusqu’à la Clape
(Narbonne)
• Erodium glandulosum (=E.macradenum) endémique
pyrénéo-cantabriques sur les schistes et roches cris
tallines des Pyrénées
• Erodium rodiei endémique des Préalpes de Grasse
(A-M) région du Pas de la Faye
• Erodium manescavi endémique des Pyrénées
occidentales entre Cauterets et la vallée d’Ossau
Voici le Wollemi pine
Plantation officielle le 14 septembre 2006 dans la serre
tropicale du Parc National de La Tête d’Or à Lyon en partenariat avec la jardinerie Botanic de Villeurbanne (69).
Durant le mois de septembre et octobre plusieurs arbres ont
été plantés en France, introduits dans les jardins de Nancy,
Lille, Bordeaux, Paris.
C’est l’arbre le plus vieux du monde, considéré comme le
plus rare et dont l’histoire remonte à l’époque des dinosaures.
Il a été retrouvé par hasard en 1994 dans une vallée secrète
d’Australie (à 200km à l’ouest de Sydney), et cela devient
une des plus grandes découvertes du XXe siècle.
Un garde-chasse australien, David Noble, au cours d’une
excursion dans le Parc National Wollemi ( en Nouvelles
Galles du Sud ) découvre une espèce d’arbre inconnue : ses
feuilles- vert foncé- ressemblent à celles des fougères ?, l’écorce est couleur chocolat , l’arbre atteint 40m de
haut !! La curiosité aiguisée, il décide de prendre un rejeton
pour l’identifier à Sydney.
Bulletin de la SBV
La détermination assez difficile n’a pu être décisive qu’à la suite
de plusieurs visites du site .Ce n’est pas un pin, ni
une fougère arborescente
mais une espèce nouvelleune araucariacée- officiellement baptisée :Wollemia
nobilis d’après le nom du
lieu où on l’a trouvé et le
nom de du garde-chasse.
Cette espèce était connue
sous forme fossile ; désormais il est considéré comme
un fossile vivant apparu il y
a 90 millions d’années et
présumé disparu depuis 2
millions d’années. De nombreuses recherches ont été
effectuées en une dizaine
d’années. Actuellement une
centaine de pieds a été recensée. Le site a fait l’objet
d’un programme de protection. La culture est considérée comme l’élément clé de
sauvegarde de l’espèce.
« Un pin wollemi dans chaque jardin et parc du monde entier
réduira le risque pour la population naturelle, en évitant la
visite illégale du lieu de sa découverte »
Voilà pourquoi la ville de Lyon a opté pour l’introduction d’un
plant de Wollemia nobilis dans le parc.
Vous voulez tout savoir sur le pin Wollemi ?
Consultez le site : www.wollemipine.com
Compte-rendu et photographie par :
Huguette ANDRÉ
Documents téléchargeables :
En 1989 était publié par la SBCO Les Festuca de la flore de
France (Corse comprise), par M. KERGUÉLEN et F. PLONKAAvant-propos du Prof. J. LAMBINON. Cette publication épuisée
et recherchée par de nombreux botanistes a été numérisée ; elle est
disponible sur le site de la SBCO à la rubrique Publications/
numéros spéciaux : http://sbco.free.fr/public/framacceuil.html
(fichier de 27425 Ko)
Flore de Rouy : cette flore publiée de1893 à 1913 en 14 volumes
et un supplément, qu’avec beaucoup de chance on ne pouvait trouver que chez les bouquinistes, à un prix élevé, a été numérisée,
grâce à B.BOCK. Elle est désormais téléchargeable sur :
http://florerouy.free.fr/
( 15 fichiers représentant eu tout 280
La Garance Voyageuse
Un cédérom multimédia pour les 18 ans de la revue.
Ed.- La revue- 35 euros.
A noter au sommaire :
-les numéros 20 à 39 de la revue (format pdf imprimable).
-un moteur de recherche multicritères
Ce document figure à la bibliothèque de la SBV.
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n°17 - mai 2007
Notes de lecture
De l’autre côté du Rhône… Villeneuve les Avignon.
De terre et d’eau…la plaine de l’Abbaye.
Edité par l’association - Vivre la Plaine de l’Abbaye.
