1 ÉDITO Aviation et Japon : un couple mal connu chez nous Encore en retard, votre nouveau magazine a au moins le mérite d’être plus gros. Mais il fallait bien toutes ces pages pour traiter, pourtant sans trop entrer dans les détails, de l’histoire de l’aviation au Japon. Une histoire paradoxale, avec beaucoup de héros et de belles machines, dont nous ne savons généralement rien en France. Sauf, bien sûr, le si célèbre Zéro (il peut s’écrire avec ou sans accent ; j’ai pris le parti de l’écriture française). Bonne lecture à tous ! Jacques Desmarets Courrier des Lecteurs Cette rubrique est ouverte à tous. Vous pouvez y commenter les articles du journal, mais aussi y lancer des débats et répondre à ceux qui y écrivent. Gérard Villeret nous écrit : « J'ai adoré l'article sur les X-planes ; quel extraordinaire effort technique. En ce qui concerne le passage sous l'arc, je pense que ces tentatives dangereuses, qui peuvent causer morts et dégâts, sont d'une stupidité abyssale et donne des pilotes une image de gens immatures. Il y a bien d'autres moyens de se valoriser. » C’est, en effet, ce qui lui a été reproché. « L'image de la belle fille légèrement vêtue a souvent été associée à l'aviation, voire peinte sur les fuselages. J'apprécie beaucoup mais cette fois je m'interroge.... Les avions sont du genre masculin, alors machisme rétrograde hérité d'une autre époque ? Désir d'associer une belle à une belle machine ? Les avions font rêver, les belles dévêtues aussi … J'espère que cela continuera, l'un et l'autre contribuent au plaisir de vivre. » Ce ne sont pas tant les avions qui sont du genre masculin, mais surtout les pilotes, et parmi eux mes lecteurs. Par contre, la beauté est du genre féminin ; c’est pour cela qu’il y a tant de jolies femmes au cinéma, à la télé ou dans les magazines. Même et surtout dans les magazines dits féminins. Alors compte sur moi pour continuer, même si je n’en ai pas mis ce mois-ci. Jean-Pierre Dupuis commente aussi l’article sur les X-Planes : « J'ai appris pas mal de choses, notamment le proto allemand censé rebondir sur les couches de l’atmosphère ; ils étaient très en avance quant on y pense. » Exact. Mais n’oublions pas que, dans tous les domaines de l’aéronautique, lorsqu’une invention est mise au point, elle correspond à des idées et des brevets remontant bien en arrière. Entre 1908 et 1920, trois brevets étaient déposés pour un moteur à réaction qui ne volera qu’en 1939 ! Il continue : « J'ai également appris la création de la première piste en dur à Clermont ; à Pau Uzein, nous avons la première école d'aviation au monde... Ce n'est pas rien non plus. Ce sont les frères Wright qui l'on créée. » Toujours exact, en janvier 1909, suivie de peu par Port Aviation en mai de la même année. En couverture ce mois-ci : Le HondaJet Symbole du renouveau et de la capacité d’innovation de l’industrie aéronautique japonaise, le HondaJet est un petit jet d’affaires pour clientèle aisée. Capable d’emporter 5 personnes à 810 km/h sur 2 200 km, vendu déjà à 100 exemplaires, c’est un réel succès pour le premier appareil produit par cette filiale de Honda, paradoxalement installée aux U.S.A. ! Photo en ligne sur le site : www.hondajet.com 2 Quand Histoire de l’Aviation rime avec Japon 04 Les pionniersTokugawa, Isobé, Shigeno : ils ont combattu en France en 14/18 P. 11 08 P. 13 P. 18 P. 23 P. 26 Les débuts et la Grande Guerre 11 0 7 14 0 160 07 0 22 7 0 7 24 0 260 70 7 27 0 280 07 0 7 La suite et la 2nde guerre mondiale Les premiers avions Le Mitsubishi A6M ZERO Le plus célèbre des avions japonais Le Nakajima Kikka le chasseur à réaction Les As : Nishizawa, Sakai, Iwamoto Les Kamikazes : Le concept, les engins Le Yokosuka MXY-7 Ohka, avion torpille Après la guerre Les avions militaires La patrouille Blue Impulse, L’aviation civile (compagnies aériennes), Le renouveau des avions civils (Mitsubishi MRJ et HondaJet) L’Antonov An-225 à nouveau construit Aéroludique 3 Quand Histoire de l’aviation rime avec Japon Ayant eu envie de vous parler des avions japonais, je me suis penché sur l’histoire de l’aviation au Japon. Pour découvrir que c’était un sujet très peu traité. Raison de plus pour l’aborder… avec une certaine distance. Lorsque l’aviation commence, aux U.S.A. et en Europe, le Japon n’est pas encore la grande puissance industrielle qu’il va bientôt devenir. Par contre, les deux grandes armées de l’Empire du Soleil Levant, sa Marine impériale et son Armée impériale (armée de terre), cherchant en permanence à améliorer « l’art de la guerre » et se tenant bien au courant de ce qui se fait ailleurs dans ce domaine, ont vite pris conscience de l’intérêt militaire de cette nouvelle technologie. un manifeste pour la création d’une arme aéronavale. A ce moment, il s’agit surtout d’envisager l’utilisation de ballons, et très vite, un « Comité pour la recherche du ballon » est créé conjointement entre les deux armes. Comme elles sont rivales et que la direction en a été confiée à un général, la Marine choisit de créer l’année suivante le « Comité de la Marine pour la recherche aéronautique » qui deviendra le noyau de la future Aéronavale impériale. Dès 1909, le capitaine de corvette Yamamoto (sans lien avec le futur amiral du même nom) adresse à ses supérieurs Toutefois, il existe tout de même quelques japonais qui ont envie d’essayer de copier les pionniers étrangers. Yoshitoshi Tokugawa décembre 1910, il effectue le premier vol d’un aéroplane à moteur sur le sol japonais. L’année suivante, il inaugure le premier aérodrome de son pays et, le 23 avril, il établit le premier record japonais avec un vol d’une heure et neuf minutes à bord d’un Blériot. Tokugawa est né le 24 juillet 1883 dans une des familles les plus nobles du Japon. Diplômé en Génie militaire en 1903 à l’Académie de l’armée impériale, il est envoyé en France en 1909 comme attaché militaire pour y étudier l’ingénierie aéronautique et ses applications militaires. Plus tard, il deviendra commandant de bataillon aérien, puis de corps aérien, et enfin directeur du département d’entraînement de l’école d’aviation de l’armée. Devenu Baron et mis en réserve, il sera rappelé pour diriger à nouveau l’école en 1945. Il y obtient son brevet en novembre 1910 et y achète un biplan Farman III qu’il rapatrie en bateau et, le 19 4 Onokichi Isobé avril 1913, qui l’envoie en Allemagne se former au pilotage. Il y obtient son brevet le 21 novembre 1913. Isobé est né le 14 août 1878 à Kanasava (préfecture d’Ishikawa). Respectant la tradition familiale, il s’engage dans la marine dont il devient officier. En 1908, marié et père d’une petite fille, il est chef-ingénieur sur l’Anekawa, un navire de troisième ligne. Mais il décide de se consacrer pleinement à sa passion pour l’aéronautique naissante Il se lance alors dans la construction d’un petit planeur, muni de flotteurs, qu’il parvient à lancer de son navire et à faire amerrir sur l’eau. En revanche, sa tentative de le faire décoller en le remorquant par un torpilleur se solde par un échec. Il se fait muter sur l’ancien croiseur Otoha, dont le commandant partage sa passion pour l’aéronautique. Il entreprend alors, avec l’aide de matelots, la construction d’un biplan hydravion piloté semblable au Farman IV mais non motorisé. L’appareil, équipé de flotteurs gonflables en toile doublés de caoutchouc (qu’il fait breveter) réalise son premier vol le 19 avril 1910 sur la plage de Shirahama. La flottaison est excellente et le planeur est alors remorqué par un vapeur filant à 18 nœuds. Isobé s’élève à une hauteur d’environ 3 mètres sur une distance de 60 mètres avant de partir hors de contrôle et de s’écraser sur l’eau en brisant ses ailes. Isobé devant son Taube en Allemagne Il revient au Japon avec un Taube en caisse et y construit sous licence un second exemplaire avec lequel il réalise en juin 1914 un vol de plus d’une heure et demie et atteint l’altitude de 1 944 mètres. Quand le Japon déclare la guerre à l’Allemagne, les deux appareils sont rachetés en secret par l’armée pour être envoyés combattre à Tsing-Tao (possession allemande en Chine). Malheureusement l’un deux est endommagé lors du vol de réception par son pilote d’essais, tandis que le second s’écrase dans un vol de convoyage. De son côté, Isobé se rend en France où il s’engage le 1er février 1916 au 1er régiment de la légion étrangère, d’où il passe immédiatement dans l’aviation avec le grade de lieutenant. Il obtient son brevet de pilote militaire à Avord le 10 juin 1916, effectuant ensuite un stage à l’école de tir de Cazaux, puis à l’école d’acrobatie de Pau. Essais de flottaison sur la plage de Shirahama Isobé entreprend alors la construction d’un deuxième appareil. Il obtient difficilement que lui soit confié un moteur Anzani de 25 cv et reprend ses essais, d’abord de flottaison. Mais la visite de l’amiral commandant la base navale de Yokosuka le décide à tenter un premier décollage. Malheureusement, le nez de l’appareil pique dans une embardée et l’appareil, présentant un défaut dans son système de contrôle, se retourne sur les flots en étant gravement endommagé. En perm à Arcachon pendant son stage à Cazaux Sans plus de soutien de l’Armée, et sa fortune personnelle ayant coulé avec son second prototype, doit renoncer à en construire un troisième. Agé de 33 ans, il prend sa retraite de l’armée en décembre 1911 et se lance dans la propagande aérienne. L’année suivante il crée une association qui, après fusion avec d’autres associations similaires, deviendra l’Association aérienne impériale en Âgé de 38 ans, il est enfin affecté le 1er novembre 1916 à l’escadrille N 48 qui combat alors dans la région de Verdun où l’armée française reprend le terrain perdu depuis le début de l’offensive allemande. Mais le lieutenant Isobé n’y reste pas longtemps : tombé malade, il est évacué sur l’hôpital de Vadelaincourt le 23 novembre 1916 et est radié des contrôles de l’escadrille. 