D
epuis plusieurs années, on assiste à une montée en puissance de l’emploi du bois dans la construction. Elle
est portée par plusieurs facteurs:
Une démarche environnementale de plus en plus marquée dans la construction. Le bois permet
d’employer un matériau qui consomme très peu d’énergie pour être produit et mis en œuvre. Il stocke le
CO2 absorbé au cours de la vie de l’arbre permettant de compenser une partie des émissions carbone géné-
rée par la construction.
Le bois apporte des solutions techniques pertinentes aussi bien dans le neuf que dans la novation,
pour assurer une bonne performance énergétique des bâtiments.
La levée de freins réglementaires qui se poursuit facilite de plus en plus la réalisation des projets.
Le bois peut également être employé dans des structures mixtes type Bois/Béton, ce qui constitue
dans certains cas des solutions constructives pertinentes d’un point de vue thermique et / ou économique.
Plusieurs campagnes de communication nationale et les actions des interprofessions régionales
contribuent à faire connaitre les qualités des systèmes constructifs bois.
Lors d’une enquête régionale réalisée auprès d’un échantillon de 42 entreprises de la construction bois interve-
nants sur le territoire, ProfessionsBois avait constaté une progression de 30 % du nombre de maisons ossature
bois (MOB) entre 2006 et 2008. Dans le me temps, la construction de maisons individuelles avait baissée de
15%. Au niveau national, plusieurs études de marché ont été publiées ces dernières années. La dernière indi-
quait que le nombre de MOB construites en France était passé de 6 100 en 2001 à 10 000 en 2009, soit 6,5 %
du marché des maisons individuelles. L’ensemble des personnes interrogées dans cette étude (Bureaux d’études
techniques, entreprises, architectes) confirment une augmentation de l’activité. On estime qu’environ 140 en-
treprises du bâtiment se positionnent sur ce secteur en Basse-Normandie. La grande majorité de ces entrepri-
ses sont de taille artisanale. La construction bois constitue très souvent une activité complémentaire à la menui-
serie, la charpente, la couverture ou encore la construction de bâtiments agricoles. Peu à peu les entreprises
intègrent un bureau d’étude mais c’est encore loin d’être une généralité. Elles peuvent donc sous-traiter les étu-
des soit à un bureau d’étude technique (BET) spécialisé, soit à leur fournisseur ou à leur négociant. La Basse-
Normandie compte deux BET spécialistes de la structure bois soit 5 emplois au total.
L’objet de cette étude est de réaliser un diagnostic pour identifier la pertinence et les conditions
pour le création d’une licence professionnelle en continuité du BTS Systèmes Constructifs Bois et
Habitat en Basse-Normandie. Elle s’est concentrée sur les besoins et les attentes en ingénierie
bois construction et doit apporter des éléments d’information sur le secteur.
Présentation et contexte
Février 2012
Synthèse
Etude sur l’opportunité
d’ouverture d’une licence pour
l’ingénierie bois construction
11 entretiens ont été alisés, physiques ou par téléphone. Le choix des entretiens s’est
porté sur les principaux bureaux d’études structure bois intervenant en région. Un panel
de constructeurs bois représentatif des différentes structurations d’entreprises que l’on rencontre en Basse-Normandie a
également été interrogé ainsi qu’un architecte, pour apporter un éclairage sur les attentes de la prescription.
Le panel est le suivant :
5 BET structure bois (dont 3 situés hors région et membres d’IBC)
1 BET Béton
1 entreprise de construction bois (fabricant, poseur) de taille moyenne avec des capacités d’étude pour les structures
simples
1 entreprise de construction bois (fabricant, poseur) de taille importante avec un BET interne développé
1 entreprise industrielle de fabrication de charpente et de bâtiments bois avec un BET interne développé
1 entreprise industrielle de fabrication de charpente et de murs ossature bois avec un BET interne développé
1 architecte ayant l’habitude de prescrire le bois dans ses projets.
