La courbe de Phillips est certainement la plus controversée en économie, car
son examen pour différents pays révèle l’instabilité de la relation empirique
entre inflation et chômage. Cependant, chaque remise en cause a donné lieu
à une reformulation, à telle enseigne que le concept de cette courbe demeure
central dans nombre d’analyses macroéconomiques, plus singulièrement dans le
domaine de politique monétaire.
La courbe de Phillips sous sa forme moderne est donc très éloignée de la for-
mulation initiale. On est parti de la courbe de Phillips à la courbe de Phil-
lips augmentée (des anticipations), puis à la courbe de Phillips néo-keynésienne
(NKPC) 1, qui a réussit de se soustraire de la critique de Lucas 2. Car, en ef-
fet, comme le note Le Bihan (2009), la NKPC est une relation entre l’inflation
et une variable réelle, obtenue dans le cadre d’un modèle théorique de fixation
optimale des prix par les entreprises dans un contexte inter-temporel.
Mais très vite, la version canonique de la nouvelle courbe de Phillips a aussi
révélé certaines faiblesses entre autres d’une part, l’inflation courante ne dépend
pas de l’inflation passée ; et d’autre part, l’inertie de l’inflation ne peut être due
qu’à celle de la variable explicative. Pour autoriser plus de persistance, un grand
nombre de travaux (Gali et Gertler (1999),. . .) ont obtenu la courbe de Phillips
hybride qui, elle, introduit de la persistance et permet de rendre compte de
la dynamique inertielle de l’inflation après un choc. C’est donc cette dernière
version qui fait l’objet de ce papier.
Encadré d’une introduction et d’une conclusion, ce papier gravite autour de
quatre sections. La première section fixe les hypothèses qui sous-tendent la dé-
rivation de la courbe de Phillips hybride. Les trois autres sections exploitent
respectivement en détail la concurrence monopolistique, la rigidité des Prix avec
le modèle de Calvo ainsi que le modèle de Gali et Gertler.
Hypothèses de base du modèle
La Macro Néo-Keynésienne cherche principalement à développer un cadre d’ana-
lyse macroéconomique qui est basé sur les concepts néoclassiques de maximi-
sation de la fonction objectif et des anticipations rationnelles. Mais dans cette
maximisation, il est incorporé l’hypothèse keynésienne selon laquelle les prix
sont rigides à court terme à cause des coûts d’ajustement, mais aussi de l’im-
perfection de l’information.
1. La NKPC est apparue au milieu des années 1990 dans les travaux d’analyse de la poli-
tique monétaire et a été popularisée par Gali et Gertler (1999)
2. Lucas postule que les agents forment leurs anticipations en tenant compte de toute infor-
mation disponible afin de ne pas commettre des erreurs de prévision : ils font des anticipations
rationnelles. Il vient que leur comportement peut être soudainement affecté par des change-
ments d’environnement économique (politiques économiques), ce qui est de nature à affecter
les anticipations. Les anticipations faites de manière prédéterminée ne devraient donc pas être
employées dans l’évaluation des politiques économiques alternatives.
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