1 | Créateur de richesse, Créateur de sens entrepreneur responsable Créateur de richesse, Créateur de sens 6 I « Nous et les autres » : pourquoi lutter contre le chômage de longue durée ? 10 I Et si j’investissais dans la RSE ? 14 I Quand l’économie classique rencontre l’économie sociale et solidaire… (et plus si affinités) 18 I Illettrisme, je m’y attaque ! 22 I RSE, formons-nous ! 26 I Raconte-moi ton métier 30 I Le recrutement responsable 34 I Guide Entrepreneur responsable, aujourd’hui je m’y mets ! 39 I Le réseau des CREPI Q les actes du colloque Que retiendra-t-on de notre époque ? Un chômage record, des évasions fiscales, des fermetures d’usines, répond l’écume médiatique des jours ! A les écouter, tout est gris. Et ce n’est jamais le temps du changement. Avec une pincée de provocation, ce ne sera jamais le temps d’arrêter de rouler en 4x4, de couper la climatisation, d’économiser l’eau, de s’engager pour l’insertion, de s’intéresser au logement social. La solidarité, comme le reste, attendra ! Eh bien, nous, CREPI, entrepreneurs, associations, acteurs de l’emploi, avons envie de répondre le contraire. Notre époque doit être solidaire. Rejetant les replis frileux et se souvenant de ces majorités parfois trop silencieuses, il nous faut « monter le son » et faire entendre notre conviction : chacun peut et doit prendre sa part pour construire une société plus juste. Le chômage, par exemple, ne saurait rester une fatalité. Sans angélisme, nous voulons raconter ces initiatives concrètes et positives qui sont menées partout en France pour l’emploi. C’est de notre responsabilité de montrer qu’elles annoncent un futur plus ouvert, une autre espérance, antidote à la grisaille ambiante. Prendre le temps de la réflexion, partager les raisons d’agir, proposer des actions à mener ensemble, tel était le sens de notre premier colloque national, tel est celui de ce livret. le temps des autres Nous étions un peu plus de 250 en novembre 2012, réunis autour du thème : “Entrepreneur responsable : créateur de richesse, créateur de sens”. À travers deux conférences, une table ronde et des ateliers, nous avons partagé nos idées, nos expériences, nos engagements et nos actions. Grand patron, dirigeant de PME, responsable RH, acteur de l’insertion… nous étions tous d’accord sur le fait que le lien social est au cœur de l’entreprise et de l’économie et qu’il est la clé de sa performance. Pour ne pas perdre le fil de ce qui s’est tissé au cours de cette journée, en voici une restitution, sur le mode de la métamorphose ! Le pari de ce petit ouvrage est de convaincre, donner envie, mettre en mouvement. Nous aurons réussi, si à sa lecture, nous sommes plus nombreux demain à ouvrir nos portes aux jeunes, à développer l’employabilité de nos salariés, à porter un autre regard sur le chômage, à garantir un recrutement plus juste. Nous aurons réussi si l’engagement qui a permis 10 000 accès à l’emploi par les CREPI depuis leur création il y a 20 ans n’est que le début d’un mouvement plus ample encore ! On ne sera jamais trop nombreux pour bâtir un futur ouvert à tous. Remerciements 2 | entrepreneur responsable Jean CARRÉ, Président de la Fédération nationale des CREPI préface les actes du colloque témoignage témoignage Lors de la table ronde de clôture, Pierre Berger est revenu sur l’engagement du groupe Eiffage. Pierre Sallenave était également présent à la table ronde de clôture du colloque. Il dirige l’ANRU depuis 2008. « Eiffage est une entreprise ouverte au monde extérieur. Nous avons une fondation d’entreprise qui permet d’appuyer les engagements associatifs de nos collaborateurs. « Permettez-moi de commencer par une anecdote. En 2008, alors que je venais de prendre mes fonctions à l’ANRU, je me suis rendu dans le quartier de la Commanderie dans l’Oise avec le préfet. À cette époque, un comité d’accueil musclé nous attendait. Un an et demi après, j’y suis retourné et le comité d’accueil, c’était des jeunes en bleu de travail, fiers du chantier sur lequel ils travaillaient ! Cet exemple n’est pas le seul. Il se passe des choses en matière d’insertion aujourd’hui dans les quartiers ! Pierre Berger, Président-Directeur Général du groupe Eiffage Nous sommes également très présents auprès des CREPI, créés par une ancienne filiale d’Eiffage en 1993. Aujourd’hui, une grande partie des Présidents de CREPI sont des patrons d’Eiffage en région. C’est aussi une façon pour eux de comprendre comment le monde extérieur fonctionne et ne pas rester centrés sur notre entreprise. Cela nous permet d’être ouverts, aux jeunes, aux personnes qui recherchent un emploi et aux autres entreprises. Les CREPI ont permis depuis qu’ils existent d’insérer, de former et de recruter des centaines de personnes qui sont maintenant des collaborateurs du groupe. De plus en plus d’entreprises rejoignent les CREPI et j’encourage ceux qui ne les auraient pas rejoints à venir. On ne sera jamais assez nombreux. Il y a cette prise de conscience depuis une dizaine d’années de la part des grands groupes qu’on ne fera plus fonctionner les entreprises sans se préoccuper de l’insertion. Ça me paraît maintenant acquis. Après, chacun va à sa vitesse. Nous n’avons pas l’intention de nous laisser aller ! » Pierre Sallenave, Directeur Général de l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU) Les clauses d’insertion que nous avons imposées sont en train de devenir une constante du paysage. Depuis la création du Programme de Rénovation Urbaine, il y a eu plus de 45 000 bénéficiaires des clauses d’insertion sur les chantiers de rénovation. Les acteurs sur le terrain, privés comme publics, se sont organisés pour former et accompagner les jeunes. Cela a bien fonctionné et l’obligation faite par l’ANRU en matière de clauses d’insertion est en train d’être dépassée. Les maîtres d’ouvrage privés commencent eux-mêmes à appliquer des clauses d’insertion. Nous avançons également avec deux idées fortes. La première, c’est une ambition économique. Il faut recréer de la richesse économique dans les quartiers. Il faut redonner une valeur foncière à ces quartiers qui sont sortis des marchés immobiliers. Le deuxième principe, ce sont les valeurs républicaines. On est en présence de populations qui sont les laissés-pour-compte de notre pays alors qu’elles concentrent une grande part de notre jeunesse. C’est aussi une question de confiance. Il faut donner confiance à des investisseurs pour revenir dans nos quartiers, mais aussi redonner confiance aux habitants. L’investisseur, ça peut être “monsieur tout le monde” qui va venir habiter dans le quartier, mettre ses enfants dans l’école. C’est peut-être l’investissement le plus dur qui soit. Pour que cela continue et fonctionne encore mieux, nous devons appuyer l’ingénierie locale en y introduisant la culture de l’entreprise et des mécanismes de marché. Nous devons trouver des solutions qui permettent de faciliter les démarches des entreprises qui s’engagent dans l’insertion. Nous devons nous montrer pragmatiques et souples pour aller dans le sens des bonnes idées. Nous ne devons pas nous abriter derrière une règle immuable lorsque notre mission est de venir en aide aux gens dans la détresse. Ces objectifs sont à notre portée. Il faut faire naître des opportunités et faciliter les prises d’initiatives. C’est l’une des missions de l’Anru et de l’Acsé 1 ». 1. entrepreneur responsable 4 | entrepreneur | Créateur responsable de richesse, Créateur de sens avant-propos L’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances « Nous et les autres » : pourquoi lutter contre le chômage de longue durée ? 1 I Les idées ArcelorMittal, PSA, Goodyear ou Sanofi… en 2013, le chômage est en une de nos journaux et au cœur de nos préoccupations. Sur la planète chômage, il y a un continent trop souvent laissé de côté : le chômage de longue durée. On devient chômeur de longue durée au terme d’un an d’inactivité. C’est le cas de près de 40% des chômeurs ! On y retrouve beaucoup de jeunes (27% des chômeurs de moins de 24 ans) et de seniors (56% des chômeurs de plus de 50 ans). Ces chiffres ne rendent bien sûr pas compte de la diversité des situations : jeune peu qualifié qui n’arrive pas à décrocher son premier job, maman élevant seule ses deux enfants sans solution de garde, quinqua à qui l’on a désigné la sortie… « Il n’existe pas une forme de chômage de longue durée, mais autant de formes qu’il y a de chômeurs de longue durée » témoigne Roland Bruno, bénévole de Solidarités Nouvelles face au Chômage et coordinateur de l’association en Ile-de-France. Plus le chômage dure et plus l’on perd de sa socialisation, de sa confiance et donc de son employabilité. Face à ces difficultés croissantes, il peut y avoir, pour tous, la tentation de baisser les bras. Mais doit-on se résigner à vivre dans une société qui exclut une partie d’elle-même ? 6 | entrepreneur responsable 4Un recrutement responsable : pour mes recrutements, j’ar- Jean-Baptiste de Foucauld s’inquiète : « Je me pose une question provocante, est-ce qu’on s’intéresse vraiment au chômage de longue durée ? Est-ce qu’on veut vraiment le résorber ? Est-ce qu’on est d’accord sur le fait qu’on trouve inacceptable qu’il y ait 1,3 million de personnes qui sont au RSA, 1,3 million de personnes qui vivent avec 400 € par mois ? » Se résigner à un chômage structurel élevé et laisser au bord du chemin ceux que l’on considère trop souvent comme inemployables n’est pourtant pas une option viable. Au-delà du risque social, c’est une erreur économique. Si l’on refuse ou si l’on délimite notre solidarité (pas eux, pas le temps…), c’est tout l’édifice collectif qui tremble et risque gros. C’est une conviction des CREPI, partagée par d’autres bien sûr, que les valeurs républicaines fonctionnent ensemble. Sans fraternité (ou solidarité), il n’y a plus de liberté ou d’égalité possibles. Ainsi une société, une économie qui génère de l’exclusion durable et ne fait rien pour l’enrayer va au-devant de graves difficultés : moindre consommation, bassins d’emplois sinistrés, désespérance, actes de violence… rête de mettre la barre trop haut ! • En rédigeant l’annonce, je ne surqualifie pas le poste à pourvoir. • Je suis conscient que beaucoup de compétences sont transférables et peuvent s’acquérir. Je ne jure pas que par les diplômes. Je ne fais ni de l’anti-jeune, ni de l’anti-vieux. J’ai eu 20 ans et j’en aurai (ou j’en ai déjà) 55. Il est inacceptable que la “bonne période” d’employabilité se situe maintenant entre 25 et 45 ans. Avec l’allongement de la durée de cotisations, c’est absurde et intenable ! • Si je n’arrive pas à pourvoir une offre, j’essaie de comprendre pourquoi. Est-ce que j’ai les bons réseaux pour la diffuser ? Suis-je trop exigeant sur les prérequis ? Faut-il renforcer l’offre de formation pour ce métier ou ce secteur ? 4 La formation pour tous : Je me sens responsable de l’employa- bilité de mes salariés, en particulier des moins qualifiés, plus vulnérables. Si besoin, j’identifie les situations d’illettrisme et propose des formations aux savoirs de base. Dans le même esprit, j’essaie de développer la polyvalence. 4 Une responsabilité sociale de l’entreprise : Je me sens 2 I Concrètement : mes résolutions pour lutter contre le chômage de longue durée Le chômage de courte, longue ou très longue durée nous concerne tous. Parents, frères, nièces, amis, ex-collègues… nousmêmes ! Il est temps de ne plus faire comme si les choses n’existaient pas ou comme si elles pouvaient s’arranger sans notre contribution. Indignons-nous ! Engageons-nous ! Tout, plutôt que l’indifférence et l’immobilisme. Sur le mode du « Aujourd’hui, j’arrête ! », voici une invitation concrète à se mobiliser pour lutter contre le chômage sous toutes ses formes. concerné. J’arrête de considérer que le chômage est seulement l’affaire des structures d’insertion et du service public de l’emploi. C’est bien sûr l’avis de Luc Darmais, directeur territorial Loire du Pôle emploi : « Avec la nouvelle stratégie de Pôle emploi 2015, on parle d’accompagnement renforcé pour ceux qui sont le plus éloignés de l’emploi, d’accompagnement guidé pour ceux qui sont un peu plus autonomes et d’un suivi pour ceux qui sont autonomes et qui sont familiarisés avec les outils Internet. Mais si l’on n’a rien à leur proposer, on aura beau les recevoir en entretien collectif, individuel, avoir des contacts téléphoniques, gérer des mails… si on n’a pas d’emploi à proposer on n’y arrivera pas. Pas sans aller vers les entreprises. » 7 | Créateur de richesse, Créateur de sens crepi 4 L’ouverture aux autres : J’ouvre les portes de mon entreprise pour des rencontres et des visites avec des jeunes en études, des personnes en recherche d’emploi… À l’évidence, créer la rencontre, permettre l’échange, améliorer la connaissance mutuelle va faciliter le retour à l’emploi de ceux qui en sont éloignés. Ainsi, « un coup de pouce comme une semaine de stage ou une visite de chantier peut apporter beaucoup. Ce n’est pas compliqué à mettre en place et ça ne coûte rien. » (Antoine Delacour, adhérent du CREPI Ile-de-France) Pour la plupart de ces actions, les entreprises peuvent aller chercher de l’information et du soutien en externe. Aux accompagnants (Pôle emploi, CREPI…) d’être également proactifs sur les aides et dispositifs existants. À eux de proposer d’être présents tout au long des processus, notamment dans le cadre d’un retour à l’emploi où l’intégration est aussi importante que l’entretien d’embauche réussi ! Toutes ces initiatives vont de pair avec un regard neuf sur le chômage et les chômeurs. Les histoires qui suivent ont pour objectif de faire changer notre regard pour de bon ! 