LE SUBJONCTIF
Nous ne verrons dans ce cours que des précisons qui ne figurent pas explicitement dans votre
grammaire de référence. En revanche, pour toutes les valeurs précises du subjonctif, nous vous
renvoyons à cette grammaire dont les classifications sont très pertinentes et très utiles.
Le subjonctif est l'un des modes personnels du verbe. On l'oppose traditionnellement à
l'indicatif considéré comme le mode de la réalité tandis que le subjonctif serait le mode du virtuel. Or,
cette distinction, si elle a une indéniable commodité pédagogique est incapable de justifier l'apparition
du subjonctif dans des cas comme:
Je regrette qu'il soit venu
Le fait qu'il soit venu ne m'étonne guère.
Dans ces deux cas, en effet, le subjonctif n'exprime absolument pas des faits virtuels, mais bien des
actions qui ont vraiment eu lieu.
1) Subjonctif et dépendance.
Le nom même de subjonctif peut prêter à confusion. Il signifie " en position pendante" et
vient du latin subjonctivus, du verbe subjongere = "soumettre". Ce nom est justifié lorsque le
subjonctif se trouve en proposition subordonnée, ce qui est sans doute son emploi le plus fréquent:
Je veux que tu viennes avec moi.
Paul cherche une maison qui soit assez vaste.
Mais, on trouve aussi le subjonctif en propositions indépendante, ou principale qui ne sont, par
définition régies et dépendantes d'aucun terme principal. Le subjonctif n'est alors annoncé le plus
souvent que par un que appelé "béquille du subjonctif" et non analysable en tant que tel.
Qu'il vienne!
Puisse le temps être beau.
En fait, la frontière entre l'indicatif et le subjonctif correspond à la ligne de partage entre le
probable et le possible. On constate que tous les faits qui se trouvent inscrits dans le monde du
possible de l'énonciateur sont évoqués au subjonctif. Le monde des possibles réunit le monde potentiel
des faits non avérés mais qui pourraient être et un mode en contradiction avec ce qui est et qui
rassemble des possibles que le réel a anihilés.
Le subjonctif permet également d'exprimer la pensée critique, l'interprétation de l'énonciateur. Elle
est implicite et immédiatement transmise lorsque le subjonctif est en construction libre: "Qu'il sorte!",
et elle est transmise explicitement lorsque le subjonctif est en position dépendante par l'intermédiaire
d'un terme vecteur comme une locution conjonctive ou un terme qui régit la subordonnée: " Je veux
qu'il sorte".
2) Subjonctif et temps.
Le classement temporel du subjonctif est là encore une habitude pédagogique discutable. Seul
l'indicatif est apte à situer un fait dans une des trois époques chronologiques, le passé, le présent et le
futur. Le subjonctif ne prend de valeur temporelle que par référence au verbe principal ou au contexte.
Avec le subjonctif, la primauté est accordée à l'interprétation de l'action plutôt qu'à son actualisation,
c'est-à-dire sa situation dans le temps:
J'attends qu'il finisse. Fait envisagé dans l'avenir.
J'attends qu'il ait fini. Fait envisagé dans l'avenir.
Je doute qu'il ait fini. Fait passé.
Je vérifierai qu'il ait fini. Fait éventuel, vu comme une projection dans l'avenir.
On constate donc que la notion de temps ne convient pas au subjonctif, surtout que les dénominations
pédagogiques des temps ne correspondent en rien à une quelconque réalité chronologique. (puisque
comme nous l'avons vu, le "présent" peut désigner un réalité un futur, et le passé, un éventuel.)
Il est préférable de distinguer les temps simples et les temps composé du subjonctif. En effet, les
temps simples expriment un procès en train de se rouler (aspect non accompli) et les temps
composés un procès achevé (aspect accompli).
3) Subjonctif et indicatif.
