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Ainsi que pour la fiche Le Code de la route: en effet même si on propose en 
France un „code de la route et du roulage“ dès 1828 et que le premier „code de la 
route“ y date de 1921, il y avait peu de panneaux indicateurs, et c’est à travers le 
VOBIF (Verordnungsblatt der Militärbefehlshaber in Frankreich) qu’est imposée 
une nouvelle signalisation routière: on remplace les „panneaux écrits en français, 
incompréhensibles pour l’occupant“, par exemple la pancarte en français „sens 
interdit“ par le disque rouge barré de blanc, avec „schémas à l’appui, sur près de 
cinquante pages“ (222).19 Et en 1941, puis 1942 le „Journal officiel recopie [] le 
Vobif“ (224). Mais il est exagéré de mettre au compte des occupants et de ‚Vichy‘ 
le tracé du „périphérique“ („suivant les plans établis sous Vichy“, 235) qui, avant et 
après la guerre, ne peut que suivre celui de l’ancienne enceinte des fortifications. 
Ce qui relève plus de l’„héritage de Vichy“, c’est La réorganisation des trans-
ports parisiens (230) qui fusionne le réseau d’autobus et le métro parisiens, c’est 
peut-être L’agrégation de géographie (128), même si elle avait déjà été réclamée 
par Ludovic Dupeyron au XIXe siècle20 et bien que des géographes comme Théo-
dore Lefebvre, Jacques Ancel, René Musset ou Henri Baulig aient été emprison-
nés ou tués par les nazis, que d’autres durent se réfugier à l’étranger comme Jean 
Gottmann,21 et que certains passèrent d’Uriage22 à la Résistance comme Paul-
Henry Chombart de Lauwe.23 Mais même cette création de l’agrégation en 1943 
s’insère dans un développement antérieur qui se prolongera après guerre: „L’inté-
rêt pour les méthodes actives en géographie s’inscrit dans un mouvement de plus 
longue durée, fortement impulsé sous le Front populaire. Du côté de la géographie 
universitaire, pendant la guerre et dans l’après-guerre, nombre de géographes 
jouent un rôle important dans les organismes de conseil, de planification, de 
reconstruction. Si l’on ajoute à cela la renommée mondiale de l’Ecole française de 
géographie, on comprend que ce qui était au départ l’instrumentation de la 
géographie au service de l’idéologie pétainiste se soit transformé en promotion de 
la géographie scolaire et de la géographie universitaire.“24 
Outre la création de La fonction de président-directeur général (146) peut-être 
inspirée de l’Allemagne, relève vraiment de „l’héritage de Vichy“ celle des ordres –
des médecins (150), des architectes (152), des experts comptables (154) – qui 
correspondent alors à l’idéologie corporatiste du gouvernement de Pétain et qui 
appliquent tous la politique d’exclusion des juifs et des étrangers du régime. Ils 
sont réformés après 1945, mais demeurent. C’est aussi „le retour des congréga-
tions“ (31). C’est la „réorganisation de la vie dans l’entreprise“ (139), fondée sur la 
„Charte du Travail“,25 mais dont „l’échec est tellement patent qu’il met en évidence 
a contrario la réussite, on le sait, d’un autre dispositif, beaucoup plus résiduel, de 
la Charte, celui des comités sociaux d’entreprise“,26 ces comités sociaux d’établis-
sement (143-144) qui subsisteront – à ce sujet Cécile Desprairies évoque un „ser-
vice médical et social du travail“ inspiré par „une instance similaire dans l’Alle-
magne nazie, l’Ausschuss für öffentliche Sicherheit“ qu’elle traduit par „Comité sur 
la santé publique“ (au lieu de „sécurité publique“). C’est La fondation de l’hôpital 
public (198-199), L’autorisation de mise sur le marché pour un médicament (203-