123 pages-2005- 18 euros.
mon livre préféré :
Alphonse Karr, romancier, journaliste pamphlétaire à ses
heures, était aussi bien un observateur attentif qu’ un amoureux inconditionnel de la nature. Alors qu’il était réfugié
politique à Saint Raphaël (Italienne à cette époque), il
« inventa » la culture des fleurs sur la Côte d’Azur. Il fut
l’un des premiers, vers 1855, à cultiver des fleurs de façon
extensive afin d’envoyer sa production de violettes et de
graines à Paris.
« voyage autour de mon jardin » fut écrit en 1845 et connut
un franc succès. Il est issu d’une réaction à la mode des
voyages exotiques de l’époque. Dans ce livre, il fait le pari
d’épater un voisin en lui écrivant quotidiennement une lettre
contenant les observations issues de son jardin. Ces dernières le conduisent parfois à des pensées philosophiques qui
émaillent agréablement ce livre.
Quelques exemples de lettres :
La lettre n°10 sur le bonheur nous rappelle les défauts de
l’humanité qui court toujours après l’impossible alors que le
bonheur se trouve parfois tout près de nous, il suffit de le
saisir lorsqu’il se présente.
La lettre 11 nous fait part de son émerveillement devant les
abeilles et autres insectes qui assurent une correspondance
entre plantes en « portant de l’époux à l’épouse des caresses
parfumées ». il nous explique ainsi, avec le langage châtié
de l’époque, la pollinisation.
Limitée au nord par l’arc des collines et au sud par le bras vif du
Rhône, protégée, drainée et mise en valeur par les moines de l’Abbaye Saint André, la plaine de l’Abbaye constitue de nos jours un
ensemble naturel d’une grande richesse patrimoniale. Cette zone a
subi de nombreux remaniements dus aux caprices du cours de l’ancien fleuve
La canalisation du Rhône dans les années 70 a profondément retravaillé les milieux (relèvement du niveau du Rhône, création de
digues en sol ingrat). Une déprise agricole importante vient compléter le tableau.
Après un historique des lieux l’ouvrage aborde l’inventaire des
espèces rencontrées :
-Alain Camard traite des castors, de la faune piscicole du
contre-canal, des insectes.
-Olivier Peyre décrit les oiseaux, les mammifères,
les batraciens et les reptiles.
La détermination des espèces les plus fréquentes de plantes a été
réalisée par Mireille Tronc sur les différents milieux rencontrés garrigue, ripisylve et plaine- une illustration par Sigrun Reineking
complète la partie botanique.
Un regret de taille ! Le regroupement des plantes par famille s’est
fait à l’aide d’une classification ancienne sans avoir sollicité préalablement le visa de Mireille. Un erratum l’indique…
A noter que ce territoire se situe à peu près en face de l’Islon de la
Barthelasse que connaissent bien les membres de la S.B.V.
Promenades dans la plaine de l’Abbaye - dessin Sigrun Reineking
La lettre 13 nous confirme avec beaucoup d’humour que la
classification botanique n’est et ne sera jamais définitive :
« des savants ont classé, il y a longtemps, l’ophyoflosse, et
ont dit que c’était une osmonde ; mais cette fougère a été
depuis démasquée par d’autres savants ; elle a été chassée
des osmondes comme une intrigante ; elle n’est plus qu’un
bostrichium. ».
La lettre 40 décrit avec truculence l’accouplement de deux
escargots après la pluie. Alphonse Karr nous décrit alors les
mœurs de ce type d’animaux : « la nature, par un bizarre
caprice, s’est divertie à assaisonner l’amour de voluptés
toutes particulières pour les êtres, qui, par leur aspect, semblent le moins faits pour de pareilles sensations. Les colimaçons et les lombrics réunissent à la fois toutes les joies de
l’amant qui obtient et de l’amante qui accorde… »)De nombreuses observations sur les papillons et les galles ponctuent
également cet ouvrage. Alphonse Karr a ainsi remarqué que
certains insectes pondent sur l’œuf d’un autre afin que leur
larve s’en nourrisse. Il avait aussi pressenti le phénomène
des phéromones. Les amateurs de botanique et d’entomologie apprécieront la précision des descriptions du microcosme de son jardin.
Jeanne-Marie PASCAL
A.Karr– 1808 - 1890 - Coll. Ressources - Ed. Slatkine
(cet ouvrage peut aussi se trouver chez les bouquinistes Ed Nelson)
Bulletin de la SBV
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n°17 - mai 2007
Bibliographie
Parutions récentes
S. ARNASSANT et F. DABONNEVILLE
Les Orchidées de Camargue, espèces fragiles dans des
milieux sensibles.
