1 | Créateur de riChesse, Créateur de sens
2 | entrepreneur responsable
Q
préfaCe
les aCtes du Colloque
entrepreneur responsable
Créateur de riChesse, Créateur de sens
6 i « nous et les autres » : pourquoi lutter
Contre le Chômage de longue durée ?
10 i et si j’investissais dans la rse ?
14 i quand l’éConomie Classique renContre l’éConomie
soCiale et solidaire… (et plus si affinités)
18 i illettrisme, je m’y attaque !
22 i rse, formons-nous !
26 i raConte-moi ton métier
30 i le reCrutement responsable
34 i guide EntrEprEnEur rEsponsablE,
aujourd’hui je m’y mets !
39 i le réseau des Crepi
remerCiements
Que retiendra-t-on de notre époque ? Un chômage record, des évasions fiscales, des fermetures d’usines,
répond l’écume médiatique des jours ! A les écouter, tout est gris. Et ce n’est jamais le temps du changement.
Avec une pincée de provocation, ce ne sera jamais le temps d’arrêter de rouler en 4x4, de couper la climatisation,
d’économiser l’eau, de s’engager pour l’insertion, de s’intéresser au logement social. La solidarité, comme le
reste, attendra !
Eh bien, nous, CREPI, entrepreneurs, associations, acteurs de l’emploi, avons envie de répondre le contraire.
Notre époque doit être solidaire. Rejetant les replis frileux et se souvenant
de ces majorités parfois trop silencieuses, il nous faut « monter le son »
et faire entendre notre conviction : chacun peut et doit prendre sa part pour
construire une société plus juste. Le chômage, par exemple, ne saurait
rester une fatalité. Sans angélisme, nous vou-lons raconter ces initiatives
concrètes et positives qui sont menées partout en France pour l’emploi.
C’est de notre responsabilité de montrer qu’elles annoncent un futur
plus ouvert, une autre espérance, antidote à la grisaille ambiante. Prendre
le temps de la réflexion, partager les raisons d’agir, proposer des actions
à mener ensemble, tel était le sens de notre premier colloque national, tel est celui de ce livret.
Nous étions un peu plus de 250 en novembre 2012, réunis autour du thème : “Entrepreneur responsable :
créateur de richesse, créateur de sens”. À travers deux conférences, une table ronde et des ateliers, nous avons
partagé nos idées, nos expériences, nos engagements et nos actions. Grand patron, dirigeant de PME, respon-
sable RH, acteur de l’insertion… nous étions tous d’accord sur le fait que le lien social est au cœur de l’entreprise
et de l’économie et qu’il est la clé de sa performance. Pour ne pas perdre le fil de ce qui s’est tissé au cours de
cette journée, en voici une restitution, sur le mode de la métamorphose !
Le pari de ce petit ouvrage est de convaincre, donner envie, mettre en mouvement. Nous aurons réussi, si à sa
lecture, nous sommes plus nombreux demain à ouvrir nos portes aux jeunes, à développer l’employabilité de nos
salariés, à porter un autre regard sur le chômage, à garantir un recrutement plus juste. Nous aurons réussi si
l’engagement qui a permis 10 000 accès à l’emploi par les CREPI depuis leur création il y a 20 ans n’est que le
début d’un mouvement plus ample encore !
On ne sera jamais trop nombreux pour bâtir un futur ouvert à tous.
Jean CARRÉ,
Président de la Fédération nationale des CREPI
le temps
des
autres
4 | entrepreneur responsable avant-propos
Lors de la table ronde de clôture, Pierre Berger est revenu sur
l’engagement du groupe Eiffage.
« Eiffage est une entreprise ouverte au monde extérieur. Nous avons
une fondation d’entreprise qui permet d’appuyer les engagements
associatifs de nos collaborateurs.
Nous sommes également très présents auprès des CREPI, créés par
une ancienne filiale d’Eiffage en 1993. Aujourd’hui, une grande partie
des Présidents de CREPI sont des patrons d’Eiffage en région. C’est
aussi une façon pour eux de comprendre comment le monde exté-
rieur fonctionne et ne pas rester centrés sur notre entreprise. Cela nous
permet d’être ouverts, aux jeunes, aux personnes qui recherchent un
emploi et aux autres entreprises. Les CREPI ont permis depuis qu’ils
existent d’insérer, de former et de recruter des centaines de personnes
qui sont maintenant des collaborateurs du groupe.
De plus en plus d’entreprises rejoignent les CREPI et j’encourage
ceux qui ne les auraient pas rejoints à venir. On ne sera jamais
assez nombreux.
