Onokichi Isobé
Isobé est né le 14 août 1878 à Kanasava (préfecture
d’Ishikawa). Respectant la tradition familiale, il s’engage
dans la marine dont il devient officier. En 1908, marié et
père d’une petite fille, il est chef-ingénieur sur l’Anekawa,
un navire de troisième ligne. Mais il décide de se consacrer
pleinement à sa passion pour l’aéronautique naissante
Il se lance alors dans la construction d’un petit planeur,
muni de flotteurs, qu’il parvient à lancer de son navire et à
faire amerrir sur l’eau. En revanche, sa tentative de le faire
décoller en le remorquant par un torpilleur se solde par un
échec.
Il se fait muter sur l’ancien croiseur Otoha, dont le
commandant partage sa passion pour l’aéronautique. Il
entreprend alors, avec l’aide de matelots, la construction
d’un biplan hydravion piloté semblable au Farman IV mais
non motorisé. L’appareil, équipé de flotteurs gonflables en
toile doublés de caoutchouc (qu’il fait breveter) réalise son
premier vol le 19 avril 1910 sur la plage de Shirahama. La
flottaison est excellente et le planeur est alors remorqué par
un vapeur filant à 18 nœuds. Isobé s’élève à une hauteur
d’environ 3 mètres sur une distance de 60 mètres avant de
partir hors de contrôle et de s’écraser sur l’eau en brisant
ses ailes.
Essais de flottaison sur la plage de Shirahama
Isobé entreprend alors la construction d’un deuxième
appareil. Il obtient difficilement que lui soit confié un
moteur Anzani de 25 cv et reprend ses essais, d’abord de
flottaison. Mais la visite de l’amiral commandant la base
navale de Yokosuka le décide à tenter un premier
décollage. Malheureusement, le nez de l’appareil pique
dans une embardée et l’appareil, présentant un défaut dans
son système de contrôle, se retourne sur les flots en étant
gravement endommagé.
Sans plus de soutien de l’Armée, et sa fortune personnelle
ayant coulé avec son second prototype, doit renoncer à en
construire un troisième. Agé de 33 ans, il prend sa retraite
de l’armée en décembre 1911 et se lance dans la
propagande aérienne. L’année suivante il crée une
association qui, après fusion avec d’autres associations
similaires, deviendra l’Association aérienne impériale en
avril 1913, qui l’envoie en Allemagne se former au
pilotage. Il y obtient son brevet le 21 novembre 1913.
Isobé devant son Taube en Allemagne
Il revient au Japon avec un Taube en caisse et y construit
sous licence un second exemplaire avec lequel il réalise en
juin 1914 un vol de plus d’une heure et demie et atteint
l’altitude de 1 944 mètres.
Quand le Japon déclare la guerre à l’Allemagne, les deux
appareils sont rachetés en secret par l’armée pour être
envoyés combattre à Tsing-Tao (possession allemande en
Chine). Malheureusement l’un deux est endommagé lors
du vol de réception par son pilote d’essais, tandis que le
second s’écrase dans un vol de convoyage.
De son côté, Isobé se rend en France où il s’engage le 1er
février 1916 au 1er régiment de la légion étrangère, d’où il
passe immédiatement dans l’aviation avec le grade de
lieutenant. Il obtient son brevet de pilote militaire à Avord
le 10 juin 1916, effectuant ensuite un stage à l’école de tir
de Cazaux, puis à l’école d’acrobatie de Pau.
En perm à Arcachon pendant son stage à Cazaux
Âgé de 38 ans, il est enfin affecté le 1er novembre 1916 à
l’escadrille N 48 qui combat alors dans la région de
Verdun où l’armée française reprend le terrain perdu
depuis le début de l’offensive allemande. Mais le
lieutenant Isobé n’y reste pas longtemps : tombé malade, il
est évacué sur l’hôpital de Vadelaincourt le 23 novembre
1916 et est radié des contrôles de l’escadrille.