Ed. Zerynthia- 2006 –Plaquette de 20 pages- 3 euros.
L’inventaire porte sur 35 espèces d’Orchidées dont 21 plus
fréquentes sont détaillées (avec illustration). Un tableau regroupe également les 69 plantes protégées en Camargue
avec leur statut de protection dont 7 sont détaillées. Cette
plaquette, destinée au grand public, a été réalisée de manière
à servir de base à la découverte des milieux camarguais- de
préférence dans les sites ouverts du Conservatoire du Littoral, ce qui limite la fréquentation des zones sensibles.
P.MARMOTTE, A.CARRARA, E.DOMINATI,
F.GIRARDOT.
Plantes des rizières de Camargue.
Multiédition-dont PNRC, Cemagref , Inra- 2006- 22 euros.
Henri COUMOUL et Hervé MINEAU
Jardins de l’Autoroute. Histoire de graines, d’herbes et
de rocailles.
Ed. Actes Sud – A.S.F.- 2006- 44 euros.
Les auteurs, un jardinier et un écologue, donnent un éclairage inédit sur les paysages du Midi bouleversés par l’arrivée
de l’autoroute. La nature montre comment faire pour l’aider
à reprendre possession de la rocaille. A travers les garrigues,
les bords de routes …la nature a su se satisfaire d’une aridité
comparable aux lieux vierges que l’autoroute a crées. C’est
la part belle faite à la graine et à l’herbe folle qui participent
à la reconstitution des paysages dégradés.
Les Ecologistes de l’Euziere- Ouvrage collectif.
Points de vue sur la garrigue.
30 panoramas du Gard et de l’Hérault.
Décembre 2006- 24 euros.
Depuis 30 belvédères célèbres ou singuliers, que l’on peut
atteindre à pied ou en voiture, ce livre propose des repères
pour une lecture simple et plaisante des paysages, afin de
comprendre l’évolution de la garrigue et saisir les enjeux de
ce territoire familier et méconnu, dont la « sauvagerie » apparente doit beaucoup aux hommes et pour lequel l’avenir
reste encore à imaginer.
Philippe JAUZEIN
Flore des champs cultivés
Ed.Quae c/o Inra -1995 – 898 pages- 59 euros.
Cette réimpression constitue un remarquable ouvrage de
détermination de plus de 1200 plantes herbacées présentes
dans les parcelles agricoles. Les botanistes y découvriront
l’intérêt des zones cultivées et peut-être une motivation à les
parcourir tout en préservant leur richesse.
Il comporte 92 photos couleur et 2000 dessins dont on a pu
apprécier la précision dans les éditions antérieures, une démarche de détermination explicitée, l’analyse des familles,
des propositions de nouvelles combinaisons nomenclaturales, des références et index.
André GONARD
Saxifragacées - Flore pratique adaptée à la France :
utilisation des espèces horticoles et. Ornementales
Ed.- Publications de l’Université de Saint-Etienne- 200640 euros.
Bulletin de la SBV
Par leur diversité morphologique foliaire et florale, les Saxifrages
ne laissent pas indifférents. De l’étage montagnard à l’étage nival,
les différentes espèces se pressent en coussinets ou se blotissent au
creux des rochers, au milieu des éboulis, des pentes caillouteuses
ou le long des moraines. Pendant la courte saison estivale, elles
étalent leur multitude de corolles lumineuses, ou s’élancent en de
longues inflorescences. A l’aide des différentes clés d’identification, ce livre permet au botaniste amateur ou professionnel de découvrir, par son sens d’observation, l’identité de la Saxifrage inconnue.
Jean-Pierre REDURON
Les ombellifères de France.
Un ouvrage très attendu qui traite des 356 espèces différentes
d’Ombellifères du territoire français quelque soit leur statut
(indigènes, naturalisées, subspontanées, adventices, cultivées, potentielles), hier et aujourd’hui. Il renseigne sur leur identification
(y compris au stade floral), leur biologie, leur constitution chimique, leur répartition, leur taxonomie intraspécifique et les nomenclatures associées accompagnées de nombreuses typifications.
Illustré de photos, scanners sur les plantes fraîches et de détails en
noir et blanc. Il expose de façon détaillée la méthodologie de révision de cette famille au niveau national.
L’ouvrage comprendra 5 volumes en parution échelonnée.
Date de parution du Tome I : 2ème trimestre 2007.