La valeur d'emploi du subjonctif se détermine par rapport à l'indicatif. Seul l'indicatif permet,
nous l'avons vu de situer chronologiquement l'action. Le subjonctif exprime, face à l'indicatif un
procès envisagé par la pensée et soumis à interprétation ou appréciation.
Il convient d'ailleurs à ce moment de notre exposé de revenir sur certaines idées fausses.
A) Il est inexact de définir le subjonctif comme le mode de la non réalité tandis que l'indicatif
serait celui de la réalité.
Je suis heureux qu'il soit venu. Le subjonctif exprime un fait réel.
Je crois qu'il viendra. L'indicatif n'exprime pas un fait réel.
Le subjonctif exprime à la fois des faits réels et non réels, mais par rapport à l'indicatif, il interprète le
fait et le soumet à la pensée, au jugement et au sentiment.
Je ne suis pas sûr qu'il est là. Présent.
Je ne suis pas sûr qu'il soit là. Interprétation.
B) Il est inexact de justifier l'emploi du subjonctif par des raisons d'ordre mécanique comme le
caractère interrogatif ou négatif de la proposition principale, puisque le subjonctif comme l'indicatif
sont possibles dans ces cas avec des nuances de sens.
D'où tenez-vous qu'il a fait cela?
D'où tenez-vous qu'il ait fait cela?
Chaque fois qu'on veut situer un procès chronologiquement, on convoque l'indicatif.
Chaque fois qu'on veut exprimer un procès hors de toute chronologique mais simplement pensé,
intervient le subjonctif.
Je pense qu'il est sérieux. Le procès est inscrit dans la chronologie grâce à l'indicatif.
Je ne pense pas qu'il soit sérieux. Le procès exprimé par le verbe est soumis à interprétation.
C'est l'expression du doute qui domine ("je ne pense pas"), la chronologie est totalement secondaire.
4) Les valeurs temporelles du subjonctif.
A) Subjonctif présent et subjonctif passé.
Ce sont les deux seules formes vivantes en français courant. Elles s'opposent non par leur temps mais
par leur aspect.
Le subjonctif présent.
Il évoque l'action dans son déroulement (aspect accompli) et présente l'action comme simultanée ou
postérieure au moment de l'énonciation.
Je veux qu'il sorte. Maintenant (simultanéité)
Ou plus tard (postériorité)
Le subjonctif passé.
Il présente le fait comme accompli et il peut également évoquer l'antériorité chronologique par rapport
au verbe principal.
Je veux qu'il soit sorti quand j'arriverai.
B) Subjonctif imparfait et plus-que-parfait.
Ces deux formes verbales ne sont plus en usage dans la langue courante. Dans la langue écrite, elles
sont utilisées pour satisfaire aux règles de la concordance des temps avec un verbe principal au passé.
Je souhaite qu'il vienne.
Je souhaitais qu'il vînt. Concordance des temps, le verbe principal est au passé.
Le subjonctif imparfait.
Il exprime un fait non accompli, simultané ou postérieur au fait principal.
Je souhaitais qu'il vînt.
Sa valeur modale lui permet en outre d'exprimer une éventualité pure; cet emploi ne subsiste qu'avec
les verbes "être" et "devoir".
Dût-il me haïr, je ne cèderais pas.
Le subjonctif plus-que-parfait.
Il exprime un fait accompli, une action postérieure au fait principal.
Je regrettais qu'il eût oublié notre rendez-vous.
Sa valeur modale le rend apte à exprimer l'irréel du passé.
S'il eût voulu, il eût pu réussir.
5) La concordance des temps.
Temps de la principale Simultanéité ou postériorité
de la subordonnée Antériorité de la subordonnée
Présent ou futur
Je doute Subjonctif présent
Qu'il parte Subjonctif passé
Qu'il soit parti
Passé ou conditionnel
Je doutais Subjonctif imparfait
Qu'il partît Subjonctif plus-que-parfait
Qu'il fût parti
La deuxième ligne de ce tableau est devenue littéraire. Elle n'est plus valide dans la langue courante.
Elle appartient à la langue soutenue.
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