Bulletin de la SBV - 5 - n°17 - mai 2007
Carex lepidocarpa Tausch. - Des plantes observées à Rasteau,
à la Font de Taon, près de la maison de garde (J.-P.R.) peuvent
être rapportées à ce taxon, du moins d’après les données un peu
anciennes. Elles sont nettement différentes des populations jus-
qu’à maintenant observées sur les graviers de la Durance.
Il s’agit d’un groupe très complexe globalement nommé Carex
flava s.l. et diversement subdivisé par les flores successives,
sans qu’aucun traitement définitif ne s’impose. Les plantes vau-
clusiennes n’appartiennent certainement pas à Carex flava L.
(s.s.), et provisoirement il semble possible de les rapporter à
Carex viridula Michaux, les populations de la Durance appar-
tiendraient à la sous-espèce viridula et les sujets de Rasteau à la
sous-espèce brachyrrhyncha (Čelak) B. Schmid (= C. lepido-
carpa).D’autres auteurs préconisent d’inféoder ces 2 sous-
espèces non pas à C. viridula mais directement à C. flava. En
attendant des progrès dans ces recherches, il est vivement re-
commandé de collecter des échantillons pour affiner les études
comparatives.
Euphorbia davidii Subils - Cette euphorbe, d’abord considérée
comme une variété d’Euphorbia dentata Michx. (E. dentata
Michx. var. lancifolia Farwell in Robert L. Dressler, 1961), a
été assez récemment mise en évidence et décrite dans une revue
publiée en Argentine (Kurtziana 17 : 125- (128), 1984).
Elle se caractérise surtout par une involucre à une seule glande
(c’est la seule de toutes les euphorbes françaises actuellement
connues) et appartient au sous-genre Poinsettia. C’est une plan-
te de 10 à 40 cm de hauteur, poilue sur la partie supérieure de la
tige et la face inférieure des feuilles qui sont généralement lan-
céolées et dentées, souvent maculées de pourpre près de la ner-
vation médiane. Les poils longs sont rigides et retrorses alors
qu’ils sont très fins chez E. dentata. L’inflorescence très
condensée se présente en un corymbe terminal. Les graines sont
ovoïdes anguleuses et ornées de rides peu marquées (graines
ovoïdes et sans rainures chez E. dentata). E. davidii est tétra-
ploïde alors qu’E. dentata est diploïde.
Originaire de l’Amérique du Nord, elle a été observée par N.
Chanu à Avignon à la zone industrielle de Courtine, sur le bal-
last d’une voie ferrée, au niveau de l’hypermarché Carrefour.
Découverte en France par J. Maillet dans les années 2000 à Ro-
dilhan (Gard) dans une vigne dans laquelle elle est devenue
envahissante, elle a d’abord été rapportée à E. dentata. C’est
C.Girod qui, par la suite, l’a identifiée comme étant E. davidii à
la faveur de ses contacts avec le spécialiste américain de ce
groupe (M. Mayfield qui prépare une thèse sur le sous-genre
Poinsettia). Elle existe également dans trois stations du Sud-
Ouest et de la Bourgogne.
Bibliographie :
ROBERT L. DRESSLER, 1961 - A Synopsis of Poinsettia
(Euphorbiaceae). Annals of the Missouri Botanical Garden 48
(4) : 329-341.
Potentilla collina Wibel - C’est à Simiane-la-Rotonde (Alpes-
de-Haute-Provence, mais à moins de 100 m de la limite du Vau-
cluse) que G. Guende a découvert une population de cette espè-
ce. Les plantes sont assez basses (15 cm environ) avec un port
un peu comparable à celui de P. neumaniana Reich.(ex P. verna
auct., non L. !) mais avec des feuilles nettement grisâtres en
dessous et se rapprochant de celles de P. argentea L.. Ces critè-
res intermédiaires indiquent qu’on est sans doute en présence
d’une espèce hybridogène fixée, mais avec des variations mor-
phologiques allant tantôt vers l’un, tantôt vers l’autre des pa-
rents présumés.
C’est peut-être un taxon méconnu qui mérite de nouvelles re-
cherches et particulièrement dans les contrées vauclusiennes
voisines.
Potentilla pedata Willd. - Il ne s’agit pas d’une espèce nouvelle
pour le Vaucluse, mais d’une plante abondante et méconnue
pour ne pas dire ignorée et mal nommée. En effet, nous connais-
sons depuis longtemps Potentilla hirta L. et Potentilla recta L.,
taxons traités en espèces ou en sous-espèces suivant les flores,
justement parce que leur différenciation est parfois problémati-
que. La raison de ces hésitations réside dans le fait que certaines
populations présentent des critères intermédiaires et donc diffi-
cilement classables.
Cette situation n’a pas échappé à J.-M. Tison qui, dans le cadre
de la rédaction de la « Flore de la France méditerranéenne » et
au vu des plantes vauclusiennes que nous lui avons transmises
est arrivé à la conclusion que nous n’avons pas 2 espèces, mais
trois. Entre P. hirta typique et P. recta également typique, on
peut observer une plante qui figurait déjà dans les flores ancien-
nes sous le nom de Potentilla pedata Willd., inféodée à P. hirta
chez P.Fournier et à P. recta chez H.Coste, ce qui prouve bien
la position incertaine de cette plante.
En général, elle ressemble assez à P. hirta par sa forte villosité,
mais elle est plus robuste et surtout les plus grandes folioles
sont généralement bordées de 7 à 15 dents, soit 3 à 7 de chaque
côté, alors que chez P. hirta il n’y en a que 3 à 7 (1 à 3 de cha-
que côté) et que chez P. recta, on en observe jusqu’à 30. Une
mise au point générale est prévue par un article dans un pro-
chain Monde des plantes.
A la suite de cette réhabilitation (on peut d’ailleurs s’étonner
qu’elle n’ait pas eu lieu plus tôt) et après examen de nombreu-
ses récoltes vauclusiennes, on constate que, de tout ce groupe,
c’est P. pedata qui est la plus fréquente. Elle existe un peu par-
tout dans le département, alors que, pour le moment, nous ne
connaissons que deux ou trois stations de P. hirta (Malaucène
par exemple) et une seule pour P. recta (Gignac). Il faudra ce-
pendant faire de nouvelles observations, maintenant que nous
disposons de ces nouveaux éléments.
Pour conclure, on doit constater que chez les potentilles, on est
très souvent en présence d’espèces intermédiaires à morpholo-
gie variable. C’est donc le cas des deux espèces citées ici (P.
collina et P. pedata) auxquelles on peut ajouter Potentilla pusil-
la Host (peut-être maintenant appelée P. filiformis ?) intermé-
diaire entre P. neumanniana Reichenb. et P. acaulis L. (ex. P.
cinerea Chaix ex Vill.) et Potentilla inclinata Vill. intermédiai-
re entre P. argentea L. et P. recta L.
Setaria parviflora (Poir.) Kerg.(= S. geniculata (Lam.) Beauv.,
S. gracilis H.B.K. ) - Contrairement aux autres sétaires de notre
région, cette espèce est vivace, ce qui la distingue déjà formelle-
ment. Elle ressemble à S. pumila (Poir.) R. et S., mais ses inflo-
rescences sont plus étroites et ses épillets moins longs, quoique
les différences soient faibles ; par contre les feuilles de S. parvi-
flora ont moins de 5 mm de large, alors que celles de S. pumila
dépassent nettement 5 mm.
Une population de cette espèce jusqu’alors inconnue dans le
Vaucluse a été détectée à Mérindol, sur les graviers de la Du-
rance (près de la Barthelasse), par G. Guende. C’est une plante
originaire d’Amérique tropicale et subtropicale (Mexique ?) et
qui a été introduite dans de nombreux pays chauds sous des
formes variables. Elle est actuellement naturalisée dans la partie
occidentale de l’Europe (Belgique, Espagne, France, Italie et
probablement ailleurs). En France, elle a été observée dès la fin
du XIX ème siècle et le début du XX ème comme adventice