Volume de 564 pages, comportant les clés (214 pages) et les monographies de 23 genres par ordre alphabétique (d’Aciphylla à
Bunium) .
En souscription à la SBCO- 33 euros- ensuite 44 euros. Voir formulaire sur le site de la SBCO ou sur le site de tela-botanica.
O. MANNEVILLE, V.VERGNE, O.VILLEPOUX
et le Groupe d’études des tourbières.
Le monde des tourbières et des marais-, France, Suisse, Belgique, Luxembourg.
Ed. Delachaux et Niestlé- 2006- 312 pages- 41 euros.
Nouvelle édition entièrement mise à jour et corrigée, abondamment illustrée pour apprendre à connaître ces milieux originaux et
menacés. Il présente la diversité et l’état actuel des milieux tourbeux- écosystèmes fragiles- en Europe du centre ouest. Il considère l’ensemble de ces tourbières sous tous leurs aspects : naturaliste,
historique et économique. Le lecteur y trouvera facilement les notions de base, les clefs de compréhension, les définitions et les
classifications unifiées. Une sélection d’environ 200 sites, souvent
aménagés pour la visite, des quatre pays concernés est présentée.
A rapprocher de l’article de Jean-Claude BOUZAT dans ce bulletin.
Marcel BOURNERIAS et Christian BOCK.
Le génie des végétaux.
Ed. Belin- 2006-288 pages- 24 euros.
Créateurs de notre atmosphère voici plus de trois milliards d’années, garants de la survie du monde animal et de nos civilisations,
les végétaux ne sont-ils pas les » bons génies » dispensateurs de
bienfaits sur notre planète ? Ce livre, écrit par deux botanistes réputés, vise à rappeler quelques aspects du rôle primordial des plantes, et à esquisser les processus évolutifs qui leur ont permis la
conquête de la majeure partie de notre planète. La réussite des
végétaux tient à leur prodigieuse diversité, à leur admirable harmonie fonctionnelle et à leur formidable pouvoir de synthèse. Mais
ces êtres d’une opiniâtre activité évolutive sont, en dépit des apparences, fragiles et menacés par l’Homme, à la puissance sans limite, qui use et abuse, de façon trop souvent irréfléchie, des multiples
opportunités que lui offrent généreusement les plantes.
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n°17 - mai 2007
La ronde des éléments
Au milieu des neutrinos venus du lointain cosmos, tournoie un fragile vaisseau spatial appelé Terre sur lequel s'agitent maladroitement de petits
hommes, qui parfois, humblement intelligents, s'éveillent à la beauté à la fois cruelle et bienveillante de la Nature.
Alors les quatre éléments AIR , FEU, TERRE, EAU, se font nos indociles serviteurs afin que "chacun se sente bien dans son élément" dans la
synergie des quatre qui se fait pourvoyeuse mythique de tout le vivant.
Ô homme, observe et décrypte les runes venus des lointains pays celtes, hardis aventuriers qui ont signé leur passage de menhirs et de dolmens.
Seul celui qui a appris non seulement à examiner mais également à relier ses observations, saura lire ces signes déposés ici et là car Dame Curiosité
émerveillée est ici la Reine…
AIR…
FEU…
invisible et impalpable, tu te mets au service complice de certains végétaux. Oui, le vivant enraciné ne peut aller et venir à son gré…
"Je sème à tout vent" chantonnent en vol les aigrettes du Pissenlit
(Taraxacum sp.) et du Salsifis
(Tragopogon pratensis), les faucilles plumeuses des Epilobes
(Epilobium angustifolium) au bord de l'automne et la houppe plumeuse
des Benoîtes spiralées (Geum sp.) et des Pulsatilles anémophiles
(Pulsatilla sp.) comme la petite Pulsatille soufrée au pouls battant au
rythme du vent.
Et le Cyprès chauve (Taxodium distichum) du golfe du Mexique, ne
trouvant pas la terre à son goût, se
fabrique des racines aériennes qui lui
procurent son dessert d'oxygène en
pneumatophore convaincu ! La Gentiane pneumonanthe (Gentiana pneumonanthes) fut un cadeau du bon sens
populaire pour nos poumons fragilisés
ainsi que la Pulmonaire (Pulmonaria
affinis) qui vérifie la théorie des signatures.