5 Son état de santé ne lui permet plus de reprendre le pilotage et il doit être rapatrié, décoré de la croix de chevalier de la légion d’honneur. Revenu au Japon, il rédige alors pendant sa convalescence un petit ouvrage sur la puissance aérienne, intitulé "La guerre dans les airs" (Kuchu no tatakai) dans lequel il prédit que les nations qui auront la maitrise des airs l’emporteront également sur mer et sur terre. Observant les bombardements des allemands sur les îles britanniques pendant le conflit, il craint que des appareils ennemis basés à Shanghai ou à Vladivostok puissent très facilement bombarder les villes japonaises et les réduire en cendres, prophétisant étrangement les bombardements de B-29 sur les villes japonaises en 1944 et 1945. Isobé vole sur un Nieuport 23 décoré de 3 canards et de son nom écrit en caractères japonais sous le cockpit Après deux mois de repos, il rejoint l’escadrille N 57 toujours dans le secteur de Verdun. Mais il n’aura pas plus de succès qu’à son passage à la N 48 : il est victime d’un accident au décollage le 6 mars 1917 et en est quitte pour un nouveau séjour à l’hôpital de Vadelaincourt. Rétabli, il se lance dans des affaires aéronautiques et fonde une association de recherche sur les planeurs en 1929. Il décède le 14 décembre 1957. On retrouve la trace de huit autres pilotes japonais dans les rangs de l’armée française pendant le premier conflit mondial, dont le sergent Shukounosouké Kobayashi et le caporal Tadao Yamanaka qui y perdront la vie. Mais le plus connu d’entre eux est le capitaine Kiyotaké Shigeno Kiyotaké Shigeno femme décède prématurément en 1910 et le jeune veuf décide alors de partir en France à la fin de l’année pour y étudier la musique. Il découvre à Paris le monde des arts et celui de l’aviation. Gagné par le virus, il profite de la visite d’une mission militaire japonaise fin 1911 pour offrir ses services et partir dans une école de pilotage française. Il obtient son brevet de pilote le 19 février 1912 sur Caudron à Issy-lesMoulineaux. Il entreprend alors la construction d’un appareil de son invention en s’associant avec l’ingénieur français Charles Roux et baptise l’appareil Wakadori-go (jeune oiseau), en hommage à sa défunte épouse. L’appareil est un biplan tracté par un Anzani de 50 cv qui effectue son premier vol le 26 avril 1912. Kiyotaké Shigeno est né le 6 octobre 1882 à Nagoya. Son père, baron, est un général de l’armée de terre. Kiyotaké ne se passionne pas pour les armes et ne rêve que de musique… Il commence des études artistiques, mais perdant coup sur coup ses deux frères ainés et son père en 1896, il doit alors sous la pression de sa famille entrer à l’académie militaire. Il la quitte néanmoins rapidement pour entrer à la prestigieuse académie de musique Ueno de Tokyo. Il y rencontre l’amour en la personne de la jeune Wakako qu’il épouse immédiatement. Mais la jeune Le Wakadori-go avait une masse maxi au décollage de 500 kg ; dèjà plus un ULM… 6 Rappelé par sa famille alors que les tests ne sont pas encore terminés, il rentre au Japon avec son avion. En septembre, l’avion est endommagé quand il décroche lors d’un virage juste après le décollage. Réparé et son envergure augmentée, il bat le record d’altitude japonais en atteignant la hauteur de 300 mètres le 20 avril 1913. Devenu professeur à l’école militaire d’aviation du Japon, Shigeno retourne en France au mois d’avril 1914 pour acheter un nouvel appareil. Il s’y trouve toujours quand éclate la 1ère guerre mondiale au mois d’août et s’engage, sur ordre de ses supérieurs, dans la légion étrangère le 20 décembre 1914. Rapidement envoyé dans l’aviation, il y obtient son brevet militaire le 19 avril 1915. En mai, il est affecté à l’escadrille V 24. Le 23 août, il se signale au nord de Reims à effectuer une mission d’observation au-dessus les lignes allemandes où il est copieusement canardé par la DCA ennemie, faisant l’admiration des soldats français qui l’observent en comptant les 562 obus tirés contre lui… Des problèmes de santé l’obligent en septembre à un séjour à l’hôpital militaire japonais n°4bis. C’est à ce moment qu’il est nommé chevalier de la légion d’honneur avec une citation à l’ordre de l’armée libellée : " Pilote aussi habile qu’intrépide ; exécute quotidiennement des bombardements pendant lesquels son avion a été canonné par les projectiles ennemis sans jamais se laisser détourner de sa mission." De retour en escadrille en décembre, il reprend la lutte sur Voisin LAS et se distingue encore le 13 mai 1916 en tenant tête pendant 45 minutes à deux avions ennemis pendant deux combats. Du 22 au 29 mai, il est détaché pour une mission auprès de l’attaché naval japonais. A son retour, il est muté dans la chasse malgré son âge de 34 ans qui fait de lui un des plus vieux pilotes de chasse. Shigeno et son SPAD à la cigogne « japonaise » (en posture de vol) Pendant sa convalescence sur la Côte d’Azur, il tombe amoureux d’une jeune veuve de guerre, Jeanne Aimard, qui lui donne, dès octobre 1918, une première fille (Jacqueline Aya-Ko). Démobilisé en mars 1919, il s’installe alors à Paris, épouse Jeanne puis retourne avec sa petite famille au Japon en janvier 1920. Shigeno, installé à Osaka, trouve une situation dans l’aviation civile de son pays, contribue à organiser des meetings et plaide pour le développement de l’aviation commerciale. Mais le destin va s’acharner sur la famille Shigeno. La petite Jacqueline Aya-Ko décède le 10 août 1921. Le couple revient en France pendant un mois à l’occasion d’une mission effectuée par Shigeno qui doit acquérir des avions pour la compagnie Shokwai. Jeanne lui donne encore deux enfants, Jacques Kiodori en 1922 et Roger Kiyoshi en 1923. Mais le 13 octobre 1924, une pneumonie emporte le pilote japonais. C’est à la N26, du GC12 connu sous le nom de groupe des cigognes, qu’il va s’affirmer au combat. Son symbole personnel, une cigogne dite « japonaise », est adopté par l’escadrille au point d’en devenir pour un temps l’emblème collectif. Le 17 mars 1917, volant sur son SPAD VII baptisé "Wakadori" toujours en hommage à sa défunte épouse, il abat en coopération avec l’As des As Georges Guynemer (sa 35ème victoire homologuée) un biplace qui tombe à l’Est d’Atilloncourt. Son épouse restera seule au Japon avec ses deux fils dans une situation sociale difficile : la famille de son mari réclame la garde de ses deux fils car le mariage contracté en France n’est pas reconnu légalement au Japon… Elle récupérera ses enfants après une longue bataille dans laquelle interviendront le ministère des affaires étrangères japonais et les autorités consulaires françaises. Les deux garçons suivront en fait la première passion de leur père, puisque l’ainé (décédé en 1989) deviendra un pianiste de jazz sous le nom de Jack Shigeno, son frère cadet, devenu artiste peintre, jouera également comme batteur dans un orchestre de jazz. Elle s’éteindra au Japon à l’âge de 72 ans en 1968. Puis, le 30 avril, il mène une patrouille dans la région d’Hurtebise-Brimont-La Pompelle quand il affronte un chasseur monoplace camouflé qu’il voit piquer et glisser sur l’aile. Toutefois, sa mitrailleuse étant enrayée, il ne peut le suivre jusqu’au sol et la victoire n’est pas homologuée. Mais la chance tourne lorsque, le 31 mai 1917, il est blessé lors d’une patrouille. Il vole encore jusqu’au 9 août, mais ses problèmes de santé le contraignent ensuite à une nouvelle hospitalisation qui sera longue et l’écartera du front jusqu’à l’armistice. 7 Sous-motorisé avec son Anzani de 25 cv, le N° 1 de Sanji Narahara ne réussit jamais vraiment à décoller (28 - 31 oct. 1910). Il présentait une formule particulièrement originale avec ses deux plans très fortement décalés et son plan canard avec deux petites dérives. Il n’aura pas de successeur. Pendant ce temps, au Japon, des entreprises commencent à fabriquer des avions américains et européens sous licence, avant d’imaginer leurs propres modèles. La première entreprise de construction aéronautique nippone semble être Nakajima, fondée en 1917 par Chikuhei Nakajima, capitaine ingénieur de la Marine qui vient de prendre sa retraite à 33 ans. Il lui faut un an pour fabriquer son premier appareil, construit dès le départ pour être un avion militaire. Le type 1se crashera lors de son premier décollage en juillet 1918. L’appareil, équipé d’un moteur américain de 125 cv, ressemblait au premier Boeing de 1916. Réparé, il finit par voler en août, mais se crashe à nouveau au troisième vol. Après plusieurs essais toujours aussi infructueux, le type 1 est définitivement abandonné. Les ailes du Type 5 avaient bien évolué depuis le type 1 ! Parallèlement, Nakajima construit également des Nieuport 24 et 29 sous licence ainsi que des moteurs Hispano-Suiza. En 1922, il produit le B-6, avion tout métal (duralumin) dérivé du Breguet 14 mais équipé d’un moteur RollsRoyce. Nakajima Type 1 En décembre de la même année, le Type 3 donne enfin satisfaction à son constructeur. Son pilote d’essai, Katota Mizuta fonde une école de pilotage qui utilise le seul Type 3 construit pour former ses élèves et faire des vols de démonstration jusqu’en 1921 où un accident de roulage le détruira. Le Type 4, version améliorée de février 1919 donnera enfin lieu à un succès commercial, l’armée en achetant 220 sous l’appellation Type 5 et Type 5 trainer ; ces derniers seront utilisés pendant un an seulement par l’armée avant d’être revendus à des civils. Le B-6, version métallique du Breguet XIV De son côté, le groupe Kawasaki crée en 1918 une filiale de construction aéronautique Kawasaki Kokuki Kogyo pour construire 300 avions Salmson. Puis elle va produire sous licence des avions allemands Dornier. Ce dernier leur enverra en 1923 un de ses meilleurs ingénieurs, Richard Vogt, qui sera à l’origine des premiers avions de la marque, un avion de reconnaissance puis de 8 bombardement, le KDA-2. Sorti en 1925, il sera produit à plus de 700 exemplaires jusqu’en 1931. Le moteur était encore un BMW (600 