TISSU SANGUIN – Pathologies des lignées myéloïdes, exploration et grands principes thérapeutiques
b. Deux exemples illustrant la présence de ces deux types de mutations
•Exemple de mutation de type I : la Leucémie Myéloïde Chronique (LMC)
C'est un excès du compartiment granuleux (hyperleucocytose à polynucléaires neutrophiles). Sans traitement,
la LMC évolue en 3 ans en LAM. Dans les années 60, des études de caryotype menées à Philadelphie ont
montré une translocation réciproque t(9;22) chez les patients atteints de LMC, avec formation d'un
chromosome anormal nommé chromosome Philadelphie. Les deux gènes raboutés induisent un gène de fusion
qui code pour une protéine de fusion (BCR-ABL).
A l'époque, ABL était déjà connu comme un oncogène chez les oiseaux. C'est un gène qui code pour une
tyrosine-kinase dont le but est d'activer la prolifération. Avec BCR rabouté, l'activité d' ABL est activée en
permanence (constitutive). Pour bloquer cette activité constitutive, on utilise des inhibiteurs de tyrosine-
kinase.
•Exemple de mutation de type II : la Leucémie Aiguë Promyélocytaire (LAP)
Il y a une anomalie de la différenciation du progéniteur, qui se bloque au stade de promyélocyte, qui ne
parvient pas à se transformer en granulocyte, mais qui conserve ses capacités d'auto-renouvellement et de
proliferation. La moelle sera composée de cellules bloquées en amont du stade promyélocyte.
Il existe une translocation t(15;17) qui réarrange deux gènes PML et RARα. Le gène RARα code pour le
récepteur à l'acide rétinoïque qui est un dérivé de la vitamine A impliqué dans la différenciation
hématopoïétique. La mutation bloque la fixation de l'Acide rétinoïque sur son récepteur, et donc empêche la
transcription des gènes nécessaires à la différenciation.
Le traitement par l'administration orale d'Acide Rétinoïque (RA) à dose pharmacologique, va permettre de
reverser le processus. Remarque : c'est le même traitement que dans l'acné (mais deux boîtes différentes),
utilisé par les chinois depuis 2000 ans.
c. Les conséquences clinico-biologiques des HM (schéma)
•La dysplasie, c'est-à-dire qu'il n' y aura pas assez de cellules matures et efficaces au final, on parle
d'hématopoïèse inefficace ou d'avortement médullaire. Les conséquences sont des cytopénies, uni ou
multi-lignée, a des degrés divers.
•La prolifération, c'est-à-dire qu'il y a une hyperplasie médullaire, prédominante sur une lignée :
hyperleucocytose dans la LMC ; polyglobulie dans la PV ; thrombocytose dans la thrombocytémie
essentielle...
Trop de cellules sont fabriquées donc certains organes hématopoïétiques secondaires grossissent (mais
pas les ganglions), il y a une hepato et une splenomégalie, c'est ce qu'on appelle le syndrome tumoral.
•La fibrose de la moelle , c'est-à dire qu'il y a une insuffisance médullaire et une métaplasie myéloïde :
l'hématopoïèse ne peut plus se faire dans la moelle à cause de la fibrose, le foie et la rate vont donc
prendre le relais et grossir : syndrome tumoral.
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