Connaissance géologique de La Réunion - Livret de l'enseignant
Kit Pédagogique Sciences de la Terre 53
Cette histoire reste l'objet d'un important débat. En effet, de volumineux dépôts
d'avalanche de débris* ont été mis en évidence tant en mer qu'à terre. Ces avalanches
de débris ont des volumes de plusieurs dizaines de kilomètres cubes et ont été
responsables de la destruction de pans entiers du volcan qu'il est difficile de
reconstituer.
5.2.1. Stade précoce antérieur à 450 000 ans : construction de l'essentiel
du volcan bouclier
Il s'agit là de la phase d'émersion et de construction de l'essentiel du volcan bouclier.
Les laves émises pendant ce stade sont des océanites (basaltes à olivine cumulative),
des basaltes à olivine ou des basaltes aphyriques.
Les formations correspondantes forment les niveaux stratigraphiques les plus bas du
volcan et se trouvent sur les planchers des trois principaux cirques (Upton et
Wadsworth, 1969). Elles sont constituées par une séquence de laves et de brèches
traversées par une grande quantité d'intrusions dont la concentration augmente vers la
région centrale du volcan. Leur mise en place est aérienne (présence de laves cordées
de type pahoehoe observées). Les océanites culminent actuellement à plus de
2 000 m d'altitude dans le secteur des Trois Salazes vers le plateau du Kerval et sur la
montée menant au sommet du Piton des Neiges à hauteur du plateau du petit
Matarum.
Depuis le début des années 1970, ce stade est classiquement subdivisé en deux
périodes majeures sans qu'il soit toujours possible de les distinguer sur le terrain.
5.2.1.1. Océanites anciennes (antérieures à 2,1 Ma)
Si l’on excepte un premier stade d’activité volcanique sous-marine dont la durée exacte
est inconnue, les plus vieilles formations volcaniques du massif correspondent à la
« série des océanites anciennes » aussi dénommée « série des brèches primitives »
en raison de la nature des matériaux hétérogènes qui la constituent. Cette série qui
constitue le substratum du Piton des Neiges est principalement rencontrée dans le
fond des cirques, à la faveur des coupes naturelles réalisées par les différentes rivières
et ravines. On y distingue schématiquement des coulées de laves et des brèches. Les
laves sont essentiellement représentées par des océanites qui, bien que très altérées
et fortement zéolitisées, laissent encore deviner quelques figures caractéristiques
(cordes, structures en tubes, etc.).
Au-dessus de ces laves, se superposent plusieurs niveaux bréchiques de nature et
d’origine variées, en alternance avec d’autres coulées d’océanites. Les plus fréquentes
sont des brèches de remaniement qui sont issues du démantèlement des reliefs créés
sous l’effet de la gravité.
Ces formations du cœur du volcan ont été fortement zéolitisées et n'ont pour l'instant pas
pu faire l'objet de datations géochronologiques. C'est ce qui les distingue des océanites
récentes.