Il y a cette prise de conscience depuis une dizaine d’années de la part
des grands groupes qu’on ne fera plus fonctionner les entreprises sans
se préoccuper de l’insertion. Ça me paraît maintenant acquis. Après,
chacun va à sa vitesse. Nous n’avons pas l’intention de nous laisser
aller ! »
témoignage
pierre Berger,
président-directeur général du groupe eiffage
les aCtes du Colloque
entrepreneur responsable | Créateur de riChesse, Créateur de sens
Pierre Sallenave était également présent à la table ronde
de clôture du colloque. Il dirige l’ANRU depuis 2008.
« Permettez-moi de commencer par une anecdote. En 2008,
alors que je venais de prendre mes fonctions à l’ANRU, je me
suis rendu dans le quartier de la Commanderie dans l’Oise
avec le préfet. À cette époque, un comité d’accueil musclé nous
attendait. Un an et demi après, j’y suis retourné et le comité
d’accueil, c’était des jeunes en bleu de travail, fiers du chantier
sur lequel ils travaillaient ! Cet exemple n’est pas le seul. Il se
passe des choses en matière d’insertion aujourd’hui dans les
quartiers !
Les clauses d’insertion que nous avons imposées sont en train
de devenir une constante du paysage. Depuis la création du
Programme de Rénovation Urbaine, il y a eu plus de 45 000
bénéficiaires des clauses d’insertion sur les chantiers de réno-
vation. Les acteurs sur le terrain, privés comme publics, se sont
organisés pour former et accompagner les jeunes. Cela a bien
fonctionné et l’obligation faite par l’ANRU en matière de clauses
d’insertion est en train d’être dépassée. Les maîtres d’ouvrage
privés commencent eux-mêmes à appliquer des clauses d’in-
sertion.
Nous avançons également avec deux idées fortes.
La première, c’est une ambition économique. Il faut recréer
de la richesse économique dans les quartiers. Il faut redonner
une valeur foncière à ces quartiers qui sont sortis des marchés
immobiliers.
Le deuxième principe, ce sont les valeurs républicaines. On est
en présence de populations qui sont les laissés-pour-compte
de notre pays alors qu’elles concentrent une grande part de
notre jeunesse. C’est aussi une question de confiance. Il faut
donner confiance à des investisseurs pour revenir dans nos
quartiers, mais aussi redonner confiance aux habitants. L’in-
vestisseur, ça peut être “monsieur tout le monde” qui va venir
habiter dans le quartier, mettre ses enfants dans l’école. C’est
peut-être l’investissement le plus dur qui soit.
Pour que cela continue et fonctionne encore mieux, nous de-
vons appuyer l’ingénierie locale en y introduisant la culture de
l’entreprise et des mécanismes de marché. Nous devons trou-
ver des solutions qui permettent de faciliter les démarches des
entreprises qui s’engagent dans l’insertion. Nous devons nous
montrer pragmatiques et souples pour aller dans le sens des
bonnes idées. Nous ne devons pas nous abriter derrière une
règle immuable lorsque notre mission est de venir en aide aux
gens dans la détresse.
Ces objectifs sont à notre portée. Il faut faire naître des opportu-
nités et faciliter les prises d’initiatives. C’est l’une des missions
de l’ANRU et de l’Acsé 1 ».
1. L’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances
témoignage
pierre sallenave, directeur général de l’agence
nationale pour la rénovation urBaine (anru)
7 | Créateur de riChesse, Créateur de sens
1 i les idées
ArcelorMittal, PSA, Goodyear ou Sanofi… en 2013, le chômage est en
une de nos journaux et au cœur de nos préoccupations. Sur la planète
chômage, il y a un continent trop souvent laissé de côté : le chô-
mage de longue durée. On devient chômeur de longue durée au terme
d’un an d’inactivité. C’est le cas de près de 40% des chômeurs !
On y retrouve beaucoup de jeunes (27% des chômeurs de moins de
24 ans) et de seniors (56% des chômeurs de plus de 50 ans). Ces
chiffres ne rendent bien sûr pas compte de la diversité des situa-
tions : jeune peu qualifié qui n’arrive pas à décrocher son premier
job, maman élevant seule ses deux enfants sans solution de garde,
quinqua à qui l’on a désigné la sortie… « Il n’existe pas une forme
de chômage de longue durée, mais autant de formes qu’il y a de
chômeurs de longue durée » témoigne Roland Bruno, bénévole de
Solidarités Nouvelles face au Chômage et coordinateur de l’associa-
tion en Ile-de-France.
Plus le chômage dure et plus l’on perd de sa socialisation, de sa
confiance et donc de son employabilité. Face à ces difficultés crois-
santes, il peut y avoir, pour tous, la tentation de baisser les bras. Mais
doit-on se résigner à vivre dans une société qui exclut une partie
d’elle-même ?
« nous et les autres » :
pourquoi lutter contre
le chômage de longue
durée ?
Jean-Baptiste de Foucauld s’inquiète : « Je me pose une
question provocante, est-ce qu’on s’intéresse vraiment au
chômage de longue durée ? Est-ce qu’on veut vraiment
le résorber ? Est-ce qu’on est d’accord sur le fait qu’on
trouve inacceptable qu’il y ait 1,3 million de personnes
qui sont au RSA, 1,3 million de personnes qui vivent avec
400 € par mois ? »
Se résigner à un chômage structurel élevé et laisser au bord du
chemin ceux que l’on considère trop souvent comme inemployables
n’est pourtant pas une option viable. Au-delà du risque social, c’est
une erreur économique. Si l’on refuse ou si l’on délimite notre solida-
rité (pas eux, pas le temps…), c’est tout l’édifice collectif qui tremble
et risque gros. C’est une conviction des CREPI, partagée par d’autres
bien sûr, que les valeurs républicaines fonctionnent ensemble. Sans
fraternité (ou solidarité), il n’y a plus de liberté ou d’égalité possibles.
Ainsi une société, une économie qui génère de l’exclusion durable
et ne fait rien pour l’enrayer va au-devant de graves difficultés :
moindre consommation, bassins d’emplois sinistrés, désespérance,
actes de violence…
2 i concrètement : mes résolutions
pour lutter contre le chômage de
longue durée
Le chômage de courte, longue ou très longue durée nous
concerne tous. Parents, frères, nièces, amis, ex-collègues… nous-
mêmes ! Il est temps de ne plus faire comme si les choses n’existaient
pas ou comme si elles pouvaient s’arranger sans notre contribution.
Indignons-nous ! Engageons-nous ! Tout, plutôt que l’indifférence et
l’immobilisme. Sur le mode du « Aujourd’hui, j’arrête ! », voici une
invitation concrète à se mobiliser pour lutter contre le chômage
sous toutes ses formes.
4
Un recrutement responsable : pour mes recrutements, j’ar-
rête de mettre la barre trop haut !
En rédigeant l’annonce, je ne surqualifie pas le poste à pourvoir.
Je suis conscient que beaucoup de compétences sont trans-
férables et peuvent s’acquérir. Je ne jure pas que par les di-
plômes. Je ne fais ni de l’anti-jeune, ni de l’anti-vieux. J’ai eu
20 ans et j’en aurai (ou j’en ai déjà) 55. Il est inacceptable que
la “bonne période” d’employabilité se situe maintenant entre 25
et 45 ans. Avec l’allongement de la durée de cotisations, c’est
absurde et intenable !
Si je n’arrive pas à pourvoir une offre, j’essaie de comprendre
pourquoi. Est-ce que j’ai les bons réseaux pour la diffuser ?
Suis-je trop exigeant sur les prérequis ? Faut-il renforcer l’offre
de formation pour ce métier ou ce secteur ?
4
La formation pour tous : Je me sens responsable de l’employa-
bilité de mes salariés, en particulier des moins qualifiés, plus
vulnérables. Si besoin, j’identifie les situations d’illettrisme et pro-
pose des formations aux savoirs de base. Dans le même esprit,
j’essaie de développer la polyvalence.
4
Une responsabilité sociale de l’entreprise : Je me sens
concerné. J’arrête de considérer que le chômage est seulement
l’affaire des structures d’insertion et du service public de l’emploi.
C’est bien sûr l’avis de Luc Darmais, directeur territorial Loire du
Pôle emploi : « Avec la nouvelle stratégie de Pôle emploi 2015, on
parle d’accompagnement renforcé pour ceux qui sont le plus éloi-
gnés de l’emploi, d’accompagnement guidé pour ceux qui sont un
peu plus autonomes et d’un suivi pour ceux qui sont autonomes et
qui sont familiarisés avec les outils Internet. Mais si l’on n’a rien à
leur proposer, on aura beau les recevoir en entretien collectif, indivi-
duel, avoir des contacts téléphoniques, gérer des mails… si on n’a
pas d’emploi à proposer on n’y arrivera pas. Pas sans aller vers
les entreprises. »
6 | entrepreneur responsable
8 | entrepreneur responsable
4
L’ouverture aux autres : J’ouvre les portes de mon entreprise
pour des rencontres et des visites avec des jeunes en études, des
personnes en recherche d’emploi… À l’évidence, créer la ren-
contre, permettre l’échange, améliorer la connaissance mutuelle
va faciliter le retour à l’emploi de ceux qui en sont éloignés. Ainsi,
« un coup de pouce comme une semaine de stage ou une visite
de chantier peut apporter beaucoup. Ce n’est pas compliqué à
mettre en place et ça ne coûte rien. » (Antoine Delacour, adhérent
du CREPI Ile-de-France)
Pour la plupart de ces actions, les entreprises peuvent aller cher-
cher de l’information et du soutien en externe. Aux accompagnants
(Pôle emploi, CREPI…) d’être également proactifs sur les aides et
dispositifs existants. À eux de proposer d’être présents tout au long
des processus, notamment dans le cadre d’un retour à l’emploi où
l’intégration est aussi importante que l’entretien d’embauche réussi !
Toutes ces initiatives vont de pair avec un regard neuf sur le chô-
mage et les chômeurs. Les histoires qui suivent ont pour objectif de
faire changer notre regard pour de bon !
3 i le chômage, de l’intérieur
Ce paragraphe ne pouvait pas s’appeler “belles histoires”, car beau-
coup d’expériences sont difficiles et douloureuses.
Jean-Baptiste de Foucauld l’explique : « Quand une personne
a cherché activement pendant un certain temps puis a eu une
première rebuffade, une deuxième, une troisième et son lot
de déceptions, elle a tendance à se décourager. Là où le chô-
mage devrait provoquer de la solidarité, c’est l’inverse qui se
produit. Le chômage délie le lien social, alors qu’il devrait le
renforcer. »
En effet, au fil du temps, les difficultés s’accumulent et c’est l’en-
grenage : baisse du pouvoir d’achat, perte de repères, émergences
de difficultés relationnelles (sociales et familiales), santé qui se dé-
grade… Et souvent, le manque de mobilité pour trouver ailleurs, loin
de chez soi, du travail.
Cette spirale est aussi le sujet d’un article paru dans La Croix début
2013 et intitulé « Comment le chômage met en danger la vie sociale ».
La journaliste Nathalie Birchem y fait le portrait de chômeurs à la vie
dure. Il y a les cas extrêmes et l’immolation du demandeur d’emploi
nantais en février.
Il y a les autres suicides (le taux serait six fois plus élevé que celui
des actifs).
Il y a Karima, vissée toute la journée devant son ordinateur, postulant
à des offres, en oubliant son mari et sa vie sociale.
Il y a Sophie, 30 ans, revenue chez ses parents parce qu’elle ne joint
pas les deux bouts.
Et il y a cette lettre – terrible – d’un fils à ses parents, relayée par
la CGT chômeurs du Morbihan : « Maman, Papa, je vous écris au-
jourd’hui pour vous demander de ne plus me parler de ma recherche
d’emploi. Je vous demande ça parce que cela fait maintenant trois
mois que je n’ai plus de contact avec vous, parce que je ne peux
plus supporter de vous entendre me demander « où j’en suis dans
ma recherche d’emploi ». Il explique ses efforts, ses démarches, sa
persévérance, malgré le découragement qui guette. Il conclut ainsi :
« Je ne suis pas qu’un chômeur. Je suis aussi votre fils, avec sa vie
sociale, ses envies, ses doutes, ses centres d’intérêt. Ma recherche
d’emploi, je m’en occupe. À bientôt j’espère. »
Ces vies trop rapidement évoquées ici nous montrent bien la diffi-
culté d’être inactif. La moindre des choses que nous pouvons faire
est de porter un regard bienveillant, disponible, aidant.
Jean-Baptiste de Foucauld irait plus loin : « Si l’on veut
prendre en charge le problème du chômage de longue durée,
ne faut-il pas envisager de s’imposer un devoir d’embauche
des chômeurs de longue durée ? Ne faut-il pas s’obliger,
d’une manière ou d’une autre, à en faire plus ? Les méthodes
incitatives que l’on utilise depuis très longtemps ont trouvé
leurs limites. Ne faudrait-il pas s’obliger davantage, sous des
formes à déterminer, tout en tenant compte des difficultés des
entreprises ? »
4 i et moi, et moi ?
Je contacte mon CREPI pour :
4
Diversifier mon recrutement (cf. atelier Recrutement responsable
page 30)
4
Organiser des visites ou des rencontres dans mon entreprise
(cf. atelier Raconte-moi ton métier page 26)
4
Accompagner une personne qui recherche un emploi. Cette ini-
tiative est proposée par Solidarités Nouvelles face au Chômage
(SNC), association à laquelle je peux adhérer.
Je développe l’employabilité de mes salariés en portant une atten-
tion particulière à ceux qui ont le moins de qualifications et à ceux
dont les savoirs de base sont les plus fragiles. (cf. atelier Illettrisme,
je m’y attaque ! page 18)
Crepi J’en pense quoi ?
1 / 23 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !