7 | Créateur de riChesse, Créateur de sens
1 i les idées
ArcelorMittal, PSA, Goodyear ou Sanofi… en 2013, le chômage est en
une de nos journaux et au cœur de nos préoccupations. Sur la planète
chômage, il y a un continent trop souvent laissé de côté : le chô-
mage de longue durée. On devient chômeur de longue durée au terme
d’un an d’inactivité. C’est le cas de près de 40% des chômeurs !
On y retrouve beaucoup de jeunes (27% des chômeurs de moins de
24 ans) et de seniors (56% des chômeurs de plus de 50 ans). Ces
chiffres ne rendent bien sûr pas compte de la diversité des situa-
tions : jeune peu qualifié qui n’arrive pas à décrocher son premier
job, maman élevant seule ses deux enfants sans solution de garde,
quinqua à qui l’on a désigné la sortie… « Il n’existe pas une forme
de chômage de longue durée, mais autant de formes qu’il y a de
chômeurs de longue durée » témoigne Roland Bruno, bénévole de
Solidarités Nouvelles face au Chômage et coordinateur de l’associa-
tion en Ile-de-France.
Plus le chômage dure et plus l’on perd de sa socialisation, de sa
confiance et donc de son employabilité. Face à ces difficultés crois-
santes, il peut y avoir, pour tous, la tentation de baisser les bras. Mais
doit-on se résigner à vivre dans une société qui exclut une partie
d’elle-même ?
« nous et les autres » :
pourquoi lutter contre
le chômage de longue
durée ?
Jean-Baptiste de Foucauld s’inquiète : « Je me pose une
question provocante, est-ce qu’on s’intéresse vraiment au
chômage de longue durée ? Est-ce qu’on veut vraiment
le résorber ? Est-ce qu’on est d’accord sur le fait qu’on
trouve inacceptable qu’il y ait 1,3 million de personnes
qui sont au RSA, 1,3 million de personnes qui vivent avec
400 € par mois ? »
Se résigner à un chômage structurel élevé et laisser au bord du
chemin ceux que l’on considère trop souvent comme inemployables
n’est pourtant pas une option viable. Au-delà du risque social, c’est
une erreur économique. Si l’on refuse ou si l’on délimite notre solida-
rité (pas eux, pas le temps…), c’est tout l’édifice collectif qui tremble
et risque gros. C’est une conviction des CREPI, partagée par d’autres
bien sûr, que les valeurs républicaines fonctionnent ensemble. Sans
fraternité (ou solidarité), il n’y a plus de liberté ou d’égalité possibles.
Ainsi une société, une économie qui génère de l’exclusion durable
et ne fait rien pour l’enrayer va au-devant de graves difficultés :
moindre consommation, bassins d’emplois sinistrés, désespérance,
actes de violence…
2 i concrètement : mes résolutions
pour lutter contre le chômage de
longue durée
Le chômage de courte, longue ou très longue durée nous
concerne tous. Parents, frères, nièces, amis, ex-collègues… nous-
mêmes ! Il est temps de ne plus faire comme si les choses n’existaient
pas ou comme si elles pouvaient s’arranger sans notre contribution.
Indignons-nous ! Engageons-nous ! Tout, plutôt que l’indifférence et
l’immobilisme. Sur le mode du « Aujourd’hui, j’arrête ! », voici une
invitation concrète à se mobiliser pour lutter contre le chômage
sous toutes ses formes.
4
Un recrutement responsable : pour mes recrutements, j’ar-
rête de mettre la barre trop haut !
• En rédigeant l’annonce, je ne surqualifie pas le poste à pourvoir.
• Je suis conscient que beaucoup de compétences sont trans-
férables et peuvent s’acquérir. Je ne jure pas que par les di-
plômes. Je ne fais ni de l’anti-jeune, ni de l’anti-vieux. J’ai eu
20 ans et j’en aurai (ou j’en ai déjà) 55. Il est inacceptable que
la “bonne période” d’employabilité se situe maintenant entre 25
et 45 ans. Avec l’allongement de la durée de cotisations, c’est
absurde et intenable !
• Si je n’arrive pas à pourvoir une offre, j’essaie de comprendre
pourquoi. Est-ce que j’ai les bons réseaux pour la diffuser ?
Suis-je trop exigeant sur les prérequis ? Faut-il renforcer l’offre
de formation pour ce métier ou ce secteur ?
4
La formation pour tous : Je me sens responsable de l’employa-
bilité de mes salariés, en particulier des moins qualifiés, plus
vulnérables. Si besoin, j’identifie les situations d’illettrisme et pro-
pose des formations aux savoirs de base. Dans le même esprit,
j’essaie de développer la polyvalence.
4
Une responsabilité sociale de l’entreprise : Je me sens
concerné. J’arrête de considérer que le chômage est seulement
l’affaire des structures d’insertion et du service public de l’emploi.
C’est bien sûr l’avis de Luc Darmais, directeur territorial Loire du
Pôle emploi : « Avec la nouvelle stratégie de Pôle emploi 2015, on
parle d’accompagnement renforcé pour ceux qui sont le plus éloi-
gnés de l’emploi, d’accompagnement guidé pour ceux qui sont un
peu plus autonomes et d’un suivi pour ceux qui sont autonomes et
qui sont familiarisés avec les outils Internet. Mais si l’on n’a rien à
leur proposer, on aura beau les recevoir en entretien collectif, indivi-
duel, avoir des contacts téléphoniques, gérer des mails… si on n’a
pas d’emploi à proposer on n’y arrivera pas. Pas sans aller vers
les entreprises. »
6 | entrepreneur responsable