cv) et ce n’est qu’en 1935 que le K10, avion de chasse, volera enfin avec un moteur maison. Kaishiki No.7 Small Aeroplane Premier chasseur japonais, le Kai-7 était un Curtiss OX-5 revu et corrigé par Shigeru Sawada. Après son premier vol en 1916, ses succès incitèrent le Japon à envoyer son concepteur approfondir ses talents en Europe. A son retour en 1917, il reprit les tests de l’appareil mais se tua malheureusement lors d’un crash lorsque l’avion se cassa en vol après une ressource. La mort de Sawada fût considérée comme une perte importante pour l’aviation japonaise. Le biplace Type 88-II (désignation de l’armée pour le KDA-2 de bombardement léger) Enfin, pour ne parler que des constructeurs les plus connus, le groupe Mitsubishi crée également sa propre filiale aéronautique en 1920. La Mitsubishi Nainenki Seizo produit d’abord des avions français sous licence : 200 Nieuport et 145 Hanriot. Mais dès 1921, elle se constitua une équipe d’ingénieurs pour créer ses propres modèles. Comme c’est un ancien de Sopwith, Herbert Smith, qui en prend la tête, le chasseur 1 MF1 (1923) puis l’avion de reconnaissance 2 MR1 (1925) seront inspirés d’avions britanniques. La première guerre mondiale est donc terminée. Le Japon, qui y a officiellement pris part du côté allié, n’a pu engager aucun avion en combat. Mais il a quand même déjà beaucoup appris. Et pour peaufiner ses théories, il va pouvoir aguerrir ses pilotes dans deux conflits ; d’abord l’invasion de la Mandchourie en 1931, puis de la Chine, débutée en 1937. Malgré la condamnation par la Société des Nations des massacres réalisés, les japonais vont continuer à moderniser leur industrie en achetant des avions étrangers. C’est ainsi qu’une légende va naître … ainsi qu’une dure réalité. Aux États-Unis comme ailleurs, les avions sont en train de faire d’énormes progrès. Ils deviennent monoplans, métalliques et sont équipés de moteurs de plus en plus puissants et, en particulier de moteurs en ligne refroidis par eau. Chaque constructeur y va de ses projets. C’est ainsi que Boeing dessine en 1928 le P26 Peashooter. Un avion qui a tout pour plaire sauf… un train fixe. Le train rentrant, à cette époque, c’est le graal. Gagner en traînée et en vitesse, mais avec un système robuste, léger et pas trop encombrant, ce n’est pas encore au point. Northrop va s’y coller et proposer en 1935 le prototype d’un chasseur désigné A-3. Sur le papier, il devrait atteindre 434 km/h, seulement voilà ; lors d’un de ses vols d’essais, le 30 juillet, il part au-dessus du Pacifique et… disparaît complètement. La légende d’un avion fantôme, qui n’aurait peut-être pas sombré dans l’océan mais se serait dirigé vers le Japon, se répand. Légende infondée, puisque l’autonomie de l’appareil ne lui permettait pas d’aller si loin. Par contre, le projet est abandonné par Northrop, qui en vend les plans à une petite société encore peu connue : Vought. Elle le modifie un peu pour l’améliorer, et il devient le V-141 puis le V-143, rallongé et remotorisé avec 825 CV. Mais malgré ses 441 km/h, il est rejeté par la Navy, mettant Vought au bord de la faillite. Le biplan expérimentai 2MRA Tobi Et comme la Marine Japonaise a décidé de suivre l’exemple de la Navy en adoptant le principe d’embarquer ses avions, ces appareils opèreront depuis le pont du Hosho (déc. 1922), le premier navire au monde à avoir été conçu comme porte-avions (le premier P-A Britanique, HMS Hermes, lançé avant le Hosho, n’entrera en service que plus d’un an après, en 1924). Le Hosho est le premier porte-avions au monde à être entré en service 9 Le Northrop A3 Alors, pour se renflouer, celle-ci revend à nouveau les plans de l’avion… à la société japonaise Mitsui ! Pourtant, des militaires japonais sont venus participer aux transactions. Les choses étaient claires : Mitsui venait négocier la licence de fabrication de l’avion ; mais le gouvernement américain a laissé faire et les japonais sont repartis avec deux avions flambant neufs et la licence. Au final, la légende devenait réalité, et le A3 arrivait bien sur le sol de l’Empire du Soleil Levant, deux ans après sa disparition ! Il ne sera pas le seul : les japonais vont acheter également des bimoteurs Airspeed Envoy et Douglas DC2. Et pour faire bon poids, ils vont acheter aux allemands la licence de fabrication du moteur du Bf-109. Les japonais reconnaitront plus tard qu’ils se sont inspirés du système de train rentrant du V-141 pour leur Zero qui, par ailleurs, lui ressemble beaucoup. Citons encore une autre anecdote qui aurait du attirer l’attention des alliés. Au début des années trente, tous les pays du monde rivalisent pour battre des records de durée et de distance. En 1926, un laboratoire aéronautique universitaire de Tokyo avait décidé de rendre publique la qualité de son travail en s’attaquant à un tel record. Il lui faudra 12 ans pour venir à bout des problèmes techniques, technologiques et financiers soulevés par un tel projet. En 1935, la construction du Kouken débute ; l’avion a une aile revêtue de coton égyptien avec 11 couches de peinture, polie comme un miroir, les rivets sont à têtes fraisées et polies, le train est rentrant avec des portes fermant hermétiquement. Un pare-brise escamotable est utilisé pour les seules phases de décollage et atterrissage. Il est motorisé par un BMW V12 de 715 cv fabriqué par Kawasaki. Après un premier vol en mai 37, quelques vols d’essais et deux premières tentatives avortées (dont une pour un problème de pilote automatique), l’avion décolle enfin en mai 1938, précisément le vendredi 13 ! L’avion pèse plus de neuf tonnes, dont 5 800 litres de carburant. Il s’élance sur un circuit triangulaire de 1 300 km qu’il va réussir à faire 29 fois ! Quand il se repose le 15 mai, il a effectué 11 651 km a plus de 186 km/h de moyenne, en 62 h 25. Il a battu les records en place et prouvé les capacités techniques des entreprises nippones. Vue d’artiste du Kouken ; ceux qui voudront tout savoir des détails de cette aventure se rendront à l’adresse : http://www.ne.jp/asahi/airplane/museum/koukenE.html Et c’est ainsi que, lorsqu’éclate la seconde guerre mondiale, le Japon s’est doté d’une industrie aéronautique qui a largement rattrapé son retard. Et très discrètement, car les occidentaux continuent à le considérer comme un pays de petits artisans, ils se sont dotés de deux armées aériennes très bien équipées : le Service aérien de l’Armée Impériale possède en 1941 plus de 1 600 avions et 33 000 personnels, tandis que la Marine possède 1 800 avions et 10 porte-avions. Entre les deux guerres, l’aviation a beaucoup progressé dans le monde, mais à une cadence « ordinaire », une cadence de paix. Les avions sont entièrement fermés, métalliques, les vitesses ont plus que doublé, mais toutes les armées possèdent encore quelques biplans entoilés. Le Japon aligne, lui aussi, de nombreux modèles d’avions différents, capables d’assurer toutes les missions de guerre et, pour beaucoup, de le faire depuis des navires. Parmi eux, certains vont surprendre les américains par leurs capacités. L’un d’entre eux en particulier : le célèbre Mitsubishi A6M Zéro. La désignation des avions japonais est complexe. Elle diffère pour les avions de l’Armée impériale, notés dans un registre dit « Kitai » (ex : le Mitsubishi Ki-46) et pour les avions de la marine désignés par un code de type A1A1, la première lettre désignant le type (A=chasseur embarqué), le premier chiffre le rang de ce modèle dans cette catégorie, la seconde lettre le constructeur (M=Mitsubishi) et l’éventuel second chiffre la version. Ils recevaient également une appellation composée du type suivi des deux derniers chiffres de l’année de sortie dans le calendrier nippon (Bombardier type 96). A cela s’ajoute un surnom japonais et un surnom américain. Ces désignations sont celles de l’armée, qui diffèrent de celles du constructeur. 10 Mitsubishi A6M… Zéro Texte de Clansman, créé le 17 septembre 2014 13:53, modifié le 7 août 2016 20:13. ©AviationsMilitaires Le Zero fut, à son époque et malgré un nom trompeur, le chasseur le plus redouté du conflit. Il s'avérait supérieur à tout ce que l'on pouvait lui opposer, et il fallut développer des tactiques propres à en venir à bout. Petit, agile, bien armé, il semblait invulnérable, exploit d'autant plus incroyable qu'il s'agissait d'un chasseur embarqué. En 1937, alors que le chasseur A5M venait juste d'entrer en service, la marine japonaise lui chercha déjà un successeur. Elle envoya la spécification 12-Shi en mai aux firmes Nakajima et Mitsubishi, concernant un chasseur embarqué. En octobre, à la lumière des combats en Chine, la spécification fut affinée : l'appareil devait atteindre une vitesse de 370 mph, et l'altitude de 3000 mètres en cinq minutes et demie. L'autonomie requise était de deux heures avec réservoirs largables, de 6 à 8 heures en régime économique. Il devait être armé de deux canons de 20 mm, deux mitrailleuses de 7,7 mm, et de deux bombes de 30 ou 60 kg. Sa maniabilité ne devait pas être inférieure à celle de l'A5M, mais son envergure ne devait pas excéder 12 mètres. Enfin, il devait utiliser un moteur déjà disponible. Nakajima abandonna dès janvier, jugeant le projet irréaliste. L'ingénieur en chef de Mitsubishi, Jiro Horikoshi, estima qu'il était possible de concevoir un tel avion, mais qu'il fallait l'alléger au maximum. Il utilisa donc un alliage d'aluminium secret qui venait d'être mis au point par Sumitomo Metal Industries en 1936, l'alliage 7075 ou Extra Super Duralumin. Celui-ci était plus léger et plus résistant que les autres alliages, mais aussi plus sensible à la corrosion : il fallait donc une peinture anticorrosion. Horikoshi dut se résoudre à ne pas installer de blindage, ni même de réservoirs auto-obturants trop lourds. Mais son faible poids fit qu'il disposait d'une très faible charge alaire, et donc d'une grande maniabilité. Sa vitesse de décrochage était de l'ordre de 110 km/h. Avec son aile