Analyse grilles de références pour piliers 5 et 6 du socle…

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Histoire Géographie Instruction civique
Analyse des grilles de références des piliers 5 et 6 du socle :
Culture humaniste et compétences sociales et civiques
Pilier 5 (qui concerne l’histoire et la géographie)
Les deux livrets
Livret A : six items avec un premier transdisciplinaire. Plus de sous items que le B.
Livret B : volonté de recentrer l’HG sur quelques fondamentaux, les fameux « repères ». Plus
cohérent que le premier mais aussi plus limité.
Les grilles de références
On constate 3 colonnes : connaissances et capacités attendues, Eléments du socle exigibles,
Indications pour l’évaluation. La première colonne reprend les items des livrets de
compétence. Le contenu de la deuxième colonne recoupe le programme d’histoire et géo
actuel, avec quelques compléments. Ce qui est aberrant, c’est le décalage entre
cette colonne « éléments du socle exigibles » et la colonne donnant les
indications pour l’évaluation.
Exemples : en 6e et en 5e
« Comprendre et savoir présenter les éléments de civilisation dans les domaines qui la
composent» s’évalue par « identifier les éléments d’une civilisation dans le patrimoine
actuel » !
« Comprendre la notion d’Etat, appréhender les liens entre pouvoir temporel et
spirituel.. » s’évalue par « définir les régimes politiques appris, retrouver les éléments de ces
régimes dans un texte (quel texte ?), en connaître les principes, les acteurs et les lieux de
pouvoir.
On note un décalage évident entre la colonne 2 et la colonne 3. Les indications pour
l’évaluation risquent de retirer tout sens à l’enseignement, tout plaisir d’apprendre. Où est la
réflexion, le plaisir de découvrir, de mettre en relation ? Il semble qu’on ait fait l’économie
d’une réflexion sur une évaluation plus ambitieuse en matière de démarche et de réflexion
propres à nos disciplines. Cette réflexion est totalement mise à mal ici. A lire cela, il est
évident que l’évaluation va piloter le contenu et surtout les pratiques d’enseignement. En
analysant les verbes qui reviennent le plus : « identifier, localiser, situer… ». Alors, on se
rend compte des ambitions minimalistes de l’évaluation.
Exemples : en 4ème
Toujours « localiser, identifier, décrire… » en géographie.
En histoire : « comprendre, décrire, expliquer »
Colonne évaluation est là encore désolante : on retourne à la succession des régimes
politiques de la France à placer sur une frise chronologique entre le XVIIème et le XIXème
siècle. On sait très bien que cela ne fait pas sens pour les élèves ! On assume la vision d’une
discipline d’apprentissage de dates, collection de constitutions, etc.
Exemple : en 3e
L’esprit est très différent. Au point où la grille ne semble pas avoir été réalisée par les mêmes
rédacteurs ( ?). Les indications pour l’évaluation sont très proches de ce qui se fait
actuellement, notamment pour le brevet. Les indications sont bcp plus vagues. Sauf sur la
construction européenne où il s’agit encore de faire une frise chronologique et pour la
dernière case où les éléments d’un Etat totalitaire sont évalués par « compléter un tableau à
double entrée » !
D’où des questions ….pour l’instant sans réponse :
Où est la liberté pédagogique si l’on doit se référer à cette grille ? Faudra-t-il à la fois valider
le socle et devra-t-on continuer à faire d’autres évaluations avec des notes chiffrées ? Les
deux sont-ils envisageables ? Que se passe-t-il en classe de 5ème ? Le niveau « fin de 4ème »
serait-il une évaluation couperet ? (Ce qui expliquerait la différence d’exigence entre les
niveaux fin de 6ème et fin de 4ème avec le niveau fin de 3ème)
Pilier 6 (qui concerne l’éducation civique)
Le choix du citoyen responsable, obéissant est assumé clairement. Les compétences
civiques et sociales sont surtout l’occasion d’items très normatifs. Cependant on sent une
carence certaine dans la colonne « évaluation » : aucune proposition un peu précise n’est
donnée ; les auteurs ont-ils perçu l’ambiguïté d’évaluer des comportements et des attitudes
relevant de choix moraux ?
Définition floue par rapport au pilier 5. La modélisation de l’évaluation est ici délicate
(les rédacteurs ont-ils séchés sur ce sujet ?). Pour avoir la compétence n°6 il faut que l’élève
et le professeur entrent dans des pistes d’activité pédagogiques (semaine du goût, de la presse,
de la coopération….). On est plus dans une démarche de projet mais dans une
participation forcée, utilitariste puisque soumise à l’obtention de la compétence.
Conclusion
La discipline semble réduite à l’inculcation d’une culture pour l’honnête homme
et n’est plus l’apprentissage de démarches intellectuelles propre à l’histoire et à
la géographie. Les grands questionnements autour des ruptures, des
continuités, de la pluralité des échelles de temps, des choix d’une société à un
moment donné, sur ce qui peut déterminer des « vivre ensemble » déjà peu
présents dans les programmes actuels risquent de disparaître encore plus en
privilégiant l’évaluation basée sur une simple répétition de dates, de faits ou
de localisation.
Les livrets et les grilles de références montrent bien la limite de ce socle, de ces
ambitions et la gageure de cette « évaluation par compétence » où celles-ci se
trouvent dévoyées en performances. Les compétences telles qu’on aimerait les
trouver n’ont pas leur place visiblement dans une telle approche de l’évaluation
et des savoirs.
SNES – secteur contenus – groupe histoire géographie
Janvier 2008
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