METHODOLOGIE:
METHODOLOGIE:METHODOLOGIE:
METHODOLOGIE:
Cette étude à été réalisée
grâce au soutien financier de:
Les acteurs
L
ES
B
UREAUX
D
ÉTUDES
T
ECHNIQUES
STRURE
BOIS
(BET)
Leurs activités principales :
La réalisation des calculs de structure d’un ouvrage, de notes de calcul ou de plans
d’exécution pour les entreprises de construction, qu’elles soient artisanales ou de taille indus-
trielle. Elles constituent donc leur première clientèle . Cela les place souvent dans un rôle de
conseil.
L’appui à la maitrise d’œuvre: malheureusement, cela reste encore trop rare. Le BET Bois intervient
bien souvent trop tard dans les projets, ce qui peut augmenter les coûts et les délais de réalisation.
L’expertise: L’un d’entre eux est notamment spécialisé dans le bâti ancien. Ce sont donc des acteurs aux
avant-postes des problèmes de mises en œuvre.
La formation, soit en région à l’ESITC (enseignement de 20h au total en 4
ème
année) soit à l’ENSTIB à
Epinal.
Malgré ce contexte favorable, les perspectives de développement des BET Bois sont de maniè-
re générale limitées, non pas par manque d’activité, au contraire, mais par choix . Les BET, en région et
dans les régions limitrophes, sont de taille TPE. Les effectifs de ces entreprises vont de 1 à 7 salariés pour les
plus importants. Il y a une volonté pour chacun des acteurs interrogés de ne pas disposer d’une structure
trop importante.
Certains BET Béton, voyant le secteur bois se développer, et pour assurer une qualité de pres-
tation, souhaitent intégrer des compétences spécifiques. C’est le cas du BET Béton interrogé. Le
bois peut alors être considéré comme une nouvelle opportunité pour développer l’activité.
L
ES
ENTREPRISES
DE
CONSTRUCTION
BOIS
Plusieurs profils:
Les entreprises de type industriel qui réalisent la fabrication industrielle d’éléments de
structure disposant d’un BET interne avec des compétences développées. Elles assurent l’ensemble
des prestations d’études qui sont directement liées à la production.
Les entreprises de construction bois qui réalisent la conception, fabrication et la pose. Elles
sont amenées à réaliser des projets de toutes tailles. Certaines font le choix de développer leurs bureaux
d’étude interne, dans ce cas elles se doivent d’avoir une capacité de production importante pour pouvoir
le financer. Pour celles-ci, le BET apporte un service qui assure une vraie plus value à l’entreprise car l’ar-
chitecte pourra se reposer sur ses compétences. Pour les entreprises moins importantes, qui constituent
la majorité des entreprises dans la région, il n’y a pas toujours de bureau d’étude interne en tant que tel.
C’est le chef d’entreprise formé au logiciel de calcul qui dimensionne les éléments de structure simple.
Pour les projets plus complexes, il s’appuiera sur les BET Bois ou les entreprises de type industriel qui
produisent des éléments de structure.
Dans la majorité des projets, avant de penser à faire appel à un BET Bois spécialisé, c’est le
BET interne de l’entreprise de construction bois qui sera sollicité pour réaliser les calculs de
structure.
Page 2 Synthèse
Composition des équipes des bureaux d’études structure bois
L
ES
BUREAUX
D
ÉTUDES
SE
COMPOSENT
DE
:
Pour les équipes les plus réduites, uniquement d’un ingénieur.
Pour les autres, on trouvera des personnes aux qualifications suivantes :
ingénieurs bois (de l’ENSTIB et de l’ESB, par exemple)
ingénieurs formation au Centre des Hautes Etudes de la Construction section CHEB
dessinateurs, projeteurs, titulaires des diplômes suivants :
Licence professionnelle de l’ENSTIB, de Besançon
BTS SCBH
Bac professionnel avec de l’expérience
Le gérant va souvent chercher un profil particulier :
Quelqu’un qui pourra s’adapter à sa façon de travailler: Les jeunes ingénieurs sont privigs car ils
peuvent être formés à la méthode de l’employeur, malgré le fait qu’« Il faut 5 ans avant qu’ils puissent être
totalement autonomes ».
La capacité de dialogue avec les clients, notamment les entreprises.