3 I Le chômage, de l’intérieur Ce paragraphe ne pouvait pas s’appeler “belles histoires”, car beaucoup d’expériences sont difficiles et douloureuses. Jean-Baptiste de Foucauld l’explique : « Quand une personne a cherché activement pendant un certain temps puis a eu une première rebuffade, une deuxième, une troisième et son lot de déceptions, elle a tendance à se décourager. Là où le chômage devrait provoquer de la solidarité, c’est l’inverse qui se produit. Le chômage délie le lien social, alors qu’il devrait le renforcer. » En effet, au fil du temps, les difficultés s’accumulent et c’est l’engrenage : baisse du pouvoir d’achat, perte de repères, émergences de difficultés relationnelles (sociales et familiales), santé qui se dégrade… Et souvent, le manque de mobilité pour trouver ailleurs, loin de chez soi, du travail. Cette spirale est aussi le sujet d’un article paru dans La Croix début 2013 et intitulé « Comment le chômage met en danger la vie sociale ». La journaliste Nathalie Birchem y fait le portrait de chômeurs à la vie dure. Il y a les cas extrêmes et l’immolation du demandeur d’emploi nantais en février. Il y a les autres suicides (le taux serait six fois plus élevé que celui des actifs). Il y a Karima, vissée toute la journée devant son ordinateur, postulant à des offres, en oubliant son mari et sa vie sociale. Il y a Sophie, 30 ans, revenue chez ses parents parce qu’elle ne joint pas les deux bouts. Et il y a cette lettre – terrible – d’un fils à ses parents, relayée par la CGT chômeurs du Morbihan : « Maman, Papa, je vous écris aujourd’hui pour vous demander de ne plus me parler de ma recherche d’emploi. Je vous demande ça parce que cela fait maintenant trois mois que je n’ai plus de contact avec vous, parce que je ne peux plus supporter de vous entendre me demander « où j’en suis dans ma recherche d’emploi ». Il explique ses efforts, ses démarches, sa persévérance, malgré le découragement qui guette. Il conclut ainsi : « Je ne suis pas qu’un chômeur. Je suis aussi votre fils, avec sa vie sociale, ses envies, ses doutes, ses centres d’intérêt. Ma recherche d’emploi, je m’en occupe. À bientôt j’espère. » Ces vies trop rapidement évoquées ici nous montrent bien la difficulté d’être inactif. La moindre des choses que nous pouvons faire est de porter un regard bienveillant, disponible, aidant. 8 | entrepreneur responsable Jean-Baptiste de Foucauld irait plus loin : « Si l’on veut prendre en charge le problème du chômage de longue durée, ne faut-il pas envisager de s’imposer un devoir d’embauche des chômeurs de longue durée ? Ne faut-il pas s’obliger, d’une manière ou d’une autre, à en faire plus ? Les méthodes incitatives que l’on utilise depuis très longtemps ont trouvé leurs limites. Ne faudrait-il pas s’obliger davantage, sous des formes à déterminer, tout en tenant compte des difficultés des entreprises ? » 4 I Et moi, et moi ? Je contacte mon CREPI pour : 4Diversifier mon recrutement (cf. atelier Recrutement responsable page 30) 4Organiser des visites ou des rencontres dans mon entreprise (cf. atelier Raconte-moi ton métier page 26) 4Accompagner une personne qui recherche un emploi. Cette initiative est proposée par Solidarités Nouvelles face au Chômage (SNC), association à laquelle je peux adhérer. Je développe l’employabilité de mes salariés en portant une attention particulière à ceux qui ont le moins de qualifications et à ceux dont les savoirs de base sont les plus fragiles. (cf. atelier Illettrisme, je m’y attaque ! page 18) J’en pense quoi ? et si j’investissais dans la rse ? 1 I les idées « Il n’y a pas un chef d’entreprise qui n’ait pas un cœur qui vibre socialement, à un rythme plus ou moins soutenu » nous confie Laurent Vinot, responsable du CREPI Loire & HauteLoire. C’est de cette vibration sociale dont nous allons parler. Pas sous l’angle de la médecine ou de la charité, mais sous celui de la profitabilité et de la performance. En effet, la conviction profonde des CREPI et de leurs adhérents est que la RSE est davantage affaire d’opportunité que de contrainte. Et que c’est maintenant qu’il faut s’y mettre ! Avant de partager ces convictions, commençons par (re-)définir les termes. La RSE est la responsabilité sociale de l’entreprise. La Commission Européenne précise : « La RSE est l’intégration volontaire par l’entreprise des préoccupations sociales et environnementales dans ses activités commerciales ainsi que dans ses interactions avec les parties prenantes ». Aujourd’hui, si nous sommes très sensibilisés à l’environnement, nous le sommes moins à tout ce qui touche à la RSE et à l’insertion, qui est l’un de ses champs. Les deux démarches sont pourtant très proches : d’un côté, respecter les ressources natu10 | entrepreneur responsable relles, de l’autre prendre soin de ses ressources humaines. En outre, à l’heure d’une nouvelle poussée du chômage, les questions sociales – et l’emploi en particulier – redeviennent la préoccupation numéro un de tous. Pour Jean-Baptiste de Foucauld, il n’y a pas à tergiverser : « accroître la responsabilité sociale fait partie de cette réponse à la crise que nous devons avoir tous ensemble ». Mais quels arguments utiliser pour convaincre ? 2 I Concrètement : l’argumentaire Pour commencer, la RSE, c’est la loi. Et pratiquer la RSE, c’est anticiper – ou, à défaut, se mettre en conformité avec – les évolutions législatives et normatives. Le cadre normatif évolue également et incite à l’action : bien qu’elle reste une démarche volontaire, la RSE est de plus en plus encadrée par le législateur. Même si les plus petites entreprises ne sont pas concernées, l’article 225 de la loi Grenelle 2 paru en 2012 est ainsi venu étendre aux entreprises non cotées de plus de 500 salariés l’obligation de reporting sur les conséquences sociales et environnementales de leurs activités. Ce décret complète d’autres textes normatifs tels que la norme ISO 26000, référentiel international en matière de RSE ; la loi de 2009 sur le maintien et le retour à l’emploi des seniors ; la loi de 2005 pour l’égalité des droits et des chances des personnes handicapées ; mais également les articles 14 et 53 du Code des marchés publics qui prévoient la réalisation d’actions d’insertion par les entreprises attributaires du marché. Ensuite, la RSE, c’est le marché. Pratiquer la RSE, c’est s’adapter aux mutations économiques et aux nouvelles exigences des donneurs d’ordres. Les TPE-PME ont d’autant plus intérêt à entreprendre ce type d’actions que leurs donneurs d’ordres, en général les grands groupes dotés de référentiels, interrogent de plus en plus leurs fournisseurs sur leurs pratiques sociales. On parle d’un effet de cascade d’application de la politique de RSE des grands groupes aux plus petites entreprises. De plus, le secteur public, tout comme le secteur privé, porte désormais une importance stratégique aux achats responsables et à la sélection de ses fournisseurs selon des critères liés à la responsabilité sociale. Les évolutions du Code des marchés publics jouent ainsi un rôle de catalyseur pour que les entreprises appliquent leurs engagements sociaux et/ou environnementaux afin de répondre à la commande publique. Pour les TPE-PME, il s’agit dès lors de maintenir des marchés et de développer un avantage sur leurs concurrents. La RSE, c’est aussi la réputation. Ainsi, un patron engagé sur les questions de responsabilité sociale renforcera la notoriété de son entreprise auprès de ses clients et prospects. Il augmentera également la fierté d’appartenance de ses équipes et son attractivité auprès des candidats qu’il souhaite recruter. Laurent Vinot, responsable du CREPI Loire et Haute-Loire nous le confirme : « La RSE, c’est un actif impalpable par le chef d’entreprise, mais palpable par l’extérieur, par exemple les partenaires. On sait que telle ou telle entreprise fait cela et cela. C’est un vecteur de bonne image de l’entreprise, le réseau en parle en positif. » 11 | Créateur de richesse, Créateur de sens crepi Enfin, la RSE, c’est la création de valeur, nous explique Jean Carré. Cette équation n’est pas une exhortation d’alchimiste ou de publicitaire, c’est la conviction que la qualité des relations humaines est la première condition de la qualité de l’entreprise et donc de sa performance. Jean Carré, s’appuyant sur son expérience d’entrepreneur, nous montre comment la RSE va dans le sens de la performance : 4En combattant l’illettrisme, on améliore la compréhension des consignes et la communication interne, on diminue ainsi le risque d’erreurs et d’accidents ; 4En faisant parrainer des jeunes par des seniors, on favorise la formation interne et la transmission des compétences et on (re) mobilise deux populations (au début et à la fin de leur vie professionnelle) qui se sentent souvent mises à l’écart/marginalisées ; 4En s’intéressant aux talents des jeunes issus de l’immigration, on développe la diversité et donc la créativité des équipes ; 4En promouvant à égalité de compétences les femmes et les hommes, on construit une vraie politique de reconnaissance et de motivation ; 4En intégrant des personnes avec handicap, on découvre souvent des tempéraments de battants, habitués à se surpasser. 3 I Bonne pratique, belle histoire Le groupe Eiffage nous montre que la valeur d’une entreprise gagne à être partagée par tous. C’est le principe de l’actionnariat salarié, où chacun devient un peu propriétaire de l’entreprise pour laquelle il travaille. Pierre Berger, Président-Directeur Général du Groupe Eiffage, revient sur cette spécificité. « Le groupe Eiffage n’est pas un groupe classique. Il s’est construit autour de l’idée forte qu’il fallait développer l’actionnariat salarié. Peu de groupes cotés en Bourse ont fait ce choix. Je pense qu’en France et en Europe, nous sommes le seul groupe de cette taille, comptant 72 000 collaborateurs, qui ait 40% du capital dans les mains des salariés. Ces actionnaires ne sont pas que des managers ou des patrons, il y a une grande majorité d’ouvriers. » pourquoi pas moi ? Cet outil destiné aux TPE et aux PME me permet de réaliser un état des lieux de mes pratiques de RSE puis de passer à l’action avec l’appui du CREPI ou d’une autre structure. Je donne de la voix, en participant à des débats par exemple. C’est en confrontant les idées, en les exprimant pour d’autres que l’on fait aussi avancer les choses. Autre exemple d’investissement dans le capital humain : les écoles Eiffage Travaux Publics. « Ces écoles consistent à insérer des jeunes sans formation. Chaque année, ces établissements accueillent environ 200 nouvelles recrues, à travers un contrat d’alternance (pour la plupart de professionnalisation), couplé à une formation en alternance rémunérée. Au bout d’un an, si les jeunes ont validé leur formation, et pour 80% d’entre eux c’est le cas, on les embauche. » 4 I Et moi, et moi ? Je parle vrai ! Rien n’est possible sans un dirigeant convaincu et engagé. En interne comme en externe, les parties prenantes (salariés, société civile, pouvoirs publics…) sont de plus en plus vigilantes aux discours creux – qu’elles vérifient et dénoncent. Il faut à tout prix éviter les effets d’annonce. Je me fais aider. Je peux par exemple prendre contact avec le CREPI de ma région pour utiliser le guide Entrepreneur responsable, 12 | entrepreneur responsable «C’est la qualité des relations humaines qui fait la qualité de l’entreprise» J’en pense quoi ? quand l’économie classique rencontre l’économie sociale et solidaire... (et plus si affinités) 4d’une solidarité collective ; 4d’un partage démocratique du pouvoir dans l’entreprise ; 4 et d’un résultat réinvesti dans les projets et au service des per- sonnes. L’ESS rassemble des structures de formes et de poids très variés : banques mutualistes, coopératives, associations, fondations et entreprises sociales… Elles emploient plus de 2,35 millions de salariés et ont créé 440 000 emplois nouveaux ces dix dernières années soit une croissance de 23%. Quelques chiffres pour apprécier le poids de ce secteur. 41 véhicule sur 2 est assuré par une mutuelle d’assurance de l’ESS 4 60 % des dépôts bancaires se font dans les banques de l’économie sociale et solidaire 438 millions de Français sont protégés par les mutuelles de santé 430 % des hôpitaux sont gérés par l’économie sociale 4 9 personnes handicapées sur 10 sont prises en charge par des établissements de l’économie sociale 4 68 % des services d’aide au domicile aux personnes dépendantes sont portés par des entreprises de l’économie sociale 1 I Les idées Lors du colloque de novembre 2012, l’économie classique a rencontré l’économie sociale et solidaire ! Le temps d’un atelier, des représentants d’entreprises ont échangé avec deux grands acteurs de l’ESS, Caroline Portes (Tissons la solidarité) et Pierre Gaudin (Chênelet). À la fin de la journée, plus personne ne réduisait l’ESS à l’insertion ou à la clause du même nom. Imitons-les, refaisons connaissance avant d’envisager ce que ces deux économies peuvent faire ensemble. Pour commencer, une bonne définition ! L’une des plus claires est celle que propose le Ministère de l’Économie et des Finances sur son portail. La voici : l’économie sociale et solidaire (ESS) rassemble les structures et entreprises qui concilient utilité sociale, activité économique et/ou gouvernance démocratique. Donnant la primauté aux personnes sur la recherche de profits, elles sont organisées autour : 14 | entrepreneur responsable «mieux vaut maintenir un lien avec le travail que de laisser le temps rompre ce lien» L’insertion par l’activité économique (IAE) est l’une des composantes de l’ESS. On lui retrouve les mêmes caractéristiques. Son cœur de métier : faciliter le retour à l’emploi du plus grand nombre, en proposant des contrats à des personnes sans emploi, rencontrant des difficultés sociales et professionnelles particulières. Certains secteurs se prêtent davantage à l’insertion ou en ont fait le choix ; c’est le cas du nettoyage, du recyclage, de l’entretien des espaces verts, du bâtiment. La philosophie : mieux vaut un travail avec des exigences de productivité moindres que le maintien dans la dépendance de l’aide sociale. Mieux vaut maintenir un lien avec le travail que de laisser le temps distendre puis rompre ce lien. La démarche est belle, l’humain y est au centre mais elle a besoin d’un soutien public pour trouver l’équilibre économique. Ce coup de pouce vient financer une partie de l’accompagnement social et de l’encadrement. En effet, il paraît aller de soi que l’on ne puisse pas “raccrocher” des gens éloignés de l’emploi, les former, leur offrir un encadrement de proximité, les aider à retrouver de la confiance tout en ayant une productivité et une rentabilité comparables à une structure qui ne ferait pas cet effort. L’État intervient donc pour rééquilibrer la balance. Et Pôle emploi est également partenaire, en formalisant un agrément pour une période maximale de 24 mois travaillés. Dans les faits, les personnes en insertion alternent plusieurs contrats aidés (contrat unique d’insertion - contrat d’accompagnement dans l’emploi - CUI-CAE) sur des périodes plus courtes. Si les acteurs de l’IAE se retrouvent tous derrière la définition posée, l’ensemble n’en est pas moins divers et foisonnant. Ainsi, des ateliers et des chantiers d’insertion, des associations intermédiaires, des entreprises d’insertion (dont certaines spécialisées dans le travail temporaire), les régies de quartier et les groupements d’employeurs pour l’insertion et la qualification (GEIQ). Tous jalonnent le parcours d’insertion de l’accompagnement social et socio-professionnel jusque dans l’emploi en une entreprise classique. Chaque structure a sa tête de réseau qui la représente au niveau national. Qu’est-ce que tout ceci peut bien avoir à faire avec l’entreprise classique ? 2 I Concrètement : ce que l’on a à apprendre de l’autre Pour nous, l’entreprise « classique », malgré - ou à cause - de multiples crises et les difficultés qu’elle traverse, a tout intérêt à se questionner et à questionner la société pour mieux s’ouvrir, s’adapter, 15 | Créateur de richesse, Créateur de sens innover, anticiper. Or l’économie sociale et solidaire, avec son panel de démarches : équitable, éthique, sociétale, écologique, citoyenne, solidaire, a su innover, ouvrir les possibles, créer de nouvelles façons de faire, de donner envie et confiance. Si tout n’est pas à transférer de l’une à l’autre, l’économie classique trouverait profit à s’en inspirer, à créer avec l’ESS des partenariats, des complémentarités, des rencontres, des synergies. La réciproque est vraie ! L’ESS a aussi grand besoin de rencontrer l’autre économie dite classique. Cette dernière n’est pas faite que de licenciements et de cupidité. Elle est aussi créatrice de valeurs, de sens et d’opportunités. De manière pratique, les structures d’insertion préparent les personnes qu’elles accompagnent à cette réalité : l’entreprise classique est l’objectif final du plus grand nombre. Aussi bien les personnes en insertion que les autres ont besoin de la dignité qu’elles trouvent à la fois dans un métier et une autonomie financière. Il n’y a pas compétition entre les modèles, mais bien complémentarité, comme l’explique Caroline Portes qui dirige Tissons la solidarité. « Je pense que chacun à son rôle et qu’il est complémentaire. Le chantier d’insertion a le rôle de former la personne à l’emploi. L’entreprise, quant à elle, a le rôle d’offrir des emplois pérennes que nous ne pouvons pas offrir. » Décider de se rapprocher, de mieux se connaître, de travailler ensemble fera voler en éclats les préjugés. Non, les personnes en insertion ne sont pas des « exclus, alcooliques, incompétents et sortants de prison ». Et non, les patrons ne sont pas des négriers sans foi ni loi. Les personnes en insertion font souvent preuve d’une combativité et d’une motivation à la hauteur des épreuves qu’elles ont traversées. C’est pour ça qu’il est important d’améliorer nos recrutements pour qu’ils soient non discriminants, qu’ils offrent une chance au plus grand nombre et qu’ils permettent à nos entreprises de vraiment se renouveler. Elena Lasida dans sa conférence sur « Les passerelles entre l’économie sociale et solidaire et l’économie classique » va dans ce sens. Maître de conférences à la Faculté de Sciences Sociales et Économiques de l’Institut Catholique de Paris, auteur du Goût de l’autre. La crise, une chance pour réinventer le lien (2011), Elena Lasida dessine les contours d’une solidarité par « le plus » plutôt qu’une solidarité par « le moins ». La solidarité doit chercher la richesse potentielle de la personne plutôt que son manque à combler. On regarde ce qu’elle a “de plus”, ce qu’elle pourrait mettre au service d’un projet commun plutôt que ce qu’elle a de moins. La solidarité ainsi perçue relève du projet de société. Elle interroge notre vivre-ensemble et la place réservée à chacun des membres de la société. Elle concerne donc toutes les dimensions de la vie en société, y compris l’économie. » Caroline Portes rejoint Elena Lasida : « On a tendance à voir les personnes par leurs manques et non par leurs compétences ». Tissons la solidarité, le réseau qu’elle dirige, démontre chaque jour que le meilleur est toujours possible. 3 I Bonne pratique, belle histoire : Tissons la solidarité Tissons la solidarité est un réseau, né en 2004, qui fédère aujourd’hui 70 structures d’insertion sur tout le territoire. Leur métier est le recyclage du textile. Recycler des vêtements de seconde main, cela veut dire collecter, trier, retoucher, laver, repasser et vendre dans l’une des 125 boutiques du réseau. Mais Caroline Portes, qui dirige le réseau depuis 2006, avait une ambition bien plus grande pour les femmes qui rejoignent Tissons. Connaissant bien le monde du luxe où elle a travaillé, Caroline a fait le pari de faire se rencontrer des chantiers d’insertion et des maisons de haute couture. Récit d’une première de cordée ! 16 | entrepreneur responsable Caroline Portes L’objectif était de permettre à des femmes de retrouver un emploi pérenne dans l’économie classique. Le premier acte a été de mettre de la formation professionnelle dans notre cœur de métier et toutes les activités de Tissons ont été déclinées en formation qualifiante. Ce premier stade nous a permis d’avoir des boutiques qui soient totalement conformes à celles de l’économie classique. Avant d’arriver aux grandes maisons, nous avons d’abord tissé des partenariats avec des entreprises classiques comme Etam. Nous avons collaboré sous deux angles, le premier étant de répondre à des besoins quand ils étaient en recherche de postes. Nous nous sommes ensuite préoccupés des ateliers de couture qui étaient structurellement déficitaires. Insérer des gens et parler d’emploi dans un environnement qui ne marche pas économiquement parlant est un contresens. Nous nous sommes dit qu’il fallait aller voir les plus grands et les meilleurs pour qu’ils nous aident à travailler sur un produit qui soit rentable et permette aux ateliers de couture de maintenir l’emploi, voire de le développer. Nous avons frappé aux portes, ça n’a pas toujours été facile. Mais à force de conviction, nous avons fini par travailler avec l’équipe de Christian Lacroix en 2010. Cela a été une expérience incroyable ! Les personnes issues du luxe ont travaillé le textile recyclé dont elles n’avaient pas l’habitude, travaillant plutôt des tissus nobles. Nous avons créé une marque : « la Griffe Tissons la Solidarité ». Toute la création a été confiée aux femmes qui travaillent dans les ateliers de Tissons et qui sont guidées par des professionnels du luxe dans leurs créations. Il y a des objectifs de production, nous appliquons les conditions de l’entreprise dans un chantier d’insertion. «le meilleur est toujours possible» Cette initiative est saluée par Martin Hirsch dans sa préface à l’ouvrage Tissons la solidarité paru aux éditions Alternatives. « Le luxe est symboliquement très éloigné de l’économie sociale et solidaire, mais c’est le cas de beaucoup d’autres secteurs économiques. Dans le luxe, il y a l’idée du “made in France” et ce “made in France” disparaît parce que l’économie s’est organisée autrement. Les entreprises d’insertion du réseau Tissons peuvent apporter un élément de réponse, savent faire des choses auxquelles d’autres ont renoncé. Ceux qui travaillent dans l’entreprise du luxe ou dans l’entreprise d’insertion n’ont pas l’impression d’être diminués par cette collaboration. Bien au contraire, chacun a l’impression de se grandir et de se faire plaisir. » 4 I Et moi, et moi ? S’inspirant de la démarche de Tissons et de nos propres expériences, voici comment se rapprocher et travailler ensemble : 4Se rencontrer à travers les clubs d’entreprises comme les CREPI 4 Organiser des visites de terrain. Il est assez facile de visiter des structures d’insertion – elles sont demandeuses de partenariats ! Aux entreprises d’ouvrir également leurs portes pour que les cultures se partagent. 4 Se rapprocher via la sous-traitance. Les structures d’insertion savent répondre à des demandes de sous-traitance. C’est une bonne manière de commencer à travailler avec elles. (cf. atelier Entrepreneur responsable, aujourd’hui je m’y mets page 34) 4Accueillir en stage des personnes en parcours d’insertion 4 Réaliser des recrutements. C’est bien sûr l’objectif final. Les structures d’insertion ont pour mission de préparer à un retour à l’emploi dans l’économie classique. (cf. atelier Recrutement responsable page 30) 17 | Créateur de richesse, Créateur de sens illettrisme, je m’y attaque ! 1 I Les idées Illettrisme – combien de “l”, combien de “t” ? La question fera sourire ceux qui ont grandi à l’ombre des Grevisse, Littré et autres dictionnaires. Tous les jours, peut-être moins souriants, on s’agace pourtant de ce français qui se perd : langage SMS qui envahit les e-mails, participes passés indomptés, accents disparus… Et pourtant, il faut le reconnaître : écrire, c’est difficile. Nul n’écrit sans angoisse, sans être tenaillé par l’inquiétude de mal dire. À ces petits maux, certains proposent de sérieux remèdes. Ainsi cette école de commerce qui remet tous ses élèves au français ! À ces petits maux, s’ajoutent de plus grands. L’illettrisme est l’un d’eux. Aujourd’hui, 9% des 18-65 ans ayant été scolarisés en France rencontrent des difficultés pour trouver le sens d’un texte simple, qu’ils soient dans l’emploi ou au chômage. Cela veut dire que ces 9% comprennent peu, pas, ou mal tout ce qui est écrit : consignes de sécurité, instructions de travail, comptes-rendus, plans, notices techniques…. 