AVANT-PROPOS
LES ACTES DU COLLOQUE
Pierre Sallenave était également présent à la table ronde
de clôture du colloque. Il dirige l’ANRU depuis 2008.
« Permettez-moi de commencer par une anecdote. En 2008,
alors que je venais de prendre mes fonctions à l’ANRU, je me
suis rendu dans le quartier de la Commanderie dans l’Oise
avec le préfet. À cette époque, un comité d’accueil musclé nous
attendait. Un an et demi après, j’y suis retourné et le comité
d’accueil, c’était des jeunes en bleu de travail, fiers du chantier
sur lequel ils travaillaient ! Cet exemple n’est pas le seul. Il se
passe des choses en matière d’insertion aujourd’hui dans les
quartiers !
Les clauses d’insertion que nous avons imposées sont en train
de devenir une constante du paysage. Depuis la création du
Programme de Rénovation Urbaine, il y a eu plus de 45 000
bénéficiaires des clauses d’insertion sur les chantiers de réno-
vation. Les acteurs sur le terrain, privés comme publics, se sont
organisés pour former et accompagner les jeunes. Cela a bien
fonctionné et l’obligation faite par l’ANRU en matière de clauses
d’insertion est en train d’être dépassée. Les maîtres d’ouvrage
privés commencent eux-mêmes à appliquer des clauses d’in-
sertion.
Nous avançons également avec deux idées fortes.
La première, c’est une ambition économique. Il faut recréer
de la richesse économique dans les quartiers. Il faut redonner
une valeur foncière à ces quartiers qui sont sortis des marchés
immobiliers.
Le deuxième principe, ce sont les valeurs républicaines. On est
en présence de populations qui sont les laissés-pour-compte
de notre pays alors qu’elles concentrent une grande part de
notre jeunesse. C’est aussi une question de confiance. Il faut
donner confiance à des investisseurs pour revenir dans nos
quartiers, mais aussi redonner confiance aux habitants. L’in-
vestisseur, ça peut être “monsieur tout le monde” qui va venir
habiter dans le quartier, mettre ses enfants dans l’école. C’est
peut-être l’investissement le plus dur qui soit.
Pour que cela continue et fonctionne encore mieux, nous de-
vons appuyer l’ingénierie locale en y introduisant la culture de
l’entreprise et des mécanismes de marché. Nous devons trou-
ver des solutions qui permettent de faciliter les démarches des
entreprises qui s’engagent dans l’insertion. Nous devons nous
montrer pragmatiques et souples pour aller dans le sens des
bonnes idées. Nous ne devons pas nous abriter derrière une
règle immuable lorsque notre mission est de venir en aide aux
gens dans la détresse.
Ces objectifs sont à notre portée. Il faut faire naître des opportu-
nités et faciliter les prises d’initiatives. C’est l’une des missions
de l’ANRU et de l’Acsé 1 ».
1. L’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances
TÉMOIGNAGE
PIERRE SALLENAVE, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE L’AGENCE
NATIONALE POUR LA RÉNOVATION URBAINE (ANRU)