La connaissance du terrain et des chantiers. Ainsi, pour le poste de dessinateur,
par exemple, un profil bac pro pourra être tout aussi intéressant qu’un BTS si la person-
ne a une bonne expérience du terrain.
Pour les BET béton, la contrainte est de trouver des ingénieurs aux compé-
tences confirmées car contrairement aux BET bois spécialisés, elles ne sont pas pré-
sentes en interne. Ces profils sont rares, et les conserver au sein de la structure n’est pas
évident.
Les recrutements ne sont pas simples pour le BET: leur surcroît d’activité et leur taille limi-
tée, laissent peu de temps au gérant pour les organiser. Recruter un ingénieur peut être éga-
lement particulièrement compliqué. Ils ne sont pas forcement attirés par le travail en bureau
d’étude mais préfèrent souvent la production. Ce sont des profiles recherchés sur le marché
de l’emploi.
L
ES
BUREAUX
D
ÉTUDES
DANS
LES
ENTREPRISES
DE
CONSTRUCTION
BOIS
Pour les entreprises les plus importantes, leurs équipes se composent d’ingénieurs issus de l’ENSTIB ou de
l’ESB et de dessinateurs qui peuvent avoir des profils divers: BTS SCBH, BTS Productique bois ou bac profes-
sionnel avec de l’expérience. Le recrutement d’ingénieurs n’est pas toujours évident notamment quand l’entre-
prise se trouve dans un secteur rural «Ce sont des entreprises comme Bouygues qui attirent les ingénieurs pas nos
PME».
Questionnés sur l’intérêt que pourrait représenter des jeunes avec un niveau licence, les interrogés se sont
montrés prudents. « le mixte ingénieur / BTS fonctionne bien », « je ne vois pas trop ce qu’apporterait un niveau
licence » ou « je recherche le meilleur, pas un intermédiaire ». L’activité étant en développement, il y a des possibi-
lités d’embauches mais elles restent limitées en région.
Dans les entreprises de conception, fabrication et pose, qui constitue la majorité des entreprises, elles seront
amenées à intégrer peu à peu des BTS (SCBH par exemple), niveau de qualification souvent le plus élevé pour
ces entreprises. Les entretiens montrent également que les diplômes de niveau V, qui assurent un socle de
Conclusions et pistes d’action
UNE ETUDE QUI REVELE DES FORCES ET
DES FAIBLESSES
Les forces
Le secteur bois construction régional est en dévelop-
pement. Il se compose d’un maillage de TPE et de PME
qui ont une forte culture du bois.
Des entreprises dynamiques investissent et se dévelop-
pent pour apporter une offre en qualité et en quantité.
Elles développent notamment en interne leur bureau
d’étude grâce notamment à des diplômés comme le
BTS SCBH. En externe, des bureaux d’étude technique
bois assurent ces prestations pour celles qui n’ont pas
de BET et permettent d’étudier et d’accompagner des
projets bois complexes. La présence de deux forma-
tions BTS SCBH est donc un atout pour le territoire.
Les faiblesses
La demande reste encore fragile particulièrement
en région. La suspicion sur le bois est encore forte. Il
faut donc veiller à ne pas être sur un simple effet de
mode.
Le développement du bois amène de nouveaux acteurs
sur le marché qui n’ont pas toujours les compétences
requises.
Le secteur pourrait se développer d’avantage si les ar-
chitectes intégraient le BET bois en phase conception.
Cela permettrait d’autant plus d’assurer une meilleure
qualité des ouvrages et de rassurer sur les capacités du
bois.
La filière bois ne répond pas toute seule à la de-
mande d’ingénierie de construction
Page 3 Synthèse
Pour les autres diplômes de la
filière:
Le BTS SCBH
L’étude confirme que l’ouverture
des BTS SCBH est un vrai axe de
renforcement de la filière. La proxi-
mité des centres de formation facili-
te le maintien des compétences sur
le territoire et contribue à l’évolu-
tion des entreprises locales. Néan-
moins cette formation reste nou-
velle et nécessite d’être mieux
connue.
Les préconisations d’actions :
Développer des liens avec les
BET Bois de la région et des ré-
gions limitrophes (interventions,
stages, …)
Développer les liens avec les
formations ingénieurs ESB et
ESITC. Les diplômés en BTS
pourront être amenés dans le
cadre professionnel à travailler
avec eux.