basse cantilever, son train d'atterrissage rétractable, son cockpit fermé, il apparaissait comme un des avions de chasse les plus modernes de l'époque. Le fuselage et les ailes étaient construits d'une pièce, ce qui était un peu plus long mais donnait une structure très solide. Il fut désigné officiellement A6M, le A indiquant un chasseur embarqué, le 6 parce qu'il s'agit du 6ème appareil de ce type, le M renvoyant au constructeur. Un système de désignation identique à celui de l'US Navy, en somme. Le prototype, désigné A6M1, effectua son vol inaugural le 1er avril 1939. Il était propulsé par un Mitsubishi Zuisei 13 de 780 cv et disposait d'une hélice bipale. Les tests furent courts mais concluants, l'unique modification apportée consistant à changer l'hélice pour une autre à trois pales. Il fut accepté en septembre. Deux prototypes furent construits, et un troisième fut doté du moteur Nakajima Sakae 12 de 940 cv sur demande de la marine japonaise. La première version de série, l'A6M2 Model 11, entra en service en juillet 1940. Comme 1940 correspond à l'année 2600 pour les Japonais, l'A6M fut aussi désigné Type 0, Rei-sen en japonais. Le surnom "Zéro" lui est resté. (NdlR : « chasseur embarqué de Type 0 », c'est-à-dire Rei shiki Kanjo sentoki , officiellement abrégé en Rei-sen du côté japonais ; l'abréviation la plus populaire parmi les pilotes japonais de l'époque reste tout de même celle de « Zero-sen », car les mots anglais « zero » et français « zéro » furent introduits au Japon dès la fin du XIXe siècle par les ingénieurs anglais et français que le Japon se plaisait à recevoir en vue de se constituer une industrie et une armée modernes.) 11 Les Zéro remportèrent leur premier combat aérien en Mandchourie le 13 septembre 1940, lorsque 13 d'entre eux affrontèrent 27 I-15 et I-16 chinois. Le résultat fut sans appel : les 27 chasseurs chinois furent abattus pour… zéro perte, et ce en trois minutes. Un an plus tard, ils avaient remporté 99 victoires. Aux États-Unis, les officiels refusèrent de croire que les Japonais avaient été capables de construire un tel chasseur. Au moment du raid sur Pearl Harbor, 420 exemplaires étaient en service dans le Pacifique, ce qui représentait 60% des chasseurs de la Marine Impériale. 45 d'entre eux firent partie de la première vague, et 36 de la deuxième. Ils servirent à l'escorte et à mitrailler la base. Un Zéro pendant l’attaque de Pearl Harbor Le Zéro gagna rapidement une réputation d'invincibilité : d'abord, son incroyable autonomie de 2 600 km, bien adaptée au Pacifique, lui permettait de rejoindre des points éloignés, ce qui donnait l'impression aux Américains qu'il y avait plus de Zéro que dans la réalité. Cet avantage, ainsi qu'un plafond très élevé, en faisait par ailleurs une bonne plate-forme de reconnaissance. Sa maniabilité et sa puissance de feu étaient supérieures à tous les chasseurs alliés de 1941. Même le Spitfire était surclassé, et s'engager dans un combat tournoyant avec un Zéro s'avérait fatal. Il engrangea alors un taux de victoires de 12 pour un. On estime à au moins 1 550 le nombre d'avions américains abattus par les Zéro. Saburō Sakai est l'as le plus connu sur Zéro, avec 64 victoires. plus que les Japonais n'arrivaient pas à développer de moteurs à forte puissance. De plus, il n'eut aucun réel successeur. Aussi resta-t-il en production jusqu'à la fin de la guerre. Il faut ajouter à cela une forte tendance chez les japonais à exagérer grandement leurs victoires, ce qui laissait à penser à l’État-major impérial que le Zéro était toujours un bon appareil, ce qui n'était pas le cas, ainsi que la disparition des pilotes les plus expérimentés et un entraînement des nouvelles recrues de moins en moins à la hauteur, par manque d'essence et de temps. L'année 1943 fut particulièrement fatale au Zéro. Comme d'autres avions japonais, il fut utilisé pour des attaques kamikazes, qui consistaient à se jeter volontairement contre un navire américain dans l'espoir de le couler, et d'enrayer l'invasion du Japon qui se profilait. Les attaques kamikazes commencèrent dans l'été 1944, peut-être en octobre, après la chute des îles Mariannes qui mettaient le Japon à portée des B-29 et pendant la bataille de Leyte. Il y eut près de 4 000 kamikazes, dont 14% atteignirent une cible. Entre 34 et 57 navires (selon les sources) furent coulés à cause des kamikazes (voir p.16). 10 939 exemplaires furent construits de 1940 à 1945. Il donnera naissance à un hydravion dérivé, l'A6M2-N "Rufe". Pendant la guerre, il ne fut utilisé que par la marine japonaise. Mais quelques exemplaires furent utilisés par la Chine nationaliste après la guerre, peut-être par la France, l'Indonésie et la Thaïlande. A6M2-N "Rufe". Les Alliés mirent au point d'autres tactiques : celle utilisée par les Tigres volants consistait à se battre dans le plan vertical, et une courte rafale suffisait à faire exploser le Zéro dépourvu de blindage et de réservoirs auto-obturants. Le Zéro commença à être dominé dès 1942, lors de la bataille de Midway. C'est cette année-là que le système d'identification US fut mis en place et qu'il fut baptisé "Zeke" (les chasseurs recevaient un prénom masculin). En juillet 1942 les Américains capturèrent un Zéro pratiquement intact, qui avait atterri d'urgence sur l'île d'Akutan dans les Aléoutiennes. Réparé et testé en vol, il permit aux Alliés de percer ses secrets. Avec l'apparition des P-38, F6F "Hellcat" et F4U "Corsair", le Zéro fut définitivement surclassé, d'autant Quelques Zéro ont survécu et sont exposés dans des musées, au Japon, en Chine et aux États-Unis (dont un à Pearl Harbour et un autre au National Air and Space Museum). Trois exemplaires sont en état de vol, et un seul avec son moteur d'origine, l'A6M5 du Planes of Fame Museum. Pour représenter des Zéro, notamment dans les films, on a souvent transformé des T-6 en monoplaces. Le Zéro fut un des premiers chasseurs embarqués à surclasser ses homologues basés à terre. Mais faute d'un développement adéquat, il fut vite surclassé. Ses qualités et défauts sont bien connus : grande autonomie et maniabilité d'une part, manque de blindage d'autre part. C'est surtout 12 l'absence d'un moteur puissant qui l'empêcha d'évoluer et d'aller au bout de son potentiel. Nakajima Kikka NdlR : Plusieurs versions améliorées ont néanmoins vu le jour, recevant un moteur Nakajima de 1 130 cv (A6M3) qui ne lui fit d’abord gagner qu’une dizaine de km/h mais lui permit d’emporter des armes plus puissantes ; puis d’autres modifications améliorèrent encore un peu la vitesse en palier mais surtout la vitesse en piqué qui put atteindre 660 km/h sur le A6M5 puis 740 sur le A6M5a (1944). La version b reçu enfin un pare-brise blindé et des extincteurs de réservoirs. Le A6M8 reçu enfin (avril 45) un nouveau moteur que Mitsubishi (pourtant son constructeur) réclamait en vain depuis longtemps, le 14 cyl. Mitsubishi Kinsei 62 de 1 560 cv. Mais il n’eut pas le temps de voir le jour… De nombreux autres avions vont briller dans le ciel nippon. Il ne présenterait pas d’intérêt dans cet article de les citer tous. Par contre, pour situer comment la construction aéronautique avait évolué dans ce pays pendant ces quatre années, je voudrais vous citer le Kikka (fleur d’oranger). Le Japon étant allié avec l’Allemagne, il y eut bien sûr des transferts de technologie entre les deux nations. Et fin 1944, l’attaché naval japonais à Berlin transmit un rapport édifiant sur le Me-262 dont il avait assisté à des vols de démonstration. Le haut-commandement décida donc de se doter d’un tel appareil et il fallut moins d’un an à deux ingénieurs de Nakajima pour mettre au point un premier prototype. Bien sûr, celui-ci fût très fortement inspiré par le 262, mais il s’agit bien d’un appareil complètement différent, et intégralement créé et construit par les japonais. La mise au point des réacteurs posa néanmoins de gros problèmes et BMW dut leur envoyer des photos détaillées de son moteur pour les aider. Bien que destiné à être basé à terre, ce bombardier léger (500 kg de charge) et non armé était équipé d’ailes repliables pour pouvoir être entreposé dans des abris comme des tunnels. Deux fusées d’appoint à poudre lui permettaient de décoller en moins de 400 m. Le premier vol fut réalisé le 7 août 45, mais lors du second vol le 11 août, les fusées mal orientées provoquèrent le crash au décollage de l’appareil. Le second prototype était quasiment terminé mais… quatre jours plus tard, le Japon capitulait. Caractéristiques Techniques Modèle : Envergure : Longueur : Hauteur : Mitsubishi A6M2 Rei-sen 12,10 m 9,15 m 3,05 m 1 moteur en étoile Nakajima NK1C Motorisation : Sakae 12 Puissance totale : 1 x 950 ch. 2 canons de 20 mm Armement : 2 mitrailleuses de 7,7 mm 2 bombes de 60 k Poids à vide : Poids en charge : 1 680 kg 2 800 kg 534 km/h ou 561 km/h selon les Vitesse max. : sources Plafond pratique : 10 000 m Rayon d’action : 3 105 Km Équipage : 1 Sur ces deux plans troisvues, les avions sont à la même échelle ; on voit que le dernier est plus petit que le premier bien que plus puissant, plus performant, et plus rapide (697 km/h) 13 Les As Japonais de la Seconde Guerre Mondiale La liste des As nippons n’est certes pas comparable à celle des As allemands. 105 pilotes germaniques ont dépassé les 100 victoires, alors qu’un seul japonais est dans ce cas. Néanmoins, six de leurs pilotes ont dépassé les 50 victoires, soit autant que les pilotes alliés toutes nations confondues. Mais il semble qu’ils ont bénéficié d’un mode de calcul des victoires permettant parfois à chaque pilote d’un groupe de bénéficier des victoires du groupe. Parmi eux, on remarque en particulier quelques noms. Hiroyoshi Nishizawa brillantes, totalement imprévisibles, impossibles et intenses à vivre. » Né en janvier 1920 dans un village de montagne, fils du directeur d’une usine de saké, il commence très tôt à travailler dans une usine de textile. A 16 ans, il répond à une campagne de formation de pilotes de réserve. Il obtient son brevet de pilote de l’aéronavale en 1939. Affecté à un escadron de chasse sur Mitsubishi A5M, il obtient ses gallons de lieutenant. Après la déclaration de guerre contre les USA, il est transféré en Papouasie Nouvelle Guinée (au nord de l’Australie) où il se retrouve aux commandes d’un Zéro. C’est là qu’il obtient sa première victoire homologuée, contre un P-39 Airacobra, en avril 42. Le 3 mai, il en est déjà à 7 victoires. Il participe ensuite depuis Rabaul (Nouvelle-Bretagne) à la bataille de Guadalcanal où son escadrille subit de très lourdes pertes contre les F-4F Wildcat américains. A la minovembre 1942, ses dix pilotes survivants sont rappelés à l’arrière pour devenir instructeurs : Nishizawa totalise alors 40 victoires. En mai 43, il retourne au front, avant de redevenir instructeur en novembre. En février 44, nouveau retour au combat, aux Philippines, où, en octobre, il dirige l’escorte de la première mission importante de kamikazes. Au cours de celle-ci, il abat deux Hellcat qui portent son score officiel à 87 victoires. Selon certaines sources, le chiffre officieux serait de 104. Le lendemain, il se porte volontaire pour une attaque kamikaze, mais il est refusé par sa hiérarchie qui juge qu’il est trop bon pour être sacrifié. Néanmoins, son appareil est utilisé pour cette mission et donc détruit. Comme d’autres pilotes, il embarque donc le 26 octobre à bord d’un avion de transport Ki-49 pour aller chercher de nouveaux Zéro. Mais l’avion est attaqué et abattu par un Hellcat au-dessus de Mindoro. Nishizawa meurt à 24 ans avec le plus haut score de son pays. Saburo Sakai, autre as aux 64 victoires, a dit de lui : « Jamais je n'ai vu un homme faire avec un avion de chasse ce que Nishizawa pouvait faire avec son Zero. Ses acrobaties aériennes étaient à la fois à couper le souffle, Saburo Sakai Sakai est né en août 1916 dans une famille de descendants de samouraïs mais devenus fermiers. Faute de réussir ses études, il s’engage à 16 ans comme matelot dans la marine japonaise. En 1937, il s’inscrit à l’école de formation de pilotes et en sort major de sa promotion. Hiro Hito en personne lui offre une montre en argent à cette occasion. Devenu pilote de l’aéronavale, il participe à son premier combat en 1938 pendant la guerre sino-japonaise et en octobre de l’année suivante, obtient sa première victoire contre un bombardier. Au début de la guerre contre les USA, il est affecté aux Philippines où il obtient 13 victoires avant de tomber malade en janvier 42. Rétabli, il rejoint la Papouasie Nouvelle-Guinée où il rejoint Nishizawa. Le 7 août 42, il est grièvement blessé à la tête au-dessus de Guadalcanal. Il perd son œil droit et est paralysé du côté gauche. Il parvient néanmoins à ramener son appareil à Rabaul à plus de 1 000 km. Après cinq mois de convalescence, il est affecté comme instructeur avant de retourner au front en avril 44 à Iwo Jima. Il y fait encore quelques sorties de combat, mais il n’ajoute que 4 victoires à son palmarès qui s’élève au final à 64. Après la guerre, il quitte l’armée et se consacre au bouddhisme et à son imprimerie. Il meurt d’une crise cardiaque en septembre 2000. 14 mais y obtient 14 victoires ce qui en fait l’As principal de ce conflit. Mais contrairement au précédent et à Nishizawa, il est affecté sur porte-avion. Et c’est du Zuikaku qu’il décolle le 7 octobre 1941 pour l’attaque de Pearl Harbor. Mais il ne participe pas à celle-ci, étant affecté à la protection de son porte-avion. Le casque que portait Sakai le 07 août 42 a été conservé et est exposé aujourd’hui au Nimitz Museum Tetsuzo Iwamoto Le pont du Zuikaku juste avant l’attaque En août 42, il fait lui-aussi un passage comme instructeur avant de retourner au combat en novembre 43 à Rabaul. Après diverses affectations sur tous les fronts et contre tous les types d’avions US, il termine la guerre à former de jeunes pilotes aux missions kamikazes. Son score est alors, selon les sources, de 80 à 94 victoires. Lui-même aurait revendiqué plus de 200 avions détruits dans des écrits laissés après sa mort. Celle-ci n’interviendra qu’en 1955 (39 ans), quand il sera rattrapé par une septicémie déclenchée pendant une opération subie suite à ses blessures du dos reçues au combat. Iwamoto est né en 1916 comme Sakai, et possède un parcours très semblable. Il obtient son brevet la même année, participe lui aussi à la guerre sino-japonaise N’ayant pas accepté la défaite du Japon, il avait sombré dans l’alcoolisme. Sa femme rapportera ses derniers mots, « Quand j'irai mieux, je veux voler à nouveau. » 15 Les Kamikazes morne s'il est obligé de tuer l'un de ses meilleurs pilotes. Je ne fais pas cette mission pour l'Empereur ou l'Empire… Je le fais car j'en ai reçu l'ordre ! ». Un Mitsubishi Zéro kamikaze (au fond à gauche) se jette contre le cuirassé USS Missouri le 11 avril 1945. Il n'a fait aucun blessé et a causé des dégâts mineurs En japonais, le terme Kamikaze peut se traduire par « vent divin ». Il est utilisé à la fin du treizième siècle pour désigner les typhons qui, selon la légende, auraient mis en déroute la flotte mongole venue envahir le Japon. A l’automne 1944, le terme est utilisé pour désigner la première Unité d’attaque spéciale, chargée par son sacrifice d’invoquer les vents (Kami) pour renouveler l’ancien miracle. Elle était composée d’étudiants volontaires, qui n’avaient reçu qu’une formation minimum (7 jours à la fin de la guerre). Les pilotes décollaient sans parachute et n’étaient autorisés à revenir à leur base que s’ils n’avaient rencontré aucun ennemi. Au cérémonial de départ d'une attaque, les militaires vouaient allégeance à Hiro Hito, l'Empereur du Japon, récitaient un poème d'adieu puis buvaient l'ultime saké en se tournant dans la direction de leur région de naissance. Ils nouaient autour de leur front, par-dessus le casque de vol, un bandeau Hachimaki aux couleurs du drapeau du Japon. Cet acte de sacrifice s'accompagnait souvent d'un cri de guerre, le fameux « Banzai » (version raccourcie du cri « longue vie à l’empereur »). La première attaque officiellement enregistrée eut lieu le 25 octobre 1944 dans le golfe de Leyte (en fait, une précédente mission avait été lancée quatre jours plus tôt, mais avait échoué). L’escadron était composé de trois groupes, le second commandé par le lieutenant Yukio Seki, et composé de trois fois cinq Zéro modifiés pour emporter une bombe de 250 kg. Il était escorté, entre autres, par Nishizawa. Si on a souvent présenté ces missions comme exécutées par des pilotes honorés d’y participer, il faut savoir qu’avant de partir, Seki aurait déclaré : « L'avenir du Japon est bien Seki et les hommes de l'unité « Shikishima » pendant le toast cérémonial, peu avant leur départ pour la première attaque-suicide La mission fut un succès, quatre des cinq Zéro de Seki ayant touché leur cible. Le porte-avion d’escorte USS St-Lo coula après qu’un des Zéro, peut-être celui de Seki, ait percuté son pont d’envol, allumant un incendie qui se transmit à la soute à torpilles et à bombes. 126 de ses marins périrent. Un autre porte-avions fut également gravement endommagé. De nombreuses autres attaques suivirent jusqu’à la fin de la guerre. Si le Zéro fut l’avion le plus utilisé pour ces missions, de nombreux autres appareils dépassés à cette époque le seront également, en particulier des bombardiers en piqué et des bombardiers torpilleurs. Des avions seront même conçus à la fin de la guerre pour cet usage, dont le Nakajima KI- 115, avion rustique et très difficile à piloter qui ne sera quasiment pas construit, et l’avion torpille Ohka dont nous parlerons un peu plus loin. Au total, un millier d’avions environ (et quelques navires et sous-marins suicides) réussirent à franchir les lignes de défense américaines, occasionnant la perte de 47 navires (dont trois porte-avions d’escorte et 14 destroyers ; aucun navire important ne fût coulé) et des avaries sur 368 autres navires. 4 900 marins décédèrent, et presque autant furent blessés. Mais il faut savoir que ces missions coûteront la vie à près de 14 000 japonais, entre les pilotes des avions et navires et les équipages des avions, bateaux et sous-marins d’escorte abattus. 16 D’autres engins kamikazes En effet, les japonais n’eurent pas recours qu’à des avions pour leurs missions suicide. Le principe de ce genre d’actions a été utilisé par toutes les composantes de l’armée, et c’est ainsi qu’on a également dénombré : - Des parachutistes ; mais là, je crois que l’on peut dire que d’envoyer des fantassins à une mort certaine est quelque chose qui a été pratiqué par toutes les armées sans en faire pour autant des missions spéciales. passait à 1 500 kg. La torpille pouvait être mise à l’eau depuis la côte, depuis le pont d’un navire ou depuis celui d’un sous-marin. Cette dernière fut la seule utilisée effectivement en opérations par une centaine de Kaiten sur les 330 construits. Or l’emport de quatre Kaiten limitait de fait les performances du sous-marin porteur qui ne pouvait plonger à plus de 80 m, dont la vitesse était également réduite ainsi que l’armement traditionnel emporté. Il devait apporter la torpille à portée de sa cible ; le pilote était alors briefé, le cockpit ventilé, le gyroscope réglé, le pilote accédait à son poste par un sas, l’appareil était largué le pilote se fiant à son gyroscope pour se diriger vers la cible, puis il remontait juste sous la surface et affinait sa route en immersion périscopique (70 cm) et, enfin à portée, replongeait un peu pour venir frapper le navire sous la ligne de flottaison à grande vitesse pour limiter les risques d’être repéré ou touché. - Des vedettes rapides appelées Shin'yō, capable d’une vitesse de 55 km/h et chargées d’environ 300 kg d’explosifs pouvant être déclenchés à l’impact ou par un bouton. Plus de 6 000 de ces bateaux ont été construits, mais beaucoup ont été stockés sur les côtes dans l’attente