Ô fumeurs repentis,
ne les oubliez pas !
du soleil couchant, feu de la Saint Jean
Feu de la guerre, feu de Lucifer
Feu du mal ardent, fièvre du sang
Feu de l'incendie, feu de l'artillerie
Flamme d'une chandelle à la rêverie bachelardienne
Flamme d'une flambée vespérale gardienne
Flamme du soleil levant aurore magicienne
Du Pyrancantha , biblique buisson ardent, au Mélampyre des bois
(Melampyrum nemorosum)qui sème ses flammèches à la lisière des
bois. Du feu de la fièvre apaisée par le Pyrèthre (Chrysanthemum sp.)
ou par la Reine des prés (Filipendula
ulmaria). Et dans la chaleur d'un été
exceptionnel, la Fraxinelle (Dictamnus
alba) enflamme ses arômes volatils et
se consume. Tel le Phoenix , resurgitelle de ses cendres ?
Feu du volcan qui tonne où Héphaïstos
forge les armes des tremblements de
terre et des laves incandescentes, éléments minéraux surgis du creuset de
l'Athanor terrestre, fécondés par l'humus qui remercie les végétaux de leur
nudité automnale, offrande de leur
feuillage nourri du feu du soleil et de
l'oxygène de l'air pour s'entasser en
strates annuelles sur les roches infertiles pour nous offrir la…
terre...
De la brise douce d'un crépuscule embaumé de nostalgie à la bise perfide
qui mord à plaisir et hurle sur les
monts chauves, l'air peut rassembler
ses forces et se déchaîner en violence
destructrice…Si l'air attise le feu, privé
d'air il s'éteint !
TERRE…
Oui, même le Géotrope, Sisyphe miniature, roule ses boulettes de terre dans
la conscience instinctive des pouvoirs
de la Déesse-Mère "Gaïa".
Si la Noisette ( Corylus avellana) se cueille le nez levé, sa jumelle, la
Noisette de terre ( Conopodium majus )se cache sous la terre protectrice et nourricière.
Le Fumeterre (Fumaria officinalis), lui, fume un parfum nauséeux comme les feux follets fumeux du méthane sur un tas de fumier! Quant au
Tribulus terrestris à trois pointes , il salue sa sœur marine l'étoile de
mer et se donne le droit de se surnommer "étoile de terre". Quant au
Millepertuis couché (Hypericum humifusum), il sait chercher protection
au contact de la terre…
La Bible ne nous raconte-t-elle pas que tout provient de la terre et que
Dieu se servit d'argile et de glaise pour façonner l'homme ?
Mais écoutez…écoutez… la terre assoiffée gémit dans le désert en
dunes mouvantes…Oui, la Terre gémit aux oreilles et à la conscience
des humains: "De l'eau…de l'eau…ne réchauffez pas trop le climat…"
EAU…
Source bienfaisante au Cresson ( Nasturtium officinale) ainsi qu'au Saxifrage
des eaux froides (Saxifraga stellaris).
Ruissellement fécond à l'Arabette des
Cévennes ( Arabis cebennensis) ainsi qu'au Myosotis (Myosotis sylvatica ), tous deux rêveurs de pénombre.
Etangs appréciés du Plantain d'eau ( Alisma plantago-aquatica) et de la
Lentille ( Lemna minor
) qui se rit de sa petite taille en se démultipliant à plaisir pour couvrir toute la surface d'eau offerte. L'Utriculaire ( Utricularia minor), futée, sait utiliser ses petites outres ,comme des
pièges, par expulsion d'air pour mieux aspirer l'insecte insouciant…
Lacs enorgueillis de Nymphéas ( Nymphaea alba ) chers à Claude
Monet ainsi que de Lotus ( Nelumbo nucifera ) chers au peuple mystérieux des Lotophages.
Tourbières peuplées d'espèces qui n'apprécient point d'avoir les pieds
au sec et du Trèfle d'eau ( Menyanthes trifoliata ) qui rêve de capter
l'attention d'un trèfle à quatre feuilles, aux petits soleils perlés de notre
Drosera (Drosera rotundifolia), chacune se sent bien les pieds mouillés!
Ainsi tournoie la ronde des éléments dont chacun sait le besoin des trois autres….pour que vive le Vivant…..
Odette MANDRON
Illustration - de Bartholomaeus Anglicus
Les quatre éléments- manuscrit « De proprietatibus remun » Autun- fin XIII ème siècle
( Base Internet - Enluminures )
Bulletin de la SBV
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n°17 - mai 2007
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