18 | entrepreneur responsable Le problème est posé. Mais de qui est-ce le problème ? Au temps, pas si lointain, du service militaire, l’armée jouait un rôle crucial. Massivement, elle identifiait et faisait progresser ceux qui maîtrisaient mal l’écrit. Aujourd’hui, il faut trouver d’autres temps et d’autres lieux pour faire reculer l’illettrisme, devenu l’affaire de tous. Entreprises, associations, institutions… c’est à chacun de nous de s’emparer du sujet. Certains vont se cabrer ou se cabrent déjà : pourquoi moi ? Pourquoi est-ce aux acteurs économiques de répondre à ce fléau… social ? Nous allons montrer à la fois que les acteurs économiques ont aussi des responsabilités sociales, que l’entreprise – parmi d’autres – a son rôle à jouer, qu’il est important qu’elle le fasse, qu’elle y trouve son intérêt, mais qu’elle n’est pas seule dans cet effort et que beaucoup de structures sont là pour l’y aider. 2 I Concrètement : le réflexe formation ! Illettrisme : passeport, s’il-vous-plaît ! Trop souvent, hâtivement, on met tout dans le même sac : illettrisme, analphabétisme, immigration… Ces amalgames empêchent de prendre la mesure des différentes réalités : il y a le cas des adultes ayant été scolarisés en langue française qui doivent reprendre les apprentissages de base, il y a les nouveaux arrivants en France, scolarisés dans leur pays d’origine à qui il s’agit d’apprendre le français (le français langue étrangère ou FLE), enfin il y a les adultes scolarisés en langue française qui maîtrisent globalement les compétences de base, mais éprouvent des difficultés à les utiliser dans certains contextes (la remise à niveau). La distinction est toujours importante, car les acteurs et les réponses ne sont pas les mêmes. Illettrisme : une question RH L’atelier a montré que nous avons tous un rôle à jouer dans l’identification et la lutte contre l’illettrisme. Dans le cadre d’une recherche d’emploi, le fait de ne pas maîtriser l’écrit est une fragilité de plus. Les administrations (CAF, services sociaux…) et le service public de l’emploi (Pôle emploi, Missions locales…) sont alors en première ligne pour identifier et proposer des solutions. Pour les personnes dans l’emploi, c’est à l’entreprise (ou à l’employeur public ou associatif) d’être sur le pont ! La communication écrite étant très prégnante, nous avons le devoir d’élever les compétences de chacun dans ce domaine. Les formations aux savoirs de base sont à intégrer au plan de formation des entreprises (art. L.6313-1 du Code du travail). Dans les référentiels, elles s’appellent formation à la communication orale et écrite ou formation aux calculs métier, par exemple. Il faut considérer l’illettrisme à la fois comme un risque et une opportunité d’investissement. Un salarié en situation d’illettrisme fera – potentiellement – plus d’erreurs, comprendra mal une consigne ou la demande d’un client. Il compensera “ce handicap”, mais au prix d’efforts et de stress immenses. La lutte contre l’illettrisme devient prévention d’un risque et investissement social. On augmente à la fois la performance d’une équipe et son employabilité. Mais ce n’est pas simple ! Illettrisme : zone humaine sensible ! Claire Carré, directrice du Centre Ressources Illettrisme Analphabétisme d’Indre-et-Loire (CRIA 37), revient avec nous sur les erreurs à ne pas commettre et sur les signes à bien interpréter. Comment identifier les signes d’illettrisme ? En situation d’illettrisme, on bute sur tous les écrits professionnels : contrats, courriers, consignes, notes de service, fiches de paie... Des problèmes de compréhension apparaissent aussi en réunion ou en «ces problèmes peuvent concerner tous les collaborateurs» 19 | Créateur de richesse, Créateur de sens crepi tête-à-tête. Plusieurs comportements peuvent être observés : la personne se met à l’écart du groupe (en formation par exemple), elle prétexte un oubli de lunettes, une douleur au bras, elle propose de remplir le document chez elle… Tous ces éléments sont des indicateurs ! Comment bien réagir ? L’illettrisme est un tabou. En voulant le faire reculer, on touche à la fine frontière entre vie publique et vie privée. Le sujet est d’autant plus sensible que les personnes en situation d’illettrisme mettent beaucoup d’énergie à cacher ce qui est du ressort d’un secret, d’une part d’intime, de quelque chose qui est vécu comme une source de honte et de déni. En miroir, avouons que nous ne sommes pas toujours très à l’aise avec l’écrit ou la prise de parole devant un groupe… Le reconnaître permet d’avoir un autre regard sur ceux qui ont des difficultés. Pour les aider, voici quelques conseils pour bien s’y prendre. 4 Ne pas stigmatiser la personne en public et en parler dans un climat de confiance. Par exemple, faciliter l’approche du sujet avec quelqu’un qui était dans ce cas auparavant et qui a bénéficié d’une formation. 4 Dédramatiser le problème et susciter l’intérêt. S’appuyer sur la motivation (ou la faire surgir). La motivation, c’est se sentir capable de réussir. Le regard de la hiérarchie et des collègues étant primordial, il faut partager la certitude que chacun peut progresser. 4 Expliquer les enjeux, ne pas forcer à apprendre. Nommer les situations professionnelles qui doivent évoluer. Montrer à la personne qu’elle a un véritable intérêt à se former. Plus nous nous engagerons et mettrons en place de formations aux savoirs de base sur le temps de travail, plus elles deviendront une évidence pour les directions et les salariés. C’est ainsi que les choses peuvent changer ! 3 I Bonne pratique, belle histoire : la Démarche Passerelle d’Eiffage Energie En 2011, Eiffage Énergie a souhaité généraliser l’initiative prise l’année précédente en région Centre-Est, à savoir mettre au point une démarche portant sur le (ré)apprentissage des savoirs de base (lire, écrire, compter) en contexte professionnel. Philippe Duhamel, Directeur du Développement des Ressources Humaines revient avec nous sur l’origine du projet et son développement. « L’idée était de proposer une formation sur la base du volontariat aux collaborateurs ayant besoin d’apprendre ou réapprendre certains savoirs de base en milieu professionnel, savoirs essentiels dans le secteur du bâtiment en matière de sécurité notamment. Ces problèmes peuvent concerner tous les collaborateurs. Ils impactent aussi bien la vie quotidienne que l’exercice de leur métier et la sécurité sur les chantiers. Comment appliquer et faire appliquer une consigne que l’on ne comprend pas ? C’est un véritable projet d’entreprise. Il s’est agi d’accompagner tous les échelons de l’entreprise, des directions régionales aux encadrants pour leur expliquer la démarche. Nous avons également bâti un plan de communication pour sensibiliser les futurs candidats. Notre principal objectif a été de créer un climat de confiance autour de la démarche. Concernant la formation en tant que telle, nous nous sommes appuyés sur des organismes professionnels et un réseau 20 | entrepreneur responsable de formateurs. Tous les participants ont été volontaires pour s’inscrire et nous avons essayé d’adapter au mieux le contenu proposé aux différentes situations professionnelles. Au départ, il y a toujours les doutes, la peur du regard des collègues… Mais les stagiaires ont rapidement dépassé ces freins. Les formateurs sont à l’écoute de leurs besoins et sont là pour les aider à progresser. C’est toujours un peu difficile pour eux de travailler dans un espace fermé alors qu’ils sont toute la journée sur des chantiers. Mais nous sommes impressionnés de voir des personnes volontaires et impliquées malgré toute la difficulté que peut représenter une telle remise en cause. L’envie d’acquérir de nouvelles compétences permet de dépasser la peur face à l’écrit. Au final, plus que des compétences techniques, les retours que nous avons sur la formation est qu’elle permet de gagner en confiance et en autonomie. Dans le cadre du programme de 112 heures de formation, 119 collaborateurs ont participé aux premières sessions que nous poursuivons, avec l’aide de l’organisme de la profession CONSTRUCTYS. C’est une chance à ne pas laisser passer ! » 4 I Et moi, et moi ? Identifier les acteurs locaux en charge de l’illettrisme (exemple des Centres de Ressources Illettrisme, OPCA, etc.). Les CREPI peuvent être un relais dans un premier temps pour vous aider. Avec l’aide de l’un de ces organismes : 4 Se former et former ses équipes à l’identification de l’illettrisme. 4 Inscrire au plan de formation de l’entreprise un module sur les savoirs de base. J’en pense quoi ? rse, formons-nous ! 1 I Les idées «la rse, c’est à la fois la législation, le marché, la création de valeur...» On le devine, mettre en place une politique de RSE ne s’improvise pas. Il y a des points d’attention, des passages obligés, des outils et des accompagnants. Bref, un process au plus près du terrain ! 4 La RSE, ça prend la forme d’actions concrètes. « Recruter un La RSE est affaire de conviction et de mise en pratique. Dans l’atelier intitulé « Et si j’investissais dans le RSE », on a partagé l’argumentaire suivant : la RSE, c’est à la fois la législation, le marché, la création de valeur et la réputation. 2 I Concrètement : le process Passons maintenant à la mise en pratique ! C’est à ce moment-là qu’apparaissent deux écueils à éviter : les beaux discours et les batteries d’indicateurs. Se contenter de jolis rapports sur papier glacé, énoncer des discours non suivis d’effets, imposer des lots d’indicateurs supplémentaires aux équipes opérationnelles – tout ceci a un effet dévastateur autant en interne (surchauffe et démotivation) qu’en externe (discrédit). 4 La RSE, ça s’impulse. Sans un patron convaincu, rien ne se pas- C’est la dérive que souligne Jean-Baptiste de Foucauld : « On a trop de débats sur les moyens et pas assez sur les finalités. Dans les entreprises, comme dans les administrations, le système actuel de management conduit à ce que l’on fasse dégringoler de haut en bas des batteries d’indicateurs qui diffusent les responsabilités à l’échelon du dessous, tout cela pour satisfaire des indicateurs définis tout en haut. On écrase un peu plus audessous et tout ce système perd de vue le sens des finalités et le sens tout court. » 4 La RSE, ça se communique. Si on oublie d’associer les équipes 22 | entrepreneur responsable personne convaincue et qui aura envie de faire agira comme un ambassadeur au sein de l’entreprise. Voici les grandes lignes guidant la mise en pratique d’une politique de RSE : jeune en apprentissage » est plus parlant qu’un grand discours sur la politique jeunesse des PME dans notre pays. Il faut savoir traduire des engagements en objectifs mesurables et faciles à s’approprier. 4 La RSE, ça s’inscrit dans le long terme. On le voit dans le sera. Mais la RSE n’est pas pour autant qu’une affaire de patrons ! 4 La RSE, ça se construit à plusieurs. Il est important d’identifier en interne et en externe les experts et les accompagnateurs qui vont nous permettre de concevoir une politique et de déployer des actions de RSE. opérationnelles dès l’amont, on va dans le mur. C’est sur elles le plus souvent que reposent les efforts de RSE. Ce sont elles, par exemple, qui accueillent et forment un jeune ou une personne en insertion qui arrive dans une équipe. Il ne faut pas qu’une politique de RSE leur tombe du ciel. Il faut qu’elle leur parle, qu’elle ne soit pas à des années-lumière de leur quotidien. Il faut créer les conditions de dialogue pour que s’expriment les contraintes et les enjeux de chacun. Il faut expliquer et accompagner. Une cadre du recrutement. En cherchant à remplacer un départ dans l’urgence, on fait souvent des erreurs. Se poser les questions, plus profondes, de l’organisation de l’équipe, de ses forces, ses faiblesses, de son évolution à deux ans par exemple n’est pas une perte de temps, c’est vraiment un investissement. 4 Enfin, la RSE, ça s’évalue. C’est important de revenir sur les succès et les échecs et d’en tirer les leçons pour la suite. Sans remettre toujours les progrès à demain, il faut accepter son propre droit à l’erreur et prendre les mesures pour s’améliorer ! On l’a dit, mettre en place une politique de RSE n’est pas seulement une décision de dirigeant ou de comité de direction. Il faut que tous les échelons de l’entreprise soient associés, impliqués, convaincus. Sinon, c’est le clash ! C’est ce que met joliment en lumière l’exercice de théâtre forum qui a été proposé aux participants de l’atelier en novembre dernier. 23 | Créateur de richesse, Créateur de sens crepi 3 I Bonne pratique, belle histoire Pour se rendre compte de nos comportements et de nos blocages, rien de plus efficace que le détour par le jeu et l’humour. La technique utilisée lors de l’atelier du 8 novembre 2012 est le théâtre forum, qui consiste à mettre en scène une problématique en insistant sur les difficultés rencontrées dans une situation réelle. La saynète jouée confrontait une jeune responsable en charge de la RSE et un manager opérationnel qu’elle devait convaincre d’appliquer la politique RSE de l’entreprise. La saynète a été jouée une première fois devant le public de l’atelier afin de le faire réagir sur les erreurs commises. La voici : Alexandra, responsable des ressources humaines, récemment recrutée, en charge de déployer la politique RSE de son entreprise. Franck, un manager de proximité, chef de chantier dans le BTP, 50 ans. Alexandra : Bonjour, je suis Alexandra. J’ai été recrutée pour prendre en charge et développer la politique RSE de la Société. J’ai ... Franck : La politique RSE ? C’est quoi ça ??? Alexandra : Eh bien, il s’agit de développer, à tous les niveaux de l’entreprise, des comportements éthiques et responsables, tout en créant de la valeur sur le long terme. L’implication RSE des entreprises est, à terme, un facteur-clé de compétitivité et de croissance. Nous nous appuyons sur les recommandations du projet « BRC - Building Responsible Competitiveness », cofinancé par la Commission Européenne. Ce projet a pour objectif la promotion de la Responsabilité Sociale des Entreprises dans le secteur du Bâtiment et des Travaux Publics. Il rassemble de grandes entreprises et des PME, ainsi que des parties prenantes préalablement identifiées (des réseaux d’entreprises, des syndicats, des universités)... 4 I Et moi, et moi ? Franck : des syndicats, des universités ??? Mais où on est ici ?! Moi, c’est un chantier que je gère ! Qu’ils viennent un peu sur le terrain, tous ces intellos ! On va leur montrer ce que c’est qu’un chantier !!! Arrêtez avec vos grands discours ! Écoutez, je n’ai rien contre vous, je vois bien que vous y croyez, à tous vos trucs... Mais pour la santé et la sécurité, on ne vous a pas attendu pour mettre toutes les règles en place ! Y a des lois pour ça, non ? On respecte la loi, point ! Alexandra : L’idée c’est d’aller plus loin que les lois et d’anticiper ! C’est ça qui nous rendra compétitifs par rapport à nos concurrents ! La mise en place durable d’un environnement sain et sûr a un impact positif sur l’efficacité des salariés, sur leur bien-être, et donc sur leur productivité. Franck : Mais qu’est-ce qu’ils vont chercher !!! Depuis quand je dois m’occuper de leur bien-être ?!! Il va falloir que je leur fasse un petit massage, aussi ??? ... Et tout le reste, là, égalité des chances, écocompatibilité, c’est quoi encore toutes ces nouvelles inventions ??!! C’est vous qui nous avez pondu cette histoire de bâtiments verts ??? Déjà qu’on nous a collé du jour au lendemain toutes ces nouvelles normes sur la gestion des déchets et je ne sais quoi ! ... On n’y comprend rien ! Vous avez une idée du temps qu’on perd sur un chantier avec tout ça ??? Dans un deuxième temps, le public de l’atelier a été invité à rejouer la scène et venir remplacer la Responsable RSE mise en difficulté par son interlocuteur. Très vite, d’autres manières de gérer la situation ont été proposées. 24 | entrepreneur responsable Voici les conseils partagés lors de l’atelier pour faire adhérer les managers opérationnels à la démarche RSE de l’entreprise. 4 Ton, posture, langage : soigner la forme ! Il faut se mettre à l’écoute des besoins du terrain plutôt que de chercher à persuader et à imposer, utiliser un vocabulaire adapté, éviter les grands discours. Les conditions du dialogue sont aussi importantes : il faut prévoir un peu de temps, à un moment où on ne sera pas trop dérangé. 4 Une démarche participative : venir sur le terrain découvrir la réalité des opérationnels, identifier avec eux leurs difficultés, proposer de co-construire des solutions. 4 Une approche concrète et pragmatique : la RSE doit montrer les actions concrètes qui peuvent être menées pour résoudre des difficultés réelles sur le terrain. Elle doit donc être conçue sur mesure. Cela permettra d’actionner des leviers concrets de motivation et de performance. 4 Une dimension stratégique : la RSE ne doit pas être un champ à part, déconnecté du reste de l’activité de l’entreprise. Il faut pouvoir intégrer des objectifs RSE dans l’évaluation annuelle, par exemple. Si on évalue, il faut aussi se donner les moyens. Inscrire des formations RSE au plan de formation en est un ! Ces actions de formation porteront aussi bien sur l’acquisition de connaissances, le partage de process que sur les savoir-être (comment convaincre, transmettre, impliquer…). Pour déployer une démarche RSE, impliquer les équipes et les former, je peux bien sûr me faire aider. Par exemple, pour les TPE et les PME, le guide Entrepreneurs responsable, pourquoi pas moi ? est un excellent moyen pour concevoir une politique et mettre en place des actions de RSE (cf. atelier Entrepreneur responsable, aujourd’hui, je m’y mets page 34). J’en pense quoi ? raconte-moi ton métier 2 I Concrètement : les bénéfices mutuels des portes ouvertes Bénéfices pour les entreprises 4 Un gain de temps. Se rendre disponible pour présenter son 1 I Les idées « Qu’est-ce que tu voudras faire plus tard ? » : la question du projet professionnel et de l’orientation ne nous quitte jamais vraiment, même quand nous avons grandi. Elle se pose souvent avec davantage d’angoisse, en particulier en situation de chômage. Or, on le sait, un obstacle majeur à l’accès ou au retour à l’emploi est la méconnaissance des métiers. Les personnes en recherche d’emploi et celles qui les accompagnent peuvent manquer de repères, de codes et de « culture » d’entreprise. Comme le montrent les sessions d’Ambassadeurs des métiers ou les Rallyes pour l’emploi (initiatives CREPI), le plus efficace est d’accueillir les personnes en recherche d’emploi dans l’entreprise pour leur présenter concrètement la réalité des métiers. Ces initiatives ont deux grands mérites : elles apportent une connaissance de la réalité économique du bassin d’emploi, tout en redonnant confiance dans un monde économique finalement plus ouvert que ce que l’on pensait. C’est pourquoi cet atelier propose de regarder de plus près ce que nous avons à gagner à ouvrir les portes de nos entreprises. Comme il s’agit de raconter son métier, cette retranscription laisse une grande place aux verbatim ! 26 | entrepreneur responsable entreprise et raconter ses métiers est loin d’être une perte de temps. Au contraire, c’est du temps de gagné sur des recrutements futurs. En montrant concrètement les réalités des métiers et les conditions de travail, en insistant aussi sur les valeurs, les “règles du jeu” (ponctualité, rigueur…), on se donne une chance de repérer de futurs candidats chez qui on a suscité un déclic et qui feront preuve de compétences transférables. «Transmettre la passion de son métier» sion de parler de soi et de ce que l’on fait, un temps de rencontre et de dialogue qui fait du bien ! Par exemple, cela permet aux plus anciens de transmettre la passion du métier aux plus jeunes. Cette démarche caractérise aussi l’esprit des contrats de génération mis en place par le gouvernement de Jean-Marc Ayrault. Et accompagner des personnes dans la réussite de leur parcours, ce n’est pas anodin. C’est aussi l’exercice d’une responsabilité citoyenne. L’enthousiasme pour les initiatives de portes ouvertes est largement partagé. Luc Darmais, directeur territorial Loire du Pôle emploi, n’est pas en reste : « Ces actions sont exemplaires et se font dans un partenariat “gagnant-gagnant” avec Pôle emploi. Elles agissent au niveau des demandeurs d’emploi, des entreprises et de Pôle emploi. Cela permet de modifier la représentation que peuvent avoir les entreprises des personnes éloignées de l’emploi. Pour ces personnes justement, cela remet du lien social, redynamise, remet le pied à l’étrier. Et pour les équipes de Pôle emploi, participer à ces actions donne du sens à la mission d’accompagnement. Ça relooke complètement l’image de Pôle emploi, par rapport aux demandeurs, par rapport aux entreprises aussi. » Bénéfices pour les personnes 4 Un moment de valorisation : • Valorisation des métiers peu ou mal connus • Valorisation des salariés qui participent et viennent raconter leur quotidien • Valorisation d’une entreprise, de sa culture, de sa dynamique 4 Une bouffée d’air et un moment solidaire. Les visites d’entre- prises ne sont pas aussi formelles qu’un forum de recrutement ou un entretien d’embauche. C’est un moment différent, une occa- 4 Une reprise de confiance. C’est le premier effet à souligner, car il rend possible tous les autres. Approcher un chef d’entreprise, le voir nous consacrer du temps, être accueilli sur un site, poser des questions, serrer des mains, c’est un pas immense pour ceux qui sont éloignés de l’emploi. L’entreprise est humanisée, elle fait moins peur désormais, on ne se repliera plus derrière le « à quoi bon, ils n’embauchent pas ! ». 27 | Créateur de richesse, Créateur de sens crepi 4 Une aide au choix et à l’orientation. La visite d’entreprise ou la rencontre sur site apportent de réelles plus-values. C’est une réponse particulièrement opportune au déficit de connaissance des métiers chez tous les publics. Même si le projet professionnel n’est pas encore complètement défini, on y voit plus clair sur les codes et exigences de l’entreprise, les rythmes, les organisations... C’est un repère, une étape forte dans un parcours vers l’emploi. C’est ce que souligne Maud Mazetier, responsable du CREPI Lorraine : « Les publics ont parfois (voire souvent) une fausse image de certains métiers, tout comme certains métiers ont une mauvaise image. Aussi, ces actions, quelles qu’en soient les formes permettent de faire connaître et de réajuster la réalité des professions. » 4 Les premières pierres d’un réseau. Se dire que l’on connaît des entrepreneurs de son bassin d’emploi donne un sentiment de fierté. On sait qu’ils ne sont pas inaccessibles et que l’on pourra au besoin les recontacter. Voici un témoignage qui confirme : « Lorsque l’on emmène des jeunes sur ces visites, c’est aussi pour construire leur réseau. Un contrat de travail, c’est à un moment précis quand une entreprise a un besoin précis. L’objectif c’est avant tout de faire un pas dans le monde économique, de montrer que l’entreprise n’est pas une entité hermétique. Serrer la main du patron, s’apercevoir qu’il est comme eux. On voit beaucoup de personnes qui ne savent pas où aller. Le monde économique bouge très vite et aujourd’hui le plus difficile c’est de se projeter dans l’avenir. » (Jean-Luc Ganier, Chargé des relations entreprises de la Mission Locale du Lunévillois) 3 I Bonnes pratiques, belles histoires Voici deux initiatives des CREPI qui contribuent à rapprocher des candidats à l’emploi et des chefs d’entreprise. Les Rallyes pour l’emploi « Le Rallye pour l’emploi, ce sont trois jours de visites d’entreprises pour un groupe de trente demandeurs d’emploi de tout âge, tout niveau de qualification ou d’expérience. Ce sont trois jours dynamisants pour ces personnes qui en dressent un bilan très positif, souvent surpris par l’accueil des chefs d’entreprises. “Quelque chose se crée”. Tous les échanges qui se créent à divers moments de la journée, lors des déjeuners, des animations… permettent un rapprochement avec les chefs d’entreprises. Trois mois plus tard, on constate un retour à l’emploi de 40 à 45% des personnes. Les emplois n’ont pas forcément un lien direct avec les entreprises visitées. Les Rallyes pour l’emploi ont un véritable effet dans la redynamisation des personnes et pour casser les barrières avec les chefs d’entreprises. » Claire Cormier, chargée de mission au CREPI Touraine Ambassadeurs des métiers « Ambassadeurs des métiers est une rencontre entre une entreprise et des personnes qui réfléchissent à leur orientation professionnelle ou veulent mieux connaître la réalité d’un métier. Cette action se situe en amont de l’emploi pour aider à bien définir son projet professionnel. C’est une rencontre et un échange direct avec l’entrepreneur dans son environnement de travail. Les personnes peuvent le questionner sur son parcours, ses motivations, ses missions… Voir un métier en conditions réelles apporte davantage de réponses et n’est pas si courant. La parole du professionnel est empreinte de crédibilité, d’où la notion d’ambassadeur. » Emmanuel Mascé, chargé de mission au CREPI Ile-de-France 28 | entrepreneur responsable La preuve par l’exemple : « Nous avons eu l’occasion de faire découvrir le métier de coffreur bancheur qui est délicat à présenter hors de son contexte. Le contact avec les professionnels et la visualisation sur le terrain, a permis de découvrir la réalité de ce métier de façon très concrète. En présence du directeur de travaux et du chef de chantier, nous avons répondu aux questions des différentes personnes participant à la rencontre. En fonction de la démarche de chacun, cette action est un passeport pour le métier, sur les centres de formation, l’emploi… » (Frédéric Adam, adhérent du CREPI Ilede-France) 4 I Et moi, et moi ? Cet atelier est bien sûr une invitation à ouvrir les portes de son entreprise, en participant par exemple à un Rallye pour l’emploi et/ou à une session Ambassadeurs des Métiers. Le CREPI assure toute l’ingénierie : sollicitation des entreprises du bassin d’emploi, mobilisation des candidats, planning… Il n’y a pas de “sélection” des entreprises participantes. Peu importe le secteur d’activité ou la taille, l’important – là aussi – est la motivation et l’envie ! Il faut juste indiquer ses disponibilités au CREPI (de deux heures à une demi-journée). Très souvent, c’est le chef d’entreprise qui accueille ; il est souvent rejoint par des collaborateurs qui complètent son message. J’en pense quoi ? le recrutement responsable 1 I Les idées Recrutement responsable ! À peine le mot écrit, on entend déjà les premiers soupirs : encore une usine à gaz, une invention aussi compliquée que bien-pensante des spécialistes en ressources humaines ! Rien de tout cela. Le recrutement responsable est une bonne idée, qu’on ait un poste à pourvoir ou des dizaines. Un recrutement responsable est un recrutement plus juste. Plus juste, ajusté, répondant bien sûr aux besoins des opérationnels. Plus juste aussi, parce qu’il laisse sa chance au plus grand nombre. Ne nous méprenons pas. Réaliser un recrutement responsable ne veut pas dire embaucher prioritairement les personnes les plus “paumées”, les plus démunies, cumulant toutes les inaptitudes ; cela veut dire faire évoluer notre modèle habituel de sélection. Trop souvent pour un recrutement, nous avons besoin d’aller vite et notre jugement se base exclusivement sur ce qui est facile à apprécier : la formation initiale et l’expérience professionnelle. Or sélectionner les CV sur les seules références techniques, c’est privilégier des compétences métier pouvant, la plupart du temps, être acquises ultérieurement par la formation professionnelle, au détriment des capacités et de qualités humaines riches et beaucoup plus difficiles à développer lorsqu’elles n’existent pas d’emblée. On pense par exemple à la créativité, à la capacité d’intégration dans une équipe, à l’aisance relationnelle, à l’écoute, la curiosité, le courage, l’ouverture d’esprit, l’attention aux autres, etc. Toutes ces qualités, de l’ordre du savoir-être, sont des atouts précieux 30 | entrepreneur responsable pour une équipe. Elles n’apparaissent pas toujours sur un CV, en particulier quand il y a des interruptions, des vides, peu ou pas de qualifications. Comment fonctionne mon équipe ? Quels sont les points sur lesquels elle a besoin d’être renforcée ? Quels vont être les départs à plus moyen terme ? 4 Lire autrement le CV et ne pas sur-qualifier un poste à Jean Carré : « Loin de fragiliser l’entreprise, le recrutement responsable va lui garantir une diversité qui crée de la performance. Je suis convaincu que c’est la qualité des relations humaines qui fait la qualité de l’entreprise. » 2 I Concrètement : la bonne attitude et sa mise en œuvre Voici quelques conseils pour les dirigeants et recruteurs 4 Etre convaincu et prêt à convaincre. Il est plus facile de recru- pourvoir. On prétend que les recruteurs parcourent un CV en 6 secondes. Dans ce laps de temps, on n’a d’yeux que pour la formation et l’expérience professionnelle. Or le bas de CV compte, ce qui n’y figure pas et ce qui apparaîtra dans l’entretien aussi. On parle d’habiletés, par exemple – qui sont transférables d’une situation à une autre. La question n’est pas seulement : qu’est-ce que vous savez faire, mais de quoi êtes-vous capable et avezvous envie d’apprendre ? Autre éclairage, quelqu’un de discret au travail peut être très actif dans une association et donc quelqu’un qui sera un bon manager, même s’il n’en a pas encore l’expérience “professionnelle”. ter quelqu’un qui nous ressemble, qui a la même formation ou une expérience similaire. S’engager sur la voie du recrutement responsable, c’est sortir de ses habitudes et élargir son périmètre de recherche. C’est accepter des candidats et des parcours qui nous sont moins familiers. Cela se prépare, se travaille. Le mot « insertion » stigmatise et fait peur. Il faut l’expliquer en interne. Plus globalement, il faut que le dirigeant et ses équipes soient convaincus que des profils plus atypiques, des parcours moins rectilignes peut-être, sont une bonne chose. Que la différence, la complémentarité est une richesse. Il faut de l’engagement et de la pédagogie qui peuvent s’appuyer sur les expériences positives, les bonnes pratiques observées… 4 Aller au-delà de l’acte d’embauche, se préparer à accueillir 4 Sortir de l’urgence. On connaît la chanson : il faut trouver la 4 J’utilise la méthode de recrutement par simulation pour privi- perle rare, pour demain matin ou presque, immédiatement opérationnelle. Or céder à l’urgence, c’est prendre le risque de se tromper, de recruter quelqu’un qui correspond à court terme, mais qui évoluera moins bien. Sans aller au rythme de l’escargot, on peut prendre le temps de se poser les bonnes questions : la compétence que je recherche ne peut-elle pas être acquise “on the job” ? légier les capacités pour le poste plutôt que les critères habituels (expérience, diplôme…) • La méthode de recrutement par simulation permet de détecter les aptitudes des candidats à travers des exercices de mise en situation. Cela permet d’élargir le recrutement, de proposer des candidats qui “sur le papier” n’ont pas la bonne expérience et intégrer. Le recrutement responsable ne s’arrête pas à la signature du contrat de travail. Plus que pour d’autres candidats peut-être, il faut aussi accueillir pleinement. On peut désigner un tuteur, se faire aider d’accompagnants (Pôle emploi, un CREPI…). Après l’attitude, la mise en œuvre. Bonnes idées, je m’y mets : 4 J’élargis mes sources de recrutement avec des clubs d’entre- prises ou des SIAE par exemple. 31 | Créateur de richesse, Créateur de sens crepi ou la bonne formation, mais sont en fait capables d’effectuer le travail demandé. Cette méthode a beaucoup de succès et elle est notamment proposée pour le recrutement en nombre et de profils peu qualifiés. Il est adapté à tout type de postes, en lien avec les besoins des entreprises. Au sein du Pôle emploi, des équipes sont dédiées à ces recrutements et interviennent auprès des entreprises pour expliquer cette méthode et ses bénéfices (www.pole-emploi.fr) 4 Je profite de dispositifs du Pôle emploi pour préparer la prise de poste : • Action de formation préalable au recrutement (AFPR) • Préparation opérationnelle à l’emploi 4 Renforcer la confiance en soi ; 4 Aider à prendre conscience des qualités personnelles, de la moti- vation par exemple et de la capacité à apprendre ; 4 Accompagner les personnes en amont du recrutement et après si nécessaire (les CREPI et d’autres structures proposent cet accompagnement) ; 4 Apprendre aux jeunes (génération Y) à mettre en valeur leurs talents et en regard, à mieux connaître les codes de l’entreprise. C’est l’exemple de Talents Jeunes. «Chacun a du potentiel et des talents» 4 Je formalise une méthode interne d’accompagnement des personnes en insertion pour faciliter leur intégration. Toutes ces bonnes pratiques deviennent plus faciles quand elles s’appuient sur des partenariats de bonne qualité. C’est ce dont Luc Darmais, directeur territorial Loire du Pôle emploi, est convaincu : « Avec Pôle emploi 2015, l’une des priorités est d’accompagner au mieux les entreprises par rapport à leurs besoins de recrutement et à la définition des besoins. Pôle emploi est là en support pour dispenser des informations sur le marché du travail local, les dispositifs et outils existants qui contribuent eux aussi à la lutte contre les discriminations. Je pense notamment à la méthode de recrutement par simulation dont on parle de plus en plus et qui est assez plébiscitée, mais aussi à l’évaluation en milieu de travail. » Ces conseils, outils et invitations à la mise en œuvre concernaient les employeurs. Le travail à faire auprès des candidats en recherche d’emploi n’est pas moindre. Voici quelques idées : Tout le monde demande qu’on la refasse ! Pour les employeurs, c’est une autre approche du recrutement et pour les jeunes, c’est a minima une excellente formation. » Autre exemple cité par Luc Bouvet. « Il s’agit du recrutement d’un animateur sur la prévention, domaine où l’expérience est l’un des premiers critères de recrutement. Le candidat retenu pour le poste n’avait pas d’expérience de préventeur, mais il faisait preuve d’une motivation exceptionnelle. Par exemple, il a proposé d’aller travailler sur les chantiers deux jours par semaine, pour connaître les gens et le métier. Cette immersion a duré deux ans. Au final, ce préventeur a de meilleurs résultats que les autres, alors qu’il n’avait aucune expérience dans le domaine au départ. Il avait seulement les qualités humaines et le potentiel et c’était ce qu’il fallait. » 4 I Et moi, et moi ? 3 I Bonnes pratiques, belles histoires Talents Jeunes est une action du CREPI Méditerranée. Luc Bouvet, son Président, nous l’expose. « Pour cette action, nous nous sommes inspirés du speed dating. Le principe est celui d’une rencontre de “10 minutes pour convaincre” entre un jeune et un employeur. Les entreprises viennent avec des postes à pourvoir. Les jeunes apportent un book-CV qui présente leurs talents (artistique, sportif, culinaire…) ou tout autre qualité particulière qui ne soit pas seulement le diplôme. Chacun a du potentiel, du talent, qui n’apparaît pas toujours sur le CV. L’entretien face à face est une possibilité de convaincre à partir de ce talent. Cette opération rencontre beaucoup de succès auprès des entreprises et des jeunes. 32 | entrepreneur responsable « Oui » et « non ». Que l’on retienne ou que l’on écarte un candidat, il est important d’expliciter la décision. Savoir pourquoi on est retenu permet d’être en confiance et de savoir quelles qualités mobiliser. À l’inverse, rien de plus décourageant pour un candidat qu’une absence de réponse ou un « non » qui n’est pas argumenté. Il faut prendre le temps et avoir le courage d’opposer un non constructif. Devenir un recruteur responsable ne s’improvise pas. Il ne faut pas hésiter à identifier et solliciter les experts et accompagnants possibles. C’est un excellent moyen de devenir moins subjectif dans ses choix ! J’en pense quoi ? guide entrepreneur responsable aujourd’hui je m’y mets ! lier sur les volets diversité, recrutement, formation, etc. Ce guide se veut support de réflexion, à la fois outil pratique et individuel que le dirigeant s’approprie en partenariat avec un professionnel de l’emploi qui l’aide à mettre en place des actions d’amélioration. Bertrand Lelaure, vice-président du CREPI Touraine et directeur de Domitys Tours a aimé l’expérience : « Je pense qu’en étant membre du CREPI on a, sans le savoir parfois, un rôle sociétal. On fait déjà des actions dans ce sens. C’est bien de les mettre en mots et de réaliser à quel niveau on agit et identifier jusqu’où on peut aller. » 2 I Concrètement : contenu et mode d’emploi du guide 1 I Les idées On le sait et le dit souvent : alors que les TPE-PME représentent 60% des emplois salariés en France, elles manquent de moyens et de ressources humaines pour gérer une démarche visible de Développement durable ou de RSE dans leur entreprise. Mais cela ne les empêche pas de participer - ou de souhaiter le faire - à des actions de responsabilité sociale et sociétale. Pour être initiée ou prendre de l’ampleur, cette « disponibilité citoyenne » existante a besoin d’outils et d’accompagnements externes. C’est ce que proposent les CREPI (et d’autres structures), sous la forme de clubs d’entreprises et à travers ce guide : Entrepreneur responsable : pourquoi pas moi ? À l’origine de ce guide d’autodiagnostic, l’idée du Président de la Fédération nationale des CREPI, Jean Carré : sensibiliser les TPEPME de tous secteurs aux problématiques de l’insertion. Très concrètement, il s’agissait d’amener les dirigeants à réfléchir sur les actions qu’ils pourraient conduire en matière d’insertion, en particu34 | entrepreneur responsable Le guide se divise en 4 chapitres, eux-mêmes composés d’une série de questions à choix multiples puis d’une partie « bilan et autodiagnostic ». Le premier chapitre porte sur l’insertion et la diversité. Il s’agit d’évaluer le niveau d’intégration dans l’entreprise des personnes en situation de handicap, des jeunes, des femmes, des seniors... Le deuxième chapitre porte sur les types de recrutements et parcours de formations mis en œuvre dans l’entreprise. Le troisième chapitre fait le point sur les relations de l’entreprise avec ses parties prenantes, désignant ici les structures d’aide à l’insertion et à la formation professionnelle présentes sur le territoire. Le quatrième chapitre porte sur la politique d’achats responsables. À la fin du guide, une grille permet au dirigeant de s’autoévaluer sur chaque thématique (un score peut être calculé). En fonction du résultat, des pistes d’actions sont alors envisagées. Ainsi ce guide permet aux dirigeants de faire le point sur leurs pratiques sociales et sociétales, de les développer et d’en évaluer les retombées positives. Voici un aperçu des bonnes pratiques qui y sont encouragées. Insertion des travailleurs handicapés Bonnes idées, je m’y mets : 4 J’aménage les postes et équipe les travailleurs handicapés de protections individuelles (en bénéficiant d’un soutien financier de l’AGEFIPH1) 4 Je sous-traite des activités au secteur protégé ou adapté : les ESAT (établissements et services d’aide par le travail) ou les EA (entreprises adaptées) • Trouvez facilement un ESAT ou un EA en réalisant une recherche par secteur d’activité ou par territoire sur des sites dédiés (handeco.org, reseau-gesat.com, achats-pas-a-pas.fr) 4 Pour faire tomber les préjugés, je sensibilise tous mes salariés avec une pièce de théâtre ou une formation. Insertion des jeunes Bonnes idées, je m’y mets : 4 Je mise sur l’avenir en m’appuyant sur les formations en alternance (contrat d’apprentissage, contrat de professionnalisation) qui favorisent l’intégration et la mise en confiance ; 4J’utilise un contrat d’avenir ou de génération : • Pour les emplois d’avenir, les employeurs privés peuvent y avoir recours dès lors qu’ils proposent une perspective de qualification et d’insertion professionnelle durable et qu’ils appartiennent à un secteur d’activité présentant un fort potentiel de création d’emplois ou offrant des perspectives de développement d’activités nouvelles. Ces secteurs sont fixés par arrêté du préfet de région (http://travail-emploi.gouv.fr) 4 Pour veiller à la transmission des savoir-faire, je forme des tuteurs pour encadrer les jeunes arrivants dans l’entreprise 4Je prends les jeunes en compte dans ma GPEC2 4 Je noue des partenariats avec des écoles ou des centres de formation de la région 4 Pour faire face aux difficultés administratives (convention de stage, etc), je m’appuie sur un club d’entreprises 4 J’ouvre mes portes lors de visites d’entreprise. Cela valorise mes salariés et peut permettre la rencontre de futurs collaborateurs 35 | Créateur de richesse, Créateur de sens crepi Partenariat avec des Structures d’insertion par l’activité économique Bonnes idées, je m’y mets : 4 Je sous-traite des activités à des structures d’insertion par l’activité économique (SIAE) • Retrouvez facilement l’ensemble des SIAE par secteur d’activité et par territoire sur le site socialement-responsable.org 4 Je profite des clauses d’insertion dans les marchés publics ou privés pour recruter de nouveaux collaborateurs. Les méthodes liées à la politique d’insertion Bonnes idées, je m’y mets : 4 J’utilise la méthode de recrutement par simulation pour privilégier les capacités pour le poste plutôt que les critères habituels (expérience, diplôme…) 4 Je profite des dispositifs du Pôle emploi pour préparer la prise de poste (Préparation opérationnelle à l’emploi…) 4 Je formalise une méthode interne d’accompagnement des personnes en insertion pour faciliter leur intégration 4 J’élargis mes sources de recrutement avec des clubs d’entreprises ou des SIAE Voici l’histoire. Le CREPI a réalisé le diagnostic avec le dirigeant de l’entreprise. Suite à l’évaluation, il est ressorti un besoin de recrutement dans un chantier avec une volonté de former la personne recrutée. Le responsable du CREPI a organisé la présélection de candidats en lien avec ses partenaires de l’emploi (Pôle emploi Loire, Mission locale…). Le jeune retenu a été recruté par l’entreprise dans le cadre d’un dispositif de la Région Rhône-Alpes, le stage d’expérience professionnelle. Le dirigeant a également souhaité que ses employés se forment à l’accueil des stagiaires (formation de tuteurs et Maîtres d’Apprentissage Confirmés). Le CREPI Loire et HauteLoire a donc sollicité des structures de la formation professionnelle pour lui proposer différentes formules. Il ne restait au dirigeant qu’à inscrire ses employés selon la date et la formule retenues. 4 I Et moi, et moi ? Je contacte les CREPI de ma région pour renseigner ensemble le guide Entrepreneur responsable, pourquoi pas moi ? 3 I Bonne pratique, belle histoire Lors d’un entretien d’environ une heure, vous réaliserez un diagnostic de vos pratiques sociales et sociétales. Vous déciderez des axes de progrès et d’actions avec l’aide du CREPI. Un dirigeant de PME stéphanoise de plomberie-chauffage témoigne : « L’utilisation de ce guide a été une expérience très enrichissante. L’évaluation m’a permis de valoriser mes démarches sociales existantes et de pointer les éléments à améliorer. Suite à cet accompagnement, j’ai décidé de recruter un jeune.» Association de gestion du fonds pour l’insertion des personnes handicapées 2. Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences 1. 36 | entrepreneur responsable J’en pense quoi ? témoignage Albane, étudiante en Master 2 économie Solidaire et logique de marché de l’institut Catholique de Paris Les étudiants du Master 2 Économie solidaire et logiques de marché de l’Institut Catholique de Paris étaient invités à participer à la journée. Le Master qu’ils suivent, dirigé par Elena Lasida, est à la croisée des chemins entre les deux économies, celle dite “classique” et l’autre dite “sociale et solidaire”. Ils étaient tous présents aux ateliers et nous ont aidés à les synthétiser. Leur avis nous intéresse ! Albane était présente. Elle est issue d’une formation littéraire et de sciences politiques. Lors de ses cours de Master, elle a pu aborder les grands enjeux de l’économie sociale et solidaire et la relier à la sphère dite classique. Elle revient sur le colloque. «Cette journée m’a permis de prendre conscience du rôle des entreprises “classiques” et ses interactions avec l’économie sociale et solidaire. J’ai découvert l’engagement des entreprises classiques dans des sujets qui je pensais plutôt réservés à l’ESS. Cela m’a permis de prendre des contacts en vue d’un stage. En réfléchissant à mon projet professionnel, je me suis dit que j’avais envie de voir comment cela fonctionnait dans une grande entreprise. Je suis convaincue que l’entreprise classique peut mettre ses compétences au service du social et contribuer à l’amélioration de la société. Aujourd’hui, j’effectue mon stage de fin d’études chez Eiffage Travaux Publics où je travaille sur les questions de l’insertion. » Le réseau du crepi Depuis 1993, les CREPI – Clubs Régionaux d’Entreprises Partenaires de l’Insertion – associations à but non lucratif, ont pour objet de permettre le retour à l’emploi de personnes qui en sont éloignées. Pour ce faire, les 14 CREPI présents sur le territoire français mettent en relation des personnes en recherche active d’emploi de tout niveau de qualification, avec des entreprises par le biais d’actions variées. Un 15e CREPI sera inauguré à Clermont-Ferrand en 2013. Ce sont au total plus de 1 200 entreprises, du CAC 40 à la TPE, de tous secteurs d’activités qui se mobilisent chaque année par l’intermédiaire des CREPI. Depuis près de 20 ans, 22 000 personnes en recherche d’emploi ont bénéficié d’une action spécifique et/ou retrouvé un emploi (dont 10 000 contrats). Un réseau de 14 clubs engagés pour l’emploi. Le maillage territorial des CREPI leur permet d’être un observatoire privilégié de l’emploi et de concevoir des actions spécifiques, collectives et individuelles, pour répondre aux difficultés rencontrées par les personnes en recherche d’emploi. Au quotidien, 47 salariés font vivre le réseau des CREPI dans les différents territoires. Les CREPI sont regroupés au sein de la Fédération nationale des CREPI, qui coordonne les actions des 14 clubs. CREPI Normandie Rouen CREPI Ile-de-France Paris CREPI Nord-Pas-de-Calais Lille CREPI Lorraine Nancy CREPI Loiret Orléans CREPI Lyon-Rhône Lyon CREPI Touraine Tours CREPI Loire et Haute-Loire Saint-Étienne CREPI Auvergne Clermont-Ferrand CREPI Gironde Bordeaux CREPI Côte d’Azur Nice CREPI Pyrénées-Pau Pau CREPI Pyrénées-Tarbes Tarbes 38 | entrepreneur responsable En savoir plus : www.crepi.org CREPI Méditerranée Marseille CREPI Haute-Garonne Toulouse Implantation prévue les actions du crepi C’est au travers d’actions concrètes que les CREPI œuvrent au rôle de « passerelle » entre le monde de l’entreprise, les partenaires de l’emploi et les personnes en recherche d’emploi. Au quotidien, les CREPI mettent en relation des demandeurs d’emploi avec des entreprises par le biais d’actions collectives ou par un accompagnement individuel qui facilite l’accès à la formation et/ou à l’emploi. Cet accompagnement individuel peut prendre des formes variées telles que : 4une aide à la définition de son orientation professionnelle 4des mises en relation et rencontres avec le monde de l’entreprise 4un accompagnement et suivi personnalisé dans l’emploi L’Odyssée des CREPI vers l’emploi est l’événement annuel du réseau des CREPI qui rassemble sur une même journée 1 500 personnes sur 14 sites de manifestations et favorise la rencontre entre représentants d’entreprises et personnes en recherche d’emploi. Cette manifestation se traduit par le retour à l’emploi d’environ 30% des participants. Le Rallye pour l’emploi est une action de redynamisation professionnelle dont l’objectif est de faire découvrir à un groupe de 30 demandeurs d’emploi, quel que soit leur parcours professionnel, des métiers et/ou emplois représentatifs de l’économie locale, déjà disponibles ou susceptibles d’être ouverts à court terme. Pendant deux jours, des groupes de demandeurs d’emploi encadrés par un accompagnateur (salarié ou retraité) visitent des entreprises de leur région. Une troisième journée est consacrée à l’échange d’expérience entre participants. Cette action permet le retour à l’emploi dans les 3 mois d’au moins 40% des participants. Le dispositif Ambassadeurs des Métiers est destiné à des personnes souhaitant affiner leur projet professionnel. Plusieurs fois par mois, des visites en entreprises sont organisées par les CREPI pour faire découvrir un métier en particulier ou un secteur d’activité. Durant une heure et demie, un groupe de demandeurs d’emploi rencontre un professionnel qui leur présente son parcours, son métier ainsi que les formations existantes. Le parrainage est un accompagnement personnalisé délivré par des professionnels en activité à des personnes éloignées de l’emploi. Cet accompagnement facilite l’accès et/ou le maintien dans l’emploi. Une fois par mois, parrain et filleul se rencontrent pour apprécier l’avancée des recherches du filleul, fixer des objectifs, donner des conseils à la rédaction de CV, simuler des entretiens… Ces rencontres régulières préparent le filleul aux conditions réelles d’embauche, lui permettent de reprendre confiance en lui, de structurer ses recherches d’emploi et de bénéficier d’un réseau relationnel et de conseils sur le secteur économique. Atouts BTP est une action en direction de jeunes en recherche d’emploi de Marseille, Bordeaux, SaintÉtienne et Tours. De septembre à décembre 2011, 60 jeunes ont bénéficié de 310 heures de formation professionnalisante en éco-construction. Quatre semaines durant, ils ont été accueillis dans des 40 | entrepreneur responsable entreprises du BTP pour y effectuer un stage encadré par un tuteur expérimenté. La dernière semaine de stage s’est effectuée dans une entreprise de l’une des autres villes du projet afin d’encourager la mobilité géographique des jeunes. À l’issue, ces stagiaires ont eu de réelles opportunités d’emploi au sein des entreprises engagées dans cette action. Insertion et sport : les CREPI organisent des manifestations alliant des compétitions sportives (basket, handball, course d’orientation…) et rencontres avec des représentants d’entreprises. Ces actions sont suivies d’entretiens avec des professionnels et/ou de visites d’entreprises et permettent de redynamiser des personnes exclues de l’emploi en leur transmettant les valeurs solidaires véhiculées par le sport. La démarche des Voies de l’emploi procède d’un accompagnement individuel et collectif vers et dans l’emploi. Elle respecte le parcours propre aux besoins des personnes en recherche d’emploi. Elle s’inscrit en étroite coordination avec les acteurs économiques et les structures d’insertion. Bâtisseurs d’avenir est un accompagnement personnalisé vers l’emploi en direction de demandeurs d’emploi issus du BTP. Il a pour objectif de redynamiser ces personnes et de les rendre actrices de leur propre devenir professionnel. Pour ce faire, il s’appuie sur une méthodologie d’accompagnement et des techniques innovantes en lien direct et constant avec les entreprises. Le guide de l’entrepreneur responsable La Fédération nationale des CREPI a conçu le guide Entrepreneur responsable, pourquoi pas moi ? Cet outil vient en aide aux TPE/PME qui s’interrogent sur les actions qu’elles pourraient conduire en matière d’insertion. Questionnés sur leurs pratiques en matière de diversité, de recrutement, de formation, etc., les chefs d’entreprises établissent un autodiagnostic et, en lien avec un professionnel de l’emploi, réfléchissent et mettent en place des actions pouvant améliorer leurs pratiques sociétales. Contactez le CREPI de votre région CREPI CÔTE D’AZUR : Christine DAGONET 06 95 69 13 50 - [email protected] CREPI GIRONDE : Maria GONCALVES 05 56 17 40 20 - [email protected] CREPI HAUTE-GARONNE : Jean ARROUCAU 05 61 40 45 44 - [email protected] CREPI îLE-DE-FRANCE: Patricia THORAL 01 48 03 92 05 - [email protected] CREPI LOIRE & HAUTE-LOIRE : Laurent VINOT 09 71 21 55 15 - [email protected] CREPI LOIRET : Michel COIGNOUX 09 61 60 72 55 - [email protected] CREPI LORRAINE : Maud MAZETIER 03 83 53 52 41 - [email protected] CREPI LYON-RHONE : Claude DI TULLIO 04 78 26 19 27 - [email protected] CREPI MéDITERRANéE: Samira AGEM 04 91 16 69 81 - [email protected] CREPI NORD-PAS-DE-CALAIS : Nathalie SKORLINSKI 06 12 97 50 73 - [email protected] CREPI NORMANDIE : Marie LECAT-VALLET 02 35 69 67 39 - [email protected] CREPI PYRéNéES - Antenne de Tarbes : Coralie AVSEC 05 62 44 44 51 - [email protected] CREPI PYRéNéES - Antenne de Pau Céline MAURON 05 59 81 25 32 - [email protected] CREPI TOURAINE : Annick JULIA 02 47 74 57 30 - [email protected] Fédération nationale des CREPI Florence EMANUELLI 01 48 03 92 07 - [email protected] Remerciements Les partenaires du colloque Nous remercions tout particulièrement les intervenants de la journée du 8 novembre 2012 : Pierre BERGER, Président-Directeur Général du groupe Eiffage ; Jean CARRÉ, Président de la Fédération nationale des CREPI, Président de la Fondation d’entreprise Eiffage ; Luc DARMAIS, Directeur territorial Loire du Pôle emploi ; Jean-Baptiste de FOUCAULD, Ancien commissaire général au Plan, Président fondateur de l’association Solidarités Nouvelles face au Chômage (SNC), porte-parole du Pacte Civique, auteur de L’Abondance frugale, pour une nouvelle solidarité (2010) ; Elena LASIDA, Maître de conférences à la Faculté de Sciences Sociales et économiques de l’Institut Catholique de Paris ; auteur de Le goût de l’autre. La crise, une chance pour réinventer le lien (2011) ; Caroline PORTES, Directrice du réseau Tissons la solidarité ; Pierre SALLENAVE, Directeur Général de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU). Ils étaient présents : A2C, ACPM, ACTA QUALITE, ADECCO, ADP, AFIJ, AFPA DIRECTION RÉGIONALE AQUITAINE, AGENCE NATIONALE POUR LA COHÉSION SOCIALE ET L’ÉGALITÉ DES CHANCES, AGENCE NOUVELLE DES SOLIDARITÉS ACTIVES, ALIE, ALLIANCE LED, ANF IMMOBILIER, APRR, ARCADE, ARMANDO ALVES, ASSOCIATION C.A.S.A., ATS, AUBERT & DUVAL, BATI FORM AQUITAINE, BC CONSEILS, BE-LINKED, BIRILO FRANCE, CABINET JEBBER, CAISSE DES DÉPÔTS ET CONSIGNATIONS, CRÉDIT AGRICOLE LOIRE ET HAUTE-LOIRE, CAMAS FORMATION, CAP GRH, CAPEB, CCAS VILLE DE CANTELEU, CER FORGET, CERGNUL CONSTRUCTION, CHANTIER ÉCOLE, CONSEIL GÉNÉRAL DE SEINE-SAINT-DENIS, CONSEIL RÉGIONAL PROVENCE-ALPES-CÔTE D’AZUR, COVEILLAS, DGCS, DIRECCTE ÎLE-DE-FRANCE, ÉCHANGEUR NANTES GROUPE COLAS, ÉCOLE DE LA DEUXIÈME CHANCE MARSEILLE, EIFFAGE, EIFFAGE CONSTRUCTION, EIFFAGE CONSTRUCTION MÉTALIQUE, EIFFAGE ÉNERGIE, EIFFAGE TRAVAUX MARTITIMES ET FLUVIAUX, EIFFAGE TRAVAUX PUBLICS, EN AMONT, FINANCIÈRE DE GESTION, FONDATION BTP RHÔNE-ALPES, FONDATION CARITAS FRANCE, FONDATION DE FRANCE, FONDATION DU CRÉDIT MUTUEL, FONDATION EIFFAGE, FONDATION SOCIÉTÉ GÉNÉRALE, FOREZ ENTREPRENDRE, FORÉZIENNE D’ENTREPRISES, FORMATION COMPAGNONNIQUE DES MÉTIERS DU BÂTIMENT, GÉNÉRATIONS SOLIDARITÉS, GRAND SAUVOY, GRETA NORD ISÈRE, GROUPE MOBILE, GROUPE PARTNAIRE, GROUPE SCLAVO, GUYSANIT, HÔTEL CLARION, IAE GUSTAVE EIFFEL, IDECA, ID’EES INTÉRIM, INSTITUT DE TOURAINE, INTERVAL INTERIM, INTERVALLE INTERIM DE SOLAIZE, JPF CONSEIL, LA TRIBUNE, LANDCORNER, LE CHÊNELET, LE NON MARCHAND, LE RAMEAU, LES DÉLICES DE CAUSSOLS, LOGIDEV, MAISON DE L’EMPLOI ET DE LA FORMATION LOIRE SUD, MIFE LOIRE SUD, MISSION INTERMINISTÉRIELLE DE LUTTE CONTRE LA DROGUE ET LA TOXICOMANIE, MISSION LOCALE DU LUNEVILLOIS, MISSION LOCALE DU PAYS DE GRASSE, MTEF DU VAL DE LORRAINE, NAOS INTELLIGENCE, NEOPOL, NETINDUS, PAPREC, PLIE PANTIN, PÔLE EMPLOI, PRADEAU&MORIN, PROGRESSION PAPILLON, RANDSTAD, REFLET, RÉGION LORRAINE, RIVIÈRE COMPAGNIE, SCOP LIESSE, SECOURS EMPLOI, SECP, SECRÉTARIAT GÉNÉRAL POUR LA MODERNISATION DE L’ACTION PUBLIQUE (SGMAP), SOFOVAR PRAXY, SYNERVIA, TBK CONSEIL, TES, TP MARMIN, TREMPLIN 42, UNIVERSITÉ JEAN MONNET, UNIVERSITÉ PARIS EST CRÉTEIL, UNTITLED PROD, UREI PACA Merci à tous ceux qui se sont investis, avec beaucoup d’enthousiasme, pour permettre la réussite de ce colloque ! Merci à nos équipes CREPI, à Florence Prieur, animatrice de la journée, et à Denis Pessin pour ses illustrations. Centre Ressources Illettrisme Analphabétisme d’Indre-et-Loire (CRIA 37) Le CRIA 37 informe et sensibilise sur la question de l’illettrisme et des savoirs de base. L’association accompagne l’orientation de toute personne ne maîtrisant pas les compétences de bases nécessaires à une insertion socioprofessionnelle durable par le biais de formations. Le CRIA conseille également les structures en lien avec le public concerné et organise, forme et sensibilise les acteurs, les formateurs et les médiateurs, pour changer la façon de percevoir la problématique des savoirs de base. www.cria37.com Chênelet Installé à Landrethun près de Boulogne-sur-Mer (62), le groupe Chênelet cherche à répondre aux besoins essentiels des personnes en difficulté : (re) trouver un emploi, se loger, se nourrir. Depuis le début des années 2000, il a développé une activité innovante de construction d’habitats sociaux écologiques, mettant en œuvre son savoir-faire dans plusieurs régions en France. www.chenelet.org Eiffage 4ème leader européen du BTP et des concessions, Eiffage exerce ses activités à travers cinq métiers : concessions et partenariats public privé (PPP), construction, travaux publics, énergie et métal. Eiffage s’appuie sur l’expérience de quelques 70 000 collaborateurs et enregistre un chiffre d’affaires de plus de 13,3 milliards d’euros, dont 15% à l’étranger, dans une quinzaine de pays principalement situés en Europe et avec une présence historique au Sénégal. www.eiffage.com Master Économie solidaire et logiques de marché de l’Institut Catholique de Paris Ce Master vise à former des professionnels et des chercheurs dans le domaine de l’économie sociale et solidaire, considérée comme une dimension essentielle du développement durable. Il donne des compétences pratiques et théoriques pour travailler dans différents secteurs : la microfinance, le commerce équitable, les entreprises d’insertion, les services de proximité, le tourisme solidaire, l’agriculture durable… ainsi qu’au niveau des fondations et de la responsabilité sociétale des entreprises, du développement local, et de la solidarité internationale. www.icp.fr Mouvement des entreprises de France (MEDEF) - Commission Insertion Le MEDEF est la première organisation d’entreprises françaises, qui regroupe plus de 750 000 entreprises adhérentes, dont plus de 90% de PME. L’organisation patronale fédère ses adhérents et joue le rôle d’intermédiaire dans le dialogue social avec les pouvoirs publics. Elle assure la représentativité à l’échelon national de l’ensemble des secteurs d’activité qu’elle regroupe. Le MEDEF est composé de Fédérations d’entreprises organisées en groupes départementaux et régionaux. www.medef.com Illustrations : Pessin Conception et rédaction : Fédération nationale des CREPI et Florence Prieur Conception graphique : Yvonne Deprez © Fédération nationale des CREPI Avril 2013 Imprimé en France par CFAG entrepreneur responsable Le Pacte Civique Persuadés que le changement de la société ne peut naître que d’un nouvel élan venu de chacun d’entre nous et décidés à s’engager et à coopérer, un collectif d’organisations et de militants de la société civile ont élaboré un Pacte civique, et vous proposent de les rejoindre pour réinventer ensemble notre démocratie et construire un futur désirable pour tous. www.pacte-civique.org Pôle emploi Pôle emploi, institution nationale, est l’opérateur unique chargé d’assurer les missions de service public de l’emploi. Son objectif central est de favoriser l’accès ou le retour à l’emploi des demandeurs d’emploi. Pour atteindre cet objectif, Pôle emploi développe des coopérations accrues avec les entreprises visant à favoriser le retour à l’emploi des demandeurs d’emploi et à accroître la fluidité et la transparence du marché du travail tout en répondant aux besoins de recrutement. www.pole-emploi.fr Sagis Conseil Sagis Conseil intervient auprès des entreprises et organismes publics pour développer la performance des Managers et de leurs équipes en optimisant la qualité de leur collaboration : développement du leadership et des compétences managériales, développement personnel, accompagnement des changements, motivation et cohésion d’équipes, optimisation de la communication… La société accompagne également les salariés et demandeurs d’emplois en repositionnement professionnel (bilans de compétences, conseils carrières, coaching). www.sagis.fr Solidarités Nouvelles face au Chômage (SNC) Solidarités Nouvelles face au Chômage est une association créée en 1985 à l’initiative notamment de Jean-Baptiste de Foucauld pour aider concrètement les demandeurs d’emploi. Ses 1 300 membres bénévoles répartis dans 110 groupes locaux de solidarité accompagnent plus de 2 200 demandeurs d’emploi. 60% des personnes accompagnées trouvent une solution positive à la fin de l’accompagnement. www.snc.asso.fr Tissons la solidarité Le réseau Tissons la solidarité fédère et anime 70 structures d’insertion (Chantiers ou Entreprises d’insertion) qui ont fait de la lutte contre l’exclusion des femmes leur objectif principal, en leur offrant un travail. Les chantiers d’insertion commercialisent les vêtements recyclés au sein de boutiques intégrées destinées à tous les publics. www.tissonslasolidarite.org Créateur de richesse, Créateur de sens On ne sera jamais trop nombreux pour bâtir un futur ouvert à tous, pour concilier solidarité et rentabilité, pour faire reculer durablement le chômage, pour s’engager dans une, deux, plusieurs actions, petites ou grandes, qui permettent d’aider ceux qui en ont besoin à regagner confiance et retrouver leur dignité. Puisse ce livre vous donner envie d’aller plus loin et convaincre d’autres entrepreneurs de nous rejoindre. les actes du C ollo q ue du 8 novem b re 2 0 1 2 , par la F é d é ration nationale des C lu b s R é gionaux d ’ E ntreprises Partenaires de l’ I nsertion 44 | entrepreneur responsable Infographie : Yvonne Deprez © CREPI 2013 / Impression CFAG www.crepi.org