d’une invasion qui finalement n’aura jamais lieu. Toutefois, début 45, six péniches de débarquement et quelques autres navires ont été coulés ou endommagés, aux Philippines et à Okinawa par des Shin'yō. Cette procédure trop lourde rendra ces engins quasiment inefficaces. Entre novembre 44 et juillet 45, ils réussirent à couler trois navires (un pétrolier, une péniche de débarquement et un destroyer), faisant 187 victimes. De leur côté, les japonais perdirent 106 pilotes de Kaiten et un millier d’autres membres d’équipage, en particulier à bord des sous-marins porteurs qui furent souvent coulés. - Des sous-marins de poches, appelés kōhyōteki, kōryū et kairyū, sur lesquels je n’ai pas trouvé de détails - Des torpilles humaines appelées Kaiten (départ pour le ciel). Il s’agissait de torpilles Type 93 modifiées pour emporter un pilote. Alors que cette torpille était réputée pour être la meilleure de son époque (500 kg de charge explosive emportés jusqu’à 40 km et jusqu’à 96 km/h !), sa version transformée ne fut pas une réussite. Sa mise au point révéla de nombreux problèmes et, d’ailleurs, ses deux concepteurs mourront à ses commandes pendant des essais. Parmi eux, l’étanchéité du compartiment pilote et les vapeurs toxiques émises par le moteur. Les performances de vitesses étaient réduites à 58 km/h maxi, mais 22 en croisière de surface et seulement 10 en plongée. Celle-ci ne pouvait amener l’engin à plus de 80 m. Par contre, la charge explosive 17 Yokosuka MXY-7 Ohka Le MXY-7 Ohka (Fleur de cerisier) est plus connu sous son appellation US de Baka, mot japonais signifiant « idiot » ou « stupide ». Lorsque la haute autorité nipponne conclu qu’elle ne disposait plus de suffisamment de vieux avions déclassés pour assurer les missions kamikazes, elle décida de lancer la fabrication d’engins dédiés à ces seules missions. Ils devaient être simples à construire et peu onéreux, sans avoir besoin d’être robustes puisqu’ils étaient destinés à ne servir qu’une fois. Nakajima proposa donc le KI-115, en bois et acier, pouvant recevoir n’importe quel moteur en stock, et équipé d’un train sommaire largué après le décollage. L’Arsenal technique Aéronaval de Yokosuka, de son côté, lança l’étude d’une bombe volante pilotée qui fût mise au point au début de 1945. L’Ohka était une torpille de 2 140 kg, dont 1 200 kg de charge explosive, larguée depuis un bombardier Mitsubishi G4M « Betty », puis accélérée par trois moteurs fusées qui pouvaient être allumés ensemble ou séparément par son pilote (pendant 8 à 10 s). Sa très faible autonomie nécessitait un largage à une trentaine de kilomètres de la cible, ce qui rendait la mission du bombardier presqu’aussi suicidaire. La torpille poursuivait alors sa route d’abord en vol plané, puis son pilote déclenchait à sa convenance les trois fusées. Sa vitesse pouvait alors atteindre 650 km/h en palier, et près de 1 000 km/h en piqué. Il était donc très difficile de l’intercepter avec les moyens de l’époque. Mais heureusement, ses gouvernes rudimentaires la rendaient très peu maniable et son pilotage était très peu précis. endommageant cinq autres navires, et faisant 138 morts et 165 blessés. Le 21 mars 1945, 16 Betty escortés par 56 Zéros furent envoyés contre la Task Force 38. Mais l’escorte trop légère fut débordée par les Hellcat venus à leur rencontre, et tous les avions furent abattus à plus de 110 km de leur cible sans qu’aucun Baka ne fût largué. Entre avril et juin, 60 Baka attaqueront la flotte américaine d’Okinawa au cours de neuf missions. Six seulement occasionneront des dégâts, coulant un destroyer et Plusieurs exemplaires sont encore visibles de nos jours dans différents Musées, principalement au Japon, aux USA eten Grande-Bretagne. Plus de 850 appareils furent construits, essentiellement du type 11 ; plusieurs autres versions furent étudiées et portées jusqu’à un niveau plus ou moins avancé, dont le type 22 (équipé d’un réacteur ; 50 construits mais aucun entré en service), les types 43A et B prévus pour être lancés depuis un sous-marin ou depuis une rampe souterraine, le K1 d’entraînement, monoplace avec un patin d’atterrissage et le 43 K1 biplace d’entraînement construit à deux exemplaires. Model 43 K-1 Kai Wakazakura (Jeune Cerise), équipé d’un seul moteur fusée et d’un patin rétractable Caracteristiques Longueur : 6.06 m Hauteur : 1.16 m 18 Envergure : 5.12 m Masse à vide : 440 kg Dans son excellent ouvrage « Feux du ciel », l’as français Pierre Clostermann raconte la mort du contre-amiral Ugaki et du vice-amiral Fukada. L’histoire se passe le 9 août 45, trois jours après Hiroshima. Elle débute sur la base d’Omura, sur l’île de Kyushu, ravagée par les bombardements américains. Ils savent que la guerre est perdue. « Il ne leur reste plus qu’une sortie honorable… » Même si ce récit est truffé d’incohérences (les fusées sous les ailes, la date et les circonstances connues de la mort d’Ugaki…), je trouve qu’il décrit assez bien ce qu’ont pu être ces missions suicides, en tout cas pour les pilotes qui étaient vraiment volontaires… En voici quelques extraits. « Deux Betty sortent, péniblement poussés à bras par les hommes qui transpirent. Un tracteur lilliputien émerge d’un tunnel, traînant deux remorques. Sur chacune un Jinraï (Ndlr : surnom japonais du Baka) soigneusement couché sur un berceau capitonné. Les armuriers apportent sur des chariots les cylindres contenant une tonne de TNT chacun, et à l’aide d’un palan monté sur le tracteur mettent les charges en place dans le nez des engins. Les cinq détonnateurs sont soigneusement vissés et l’ensemble est recouvert d’un capotage aérodynamique. Les Jinraï sont glissés entre les jambes du train d’atterrissage sous le ventre des Betty. Les amiraux Ugaki et Fukada descendent lentement l’escalier taillé dans la falaise. Ugaki a enfilé sur son uniforme une longue robe blanche dont les larges manches sont relevées jusqu’au coude. Dans le dos, une fleur de cerisier rose à cinq pétales est brodée.Tous, les bras croisés, se courbent bien bas pour saluerles deux officiers, et à ce même instant un éclair fulgurant déchire le ciel… (Ndlr : Nagasaki !)… Après une dernière accolade, les amiraux s’installent dans les étroites cabines des Jinraï et les carapaces transparentes sont soigneusement verrouillées sur leur têtes. Deux crochets sont introduits dans les anneaux qui flanquent la cabine et les treuils remontent par saccades la torpille volante et la collent au fuselage où elle est maintenue rigidement en place. Ugaki, enfermé dans son cercueil d’aluminium et de plexiglas poli est dans l’obscurité car la cabine du Jinraï s’enchâsse étroitement dans la soute à bombe du bimoteur… Tremblement des moteurs qui démarrent – vibration sonore du barbelage des antennes de radar au diapason des tours d’hélice… Le décollage est lent, vent de travers L’avion saute sur un pneu à cloche-pied, en rebonds maladroits. Les cahots cessent – tangage ivre de l’appareil qui cherche son assiette. Impression d’enfoncement quand l’air se dérobe sous les volets qui se relèvent…. Maintenant c’est l’attente. Dans une cent cinquantaine de minutes il verra s’allumer le voyant vert – prépare-toi ! – puis le voyant rouge clignotera à son tour, et face à l’ennemi il sera largué. Jusqu’à ce moment, il restera crispé, isolé, face à face avec ses pensées… Les avions sont rejoints part deux Saïun équipés de torpilles et par une escorte de chasseurs Shiden au-dessus de Kanoya. Bientôt deux heures interminables de vol. La crampe qui se noue dans les cuisses. L’oxygène qu’il faut économiser car la réserve n’est pas grande et il n’y a presque plus de pression – les machines manquaient à Omura pour recharger les bouteilles après le bombardement. Le froid aussi, au travers de l’uniforme de drap mince… 13h40 – Feu vert. Pieds affermis sur le palonnier, une main tenant fermement le manche et l’autre sur la roue de compensation des gouvernes, tout le corps est tendu en avant. Qu’y a-t-il dans cette tête rasée, sous ce casque de cuir noir ? De la haine ? - une rage froide ? - l’angoisse de l’inconnu ? Probablement le vide volontaire. Ces pensées qui sont toute notre vie à nous, sont accessoires pour lui, reléguées au loin par le mécanisme de l’acte qui reste à accomplir… 13h41 – ROUGE ! Chute dans le vide – claquement des raidisseurs qui sautent… éblouissante lumière du ciel pur. Abattée violente de l’engin qui pique aussitôt du nez, entraîné par sa lourde charge d’explosifs… Un gauchissement à droite et à gauche pour tâter les commandes – le Jinraï est affreusement instable. Un coup d’œil au sommaire tableau de bord - Indicateur de vitesse : 580 km/h… - Altitude : 7 100 m… - Indicateur de niveau : queue haute… 19 - Compas : sud… A gauche, le boîtier de sélection des cinq moteurs fusée. Puis en face, entre les deux yeux, peinte en rouge, la poignée d’armement qu’il tire à lui d’un coup sec – les détonateurs enfouis dans la charge mortelle de Trinitro Anisol sont armés… convergent d’obus tirés à bout portant par les quatre tubes de 20 mm… Il se raidit et hurle BANZAÏ !... Et devant le soleil de la mort, Ugaki n’a pas baissé les yeux. A la vitesse de presque 300 m/s, le bolide a perforé la coque et a explosé dans le hangar n°2 du Savo Island. Le porte-avions est gravement endommagé mais il ne coule pas. Il y a 39 tués et de nombreux blessés. On ne retrouvera presque rien du Jinraï et de son pilote, sinon un sabre de samouraï. Des douze Shiden de l’escorte, seuls quatre réussiront à échapper aux 54 P-47 et P-51 venus les intercepter. Ils attaqueront un gros cargo qui manœuvrait pour rentrer dans la rade de Kyukyu. Pris pour des P-47 auxquels ils ressemblaient, ils ne seront pas tirés par la DCA. « Les 2 500 tonnes d’explosifs que transportait le navire dans ses cales provoquèrent un véritable raz-de-marée… Ainsi se termina la dernière mission kamikaze de la guerre. » Une pression du pouce sur le bouton qui couronne le manche, et les fusées d’ailes s’allument. Ugaki est collé à son siège, les reins pliés par l’accélération foudroyante. 850 km/h – mais déjà presque mille mètres de précieuse altitude perdus… L’avion fonce sur l’île d’Okinawa, ravagée elle aussi par des bombardements. Les batteries de DCA réagissent au bruit des fusées, mais trop tard. L’avion n’est plus qu’à 1 500 m d’altitude quand il voit la rade, pleine de bateaux et d’épaves… - Vite une belle cible digne du sacrifice ! Les croiseurs aux cheminées grêles ? Les navires de ligne South Dakota au mouillage ? Enfin ! Les porte-avions, trapus, carrés, aux superstructures dissymétriques. Ugaki a choisi. Il déclenche le rugissement des trois dernières fusées et, à mille kilomètre à l’heure, comme une comète trainant sa queue de feu, le Jinraï se dirige vers le plus grand des porte-avions… L’anneau d’acier du collimateur rudimentaire ceinture l’échafaudage de passerelles et de plateformes flanquant le pont d’envol… Ugaki rase maintenant les vagues à moins d’un mètre, et la masse grise qui grandit, énorme, le surplombe… le jet Le Savo Island, mis en service en 44, a bien été atteint par un kamikaze, mais en janvier 45 et aux Philippines Selon Wikipedia, Matome Ugaki serait bien le dernier Kamikaze, mais il serait mort le 15 août et son avion était un bombardier en piqué Yokozuka D4Y Suisei. En plus, il semble que les onze avions de son groupe aient été abattus avant d’atteindre leurs cibles. L'amiral Ukagi posant avant sa mission kamikaze. Il a à la main un petit sabre qu’on retrouvera dans la carcasse d’un des avions de la mission 20 21 Après la guerre… Après sa défaite, l’Empire du Soleil Levant est obligé par les alliés à dissoudre toutes ses forces militaires, et donc ses deux forces aériennes. Ses avions sont détruits, confisqués ou, au minimum, bricolés pour ne plus pouvoir être utilisés à des fins militaires. Après la fin de la tutelle Américaine en 1951, qui impose une nouvelle constitution plus démocratique, il est autorisé en 1954 créer la Force d’Auto-défense Aérienne Japonaise, qui très vite s’équipe de nouveaux avions d’origine américaine. Mais cette constitution lui interdit de s’équiper d’armes offensives. Ses appareils ne peuvent donc remplir que des missions défensives. De même que l’Allemagne servait à cette époque de rempart entre l’Europe et l’Union Soviétique, le Japon devient le poste avancé des États-Unis dans le Pacifique, pour surveiller la Chine et l’URSS comme pour se protéger d’éventuelles incursions aériennes ou maritimes, et pour servir de base dans cette région du monde où ils vont mener plusieurs conflits. La FAAJ achète d’abord ses avions aux USA avant de pouvoir les construire sous licence et d’acquérir ainsi les compétences techniques qui vont lui permettre de créer ses propres appareils. Paradoxalement, le premier avion conçu dans l’île aprèsguerre ne sera pourtant pas inspiré d’un chasseur américain. Dans les années 60, la FAAJ cherchait un avion école pour former ses pilotes de Starfighter et de Phantom. Elle s’intéressa d’abord aux Sepecat Jaguar et Northrop Talon avant de décider de lancer le développement d’un avion japonais. Fuji, Kawasaki et Mitsubishi proposèrent des projets et c’est le dernier qui fût retenu. Et c’est ainsi que le Misubishi T-2 fera son premier vol en 1971. est vrai que bien d’autres avions-école (Hawk, Albatros…) lui ressemblent. Une version de chasse en sera rapidement tirée sous le nom de F-1. A la fin des années 80, Mitsubishi étudiera et produira le premier chasseur japonais capable de M2, le F-2. Cette fois, il ne s’agira pas d’une copie mais bien d’un avion dérivé du F-16 avec la collaboration de Lockheed-Martin qui contribue à 40% à sa fabrication. Dans les années 70, Kawasaki met au point l’avion de transport C-1, capable de transporter 60 parachutistes. Mitsubishi T-2 Et s’il présente de nombreuses différences avec le Jaguar, il en est quand même très fortement inspiré, allant même jusqu’à partager les mêmes moteurs. Il en ira de même de son successeur, en 85, le Kawasaki T-4, qui, lui, ressemblera beaucoup à l’Alpha-Jet. Mais il Kawasaki C-1 22 Enfin, la FAAJ a voulu, au début du siècle, acheter des F22 Raptor pour moderniser sa flotte. Mais le Congrès américain a refusé d’exporter ce bijou technologique (alors qu’il a accepté de leur vendre 42 F-35). Qu’à cela ne tienne… Mitsubishi a fait voler en avril dernier son X-2, avion furtif de cinquième génération à poussée vectorielle. Ses commandes de vol électriques utiliseront des fibres optiques, et une fonction « d’autoréparation des contrôles de vol » encore en développement devrait permettre à l’avion de détecter et de mesurer les dommages acquis par les commandes de vol pour adapter immédiatement en conséquence l’utilisation des gouvernes restantes. Il ne s’agit toutefois que d’un démonstrateur destiné à mesurer l’utilité et la fiabilité de ces technologies. Le X-2 lors de son premier vol. Son nom japonais est le Shinshin (Dieu de l’esprit) ; « à la tienne ! » Blue Impulse En 1964, ces fumigènes leur permirent de dessiner dans le ciel les anneaux olympiques à l’occasion de la cérémonie d’ouverture des Jeux de Tokyo. Blue Impulse, c’est le nom de la patrouille acrobatique de la FAAJ. Créée en 1960, elle était alors équipée de cinq F-86 Sabre américains. En 1982 elle fut transférée sur des Mitsubishi T-2 puis, en 1995, sur des Kawasaki T-4. C’est après la visite des Thunderbirds au Japon en 1959 que la FAAJ décida d’avoir sa propre patrouille. Elle reçut d’abord le nom de "Tenryū" team, du nom de la rivière voisine de sa base à Hamamatsu. Mais très vite, elle fût rebaptisée en Blue Impulse parce que son premier nom n’était pas prononçable par les anglo-saxons. Les cinq avions reçurent des fumigènes de cinq couleurs différentes, bleu, blanc, rouge, vert et jaune. Avec l’arrivée des T-2 en 82, elle passa à six appareils, puis abandonna les fumigènes colorés au profit du blanc toujours en vigueur à ce jour. En novembre 82, un dramatique crash lors d’une ressource tua le pilote et onze spectateurs et fit de nombreux blessés. 23 L’aviation civile C’est également en 1951, à la fin de la tutelle américaine, que le gouvernement japonais décida de se doter d’une compagnie aérienne internationale. Il crée donc la Japan Air Lines (JAL). Un Heron à Tokyo En décembre 57, la compagnie ; qui possède maintenant aussi un DC-3, change son nom pour All Nippon Airways (ANA). Quelques mois plus tard, elle rachète la Far East Airlines qui opérait de nuit avec les mêmes appareils. Les hôtesses JAL posent en octobre 51 devant un Martin 2-0-2 La compagnie commence ses vols internationaux en 1954 sur la ligne Tokyo – San Francisco avec un Douglas DC-6 et deux escales sur les îles de Wake et Honolulu. Elle aligne divers modèles de Douglas, DC-3, 4, 6 et 7 et des Martin 202. Dans les années 60, JAL reçoit ses premiers jets, les DC-8, qui vont lui permettre de réaliser des vols très longues distances passant par le pôle. La progression d’ANA est plus lente. En 1965, elle met en service le NAMC (Nihon Aircraft Manufacturing Corporation) YS-11, premier programme d’avion de ligne moderne du pays et ce n’est que cette même année qu’elle commence à utiliser des jets avec le Boeing 727, et en 1986 qu’elle propose enfin une ligne régulière vers l’étranger (Guam). Un DC-6 de JAL à San Francisco en 54 En 55, elle ouvre une ligne vers Hong-Kong qu’elle prolonge vers Bangkok et Singapour en 58. En 59, ses DC-7 C peuvent relier Tokyo à Seattle sans escale. Parallèlement est créée en décembre 1952 la Japan Helicopter and Aeroplane Transports Company. Après les premiers vols en hélicoptère puis les premiers vols cargo, la compagnie commença des vols passagers sur Tokyo-Osaka en 1954 avec un De Haviland DH-114 Heron. Le YS-11 pouvait emporter 64 passagers à 533 km/h 1978 voit arriver des 747 dans les flottes des deux compagnies, et à la fin des années 80, la plupart des grandes métropoles sont desservies en liaisons directes. En 1999, ANA rejoint Star Alliance, créée deux ans plus tôt, alors que JAL préfèrera rester isolée jusqu’en 2007 où elle rejoint enfin One World. Entre temps, elle avait fusionné en 2001 avec Japan Air System, petite compagnie intérieure datant de 1971. 24 En 2010, Japan Air Lines, devenue entre-temps Japan Airlines est mise en dépôt de bilan après les pertes colossales de l’année précédente. Avec le soutien du gouvernement par le biais du Fond Public de Restructuration des Entreprises, et avec un plan de restructuration imposant la suppression de près de 15.000 emplois, l’abandon de nombreuses lignes et la revente de nombreux avions, la compagnie peut continuer son activité. réacteurs sur reverse alors que l’avion était encore à plus de 500 m du seuil de piste. Le mécanicien a dû le ceinturer pendant que le copilote essayait de redresser l’appareil. JAL possède également le triste record de la catastrophe la plus meurtrière incluant un seul appareil : un 747 s’écrase le 12 août 85 contre une montagne après avoir perdu une grande partie de sa queue à 7.200 m d’altitude, faisant 520 morts et seulement 4 survivants. Aujourd’hui, la compagnie ANA aligne 196 avions, essentiellement des Boeing, mais elle possède déjà 10 Airbus A320 et a 43 autres Airbus en commande, dont 3 A380. Elle est basée à Tokyo Haneda. Elle est la première compagnie à avoir commandé le Mitsubishi MRJ (15 ferme plus 10 options) qu’elle espère recevoir en 2018. JAL, de son côté, utilise 159 appareils Boeing depuis Tokyo Narita. Les uniformes de la JAL Un 777 ANA sur Haneda Airport et un JAL sur Narita Une compagnie low-cost, Skymark, a été créée en 1996. Après un rapide développement et la commande de six Airbus A380 en novembre 2010, la société a été mise en redressement judiciaire en 2015 et Airbus l’a attaquée pour rupture de contrat. Elle en est sortie en 2016 après que ANA ait proposé de racheter 16,5 % de son capital et un plan de relance. Elle exploite aujourd’hui 28 Boeing 737 et 5 Airbus A330. En 2014, elle avait fait parler d’elle au moyen d’un coup publicitaire original. A l’occasion de la mise en service de ses A330, elle avait créé, pour une période de six mois, un uniforme ultra court pour ses hôtesses volant sur cet appareil. Des hôtesses ANA portent les uniformes successifs de l’équipage (de gauche à droite) depuis la mise en service des liaisons internationales il y a 30 ans. En février 82, un DC8 de JAL s’écrase dans la baie de Tokyo lors de son atterrissage sur Haneda. 24 des 166 passagers sont tués. L’enquête démontre que le commandant de bord souffrait de troubles psychiques. Il sanglotait lors de l’approche et a mis délibérément les Shinichi Nishibuko, le Président-Directeur Général de Skymark, présente nouvel avion et nouveaux uniformes Il existe quatre autres compagnies low-cost nippones : Peach, Vanilla Air, Jetstar et Starflyer. 25 Mitsubishi MRJ : Le grand retour du Japon dans l'aviation civile Un article « Le Figaro » du 11 novembre 2015. Le «MRJ» a réussi son vol d'essai ce mercredi. Cet appareil marque le retour du Japon sur le marché de l'aviation civile qu'il avait délaissé depuis 50 ans (Ndlr : depuis le YS-11 cité dans l’article précédent). Le décollage est particulièrement symbolique. Le Japon a procédé ce mercredi matin au vol d'essai de son premier avion de ligne à réaction. Une étape cruciale d'un projet de longue date qui vise à entrer sur le marché de l'aviation. Un secteur jusqu'à présent dominé dans la région par les Canadiens et Brésiliens et convoité par les Chinois et les Russes. Le départ du «Mitsubishi Regional Jet» avait été reporté cinq fois. «C'est un succès, proche de la grande réussite, j'éprouve une joie sans limite», s'est enthousiasmé Hiromichi Morimoto, patron de Mitsubishi Aircraft, filiale dédiée du conglomérat Mitsubishi Heavy Industries (MHI). «Il va falloir désormais accumuler des milliers d'heures de vol de test», a-t-il ajouté. S'imposer parmi les principaux fournisseurs mondiaux Le MRJ est un aéronef d'environ 35 mètres de long sur 29 mètres d'envergure. Il peut accueillir près de 100 passagers. Il s'agit du premier avion civil japonais conçu depuis un demi-siècle. Le groupe nippon, également actif dans les secteurs de l'énergie nucléaire, des éoliennes et des machines industrielles, ambitionne de compter parmi les principaux fournisseurs mondiaux de cette gamme d'appareils de taille inférieure à ceux proposés par Airbus et Boeing dont MHI est depuis longtemps un grand fournisseur de pièces. Ce premier vol est donc un symbole. Au point d'être escorté par deux avions chasseurs des forces d'autodéfense pour son inauguration. MHI vante depuis l'origine le confort de la cabine (plus spacieuse que pour les autres avions régionaux) et les caractéristiques écologiques de son nouvel aéronef, principalement en termes de réduction des nuisances sonores et des émissions polluantes, le tout par comparaison aux «deux grands du marché», une référence implicite au brésilien Embraer et au canadien Bombardier. Sur ce même marché les Russes tentent de percer avec leur Superjet 100 mis en service en 2011 tandis que les Chinois ont conçu un premier avion régional l'ARJ-21, qui connaît cependant des déconvenues. «Nous sommes ravis de la réussite du premier vol d'essai», s'est félicité le porte-parole du gouvernement, Yoshihide Suga, souhaitant «que se poursuive la collaboration public-privé pour le succès du programme MRJ». Le vol s'est déroulé sous les exclamations réjouies des commentateurs des télévisions japonaises. MHI a reçu à ce jour plus de 400 commandes pour ce programme dont la phase industrielle a débuté en 2008 après des années d'hésitation. La première livraison, à la compagnie japonaise ANA, est prévue au printemps 2017. Pas moins de cinq usines au Japon participeront à la production en série du MRJ. Mitsubishi Heavy Industries prévoit de construire dix appareils par mois avec, pour chacun, un million de pièces. --------------------------------------------------- Le HondaJet, l’autre avion japonais civil dont on parle aujourd’hui Extrait d’un article de mai 2016 Honda Aircraft a déjà commencé à vendre et livrer son appareil dans les pays européens via un réseau de concessionnaires. Le HondaJet avait reçu, début décembre 2015, la certification dite "de type" de l'autorité américaine de l'aviation civile (FAA) et l'exemplaire commercial inaugural avait été remis au premier acheteur à la fin du même mois. Honda Aircraft prévoit à présent une accélération de la production à Greensboro où a été conçu l'appareil. Le HondaJet, en partie fabriqué en matériau composite, concurrence les appareils plus anciens des rivaux Embraer ou Cessna. Vendu 4,5 millions de dollars et commandé à plus de 100 exemplaires, ce petit avion de 5 ou 6 places (en plus de celle du pilote) est destiné à des entreprises ou riches particuliers pour des vols privés. Il est arrivé sur le marché avec cinq ans de retard sur son calendrier initial. 26 Boeing a fêté ses 100 ans La compagnie est née le 15 juillet 1916 grâce à ses deux pères William E. Boeing et George Conrad Westervelt sous le nom de « B&W ». Peu après, il deviendra « Pacific Aero Products », et enfin « Boeing Airplane Company ». Pour tout savoir de cette histoire, je vous renvoie au numéro 62 d’Aérocic (août 2012), consacré au « bûcheron de Seattle ». William Boeing et son copilote devant un hydravion, après la livraison du premier courrier international, vers 1919 La production du mythique cargo Antonov AN-225 relancée pour la Chine Lu sur « L’usine nouvelle.com » C'est un symbole de l'industrie ukrainienne qui va renaître. Un deuxième exemplaire du plus gros avion du monde, le cargo de tous les records, l'Antonov AN-225, va être produit alors que le projet avait été enterré faute d'une demande suffisante. comprend la construction d'autres exemplaires du cargo géant par AICC, sous licence Antonov. Ses mensurations hors du commun ont fait sa célébrité : 88 mètres de long et 88,4 mètres d'envergure. L'Antonov AN225 se distingue surtout par sa capacité d'emport pouvant atteindre 250 tonnes. Sa mission première était d'ailleurs de transporter la navette spatiale russe Bourane. Après un premier vol à Kiev en 1988, le cargo s'illustre l'année suivante à l'occasion du salon du Bourget. Lors d'un vol de démonstration, il décolle avec les 62 tonnes de Bourane sur le dos et vire avec un angle à 45°. Mais l'effondrement de l'Union Soviétique et l'arrêt de son programme spatial contrarient la mission de l'Antonov AN-225. L'avion est alors cloué au sol jusqu'au printemps 2001 où il est remis en service et exploité par Antonov Airlines. © Antonov Le constructeur aéronautique ukrainien Antonov a signé un accord de coopération, le 30 août dernier, avec la firme chinoise Aerospace Industry Corporation of China (AICC). Dans un premier temps, il porte sur la construction d'un second exemplaire de l'avion de transport très gros porteur. Celui-ci sera construit par Antonov et livré ensuite à AICC pour les besoins du marché chinois. La deuxième étape Quant au deuxième exemplaire, sa construction avait été entamée dans les années 1980 puis interrompue en 1994, la demande n'étant pas suffisante. La finalisation de ce second appareil avait été entamée en 2006, pour finalement être abandonné en 2009. Ce sera finalement en Chine, qui met le turbo pour son industrie aéronautique, que le cargo géant ira promener ses ailes. Ndlr : Le premier vol du n°2 pourrait intervenir en 2021 27 Le jeu des 7 erreurs Sept différences ont été ajoutées entre les deux versions de cette photo de la patrouille japonaise Blue Impulse. À vous de les découvrir ! 28 La photo du mois Il n’existe pas de belle photo couleur de cette hirondelle, dont la construction remonte au début de la seconde guerre mondiale. D’où l’utilisation de cette magnifique peinture. A partir de 1943, il fut le cauchemar des bombardiers ennemis. Quel est cet appareil méconnu ? Devinettes 1/ Qui a dit : « Le plus beau rêve qui hanta le cœur des hommes depuis Icare est aujourd'hui devenu réalité.» 2/ Qui a dit : « Le désir du vol est une idée qui nous vient de nos ancêtres, lesquels, aux temps préhistoriques, dans leurs épuisants voyages au travers des terres sans traces, regardaient avec envie les oiseaux planer librement à travers l'azur, à pleine vitesse, au-dessus de tout obstacle, sur la route infinie du ciel. » 3/ Qui a dit : «Quand je ne chante pas, je fais de l'avion, ou j'en rêve. Ce qui est beau, c'est de faire du rasemottes dans les nuages. On trouve des routes, on suit des avenues, on se perd... » Galerie Aéro Qui sont les personnages ci-dessous ? 1/ 2/ 3/ (Solutions en dernière page) 29 Les Solutions Jeu des sept erreurs : 1/ L’avion en bas à gauche a gagné un passager. 2/ Les rectangles verts peints au-dessus de ses réacteurs sont maintenant pleins. 3/ La cocarde de l’avion au-dessus a viré du rouge au bleu. 4/ Son immatriculation est passée de 731 à 737 (bon, d’accord, il faut de bons yeux !). 5/ L’avion immatriculé 745 a perdu son plan fixe gauche, 6/ et le numéro sur sa dérive a été modifié. 7/ Enfin, le morceau d’aile du dernier appareil qui dépassait sous la verrière du 745 a disparu. La photo mystère : Le Kawasaki Ki-61 Hien (Hirondelle), Tony pour ses intimes américains, était équipé d’un moteur V12 inversé de 1 175 cv inspiré du moteur Daimler-Benz DB 601 refroidi par eau. Grâce à son compresseur, allemand lui aussi, il avait d’excellentes qualités même à très haute altitude, ce qui en fit le meilleur intercepteur japonais contre les raids américains, même après l’arrivée de chasseurs plus puissants. Mais son moteur était insuffisamment fiable, et compliqué à construire et à entretenir, et il ne fut donc jamais présent en quantité suffisante sur le front. Devinettes : 1/ Louis Blériot 2/ Wilbur Wright 3/ Jacques Brel Galerie Aéro : 1/ Francis Rogallo, et son épouse Gertrude 2/ Ernst Udet 3/ Clément Ader. Meetings : 30