Leur permettre d’avoir de l’ex-
périence chantier
Accompagner les formateurs
pour qu’ils puissent suivre les
évolutions en matière de cons-
truction bois, les former réguliè-
rement, développer les échanges
avec les entreprises.
Le bac professionnel construc-
teur bois
Leurs principaux employeurs res-
tent les entreprises de construc-
tion. Celle-ci ont très souvent des
activités multiples (ossature, char-
pente, menuiserie, …) et souhaitent
des jeunes qui sachent travailler le
bois avant l’ordinateur. Si l’étude
montre que les titulaires d’un bac
pro peuvent être amenés, avec de
l’expérience, à intégrer un BET bois
comme dessinateur. Des inquiétu-
des sur le niveau de compétences
ont néanmoins été exprimés.
Les préconisations d’actions :
Analyser le devenir des jeunes
qui sortent de cette formation .
Identifier les parcours de forma-
tion => l’intérêt d’avoir une for-
mation en charpente avant d’al-
ler vers l’ossature bois par
exemple.
Le niveau ingénieur
L’étude montre que le niveau ingé-
nieur est indispensable dans les bu-
reaux d’étude mais qu’ils sont au-
jourd’hui insuffisamment nombreux
à maitriser la construction bois.
Ce constat est porté à l’échelle na-
tionale qui, ayant conscience de la
difficulté d’ouvrir une école d’ingé-
nieurs, souhaite que les écoles exis-
tantes intègrent d’avantage le bois
dans leur programme.
Les préconisations d’actions :
Etudier avec l’ESITC la possibili-
d’ouvrir une spécialité struc-
ture Bois et enveloppe du bâti-
ment dans leur cursus d’ingé-
nieur
La formation continue
C’est un axe majeur qui n’est pas
assez développé, à tous les niveaux.
Les préconisations d’actions :
Développer une plate forme de
formation support à la formation
initiale et continue au sein d’un
des lycées professionnels.
Permettre aux formateurs d’a-
voir accès à de la formation
continue, commune avec les
BET ou les entreprises (occasion
de rencontres).
Page 4 Synthèse
Opportunité d’un niveau licence en Basse-Normandie
Des opportunités existent mais plusieurs contraintes sont à soulever :
Même si les BET ont des difficultés à embaucher des ingénieurs notamment parce que
nombre d’entre eux ne sont pas attirés par ce secteur, les BET ont besoin de ce niveau de
compétences. La licence ne permet pas de résoudre ce problème. Pour les entreprises de
construction à l’inverse, elles sont encore peu nombreuses à pouvoir intégrer ce niveau de
qualification. Il pourrait malgré tout représenter un vrai intérêt pour certaines d’entre elles mais leur nom-
bre est à l’heure actuelle limité.
Mettre en œuvre une licence structure bois demande des compétences en ingénierie de formation. Celles-
ci peuvent être difficiles à rassembler, compte tenu de la situation bas-normande (peu de BET, pas d’écoles
ingénieurs spécialisées).
Le marché doit également gagner en maturité.
Les préconisations d’actions :
Etudier la mise en place d’un DU qui serait plus souple à mettre en œuvre qu’une licence et qui pourrait
être une première étape, le temps que la filière monte en compétences.
Accès cette formation sur la gestion de l’enveloppe du bâtiment et l’éco-construction afin de pouvoir ap-
porter de nouvelles compétences aux BET Bois (des liens pourraient être développé avec l’IUT de St Lo
par exemple).
Etudier la compatibilité d’une telle formation avec l’ESITC, ce qui pourrait permettre de disposer de profes-
sionnels généralistes compétents pour juger des moments où il est nécessaire d’intégrer des spécialistes du
bois et qui permettrait d’ouvrir le bois aux autres filières.
Pour en savoir plus:
Sandrine BOUDIER - ProfessionsBois - 02 33 82 41 80 - info@professionsbois.com
Julian ZAPATA - Observatoire BTP - 02 31 27 70 50 - zapataj@bnormandie.ffbatiment.fr
1 / 4 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !