Vers une théorie matérialiste du perfectionnement du jugement

Vers une théorie matérialiste du perfectionnement du
jugement
Corps de philosophe et philosophie du corps chez Diderot
Par
Éric Leduc
Thèse présentée à la
Faculté des études supérieures et postdoctorales
dans le cadre du programme de Maîtrise en Philosophie
Département de philosophie
Faculté des arts
Université d’Ottawa
© Éric Leduc, Ottawa, Canada, 2014
© Éric Leduc, 2014
ii
Table des matières
Résumé ...................................................................................................................................... iii
Liste des abréviations pour les citations de Diderot .................................................. iv
Introduction ............................................................................................................................... 1
Problème général : passions et philosophie chez Diderot .................................................. 1
Problème particulier : le jugement en régime matérialiste ............................................... 5
Contextualisation historique .................................................................................................................... 5
Le problème et la thèse ............................................................................................................................... 9
Le chemin à parcourir .............................................................................................................................. 10
Justification du corpus à l’étude ................................................................................................ 12
Remarques sur les commentateurs .................................................................................................... 20
Chapitre 1 : Préambule épistémologique et ontologique. Justification de
l’ordre d’exposition. Précision du problème. ............................................................. 22
Perspective d’ensemble sur l’épistémologie de Diderot .................................................. 23
Perspective d’ensemble sur l’ontologie de Diderot ........................................................... 30
Justification de l’ordre naturel d’exposition ......................................................................... 33
Formulation précise du problème central d’une « historicisation » du jugement : de
l’unité du moi en régime matérialiste ..................................................................................... 35
De l’unité nécessaire au jugement ....................................................................................................... 36
Chapitre 2 De la sensibilité des parties à la sensibilité d’un tout : la formation
d’une tendance particulière en nature : l’être humain ........................................... 45
Définition générale de la matière : la chimie expérimentale concrète prenant la
relève de la science physico-mathématique abstraite ...................................................... 46
Passage d’une sensibilité particulière à une sensibilité commune : la chimie et les
premiers rudiments d’un être ou d’une tendance en nature .......................................... 52
Remarques sur l’antifinalisme de Diderot : la définition d’une tendance en nature ...... 57
L’assimilation sans sujet. Le moment chimique ............................................................................ 62
De l’assimilation sans sujet à l’assimilation avec sujet : entre espèce et individu .......... 70
Tendance et mémoire organique ......................................................................................................... 77
L’épigenèse : une assimilation sans et avec sujet ......................................................................... 82
Chapitre 3 : De la sensibilité du tout à la sensibilité des parties : de la mémoire
centralisée et de la diversité sensorielle du corps.................................................... 86
Le jugement dans l’espace d’un moment : une diversité dans l’unité sensible ........ 90
De la formation des organes, de leur toucher propre et de leur autonomisation ........... 94
De la complexification du jugement à travers le temps : une question de mémoire
............................................................................................................................................................... 99
Conclusion ............................................................................................................................. 110
Vers une théorie matérialiste du perfectionnement du jugement ............................. 110
Bibliographie ........................................................................................................................ 115
Diderot .............................................................................................................................................. 115
Sources ............................................................................................................................................. 115
Études................................................................................................................................................ 116
© Éric Leduc, 2014
iii
Résumé
Cette thèse s’est donnée pour tâche de montrer que le jugement chez Denis
Diderot (1713-1784) repose sur l’acte d’un corps, c’est-à-dire de montrer qu’il est
possible uniquement à partir de la sensibilité et de la mémoire du corps humain de
rendre compte de la complexité de ses jugements. Plus précisément, nous avons
défendu l’idée que, chez Diderot, c’est le corps, par sa relative unité et stabilité, qui
lie diverses sensations dans un jugement. À la lumière de la pensée de ce
philosophe, ce travail se veut une première étape vers l’élucidation des rapports
corporels qui peuvent stimuler ou entraver certains types de jugement et
ultimement le perfectionnement du jugement.
© Éric Leduc, 2014
iv
Liste des abréviations pour les citations de Diderot
(DPV tome en chiffre romain, page) : Œuvres complètes, éditées par H.
Dieckmann, J. Proust, J. Varloot, et al., Paris, Hermann, 25 vol., 1975-2004.
(Versini tome en chiffre romain, page) : Œuvres, éditées par L. Versini, Paris
Robert Laffont, « Bouquins », 5 vol. 1994-1997.
PP : Pensées philosophiques (1745)
LA : Lettre sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient (1749)
LS : Lettre sur les sourds et muets à l’usage de ceux qui entendent et qui
parlent (1751)
PIN : Pensées sur l’interprétation de la nature (1753)
RD : Le rêve de d’Alembert (1769)
PPMM : Principes philosophiques sur la matière et le mouvement (1769-
70)
OH : Observations sur Hemsterhuis (1773)
RH : Réfutation d’Helvétius (1773)
ERCN : Essai sur les règnes de Claude et de Néron (1782)
EP : Éléments de physiologie (1774 - …)
© Éric Leduc, 2014
1
Introduction
Problème général : passions et philosophie chez Diderot
Ce travail a pour objectif de franchir une première étape vers la solution d’un
problème que nous croyons fort important chez Diderot. Ce problème concerne le
rapport qu’entretiennent passions et philosophie dans l’œuvre de cet auteur
prolifique des Lumières. Dès ses Pensées philosophiques (1745),
1
il prend la défense
des passions : « On déclame sans cesse contre les passions ; on leur impute toutes
les peines de l’homme, et l’on oublie qu’elles sont aussi la source de tous ses
plaisirs. » (PP, DPV II, p. 17) Il affirme ensuite sans équivoque : « Cependant il n’y a
que les passions, et les grandes passions, qui puissent élever l’âme aux grandes
choses. » (PP, DPV II, p. 17) Par un survol des principaux textes du philosophe, il est
aisé de reconnaître que ce regard positif qu’il porte sur les passions se maintient à
la fois dans le contenu et dans la forme de ses écrits. Diderot n’est pas un auteur
systématique
2
et il n’a pas tenté de dépouiller ses raisonnements de la chair qui les
1
« Avec la publication des Pensées philosophiques, Diderot avait trouvé sa vocation
pour toujours : son tempérament impétueux, sensible et divers tel qu’il le décrivait
lui-même dans les paroles que nous venons de citer, devait être le moyen,
l’instrument de cette grande renaissance du monde de la nature en face du monde
de la superstition et de la société qui l’entourait, dans cette grande polémique des
Lumières qui devint le centre et la raison d’être de toute sa vie. » (Venturi, La
jeunesse de Diderot, p. 82)
2
« Le système, cette voie royale de la philosophie, Diderot l’exclut. Ses présupposés
métaphysiques et gnoséologiques le rendent inséparable d’une tendance
philosophique déterminée qui apparaît à Diderot comme aberrante, illusoire et
révolue. » (Eric-Emmanuel Schmitt, L’ordre du désordre, p. 35)
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